vendredi 30 mai 2014

Le garçon fée - 203

Quand Zibulinion récupéra le carnet la deuxième fois, il eut la bonne surprise d'avoir en plus d'un message de Folebiol et Walthran, une longue lettre de Neyenje.

Cher Zibulinion,

Je suis bien content d'avoir de tes nouvelles. Te voilà dans une drôle de situation. J'aimerais beaucoup voir ta nouvelle apparence illusoire. Pour sa part, Lalloréa galère à s'en créer une masculine.
Pas de doute, tu es doué en magie et la directrice en profite pour d'obscures raisons. Elle a peut-être un futur travail pour toi ou bien une mission à te confier.
En tout les cas, elle te tient en son pouvoir et la blague, c'est que moi aussi, de façon indirecte. Le job que j'ai trouvé est en effet chapeauté par le Comité et elle y possède une influence colossale. J'avoue ne pas aimer mon boulot : je dois recréer les souvenirs d'humains ayant découvert l'existence des fées. En vérité, j'aurais préféré travailler dans la boutique de baguettes, mais ma candidature a été refusée. Pour obtenir le poste, j'aurais dû épouser la fille de la propriétaire, ce qui ne me disait rien du tout. Le jour où j'accepterai de me faire passer la corde au cou, ce sera avec Lalloréa et personne d'autre.
Je regrette vraiment que tu sois coincé à l'école, actuellement. Folebiol veut bien transmettre le courrier, alors n'hésite pas à m'écrire.

Amicalement,
Neyenje


Zibulinion relut la lettre de son ami. Le passage sur le travail de Neyenje le chiffonnait. Recréer les souvenirs des gens, c'était ignoble.  D'ailleurs, était-ce vraiment nécessaire de tenir les humains dans l'ignorance ? Les fées et humains ne pouvaient pas cohabiter ensemble, sans que les premières se cachent des seconds ?
Zibulinion avait beaucoup hésité quand Relhnad avait touché aux souvenirs de son apprentissage de la magie qui l'empêchait d'utiliser son énergie magique comme il aurait dû. Mais son professeur de sorts avait promis que tout lui reviendrait, et cela avait été le cas.
Non, plus Zibulinion y songeait, moins il comprenait comment les fées pouvaient s'autoriser de jouer ainsi avec la mémoire des gens.
Il ne se priva pas de l'écrire à Neyenje, mais cela continua à le tourmenter. Cela le dérangeait terriblement et quand il commença à se demander pourquoi cela le gênait à ce point, il finit par trouver : et si jamais sa mère avait trafiqué la mémoire de son père et que c'est pour cela qu'il ne le reconnaissait pas, le croyait l'enfant d'un autre ?
Il fallait qu'il sache, qu'il en parle, mais pas à n'importe qui et de vive-voix. Il ne sentait pas d'écrire une ligne sur le sujet. Il patienta donc jusqu'à son rendez-vous avec Relhnad.

jeudi 29 mai 2014

Le garçon fée - 202

Quand Zibulinion, sous les traits de Noinilubiza, arriva pour sa troisième leçon de téléportation, Relhnad l'attendait en lisant, perché sur un nuage flottant.
L'adolescent l'observa un moment, sans approcher. Le visage concentré de Relhnad était  extraordinairement beau. Ses cils délicatement ourlés, ses lèvres parfaites... Zibulinion eut envie de l'embrasser. Comme tout était clair entre eux à présent, et qu'il n'y avait pas de raison qu'il laisse toujours l'initiative à son professeur, il vola spontanément vers lui. Relhnad referma son livre dans un claquement et ce dernier disparut. La bouche de Zibulinion se posa alors sur celle de Relhnad pour un tendre baiser.
– Bonjour, souffla ensuite l'adolescent.
Relhnad lui sourit avant de lui suggérer de rompre son illusion.
– Oh. Pardon.
– Ce n'est pas très grave. Mais je préfère te voir, toi, plutôt qu'une image factice.
Une fois que Zibulinion se fut exécuté, Relhnad l'embrassa également avant de demander s'il était prêt pour une seconde leçon. Zibulinion acquiesça et Relhnad continua à exposer le fonctionnement théorique de la téléportation.
Quand il arriva au bout de ses explications, il lui proposa de lui montrer en pratique. Il ne s'agissait pas que Zibulinion essaie lui-même, mais qu'il l'accompagne dans un court déplacement : du buisson aux moineaux à l'orée de la clairière.
Zibulinion donna son accord, Relhnad l'enveloppa étroitement dans ses bras et en moins de temps qu'il ne fut pour le dire, ils se furent déplacés. 
L'adolescent se sentait nauséeux et il le dit.
– Cela ne devrait pas être le cas quand c'est toi qui sera aux commandes.
– Je peux essayer ?
– Tu ne veux pas attendre la semaine prochaine ?
Zibulinion était pressé de savoir se téléporter, mais il ne tenait pas à quitter les bras de son professeur, aussi hésita-t-il avant de finalement répondre par la négative.
Relhnad le libéra de son étreinte.
– Vas-y.
Zibulinion prononça le sort distinctement et se retrouva au beau milieu du buisson tandis qu'une nuée de moineaux s'envolait.
Relhnad le rejoignit en un clin d'œil et l'aida à se dépêtré.
Zibulinion était dépité. C'était une semi-réussite.
– Tes ailes ont été égratignées par les branchages, constata Relhnad, une fois l'adolescent tiré d'affaire. Je vais te les soigner.
– Merci.
Relhnad se mit derrière Zibulinion et d'un coup de baguette qui effleura les ailes de l'adolescent, il effectua un sort de soin.
– C'est bon, c'est fini.
Mais alors que ses mots franchissaient ses lèvres, ses mains, elles, glissèrent sur les ailes de Zibulinion dans un frôlement troublant.
Cette douce caresse fut suivie d'un délicieux baiser.
– Nous ferions mieux de retourner à l'école, déclara Relhnad, la bouche encore tout près de celle de l'adolescent.
Il ne discuta pas puisqu'il savait désormais que Relhnad écourtait leurs têtes-à-têtes pour ne pas dépasser certaines limites, ne pas craquer. Oh, être touché encore, Zibulinion aurait adoré ça. Mais ils étaient à l'extérieur, bien près de Valeaige.
Et puis il appréhendait tout de même un peu de décevoir de son professeur s'ils allaient plus loin : et si jamais il se révélait trop empoté?

