lundi 28 février 2011

Fleur Bleue - 38

– Bonsoir Vlad... Êtes-vous chez vous ?
– Oui. Pourquoi ?
– Est-ce vous accepteriez de me recevoir ?
– Maintenant ? Vous savez Misha et moi ne fêterons la nouvelle année que demain. J'allais me coucher.
– Ah...
La déception de Ludovic était flagrante et Vlad s'enquit d'un ton hésitant :
– Vous ne passez pas le réveillon avec des amis ?
– Je devais, mais j'ai renoncé à la dernière minute... Je suis devant votre porte, pour tout vous avouer.
Alors qu'il aurait dû s'offusquer du sans-gêne de Ludovic et le laisser dehors, cette nouvelle réjouit Vlad.
– Je viens vous ouvrir, répondit-il avant de raccrocher.
Dans le noir, à pas de velours pour ne pas réveiller Misha, il descendit les escaliers et sortit pour déverrouiller le portail. Ludovic baigné dans le clair de lune avait tout d'une apparition.
– Misha dort, annonça-t-il avant de lui faire signe d'entrer tout en posant un doigt sur ses lèvres.
– J'ai bien fait de ne pas utiliser la sonnette, murmura Ludovic.
Vlad acquiesça et le conduisit dans la cuisine dont il referma la porte afin qu'ils pussent bavarder sans risquer de perturber le sommeil du petit garçon.
– Que me vaut le plaisir de votre visite ? demanda-t-il avec curiosité.
– J'avais décidé de vous laisser me recontacter en premier, mais cela fait six jours et... tout à coup, il m'a semblé que je ne pouvais plus attendre, que je devais vous voir.
Vlad baissa les yeux sur le carrelage jaune d'or de la cuisine, incapable de supporter l'intensité du regard de Ludovic.
– Vous voulez boire quelque chose ? proposa-t-il, pour masquer son embarras.
– Non merci. Je suppose que venir était une mauvaise idée. Je ferais mieux de vous laisser... déclara Ludovic, en amorçant le geste de quitter la pièce.
A l'idée qu'il reparte aussi vite, Vlad paniqua. Le regard de Ludovic avait beau le mettre un peu mal à l'aise, il n'avait aucune envie de se retrouver seul. Le sentiment de solitude qu'il ressentait depuis la mort de Katia lui était parfois insupportable.
– Restez, je vous en prie, supplia-t-il en posant la main sur la manche de son pull pour le retenir.
Ludovic se figea un bref instant, puis répondit d'une voix rauque :
– D'accord... Qu'avez vous à me proposer comme boisson ?
Vlad se mit à fouiller dans les placards et dégota du whisky, de la vodka, du jus d'orange et du jus d'ananas.
– Je ne suis pas doué en cuisine, mais je me débrouille pour les cocktails, si cela vous tente ?
Ludovic, l'air étrange, hocha la tête pour dire oui.

vendredi 25 février 2011

Fleur Bleue - 37

Vlad regarda distraitement le paysage enneigée qui illustrait le calendrier. Le dernier jour de l'année était arrivé sans qu'il s'en aperçoive. Ces derniers jours s'étaient déroulés dans une atmosphère pleine de questionnement. Pourquoi avait-il embrassé Ludovic ? Pourquoi n'avait-il pas voulu couper les ponts avec lui ? Il avait eu beau tourner et retourner ces questions dans sa tête, il n'était parvenu à aucune réponse satisfaisante.
L'attitude de Misha quant à l'affaire ne l'avait pas aidé. Sa crainte qu'il oublie Katia ayant été apaisée, Misha avait décrété que Vlad aimait d'amour son professeur et qu'il était bien content à l'idée que ce dernier habiterait bientôt avec eux. A lui, les jeux à partir de trois joueurs !
Vlad l'avait détrompé, mais n'avait pas osé téléphoner à Ludovic alors même qu'il en avait eu envie. Ce n'était plus seulement à ce dernier qu'il aurait donné de faux-espoirs, mais également à Misha qui n'avait pas eu l'air convaincu quand il lui avait dit qu'il appréciait beaucoup M.Yamatatomo, mais qu'il n'était pas amoureux de lui.
Cependant, se disant qu'embrasser un autre homme indiquait peut-être que l'état de veuf commençait à lui faire perdre les pédales, il avait failli accepter l'invitation de sa belle-mère pour le réveillon, mais avait ultimement opté pour une soirée tranquille à la maison avec Misha. Ils se coucheraient tôt et fêterait la nouvelle année le lendemain.
– Dis papa, pourquoi tu n'as pas invité M.Yamatatomo à la passer la journée du 1er janvier avec nous ?
Vlad sursauta. Perdu dans ses pensées, il n'avait pas entendu Misha et sa voiture téléguidée arriver.
– Il a d'autres choses de prévues, je te l'ai déjà dit.
Vlad n'aimait pas mentir à son fils, mais il pouvait difficilement lui expliquer qu'il aurait aimé le faire si le petit garçon n'avait pas émis la supposition que M.Yamatatomo deviendrait bientôt un membre de leur famille.
– T'es sûr ?
– Je suis certain qu'on s'amusera très bien tout les deux, répliqua Vlad afin de couper court à toute discussion.
Si Misha insistait encore, il craquerait et téléphonerait. Heureusement, pensant qu'il n'aurait pas gain de cause, l'enfant hocha la tête, fit faire demi-tour à sa voiture et s'en fut.
A 23 heures et quart, Misha dormait à poings fermés et Vlad terminait de regarder un film sur son ordinateur portable dans sa chambre quand son téléphone mobile qu'il sonna. Avant même de regarder le nom sur l'écran d'affichage, Vlad devina que c'était Ludovic. A moins d'une erreur de numéro, personne ne lui téléphonait jamais aussi tardivement. Voulait-il lui souhaiter la bonne année en avance avant que les lignes ne soient surchargées ? Quoiqu'il en soit, il était content d'avoir enfin de ses nouvelles.

