vendredi 30 octobre 2009

Le Suivant du Prince - 9

Ce dernier encaissa le choc et l'attrapa par la taille. Échapper à son étreinte de fer se révéla tout bonnement impossible. En un instant Aldrick fut violemment projeté à l'extérieur du cercle : il avait perdu ce round. Après avoir craché la terre qui s'était retrouvée dans sa bouche, il commença à se relever ; une main secourable l'aida à se remettre debout. C'était Youri qui, une fois sa victoire validée, était sorti du cercle. Sa main était large et calleuse et Aldrick se demanda brièvement quel effet cela ferait d'être caressé par pareille main. Au château, il était plutôt habitué aux mains lisses et manucurées...
– Désolé, murmura le garçon d'auberge.
– Pourquoi ? C'est normal de chercher à gagner.
– C'est vrai, mais comme nous avions discuté auparavant, je me sens un peu coupable.
La franchise du jeune homme plut au prince qui acquiesça. Finalement, l'attitude de l'ouvrier moustachu n'était pas si bête. Il est plus facile de se battre contre un parfait étranger...
– Il faut qu'on y retourne, déclara Aldrick.
– Pas moi, j'ai fini. J'ai mes dix victoires.
– Déjà !?
En même temps, s'il avait balancé tous ses adversaires avec autant d'aisance, ce n'était pas si étonnant.
– Cela sert de devoir mettre dehors les clients mauvais payeurs.
Aldrick ne put répliquer, un des pages qui s'occupait du bon déroulement du concours, était venu le chercher. Le prince, endolori par sa récente chute, eut du mal à obtenir son quota de victoires. Il n'avait pas vraiment eu l'intention de participer à toutes les épreuves du concours, mais il était à présent motivé par son intérêt pour le garçon d'auberge.

Cette fois, la pause parut bien courte à Aldrick. Trop vite, un roulement de tambours indiqua le début des duels à l'épée. La distribution des épées effectuée, on procéda à la constitution des paires. Cette fois, il fallait désarmer sept adversaires pour gagner. On était disqualifié si on ne parvenait pas à ce nombre. Le prince se retrouva immédiatement face à Youri. Le garçon tenait son épée comme un manche à balai. Il allait être éliminé, c'était sûr et certain. Or, Aldrick n'en avait pas envie...
– Tu ferais mieux de tenir ton épée comme moi, dit-il d'une voix basse.
Le jeune homme plaça sa main différemment, mais de façon toujours aussi maladroite. Son épée volerait en un instant dans les airs. Malgré tout, il fallait commencer le combat sous peine d'attirer l'attention sur eux. Aldrick se fendit en avant et porta une estocade que le jeune homme para du mieux qu'il pouvait.

jeudi 29 octobre 2009

Le Suivant du Prince - 8

– Bonne chance, murmura Aldrick à son voisin tandis que des voix criaient aux participants de se tenir prêts.
– Toi aussi, répondit Youri en brandissant son arc.
Il le tenait bizarrement : cela n'augurait rien de bon. Un bref coup de trompette indiqua aux participants qu'ils pouvaient tirer leur première flèche. Le brouhaha de la foule se calma un instant et on n'entendit plus que les sifflements des flèches qui fendaient l'air. L'opération se répéta deux fois encore, puis on procéda au décompte des points. Si Aldrick ne doutait pas une seconde d'avoir mis en plein dans le mille les trois fois, il s'inquiétait en revanche pour son sympathique voisin de gauche. Pour se qualifier, il fallait avoir tiré au moins une flèche au centre, les autres devant être dans les deux cercles adjacents. Cependant, les craintes du prince se révélèrent vaines, car les flèches de Youri avaient chacune atteint le cœur de la cible. Non seulement le jeune homme n'était pas éliminé, mais en plus, il faisait parti des meilleurs. Il faut croire que braconner lui avait réussi ! Il ne faisait guère de doute qu'il s'en sortirait bien dans l'épreuve de lutte qui suivait, mais comment allait-il s'en tirer avec une épée lors de la troisième épreuve ?
Les participants restants furent invités à boire de l'eau et se reposer un moment tandis qu'une nuée de pages traçait sur le sol des ronds de tailles identiques. Le premier à mettre un pied hors du cercle perdait le combat. Il fallait l'emporter contre dix combattants pour ne pas être éliminé du concours. Une seule défaite était autorisée. Une fois les dix victoires validées, l'épreuve était terminée pour le participant. Ayant perdu Youri de vue, Aldrick se retrouva à boire seul son gobelet. Cependant, il engagea sans trop de difficulté la conversation avec un autre candidat au poste de Suivant du prince, un jeune prêtre qui semblait fort angoissé par le corps à corps qui l'attendait. Un coup de gong marqua la fin de la pause et on plaça deux hommes dans chaque cercle. Aldrick se retrouva face à l'ouvrier moustachu et se réjouit à l'idée de lui faire manger la poussière. Malheureusement, ce ne fut pas aussi facile qu'il l'escomptait. La lutte n'était pas son point fort, son instructeur ayant été trop mou de crainte de faire mal à sa royale personne. Cependant, il parvint à l'emporter. Après avoir affronté un autre combattant, il se retrouva face à Youri. Le garçon d'auberge n'était pas le moins du monde essoufflé et n'avait pas l'air inquiet pour deux sous. Comme les circonstances ne se prêtaient pas à la discussion, Aldrick choisit d'attaquer directement.

mercredi 28 octobre 2009

Le Suivant du Prince - 7

Après avoir emprunté l'un des passages secrets qui menaient hors du château, Aldrick rejoignit la place où se déroulait le concours. On valida son inscription, puis on lui donna un arc et trois flèches avant de le placer parmi les autres membres de sa Guilde. Chaque participant avait été aligné face à une cible. D'humeur joyeuse - le prince ne sortait pas beaucoup du château - Aldrick tenta de faire la conversation avec son voisin de gauche.
– Bonjour ! Beau temps pour le concours, n'est-ce pas ?
L'ouvrier moustachu ne répondit pas : il se contenta de lui jeter un regard de défi. Apparemment, il n'était pas question pour lui de causer avec ceux qu'il considérait comme ses rivaux. Aldrick haussa les épaules et tenta sa chance auprès de son voisin de droite, un grand jeune homme dégingandé. Ce dernier ne portait pas le costume bleu classique des Ouvriers, mais de vieux habits qui auraient fait d'excellents chiffons. Sans doute était-il trop pauvre pour posséder le vêtement marquant son appartenance à sa Guilde. On appelait parfois ces gens-là des Sans-Guilde, ce qui était problématique. Aldrick prit mentalement note qu'il devait réfléchir à une solution pour ces gens.
– Bonjour ! Je m'appelle Al et toi ?
– Youri, répondit le jeune homme en tournant lentement la tête dans sa direction.
Il avait une trace noire sur le nez et cela fit sourire Aldrick qui se demanda quelle allure le dit Youri aurait eu, lavé et proprement habillé. Il avait en tout cas de très beaux yeux gris.
– Tu es bon à l'arc ?
La question était stupide, et Aldrick le savait, mais il avait envie de bavarder en attendant le début de l'épreuve.
– Ma foi, je me débrouille.
Comment était-ce possible qu'un pauvre ouvrier se «débrouille» ? Il y avait quelque mystère là-dessous...
– Tu fais quoi au juste comme travail ?
– Je suis garçon d'auberge.
Cette fois, la curiosité d'Aldrick était définitivement piquée.
– Pardonne mon indiscrétion... Mais quand est-ce qu'un garçon d'auberge à au juste l'occasion de tenir un arc ?
Le jeune homme eut l'air amusé et non offensé par la question.
– Ma foi, si tu promets de ne le répéter à personne, je suis prêt à te le dire.
Aldrick posa la main sur son cœur, signifiant ainsi qu'il était quelqu'un de confiance.
– Eh bien... mon patron m'envoie chasser en toute illégalité dans la forêt du parc du château. Cela lui permet d'obtenir de la viande gratuite.
Aldrick se retint de grimacer. Oh, ce n'était pas grave qu'on chasse sur ses terres, mais c'était gênant que sa garde ne soit pas plus vigilante !
– Tu ne t'es jamais fait prendre ?
– Non. Mais j'ai bien failli, une fois.
Le prince allait poser une nouvelle question quand des trompettes sonnèrent : l'épreuve commençait.

