vendredi 22 décembre 2017

Toute fin marque un nouveau début

 Voilà, ci-dessous, vous trouverez la fin de Remplacement Standard qui s'est fini plus vite que je ne le pensais moi-même.
Je ne sais pas encore dans quoi je vais me lancer ensuite.
Je songe de plus en plus à arrêter de prépublier des histoires sur le blog pour me tourner vers l'édition traditionnelle. Après, je ne suis pas sûre de trouver preneur… Enfin, quoiqu'il arrive, je ne compte pas cesser d'écrire.
Et je n'oublie pas non plus que j'ai les Contes Modernes et le recueil de contes plus traditionnels à proposer en version papier (ainsi que Remplacement Standard) même si je ne sais pas si cela intéresse vraiment... Et si ça vaudrait la peine de tenter de passer par le service d'Amazon en parallèle ou à la place de Thebookedition.
Bref, je vous invite à repasser par ici le 10 janvier 2018 soit pour des informations sur mes projets futurs soit pour le début d'une nouvelle histoire, et en attendant, je vous souhaite à tous et toutes d'excellentes fêtes !

Remplacement Standard - 91

Jonas souleva un pan du tablier et caressa le membre dressé d'Ethan tout en entamant un doux mouvement de va-et-vient.
Ethan se mit à murmurer son prénom comme une litanie et Jonas accéléra peu à peu le rythme jusqu'à ce que la jouissance les emporte, les laissant pantelant.
Il roula ensuite sur le côté.
— Merci, dit Ethan.
— C'est à moi de te remercier, protesta Jonas.
Ils échangèrent un sourire complice. Ils se souvenaient de la fois où ils s'étaient excusés à tour de rôle.
— Que nous nous soyons unis de la sorte, cela signifie énormément pour moi. Pas tant pour l'acte sexuel en lui-même, que parce qu'ainsi, j'ai le sentiment que tu m'as pleinement accepté.
— C'était déjà le cas avant, répliqua Jonas. Une prochaine fois, je te déshabillerai entièrement, ajouta-t-il, désireux qu'Ethan comprenne que ce qui venaient de se passer se reproduirait, même s'il n'était pas question que ce soit à chaque fois.
— Si j'avais su avant ce qu'il fallait pour te rendre fou de désir, j'aurais acheté une panoplie de tabliers.
— Ne va pas croire que c'est une obligation que tu en mettes.
— Non, bien sûr. Mais compte sur moi pour ne jamais le rendre.
Jonas qui l'espérait très fort, l'attira dans ses bras.

FIN

jeudi 21 décembre 2017

Remplacement Standard - 90

Débarrassé de ses vêtements, Jonas embrassa l'une après l'autre les épaules dénudées d'Ethan, puis s'empara de sa bouche qu'il explora avec ferveur, en même temps que ses mains glissaient sur son postérieur.
Un gémissement s'échappa des lèvres d'Ethan. Jonas songea que puisqu'il avait réalisé son fantasme, il pouvait bien lui rendre la pareille.
Ethan avait esquivé la question quand il l'avait interrogé à ce sujet, mais Jonas avait une idée de ce qu'Ethan désirait. Il l'avait vu à quelques reprises pendant l'amour glisser discrètement un doigt dans la raie de ses fesses.
Le sexe anal. Ethan lui avait affirmé aimer ça avant même qu'ils ne se mettent vraiment ensemble et n'en avait jamais reparlé depuis, y renonçant simplement parce que cela n'intéressait pas Jonas. C'était toujours le cas, mais il était prêt à essayer.
Continuant à palper le derrière d'Ethan, il chercha son orifice pour le taquiner d'un doigt. Les yeux d'Ethan s'agrandirent sous l'effet de la surprise et peut-être bien du plaisir.
— Tu as du lubrifiant quelque part dans tes affaires ? demanda Jonas, sans faire de mystère de ses intentions.
Ethan hocha la tête et s'éclipsa un instant pour revenir avec un petit tube.
— Si tu veux, je peux me préparer moi-même, murmura-t-il. Et reprendre une douche, ajouta-t-il.
Jonas déclina et ils s'étendirent sur le lit. Jonas badigeonna généreusement l'orifice d'Ethan. C'était comme une petite étoile plissée et la façon dont elle s'ouvrait et se refermait était plutôt hypnotique.
— Tu peux me pénétrer maintenant, déclara soudain Ethan, la voix rauque.
Jonas attrapa un préservatif qu'il peina à mettre son membre ayant quelque peu perdu en rigidité. Ethan s'en aperçut aussi apparemment, car il referma les jambes.
— Tu n'as pas besoin de…
Jonas le coupa d'un baiser long et profond, puis il écarta ensuite le haut du tablier suffisamment pour sucer avec vigueur l'un des tétons d'Ethan. Il était de nouveau excité et dur comme de la pierre. Il lui rouvrit gentiment les cuisses et pressant son pénis contre l'orifice, il s'enfonça en lui.
Ethan poussa un cri et arc-bouta.
Jonas se figea et Ethan le supplia de continuer. Il était serré, mais c'était bon et surtout il était magnifique.

mercredi 20 décembre 2017

Remplacement Standard - 89

Jonas regarda l'heure avant de couper le moteur de sa voiture. Il était vingt-deux heures, c'est-à-dire, vraiment tard, même pour lui. Occupé à comprendre le pourquoi d'un bug, il n'avait pas vu le temps passer.
Depuis près de trois mois qu'Ethan avait emménagé, il ne s'était encore jamais plaint de l'incapacité de Jonas à rentrer tôt, se contentant de s'inquiéter pour sa santé, comme il travaillait trop. Franchement là, il aurait été en droit de lui faire des reproches, surtout que c'était une fois de plus à lui qu'avait échu le rôle de conduire les enfants à mi-parcours, auprès de Gwen ou Jean-Antoine.
Se demandant s'il était déjà couché, Jonas poussa la porte d'entrée.
— Bonsoir, lança-t-il à tout hasard.
Ethan sortit du salon pour l'accueillir, véritable vision de rêve, nu sous le tablier. Il avait un air adorablement gêné.
Jonas lâcha sur place son attaché-case et ôta ses chaussures par le talon avec les pieds, les yeux rivés sur Ethan.
Sous son regard brûlant, le pénis de ce dernier s'érigea, soulevant le tissu blanc, chose que Jonas n'aurait jamais pensé trouver érotique. Il était ébloui qu'Ethan, si pudique, ait exaucé son fantasme à la faveur du début de l'été.
Mais si Jonas avait chaud, cela n'avait rien à voir avec les vingt-six degrés affichés par le thermomètre…
— Montons dans la chambre, dit-il en l'invitant d'un geste à emprunter l'escalier en premier.
— Tu ne veux pas manger, d'abord ? Tu n'as pas faim ?
— Si de toi, répliqua Jonas.
Il ne pourrait avaler quoi que ce soit, pas alors qu'Ethan était ainsi vêtu. C'eût été une torture.
Ethan grimpa les marches, et Jonas, juste derrière lui profita du spectacle de ses fesses qui tressautaient, surmontées par le gros nœud blanc dont les pans retombaient de façon terriblement sexy. Tout l'était dans cette tenue, que ce soit la manière dont les volants lui léchaient les jambes ou la façon dont ils ornaient son torse.
Une fois en haut, Jonas se déshabilla rapidement, le contemplant toujours.
— C'est à la hauteur de ce dont tu rêvais ? demanda Ethan avec un soupçon de nervosité.
Jonas libéra son érection pour lui montrer à quel point cela lui faisait de l'effet. Il savait que cela rassurerait davantage Ethan que des mots. Une part de lui semblait toujours craindre que sa masculinité ne finisse par dégoûter Jonas, sans se rendre compte que bien d'autres choses auraient pu les amener à se séparer, tels les manquements de Jonas. Cependant, au fond, qu'ils aient peur d'une éventuelle rupture était la preuve qu'ils souhaitaient rester ensemble.

mardi 19 décembre 2017

Remplacement Standard - 88

— Attention, j'ai un couteau à la main ! s'écria Ethan.
— Pardon, mais tu es trop irrésistible…
— Tu as un truc pour les tabliers ou quoi ?
— Oui. Mon fantasme, c'est d'être accueilli par quelqu'un qui n'aurait rien d'autre sur le dos.
Il avait initialement rêvé d'une femme d'abord sans visage, puis de Gwen. Mais c'était avant Ethan, car c'était lui qu'il imaginait depuis.
Ce dernier, se levant de sa chaise, commença à dénouer les lanières du tablier.
Face à son air sombre, Jonas comprit qu'il y avait un souci et qu'Ethan n'avait certes pas l'intention de se déshabiller entièrement. Il lui retint les mains, l'empêchant de continuer.
— Pourquoi fais-tu cette tête ?
— Je ne me doutais pas que tu t'étais livré à des jeux sexuels avec ta femme avec ce tablier. Cela explique qu'elle l'ait abandonné derrière elle.
— La raison, c'est qu'elle l'a toujours trouvé ridicule. Mon fantasme ne s'est jamais concrétisé.
— Oh, lâcha Ethan, réalisant sans nul doute qu'il s'était énervé un peu vite.
— Et toi, tu n'en as pas ?
Ethan l'embrassa et Jonas contempla d'envoyer valdinguer tout ce qu'il y avait sur la table pour l'allonger dessus, mais y renonça en songeant à la corvée que ce serait de nettoyer et au fait qu'ils n'étaient pas seuls dans la maison.
Il y avait Gilbert… et Mathieu. Il se souvint alors qu'il était venu dans la cuisine pour une raison précise et mettant fin au baiser, il rapporta l'échange qu'il avait eu avec l'ami de son fils.
— Tu penses vraiment qu'il va franchir le pas et se déclarer à Gilbert ? demanda Ethan.
— Cela ne m'étonnerait pas. Après tout, il a bien eu le courage de venir me parler alors qu'il me connaît à peine. Ceci dit, si Gilbert a désormais des vues sur un autre garçon, pas sûr que cela aboutisse à quoique ce soit.
— Il n'existe pas. Gilbert l'a inventé parce qu'il sentait que Mathieu se comportait de façon bizarre avec lui par rapport à avant et qu'il voulait le mettre à l'aise.
— Ça, tu ne me l'avais pas dit !
— Je n'étais même pas supposé te dévoiler le reste, répliqua Ethan.
Jonas avait en effet dû insister. Ethan restait le confident privilégié de Gilbert, ce qui ne lui posait pas vraiment de problème, mais ne l'empêchait pas d'être curieux. Heureusement, il lui était désormais plus facile de faire parler Ethan. Ils n'en étaient pas encore au stade où ils n'avaient plus de secret l'un pour l'autre, mais un jour, peut-être…

lundi 18 décembre 2017

Remplacement Standard - 87

Jonas s'était installé dans le salon devant son ordinateur portable tandis qu'Ethan vaquait en cuisine et qu'à l'étage, Gilbert était avec son ami.
Il était en train de naviguer sur internet à la recherche d'informations quand il se rendit compte qu'il n'était plus seul. Mathieu se tenait à quelques pas.
— Désolé de vous déranger.
— Non, c'est bon. Que puis-je faire pour toi ?
— J'aurais une question d'ordre personnel à vous poser. Comment vous avez su pour Ethan, enfin, je veux dire, avant, vous étiez avec la mère de Gilbert…
La demande n'était pas très claire et plutôt inappropriée, mais Jonas devina que l'adolescent s'interrogeait sur la nature de ses sentiments pour son fils. Après tout, lui aussi était passé par une phase de déni vis-à-vis d'Ethan.
— Tu me demandes ça parce que tu ne sais pas quoi faire de ce que tu ressens pour Gilbert ?
Mathieu opina, la pointe de ses oreilles toutes rouges.
— Je suis attiré par les filles, mais Gilbert, il est… Enfin, je ne voudrais pas le blesser, si ce sont juste mes hormones qui me travaillent. Je ne suis pas sûr d'être amoureux, mais depuis qu'il m'a affirmé qu'il y avait un autre gars qui lui plaisait, cela me tracasse. Pardon, je ne devrais pas vous embêter avec cela, mais quand Gilbert m'a confié sa nouvelle situation familiale...
— Ne t'en fais pas. C'est normal d'avoir des doutes et de se poser des questions. La vie est une succession de choix. Tout ce que je peux te conseiller, c'est d'écouter ton cœur.
La voix de Gilbert retentit dans l'escalier :
— Mathieu, tu es où ? Je m'absente une minute pour aller aux toilettes et toi, tu disparais !
— J'arrive, je demandais un truc à ton père, cria-t-il en réponse, en réajustant ses lunettes sur son nez.
Mathieu ouvrit la bouche comme pour rajouter quelque chose, mais Jonas lui fit signe de filer sans se soucier de lui et l'adolescent non sans un hochement de tête reconnaissant, tourna les talons.
Jonas referma son ordinateur pour aller de suite raconter à Ethan son court entretien avec Mathieu et ce qu'il impliquait pour Gilbert.
En le voyant en train de couper des pommes de terre dans le tablier à volants, il oublia momentanément ce qu'il voulait lui dire et lui vola un baiser.