jeudi 24 février 2011

Fleur Bleue - 36

– Je ne comprends pas pourquoi tous mes petits amis s'imaginent que nous sommes plus que potes, déclara Aoki en tapotant le sol du pied avec agacement.
– Parce que tu es souvent fourré chez moi.
– Ce n'est pas un crime que je sache. Nous avons été pratiquement élevés ensemble. Nous sommes comme des frères.
Ludovic opina. Aoki et lui se connaissaient depuis la maternelle. Voisins dont les jardins étaient séparés par un muret symbolique, ils s'étaient rapidement liés d'amitié et étaient devenus inséparables. Bien qu'ils aient découvert dans les mêmes eaux que les filles n'étaient pas leur truc, ils n'avaient jamais rien fait de sexuel ensemble, car c'eût été pour eux incestueux. Néanmoins, pour les personnes extérieures, ils étaient juste bizarrement proches alors qu'ils n'avaient aucun lien familial et qu'ils étaient tout les deux gays. L'un des amoureux de Ludovic avait d'ailleurs rompu avec lui, l'accusant de toujours donner la priorité à Aoki.
– Bref, tu fais comme cela te chante pour le réveillon. De toute façon, la seule façon de calmer les inquiétudes de Tony, ce serait que tu y viennes accompagné, mais je ne vois pas ton père d'élève accepter de se rendre à une soirée quasi exclusivement gay.
– Il pourrait te surprendre. Mais, de toute façon, je préfère le garder pour moi tout seul.
– Je serais curieux de le rencontrer, un jour... Mais sortons maintenant, je suis fatigué de faire du sur-place. Un tour dans le parc à côté, ça te dit ?
Ludovic qui en avait assez de tourner en rond dans son appartement, incapable de penser à autre chose que Vlad, accueillit favorablement la proposition de son ami qui, comme à son habitude, ne supportait pas de rester sans bouger.
Pour sortir, il choisit l'écharpe offerte par Vlad et son fils, provoquant un commentaire d'Aoki.
– Elle est nouvelle, non ? Personnellement, je la trouve jolie, mais je croyais que tu n'aimais pas quand les couleurs juraient ensemble...
Ludovic ne pouvait nier qu'il n'appréciait guère le mariage des rayures rouge vif avec celles bleu électrique, mais l'écharpe lui était précieuse car c'était un cadeau de Vlad et son fils.
– Je l'ai reçu pour Noël, expliqua Ludovic, sachant qu'Aoki n'aurait pas besoin de plus pour comprendre.
Et effectivement, Aoki en le poussant dehors, répliqua :
– Mon pauvre, tu es bel et bien mordu !

mercredi 23 février 2011

Fleur Bleue - 35

Le lendemain, alors que Ludovic trainassait au lit, la sonnette retentit. Il s'habilla en deux temps trois mouvements et alla ouvrir au visiteur qui se révéla être Aoki.
– Je suis venu aux nouvelles comme tu n'en donnais pas. Raconte-moi tout ce qui s'est passé avec ton père d'élève, déclara-t-il d'entrée jeu sans même dire bonjour.
– Tu aurais pu prévenir tout de même, protesta Ludovic. Tu aurais pu te heurter à une porte close, ajouta-t-il comme Aoki haussait les épaules avec indifférence, soulevant du même coup ses cheveux noirs mi-longs.
Ludovic était en réalite content de la visite de son ami, car il se morfondait dans son appartement, attendant un possible coup de fil de Vlad.
– Alors, ton Noël ? répéta-t-il tandis que Ludovic refermait la porte derrière lui.
– Pourquoi ne commencerait-on pas par le tien ?
– Probablement parce je n'ai rien à dire de palpitant sur le sujet. Les parents de Tony sont gentils et tout et tout, mais barbants au possible. J'aurais préféré ma semaine à Venise. Surtout que mes jours de congés sont pris et perdus. Fin de l'histoire. A toi !
Ludovic ne se fit pas prier plus longtemps pour rapporter les évènements des deux derniers jours. Quand il eut fini, Aoki commenta :
– Pour résumer, tu as été accueilli dans son lit et été embrassé. Il me semble plutôt bi, ton hétéro.
– Peu m'importe, tout ce que je souhaite, c'est qu'il réponde à mes sentiments.
– Je sens que bientôt que tu vas me dire que tu te contenterai d'une relation platonique avec lui, te contentant d'un chaste baiser sous le gui pendant les dix prochaines années.
– Tu exagères ! s'exclama Ludovic, en grimaçant.
Jamais il ne serait capable d'attendre aussi longtemps avant de coucher avec Vlad. Il était trop désirable pour cela.
– A propos de gui, quels sont tes plans pour le Nouvel An ? Tony et moi nous nous incrustons à la soirée déguisée d'un ami d'ami, mais je pense que cela ne poserait pas de problème que tu viennes aussi.
Ludovic soupira bruyamment. Il espérait secrètement que Vlad l'invite, mais rien n'était encore fait.
– Je ne sais pas encore.
– Si tu n'as rien, viens avec nous, OK ? Tony aimerait bien te rencontrer. Je crois qu'il est jaloux de toi depuis que j'ai eu le malheur de lui raconter que je m'étais rendu à ton appartement après notre dispute.
– Tu me donnes une bonne raison de ne pas vous accompagner, là.
Ludovic avait déjà eu par le passé des mauvaises expériences avec les petits copains d'Aoki, et c'était d'ailleurs pour ça qu'il n'avait voulu faire la connaissance de Tony jusque là. Il se souvenait encore du coup dans la mâchoire que lui avait filé le dernier ex de son ami et il ne tenait pas à rééditer la mésaventure.