mercredi 28 mai 2014

Au Zoo Interplanétaire - 4

Merwan rouvrit les yeux et releva la tête. Son public d'alien était toujours là. L'un d'eux avait des yeux globuleux. Merwan aurait aimé être spectateur lui aussi. Cela aurait pu être un film : « Kidnappé par les aliens » Hélas, il était acteur et ne pouvait quitter la salle sous prétexte que ce qui se déroulait à l'écran ne lui plaisait pas.
Comme il s'engourdissait à être toujours dans la même position, que le sol était dur, il se releva et fit quelques pas, une main sur ses parties génitales.
Ses mouvements provoquèrent de drôles de bruits dans la foule des créatures. Merwan eut un rire nerveux. Il n'en pouvait plus. Il avait assez de cogiter, de n'avoir rien d'autre à faire que crier pour réclamer sa liberté.
Une série de tintements retentit suivi de grésillements et grincements et peu à peu les allées se vidèrent jusqu'à être désertes.
Ce retour à la solitude ne soulagea que partiellement Merwan. Il était toujours emprisonné, nu, assoiffé et affamé, incertain du sort qui l'attendait.
Une ombre au-dessus lui, le fit sursauter. Il leva les yeux et vit une plateforme semblable à un disque vinyl sur laquelle se tenait une créature qui descendait dans sa cage.
L'alien avait une tête blanche triangulaire dépourvue d'yeux, de nez et de bouche, un long cou mince et de larges épaules en-dessous desquelles pendaient une impressionnante série de tentacules de longueurs et formes variées. D'eux d'entre eux s'étirèrent vers Merwan qui eut un mouvement de recul.
La créature ne renonça pas pour autant et Merwan, malgré ses manœuvres d'évitement finit par sentir les appendices lisses et chauds s'enrouler autour de sa taille.
— Lâchez-moi ! s'exclama Merwan, en essayant à deux mains de les retirer.
Tout ce qu'il gagna fut que deux autres tentacules immobilisent ses bras. Deux autres encore s'enroulèrent autour de ses jambes quand il se mit à les agiter furieusement, continuant à se débattre pour s'échapper.
L'alien le garda ainsi ligoté tandis que la plateforme s'élevait à nouveau.
— Lâchez-moi ! répéta Merwan plus fort. Cette fois, la créature plaqua un de ses appendices sur sa bouche.
Ils ne tardèrent pas à redescendre, se posant devant un énorme cube blanc. Sans effort, l'alien continua à garder Merwan suspendu entre ses tentacules et tapa de l'un de ses appendices libres sur des touches à peine visibles sur le mur. Une ouverture apparut et se referma automatiquement après leur passage.

mardi 27 mai 2014

Au Zoo Interplanétaire - 3

Et voilà que maintenant il avait faim. Mais hors de question de manger le mini-œuf. Il avait soif aussi. Il s'humecta les lèvres.
Dans les allées, évoluaient des créatures très différentes les unes des autres : des grandes, des grosses, des petites, des minces, des bleues, des rouges, des multicolores, des pustuleuses, des lisses, avec ou sans membres, de formes géométriques ou non. Un vrai festival de monstres. Certaines avaient une apparence vaguement humanoïdes. Celles-là Merwan les interpella, demandant leur aide, mais elles se contentaient de tendre un bras vers lui et d'échanger entre elles, émettant des sons inconnus.
Il aurait miaulé que cela aurait été pareil pour elles. Sa détresse leur échappait totalement.
Et voilà maintenant qu'il avait envie de pisser. Merwan se retint aussi longtemps qu'il put, puis en désespoir de cause vida sa vessie sur place et se déplaça à l'autre bout de la cage. Il crevait de honte. Il ne voulait même pas penser à ce que serait pour la grosse commission. Le cauchemar serait peut-être terminé d'ici là, car à la réflexion, cela ne pouvait être que ça.
Certaines créatures étaient franchement affreuses, mais d'autres possédaient une beauté étrange. Il y avait quelque chose dans leurs peaux translucides, leurs mouvements ondoyant. Quoiqu'il en soit, elles étaient bizarres et elles auraient plus eu leur place en cage que lui.
Comme le temps passait, lentement mais sûrement dans une angoisse et un inconfort grandissant, Merwan envisagea à nouveau qu'il soit en présence d'aliens. S'il avait été sur Terre, il aurait dû avoir froid tout nu au mois de mai. Bien sûr, il respirait normalement, mais par moments, il avait l'impression que l'air était comme saturé, trop riche pour être naturel. Une part de lui luttait encore. Il n'avait jamais cru à l'existence des extraterrestres.  Toutes les autres hypothèses - drogue, mauvaise plaisanterie, rêve - lui semblaient plus crédibles.
Mais sa situation n'évoluait pas et le défilé étrange des toutes ces formes de vie inconnues ne cessait pas. Fatigué, Merwan finit par s'asseoir, les genoux repliés contre lui, la tête baissée entre les jambes, les paupières closes.
Chaque fois qu'il les soulevaient, il se retrouvait face aux barreaux et aux créatures qui s'agitaient. Le plus familier et rassurant, c'était encore le lion encagé de l'autre côté de l'allée.
Merwan avait toujours eu une vie tranquille et banale jusqu'à aujourd'hui. Quand il avait révélé qu'il était gay à ses proches, près de dix ans plus tôt, cela avait bien causé quelques remous, mais c'était à peu près tout. Il n'avait rien d'exceptionnel. Durant ses études, il n'avait jamais été ni bon ni mauvais. Le job qu'il avait décroché était des plus ordinaires. Même sa vie amoureuse n'avait jamais été particulière. Après des années de célibat, un amour à sens unique jamais déclaré car l'autre était hétérosexuel, il avait été en couple quelques mois avec Joshua, un gars rencontré dans un bar gay qui avait rompu avec lui après avoir décrété que l'herbe était plus verte ailleurs.