vendredi 15 décembre 2017

Remplacement Standard - 86

                                                   *
Ethan nageait dans le bonheur. Ce n'était certes pas facile tous les jours avec les trois enfants, la maison et Jonas qui travaillait jusque pas d'heure, allant parfois même jusqu'à faire du zèle le week-end, mais c'était merveilleux quand même.
Le matin, Jonas l'embrassait avant de partir et Ethan lui rendait à la pareille quand il rentrait, tout en desserrant sa cravate. Pendant que Jonas mangeait, généralement en décalé du reste de la famille, ils pouvaient se raconter leurs journées respectives et Ethan se montrer entreprenant dans l'intimité la chambre à coucher.
Le souci posé par le refus de Gilbert de se rendre chez Jean-Antoine avait été résolu un week-end où Ethan, en récupérant Gui et Gaëlle à mi-chemin, avait croisé Jean-Antoine.
Le compagnon de l'ex-femme de Jonas avait paru troublé par son témoignage au sujet des thérapies et assuré d'autant plus volontiers qu'il n'importunerait plus Gilbert avec la nécessité de consulter que Gwen avait fini par formuler la même demande : elle souhaitait voir son aîné. La conséquence de tout cela fut que Gilbert accepta de se rendre là-bas une fois par mois maximum.
Un week-end où Gui et Gaëlle étaient avec leur mère, mais pas lui, l'adolescent demanda à inviter son ami Mathieu et reçut sans souci l'autorisation de Jonas.
A la différence d'Ethan, Jonas avait déjà fait connaissance avec Mathieu, mais il ne savait pas ce qu'il représentait pour son fils. Cependant, il ne manqua pas de cuisiner Ethan qui finit par céder et lui dévoiler comment Gilbert avait confessé ses sentiments et essuyé un refus, sans que cela mette fin à l'amitié de deux adolescents.
Gilbert présenta fièrement Ethan comme le compagnon de son père à Mathieu qui se révéla être un garçon tout ce qu'il y a de plus banal : cheveux bruns coupés courts, lunettes discrètes, taille et corpulence moyenne.
— Enchanté, déclara Mathieu en tendant la main d'une façon si spontanée qu'Ethan sentit que ce dernier ne faisait pas seulement preuve de politesse.
Gilbert ne tarda pas à entraîner son ami dans sa chambre, mais les quelques paroles échangées permirent à Ethan de percevoir pourquoi Mathieu plaisait tant au fils de Jonas. C'était quelqu'un de sincère et sérieux.

jeudi 14 décembre 2017

Remplacement Standard - 85

Sa mère lui tint la jambe un long moment, refusant d'entendre que sa belle et longue histoire avec Gwen soit terminée et décida au bout du compte qu'ils ne viendraient pas en visite.
Jonas en fut plus soulagé que peiné. Il n'avait jamais été très proche de ses parents qui avaient une vision du monde trop différente de la sienne.
Ethan, en revanche, fut dans tous ses états en apprenant la nouvelle, le soir, après le coucher des enfants.
— Mais tu ne vas quand même pas couper les ponts avec eux, à cause de moi…
— Ce n'est pas le cas, ce n'est pas comme s'ils étaient vraiment fâchés. Quand ils auront digéré la situation, cela ne m'étonnerait pas qu'ils viennent ou nous invitent chez eux.
— Mais si ce n'est pas le cas…
— Il sera toujours temps d'aviser.
— Je suis désolé.
Jonas l'attira dans se bras pour le consoler de sa culpabilité mal placée et approcha ses lèvres dans l'intention de l'embrasser avant de décider de suspendre son geste pour voir si Ethan allait réduire à néant l'écart qui les séparait.
Ethan cependant demeura immobile, dans l'expectative. A bien y réfléchir, il ne l'avait embrassé de son propre chef qu'une fois et encore…
— Tu sais ce qui me tracasse davantage que l'incompréhension de mes parents ?
Ethan secoua lentement la tête, le visage soucieux.
— C'est cette impression que si je ne touchais pas, toi non plus.
— J'ai peur, avoua Ethan dans un murmure.
— De quoi donc ?
— Que tu juges cela malvenu et que tu me repousses.
Jonas resta sans voix un instant.
— Je t'aime, dit-il finalement. J'ai envie, non besoin, que tu me manifestes ton amour. Ce qui nous lie, ce n'est pas une folie passagère de ma part.
Ethan acquiesça et l'embrassa avec une ardeur inédite avant de le pousser sur le matelas. Là, il le déshabilla avec impatience, taquinant ses tétons, caressant ses hanches. Son intensité était presque effrayante, mais Jonas se garda de lui demander de ralentir. Cela aurait pu être interprété comme un rejet et il voulait qu'Ethan laisse libre cours à son côté passionné qu'il avait déjà eu l'occasion d'entrevoir quand ils faisaient l'amour.
La langue et les doigts d'Ethan s'enroulèrent tour à tour autour de son pénis avec un art consommé, puis c'est le membre d'Ethan qui vint se frotter au sien avec frénésie jusqu'à ce qu'ils jouissent, leurs spermes se mêlant sur leurs ventres.
— Tu es certain que cela te convient que je te saute dessus de la sorte ? souffla Ethan à son oreille.
— Oui, assura-t-il. Enfin, du moment que nous n'avons pas de public, ajouta-t-il d'un ton taquin, comme si Ethan aurait osé agir ainsi autrement qu'entre quatre yeux.
Sa plaisanterie lui valut un sourire amusé.

mercredi 13 décembre 2017

Remplacement Standard - 84

                                                      *
Jonas était heureux. Ethan était installé avec eux depuis une grosse semaine et Gui ne faisait pas d'histoires en permanence, Gilbert était plus facile à vivre et Gaëlle, semblable à elle-même. Ils avaient déjà vécu ensemble tous les cinq, et tout coulait de source.
La seule chose qui avait changé, c'était sa relation avec Ethan. Il l'embrassait, le prenait dans ses bras, le caressait dans le grand lit et ce dernier accueillait toujours avec enthousiasme ses attentions. C'était d'ailleurs pour cela que Jonas n'avait pas remarqué de suite que ce n'était jamais Ethan qui faisait le premier pas.
Il avait justement l'intention de le confronter à ce sujet, quand il reçut un coup de fil inopiné de sa mère qui souhaitait venir le week-end prochain : cela ne faisait que trop longtemps qu'ils n'avaient pas vu les enfants, ou même eu de leurs nouvelles Jonas n'ayant pas daigné donner signe de vie ces derniers mois.
Jonas pouvait difficilement refuser à ses parents une visite, excepté que c'était le tour de Gwen d'avoir les enfants, du moins Gui et Gaëlle, Gilbert refusant toujours pour le moment de remettre les pieds chez Jean-Antoine avec quel Ethan n'avait pas encore eu l'occasion de discuter.
La conversation qui s'ensuivit avec sa mère fut une des plus délicates que Jonas eut jamais eu.
— Comment cela vous avez divorcé ? Mais que s'est-il donc passé ?
— Il y avait du tirage entre nous depuis un moment et nous avons chacun rencontré quelqu'un d'autre.
Il lui expliqua comment ils s'étaient arrangés pour la garde des enfants.
— Les pauvres, ils doivent être perturbés et toi qui a déjà remplacé leur mère par une étrangère.
— C'est un homme.
— Quoi ?! Oh, mon dieu !
Jonas crut entendre son père jurer non loin. Il devait être juste à côté de sa mère qui avait peut-être mis le haut-parleur, comme souvent quand elle lui téléphonait.
— Que cela vous pose problème ou pas, c'est ainsi, déclara-t-il, regrettant malgré tout de ne pas les avoir informés du divorce plus tôt,  avant d'introduire la nouvelle personne qui partageait désormais son existence.
— Je comprends que Gwen ait voulu divorcer en apprenant que tu étais en fait homosexuel, grommela sa mère. J'ai une amie à qui c'est arrivé. La pauvre était anéantie. C'était cruel de la part de son mari.
Certes, mais il fallait reconnaître que la société non plus n'était pas tendre avec ceux qui avaient le malheur de dévier de la norme d'une façon ou d'une autre.
Jonas tenta d'expliquer à sa mère qu'elle se trompait, mais sans succès.
— Si tu es avec un homme, tu ne peux pas prétendre être hétérosexuel. Ton père est d'accord avec moi.
— Je m'en moque de ses étiquettes. Tu peux me coller celle que tu veux. C'est juste que cela n'a rien à voir avec ma séparation avec Gwen.

mardi 12 décembre 2017

Remplacement Standard - 83

— Tu n'es pas obligé de discuter avec Jean-Antoine.
— C'est vrai, mais peut-être que cela me soulagera d'avoir laissé mon père et ma mère croire des bêtises.
— Tu n'es coupable de rien. A l'époque, tu étais dépendant d'eux, tu n'avais guère le choix.
— Rien ne justifie que je joue toujours la comédie à présent, lâcha Ethan.
— Ne sois pas trop dur avec toi-même.
Jonas regretta de ne pas être dans la même pièce que lui. Il aurait voulu pouvoir le réconforter avec davantage que quelques mots.
— Comme tu me l'as fait remarqué à plusieurs reprises et il n'y a pas plus tard qu'une minute, les torts sont toujours partagés, reprit-il comme Ethan gardait le silence.
— C'est vrai… Il va falloir que je raccroche. A bientôt.
Jonas grommela entre ses dents, frustré que la conversation se termine si vite. A bien des égards, Ethan était encore un mystère, mais plus il en apprenait sur lui, plus il l'aimait. Il était aberrant que cela gêne tant les gens que deux personnes de même sexe forment un couple.
                                                      *
Ethan regretta immédiatement d'avoir coupé aussi abruptement. Qu'est-ce qui lui avait pris de déballer son passé comme ça ? Jonas, néanmoins, l'avait écouté, sans l'interrompre et sans rien lui reprocher.
Même si Jonas ne pouvait vraiment comprendre la douleur de ne pas être accepté tel qu'on était, il se montrait soucieux du bien-être de son fils. Gilbert avait de la chance d'avoir un père comme le sien.
Ethan avait encore du mal à réaliser que bientôt il vivrait à nouveau sous le même toit que lui. Il ne parvenait pas à chasser totalement la crainte que tout cela ne soit que très temporaire. Jonas étant hétérosexuel, la probabilité qu'il se lasse et se retrouve une compagne était très élevée. Il était peut-être stupide d'avoir posé sa démission et résilié sa location pour un bonheur éphémère, mais il était prêt à tout pour que cela marche entre eux et que cela se passe bien pour les enfants, y compris essayer de raisonner le fameux Jean-Antoine.