mardi 22 février 2011

Fleur Bleue - 34

Ces mots achevèrent de dissiper la tension qui régnait dans la pièce. Vlad comme Misha reprirent contenance.
– On peut savoir pourquoi tu nous espionnais ? demanda soudainement Vlad, les sourcils froncés ?
– Je voulais juste dire au revoir de la fenêtre à M.Yamatatomo. Et c'est là que je t'ai vu lui faire un bisou sur la bouche comme tu faisais avec maman, répondit Misha.
Ludovic ne put s'empêcher d'être amusé en voyant le sang monter aux joues de Vlad devant la franchise toute enfantine de son fils. Cependant, comme il ne tenait pas à augmenter la gêne de ce dernier, il annonça :
– Allez, cette fois, je m'en vais pour de bon.
– Je vous raccompagne.
Ludovic savait que par politesse, il aurait dû dire que ce n'était pas la peine, mais il brûlait d'envie de discuter encore quelques minutes avec Vlad, hors de portée des oreilles de Misha, car, si le petit garçon était rasséréné, Ludovic, lui, avait besoin de savoir à quoi s'en tenir.
Vlad le reconduisit jusqu'à sa voiture. Et ce n'est d'ailleurs que là que le sujet du baiser fut à nouveau abordé.
– Ce que vous avez dit à Misha, à propos de son mensonge et du baiser, cela m'a en effet influencé... Je regrette d'avoir fui après vous avoir... embrassé, je n'aurais pas dû. Pour être honnête, je ne sais pas ce qui m'a pris, déclara Vlad, en regardant un point lointain derrière lui.
Qu'il regrette sa fuite et qu'il fasse l'effort de s'expliquer était tout son honneur et Ludovic se sentit encore plus amoureux de lui.
– Est-ce que je peux espérer quelque chose entre nous ? demanda-t-il doucement.
– Il n'est pas envisageable que je devienne autre chose qu'ami avec vous.
En apparence, ils étaient revenus à la situation précédente. Seulement, entretemps, il y avait eu un baiser, et quoiqu'en dise Vlad, Ludovic était certain que cela signifiait qu'il avait une petite chance de le conquérir un jour.
– Et moi, je ne peux faire autrement que désirer quelque chose de plus. Êtes-vous d'accord avec cela ?
Vlad croisa enfin son regard.
– Si je réponds non, nous ne nous reverrons qu'aux réunions parents-professeurs ?
Ludovic, la main sur la portière de son véhicule, hocha la tête. Vlad ne répondit pas de suite et pendant quelques instants, il n'y eut plus que le bruit de la neige qui fondait dans la rue silencieuse, en cette fin de matinée de Noël.
– Qu'est-ce que vous attendez au juste de moi ?
– Que vous soyez réceptif.
A dire vrai, il souhaitait être aimé en retour, mais le dire aussi franchement, aurait pu effrayer son interlocuteur.
– Je ne peux rien vous promettre, mais... C'est d'accord.
L'hésitation dans la voix de Vlad n'échappa pas à Ludovic, mais il décida que c'était suffisant pour le moment. Oui, il ne fallait surtout pas le braquer.
– A bientôt, alors ! Appelez-moi quand vous voulez, déclara Ludovic en s'installant dans sa voiture.
Il fit ronfler le moteur, claqua la portière et démarra, non sans faire un dernier geste de la main. Dans le rétroviseur, la mince silhouette solitaire de Vlad sur le trottoir lui donna envie de faire marche arrière et de revenir, mais il se retint. Il devait se montrer patient et attendre que Vlad réalise que son baiser impulsif était plus significatif qu'il n'osait l'admettre.

lundi 21 février 2011

Fleur Bleue - 33

Ludovic passa un doigt sur ses lèvres, ayant du mal à croire qu'il ne venait pas rêver le baiser que lui avait donné Vlad. Il ne savait pas au juste comment l'interpréter et, la fuite qui avait suivi semblait indiquer que Vlad non plus ne saurait le lui expliquer. En tout les cas, lui qui avait décidé qu'il valait mieux en rester là et ne plus revoir Vlad afin de ne pas souffrir plus que nécessaire, lui qui, en partant, était déterminé à ne se laisser influencer par rien de ce que pourrait lui dire Vlad, il voyait avec ce baiser toutes ses bonnes résolutions voler en éclat. Ludovic hésitait entre retourner voir Vlad et partir pour lui laisser le temps de réfléchir, quand un mouvement de rideau à l'étage attira son attention. Il vit ensuite la fenêtre s'ouvrir et la tête de Misha apparaître.
– Pourquoi il t'a embrassé comme ça, mon papa ?
Ludovic songea qu'il aimerait bien le savoir, mais répondit à haute voix :
– Ne bouge pas, j'arrive !
Puisque le petit garçon les avait vus, il valait mieux éclaircir les choses au plus vite.
Ludovic toqua à la porte d'entrée, mais sans succès. Il essaya alors de tourner la poignée et constata que la porte n'était pas fermée.
L'entrée était déserte. Il ôta rapidement ses chaussures, se débarrassa de son manteau et grimpa les escaliers.
Dans la chambre du petit garçon, il vit Vlad, de dos, accroupi, qui tenait Misha dans ses bras.
– Bien sûr que non que je n'ai pas oublié ta maman, c'est juste que...
La voix de Vlad se brisa et il se tut, à la grande déception de Ludovic qui vint se placer devant eux pour faire connaître sa présence.
Le petit garçon, sans doute embarrassé de l'effusion paternelle en présence de son instituteur, se dégagea de l'étreinte de son père, et, des larmes perlant encore à ses cils, il défia Ludovic du regard. Vlad lui gardait les yeux baissés sur le sol. L'atmosphère était tendue, mais Ludovic ne se sentit pas découragé.
– Ton papa m'a embrassé en tant que substitut du père Noël pour que ton mensonge devienne vérité, déclara-t-il tranquillement, comme si c'était une évidence.
– C'est vrai ? demanda Misha d'une voix incrédule en se tournant vers son père.
Vlad releva la tête et acquiesça, l'air soulagé de cette porte de sortie que lui offrait Ludovic.
– Par ailleurs, même si ton père se met un jour en couple avec quelqu'un, cela ne voudra pas dire qu'il n'aime plus ta maman. Elle restera toujours dans son cœur comme dans le tien, ajouta Ludovic en pointant un doigt vers la poitrine de l'enfant.