mardi 27 octobre 2009

Le Suivant du Prince - 6

Chapitre III : Le cœur de la cible

Le grand Chambellan arrangea les plis de sa robe rouge avant de rentrer les mains dans ses larges manches. Le prince régnant Aldrick était incorrigible. Il n'était pas fichu de se tenir correctement assis sur le trône, jouait avec sa couronne comme s'il s'agissait d'une breloque sans signification et avait des lubies pour le moins curieuses....
– Enfin, votre Altesse, vous ne songez tout de même pas à participer au concours dont vous êtes l'instigateur ?
– Cher Rudolf, je veux voir par moi-même les hommes qui se prétendent capable de devenir mon suivant... Je vous rappelle que tout ceci n'arriverait pas si le premier avait été à la hauteur.
Le grand chambellan fit la grimace en songeant à l'ancien suivant du prince.
– Votre majesté, le responsable de ce fâcheux incident dans le parc n'a toujours pas été démasqué. Il est dangereux que vous sortiez sans escorte du château.
Aldrick poussa un gros soupir. Ce cher Rudolf était une homme de quarante ans très séduisant, mais il était ennuyeux à mourir. Règles, usages, il ne pensait qu'à ça ! Néanmoins, Aldrick aurait volontiers mis dans son lit le grand Chambellan si celui-ci n'avait pas été heureux avec son jeune et adorable époux.
– Quand j'ôte ma couronne et mes habits princiers, je me fond facilement dans la foule.
– Oserai-je rappeler à son Altesse que seul dix pour cent de la population du royaume d'Astria a les cheveux bleus ?
– Je vais me les teindre bien sûr. Seul vous et mon frère de lait seront au courant.
L'embuscade du parc durant lequel son suivant, Quentin du Pic, avait trouvé la mort, revint à l'esprit de Aldrick. Elle avait été fort mal organisée et les hommes étaient d'une ignorance crasse. Quand ils avaient demandé lequel d'entre eux était le prince, Aldrick avait faillit éclater de rire. Mais Quentin lui, l'avait désigné et s'était ensuite enfui à toutes jambes. Quelques flèches avaient définitivement arrêté cet idiot. En attendant, Aldrick s'était libéré tout seul au moyen d'une ruse assez simple. Il avait prétendu être un prostitué qui jouait le rôle du double du prince. Sa vulgarité avait égaré les hommes et les propos qu'il leur avait tenu les avait excités. Pendant qu'ils se concertaient sur la décision à prendre, Aldrick était resté sagement à côté d'eux, endormant définitivement leur méfiance. Quand le chef de la petite bande avait baissé son pantalon, révélant un pénis d'une taille tout à fait intéressante, il lui avait donné un violent coup dedans, et profitant de la confusion, avait récupéré son arme et menacé l'homme plié en deux par la douleur. La garde était ensuite intervenue, mais les hommes capturés n'avaient rien pu révéler sur l'identité du commanditaire. Ils ne se souvenaient que de la somme alléchante qui leur avait été donnée et plus du tout de la personne qui leur avait transmisse. Il y avait sans doute de la magie elfique là-dessous...

– Votre Majesté ?
La voix de Sir Rudolf ramena Aldrick au présent.
– Je participerai, aussi, il est inutile de me dire d'être raisonnable.
– Puisqu'il en est ainsi, Votre Altesse ferait mieux de se préparer, l'épreuve de tir à l'arc commence dans une heure.
Rudolf se retira après une courbette tandis que le prince rejoignait ses quartiers afin de se teindre les cheveux et d'enfiler l'habit bleu des Ouvriers que lui avait procuré Léo, son frère de lait. Il avait décidé qu'il ferait parti de la guilde des Ouvriers parce qu'il était plus intéressé par la candidature de ces derniers que par celles des Nobles qui aurait normalement dû être les seuls à pouvoir avoir « l'insigne honneur » de devenir son suivant.

lundi 26 octobre 2009

Le Suivant du Prince - 5

Néanmoins, pendant longtemps, Youri avait voulu croire en leur bonté. A présent, ce qui le retenait de partir et de trouver un emploi payé, c'était qu'il savait qu'il n'y parviendrait pas : certes, il était capable de lire et écrire, car il avait été à l'école avant le drame qui les avait plongé dans la misère et le chagrin, mais il n'avait aucune qualification et il n'obtiendrait pas la moindre recommandation de l'aubergiste. Maudits soient les Boulgs ! L'autre raison qui empêchait Youri de quitter les Deux Cygnes, c'était la santé fragile de son jeune frère qui était régulièrement cloué au lit.
– Demain, j'irai m'inscrire au concours pour devenir le suivant de prince, déclara Youri de but en blanc.
Demian arrêta de brosser le cheval, surpris par la nouvelle. Son frère devait être un peu fou pour croire qu'il allait réussir. Bien sûr, il trouvait son frère admirable et extraordinaire, mais pour le reste du monde, ce n'était jamais qu'un grand gaillard dégingandé qui n'avait que la peau sur les os.
– Que vas-tu dire aux Boulgs ? demanda-t-il simplement en reprenant sa tâche.
Youri se gratta pensivement le front. Il n'y avait pas réfléchi, mais il faudrait bien qu'il les prévienne s'il s'absentait pour participer aux épreuves du concours.
– C'est un cas exceptionnel. Je peux bien prendre quelques jours de congé quand même. Et puis, je pourrai tout de même donner un coup de main à l'auberge le soir.

M. Boulgs qui venait d'entrer dans l'écurie, tenant par la bride le cheval d'un client, entendit Youri.

– Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?! s'exclama-t-il d'une voix forte.
Youri fit volte-face et déclara :

– Je veux participer au concours organisé par le prince.
Le nez pointu de l'aubergiste frétilla et son petit corps fut secoué par un grand rire.
– Toi ? Devenir le suivant du prince ? Crois-tu donc encore aux contes de fées ?

Les yeux gris de Youri s'assombrirent, il serra les poings, mais ne répondit rien.
– Si tu aides le soir, je suis d'accord pour que tu participes, reprit l'aubergiste. De toute façon, tu risques d'échouer dès la première épreuve, ajouta-t-il.

– Merci, monsieur Boulgs, murmura le jeune homme.

La femme de l'aubergiste rit aussi en entendant la nouvelle et elle se moqua qu'un garçon aux ongles noirs et au pantalon trop court, puisse oser une chose pareille. Cependant, elle ne réussit pas à blesser Youri. Elle n'aimait pas ce garçon ! Si elle avait pu, elle n'aurait gardé que Demian qui était facile à diriger, mais son mari, lui, préférait l'efficacité de Youri. Et ce malgré, son insolence. Oh, il ne disait rien, mais tout son corps semblait protester... Bref, moins le voir pendant quelques jours serait une bonne chose.

(Fin du chapitre II)

vendredi 23 octobre 2009

Le Suivant du Prince - 4

Chapitre II : Tu crois encore aux contes de fées?

Youri souleva les mèches blondes qui lui chatouillaient le creux du cou. Il se frotta le bout nez, inconscient du fait qu'il se mettait du noir dessus. Avec difficulté, il déchiffra une nouvelle fois péniblement l'avis princier qui était cloué au poteau de bois de la place du Canard. Le prince Aldrick, septième du nom, organisait bel et bien un concours pour trouver son suivant. C'était sans nul doute un caprice princier, mais Youri décida qu'il n'allait pas laisser passer cette chance de sortir de la misère. Avec tous les travaux que lui faisaient effectuer l'aubergiste, il était musclé ; il ne serait donc pas pénalisé dans les épreuves de force. Le problème, cela allait être la partie qui nécessitait d'avoir fait un minimum d'études. Mais, il devait tenter, ne serait-ce que pour son petit frère. Le jeune homme se fendit d'un sourire qui illumina ses traits. L'espoir faisait briller ses yeux gris. Le cœur léger, il reprit son tonneau de bière et rejoignit l'auberge des Deux Cygnes.
La femme de l'aubergiste lui fit comprendre en termes très colorés qu'elle n'appréciait pas qu'il ait traîné en chemin. Youri avait acquis la capacité au fil des années de ne plus l'entendre. Les insultes lui passèrent donc au-dessus de la tête. Il songeait au fameux concours. Il se rendrait à la tour des Affaires dès demain pour procéder à l'inscription. L'avis datant du vingt-neuvième jour de l'an 923, il n'avait plus guère de temps pour s'inscrire. Et dans trois jours, les épreuves commenceraient. Il sentit à peine la gifle qui ponctua les propos de la femme de l'aubergiste. Comme à son habitude, elle allait à présent lui confier une autre tâche. Youri se rendit à l'écurie pour changer le foin des chevaux. Son frère s'y trouvait déjà et brossait patiemment la robe d'un cheval bai.
– Demian ! Tu étais malade ce matin ! Pourquoi es-tu là ? demanda Youri.
– L'aubergiste a trouvé que j'étais en forme, répondit l'adolescent dont les yeux bleus clairs étaient voilés par la fièvre.
Youri redressa le dos. Qu'est-ce qui l'empêchait de se tirer de cette saleté d'auberge ? Certes, il y a dix ans de cela, quand l'aubergiste et sa femme les avaient recueilli, lui et son petit frère de six ans qui ne pouvait alors pas encore travailler, Youri les avait trouvés généreux. Après l'incendie qui avait ravagé leur maison et tué leurs parents, Démian et Youri s'étaient retrouvés à la rue, sans le sou, aussi avaient-ils été reconnaissants envers ceux qu'ils croyaient être de braves gens. L'exploitation et les brimades avaient cependant vite dissipé leurs illusions.

jeudi 22 octobre 2009

Le Suivant du Prince - 3

Comme le voulait la coutume lorsque l'on évoquait un défunt, le représentant des Prêtres joignit les mains, ferma les yeux et adressa une prière à la mémoire de Aldrick VI qui avait péri lors d'un combat contre les centaures d'Equilia. On ne pouvait pas parler de guerre entre les deux royaumes, mais les escarmouches étaient fréquentes. Le fait que les centaures considèrent les humains comme une race inférieure, n'était pas étrangère à cette déplorable situation. La dernière délégation envoyée à la cour d'Equilia n'était jamais revenue : ses membres avaient été arrêtés et réduits en esclavage. Aucune demande de rançon n'avait été faîte.