     Il venait de terminer son dernier remplacement et achever ses cartons en prévision de son départ prochain quand Jonas lui annonça que les papiers officialisant le divorce étaient arrivés. Gwen était partie s'installer chez Jean-Antoine et il ne restait plus qu'à Ethan à emménager.
Il se proposa bien sûr pour l'aider et fut étonné en constatant qu'Ethan avait si peu d'affaires qu'elles ne comblaient même pas le vide laissé par celles qu'avaient emporté Gwen.
Ethan fut pour sa part surpris de découvrir un nouveau lit dans la chambre à coucher. Il fut touché que Jonas souhaite marquer de la sorte le début de leur vie commune.
Gui, le plus hostile à son inclusion dans la famille, lui fit un bien meilleur accueil qu'escompté.
Au final, celui qui se sentait le plus à mal l'aise, c'était Ethan lui-même. Cela lui faisait bizarre de ne plus avoir de travail, de ne pas se contenter de passer brièvement avec ses valises.
Pour ne pas froisser Gui, il veillait à garder ses distances avec Jonas qui, lui, n'était pas avare en gestes affectueux, que les enfants soient présents ou non. Ethan préférait lui laisser l'initiative, c'était plus simple. Pourtant, dès fois, cela le démangeait, d'autant plus que Jonas était toujours aussi à l'aise avec sa nudité.

lundi 11 décembre 2017

Remplacement Standard - 82

— Moi, il me débecte ce type,  déclara Gilbert.  Il est hors de question que j'aille chez lui un week-end sur deux et pendant les vacances scolaires. Chaque fois que je le vois, il en remet une couche sur la nécessité que je consulte un psy, continua-t-il d'un ton révolté. Non, c'est fini, je ne veux plus mettre les pieds là-bas.
Jonas grimaça. Le divorce n'était même pas effectif que les problèmes liés à sa séparation avec Gwen commençaient déjà.
— Pense à ta mère...
— Elle le soutient avec son histoire de psy. Elle  croit que cela ne me ferait pas de mal.
— C'est quoi ton problème avec les psy ?
Gilbert afficha un air excédé, comme si son père se montrait volontairement obtus.
— Il y en a qui prétendent soigner l'homosexualité, comme si c'était une maladie dont je devrais avoir honte, les enfoirés ! Ils feraient mieux de balayer devant leurs portes !
— Je ne savais pas que cela existait, et ta mère n'est probablement pas au courant non plus.
Gilbert opina, mais c'était clair qu'il ne décolérait pas. Hélas, Jonas n'avait pas vraiment de solution à lui proposer, à part de prendre sur lui et de ne pas relever les propos de Jean-Antoine.
— Je vais tâcher d'en parler à ta mère, d'accord ?
La plus susceptible d'arranger les choses, c'était elle, mais peut-être ne voudrait-elle pas entendre que son Jean-Antoine avait un gros défaut de tolérance.
Et Gwen, en effet, quand il souleva le problème, interpréta de travers, accusant Jonas de monter Gilbert contre Jean-Antoine qui n'était rien d'autre que bien intentionné.
Jonas se retrouva à faire part de ses inquiétudes par téléphone à Ethan qui jugea les trois parties coupables : Gwen, d'aveuglement, Jean-Antoine, d'ingérance et Gilbert, d'obstination.
— Si tu as une idée pour arranger les choses, je suis preneur.
Un long soupir se fit entendre.
— Je pourrais tenter de démontrer à Jean-Antoine l'inutilité de ce genre de thérapie puisque j'ai été obligé d'en suivre une.
D'une voix de plus en plus altérée, Ethan lui confia son passé et le mensonge dans lequel il vivait avec ses parents. Il en souffrait encore, c'était une évidence, mais Jonas, sentant que c'était complexe, ne lui conseilla pas de crever l'abcès. Lui-même n'était pas pressé d'annoncer à ses parents sa séparation avec Gwen.

vendredi 8 décembre 2017

Remplacement Standard - 81

Durant les semaines qui suivirent, Jonas ne vit guère Ethan, pas suffisamment à son goût. Quelques messages et coups de fil ne pouvaient remplacer de vraies visites.  Seulement, Ethan avait encore des missions, car même s'il avait posé sa démission, il avait trois mois de préavis et c'était d'ailleurs pareil pour la résiliation de sa location. La procédure de divorce était en cours et devrait être terminée dans un délai similaire. En un sens, c'était parfait, excepté qu'Ethan lui manquait à un point que Jonas ne s'expliquait pas. Sa douceur, sa chaleur, sa réserve… Il le voulait auprès de lui. Cependant, de son côté, il y avait aussi des choses à mettre au point.
Gwen avait entrepris de ranger la maison et de trier ses affaires pour voir ce qu'elle laissait et ce qu'elle emportait avec elle. Elle avait suggéré aux enfants de faire de même, proposant d'emmener certains trucs chez Jean-Antoine qui s'occupait de faire de la place afin de pouvoir accueillir Gilbert, Gui et Gaëlle sur une base régulière.
Après quelques discussions plus ou moins houleuses, Gwen et lui s'étaient entendus pour se retrouver à mi-chemin à chaque fois pour récupérer les enfants de façon à s'épargner un trajet de quatre heures de route. L'option qui consistait à mettre les enfants dans le train avait pour le moment était exclue. Peut-être y viendraient-ils quand Gaëlle et Gui seraient un peu plus âgés.
Cette période de transition n'était pas très confortable pour eux avec la maison en chantier. Leur vie à cinq bien qu'elle se poursuive était déjà terminée. Ils le sentaient tous. Jonas n'éprouvait cependant pas de nostalgie. Il avait juste hâte de passer à la suite.
Lors du déménagement des affaires de Gwen pour lequel il loua une camionnette, il eut l'occasion de faire la connaissance de Jean-Antoine.
C'était un homme d'une quarantaine d'années aux cheveux gris argentés qui ne manquait pas de prestance. Cela fit plaisir à Jonas de constater qu'il était aux petits soins avec Gwen. Lui eut droit, sans surprise, à un traitement aussi poli que glacial de la part de Jean-Antoine. Gwen n'avait pas dû dresser un portrait très flatteur de lui.
Une fois de retour à la maison, entre quatre yeux, Gilbert lui donna cependant une autre lecture de l'attitude froide de Jean-Antoine : Gwen ne lui avait pas caché que son bientôt ex-mari allait se mettre en couple avec un autre homme et c'était le point qui fâchait.
Jonas, repassant en revue certaines remarques de Jean-Antoine, dut reconnaître que son fils avait raison. Cependant, il s'en moquait. Tous les préjugés du monde ne changeraient rien à ses sentiments pour Ethan.

jeudi 30 novembre 2017

Remplacement Standard - 80

Jonas se retint de justesse de proposer qu'Ethan les visite le lendemain, craignant que ce ne soit prématuré.
Ce fut Gaëlle qui réclama sa venue.
— Pas d'objections ? demanda Jonas.
Gilbert, évidemment, n'en avait pas et Gui secoua la tête, plus résigné que ravi.
Jonas passa un coup de fil Ethan, ne lui cachant pas que son plus jeune fils n'avait pas très bien pris la nouvelle, tout en évitant d'entrer dans les détails afin de ne pas le blesser.
Ethan accepta de passer, même s'il était en pleine préparation pour un nouveau remplacement.
  
    Le dimanche, dans la matinée, quand la sonnette retentit, Jonas se souvint de son mécontentement quand il avait accueillit Ethan la toute première fois qui contrastait avec l'impatience qu'il ressentait à présent. Il connaissait et aimait l'homme qui se trouvait derrière le portail.
Après s'être assuré que c'était bien lui par la fenêtre, il lui ouvrit à distance et s'empressa de dévaler les marches et d'entrebâiller la porte d'entrée : Ethan remontait déjà l'allée.
A peine, eut-il franchit le seuil que Jonas déposa un léger baiser sur ses lèvres.
Du haut de l'escalier, une exclamation de dégoût fut suivie d'un cri de douleur.
— Papa, il m'a frappé ! se plaignit ensuite Gui.
Jonas se détourna à regret d'Ethan pour lever les yeux vers ses trois enfants.
Avant qu'il ne fasse la leçon à ses deux garçons, l'un pour son acte de violence, l'autre pour sa réaction exagérée face à une marque d'affection aussi anodine, Ethan intervint :
— Rien ne justifie vraiment qu'on lève la main sur autrui. Gui a le droit de ne pas apprécier que les gens s'embrassent devant lui.
Ce qu'Ethan ne savait pas, c'est que Gui n'avait jamais été gêné quand Jonas et Gwen faisaient cela en sa présence. Sa déclaration fonctionna néanmoins pour Gilbert comme pour Gui, les deux se sentant apparemment morveux.
Le premier présenta ses excuses au second, précisant tout de même qu'il ne lui avait donné qu'une petite tape et Gui les accepta avant de marmonner qu'il était désolé sans expliquer pourquoi.
Ce mauvais démarrage ne fut heureusement pas représentatif du reste de la journée qui fut pleine de rires et de jeux. Gui, d'abord sur ses gardes, se détendit vite, Jonas prenant soin de ne pas coller Ethan qui, de son côté, se montra réservé, comme à son habitude. Ils échangèrent toutefois plusieurs regards complices et, au moment de son départ, Jonas le gratifia d'un autre bref baiser. Il était prêt à ménager les sentiments de son fils, mais il y avait des limites.
Gui se contenta cette fois d'un raclement de gorge réprobateur que Jonas jugea plus comique qu'autre chose. A force, il finirait bien par s'habituer.
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Pause jusqu'au 8 décembre, en raison de soucis de santé et ensuite une dizaine d'épisodes et puis pause pour les fêtes.

mercredi 29 novembre 2017

Remplacement Standard - 79

— Putain, tu as que dix ans et tu es déjà un vrai con ! Ethan est super cool ! Ça fait quoi qu'il soit un mec ou une nana ? Il a joué tout plein avec toi et t'étais bien content durant son séjour.
— Mais deux hommes, c'est pas une famille, grommela Gui.
— Tu as qu'à aller vivre avec Jean-Antoine au lieu de faire chier.
Jonas qui n'avait pu se faire entendre avant, hurla :
— Suffit ! Surveille ton langage, Gilbert !
Gaëlle éclata en sanglots. Jonas l'installa sur ses genoux avant de lui caresser les cheveux.
— Ça va aller, princesse…
— Moi, je voudrais pouvoir rester avec vous tous. J'aime bien Jean-Antoine et ses filles et Ethan aussi.
Elle redoubla de larmes. Elle n'était pas gênée au moins que son père se mette en couple avec un homme, c'était déjà ça. Jonas se sentait cependant démuni face à sa détresse.
— Ce n'est pas possible ça, patate ! lança Gilbert à sa sœur. Ne vois pas ça comme un choix entre des gens, mais le côté pratique. C'est plus simple de ne pas changer d'école et de maison, ce qui implique de vivre avec papa et de visiter maman au moins un week-end sur deux et pendant les vacances scolaires.
Gaëlle papillonna des paupières. On pouvait presque voir les rouages de son cerveau fonctionner. Elle s'apaisa.
— D'accord, dit-elle. Mais maman, elle ne va pas être triste ?
Jonas songeait qu'elle le serait sûrement, ce qui ne l'empêcherait pas de comprendre que c'était plus simple ainsi.
— Moi aussi, je veux faire comme ça, déclara Gui solennellement.
— Ah ouais ? Tu serais pas mieux dans une famille "authentique" ?
La tension entre les deux frères était à couper au couteau et Jonas n'avait pas la moindre idée de comment la dissiper.
— Tu m'énerves ! s'écria Gui, sans doute à court d'arguments.
Gilbert ouvrit la bouche, mais Jonas prit la parole avant lui :
— Je suis désolé que tu sois inconfortable avec le choix de mon partenaire.
— Est-ce que je vais devenir homo moi aussi ? demanda Gui, la lèvre inférieure tremblante.
Gilbert pouffa face à l'inquiétude de son frère. Jonas le rassura, sans préciser qu'il ne l'était pas, parce que, après tout, aux yeux de la plupart des gens, c'est ainsi qu'il apparaîtrait.
Réutilisant la comparaison avec les parfums de glace, il lui expliqua que c'était une affaire de goût, pas quelque chose qui se transmettait.
Gui parut saisir et conclut que peut-être, au fond, cela ne changeait rien que son père et son frère aiment des personnes du même sexe qu'eux.
Gilbert fit alors la paix avec lui et Jonas se réjouit : la crise était passée et l'avenir s'annonçait sous les meilleures auspices.