lundi 26 mai 2014

Le garçon fée - 201

Zibulinion se dirigeait vers la table des douzième année, pour le dîner quand il fut bousculé par quelqu'un à l'arrière. Il crut d'abord que c'était une des filles jalouses de l'amabilité de Waltharan à son égard et fut tenté de faire comme si de rien n'était. Cependant, le « désolée » pas très sincère qu'il entendit le fit se retourner par réflexe et il se retrouva nez à nez avec Lavicielle.
– Je suis désolée, répéta-t-elle. Tiens, je crois que tu as fait tomber ceci, ajouta-t-elle en lui tendant un carnet.
Lavicielle ne jouait pas très bien la comédie, mais les fées pressées d'aller dîner ne faisaient pas attention à elles. Zibulinion le prit et la remercia comme si cela avait été effectivement à lui.
C'était la preuve que Waltharan avait compris que Zibulinion l'avait visité en rêve, mais Zibulinion devrait attendre d'être seul pour découvrir les messages que devaient contenir le carnet.
Il dîna vite et fila, prétextant à Lubicielle qui n'en était même pas encore à son dessert qu'il avait un truc important à vérifier à la bibliothèque pour un devoir à rendre.
Entre deux rayonnages, il ouvrit le carnet. Les pages en étaient blanches, mais un simple sort d'apparition suffit à mettre à jour le texte.

Cher Zibulinion,

Je ne sais pas par où commencer... Je n'ai pas été un très bon ami pour toi ces derniers mois, mais il ne faut pas croire que je ne pensais plus à toi pour autant.
C'est juste que... Enfin, tu sais.
Waltharan m'a tout raconté et c'est fou ton histoire. En même temps, depuis le premier jour où je t'ai vu à la librairie « La plume des fées », j'ai pressenti que tu n'étais pas banal.  J'avais toutefois du mal à croire que tu sois un fée.
Comme je rentre tous les week-ends, je me charge de mettre au courant Neyenje puisque tu le souhaites, même si je ne l'apprécie guère.
Lavicielle est d'accord pour transmettre le carnet. Tu peux lui remettre de la même manière qu'elle te l'a donné. Autrement, nous sommes à la bibliothèque tous les mercredi après-midi, juste après le déjeuner.
Je te souhaite bien du courage, et sache que tu peux compter sur moi.

Ton ami Folebiol


Zibulinion sourit. Il retrouvait bien là la gentillesse du fée aux yeux d'émeraudes, celle qui l'avait attiré chez lui à la base. Folebiol n'arrivait cependant pas à la cheville de Relhnad.
Après quelques pages dépourvues du plus petit écrit, Zibulinion trouva un mot de Waltharan :

Ne remets jamais le nez dans mes rêves, sauf cas d'extrêmes urgences. Ne prends surtout rien au sérieux de ce que j'ai pu dire ou faire, c'était mon inconscient aux commandes.
Franchement, la directrice est chiante avec toutes ses exigences, encore pire que cette horde de filles qui me pourchasse.


Zibulinion s'empressa de répondre à ses deux amis et se débrouilla pour refiler le carnet à Lavicielle dès le lendemain matin, au petit déjeuner. Il se promit par la suite de veiller à garder entre trois et sept jours délai entre chaque aller-retour du carnet afin de pas attirer l'attention.