vendredi 18 février 2011

Fleur Bleue - 32

– Vous allez pas parler de moi, hein ? demanda Misha.
– Non, promis, répondit Ludovic.
Le petit garçon, rassuré par cette déclaration et pressé de retourner à ses nouveaux jouets, grimpa l'escalier sans faire plus d'histoires.
– Je pense que nous ne reverrons plus que dans le cadre de réunions parents-élèves, et je tenais à vous remercier pour votre chaleureux accueil et pour m'avoir évité un Noël bien solitaire.
Cela ressemblait à un adieu et cela peina Vlad. Il comprenait bien qu'il était impossible pour Ludovic d'être un simple ami, mais il avait apprécié sa compagnie et égoïstement, il n'avait pas envie de s'en priver. Depuis le décès de Katia, malgré la présence de Misha, il sentait parfois effroyablement seul.
– Pourquoi ne venir nous rendre visite à nouveau, à l'occasion?
– Vous savez très bien pourquoi.
Vlad passa une main troublé dans ses cheveux blonds, ennuyé de ne pas avoir d'arguments à avancer pour le revoir hors du cadre scolaire.
– Vous êtes plus raisonnable que moi, murmura-t-il.
– Disons que j'ai l'avantage de l'expérience, répondit Ludovic avec un sourire douloureux. Être ami avec quelqu'un qu'on aime, c'est comme une lame de poignard qu'on s'enfoncerait lentement dans le cœur, ajouta-t-il.
Vlad frissonna, troublé par la souffrance qu'il lisait sur les traits de Ludovic.
– Il ne me reste alors plus qu'à vous souhaiter une bonne continuation... déclara-t-il d'un ton hésitant.
Ludovic hocha la tête, ouvrit la porte, sortit dans le jardin et franchit les quelques mètres qui le séparait du portail.
Vlad repensa alors à la ridicule histoire de baiser au père Noël inventée par Misha qui les avait amené à cet instant précis et sans réfléchir, alors qu'il était en chaussons et sans manteau, il rejoignit Ludovic, lui posa la main sur bras, l'empêchant de déverrouiller le portail, avant de brièvement poser ses lèvres contre les siennes. Puis, honteux de ce qu'il venait de faire, il retourna se réfugier dans la maison en claquant la porte derrière lui. Là, il s'adossa au battant, le souffle court, se demandant ce qui lui avait pris. Il n'était pas attiré par Ludovic, mais son visage empreint de tristesse, l'espace d'une seconde, lui avait paru beau et il avait voulu chasser cette douleur qui résonnait avec celle qu'il ressentait depuis la disparition de Katia.

jeudi 17 février 2011

Mémoire Etoilée, le livre

Aujourd'hui, en plus de la mise en ligne de l'épisode 31 de Fleur Bleue, grande nouvelle : le roman Mémoire Etoilée est disponible sur Thebookedition !
Le livre Mémoire étoilée

Le livre Mémoire Etoilée coûte 12,50€ (nouveau prix) et compte 234 pages dont 6 pages de textes inédits se situant après le prologue.

Pour information, contrairement à mes autres romans actuellement parus, cette histoire est soft niveau scènes homoérotiques.

Je profite de la sortie du roman pour partager avec vous un dessin réalisé par Feliciat commissionné par Kirika Yuki pour m'en faire cadeau.
Pour information, Kirika Yuki a ouvert un groupe romans francophones sur Deviant Art afin de parler de romans, en particulier ceux qui sont auto-édités.

Et maintenant, sans plus attendre, Maïlka dans tout sa splendeur vêtu de son vieux pyjama rose à étoiles vertes, vu par Feliciat...



Fleur Bleue - 31

Désireux de ne pas songer plus longuement à l'école et aux devoirs, Misha se dépêcha d'ouvrir les deux paquets qu'il lui restait. Il poussa des grands cris de joie en voyant l'avion transformable en bateau et la boîte de mécano dont il rêvait depuis plusieurs mois.
Il dut se faire un peu tirer par l'oreille pour petit déjeuner, car il voulait jouer, ce qu'il fit immédiatement après avoir avalé en vitesse son bol de lait et ses tartines recouvertes de pâte chocolatée, abandonnant en tête à tête dans la cuisine son père et son instituteur.
– Vous nous accompagnez à la messe de Noël qui commence à 10 heures et demi ? demanda Vlad.
– Oui, je rentrerai après. La route sera sûrement plus praticable vu que la neige a commencé à fondre.
– Vous avez prévu pour quelque chose pour le premier de l'an ?
Vlad se maudit d'avoir posé la question. Peut-être que Ludovic allait croire qu'il l'invitait.
– Pas encore, et vous ?
– Non. Ma belle-mère m'a invité, mais je n'y tiens pas. Elle et son mari, mais surtout elle, aimerait que je me remarie afin que Misha bénéficie d'une présence maternelle et fait tout pour me caser alors je n'ai aucunement l'intention de remplacer Katia, expliqua-t-il.
– En bref, elle se mêle de ce qui ne la regarde pas.
Vlad acquiesça, se demandant soudain si cela n'avait pas été maladroit de sa part de mentionner cette histoire contenu des sentiments de Ludovic. Comme ce dernier ne ne posait jamais de questions, faisant preuve d'une discrétion agréable, il lui donnait l'envie de se confier. Ludovic était vraiment quelqu'un de sympathique, à qui il était aisé de parler. Il aurait pu devenir un ami si les circonstances avaient été différentes.
Vlad changea de sujet, s'efforçant de rester sur un terrain neutre jusqu'à ce que l'heure de se rendre à l'église arrive.
Durant la messe, conscient du regard de Ludovic posé sur lui, il éprouva des difficultés à se concentrer sur les paroles du prêtre. Au lieu d'écouter, il songea à la position déplorable de l'église catholique vis à vis des homosexuels.
Quand ils furent de retour à la maison, Ludovic parla de rentrer chez lui, et Vlad se sentit à la fois soulagé et triste.
– Misha, j'aimerai dire un mot en privé à ton père. Tu veux nous laisser ? On se revoit à la rentrée, d'accord ?
Vlad se douta que Ludovic voulait reparler de son aveu de la veille, mais ne chercha pas à se soustraire à la conversation. Au contraire, il appuya la demande de Ludovic, en faisant signe à son fils de remonter dans sa chambre.