mardi 28 novembre 2017

Remplacement Standard - 78

                                                    *
Jonas n'eut pas à attendre le retour de Gilbert à la maison pour savoir que tout s'était bien passé, Ethan prenant la peine de lui téléphoner pour l'en informer.
Cela le soulagea et le motiva à ne pas repousser davantage la discussion avec Gui et Gaëlle, surtout qu'il avait le champ libre, Gwen étant repartie chez son veuf - qu'il allait devoir arrêter d'appeler comme cela pour utiliser son prénom.
Au retour de l'adolescent, dans lequel il savait avoir un allié, il réunit ses enfants dans le salon.
Gui comme Gaëlle traînèrent des pieds. La dernière réunion familiale était fort récente et avait débouché sur l'annonce du divorce. Gilbert qui, lui, avait l'avantage de savoir ce qui était au programme ne fit aucune difficulté.
— Vous avez pu faire la connaissance de Jean-Antoine, le nouvel homme de la vie de votre mère…
— Et maintenant, j'ai deux sœurs, en plus de deux frères, coupa Gaëlle.
Jonas, sans se soucier de l'interruption, continua :
— C'est à mon tour de vous parler de la personne que j'aime désormais. Vous l'avez déjà rencontré, il s'agit d'Ethan.
— Mais c'est un homme, objecta Gui avec une grimace. Vous êtes homos ? demanda-t-il avec un dégoût qui désarçonna Jonas.
Il n'avait pas appris ses enfants à être intolérants. Ethan aurait sûrement été blessé par la réaction de son fils s'il avait été présent et d'ailleurs, Gilbert prit la mouche. Il n'avait pas encore fait son coming-out auprès de sa sœur et de son frère, mais ce fut le déclic.
— Qu'est-ce qui te dérange là-dedans ? En quoi est-ce mal que des garçons en aiment d'autres, hein ? C'est mon cas et je ne vois pas pourquoi je devrais en avoir honte. C'est pas comme si l'espèce humaine était en voie d'extinction. Je dirais même qu'avec la surpopulation, c'est une bonne chose !
Gui protesta et, d'une voix mauvaise, sortit un discours qui, visiblement, n'était pas de lui. Jonas tira assez vite au clair que ses propos venaient d'un de ses camarades qui lui-même les tenaient de son père. Il l'avait intégré et transmis à Gui qui y avait adhéré.
Jonas tenta d'expliquer les choses à Gui, mais ce dernier ne fit que se renfrogner davantage. Gilbert le disputa, Jonas essayant en vain de ramener le calme.

lundi 27 novembre 2017

Remplacement standard - 77

— C'est moi, "la nouvelle" de ton père. Je suis tombé amoureux de lui et lui, de moi, contre toute attente, déclara-t-il. Je t'assure que je n'ai rien fait pour le séduire, ajouta-t-il précipitamment.
De multiples sentiments passèrent sur le visage de Gilbert : incrédulité, malaise, compréhension, joie et enfin, amusement.
— Je comprends mieux pourquoi papa a aussi bien pris mon homosexualité. Parce que bon, même s'il l'est pas à la base, il a changé de camp.
— Donne davantage de crédit à ton père. Je pense que même sans ça, il aurait bien réagi.
— T'es pas objectif, t'es amoureux, répliqua Gilbert d'un ton joyeux.
Il voulut savoir comment ça s'était déroulé entre eux, mais l'interrompit presque aussitôt, réalisant qu'il préférait ne pas trop en savoir sur la vie sentimentale de son géniteur. Cela tombait bien parce qu'Ethan préférait garder pour lui tous les détails intimes.
— Je savais déjà que je voulais continuer à habiter avec papa, même s'il s'était trouvé une affreuse bonne femme, parce que je n'ai pas envie de changer d'école et tout, mais là, c'est génial !
Ethan sourit face à son enthousiasme. Il était soulagé que l'adolescent considère les choses ainsi et espérait très fort que Gui et Gaëlle prendraient aussi bien son nouveau statut auprès de leur père.
Jonas avait promis de les informer, une fois que Gilbert serait au courant, et ce, qu'elle que soit la réaction de l'adolescent.
Ethan et Gilbert bavardèrent un bon moment. L'adolescent s'étala davantage sur son séjour auprès du nouveau de Gwen, Jean-Antoine, et sur les deux filles de ce dernier avec lesquelles Gaëlle s'était entendu instantanément et il en ressortit, qu'à l'exception notable de cette idée à la con que Jean-Antoine  avait que l'homosexualité était une déviance à soigner, il n'était pas antipathique. Il leur avait offert à chacun quelque chose, et pas des bricoles, avait pris en compte l'allergie de Gaëlle pour la confection des repas, avait joué avec Gui aux petits chevaux et aux dames et avait invité Gilbert à se servir dans sa bibliothèque pleine de bandes dessinées et de romans.
Cependant, que le fameux Jean-Antoine ait des bons côtés ne changeait rien au fait qu'il valait mieux que Gilbert n'ait pas à vivre avec lui. Ethan avait étouffé aux côtés de ses parents et souffert de la thérapie qu'ils l'avaient obligé à suivre. Le pire, c'est qu'Ethan avait fini par leur donner raison, leur mentant, juste pour qu'ils le laissent enfin tranquille. Et, même encore aujourd'hui, à trente-quatre ans passés, le courage lui manquait de mettre les points sur les i. 
Gilbert le distrait du tour sombre que prenaient ses pensées avec des histoires sur son collège, puis s'en alla, non sans avoir manifesté encore une fois à quel point il était content qu'Ethan soit désormais en couple avec son père.

vendredi 24 novembre 2017

Remplacement standard - 76

— Y a pas grand-chose dans ton appartement. On se croirait dans une cellule de moine… commenta Gilbert.
Il exagérait à peine. Ethan n'étant jamais chez lui, il n'avait que le minimum de meubles et que peu d'effets personnels. Il n'avait pas d'attachement pour les possessions matérielles. Au moins, déménager ne serait pas compliqué. Il lui suffirait de revendre son électroménager, son lit, ses deux étagères, sa table et ses chaises. Le reste de ses affaires tiendrait dans le coffre et la banquette arrière d'une voiture.
Il regarda l'adolescent. Ce dernier avait changé en l'espace de quelques mois à peine et il ressemblait encore davantage à Jonas.
Il avait jugé préférable de l'inviter chez lui pour lui révéler qu'il allait devenir le compagnon de son père. Ce n'était pas vraiment une conversation qu'on pouvait avoir dans un café, surtout qu'il n'avait aucune idée de la manière dont l'adolescent réagirait.
— Ethan ?
Tout à sa nervosité, il avait oublié de faire la conversation.
— Pardon, tu disais ?
— Que c'était cool de te revoir. Le téléphone, c'est pas pareil quand même.
— C'est vrai. Merci à toi d'être venu.
Ethan se rabroua mentalement : qu'est-ce qui lui prenait de se montrer si formel ?
— C'est ton père qui t'a demandé de me parler ?
Non, il s'était proposé pour le faire de lui-même, fou qu'il était !
Il secoua la tête et se rendit compte que Gilbert n'était vraiment pas dans ses baskets. Trop focalisé sur sa gêne et ce qu'il allait lui révéler, il n'en avait pas pris conscience avant. Ce pouvait être aussi bien à cause de son chagrin d'amour, la plaie n'étant pas encore refermée qu'à cause du divorce de ses parents.
— Ça va avec Mathieu ?
Gilbert haussa les épaules.
— Ce n'est toujours pas très naturel entre nous. Pourtant, pour le mettre à l'aise, j'ai prétendu que j'étais intéressé par un garçon d'une autre classe, mais peut-être qu'il ne m'a pas cru.
— Et autrement, avec tes parents ?
Cette question ouvrit les vannes et Gilbert explosa :
— Cela fait chier qu'ils se séparent et surtout qu'ils se remettent en couple aussi sec, parce que mon futur beau-père, c'est un con ! Il considère mon homosexualité comme une maladie, mais c'est lui qui est atteint ! Je ne sais pas encore comment est la nouvelle de papa, mais je crois pas que cela puisse être pire !
— Tu n'as pas à t'inquiéter à ce sujet…
— Papa m'a affirmé la même chose, genre il est capable de comprendre ce que c'est de se retrouver face à des homophobes. Maman, elle a l'impression que l'autre type, il est tolérant, mais elle rêve !
Gilbert était hyper remonté, mais le moment était malgré tout venu de tout lui avouer.

jeudi 23 novembre 2017

Remplacement standard - 75

— Tu restes, cette nuit ?
Ethan ne répondit pas immédiatement, car s'il avait envie de dormir dans les bras de Jonas, il ne souhaitait pas que ce soit juste pour une nuit, parce que sa femme était absente. Il ne s'agissait plus d'un remplacement. Il visait le définitif, même si nul ne pouvait prédire l'avenir.
— Ce n'était pas prévu et je n'ai pas pris d'affaires, objecta-t-il enfin.
— Je pourrais te prêter des miennes. Nous avons la même stature.
Et ils avaient même des goûts vestimentaires assez proches, Jonas ne portant des costumes que pour le travail et non pas par plaisir. Ethan avait toutefois une affection pour le cuir que Jonas ne possédait pas et aimait les pyjamas.
Comme son excuse pour refuser ne tenait pas la route, Ethan n'eut plus qu'à exposer avec précaution ce qu'il ressentait et Jonas le comprit si bien qu'il faillit revenir sur sa décision.
Jonas lui avait montré son amour et il n'en doutait plus.
Il partit tard dans la soirée, Jonas le raccompagnant à la gare en voiture. Dans l'habitacle, avant qu'Ethan ne sorte, il l'embrassa.
— J'ai hâte que nous vivions à nouveau ensemble.
Ethan acquiesça et prit l'initiative d'un baiser avant d'ouvrir la portière et de s'engouffrer dans la nuit.
Il était incroyablement heureux en dépit de toutes les choses qu'il y avait encore à faire avant de pouvoir partager pour de bon le quotidien de Jonas : discuter avec Gilbert, démissionner, déménager...