De multiples problèmes de toutes sortes furent portés à l'intention du prince et les heures passèrent. Alors que la séance du Conseil des douze touchait à sa fin, Aldrick remit sur le tapis le concours qu'il organisait pour se trouver un suivant. La position était libre depuis que le dernier en date avait eu la mauvaise idée de mourir lors d'une embuscade tendue au prince. Bien entendu, ce concours ouvert à tous les hommes âgés entre vingt et trente ans indépendamment de leur condition, n'était pas la manière protocolaire de recruter le suivant du prince. Il avait cependant été impossible de dissuader le prince de l'organiser : son précédent suivant nommé selon les usages, l'avait beaucoup déçu.
– Comment se déroule les inscriptions, cher ministre ?
– Trop bien, Majesté. Il y a déjà plus de mille inscrits. Je crains que cet afflux de personnes à la capitale n'occasionne bien des problèmes, surtout qu'outre les participants, de nombreuses personnes viendront assister à l'évènement.
Avec amusement Rudolf nota que le représentant des Commerçants ainsi que le chef des Voleurs se frottaient les mains à la perspective de cette foule. Voilà qui faciliterait les affaires, voilà qui aiderait à vider les poches...
– L'armée sera là pour gérer ça.
Le chef des Armées acquiesça avec fierté tandis que le prince ajoutait :
– Je compte également sur les voleurs pour éviter les débordements.
C'était une phrase à double sens que le chef des Voleurs comprit fort bien. Il ne s'agissait pas que les Voleurs se limitent dans leur activité, mais qu'ils jouent, aussi incroyable que cela puisse paraître,un rôle de « police ». La présence d'un représentant des bas-fonds au Conseil était une innovation de Aldrick VII. Elle avait été délicate à faire accepter, mais elle avait permis de réguler le crime d'une façon inédite. Le terme de Voleurs recoupait en effet tout un tas de métier peu recommandables, dont celui d'assassin. Grâce à la mise en place d'une guilde officielle, ce n'était désormais plus les assassins qui étaient punis du crime, mais les commanditaires. Quant aux voleurs, ils étaient imposés sur le fruit de leur vol ! Au fond, Rudolf Hautcœur était en permanence partagé entre son admiration pour le génie du prince qu'il servait depuis maintenant douze ans et son agacement pour le mépris affiché de ce dernier pour la bienséance.

(Fin du chapitre 1)

mercredi 21 octobre 2009

Le Suivant du Prince - 2

Aldrick VII reposa nonchalamment sa couronne sur sa tête, puis exposa son opinion :
– Je suis contre l'enrôlement forcé dans les armées, cela doit être une vocation, non une obligation. Par ailleurs, même si les centaures passent par le royaume d'Iridia pour capturer nos sujets, nous ne pouvons demander pour autant aux elfes de renforcer leur frontière à notre manière. Par conséquent, il va falloir que nous érigions nous-même ce mur de notre côté.
– Mais Majesté, l'état du Trésor... ! s'exclama le représentant des Impôts.

– Il le supportera fort bien. Je devais justement vous faire part aujourd'hui du fait que les jeunes Nobles ont accepté de payer un impôt vestimentaire, ce qui devrait nous permettre de lancer prochainement ces grands travaux.

Rudolf retint un sourire. Le prince avait dû séduire les jeunes Nobles pour obtenir ce résultat. Après avoir eu la chance et l'honneur de recevoir un baiser du prince ou de partager sa couche, ils étaient prêt à avaler beaucoup de couleuvres. Ce qui était amusant, c'est que certains pensaient y gagner des privilèges, alors qu'en fait, ils ne faisaient qu'en perdre... Le grand Chambellan reporta son attention sur les propos du ministre des Relations extérieures :

– Pour en revenir à Iridia, je voudrais porter à l'intention de votre majesté, la possibilité d'épouser l'une des filles de la reine Libel I. Cela serait très bon pour nos relations avec les elfes. Sans compter qu'il est temps de vous marier.

– Vous empiétez sur mes prérogatives ! s'exclama le ministre des Affaires Intérieures. Et puis, vous n'y pensez pas ! Un mariage avec une elfe ! Jamais les Astriens n'accepteraient pareil outrage !
Avant que Rudolf n'eut à ramener l'ordre, le prince intervint :
– Je n'ai pas encore trente ans, il me semble qu'il est un peu tôt pour me caser.
– Vous avez déjà vingt-neuf ans, votre Altesse. Cela serait terrible, si vous mourriez sans avoir d'héritier. Et j'ai plusieurs jeunes filles charmantes de la noblesse à vous présenter, déclara le ministre des Affaires Intérieures en décochant un regard noir à celui des Relations Extérieures.
Le mariage était un sujet épineux pour Aldrick VII. Nul n'ignorait d'ailleurs à la Cour sa préférence pour la gente masculine. Cependant, les hommes ne pouvant porter d'enfant, il ne pouvait pas en épouser un. Il allait encore esquiver la chose, songea Rudolf. Et c'est en effet ce que le prince le fit :
– Je suis monté sur le trône à seize ans en raison de la mort brutale de mon père et je suis en danger de mort depuis... Est-ce pour autant qu'il aurait fallu que j'épouse la première venue ? Non, je ne peux songer me marier avant d'avoir atteint mes trente ans. En cas de décès, mon cousin Paltok pourrait reprendre le flambeau... Ce ne serait pas dramatique. Après tout, il y a déjà eu sept d'Aldrick de suite.

mardi 20 octobre 2009

Le Suivant du Prince - 1

Chapitre I : Sa Majesté Aldrick VII

Avant d'ouvrir la séance du Conseil des douze, le grand Chambellan, Rudolf Hautcœur, parcourut une dernière fois des yeux les participants. Le représentant des Paysans avait mis une fois de plus un point d'honneur à s'habiller misérablement. Même l'habillement du chef des Voleurs était plus élégant, et c'était peu dire ! En même temps, ce n'était pas pire que l'armure d'apparat que le chef des Armées avait enfilé... Le représentant des Commerçants, son bonnet de travers, était en train de discuter avec celui des Impôts, oubliant que ce n'était ni le lieu ni le moment de faire des affaires. Il parlait cependant à voix basse, à la différence du ministre des Affaires intérieures qui se chamaillait avec celui des Relations extérieures. Les deux hommes ne s'entendaient décidément pas... Le représentant des Prêtres priait tandis que celui des Artistes était en train de croquer un portrait sur le coin d'une feuille. En revanche, le Patron des Ouvriers, vêtu avec la sobriété qui seyait à sa position, attendait calmement et silencieusement le début de la séance. Si seulement, ils s'étaient tous comportés comme lui... Oui, si seulement le prince régnant Aldrick VII avait pu adopter son attitude. Ce dernier avait passé - une fois de plus - les jambes par dessus l'accoudoir de son trône et avait ôté sa couronne dont il soupesait le poids d'un air absent. Rudolf darda sur lui un regard perçant, mais Aldrick ne réagit pas.
Retenant un soupir, le grand Chambellan frappa le petit gong. Les bavardages cessèrent instantanément. L'attitude du prince, elle, ne changea pas, mais Rudolf ne comptait pas dessus. C'était agaçant, mais c'était la manière d'être du prince. Quand Rudolf le lui reprochait en privé, Aldrick répliquait que cela ne l'empêchait pas d'écouter. D'un côté, le prince avait raison, de l'autre, c'était peu protocolaire... Or, une partie du rôle du Grand Chambellan était de veiller à ce que les usages soient suivis. Dans la salle du conseil, le concert de plaintes et le ballet des demandes avait commencé et Rudolf se concentra sur les propos qui étaient tenus. Il était là pour gérer les débats et éviter qu'ils ne dégénèrent. Le prince, lui, devait représenter les Nobles et résoudre les problèmes qu'on lui exposait.
– Majesté, il me semble honteux que les paysans près de la frontière d'Iridia aient encore subi des raids et des enlèvements du Royaume d'Equilia. Il faudrait que l'armée soit plus présente afin que cela ne se reproduise plus.
Le chef des Armées réagit au quart de tour à ce reproche voilé :
– Majesté, les effectifs de l'Armée ne sont pas assez nombreux pour à la fois protéger la muraille bâtie entre Astria et Equilia et pour assurer la garde de la frontière avec Iridia. Si vous autorisiez le recrutement forcé ou instauriez un service militaire obligatoire... ou alors, il faudrait que nos voisins, les elfes bâtissent également un mur entre le royaume des centaures et le leur.
– Ne vous avisez pas de mentionner ça devant un elfe. Il le prendrait comme une insulte. Ce genre de construction est contraire à leur race, intervint le ministre des Relations extérieures d'un ton coupant.
– Voyons, un peu de calme messieurs, déclara Rudolf. Laissez le prince s'exprimer sur la question, ajouta-t-il.