vendredi 23 mai 2014

Au Zoo Interplanétaire - 2

— Hé ! Ho ! Y a quelqu'un ? Libérez-moi !
Sa voix sonnait plus aiguë que d'habitude, conséquence de l'angoisse qu'il ressentait. Seul un rugissement lui répondit. Merwan appela encore, plus fort, sans résultat. Il s'approcha des barreaux, les empoigna  et cria une fois de plus. Rien ne se produisit. Il les lâcha et recula.
De longues minutes s'écoulèrent. La luminosité changea tandis que l'orange du ciel devenait plus vif et que les rayures vertes viraient au violet.
Soudain, une cacophonie retentit, suivie d'une série de grésillements. Le haut-parleur du zoo devait avoir un souci.
Craignant que tout ce boucan n'annonce l'ouverture, Merwan s'accroupit afin d'être moins exposé. Des vêtements auraient été bienvenus. Même un simple slip lui aurait convenu. Cependant, l'idéal n'aurait pas été d'être habillé, mais d'être carrément ailleurs. Au hasard, dans son douillet deux pièces entouré de ses petites affaires. Au lieu de ça, il allait se payer la honte de sa vie...
Des bruits lui indiquèrent que des gens arrivaient et dans les allées apparurent de curieuses créatures. Différentes images de films de science-fiction lui traversèrent l'esprit.
Il se morigéna : les extraterrestres, cela n'existaient pas, par conséquent il ne pouvait avoir été enlevé et capturé par ces derniers. C'était impossible. Quelqu'un le menait en bateau. La théorie de la caméra cachée était bonne. Celui qui l'avait piégé comment ça pour se moquer de lui le payerait cher.
Sa colère se dissipa tandis que le malaise s'emparait de nouveau de lui. Cela ne ressemblait pas à des costumes ou des maquillages. Des pores de l'une de créature s'échappaient de petits nuages jaunâtres qui se dispersaient dans l'air. Sur certains êtres Merwan était incapables de dire où étaient les jambes, les bras ou même les yeux, ce qui ne l'empêchait pas de se sentir regardé, observé comme s'il avait été un animal au zoo... ce qui l'avait l'air d'être.
— Hé ! Laissez-moi sortir !
Une espèce de boule sur pattes pointa vers lui un genre de mandibule en piaillant et un truc fut projeté dans sa cage à quelques pas de lui.
Merwan, toujours accroupi, avança jusqu'au machin sans oser le toucher : c'était doré et marbré de rouge, cela ressemblait à un œuf miniature qui aurait été décoré pour Pâques.
Merwan eut la désagréable impression d'être devenu un singe à qui on envoyait des cacahuètes. C'était troublant. Quand donc cette farce allait-elle cesser ? Elle n'était plus drôle depuis longtemps. Elle ne l'avait d'ailleurs jamais été.

jeudi 22 mai 2014

Le garçon fée - 200

Relhnad s'absenta le temps de ramener une table et deux chaises métalliques sous forme miniature. Il leur redonna ensuite leur taille d'origine et commença aussitôt la première leçon.
Cela rappela des souvenirs à Zibulinion qui n'écouta que d'une oreille, les yeux fixés sur les lèvres de Relhnad. Il avait au moins autant d'envie d'apprendre que de l'embrasser. Les deux n'étaient hélas guère compatibles.
Relhnad se tut.
– Zibu...
– Oui ?
– Tu peux répéter ce que je viens de dire ?
– Qu'on ne pouvait se rendre dans un lieu que si on se le représentait mentalement et qu'il était donc plus facile de se téléporter dans les endroits où l'on avait déjà été, que l'on connaissait bien.
– Après ça.
– Ah... Désolé.
– Si tu es trop fatigué aujourd'hui, nous pouvons continuer la semaine prochaine.
Zibulinion acquiesça. Relhnad réduisit la taille de la table et des chaises, les ramassa et déposa un baiser léger sur les lèvres de l'adolescent.
Il allait partir, comprit Zibulinion.
– Vous ne m'avez pas raconté vos vacances, vous ? demanda-t-il pour le retenir.
– Je n'ai rien fait de spécial.
Pourquoi semblait-il si pressé de le quitter alors qu'ils ne s'étaient pas vus pendant trois semaines ?
– Vous avez des choses à faire ?
– Non...
– Vous voulez bien partager vos pensées avec moi ? demanda Zibulinion, un peu en désespoir de cause, parce qu'il ne comprenait pas l'attitude de Relhnad, qu'elle était presque blessante.
– Pas maintenant...
Cette fois, Zibulinion n'y tint plus, et se jetant à l'eau, il questionna franchement son professeur sur sa réserve et il conclut :
– C'est presque comme si j'étais juste un élève et vous un professeur. C'était déjà pareil avant les vacances...
Relhnad eut un étrange sourire.
– Tu me pousses toujours dans mes retranchements, m'obligeant à t'avouer ce que je préfèrerai garder pour moi. Eh bien... Je me suis vanté de ma grande maîtrise de moi-même, mais en vérité, chacun de nos têtes à têtes, chaque baiser échangé, me fait te désirer davantage. Ton sosie de rêve n'est qu'une pâle copie et je crains de craquer.
A cet aveu de faiblesse, le cœur de Zibulinion se gonfla de bonheur. Il n'était pas le seul à avoir du mal à communiquer, à vouloir plus.
– Cela ne me dérange pas, moi.
– Mais tu es toujours élève à Valeaige et moi un professeur. Faire l'amour dans une forêt où tout le monde se promène, si proche de l'école... Ce n'est vraiment pas une bonne idée.
Zibulinion n'avait pas réfléchi à ça quand il s'était masturbé la dernière fois, submergé par un trop plein de désir.
– En tout les cas, je vous préfère jaloux qu'indiffèrent et distant.
– Je comprends. J'aime mieux aussi quand tu me confies le fond de ton cœur.
Sur ces mots, Relhnad attira Zibulinion dans ses bras et l'embrassa. Ses mains glissèrent ensuite sur les fesses de l'adolescent, le pressant davantage contre son corps. Zibulinion sentit l'érection de son professeur.
Quand Relhnad libéra sa bouche, ce fut pour lui dire qu'il devait vite apprendre la téléportation qu'ils puissent se retrouver ailleurs, dans l'intimité.

mercredi 21 mai 2014

De retour !