mercredi 16 février 2011

Fleur Bleue - 30

Quand Vlad ressortit, tout habillé, Ludovic avait de nouveau enfilé sa tenue la veille et ils purent rejoindre Misha qui rôdait autour des cadeaux comme une âme en peine. Vlad mit un disque de chants de Noël et le déballage put commencer. Le petit garçon qui avait quatre cadeaux à ouvrir fut le premier à se lancer. Le papier argentée vola et il remercia son père pour le jeu d'énigmes pour sa DS avant de le pousser à ouvrir le cadeau qu'il lui avait fabriqué. Vlad s'exécuta et n'eut pas à se forcer pour admirer le cadre photo confectionné par Misha. C'était du bel ouvrage. Avec mélancolie, il décida en son for intérieur qu'il mettrait une des dernières photos, de Katia, Misha et lui dedans.
– Il est vraiment très réussi, commenta Ludovic, en le regardant par dessus l'épaule de Vlad.
Misha se rengorgea, content que son cadeau plaise autant à son père et fier que son instituteur le complimente.
– A votre tour ! annonça-t-il à son professeur.
– Lequel en premier ? demanda Ludovic.
Vlad sourit devant la bonne volonté de leur invité.
– Le plus gros, répondit Misha en fourrant le paquet doré dans les mains de Ludovic. C'est moi qui l'ai choisi.
Quand il eut déballé l'écharpe, Ludovic se l'enroula autour de son cou et rabattit d'un air comique, le bout rebelle qui était retombé. Vlad espéra que l'écharpe à rayures noires, bleues et rouges était à son goût. Elle était un peu voyante, mais comme Misha avait insisté en répétant que M.Yamatatomo aimait beaucoup ses couleurs, il avait cédé.
Misha s'attaqua ensuite au cadeau que son instituteur lui avait apporté. Vlad fut embarrassé de constater qu'il s'agissait d'une voiture téléguidée qui avait dû coûter assez cher à son acheteur. Heureusement, le petit garçon, ravi finalement du cadeau surprise, n'eut pas besoin que Vlad le rappelle à l'ordre pour remercier M.Yamatatomo.
Quand Vlad découvrit le splendide livre photos que Ludovic avait acheté pour lui, son embarras redoubla et il se dit qu'il avait vraiment bien fait de prendre un deuxième présent pour l'instituteur de son fils. Ludovic parut enchanté du stylo à plume rouge, accompagné de cartouches d'encre verte, ce qui fit grimacer Misha.
– C'est papa qui a voulu vous offrir ça, crut-il bon de préciser.
– Et il a bien eu raison, puisque je corrige en effet tes copies et celles de tes camarades en vert et qu'il sera amusant d'utiliser un stylo au revêtement rouge pour le faire.
– Exactement ce que j'ai pensé, déclara Vlad avant de se plonger dans la contemplation des motifs égyptiens du tapis, gêné par l'intensité du regard de Ludovic.

mardi 15 février 2011

Fleur Bleue - 29

Quand Vlad ouvrit les yeux, un ronflement lui rappela que pour la première fois depuis deux ans, une autre personne était dans son lit. Les aveux amoureux de la veille lui revinrent aussitôt à l'esprit. Sur le moment, il avait été étonné, mais n'avait bizarrement ressenti aucune panique. Après tout, il avait soupçonné que Ludovic ressentait une possible attirance physique. Et, même si l'amour était une autre histoire, cela ne changeait pas le fait que c'était à sens unique. Enfin, comme Ludovic n'avait jamais eu le moindre geste déplacé, il n'avait pas vu de nécessité à changer les dispositions prises pour le coucher. L'instituteur de son fils n'avait pas l'air du genre à utiliser la force pour parvenir à ses fins et semblait parfaitement conscient qu'il n'avait aucune chance avec lui. Vlad avait trouvé sa confession courageuse, émouvante même. Il se tourna vers Ludovic, curieux de voir son visage endormi, mais dans la pénombre, il ne put distinguer ses traits.
Comme il hésitait à se lever, de peur de réveiller le dormeur, il entendit la porte de la chambre grincer. C'était Misha qui, impatient de déballer ses cadeaux, venait aux nouvelles.
– Vous êtes réveillés ? demanda-t-il à voix basse.
– Juste moi, murmura Vlad.
– Non, je le suis aussi, grommela Ludovic qui venait sans doute juste d'émerger.
– Alors débout, dépêchez-vous ! s'exclama Misha en tirant son père par le bras.
– Minute papillon... marmonna Ludovic, visiblement encore un peu dans les limbes.
– Accorde-nous quelques minutes pour nous habiller, tu veux bien ? enchérit Vlad, luttant contre l'étrange impression qu'il vivait en couple avec Ludovic.
Misha ronchonna, mais quitta la pièce. Vlad alluma la lumière et jeta un coup d'oeil à l'instituteur de son fils. Ses yeux bleus étaient cernés de noir. Il devait avoir fort mal dormi, probablement tourmenté par son aveu. Il avait le torse glabre.
– Vous voulez prendre une douche ? Je peux vous prêter un caleçon propre, proposa Vlad, tout en disant qu'à la réflexion, il était gênant de savoir ce qu'éprouvait Ludovic pour lui.
– Non, c'est bon, je me laverai et me changerai chez moi en rentrant. Cela sera aussi simple. Surtout que, si j'ai bien suivi, Misha a hâte de savoir ce que contiennent les paquets sous le sapin.
– Merci pour lui, répondit simplement Vlad.
Puis il se leva, attrapa hâtivement des vêtements dans l'armoire et disparut dans le cabinet de toilettes. Il avait du mal à soutenir le regard bleu de Ludovic maintenant qu'il savait, mais pour l'heure, il fallait fêter Noël et mettre de côté tout le reste.