mercredi 22 novembre 2017

Remplacement standard - 74

                                                    *
Ethan avait encore peur d'outrepasser d'invisibles limites, mais il ne pouvait plus se retenir. Il avait trop rêvé tout ce qu'il pourrait faire à Jonas. Il avait son autorisation et vu que ce dernier touchait son membre, même si ce n'était encore pas de façon directe, il n'y avait pas de raison qu'il ne lui rendre pas la pareille. Il dégagea l'érection de Jonas, tirant sur ses cuisses slip et pantalon.
Il avait déjà vu son pénis au repos bien des fois, mais jamais dressé. Il avait peine à croire que Jonas soit excité grâce à lui. Dans sa main, il était gros et dur, pas imposant, mais superbe. Il s'humecta les lèvres. S'il avait osé, il l'aurait pris en bouche et sucé.
Jonas continuait à faire subir une douce torture à ses tétons de la pointe de sa langue, sa main fermée sur sa verge palpitante.
Quand Jonas défit les boutons de son caleçon pour la toucher pour de bon, Ethan en éprouva un plaisir démesuré. Quelques gouttes de sperme perlèrent son gland.
Chacun caressant le membre de l'autre, ils adoptèrent un rythme de va-et-vient semblable, leurs souffles s'accélérant en harmonie, et, les yeux dans les yeux, ils jouirent.
Ethan eut un sourire timide. La prochaine fois, il demanderait à le goûter. Il ne doutait pas qu'il y en aurait une.
Jonas posa un baiser léger sur ses lèvres avant de se débrouiller pour attraper des mouchoirs sans tout salir.
Ethan ne traîna pas pour s'essuyer et réajuster ses vêtements tandis que Jonas prenait tout son temps, à l'aise comme toujours avec la nudité.
Quand il eut terminé, il proposa qu'ils mangent un morceau.
Ethan accepta volontiers. Sa nervosité s'étant envolée, l'appétit qui lui avait fait défaut au petit déjeuner était revenu. Les émotions, cela creusait et cette dernière heure en avait été riche.
Ils cuisinèrent ensemble, Jonas insistant pour qu'Ethan mette le tablier à volants.
— Il te va trop bien.
Ils mangèrent l'un à côté de l'autre, genou contre genou, abordant des sujets variés, pas nécessairement légers, mais loin de leurs problèmes.
Après s'être restauré, Jonas suggéra qu'il regarde un film qu'ils délaissèrent en cours de route pour s'embrasser.
Cette fois, ils se déshabillèrent complètement. Ethan, à un moment, s'agenouilla, approcha sa bouche au niveau du pénis de Jonas, et demanda d'une voix altérée :
— Je peux ?
Jonas acquiesça.
Ethan tendit une langue timide, léchant d'abord le gland, puis goûta franchement au membre rigide et frémissant, savourant sa saveur salée.
Cela l'excitait, aussi toucha-t-il son pénis en le suçant. Il aurait aimé se doigter, mais il ne voulait pas dégoûter Jonas. Un jour, peut-être, il le ferait…
— Si tu continues comme ça, je vais jouir… ne tarda pas à haleter Jonas.
Ethan ne cessa pas pour autant et le sentit exploser dans sa bouche. Avaler, ce n'était pas vraiment son truc, mais là, il le fit.
Comme il était tout près de l'orgasme, une simple caresse de Jonas lui suffit pour éjaculer à son tour.

mardi 21 novembre 2017

Remplacement standard - 73

— Sans savoir, dur de te conseiller, mais en tout les cas, merci de renoncer à ta carrière de remplaçant. Cela te coûte ?
Ethan secoua doucement la tête.
— Indépendamment de mon goût pour les arts ménagers, je crois que je me cherchais une famille. En attendant, je ne sais pas trop quel job faire.
— Tu n'es pas obligé d'en dénicher un autre, déclara Jonas, désireux qu'il cesse de se tourmenter.
— Mais ça voudrait dire que je vivrais à tes crochets ! s'écria Ethan.
Être à la maison n'impliquait certes pas de se la couler douce. Garde d'enfants ou pas, le ménage, la lessive et les courses n'avaient rien d'une sinécure.
Cela rappela à Jonas qu'il n'avait pas tiré au clair le mystère de la semaine non facturée par l'entreprise qui employait Ethan. C'était le moment ou jamais.
Avec un embarras charmant, Ethan admit qu'il s'était occupé d'eux sur son temps libre.
Jonas décida qu'il en avait assez de réfléchir à tous les paramètres à prendre en compte et le rejoignit sur le canapé.
Il l'attira dans ses bras et remarqua qu'une fois de plus, Ethan ne savait pas quoi faire de ses mains ou plutôt n'osait pas les poser sur lui. Il les prit et les plaça sur sa taille.
— Tu as le droit de me toucher aussi, lui souffla-t-il dans l'oreille. Je ne suis pas en sucre et je ne vais pas fondre.
Ethan resta crispé malgré tout. Jonas se promit de réussir à le détendre. Il fouailla de la langue sa bouche, tout lui caressant le dos, d'abord par dessus son pull, puis en lui soulevant, à même la peau.
Son corps d'homme, sous ses doigts, étaient moins moelleux, plus carré, mais tout aussi chaud que celui d'une femme. Ses différences n'avaient cependant rien de négatif puisque c'était lui. Il le renversa à moitié sur les coussins du canapé et à travers l'épaisseur de leurs vêtements, senti son érection contre la sienne sans que cela le coupe dans son élan. La situation de la dernière fois, dans l'appartement d'Ethan lui avait permis d'intégrer pleinement que le sexe avec lui ne ressemblerait pas à ce qu'il connaissait. Il remonta franchement le pull et le t-shirt d'Ethan, lui suça les tétons l'un après l'autre, tout en déboutonnant son jeans pour caresser son sexe.
Il commençait à se désespérer de dissiper la tension qui habitait toujours Ethan quand celui-ci ouvrit la braguette du pantalon de Jonas et posa la main sur sur son pénis, le palpant à travers le tissu du slip.

lundi 20 novembre 2017

Remplacement Standard - 72

— Tu as réfléchi, toi, à si tu voulais vivre avec moi, ici ou à un autre endroit…
— Oui, j'en ai envie.
— Et cela ne te pose pas de problème si c'est dans cette maison où j'ai vécu avec ma femme ?
— Non, je m'adapte toujours à mon environnement quel qu'il soit. Ce qui me tracasse c'est la réaction des enfants et aussi celle de leur mère.
Jonas réalisa qu'il ne lui avait pas encore raconté qu'il avait tout révélé à Gwen. Il s'empressa de réparer cela.
— Il n'y a plus qu'à l'annoncer à Gilbert, Gui et Gaëlle, conclut-il. Et le reste du monde, ajouta-t-il pour plaisanter.
Cependant, en le formulant, il songea qu'il lui faudrait bien informer ses parents à un moment ou à un autre, quand bien même il n'était pas très proche d'eux. Leur opinion, toutefois, ne changerait rien à ses choix. Seuls les principaux intéressés comptaient. C'était déjà bien assez compliqué comme ça.
— Nous ferions mieux de commencer par Gilbert. D'ailleurs, je peux m'en charger, offrit Ethan.
Cela ôtait une belle épine du pied à Jonas qu'il se porte ainsi volontaire.
— Je pense en parler au trois en même temps, mais tu as raison. J'espère que mon cher fils n'a pas explosé au nez de son futur beau-père.
— Tu t'inquiètes pour eux, n'est-ce pas ?
Jonas ne nia pas. Il n'y avait ni de raison que le veuf ou ses deux filles soient antipathiques ni que ses enfants se comportent mal, mais oui, il était tracassé. Il avait l'étrange impression qu'il aurait dû être avec eux là-bas, même s'il n'y aurait pas été à sa place et qu'il était bien ici, avec Ethan.
Il était heureux qu'entre eux, cela se concrétise et qu'ils aient réglé une bonne part des problèmes…
— La maison paraît bien vide sans eux, avoua-t-il.
Ethan acquiesça.
— Pour la garde, vous ne savez pas encore ce que vous allez faire ?
— Non, en effet, surtout que le nouvel homme de Gwen habite tout de même à deux heures de route d'ici.
— Je pense arrêter mon job de remplaçant afin d'être plus disponible, mais je ne sais pas encore ce que je vais faire après.
Oui, bien sûr, il y avait encore cette question. C'est sûr que si les enfants étaient absents les trois quart du temps, il n'était pas nécessaire qu'Ethan demeure au foyer et même dans le cas inverse, ce n'était pas à Jonas de prendre cette décision.

vendredi 17 novembre 2017

Remplacement Standard - 71

Jonas qui avait compté les jours jusqu'à celui où le remplacement d'Ethan serait terminé lui téléphona pour l'inviter à venir à la maison sachant que Gwen et les enfants seraient partis voir le veuf et ses deux petites filles.
Leur échange fut bref. Jonas préférait aborder certains sujets délicats en face à face et ce devait être pareil pour Ethan, car il ne se montra guère loquace.

Jonas regarda mélancoliquement sa future ex-femme partir avec les enfants. Se retrouver dans la maison vide lui donnait un avant-goût de ce que ce serait si Gaëlle, Gui et Gilbert n'y revenaient que certains week-ends et durant les vacances scolaires. Cela ferait beaucoup de place pour lui, le restant du temps. Ethan ne souhaiterait pas forcément vivre dans les meubles d'une autre. Seulement, vendre la maison risquait de perturber encore plus les enfants.
Il était d'humeur sombre quand la sonnette retentit en fin de matinée. Un coup d'œil à la fenêtre lui confirma qu'il s'agissait bien d'Ethan et il déverrouilla le portail à distance, le remerciant mentalement de l'avoir réparé lors de son séjour parmi eux. Il se dépêcha ensuite de descendre pour l'accueillir.
Spontanément, il l'aida à se débarrasser de son blouson en cuir. Ce n'est qu'en voyant le visage troublé d'Ethan et la manière intense dont il le regardait qu'il comprit que c'était comme s'il le déshabillait.
Il l'embrassa doucement et Ethan émit un  gémissement des plus érotiques. Il nota toutefois qu'Ethan s'était comme figé, les mains arrêtées dans une position inconfortable comme s'il ne savait pas quoi en faire.
Libérant ses lèvres, Jonas l'attrapa par le bras pour le conduire au salon où il le relâcha et s'installa en face de lui, de l'autre côté de la table basse parce qu'il y avait beaucoup de choses encore à clarifier entre eux.
Ethan posa ses fesses au bord du fauteuil, comme prêt à s'enfuir à tout instant. Il était indubitablement nerveux. Ce devait lui faire bizarre d'être de retour dans cette maison où il avait effectué son job de remplacement…
Tant qu'à faire qu'il soit déjà mal à l'aise, Jonas rentra dans le vif du sujet sans prendre de gants :
— Je me suis renseigné sur le sexe anal et honnêtement, cela ne me tente pas du tout. Je refuse que quoi que ce soit entre par là et quant à m'introduire par cette voie…
Ethan l'interrompit :
— Je n'ai même pas envisagé que tu me laisserais… Et si tu ne veux pas me sodomiser, ce n'est pas grave. C'est bien, les fellations. Et même ça, on peut s'en passer et juste se caresser. Ou même se contenter de s'embrasser.
Jonas le trouva adorable à baisser de plus en plus ses exigences. Cela prouvait qu'Ethan, en dépit de ce qu'il avait affirmé la dernière fois voulait qu'ils forment un couple. Quoique, encore un peu et Ethan allait suggérer qu'ils s'en tiennent à une relation platonique !
Jonas fut tenté de lui montrer sur le champ qu'il désirait davantage. S'il éprouvait une certaine répugnance pour la sodomie, il n'était pas certain de ne jamais vouloir unir son corps au sien par ce biais.
Au lieu de contourner la table basse entre eux pour le prendre dans ses bras, il allongea ses jambes pour glisser ses pieds entre les siens.
— Je t'aime, déclara-t-il.
— Moi aussi, murmura Ethan en retour.