lundi 19 octobre 2009

De Cicatrices au Suivant du Prince...


Aujourd'hui, j'ai terminé la prépublication du roman Cicatrices.
Je compte publier le livre dès le mois prochain.

Le livre contiendra, en plus du texte que vous avez pu lire sur le blog, 10 pages de textes inédits :
- une scène « coupée » illustrant une des manies de Liam qui consiste à ne jamais laisser traîner la vaisselle (2 pages)
- la 1ère rencontre au bar vue par Liam (4 pages)
- la rencontre au bar du chapitre 7 vue par Liam (2 pages)
- Si le héros de Cicatrices avait été Jack... (2 pages)

Dès demain, je posterai le début du roman Le Suivant du Prince. J'espère que vous me suivrez dans cette nouvelle aventure.

Cicatrices - Chapitre 16 : Pansements (8)

Jack se racla la gorge de façon comique, puis lança d'un ton grandiloquent qui visait sans doute à masquer son embarras :
– Je voulais profiter du fait que nous soyons tous réunis pour te remercier de m'avoir fait rencontrer Vicky.
Cette déclaration surprit et toucha le jeune homme. Son étonnement n'eut cependant plus de bornes quand Tom se leva à son tour.
– Je tiens aussi à adresser des remerciements à Peter, car sans lui, je ne serai pas avec Clarence aujourd'hui.
Tom se rassit ensuite immédiatement et captura les lèvres de l'élu de son cœur.
Vicky applaudit, et dans sa joie, sauta au cou de Jack qu'elle embrassa. Clarence, lui était rose de plaisir, mais gêné. Liam intervint alors :
– Si tout le monde s'embrasse...
Il déroba un baiser à Peter. Vicky battit des mains une nouvelle fois et ce fut au tour de Peter de ne plus savoir où se mettre. Heureusement, Tom dissipa la gêne qui aurait pu s'installer en goûtant au contenu de son assiette et en déclarant que c'était délicieux. La conversation dériva alors sur la cuisine. Vicky avoua que son frère était plus doué qu'elle en la matière, mais ajouta immédiatement après qu'elle se débrouillait fort bien pour les desserts. Cette information eut l'air de plaire à Jack. Tom, lui, préférait déguster les bons petits plats des autres et Peter crut entendre Clarence murmurer à ce dernier qu'il lui en ferait tout plein...

Peter se pencha en avant pour attraper un bout de pain au centre de la table basse. Quand sa main se referma sur le morceau convoité, il ressentit une légère douleur qui le fit grimacer. Il jeta un coup d'œil à son pansement, se demandant s'il garderait une cicatrice. Un curieux sentiment de tristesse, l'envahit. Jack, Vicky, Tom, Clarence... Ils avaient tous des cicatrices, visibles ou invisibles. Cependant, même si parfois ces vieilles blessures faisaient mal, cela ne les empêchaient pas de vivre. Sentant le regard soucieux de Liam posé sur lui, Peter esquissa un sourire. Ce soir, c'était la fête ! Il ne fallait pas penser à ses parents et à leur rejet... Ses amis étaient là. L'homme qu'il aimait aussi. Une sorte de seconde famille.

FIN

vendredi 16 octobre 2009

Cicatrices - Chapitre 16 : Pansements (7)

– Pardon, murmura Clarence.
Il attrapa un paquet de cacahuètes et s'en fut sans demander son reste.
– Il n'y a rien entre lui et moi, déclara Peter avec un brin d'agacement.
Liam l'enlaça avec possessivité tout en déclarant :
– Je sais, je sais. C'est plus fort que moi. Plus le temps passait, plus cela m'irritait de vous savoir seuls tous les deux dans la cuisine.
En se mettant à sa place, Peter comprenait son mouvement de jalousie : si c'étaient Liam et Célestin qui avaient été seuls l'un avec l'autre, il n'aurait certainement pas apprécié...
– Il me parlait de sa relation avec Tom.
– Je n'en doute pas. J'ai eu l'impression que ton ami Tom s'impatientait également.
– Voilà qui serait bon signe... murmura Peter. Regagnons-donc le salon, ajouta-t-il.
– Oui, embarquons quelques snacks avant de passer au plat de résistance.
Dans le salon, Vicky, Tom et Clarence riaient de bon cœur à une plaisanterie de Jack. De là, la conversation se mit à rouler sur les films comiques. Vicky se mit à défendre les mérites des comédies romantiques. Jack protesta : il préférait les films d'action. Peter ne sut pas la fin mot du « débat », car, il repartit en compagnie de Liam dans la cuisine afin d'amener la suite du repas. Quand ils revinrent, leurs invités parlaient musique.
Une fois que Liam eut servi tout le monde, il s'exclama :
– Ah ! J'ai oublié la bouteille de vin !
– Je vais la chercher, dit Peter en se relevant précipitamment de son siège.
Dans la cuisine, il repéra la bouteille sur le plan de travail près du réfrigérateur et le tire-bouchon posé juste à côté. Il prit un couteau afin d'ôter la collerette de la bouteille et s'attela à la tâche : la lame dérapa et la pointe entra dans la chair entre le pouce et l'index. Le jeune homme laissa échapper le couteau et poussa un léger cri. La coupure était peu profonde et saignait à peine, mais cela faisait un mal de chien. Liam vint voir ce qui se passait et l'espace d'une seconde, Peter l'imagina soigner sa blessure d'un coup de langue. Cependant, son compagnon, pragmatique, lui demanda :
– Tu veux que j'aille te chercher un coton d'alcool et un pansement ?
– Non, c'est bon, je vais y aller. Je t'abandonne l'ouverture de la bouteille.
Comme il devait traverser le salon pour se rendre dans la salle de bains, Peter dut, au passage, expliquer brièvement sa maladresse à ses amis. Il désinfecta sa blessure, colla un pansement dessus, puis regagna le salon. Sur la table basse, la bouteille était ouverte et les verres étaient pleins.
– Ah ! Te voilà enfin, vieux ! s'exclama Tom.
– On commençait à s'impatienter, on a faim, enchérit Vicky.
– Vous n'auriez pas dû m'attendre, déclara Peter en prenant place à côté de l'homme à la cicatrice.
Liam l'attrapa par la taille et lui glissa à l'oreille :
– Ça va ?
Au moment où le jeune homme acquiesçait, Jack se leva, son verre à la main et déclara :
– Je voudrai porter un toast à Peter.

jeudi 15 octobre 2009

Cicatrices - Chapitre 16 : Pansements (6)