lundi 14 février 2011

Fleur Bleue - 28

– Oui ? répondit Vlad d'un ton ensommeillé.
– Il faut que je vous avoue quelque chose.
– Allez-y...
Dans le noir, sans voir Vlad, il était plus facile de confesser ses sentiments. Ludovic avait presque l'illusion de se parler à lui-même.
– Je suis tombé amoureux de vous. Je suppose que cela doit être inconfortable pour vous à entendre, peut-être même que cela vous dégoûte. Et je sais que vous n'êtes pas intéressé par les hommes et que je n'ai aucune chance, mais j'avais besoin de vous le dire.
Il se tut, attendant une réaction qui ne vint pas, si bien qu'il se demanda si Vlad s'était endormi ou s'il faisait semblant afin d'éviter d'avoir à donner une réponse. Cependant, alors qu'il fermait les yeux, décidé à essayer de trouver le sommeil, malgré tout, la voix de Vlad se fit entendre :
– Je regrette, mais j'aime toujours Katia. Je n'avais pas réalisé vos sentiments et je suis désolé si je vous ai blessé involontairement à cause de cela. Quoiqu'il en soit, je vous fais confiance... Bonne nuit.
Ce rejet plein de délicatesse rendit Vlad encore plus précieux à Ludovic. En lui faisant part de son amour, il s'était imaginé que ce dernier bondirait hors du lit comme s'il était un pestiféré, le chassant de sa chambre, et peut-être même de la maison, neige ou pas neige. Il se souvenait encore avec acuité de la cruauté de Jérôme quand il avait laissé éclater au grand jour ce qu'il ressentait pour lui. Les mots d' « amour dégueulasse » et de « trahison ignoble » s'étaient imprimés au fer rouge dans sa mémoire, mais ils l'avaient aidé à faire de le deuil de ses sentiments pour Jérôme. Cependant, il aurait dû se douter qu'avec Vlad, cela ne serait pas pareil. C'était un homme doux, maladroit, qui se calmait aussi vite qu'il s'était emporté, un homme séduisant, inconscient de son charme... Qu'avait-il voulu dire au juste par « je vous fais confiance » ? Qu'il savait que Ludovic n'allait pas chercher à abuser de lui dans son sommeil ? Qu'il pensait que l'instituteur de son fils ne ferait rien susceptible de gâcher le Noël de son élève ? Ludovic soupira. Son aveu à Vlad n'avait rien résolu du tout. Au contraire, en mentionnant le fait qu'il aimait toujours sa défunte femme, Vlad semblait lui signifier qu'il n'était pas hostile aux amours impossibles qui ne peuvent pas ou plus être payés de retour. En bref, il lui donnait de quoi espérer.
Ludovic se tourna du côté du mur, arrangea son oreiller et, après un ultime soupir, tenta de prétendre qu'il était seul dans le lit.

vendredi 11 février 2011

Fleur Bleue - 27

Une fois le petit garçon bordé, Vlad conduisit Ludovic dans sa chambre. Contrairement aux autres pièces de la maison que Ludovic avait pu voir, la couleur des murs n'était pas vive et chaude, mais d'un bleu pâle, doux et apaisant. Le lit, encadré de deux tables de chevet en pin, occupait la majeure partie de l'espace. Au fond, une porte s'ouvrait sur un cabinet de toilette avec un lavabo surmonté d'une glace et un minuscule placard. La moquette était bouclée, mouchetée de gris.
Ludovic, mal à l'aise, portait une attention plus grande que nécessaire à ce qui l'entourait, évitant ainsi de croiser le regard de Vlad. Il savait qu'il n'était que là pour dormir et rien d'autre, mais il se sentait nerveux.
– Je suis désolé, mais je n'ai pas de pyjama à vous prêter. Je n'en porte jamais, annonça Vlad.
Ludovic arrêta de laisser vagabonder son regard et se figea sur place. Une vision fugitive de Vlad, nu entre les draps, venait de lui traverser l'esprit. Il déglutit, se demandant s'il réussirait à garder le contrôle de lui-même.
– Ce n'est pas grave. Chez moi, je dors en sous-vêtement, répondit-il d'une voix rauque.
– Je vais vous passer une brosse à dent neuve, déclara Vlad, en allant chercher dans le placard l'objet en question.
Il la tendit à Ludovic, l'invitant à utiliser le cabinet en premier. Ludovic ne discuta pas. A l'abri derrière la porte, il s'efforça de retrouver son calme, se brossa les dents et se déshabilla, content d'avoir choisi de porter un caleçon ample plutôt qu'un slip.
Quand il ressortit, Vlad lui indiqua le côté droit du lit, puis entra à son tour dans le réduit. Ludovic se glissa sous la couette bleue nuit et la remonta jusqu'au menton, tout en se disant que la situation était surréaliste.
Le cœur battant, il attendit que Vlad le rejoigne. Quand la porte du cabinet de toilettes s'ouvrit, il retint son souffle. Il eu le temps d'apercevoir que Vlad portait un caleçon blanc moulant avant que ce dernier n'éteigne la lumière, plongeant la chambre dans l'obscurité.
– J'espère que vous avez passé une bonne soirée, déclara Vlad en se couchant à son tour dans le lit.
– Excellente, murmura Ludovic, essayant d'ignorer son érection grandissante.
Vlad lui souhaita un « bonne nuit » auquel Ludovic fit écho alors qu'il doutait fortement parvenir à dormir.
Dans le silence de la nuit, le bruit de la respiration de Vlad lui paraissait terriblement érotique et il serra le poing pour résister à l'envie qu'il avait d'allonger le bras pour le caresser. C'était douloureux que Vlad soit à la fois, si proche et si loin, triste de penser qu'il ne se rendait sûrement pas compte de la torture que c'était pour Ludovic de ne pouvoir le toucher.
– Vlad ? appela-t-il d'un ton interrogateur, incapable de rester plus longtemps immobile dans le silence.