jeudi 16 novembre 2017

Remplacement Standard - 70

Il se demanda la tête que ferait Gilbert en apprenant que "la nouvelle" était Ethan… Enfin, s'il voulait bien de lui, parce qu'en dépit de leurs sentiments partagés, il avait paru réticent à ce qu'ils forment un couple. A tort, à raison, c'était une autre histoire. Lui aussi avait ses doutes parce que c'était un homme, comme lui. Il n'était pas sûr de pouvoir satisfaire Ethan sexuellement parlant.
Il se racla la gorge. Gilbert attendait une réaction de sa part.
— Écoute, je conçois que tu sois inquiet, mais ta mère et moi, nous souhaitons vraiment que tout se déroule le mieux possible pour tout le monde, compte tenu des circonstances, alors n'assume pas d'office que tu vas être rejeté.
L'adolescent, le visage fermé, ne répondit rien.
— Tu as eu des nouvelles d'Ethan, dernièrement ? demanda Jonas, à brûle pourpoint.
Lui n'en avait pas eu. Il avait failli lui téléphoner un nombre incalculable de fois, mais sans savoir quoi lui dire. Il avait fait quelques recherches sur la sodomie et ce qu'il avait lu et vu ne l'avait pas emballé du tout.
Gilbert parut surpris. C'était vrai que la question sortait de nulle part, ou plutôt avait un rapport qu'il ne pouvait soupçonner.
— Non, mais il m'a prévenu qu'il allait pas avoir une minute à lui, parce qu'il effectuait un remplacement dans une famille avec sept gamins.
Il ne lui avait pas précisé à lui. Il en éprouva une jalousie irrationnelle. Ce n'était pourtant pas comme si Gilbert et lui était en compétition.
Ethan aurait peut-être su avoir, lui, les mots pour apaiser son fils au sujet du divorce et des nouveaux partenaires que ses parents allaient avoir.
— Eh bien, le moins qu'on puisse dire, c'est que cela ne va pas être de tout repos pour lui…
— Tu l'as contacté au final ou pas ?
Jonas acquiesça, gardant pour lui qu'il l'avait même goûté à la douceur de ses lèvres.
— Vous avez parlé de moi ? demanda l'adolescent.
— A peine.
— Qu'est-ce que tu lui voulais alors ?
Jonas se sentit coincé. Il s'était entendu avec Gwen pour ne pas mentionner de suite l'identité de celui avec qui il espérait partager sa vie – et son lit – mais il ne se voyait pas mentir en affirmant que c'était par simple sympathie pour lui.
— Je te le dirai bientôt, assura-t-il en se dirigeant vers la porte.
Gilbert se mit cependant promptement en travers de son chemin.
— Pourquoi pas maintenant ?
— Parce qu'il reste des choses à régler, répondit-il.
Et, se débrouillant pour s'esquiver, il regagna le salon où Gwen s'était mise à jouer avec Gaëlle et Gui. Les deux enfants semblaient s'être remis, du moins en surface.

mercredi 15 novembre 2017

Remplacement Standard - 69

Afin de discuter dans les meilleures conditions possibles avec les enfants, Gwen et lui avaient opté de le faire le samedi matin. Rassembler les trois enfants dans le salon se révéla cependant une gageure, car chacun avait une idée bien précise de ce qu'il comptait faire de leur journée et ce n'était certes pas une réunion familiale.
Comme convenu au préalable avec Gwen, c'est Jonas qui prit la parole le premier :
— Votre mère et moi, nous nous disputons beaucoup ces derniers temps, et même si nous nous aimons toujours, ce n'est plus comme avant, aussi nous avons décidé de mener notre vie chacun de notre côté.
Les trois enfants réagirent en même temps, créant une cacophonie. Gaëlle et Gui peinaient à comprendre tandis que Gilbert, très pragmatique, voulut immédiatement savoir avec qui ils allaient devoir vivre et s'ils allaient déménager.
Gwen prit la relève :
— Votre père et moi ne voulons pas vous obliger à choisir entre nous et souhaitons que tout se passe au mieux. Nous avons chacun rencontré quelqu'un et le mieux est que vous fassiez leur connaissance avant toute chose.
Gaëlle fondit en larmes, Gui se renfrogna et Gilbert grimaça. Pour eux, leur monde volait en éclat, de quoi donner du remords à Jonas. Peut-être qu'au fond, tout cela était très égoïste.
Jonas prit sa fille sur ses genoux et tâcha de la consoler. 7 ans, c'était tôt pour perdre ses illusions sur l'amour éternel.
Gwen continua vaille que vaille à expliquer que le nouvel homme de sa vie avait deux petites filles de neuf ans qui avaient perdu leur maman quand elles étaient encore bébé, qu'elles avaient besoin d'elle, même si bien sûr il ne s'agissait pas d'abandonner Gaëlle, Gui et Gilbert...
Gilbert se leva et se dirigea vers la porte. Gwen le rappela sans qu'il ne se retourne.
Jonas apaisa d'un geste de la main sa future ex-femme et plaçant Gaëlle dans ses bras, il suivit l'adolescent et s'engouffra dans sa chambre juste après lui.
— Qu'est-ce que tu veux, papa ? Vanter les mérites de ta nouvelle et de ses marmots ? Me dire à quel point elle s'en fout que je sois gay ? Je parie que maman, elle l'a pas mentionné à son mec !
Jonas fut content que son fils lui révèle de suite ce qu'il avait sur le cœur. Il n'y a pas si longtemps, il l'aurait envoyé balader et c'est tout.

mardi 14 novembre 2017

Remplacement Standard - 68

— Pourquoi ?
— Parce que tu vas être avec un homme…
Devait-il souligner que le nounou l'avait remplacé sans souci ? Non, il ne ferait que la bouleverser davantage. Quand elle était dans cet état, mieux valait ne pas la provoquer.
Il s'installa à côté d'elle.
— Que crains-tu au juste ?
Elle ouvrit la bouche, la referma.
— Les gens ne verront pas ça d'un bon œil, gémit-elle, finalement.
— L'occasion de faire changer les mentalités. La question est plutôt si cela te dérange, toi ?
— Pas vraiment. Ou alors j'aurais menti à Gilbert en affirmant que je l'acceptais tel qu'il est. Je sais bien que l'amour ne se commande pas, mais tout de même…
Jonas eut un demi-sourire. Il la reconnaissait bien là, prompte à s'enflammer avant de faire preuve de compréhension.
Cela lui ferait bizarre de ne plus être avec elle.  Avec les enfants, ils auraient cependant l'occasion de se revoir. Entre eux, ce ne serait jamais vraiment fini. Avec Ethan, il n'y aurait jamais ce genre de lien, mais ils avaient formé une famille le temps de son remplacement et il voulait qu'ils en soient une. D'ailleurs, Gaëlle, Gui et Gilbert l'avaient adopté. Cependant, ils ne l'accueilleraient peut-être pas à bras ouverts, surtout s'ils considéraient qu'il avait volé la place de Gwen auprès de leur père ou pire qu'il était responsable de leur séparation.
— Nous ne sommes pas sorti de l'auberge, soupira-t-il.
— Ce serait plus simple si tu renonçais à ton Ethan, répliqua Gwen.
Les mêmes mots que lui. C'était vrai, raisonnable, mais son cœur n'était pas d'accord.
Elle ajouta, comme par souci d'équité :
— Et peut-être que moi aussi, je…
Il devina qu'elle allait dire qu'elle ferait mieux d'oublier son veuf et cela l'énerva, aussi la coupa-t-il :
— Ah, non, ça suffit comme ça la valse des hésitations ! Nous allons procéder par étapes, mais ce week-end au plus tard, on annonce aux enfants qu'on divorce.
Elle opina, grommelant qu'elle en avait assez de vivre avec un ours des cavernes.
Non sans mal, ils décidèrent ce qu'ils allaient dire aux enfants.
Après cela, il ne serait plus question de reculer, les dés en seraient jetés et ce serait un soulagement parce que parfois à force de se soucier de ce qui était mieux pour chacun, personne ne prenait de décision et c'était pire.

lundi 13 novembre 2017

Remplacement Standard - 67

                                                             *
Les enfants étaient déjà bien sûr couchés, mais Gwen s'activait encore dans le salon, rangeant des dvds qui traînaient.
Il ne lui avait pas caché qu'il voyait la personne dont il était tombé amoureux et qu'il allait se confesser.
— Alors ? demanda-t-elle.
— C'est réciproque entre nous.
— Ne devrais-tu pas afficher une mine plus gaie ? s'étonna-t-elle.
Il aurait dû, excepté qu'entre le nounou et lui, rien n'était encore sûr. Sa prestation au lit avait pour Ethan une importance qu'il n'aurait soupçonné. C'est vrai que c'était quelque chose d'important dans le couple.
Sans aller jusqu'à révéler tous ses problèmes à Gwen, Jonas décida de lui apprendre l'identité de celui qu'il aimait.
— Il y a quelque chose que je ne t'ai pas dit…
— Quoi ? demanda-t-elle en retapant un coussin du canapé.
— C'est un homme, comme moi.
Gwen se figea, puis rit. Elle ne le croyait pas, puis voyant qu'il demeurait impassible, elle demanda :
— Tu es sérieux ?
Elle s'assit, un brin choqué tandis qu'il hochait la tête.
— Mais tu n'es pas gay ! Ou alors tu as sacrément bien donné le change toutes ses années durant ! Non, parce qu'autant ça s'est bien calmé ses dernières années, mais on faisait l'amour très souvent autrefois !
— Il est l'exception qui confirme la règle.
— J'ai peine à y croire. C'est absurde. Tu es certain de ne pas te fourvoyer ?
— Je ne suis pas arrivé à cette conclusion facilement.
— Comment l'as-tu rencontré ?
— Il s'agit d'Ethan.
— Le nounou… ?! Je croyais que c'était notre fils qu'il avait perverti, mais apparemment, c'est toi ! Je comprends mieux le calme avec lequel tu as appris que Gilbert était homosexuel. Et aussi pourquoi tu as cru aussi facilement qu'Ethan était innocent… Tu n'as pas couché avec lui dans notre lit, tout de même ?!
Oui, mais ils n'avaient pas eu de rapports sexuels dedans. Il ne l'avait pas interrogé sur ce qu'elle avait fait ou non avec son veuf, lui.
— Je l'ai embrassé pour la première fois ce soir, si tu tiens à vraiment tout savoir.
— Certes, non !  s'écria-t-elle, le coussin pressé contre sa poitrine. Les enfants vivront donc avec moi, décréta-t-elle.
Jonas se raidit, mais ne s'affola pas de suite. Il savait comment elle était.

vendredi 10 novembre 2017

Remplacement Standard - 66

                                                            *
Bon sang, qu'est-ce qui lui avait pris !
Ethan referma la porte sur Jonas avec lenteur. Son excitation avait eu le temps de retomber et il se sentait comme un idiot. Il n'aurait pas dû pousser Jonas dans ses retranchements, le confronter de façon aussi aussi crue à ce que cela signifiait d'être avec un autre homme. Il pouvait très bien se passer de sexe anal. Il avait déjà eu une partenaire qui n'appréciait pas et cela s'était très bien passé. Le sexe ne se résumait pas à ça. D'ailleurs, ce n'était pas parce qu'ils s'en tenaient aux baisers, caresses et fellations qu'ils avaient rompus, c'était à cause du fait qu'ils ne se voyaient pas assez et qu'Ethan n'avait pas voulu laisser tomber son job… Avec Jonas, renoncer à son travail de remplaçant revenait cependant à gagner une famille, une rien qu'à lui, à chérir jour après jour. Mais si Jonas s'apercevait qu'il ne pouvait pas au final être en couple avec un autre homme, il aurait tout perdu. Ce n'était pas comme si on allait lui garder la place dans la boîte. Il lui faudrait alors retrouver du travail. D'ailleurs, peut-être ne souhaitait-il même pas qu'Ethan reste à la maison, peut-être comptait-il juste qu'il change de job…
Ethan secoua la tête. Il ne savait plus où il en était. Il avait passé la journée à attendre de revoir Jonas, et maintenant il était en panique quant à leur possible avenir commun.
Il peinait à croire que Jonas l'aime de la même façon que lui. Il passa un doigt sur ses lèvres, se rappelant du baiser et retourna s'asseoir dans la chaise où Jonas l'avait embrassé. Oui, il aurait bien aimé qu'il le déshabille et lui montre qu'il le désirait.
Ethan déboutonna son jeans, ouvrit son caleçon et libéra son pénis qu'il caressa dans toute sa longueur. Il ferma les yeux imaginant que sa main était celle de Jonas et taquina son gland tout en douceur avant d'accentuer le mouvement de va-et-vient sur son membre jusqu'à la jouissance.
Contemplant le sperme au creux de sa paume, il soupira. Il n'avait pas besoin de dix jours de réflexion pour savoir ce qu'il voulait, profondément. Évidemment, il n'y avait aucun moyen d'être sûr qu'entre lui et Jonas cela collerait de toute éternité, mais pour qu'il y ait une chance que ce soit le cas, ce remplacement serait un de ces derniers.
Après s'être nettoyé, il prit son mobile, hésitant à contacter Jonas, à lui laisser un message vocal ou textuel, mais ne sachant comment formuler exactement qu'il était prêt à tout pour être avec lui, il le reposa, espérant très fort ne pas avoir dégoûté Jonas au point qu'il revienne sur sa proposition qu'ils se mettent ensemble.