Une fois de plus l'homme à la cicatrice entreprit de le rassurer:
– Je te rappelle que c'est l'occasion pour moi de les rencontrer. Et ne t'en fais pas, je n'ai rien oublié des affaires compliquées de tes amis, je ne commettrai pas d'impairs.
– J'ai peur que les choses se passent mal...
– C'est moi qui devrait être nerveux. Je vais être entouré de petits jeunes. Vais-je me sentir vieux ou vais-je me sentir rajeunir ? Telle est la question !
L'humour de la réplique arracha un sourire à Peter, mais il ne put s'empêcher de demander :
– Tu crois que je peux encore tout annuler ?
Liam ne put répondre, la sonnette avait retenti. C'était trop tard ! Ils se levèrent tous les deux et allèrent accueillir les invités. Jack, Vicky et Clarence étaient sur le pas de la porte. Ils avaient l'air en forme et cela fit plaisir à Peter. Dès que les manteaux et vestes eurent été accrochés, il fit prestement les présentations. Liam invita ensuite tout le monde à se rendre dans le salon et proposa différents rafraîchissements.
L'ambiance était bonne et Peter commençait à se détendre, quand la sonnette se fit entendre. De nouveau inquiet quant au devenir de la soirée, le jeune homme alla ouvrir à Tom.
– Bonsoir !
– Salut vieux !
Comme Peter ne pouvait pas garder son ami dans l'entrée éternellement, il lui pendit sa veste, puis gagna avec son invité le salon. Cependant, ses craintes étaient vaines : Tom fit la bise à Vicky, serra tour à tour la main à Jack, Liam et Clarence avant de s'intégrer sans peine à la conversation. Un moment plus tard, certain qu'il n'y aurait pas de problèmes, Peter quitta le petit groupe pour aller chercher dans la cuisine quelques snacks supplémentaires. Clarence le suivit, apparemment désireux de donner un coup de main. Peter n'en avait pas besoin, mais il en profita pour glisser à Clarence qu'il était content de constater que leur petit groupe s'entendait de nouveau bien. Et ce n'était pas seulement à cause de la présence de Liam. Clarence eut l'air embarrassé, il baissa les yeux vers les sols, puis déclara sur le ton de la confidence :
– Je ne t'en ai pas parlé avant... mais Tom et moi, on se voit sur une base régulière depuis la fin du mois d'août.
Partagé entre la joie de cette bonne nouvelle et la déception de en pas avoir été mis au courant plus tôt, Peter ne sut quoi dire.
Clarence continua :
– Si je ne te l'ai pas dit, c'est qu'on couche juste ensemble en fait. On n'est pas vraiment en couple.
– Comment ça ?
– Disons que j'ai réalisé que si je voulais que Vicky arrête d'intervenir dans ma vie à tout bout de champ, il fallait que j'agisse par moi-même. Je suis donc allé proposer à Tom qu'on couche ensemble, comme ça, entre amis, sans rien exiger de plus.
Peter comprenait mieux à présent pourquoi Clarence ne s'était pas confié à lui avant.
– Et depuis ce jour votre... arrangement continue ?
– Oui, mais le truc, c'est qu'on ne fait pas que ça. On va au cinoche, on se ballade...
– Qu'est-ce qu'elle pense de tout ça Vicky ?
– Elle est convaincue qu'on est en couple.
– Et toi ?
– Je ne sais pas. Je crois bien que Tom ne voit personne d'autre. Je suis tout le temps fourré chez lui, donc...
De l'extérieur, comme ça, on aurait dit qu'il ne manquait qu'une chose pour que Tom et Clarence soit un couple : une explication entre quatre yeux. L'arrivée de Liam dans la cuisine empêcha Peter de formuler sa pensée.
– Vous en mettez du temps pour ramener trois pistaches...
Le ton était coupant. Liam était jaloux.

mercredi 14 octobre 2009

Cicatrices - Chapitre 16 : Pansements (5)

– Désolé, tu n'as pas... murmura-t-il. Je peux te prendre dans ma bouche, si tu veux... ajouta-t-il.
– Ce n'est pas grave. C'est une première pour toi, c'est normal... Et plutôt que tu me suces, je préfère te pénétrer.
Peter ouvrit de grands yeux étonnés.
– Maintenant ?
– Bientôt...
Liam lui retira son préservatif, puis le laissa s'essuyer pendant qu'il se mettait à titiller avec la langue les tétons de Peter. Entre effleurements, baisers et caresses, il ne fallu guère plus d'une dizaine de minutes pour que le sexe du jeune homme soit de nouveau en érection. Le pénis de Liam s'enfonça en lui, faisant gémir Peter. Le plaisir monta au rythme des coups de reins donnés par son compagnon. L'orgasme de Liam provoqua celui de Peter et, cette fois, ils jouirent ensemble. Fatigués par leurs ébats, ils restèrent un moment silencieux et immobiles. L'homme à la cicatrice fut le premier à rompre le silence :
– Alors, tu as une préférence ?
Peter mit un instant à comprendre de quoi il était question. Cependant, le fait de prendre les deux rôles de façon aussi rapprochée lui avait permis de se rendre compte qu'il préférait la position passive, tout en trouvant fort agréable l'active. Il le dit à son compagnon.
– Je pense l'inverse, alors ça tombe bien ! s'exclama Liam d'un ton amusé.
Ils discutèrent encore un moment sur le sujet, puis soudainement l'homme à la cicatrice déclara :
– Et si on allait manger maintenant ?
Peter approuva. Ils se rhabillèrent et mangèrent avec appétit. Entre le bon petit plat de Liam et le gâteau au chocolat de la pâtisserie, ils se régalèrent. Quand vint l'heure d'aller se coucher, le jeune homme était pleinement satisfait du déroulement de sa journée d'anniversaire.

Le jour de la seconde soirée consacrée à l'anniversaire de Peter arriva vite. Liam et lui avaient passé une bonne partie de l'après-midi à préparer la fête. Ils ne seraient jamais que six personnes, mais Liam tenait à ce que ce soit parfait. Peter qui n'était pas très doué en cuisine, s'était surtout occupé de nettoyer les multiples plats et ustensiles dont Liam avait eu besoin. A présent que tout était fin prêt, ils attendaient, confortablement installés dans le canapé du salon, l'arrivée des invités.
– Je me demande si c'était une si bonne idée que ça de réunir tous mes amis, répéta le jeune homme.
De manière gamine et égoïste, il avait eu envie de fêter son anniversaire avec eux, mais pour l'heure, il regrettait de ne pas pouvoir faire machine arrière. Après tout, ils ne s'étaient jamais revu tous les cinq depuis la soirée foireuse à la crêperie. Bon, bien sûr, deux mois s'étaient écoulés depuis et Liam serait là... mais n'était-ce pas une erreur ?

mardi 13 octobre 2009

Cicatrices - Chapitre 16 : Pansements (4)

– Tu m'as posé une question...
Le jeune homme se racla la gorge.
– Oui ?
– Juste avant qu'on passe au lit.
– Désolé, je ne vois pas. Mais tu as piqué ma curiosité, là...
– Tu m'as demandé « actif ou passif » murmura Peter.
– Dois-je en déduire qu'en guise de cadeau d'anniversaire, tu veux répondre différemment à la question ?
Peter opina.
– Trouve autre chose comme cadeau.
Peter baissa la tête, à la fois déçu et embarrassé. Cependant, Liam continua :
– Ça ne compte pas comme un cadeau. Bien que j'ai une petite préférence pour le rôle actif, je peux prendre tous les rôles que tu veux, et pas seulement ce soir.
Le jeune homme releva vivement la tête, heureux. Puis, un sentiment de panique l'envahit. Lui qui avait imaginé tant de fois comment il s'y prendrait, il ne savait désormais plus par où commencer : il était comme paralysé. Heureusement Liam, lui ne l'était pas. Il enleva chemise et chaussettes, fit glisser lentement son slip et s'allongea sur lit. Il déclara ensuite tout en commençant à faire courir ses mains sur son corps :
– Je suis tout à toi.
Cette fois, Peter réagit. Le désir qu'il ressentait lui avait fait retrouvé ses moyens. Qui pouvait en effet résister à pareille invitation ? Il se déshabilla aussi vite qu'il le put, puis vint s'asseoir sur les cuisses de Liam. Bien qu'il soit excitant de voir l'homme à la cicatrice se caresser, Peter lui captura les poignets, l'empêchant de continuer. Il voulait prendre la relève. Il déposa un baiser sur chacune des paumes de Liam avant de le relâcher. Il posa les mains sur les hanches de son compagnon et les fit glisser amoureusement jusqu'à son torse. Il frotta leurs deux pénis l'un contre l'autre. La peau de Liam était douce et brûlante. Peter sortit brièvement du lit pour récupérer lubrifiant et préservatif dans le tiroir. Cependant, ils se caressèrent encore un moment avant que le jeune homme n'utilise ceux-ci. Finalement, il enfonça un doigt dans l'anus de son compagnon. Il le bougea de bas en haut, puis en ajouta un autre. Liam, les yeux mi-clos, se mordait la lèvre comme pour se retenir de gémir. Peter ôta alors ses doigts et le pénétra doucement. C'était serré. C'était bon. Il se mit à bouger de plus en plus rapidement, haletant. Ne pouvant se retenir plus longtemps, Peter éjacula. Un long frisson lui parcourut le corps, puis il roula sur le côté, le souffle court. Liam n'avait pas joui, lui, songea-t-il, honteux.

lundi 12 octobre 2009

Cicatrices - Chapitre 16 : Pansements (3)