Fatiguée ou pas, malade ou pas - car, je me suis enrhumée - sachez que cela m'a fait du bien de faire la pause et que je suis de retour avec de nouveaux épisodes et non pas un, mais deux pour fêter la reprise.

A partir de maintenant et pendant quelques semaines / mois, ce sera surprise du chef et vous aurez le droit du lundi au vendredi soit à un nouvel épisode du Garçon fée soit à un épisode du Zoo interplanétaire, une histoire un peu bizarre (mais toutes mes histoires, ne le sont-elles pas dans une certaine mesure ?)

Pour lire la suite du Garçon fée, c'est par ici
et pour découvrir le début du Zoo interplanétaire, c'est par

Le garçon fée - 199

– Mais... protesta Zibulinion.
– Tu pourrais devenir Noinilubiza et m'embrasser. Faire comme avec Neyenje.
Choqué Zibulinion s'arracha au rêve de Waltharan et se redressa dans son lit, le cœur battant.
Petit à petit, cependant, il se rasséréna. Ce n'était qu'un rêve. Il n'était pas entièrement dépourvu de signification, mais n'impliquait pas nécessairement que Waltharan ait vraiment envie de ça. Il ne le voyait pas comme ça. Néanmoins,  il semblait avoir de réelles difficultés à oublier Noinilubiza, son idéal féminin qui n'était en réalité qu'un garçon.
Zibulinion peina à s'endormir. Un malaise persistait. Pénétrer sans prévenir dans le rêve de quelqu'un, c'était en quelque sorte violer son intimité. Si cela avait marché et que Waltharan comprenait, il y avait des chances qu'il soit fâché de cette visite nocturne, à moins bien sûr qu'il ne se souvienne pas de l'intégralité de son rêve et surtout pas de sa proposition pour le moins spéciale.
De toute façon, le mal était fait. Il n'y avait plus qu'à espérer qu'il explique tout à Folebiol, comprenne que Zibulinion était désormais obligé de garder ses distances et ne soit pas furieux.

Le lendemain, la journée se déroula sans que rien de spécial ne se produise. Le surlendemain, Zibulinion mit de côté le problème, car il avait rendez-vous avec Relhnad au buisson aux moineaux.
Pour s'y rendre discrètement, après avoir tourné et retourné la chose dans sa tête, il reprit les traits de Noinilubiza à l'abri des regards dans les toilettes de l'école.
Certes, il s'était fait une mauvaise réputation l'année dernière sous cette apparence, mais personne ne s'attendait à qu'elle soit encore là puisqu'elle était une 12ème année et elle allait se fondre dans la masse des jolies fées blondes. Avec ce stratagème, Zibulinion espérait tromper la directrice.
Il s'enfonça dans la forêt ainsi. Arrivé à destination, il brisa l'illusion et une minute plus tard Relhnad se matérialisa.
Après leur longue séparation, Zibulinion s'était imaginé que son professeur le prendrait dans ses bras et l'embrasserait. Il en fut pour ses frais, Relhnad se contenta de le saluer et de s'enquérir du déroulement de ses vacances.
Zibulinion qui avait attendu leurs retrouvailles avec impatience, vint bravement, le visage en feu, se coller à Relhnad avant de répondre que cela avait été, excepté quand Validocielle était venue lui reprocher ses résultats scolaires et ses promenades en forêt.
Relhnad s'écarta de l'adolescent.
– C'est ennuyeux.
– Je ne sais pas encore combien d'étoiles et de lunes, j'ai obtenu dans toutes les matières, mais pour le moment, je n'ai rien en dessous de trois étoiles et lunes, se justifia Zibulinion, craignant que les quelques pas d'éloignements de Relhnad ne soit annonciateur.
– Je peux te confirmer que c'est le pire résultat que tu as eu. Tu t'es globalement bien débrouillé. Non, le problème, c'est Validocielle et son désir d'excellence qui la pousse à te faire étudier dans des circonstances déplaisantes, au mépris de ton bien-être. Tu as pris des précautions pour venir ici ?
– Je me suis servi de ma première illusion féminine.
– Hum. Je crois que le mieux est que je t'apprenne la téléportation. Cela facilitera tes déplacements.
– Ce serait pratique, reconnut Zibulinion.
Validocielle serait à même de les détecter, mais encore faudrait-elle la peine qu'elle se donne la peine de vérifier...