jeudi 9 novembre 2017

Remplacement Standard - 65

                                                      *
Jonas avait été si heureux qu'il l'aime aussi qu'il l'avait embrassé sur le champ, lui coupant la parole. Et puis il avait encore mis la charrue avant les bœufs en lui proposant de vivre avec lui. Ethan ne semblait hélas guère enthousiaste. Il l'avait été assurément plus pour répondre à son baiser…
— J'ai envie que nous soyons ensemble, dit-il, se demandant comment le convaincre.
— Mais tu es hétérosexuel. Tu vas finir par te lasser.
On ne pouvait jamais garantir ce genre de trucs. Quand il avait épousé Gwen, il ne s'était certes pas attendu à ce qu'ils en arrivent à vouloir se séparer. A l'époque, il était convaincu qu'ils resteraient ensemble jusqu'à ce que la mort les sépare, mais les aléas de la vie en avaient décidé autrement.
Ethan continua :
— Faire l'amour avec un autre homme, sais-tu seulement que cela implique ? Tout les gays ne pratiquent pas la sodomie, mais moi, j'aime ça.
Jonas n'avait pas réfléchi jusque là. Il était sûr d'aimer Ethan et de façon non platonique, autrement il n'aurait pas eu envie de l'embrasser et pas fait ce rêve avec lui nu sous le tablier, mais le pénétrer… ou pire le laisser s'introduire en lui, ça il ne l'avait pas envisagé.
— Je ne sais pas si je pourrais, reconnut-il.
— Mais me désires-tu seulement ?
Jonas sentit la moutarde lui monter au nez : Ethan ne s'imaginait tout de même pas qu'il le voulait juste pour servir de nounou dans le cas où il aurait la garde des enfants, quand même !?
— Il faut que je t'arrache tes vêtements et te  culbute sur l'instant pour te prouver ce que je ressens ?
— Non, bien sûr que non, souffla Ethan avec une gêne que Jonas ne put s'empêcher de trouver adorable.
Il se calma aussitôt. Ethan avait bien le droit d'être anxieux et de se poser des questions. Tout ne pouvait se résoudre en une unique soirée, c'était impossible.
— Prenons le temps, tu veux bien ?
Ethan acquiesça, en s'agitant sur sa chaise. Son jeans présentait une bosse suspecte. Apparemment, l'idée que Jonas se jette sur lui l'avait excité. Ou bien le baiser ou les deux. Ethan était un homme, qu'il le veuille ou non, et avait une érection. Cela n'aurait pas dû l'étonner et pourtant...
Un malaise flottant dans l'air, ils se mirent d'accord pour se revoir à la fin du remplacement d'Ethan et Jonas rentra chez lui.

mercredi 8 novembre 2017

Remplacement Standard - 64

Jonas continua :
— A dire vrai, moi aussi, quelqu'un d'autre me plaît.
Ses yeux noisette étaient rivés dans les siens quand il prononça ses mots et le cœur d'Ethan se mit à battre follement, comme si cela pouvait être lui dont il s'agissait !
— Ah… lâcha-t-il, incapable de dire quoi que ce soit d'autre.
— C'est toi.
Ethan ne put en croire ses oreilles. Cela devait être une plaisanterie, excepté qu'il avait l'air très sérieux. Seulement, il était hétéro, toujours marié et avec trois enfants. Il était peut-être juste sous le choc vis-à-vis de sa femme. C'était, au mieux, une passade.
— Que penses-tu de moi ? reprit Jonas. Tu n'as jamais vraiment rien laissé transparaître.
Oui, il avait réussi cela, étonnamment. Il ne voulait pas mentir.
— Je suis amoureux de toi. Cependant, cela ne peut pas marcher entre nous.
Il commença à formuler des objections, mais Jonas le fit taire en prenant appui sur les accoudoirs de la chaise pour l'embrasser.
Ethan, au contact de ses lèvres, fondit. Il en avait rêvé, l'avait fantasmé et la réalité n'avait rien de décevant, bien au contraire.
Leurs langues se nouèrent et le baiser se prolongea, de plus en plus profond et délicieux.
Jonas semblait le désirer pour de vrai, pourtant, il n'avait jamais paru sensible à sa nudité, à moins qu'il n'ait, comme lui, caché son jeu. Non, deux bouches collées l'une à l'autre, cela n'avait rien à voir avec deux pénis se frottant, l'union de deux corps.
Jonas détacha ses lèvres des siennes, mais réattaqua de plus belle et Ethan ne l'en empêcha pas, parce que c'était trop bon, qu'il l'aimait.
Quand Jonas s'écarta légèrement pour la seconde fois, Ethan ne souciait plus de rien, si ce n'est qu'il continue.
— Excuse-moi, j'aurais dû écouter ce que tu avais à me dire.
Ethan n'avait plus envie de développer pourquoi Jonas et lui ne pouvaient être ensemble. Il voulait juste profiter du moment. Tant pis si cela ne durait pas et s'il se retrouvait seul au bout du compte.
— Non, c'est bon.
Jonas se redressa, secoua la tête et soupira. Alors qu'Ethan avait perdu pied, lui revenait sur terre.
— C'est sûr que la situation est complexe. Il fallait que je sache si tu partageais mes sentiments. Non que cela change quoique ce soit à mon intention de me séparer de Gwen… Tu serais prêt à emménager avec moi et les enfants, s'ils veulent, une fois que ma femme et moi nous serons officiellement séparés ?
Ethan resta bouche bée. C'était trop, trop vite. Jonas lui proposait un engagement véritable, or son boulot actuel de remplaçant n'était pas vraiment compatible avec une vie de famille. Et les enfants, qu'en penseraient-ils ?

— Ethan ?
— Oui, désolé. Je réfléchissais.
— C'est vrai, je vais vite en besogne, pardon.
Il apparut à Ethan que Jonas lui aussi était dépassé par les événements et peut-être bien aussi par ses sentiments à son égard.
Commencer par divorcer était une évidence, mais au niveau de la garde des enfants, que Jonas soit en couple ou pas, changeait beaucoup de chose. Peut-être qu'à cause d'Ethan, il perdrait certains droits. Sa femme avait l'air moins ouverte d'esprit que lui et sans doute aurait-elle du mal à ce qu'un homme l'ait supplanté auprès de son mari, quand bien même elle avait quelqu'un d'autre dans sa vie.
— Je comprends bien que les choses ne sont pas simples, commença-t-il. Si je n'étais pas dans l'équation, ce serait aussi bien, termina-t-il, même si cela lui en coûtait de le faire remarquer.

mardi 7 novembre 2017

Remplacement Standard - 63

Évidemment, après cela, au lieu de se concentrer sur la préparation de sa mission, il ne cessa de regarder son téléphone durant le reste de la journée et se coucha tard, toujours dans l'attente d'une réponse.
Finalement, après une nuit désastreuse, il découvrit au petit matin un texto écrit fort tard où Jonas confirmait sa venue pour le lendemain à 19 heures.
Autant dire qu'Ethan ne se montra guère productif, peinant à retenir les informations sur les sept enfants dont il allait bientôt remplacer la maman.
L'heure approchant, il renonça à faire quoi que ce soit. Il s'assit, se releva, incapable de tenir en place. Sa main avait pour ainsi dire la tremblote. Il tenta de se calmer, Jonas aurait sûrement du retard.
Mais non, à peine cinq minutes après l'heure annoncée, la sonnette retentit. Ethan alla à la porte et prit une grande inspiration avant d'ouvrir. Il éprouvait autant de bonheur que d'appréhension à le revoir, ne sachant trop à quoi s'attendre.
Jonas n'avait pas changé, même cheveux noirs coupés courts, même regard noisette, même odeur citronnée. Il avait toujours autant de prestance en costume-cravate.
— Bonsoir, entrez, je vous en prie.
Après qu'ils se soient installés sur deux chaises rembourrés dans la pièce qui lui servait à la fois de chambre, salon et salle à manger, il lui offrit une boisson que Jonas déclina.
— De quoi vouliez-vous me parler ? demanda-t-il d'une voix altérée.
— De tellement de choses que je ne sais par quoi commencer, répondit Jonas.
Ethan anticipa :
— Si c'est à propos de Gilbert, je vous assure que nous nous sommes contentés de bavarder.
— Je n'ai aucun doute à ce sujet. Merci d'être là pour lui.
Ethan se sentit touché par la confiance que Jonas avait en lui et soulagé aussi. Apparemment, qu'il ait caché son homosexualité ne posait pas de problème à Jonas. Qu'il ne soit pas venu l'accuser d'avoir profité de la situation pour le reluquer ou autres rendait encore plus mystérieuse sa visite.
— Ma femme et moi comptons divorcer. Elle a rencontré quelqu'un pendant ses vacances.
Gilbert lui avait rapporté que ses parents étaient en mauvais termes et que cela plombait l'ambiance de la maisonnée, mais Ethan n'avait pas imaginé que c'était à ce point. Cependant, quel besoin avait Jonas de l'en informer ? Sûrement, il avait des amis à qui se confier…

lundi 6 novembre 2017

Remplacement Standard - 62

                                                                         *
Cela faisait déjà plusieurs heures qu'Ethan s'inquiétait du sort de Gilbert qui avait en effet raccroché brutalement après s'être écrié "maman" d'un ton horrifié et indigné, quand l'adolescent rappela enfin.
— Tout va bien ?
Gilbert eut tôt fait de l'éclairer sur la manière dont Gwen s'était fait des films sur lui et l'adolescent, sur le retour en catastrophe de son père qui avait calmé le jeu et accueillit sans broncher la nouvelle de l'homosexualité de son fils en comparant cela avec des parfums de glace.
Ethan fut soulagé et ravi pour Gilbert avant de réaliser que c'était sa propre homosexualité qui avait été révélée à travers celle de l'adolescent. Il en éprouva un embarras sans nom, se demandant si la tolérance de Jonas s'étendait à lui.
— Papa veut t'appeler. Il m'a pas dit pourquoi. Est-ce que tu veux bien que je lui donne ton numéro ?
Ethan en resta sans voix. Sûrement Jonas avait des reproches à lui faire.
— T'es toujours là ?
— Oui. C'est bon, tu peux.
Si Jonas avait des comptes à lui demander, c'était aussi bien qu'il passe par lui que par l'intermédiaire de son entreprise. Et surtout, il mourrait d'envie d'entendre sa voix à nouveau.
Il ne l'eut cependant pas directement au bout du fil. Par malchance, il rata son appel et retrouva un message sur son répondeur où Jonas demandait s'il était possible qu'il vienne chez lui pour lui parler de vive-voix.
Ethan ne parvenait pas à comprendre ce qui motivait Jonas, pourquoi ils souhaitaient qu'ils se retrouvent et en privé qui plus est.
En même temps, comme il était entre deux missions, c'était le moment idéal, car après il serait indisponible pendant dix jours, le temps d'un remplacement dans une famille avec sept enfants qui promettait d'être épique.
Il fallait qu'il sache ou cela allait le tourmenter. Le cœur battant, il le rappela donc.
— Bonjour. Ceci est le répondeur de Jonas, n'hésitez pas à me laisser un message.
Ethan raccrocha et retenta de le contacter plus tard.
Quand il tomba encore sur l'enregistrement, il jugea que c'était trop pour ses nerfs.
D'un ton précipité, il lui communiqua son adresse et lui dit qu'il pouvait passer le soir dans les deux jours qui venaient, car après il ne serait plus chez lui.