Peter lui avait dit qu'il y réfléchirait et qu'il lui dirait ce soir, mais en fait, il savait très bien ce qu'il voulait comme cadeau... Bien sûr, cela l'embarrassait de formuler sa demande à haute-voix, mais il n'avait pas le choix : Est-ce que je peux prendre le rôle actif ce soir ? Voilà, ce qu'il souhaitait. Cela faisait bientôt deux mois que ce désir le taraudait, mais il n'avait toujours pas réussi à l'exprimer. Quand il s'était enfin retrouvé seuls à l'appartement, Liam et lui, Peter avait d'abord été simplement content de retrouver une vie sexuelle libérée de la crainte d'être surpris ou entendu. Ensuite, il avait essayé de prendre la position dominante avec son compagnon, mais s'était toujours retrouvé gémissant sous ses coups de reins. Il devait reconnaître qu'il avait manqué de conviction durant ses tentatives. Il était normal que Liam n'ait pas compris ce qu'il cherchait à faire... La peur de ne pas être à la hauteur, de tout rater l'avait retenu... Le fait que ce soit son anniversaire lui donnait du courage. C'était un jour spécial. Il n'avait qu'un jour de plus que la veille, mais il avait pris une année. Et puis, c'est connu, on est toujours plus indulgent avec les gens le jour de leur anniversaire... Peter s'humecta nerveusement les lèvres. Finalement, pour tuer le temps jusqu'à ce que Liam rentre du boulot, il opta pour regarder un film.

Il ne put le regarder en entier. L'homme à la cicatrice débarqua bien avant la fin. Peter interrompit de suite le son film. Il était content que Liam ait réussi à rentrer tôt et qu'il ait ramené un gâteau de la pâtisserie du coin de la rue.
– Alors, comment va le héros du jour ?
Peter l'embrassa avant de répondre :
– Bien. C'est chouette que tu ne sois pas rentré trop tard !
– Et tu peux me croire, cela n'a pas été évident. Tu veux bien poser le gâteau dans la cuisine pendant que j'enfile des habits plus confortables ?
Peter acquiesça et récupéra la boîte en carton fermée par une ficelle rouge. Il déposa avec précaution la boîte sur la table, se demandant quel tête avait le gâteau à l'intérieur. Il rejoignit ensuite Liam dans la chambre. Ce dernier avait ôté son costume et était à présent en chemise, slip et chaussettes. Pour une fois, Liam ne portait pas un slip à motifs. Le sous-vêtement était d'un noir uni définitivement sexy. Cela semblait du gâchis de laisser l'homme à la cicatrice enfiler un jeans. Le repas pouvait attendre. Surtout qu'il n'y avait qu'à réchauffer le plat préparé et surgelé par Liam le samedi de la semaine passée. Peter s'approcha de son compagnon et l'enlaça.
– Je peux te dire maintenant ce que je veux comme cadeau ?
– Vas-y.
– Tu te rappelles la seconde fois où je suis venu chez toi ?
Peter se maudit intérieurement. Pourquoi ne pouvait-il pas aller droit au but ?!
– Pas en détails, non.

vendredi 9 octobre 2009

Cicatrices - Chapitre 16 : Pansements (2)

Il y avait dans la boîte de réception deux messages non lus. L'un était un spam, l'autre était de Nathan. Avec un peu d'appréhension, Peter cliqua dessus et lu : « Toi aussi ! Ma' fait l'habituel gâteau au chocolat... mais je préfèrerai aller faire la bringue avec mes potes plutôt que de subir ce repas d'annif' » C'était tout. Ce n'était pas grand chose et pourtant, c'était beaucoup. Non seulement ces quelques lignes rassuraient Peter sur le sort de son jumeau, mais en plus, elles lui donnaient l'assurance qu'il n'avait pas tout à fait perdu son frère. Cela ne voulait pas dire bien sûr qu'ils s'entendraient ou se fréquenteraient un jour, mais c'était mieux qu'une coupure totale et définitive. Comme avec ses parents. S'ils ne donnaient pas signe de vie aujourd'hui, jour qui marquait sa mise au monde, quand le feraient-ils ? Dans dix ou vingt ans ? Cela semblait peu probable...Certains parents rejetaient, d'autres acceptaient l'homosexualité de leurs enfants. Cependant, il fallait reconnaître que ce n'était pas toujours sans mal. Il suffisait de penser aux parents de Liam. Sa rencontre encore toute récente avec la mère de son cher et tendre lui revint à l'esprit. Deux semaines plus tôt, elle avait débarqué sans prévenir en fin d'après-midi. En voyant cette drôle de petite dame à la tête blanche sur le pas de la porte, Peter avait d'abord cru à une erreur, mais il avait été vite détrompé. Mme Carole Fruimon s'était montrée dans un premier temps peu aimable, l'accusant d'être trop jeune pour son fils. Puis, elle s'était adoucie, voyant que Peter ne se démontait pas. Il faut dire qu'il avait déjà donné pour la question de l'âge ! Au final, elle l'avait même invité à venir manger chez elle un week-end. Elle avait toutefois précisé qu'il ne faudrait pas s'afficher en tant que couple devant le père de Liam. Monsieur Fruimon avait accepté l'homosexualité de son fils, conscient que ce dernier avait essayé « la voie normale » - il s'était marié, avait eu une fille - mais ne voulait pas la voir étaler sous ses yeux. C'était complexe, en fait. Son fils pouvait vivre avec un autre homme, pas de problèmes. Il voulait même bien le rencontrer. Mais les voir s'embrasser ou se tenir, la main, non ! Comme pour excuser son mari, la mère de Liam avait expliqué qu'elle avait eu plus de difficultés que lui à admettre que son fils était gay, mais l'avait fait de façon plus complète. Peter soupira. Peut-être que ses parents, un jour aussi...

Le jeune homme éteignit l'ordinateur et se demanda ce qu'il allait faire en attendant le retour de Liam. D'habitude, il ne s'ennuyait jamais le mercredi. Il trouvait toujours quelques chose à lire ou à regarder à la télévision, mais là, il avait hâte que son compagnon soit de retour. Quand Liam lui avait demandé ce qu'il voulait pour son anniversaire déclarant imprudemment qu'il lui offrirait tout ce qu'il voulait, Peter lui avait rétorqué en plaisantant que s'il avait envie de posséder un éléphant, Liam aurait du mal à l'exaucer. Dans la limite du raisonnable bien sûr, avait alors ajouté l'homme à la cicatrice avec un sourire.

jeudi 8 octobre 2009

Cicatrices - Chapitre 16 : Pansements (1)

Doucement, mais sûrement l'automne était arrivé et avec lui, l'anniversaire de Peter. Il avait à présent vingt deux ans. Le jeune homme s'étira. Son premier cadeau d'anniversaire aujourd'hui, c'était de ne pas aller à travailler. On était, en effet par chance mercredi, son jour de repos. D'ici quelques heures, Liam rentrerait et ils fêteraient en tête à tête l'anniversaire de Peter. Dimanche, une seconde fête serait organisée à l'appartement, cette fois, avec Vicky, Clarence, Tom et Jack. En attendant, ses amis ne l'avaient pas oublié. Vicky, Jack et Clarence lui avaient envoyé une carte commune. C'était le premier courrier personnel qu'il recevait depuis qu'il habitait chez Liam et cela avait enchanté le jeune homme. Il avait hâte de les voir, car il les avait négligé au profit de Liam ces dernières semaines. Aux dernières nouvelles, Clarence allait nettement mieux. Quant à Vicky et Jack, leur couple était plus uni que jamais. La jeune fille avait été confrontée aux cauchemars de Jack durant un week-end prolongé à la mer en Bretagne et avait appris leur triste origine. Peter se rappelait fort bien son coup de fil angoissé. Vicky était bouleversée, choquée, mais prête à supporter les fantômes du passé de Jack. Seulement, elle avait besoin de parler et Jack lui avait dit qu'elle pouvait se confier à Peter si elle le souhaitait puisque ce dernier était au courant. Tom l'était aussi bien sûr... mais cela aurait été blessant pour lui, et ce, même s'il semblait avoir plus ou moins recollé les morceaux de son cœur brisé. Toutefois, ce cher Tom faisait pas mal bande à part : ainsi, il n'avait pas signé la carte commune d'anniversaire pour Peter. Au lieu de cela, il lui avait passé un coup de fil, lui donnant du « mon vieux » à tout bout de champ ! Après cet appel, Peter était allé consulter sa messagerie sur l'ordinateur, curieux de voir si son jumeau avait daigné répondre à son mail sobre et simple qui lui souhaitait un bon anniversaire. Depuis la dispute chez Liam, Nathan n'avait en effet pas donné signe de vie. Les quelques tentatives de Peter pour avoir de ses nouvelles avaient échoué. Le seul mail qu'il avait cependant trouvé dans sa boîte était de façon surprenante une carte virtuelle de « Joyeux Anniversaire » de Cassandra. L'adolescente n'avait toutefois pas pu s'empêcher d'écrire dedans que cela ne rapprochait pas beaucoup Peter de l'âge de son père, vu que l'anniversaire de ce dernier tombait le mois suivant, en octobre ! Cassandra était incorrigible ! Après la terrible soirée de juillet, Peter ne l'avait plus revue. Elle devait cependant passer le dernier week-end de septembre chez son père et cette carte semblait être signe que les « retrouvailles » ne seraient pas trop pénibles à vivre. Il espérait que le souvenir de Nathan ne faisait plus souffrir l'adolescente... Son frère...
Peter se leva du canapé dans lequel il s'était confortablement installé et retourna consulter ses mails. Il était 17h, peut-être avait-il répondu. Peut-être ses parents lui avaient-ils écrit ? Peter ne pouvait s'empêcher d'espérer que ce fut le cas.