Au Zoo Interplanétaire - 1

Merwan ouvrit les yeux. Il faisait jour. Il était étendu face contre terre, les bras étalés au-dessus de sa tête. Le sol était clair et rugueux et à quelques mètres de lui il y avait de minces barreaux d'un noir métallique.
Merwan battit des paupières. Que s'était-il passé ? La dernière chose dont il se rappelait, c'était qu'il rentrait chez lui en marchant dans la nuit après avoir fêté les trente ans de son ami Mathias. Avait-il bu plus qu'il n'avait cru et avait-il chuté et perdu connaissance sur le trottoir devant les grilles d'une maison ou d'un square?
Il se remit debout, la tête lourde et la bouche pâteuse et constata qu'il était entièrement nu. Flûte ! Quelqu'un avait-il trouvé amusant de lui piquer ses fringues en plus de son portefeuille ?
Il regarda autour de lui, au bord de la panique. Il était entouré de hauts barreaux d'au moins trois mètres de hauteur qui se terminaient par des pointes acérées. Au-dessus de lui, le ciel était d'un orange strié de vert très psychédélique. Avait-il été drogué à son insu durant la fête ou quoi?
Il se frotta le visage à deux mains, mais rien ne changea à sa situation. D'un pas chancelant, il fit le tour de sa prison. Elle était rectangulaire et entièrement vide. De l'autre côté des barreaux, se trouvaient de longues et larges allées était nettement dessinées, encadrant des cages. Il reconnut un lion, un zèbre, une girafe ainsi qu'un éléphant.
Pourquoi avait-il été enfermé dans un zoo, comme un animal ? Merwan serra les bras contre son torse et frissonna, non pas de froid - il faisait étrangement bon pour un mois de mai - mais parce qu'il se sentait vulnérable dans sa nudité, incapable de comprendre comment il était arrivé là.
Qui était responsable ? Un fou, un tueur en série, un idiot ? Pourquoi lui ? Les questions se bousculaient dans sa tête. Il était revenu des dizaines de fois en pleine nuit de chez son ami Mathias sans avoir jamais rencontré le moindre problème. Tout juste s'il croisait des chats ! Le quartier était tranquille et la ville paisible, si on exceptait un ou deux faits divers glauques.
Le souvenir de quelques films d'horreur acheva de l'angoisser. Il n'avait aucune envie de mourir. Il y tenait à sa petite vie ordinaire et sans histoire. D'accord, il n'était que hôte de caisse dans un supermarché, tout un ayant en poche un master de cinéma qui ne lui servait à rien, mais n'empêche.
Il espéra qu'il allait se réveiller sur le trottoir de la rue qu'il remontait, ou mieux dans son lit, que ce qu'il vivait n'était qu'un pur produit de son imagination. Las, il était toujours nu dans une cage sous un ciel étrange.
Peut-être qu'il ne fêterait jamais ses trente ans, à la différence de Mathias. Peut-être aussi que tout ça n'était qu'une caméra cachée.

mercredi 7 mai 2014

Presque 1 an de Garçon fée, nouvelle idée et repos

Le 24 mai 2013 commençait Le Garçon fée, d'ici une quinzaine de jours, cela fera donc 1 an que je suis sur l'histoire qui est à ce jour, ma plus longue histoire ( que je la divise ou non en trois livres ) : bientôt 200 épisodes et ce n'est pas fini, loin de là !
Avant cela, c'était Lykandré mon plus long roman (et hélas, peut-être même un peu longuet par endroits) Et encore avant c'était Le Suivant du Prince qui est un des favoris des lecteurs, mais dont la fin est peut-être un peu rapide.
(Rien à voir, mais personnellement, le roman dont je suis le plus satisfaite actuellement, c'est A travers les âges)

Bref, pas question de bâcler Le Garçon fée qui, ces derniers temps, connaît un rythme un peu chaotique de publication, ce dont je suis désolée. Néanmoins, je vais refaire une pause jusqu'au 21 mai.

En ce qui concerne la nouvelle idée (oui, une de plus à ajouter à la liste déjà longue que j'avais mis en ligne ), elle a pour nom Au zoo interplanétaire :
Merwan mène une vie tout ce qu'il y a de plus ordinaire jusqu'au jour où il est kidnappé et se réveille nu dans une cage. Derrière les barreaux évoluent d'étranges créatures...

Rendez-vous le 21 mai 2014 pour Le Garçon fée, si tout va bien (et au pire, une autre histoire !)