vendredi 3 novembre 2017

Remplacement Standard - 61

Gilbert bafouilla, puis raconta comment le nounou l'avait surpris à regarder un porno gay et lui avait révélé qu'il était homosexuel.
Jonas n'aurait pas dû s'en soucier alors que son fils venait de lui révéler quelque chose de capital sur lui-même, mais il se prit à espérer qu'Ethan éprouve la même chose que lui. Qu'il soit gay n'impliquait certes pas qu'il tombe amoureux du premier homme venu, mais les chances de Jonas semblaient meilleures.
— Tu voudras bien me donner son numéro ?
— Pourquoi ? Tu me crois, n'est-ce pas ? demanda Gilbert, soupçonneux.
— Oui, mais j'aimerai lui parler.
— De quoi ?
Jonas n'était certes pas prêt à dévoiler la vérité à son fils, pas alors qu'il n'avait pas avoué ses sentiments au principal intéressé, et que Gwen et lui n'étaient pas encore officiellement séparés.
— Demande lui l'autorisation de me communiquer ses coordonnées, d'accord ?
Gilbert hocha la tête.
— Parfait. Je retourne pour tâcher de convaincre ta mère que tout va bien dans le meilleur des mondes.
— Merci papa.
Jonas lui ébouriffa les cheveux et retrouva une Gwen anxieuse à qui il finit par faire entendre raison : Ethan n'était que le confident de Gilbert qui était gay.
Elle ne sut comment se comporter avec l'adolescent durant la soirée, puis elle réussit à avoir une discussion avec lui et tout rentra dans l'ordre. Elle n'avait rien contre les homosexuels, si ce n'est quelques préjugés, elle avait juste eu peur qu'un homme plus âgé ait abusé de l'innocence et la jeunesse de Gilbert.
    Dans l'intimité de leur chambre, Jonas et elle eurent une nouvelle conversation houleuse.
— Nous ne pouvons plus divorcer, affirma-t-elle. Gilbert croirait que c'est à cause de lui.
— Il a vu que tu l'avais accepté comme il l'était. Je pense qu'il n'est pas aveugle et qu'il s'est déjà rendu compte qu'entre nous, cela ne fonctionnait plus.
— Nous devrions faire des efforts pour le bien des enfants.
Ils n'allaient quand même pas attendre qu'ils aient dix-huit ans et qu'ils se soient tous envolés du nid, tout de même ! Toujours est-il qu'il préférait qu'ils divorcent par consentement mutuel.
— Et ton veuf ? Il a besoin de toi, non ?
L'argument fit heureusement mouche.
Cependant, ils ne savaient toujours pas comment annoncer la nouvelle aux enfants et avec qui Gilbert, Gui et Gaëlle vivraient. Garde alternée, partagée… Tout semblait possible. Gwen qui avait déjà sondé discrètement le nouvel homme de sa vie savait qu'il la prendrait avec ou sans enfants dans ses bagages.

jeudi 2 novembre 2017

Remplacement Standard - 60

Jonas préféra cesser d'argumenter avec elle pour le moment et monta pour voir Gilbert.
— Comment peux-tu être aussi calme ? demanda-t-elle, en le suivant et en s'accrochant à sa chemise.
Il devait l'être pour deux. Mais ce n'était qu'en surface, car il ne l'était pas vraiment. Il se posait des tas de questions au sujet d'Ethan et de ses préférences sexuelles, s'il pourrait obtenir son numéro par l'intermédiaire de son fils…
Elle continua :
— La semaine supplémentaire où mon remplaçant est resté ne nous a jamais été facturés, tu sais. L'erreur étant notre faveur, je ne me suis pas plainte à l'entreprise,  mais c'est louche, n'est-ce pas ?
C'était certes bizarre. C'était peut-être un oubli dû au caractère exceptionnel du prolongement. A moins qu'Ethan n'ait souhaité s'occuper d'eux sans contrepartie… Mais faire mille suppositions était inutile, seul le principal concerné pouvant répondre. Le plus simple en attendant était de s'adresser à Gilbert.
Il toqua à la porte de l'adolescent, sans obtenir de réponse.
— Je peux entrer ?
Il essuya un non retentissant.
— Je voudrais démêler cette histoire. Je ne partage pas l'opinion de ta mère.
Gwen qui l'avait lâché, mais se tenait à côté de lui, poussa un petit cri indigné que Jonas ignora.
La porte s'ouvrit et se referma aussitôt sur lui, au nez de Gwen.
— Ethan ne m'a jamais touché ni rien. On a fait que discuter, affirma Gilbert, les yeux rivés sur le carrelage.
A le voir aussi gêné, on aurait presque pu penser qu'il mentait, mais Jonas ne doutait pas qu'il soit sincère.
— Oui, je te crois.
Ce n'était pas seulement en la parole de son fils qu'il avait confiance, mais aussi en Ethan.
— Je ne veux pas qu'il ait des ennuis à cause de moi.
— C'est tout à ton honneur.
L'adolescent leva les yeux vers lui et en triturant le bas de son pull, la voix tremblante, il déclara :
— Je suis gay.
— Il n'y a pas de mal à préférer le citron à la vanille, les garçons aux filles. Les goûts, cela ne se commande pas.
Et parfois, ils changent. Ou on a envie d'un parfum bien particulier.
Gilbert le fixa, incrédule, les doigts toujours crispés sur son vêtement.
— Cela ne te dérange pas ? Tu ne vas pas prétendre que c'est trop tôt pour savoir ou un truc comme ça ?
— Non. Ce qui m'intéresse plus, c'est de savoir comment tu en es venu à te confier à Ethan.

mercredi 1 novembre 2017

Remplacement Standard - 59

Quelques jours plus tard, alors qu'ils n'étaient toujours pas plus avancés sur la manière de se séparer en causant le moins de tort possible aux enfants, Gwen l'appela en catastrophe au bureau, en fin d'après-midi. C'était au sujet de Gilbert et du remplaçant, c'était urgent et confus. Elle semblait bouleversée.
Jonas n'hésita pas à mettre de côté ce qu'il faisait et rentra en quatrième vitesse.
Pour lui parler en privé, Gwen envoya Gui et  Gaëlle jouer dans leurs chambres – apparemment, Gilbert s'était cloîtré dans la sienne.
— Je l'ai surpris à parler de sodomie au téléphone avec Ethan.
Jonas fut moins étonné par la mention de cette pratique sexuelle un peu tabou que par le fait que Gilbert ait le numéro du nounou.
— Comment sais-tu que c'était ton remplaçant ?
— Gilbert ne connaît pas d'autre Ethan que je sache ! Et c'est tout ce qui te choque ?
— Eh bien, parler sexe avec sa mère ou son père n'est pas forcément aisé…
Jonas savait que Gilbert avait choisi Ethan comme confident à ce sujet.
— Mais ne vois-tu pas que ce type s'en est pris à notre enfant ? Il resté trois semaines sous notre toit et tu n'as rien remarqué !
Ethan, un dangereux pervers ? Jonas l'avait craint l'espace de deux secondes, le premier jour, mais cela ne tenait pas la route.
— Je ne comprends pas comment tu sautes à cette conclusion.
— Ils parlaient de sexe anal entre hommes ! s'énerva Gwen.
Jonas digéra l'information. Il ne voyait tout de même pas Ethan s'adonner à des attouchements avec un adolescent.
— Je vais aller parler à Gilbert.
— Je ne sais pas s'il va vouloir, il refuse de m'adresser la parole !
Elle était dans un tel état, tellement sûre que le nounou avait abusé de l'adolescent que c'était normal.
— Notre fils est sans doute gay, mais ce n'est pas la fin du monde, si ?
Elle le regarda en clignant des yeux, comme si elle était face à un extraterrestre.
— Comment peux-tu prendre les choses aussi sereinement ? Cette homme a perverti notre bébé !
— Écoute, il me semble que je me serais en effet rendu compte de quelque chose s'il s'était passé un truc entre Ethan et Gilbert et aux dernières nouvelles, l'homosexualité n'est pas quelque chose qui se choisit.

mardi 31 octobre 2017

Remplacement Standard - 58

— Eh bien, peut-être ne serai-je pas seul. Et je peux toujours embaucher une jeune fille au pair.
— Je ne veux pas les abandonner derrière moi. Ils m'en voudraient.
Dans un divorce, ce sont toujours les enfants qui trinquent. Disputes, gardes alternées... Les faire choisir entre leur père et leur mère était horrible, mais que faire, quand les sentiments changent ?
Il se rendait compte à présent qu'il était resté avec Gwen par la force de l'habitude, parce qu'ils avaient vécu tellement de choses ensemble qu'il n'avait pas envisagé un instant qu'elle ne puisse pas être celle aux côtés de laquelle il vieillirait.
— Je crois que le pire qu'on puisse faire, c'est s'entre déchirer sous leurs yeux.
Elle secoua la tête.
— Je ne sais pas.
Il n'avait aucune certitude non plus, sur rien. Il n'avait pas la moindre assurance qu'Ethan l'aime de la même façon que lui, juste le soupçon qu'il ne se ferait pas mal recevoir.
— Parle moi de ton veuf.
Elle sursauta.
— Mais non, cela me gêne !
— Tu as gardé contact avec lui ?
Elle acquiesça avec embarras.
— Nous communiquons par mails.
— Tous les jours ?
Elle confirma.
— Et toi, l'heureuse élue, c'est une collègue de bureau ?
Un homme aimant les arts ménagers. Celui qu'elle avait embauché pour la remplacer le temps de quinze jours qui s'étaient transformés en trois semaines.
— Non. La personne en question ne se doute pas le moins du monde de ce que je ressens à son égard. J'ai eu beaucoup de mal moi-même à accepter que j'étais tombé amoureux.
— J'ai eu le même problème. Je ne voulais pas reconnaître que toi et moi, c'était fini.
Si elle était tombée amoureuse d'une autre femme, cela aurait pu être comparable.
Elle avait raison, c'était étrange qu'ils discutent de leurs sentiments pour d'autres. En même temps, cela faisait longtemps qu'ils n'avaient pas discuté de choses intimes de façon aussi apaisée, et c'était agréable.
Elle reprit :
— Lui aussi a eu de la peine parce jusqu'à ce nous nous rencontrions, il était resté fidèle au souvenir de sa femme.
— Depuis combien de temps est-elle décédée ?
— Sept ans, dans un accident, peu après la naissance des jumelles.
Même si Gwen doutait encore que leur séparation soit la meilleure solution, surtout vis-à-vis des enfants, il semblait évident à Jonas qu'elle y viendrait. Il était prêt à lui laisser le temps de se habituer à l'idée. Ce n'était pas rien de mettre un point final à seize ans de vie commune. Il fallait aussi réfléchir à comment présenter les choses à Gilbert, Gui et Gaëlle.