mercredi 7 octobre 2009

Cicatrices - Chapitre 15 : La dispute (5)

– Ne te fais pas de soucis pour lui. Je pense qu'il est retourné chez vos parents. Je lui ai même suggéré de se teindre les cheveux... voire même de s'acheter des lentilles de couleur. Après tout, si j'ai bien suivi, c'est votre ressemblance physique qui dérangeait votre père. Or, pour être franc, c'est bien la seule chose que vous ayez en commun.
Peter aurait aimé être certain que son frère avait pu regagner le foyer familial, mais il ne voulait pas l'appeler pour vérifier. L'idée de la teinture était bonne et simple. Et puis leur mère était du côté de Nathan, elle le défendrait. S'il contactait son jumeau, ce dernier lui dirait narquoisement que tout aillait bien, puis il ajouterait qu'il ne fallait pas que Peter prenne l'habitude de lui téléphoner. Non, mieux valait ne pas chercher à savoir. De toute façon, cette fois, son frère récoltait ce qu'il avait semé. Quel besoin avait-il eu de jouer les Don Juan auprès de Cassandra ? Comme le jeune homme ne disait rien, absorbé dans ses pensées, Liam reprit :
– Quand j'ai vu Nathan et Cassie sur le canapé... j'ai été choqué. Ma première réaction a été de partir. Si les enfants n'aiment pas penser à la sexualité de leurs parents, l'inverse est vrai... Et puis te voir toi, me trahissant ainsi... Il ne m'a cependant pas fallu longtemps pour réaliser que ma fille était proche de ton frère et non de toi. Seulement, avant de rentrer, j'ai eu besoin de me calmer. Et quand je suis revenu, vous vous battiez...
Peter se rapprocha de Liam et effleura ses lèvres.
– Merci de ne pas y avoir cru.
– J'ai quand même eu un moment de doute... Mais il faut dire que c'était vraiment troublant. Toujours est-il que ma fille te transmets des excuses. J'ai discuté avec elle jusqu'à ce qu'elle s'endorme. Je vais bosser demain, mais j'essayerai ensuite de prendre mon jeudi et vendredi pour rester avec elle.
– A propos de Cassandra, ne devrais-je pas loger ailleurs jusqu'à la fin de son séjour ? J'imagine que me voir va rendre les choses encore plus difficiles pour elle.
– C'est possible, mais...
– Je me sentirai moins coupable, l'interrompit Peter.
– Je ne dis pas que cela ne rendrait pas les choses plus simples, mais où irais-tu ?
– Chez Tom, je pense.
– Ton ami qui vit dans un tout petit studio et qui n'a qu'un lit ? Cela risque d'être inconfortable.
– Les parents de Vicky et Clarence accepteraient sans doute que je vive quelques jours chez eux.
– Cela ne me plaît pas trop... Si tu veux, je peux te payer l'hôtel. Et puis, peut-être devrait-on demander à Cassandra si cela la gêne vraiment ?
Passer du temps avec quelqu'un qui a le même visage que celui qu'on aime et qui vous a laissé tomber comme une vieille chaussette ? Y avait-il vraiment besoin de poser la question ?
– C'est juste pour quelques jours.
– Oui, c'est vrai. Et ce serait bien que je les consacre à ma fille, mais je ne veux pas que tu te sentes mis à l'écart.
– C'est moi qui l'ait suggéré.
Liam le prit dans ses bras, puis lui murmura à l'oreille :
– Tu es merveilleux, je t'aime.
Les soucis et la tristesse de Peter s'envolèrent. Sa proposition de s'éloigner quelques jours lui avait coûté, mais la récompense était à la hauteur. C'était doux d'entendre ces mots... La respiration de Liam se fit régulière. Il s'était endormi, épuisé par sa longue journée. Peter se blottit un peu plus contre lui avant de sombrer à son tour dans le sommeil, un léger sourire aux lèvres.

(Fin du chapitre 15)

mardi 6 octobre 2009

Cicatrices - Chapitre 15 : La dispute (4)

Dans l'entrée, Peter ne vit que Liam et sa fille, la tête nichée contre son torse qui sanglotait.
– Qu'est-ce que... commença Peter.
L'homme à la cicatrice secoua la tête en désignant discrètement Cassandra. La question du jeune homme mourut sur ses lèvres... ce n'était pas le moment. Liam articula silencieusement « plus tard ». Cassandra, soudain consciente de la présence de Peter, releva la tête. Elle lui jeta un coup d'œil, puis s'enfouit plus profondément dans la chemise de son père. Le volume de ses pleurs redoubla. Peter comprit qu'il ferait mieux de s'éclipser. Il disparut dans la chambre de Liam, la tête pleine de questions sur ce qui s'était passé dans le café. Il tourna un moment en rond dans la pièce avant de se décider à s'allonger et à prendre un bouquin. Liam ne semblait pas prêt de le rejoindre. Le temps s'écoulait décidément bien lentement, songea Peter, en regardant pour la vingtième fois le réveil. L'histoire du livre qu'il avait emprunté dans la bibliothèque de son compagnon n'était vraiment pas palpitante. Le jeune homme continua à tourner les pages. Il baillait de plus en plus. Il luttait à présent pour garder les yeux ouverts. Il était près d'une heure du matin et Liam ne venait toujours pas. Peter lut encore quelques lignes. Ses yeux se fermaient tout seul. La lumière allumée, le livre entre les mains, il s'endormit.

Cependant, son sommeil était léger et l'arrivée de Liam dans la pièce le réveilla en sursaut. Il était à présent trois heures du matin et des poussières.
– Désolé de t'avoir réveillé.
Peter s'ébroua, luttant pour émerger.
– Non, ce n'est pas grave. Je préfère qu'on parle.
Liam s'étira, ôta ses habits et s'allongea aux côtés du jeune homme.
– Je suis fatigué, mais je comprends que tu veuilles savoir... Je vais faire bref... Ton frère ne faisait que s'amuser avec ma fille qui malheureusement en était tombée amoureuse.
Peter se mordit la lèvre... Peut-être que Cassandra s'était prêtée à la mascarade organisée par Nathan parce qu'elle l'aimait et non pour blesser son père...
– Je suis désolé. Tu dois m'en vouloir, j'imagine.
– Pourquoi ?
– Parce que Nathan est mon frère, qu'il est venu habiter ici à cause de moi.
L'homme à la cicatrice eut un petit rire, puis il lui attrapa la main et la lui serra.
– J'ai accepté qu'il le fasse. J'ai ma part de responsabilité dans l'affaire. Mais ce n'est pas comme si Nathan et Cassie étaient blancs comme neige. Certes, je me dis que j'aurais dû mieux protéger ma fille, mais en même temps, elle est du genre à n'en faire qu'à sa tête... Alors...
Il y eut un bref silence. Peter hésitait à demander ce qu'il était arrivé à Nathan. Il lui en voulait de son comportement, mais en même temps, c'était son frère et il était inquiet pour lui. Il n'allait pas coucher dehors quand même ? Finalement, Peter se jeta à l'eau :
– Tu sais où est allé Nathan ?

lundi 5 octobre 2009

Cicatrices - Chapitre 15 : La dispute (3)