mardi 6 mai 2014

Le garçon fée - 198

Le jour de la reprise des cours, Zibulinion ne chercha pas à jouer des coudes pour atteindre Waltharan qui était littéralement entouré d'une nuée de fées. Il choisit de le contacter la nuit, en s'infiltrant dans les rêves du fée des plantes. Comme d'habitude avec ce sort, il aperçut le visage endormi de Waltaran à moitié enfoncé dans son oreiller avant de se retrouver propulsé dans une véritable jungle : de hautes herbes, de grands arbres, une chaleur tropicale. A la recherche de son ami, Zibulinion se fraya un chemin avec peine dans la masse dense de la végétation.
C'est un bruit de cascade qui l'attira. Il poussa des lianes, écarta des feuilles et vit son ami qui se baignait dans une eau incroyablement claire. Elle ne cachait aucune des lignes du corps nu du fée des plantes qui se tenait debout sur un lit de petits galets. Zibulinion avait oublié à quel point Waltharan était attirant dans le plus simple appareil. Il se sentit embarrassé et coupable vis-à-vis de Relhnad qu'il aurait donné cher pour revoir nu.
– Waltharan !
Son ami ne réagit pas. Zibulinion s'extirpa de la plante feuillue, descendit jusqu'au bord de l'eau et appela de nouveau.
Waltharan paraissait entièrement absorbé par sa baignade. Zibulinion entra dans l'eau qui se révéla d'une tiédeur confortable et vint le toucher à l'épaule.
– Drôle d'idée que de se baigner tout habillé, déclara Waltharan.
Zibulinion envisagea de se mettre en maillot de bain, puis renonça et expliqua à Waltharan la situation avec la directrice et son choix de l'aborder ainsi. Il lui demanda aussi s'il voulait bien parler pour lui à Folebiol ainsi qu'à Neyenje afin qu'ils sachent pour sa fausse apparence et identité.
– Enlève ton pyjama et viens nager, offrit Waltharan.
Zibulinion se demanda si son ami avait entendu un seul mot de ce qu'il venait de dire.
– Tu le feras ?
Waltharan ne répondit pas et effectua quelques brasses autour de lui. Cette indifférence ne lui ressemblait pas et Zibulinion comprit alors, qu'une fois de plus, il n'avait pas réfléchi assez. Waltharan n'était pas un fée des rêves, mais des plantes. Manipuler la matière onirique n'était pas dans ses cordes, à la différence de Neyenje ou Relhnad. Il ne pouvait réagir consciemment au discours de Zibulinion qui était en quelque sorte devenu un élément de son rêve. Cependant, cela ne voulait pas dire qu'il ne se souviendrait de rien au réveil et qu'il n'agirait pas en conséquence.
– Waltharan, j'y vais ! Mets au courant Folebiol et Neyenje pour moi, cria-t-il à l'intention du fée des plantes qui faisait à présent la planche.
Son ami cessa de se laisser flotter et lui attrapa le poignet.
– Reste donc t'amuser.

lundi 5 mai 2014

Le garçon fée - 197

Cette déclaration de la directrice lui rappelait à sa mère. Zibulinion attendit la suite, sûr qu'elle viendrait et ce fut bien évidemment le cas : les professeurs avaient terminé de corriger les copies, le classement des élèves avait été établi et les résultats de Zibulinion étaient loin des espérances de Validocielle.
Dans son flot de reproches, elle ne révéla pas pas le nombre d'étoiles et lunes qu'avait récolté l'adolescent, si bien que Zibulinion s'inquiéta d'avoir vraiment tout raté. Dans ses conditions, Relhnad risquait d'espacer davantage leurs rendez-vous...
– Mes résultats sont si mauvais que cela ?
– Je me suis renseignée et il semblerait que vous perdiez encore votre temps à courir les garçons et à vous promener en forêt. Vous feriez mieux d'étudier davantage. Vous avez beaucoup d'années à rattraper.
Zibulinion se retint tout juste de dire que c'était elle qui l'avait propulsé en douzième année. Il tenta tout de même de se défendre :
– Je ne donne pas la chasse aux autres garçons fée. C'est juste une manière de me lier avec les autres filles. Et j'aime marcher en forêt.
La directrice pinça les lèvres.
– Ne me prends pas pour une idiote. Tu n'as pas besoin de ça pour te faire des amies et je devine fort bien que tu profites de tes tours en forêt pour te débarrasser de ton illusion, ce que je désapprouve. Je ne veux plus que tu traînes auprès des garçons, ni même avec les filles, ni dans les bois. Tu as intérêt à obtenir le maximum d'étoiles dans toutes les matières aux prochains examens, autrement je serais obligée de prendre des mesures déplaisantes.
Zibulinion acquiesça et la directrice partit dans un halo doré, aussi brusquement qu'elle était venue.
D'abord triste et embêté de ne pas avoir été à la hauteur aux examens, Zibulinion sentit monter en lui de la colère.
La directrice le menaçait encore de sorts punitifs et taisait toujours ses motivations. Qu'est-ce qu'elle lui voulait à la fin ? De bons résultats ? Mais pourquoi ? Et en quoi une fausse apparence était-elle nécessaire ? Qu'est-ce que cela lui rapportait qu'il soit bon ou pas ? Qu'y gagnait-elle ?
Tu parles d'un nouveau départ... Elle voulait  l'enfermer dans les études et le couper des autres, comme s'il avait encore été sous son affreux sort de répulsion ! Mais il ne comptait pas lui obéir bien gentiment. S'il lui avait importé de plaire à sa mère, il se moquait bien de la directrice. Il était simplement désireux de ne pas la contrarier.
En attendant, pas question de renoncer à Relhnad, Waltharan... ni même Neyenje et Folebiol. Coûte que coûte, il resterait en contact avec les deux premiers et ferait tout pour renouer avec les deux autres.

vendredi 2 mai 2014

Le garçon fée - 196

Zibulinion fit de son mieux pour arrêter de rêvasser en cours et se replonger dans une lecture attentive des manuels. Il s'efforça également d'écouter davantage ce que racontaient ses camarades qui, hélas, parlaient pas mal des garçons, le renvoyant à Relhnad.
Leur entrevue durant la semaine de révisions fut brève, comme prévue. Relhnad se montra plus professeur que petit ami, dispensant de nombreux conseils pour les examens de sa voix enchanteresse.
Il n'était pas question de se voir durant la semaine d'examens, ni après, pendant les vacances puisque Zibulinion serait une fois de plus coincé seul à l'école. Cela revenait à trois semaines sans son professeur, ce qui était beaucoup trop long au goût de l'adolescent.
Comme sa tentative de négociation d'un rendez-vous  n'aboutissait pas, que Relhnad ne l'avait toujours pas embrassé, Zibulinion remit sur le tapis sa correspondance avec Antenhyo pour savoir ce que son professeur avait fait de la lettre du sorcier et du corbeau messager. S'il était sincèrement curieux à ce sujet, il espérait vaguement aussi susciter la jalousie de Relhnad qui, loin de l'ennuyer comme ce dernier le craignait, le rassurait.
Le professeur de sorts, sans paraître affecté par la demande, révéla qu'il avait répondu à la lettre, exigeant qu'Antenhyo cesse d'écrire.
Zibulinion émit un regret sans que Relhnad ne réagisse plus.
Ils se séparèrent toutefois sur un baiser profond, merveilleux, mais terriblement frustrant.