jeudi 10 février 2011

Fleur Bleue - 26

Misha, le nez collé à la fenêtre s'extasia, inconscient du problème que posait le blanc paysage :
– C'est chouette toute cette neige !
– Vous devriez rester dormir ici, c'est trop dangereux de conduire dans ces conditions... commença Vlad.
Avant qu'il n'ait terminé sa phrase, Misha fit volte-face et s'écria, en trépignant :
– Chic ! Chic ! Dîtes oui, M.Yamatatomo !
Vlad reprit, ne prenant pas compte de l'interruption intempestive de son fils :
– Pour être franc avec vous, nous n'avons pas d'endroit confortable où vous pourriez coucher, mais la visibilité est très mauvaise et vous deviez de toute façon repasser demain.
Ludovic mit un peu de temps à répondre, ne sachant quelle décision prendre. D'un côté, il était terriblement tenté, de l'autre, il craignait que ce ne soit pas raisonnable.
– Je peux dormir n'importe où, annonça-t-il finalement, cherchant à se persuader que c'était uniquement parce qu'il ne voulait pas rouler par ce temps qu'il acceptait l'invitation de Vlad, et non pas parce qu'il fantasmait bêtement sur ce qui pouvait se passer entre eux durant la nuit.
– J'ai bien peur que par terre soit la meilleure option. Notre canapé est trop étroit et nous n'avons pas de matelas d'appoint ou lit supplémentaire, expliqua Vlad.
– Pourquoi il ne dormirait pas à côté de toi dans ton lit ? intervint Misha. Il est grand, et le sol, c'est froid et dur, ajouta-t-il.
Ludovic manqua de s'étrangler devant la suggestion du petit garçon. Cela tenait du supplice de Tantale ce qu'il proposait-là. Il jeta un coup d'œil à Vlad, persuadé que ce dernier allait immédiatement rejeter l'idée de son fils. Il n'y avait aucune chance que ce dernier partage son lit avec lui, sachant ce qu'il savait sur les préférences sexuelles de Ludovic.
Cependant, contre-toute attente, Vlad déclara que c'était une bonne idée avant de lui demander si cela ne le gênait pas. Ludovic faillit lui retourner la question, mais se contenta de secouer négativement la tête.
Puis, comme Misha baillait à nouveau à s'en décrocher la mâchoire, Vlad l'envoya au lit. L'enfant ne protesta pas, ce qui étonna agréablement Ludovic.
Se mettant à l'écart, il regarda de loin le père superviser le coucher du fils, ému par la complicité qui les unissait. D'aussi loin qu'il se souvienne ses parents n'avaient jamais pris le temps de lui lire des histoires avant qu'il ne s'endorme. Par ailleurs, ils ne l'avaient jamais autorisé à décorer sa chambre comme il l'entendait, ce qui, vu les posters bariolés collés aux murs, n'était clairement pas le cas de Misha.

mercredi 9 février 2011

Fleur Bleue - 25

Ludovic hésita un peu, puis lui glissa à l'oreille :
– Il s'agit d'un livre de photos de paysages et d'animaux.
– Pas mal trouvé.
– Quant au tien, je ne te dirai rien, mais je te préviens de suite que je n'ai pas eu l'occasion de demander à ton père ta liste de Noël. J'espère tout de même ce que j'ai choisi te plaira.
– C'est bien aussi les surprises, bougonna Misha, masquant mal sa déception.
– Sauf les contrôles surprises, peut-être...
– Parlez pas d'école, c'est les vacances !
Ludovic regretta que sa tentative d'humour n'ait pas fait mouche, mais profita que le sujet de l'école soit sur le tapis pour demander à l'enfant de ne pas mentionner à ses camarades de classe qu'il avait passé Noël avec son instituteur.
– Pourquoi ?
– Parce que cela pourrait être interprété comme du favoritisme, répliqua Ludovic, tout en répondant mentalement « parce que ton père est suspecté d'homosexualité à cause de ton mensonge et que si mes visites chez vous venaient à se savoir, je serais soupçonné, à raison, d'être gay... »
– Je peux vraiment le dire à personne ? Même pas à mon pote Bertrand ?
– Ce serait mieux si cela restait un secret entre toi, moi et ton père.
– C'est compliqué les adultes, soupira l'enfant en hochant la tête, au moment où Vlad remontait.
– Tu verras ça quand tu seras grand, commenta-t-il en tapotant affectueusement l'épaule de son fils.
– Dis papa, on fait un jeu pendant que la dinde cuit ?
Avant que Vlad ne s'enquiert de savoir si cela ne le dérangeait pas, Ludovic déclara que c'était une bonne idée.
Ils se lancèrent ainsi dans une partie de monopoly durant laquelle Vlad dut s'absenter à quelques reprises pour surveiller la cuisson de la dinde.
Vers vingt heures, ils s'attaquèrent au repas. Ludovic y apprit entre autres que Vlad n'était pas très doué en cuisine et que la volaille comme la bûche étaient des plats surgelés. Malgré cela, la dinde se révéla trop cuite et la bûche, sortie un peu tard du congélateur, encore partiellement gelée. A défaut de se régaler, Ludovic savoura la compagnie de Vlad et Misha.
Ils firent ensuite un nouveau jeu, puis dix heures du soir sonnèrent et Misha se mit à bailler à s'en décrocher la mâchoire, signe qu'il était temps pour Ludovic de rentrer chez lui. Cela se révéla cependant problématique. Dehors, de gros flocons tombaient et la route comme la voiture de Ludovic étaient recouvertes d'une épaisse couche de neige.

mardi 8 février 2011

Fleur Bleue - 24

– Quelque chose ne va pas ?
La question pleine de sollicitude de Vlad qui avait fini de suspendre le manteau sur un cintre, surprit Ludovic. L'homme qui lui faisait face n'était pas comme Jérôme... A défaut de comprendre l'importance qu'avait pu avoir cet effleurement pour lui, Vlad avait remarqué son air peiné, et c'était déjà beaucoup.
Un appel de Misha qui s'étonnait de ne pas les voir venir, évita à Ludovic de devoir inventer un mensonge pour expliquer sa tristesse passagère.
Dès qu'ils furent en haut, le petit garçon montra avec fierté les paquets qui attendaient sous le sapin. Ludovic fut touché et étonné de constater qu'il y en avait deux pour lui. Les Glonorov auraient très bien pu se contenter d'un seul cadeau.
– Cela va être dur de patienter jusqu'à minuit pour les déballer, commenta-t-il.
– Ah, non, l'ouverture des cadeaux, c'est demain matin ! s'exclama Misha.
Ludovic se tourna immédiatement vers Vlad qui se mordait la lèvre, visiblement très gêné.
– Je suis désolé. C'était tellement évident pour moi que j'ai oublié de vous le préciser. C'est la tradition familiale. Nous faisons le repas le 24 au soir, mais les cadeaux et la messe que le 25. Vous n'habitez pas ici, ce n'est pas pratique pour vous. Évidemment, vous n'aviez sûrement pas prévu de repasser demain. Je suis confus.
Ludovic n'entendit qu'à moitié les explications, entièrement focalisé sur la bouche sensuelle de Vlad.
– Ce n'est pas grave... Cela ne me dérange pas, déclara-t-il en détachant avec difficulté son regard des lèvres de son interlocuteur.
Sa voix avait dû manquer de conviction, car Vlad se tourna vers son fils et lui demanda :
– Que dirais-tu d'ouvrir les cadeaux dès ce soir ?
– Ah, non, alors ! Maman, elle disait toujours que c'était mieux le matin, parce que comme ça, on peut profiter de ces nouveaux jouets toute la journée ! protesta Misha.
– Cela ne me pose vraiment aucun problème de revenir demain, j'habite à un quart d'heure en voiture, intervint Ludovic.
Voir Vlad deux jours de suite n'avait rien d'une mauvaise surprise, c'était même une sacrée aubaine.
Cependant, il dut encore certifier plusieurs fois que cela ne l'ennuyait pas le moins du monde et que ce n'était pas dramatique que Vlad n'ait pas exposé les choses plus clairement avant que l'affaire ne soit classée.
La conversation roula ensuite sur le repas de Noël, ce qui rappela à Vlad qu'il devait descendre dans la cuisine pour mettre la dinde au four. Ludovic se retrouva donc en tête à tête avec Misha dans le salon.
– Il faut pas en vouloir à papa, hein, il est étourdi et maladroit, mais très gentil.
Cette curieuse preuve d'amour filial arracha un sourire à Ludovic.
– C'est bien vrai, approuva-t-il.
– Dis, tu as acheté quoi pour mon papa ? demanda le petit garçon sur le ton de la confidence.