Le jeune homme se sentit pressé contre le torse de l'homme à la cicatrice.
– Liam ! s'exclama le jeune homme d'une voix étouffée.
– Ce n'était pas toi qui couchait avec ma fille, n'est-ce pas ?
– Non. C'était Nathan. Je...
L'homme à la cicatrice posa un doigt sur ses lèvres.
– Ne dis rien de plus. Ça me suffit.
En guise de réponse, Peter embrassa le doigt posé sur sa bouche. Tout alla ensuite très vite. D'une main, Liam défit le bouton du jeans du jeune homme, de l'autre, il lui souleva le t-shirt et lui caressa un téton. Il pressa les lèvres avec violence contre celles du jeune homme. Peter gémit, submergé par le désir qui était brutalement monté en lui. La retenue des derniers jours avait volé en éclat. Il voulait sentir la peau de Liam contre la sienne. Comme il peinait à défaire les boutons de chemise de Liam, ce dernier l'aida à l'ouvrir. Il déboutonna ensuite son propre pantalon tout en baissant le caleçon de Peter. Après cela, Liam dégagea son sexe en érection et se mit à le frotter contre celui du jeune homme. Ils s'allongèrent sur le plancher de l'entrée sans cesser de se caresser. Ils avaient faim l'un de l'autre. Liam glissa un doigt, puis deux en lui. Avant que le jeune homme n'ait eu le temps de se demander si Liam allait le pénétrer sans préparation et sans protection, ils jouirent. Après cela, Liam sembla reprendre ses esprits. Il jura, attrapa un paquet de mouchoirs dans le tiroir du meuble de l'entrée, en prit deux, puis le lança à Peter. Le jeune homme, encore pantelant, regarda Liam s'agiter. Ce dernier disparut - probablement dans la salle de bains - et revint tiré à quatre épingles comme s'ils ne venaient pas de faire l'amour dans l'entrée.
– Mon mobile, où l'ai-je mis ? demanda Liam avec impatience.
– Dans la poche de ta veste, non ?
L'homme à la cicatrice le trouva en effet à l'endroit indiqué.
– Merci, murmura-t-il, l'oreille déjà sur le mobile.
Peter qui avait tout juste fini de se nettoyer, rajusta ses vêtements.
– Cassie, où-tu es ?... Oui... Je suis désolé... Oui... J'arrive de suite. Ne bouge pas.
Liam raccrocha, puis déclara à l'intention de Peter :
– Ils sont juste dans le café en face de l'immeuble. Je vais les chercher. Je n'aurais pas dû agir comme je l'ai fait... Bref, c'est fait. A tout suite !
Peter hocha la tête tandis que Liam partait en trombe. Le jeune homme vérifia qu'il n'y avait pas de traces de leur ébat sur le plancher, puis alla boire un verre d'eau à la cuisine. La rapidité avec laquelle s'était enchaîné les derniers évènements, l'avait sonné. C'est avec angoisse qu'il regarda tourner les aiguilles de la pendule de la cuisine. Alors qu'il s'attendait à voir revenir Liam, Cassandra et Nathan dans le quart d'heure, largement plus d'une heure s'écoula avant qu'un bruit dans la serrure n'indique leur retour.

vendredi 2 octobre 2009

Cicatrices - Chapitre 15 : La dispute (2)

L'adolescente qui était jusque là restée silencieuse, intervint :
– Arrêtez de vous disputer. Il suffira de tout expliquer à papa...
– A propos, tu crois pas que tu devrais cesser d'interférer dans la vie amoureuse de ton père ? demanda Peter d'un ton furieux.
L'adolescente eut l'air embêtée.
– Je...
Elle s'interrompit après avoir jeté un coup d'œil à Nathan.
– Je vais me rhabiller, déclara-t-elle finalement.
Ce n'était clairement pas ce qu'elle avait voulu dire à l'origine, mais Peter n'eut pas le temps de creuser la question, elle s'était déjà éclipsée.
– Toi aussi, tu ferais mieux de préparer tes bagages, déclara Peter à l'intention de son frère.
– Mon sac est déjà prêt.
Nathan acheva de se rhabiller sous le regard noir de Peter, puis se dirigea vers l'entrée, son sac à la main, ignorant sciemment son frère. Le jeune homme le suivit.
– Pourquoi tu as organisé cette mascarade ? Cela te fait tant plaisir que ça de me faire du mal ?
Son jumeau ne daigna pas répondre. Peter qui n'avait jamais été du genre violent, en eut assez de ce mutisme ! Il plaça les mains sur les épaules de son frère et le secoua.
– Pourquoi, bon sang, pourquoi ? cria-t-il.
Nathan lui attrapa les poignets et le repoussa. Sous les yeux effarés de Cassandra qui les avait rejoint, ils se mirent à se battre comme des chiffonniers.
– Tu te bats comme une fille ! grogna Nathan.
– Tu vas me répondre à la fin ! haleta Peter en décochant un coup de pied dans le mollet de son jumeau.
Finalement Nathan explosa. Son discours ne fut pas très cohérent, mais il en ressortait qu'il détestait la manière d'être de Peter, son absence d'esprit de compétition, sa façon de s'écraser. A quoi bon servait ses efforts pour avoir l'affection de leurs parents alors que Peter ne remuait pas le petit doigt ? Qu'il semblait tenir pour acquis la place qu'il avait dans la famille et ce, sans rien faire ?


Ce fut Liam qui sépara les deux jumeaux. Il avait fini par revenir à l'appartement.
– Bande de gamins ! J'en ai assez d'avoir trois gosses dans les pattes. Belle famille, vraiment ! Une ado capricieuse, deux jumeaux qui se bouffent le nez... Allez, sortez tous ! Ouste, du balai !
Sans bien comprendre comment, ils se retrouvèrent sur le palier. Cassandra était pâle comme un linge, Nathan avait perdu de sa superbe et Peter était tout simplement catastrophé. Ils restèrent là quelques minutes, indécis quant à la marche à suivre. Soudain, la porte se rouvrit : Liam jeta les chaussures de Cassandra, le sac à main de cette dernière et le bagage de Nathan, puis il attrapa Peter par le bras, le tira à l'intérieur, et referma derrière eux.

jeudi 1 octobre 2009

Cicatrices - Chapitre 15 : La dispute (1)

Le séjour de Cassandra chez son père s'achevait à la fin de la semaine, mais depuis que Nathan dormait sur le canapé du salon, Peter n'attendait plus le départ de l'adolescente avec impatience. Il le redoutait presque. L'idéal eut été qu'ils partent tous les deux pour qu'il puisse enfin se retrouver tranquille avec Liam. Avec un soupir, Peter tourna la clef dans la serrure. Il allait encore les retrouver à bavarder dans le canapé... Heureusement, comme il était tard en ce mardi soir, Liam devait déjà être rentré. Cependant, quand il entra, personne ne vient l'accueillir. Le jeune homme ôta ses chaussures et se rendit dans le salon où une fort mauvaise surprise l'attendait. Son frère jumeau était en train de remettre son slip aux côtés d'une Cassandra complètement nue. A la vue de Peter, cette dernière attrapa la chemise de Nathan et l'enfila avec précipitation. Comme si elle avait encore quelque chose à cacher ! Il l'avait déjà vu nue, et cela lui sembla plutôt ridicule...
– Salut frérot !
Le sourire narquois de Nathan et le ton goguenard ne parut pas de très bonne augure à Peter qui ne savait trop comment réagir... Nul doute que Liam ne serait pas ravi, mais qu'y faire ?
– Je crois que tu ferais mieux de préparer tes valises, déclara Nathan comme son jumeau restait muet.
– Pourquoi ?
– Parce qu'il y a quelques minutes, Liam est rentré et a entendu Cassandra gémir « Peter »...
La première pensée du jeune homme fut que cela ressemblait étrangement au scénario d'une série télé. Une série B. Puis, il prit conscience que la situation le concernait et la rage l'envahit. Ce petit cinéma n'avait pas d'autres but que de le blesser, lui et Liam. Et pourquoi ? Tout ça parce que son frère continuait à lui en vouloir pour d'obscures raisons qu'il n'avait jamais daigné expliquer ! Ne s'était-il déjà pas suffisamment vengé le jour où il avait dévoilé son homosexualité à leurs parents ? Est-ce que Nathan avait également trompé Cassandra ? Question idiote ! Elle savait très bien avec quel jumeau elle avait couché ! Mais pourquoi continuait-elle à punir son père de sa désertion des années plus tôt ?
Le jeune homme était crevé par sa journée de boulot et il en avait ras le bol, il s'énerva :
– Mais c'est quoi ton problème Nathan ?
– Toi.
– Qu'est-ce que je t'ai fait ?
– Si tu réfléchis bien, sans toi, je ne serai pas sur ce canapé !
– Mais c'est papa qui t'a fichu dehors, je ne lui ai rien demandé, moi ! Et tu n'avais pas qu'à clamer haut et fort que j'étais gay. Ce n'était pas comme si tu ne savais pas ce que les parents pensaient sur le sujet !
– Cela reste de ta faute. Tu n'avais qu'à être attiré par les filles.
– Ta bonne conscience d'hétéro, tu peux te la garder !