Zibulinion fit ce qu'il put aux examens, mais une part de son esprit était ailleurs, loin des études.
L'école se vida pour les vacances et il se retrouva à nouveau seul. Il tâcha de bouquiner, mais souvent il s'arrêtait au beau milieu d'une page, et songeait au côté distant de Relhnad lors de leur dernier rendez-vous, à ses baisers qui l'emplissaient d'un désir inassouvi.
Il avait presque envie d'apprendre à manipuler sa matière onirique pour lui aussi se créer des rêves sur-mesure, car ceux qu'il faisait naturellement ne faisaient qu'augmenter sa frustration. La crainte de ne pas être suffisamment désirable continuait le tarauder.
Pendant ses repas en solitaire dans le grand réfectoire vide, c'était à ses amis que Zibulinion songeait, se demandant toujours s'il devait ou non informer Neyenje et Folebiol, si Waltharan accepterait de se charger de les mettre dans le secret...

Le dernier jour des vacances de printemps, la directrice se matérialisa dans la bibliothèque où Zibulinion lisait sous les traits d'Aurobika dont il ne s'était pas débarrassé pour les vacances afin de ne pas se réhabituer au confort d'être lui-même.
L'adolescent, perdu dans ses pensées, sursauta à cette apparition inattendue.
– Vous me décevez beaucoup, attaqua Validocielle, sans un bonjour.

jeudi 1 mai 2014

Le garçon fée - 195

– Désolé.
– Non, c'est moi. Je dois te fatiguer avec ma jalousie. Plus je deviens proche, plus je suis possessif. C'est toujours comme ça.
A ces mots, Zibulinion eut comme un pincement au cœur. C'était un rappel que Relhnad avait déjà vécu des histoires d'amour et que peut-être un jour, Zibulinion appartiendrait également au passé.
– Vous... Vous avez été en couple avec beaucoup de gens ?
– Couple est un bien grand mot pour qualifier certaines de mes relations. J'ai eu six partenaires. Quatre avec qui ce n'était que sexuel et deux qui ont compté. Tous des humains. Tu es mon premier fée.
Zibulinion ressentit une vive curiosité pour toutes ces personnes qui avait su séduire son professeur.
– Qu'est-ce qui s'est passé avec eux ?
– Serais-tu également du genre jaloux ? Si c'est le cas, peut-être que mon côté possessif te semblera moins insupportable...
– Cela ne me gêne pas que vous soyez comme ça ! C'est même flatteur pour moi ! s'exclama Zibulinion.
Même s'il était vrai que tous leurs derniers têtes à têtes avaient donné lieu à des espèces de scènes de jalousie, ce n'était pas grave. Cela prouvait qu'il était important pour Relhnad qui s'était de toute façon, à chaque fois excusé.
– C'est parce que tu ne rends pas compte jusqu'où je peux aller. Mais...
Relhnad ne termina pas sa phrase et gratifia Zibulinion d'un baiser exigeant qui le laissa pantelant avec l'envie de plus, bien plus...
– Même si c'est le cas, je veux le découvrir comme tout ce qui vous concerne, déclara-t-il d'une voie hachée, le souffle court.
– Nous devrions retourner à Valeaige à présent.
– Déjà ?
– Oui. Je regrette, mais il faut que je commence à préparer les sujets d'examens. D'ailleurs, afin que tu puisses réviser, il vaut mieux que nous ne nous retrouvons pas la semaine prochaine.
– J'aurais les autres jours pour cela.
– Mais c'est le mercredi après-midi qu'il y a le plus de temps.
Zibulinion hésita, puis décidé à être plus sincère plutôt que de se laisser guider par la crainte d'ennuyer Relhnad, il lança :
– Juste un moment, comme aujourd'hui, ce n'est vraiment pas possible ?
– Je m'en voudrais de t'empêcher d'étudier.
Zibulinion se garda de dire que c'était déjà le cas et se promit de faire des efforts en classe parce que si jamais Relhnad décidait de ne plus le voir pour ça, ce serait terrible.
Il objecta malgré tout :
– Il y a des choses plus importantes, non ?
– Un argument de poids. Les relations entre les êtres ont certes plus de valeur que d'obtenir des lunes et des étoiles.
– Alors, on peut se voir ?
– Oui, tu as gagné.
Heureux et mis en confiance par cette victoire, Zibulinion se mit sur la pointe des pieds et effleura les lèvres de son professeur pour un timide baiser.
– Je suis doublement convaincu, répondit Relhnad avant de lui rendre son baiser, en glissant sa langue dans la bouche de Zibulinion et en le serrant étroitement contre lui.
Après quoi, il s'évapora.
Zibulinion, la peau brûlante et le pénis durci par le désir, se laissa tomber sur l'herbe. Là, il déboutonna son jeans et se caressa jusqu'à la jouissance.