lundi 7 février 2011

Fleur Bleue - 23

Alors que c'étaient les vacances et que Ludovic aurait dû profiter de chaque journée, il en fut incapable. Il compta et recompta les jours qui le séparait du 24 décembre, jour où il pourrait enfin revoir Vlad. Il se trouvait ridicule, mais il se sentait plein d'impatience... exactement comme un gosse le jour de Noël.
Le jour J, à l'heure dite, bravant le vent glacial et la neige qui s'était mise à tomber, Ludovic prit sa voiture et se rendit chez les Glonorov. La neige crissant sous ses pieds, deux paquets cadeaux sous le bras, il sonna à nouveau à la porte de la maisonnette grise égayée par les décorations aux fenêtres.
Ce fut Vlad tout seul qui lui ouvrit, aussi séduisant que dans son souvenir, si ce n'est plus. Il portait un élégant pantalon de velours marron et un pull beige au col en V duquel dépassait un col de chemise blanc déboutonnée qui laissait voir la naissance de son cou.
– Vous n'avez pas eu trop de mal à venir avec la neige ?
Ludovic assura que non, tout en essuyant avec soin ses chaussures sur le paillasson zébré afin de ne pas salir le lino de l'entrée.
Avant qu'ils aient eu le temps de se dire autre chose, Misha déboula, excité comme une puce. Il repéra immédiatement les cadeaux que tenaient Ludovic.
– Donnez-les moi, je vais les mettre sous le sapin, proposa-t-il avec un empressement comique.
Ludovic eut un sourire et vit du coin de l'œil que Vlad avait également du mal à ne pas laisser libre cours à son amusement. En père désireux d'inculquer les bonnes manières à son enfant, il le rappela à l'ordre :
– Misha, tu pourrais commencer par dire bonjour !
– C'est le soir, il est 18 heures, répliqua le petit garçon.
Comme son père fronçait les sourcils, il ajouta docilement :
– Bonsoir M.Yamatatomo.
– Bonsoir, répondit Ludovic en lui donnant les paquets.
Misha le remercia et les emporta en haut, en grimpant les marches quatre à quatre.
– Puis-je vous débarrasser de votre manteau ? demanda Vlad.
Ludovic acquiesça d'un signe de tête. Il acheva de l'ôter et lui tendit. Au moment moment Vlad avança la main et ils s'effleurèrent. Vlad qui se détourna immédiatement pour accrocher le vêtement, ne se rendit pas compte que ce léger contact troublait Ludovic. Ce dernier, au lieu d'être soulagé que son hôte ne s'aperçoive de rien, ne put s'empêcher de se souvenir qu'il avait déjà vécu des situations semblables avec Jérôme. Son ami Aoki avait raison quand il lui disait qu'il ne savait pas les choisir. Pourquoi fallait-il qu'il tombe toujours amoureux d'hommes inatteignables ?

Manga Yaoi en février 2011


Ce mois-ci, si Asuka fait dans les suites avec :
Junjo Romantica Vol.2 de Shungiku Nakamura (24 février)
Viewfinder Vol.4 de Ayano Yamane (10 février)
No Money Vol.7 de Kousaka Tohru et Hitoyo Shinozaki (17 février)
Bon, ok, Ayase est un peu dur à supporter, mais Kanou est très amusant...



Taïfu Comics nous gratifie de trois nouvelles séries (le 10 ou le 24 février ? En général les sorties de l'éditeur sont à la fin du mois, mais j'ai vu aussi le 10 comme date) :
Comme un chat sur le sol Vol.1 de Tooko Miyagi (1 sur 3)
Avec le dédoublement de la personnalité du héros, le triangle amoureux est très curieux puisque chacun des 2 prétendants du héros est attiré par une des personnalités.
I.D. Vol.1 de Akira Kanbe (1 sur 2)
Aussi Cool que lui Vol.1 de Kae Maruya (série en cours)
ainsi que, ne l'oublions pas, la conclusion de
Seven Days Vol.2 de Takarai Rihito et Venio Tachibana
J'ai trouvé le premier volume réussi avec ses deux garçons qui sortent ensemble sans vraiment sortir ensemble, comme un genre de test...




Côté conclusion et manhwa, Samji nous offre, un mois à peine après le volume précédent la fin de
Totally Captivated Vol.6 de Yoo Hajin



Et pour finir, 2 titres où l'on peut voir des sous-entendus romantiques entre hommes chez Kazé, à savoir :
07-Ghost Vol.3 de Yuki Amemiya et Yukino Ichihara (17 février)
Silver Diamond Vol.12 de Shiho Sugiura (17 février)



Un total de 22,5€ (Asuka - BL) + 35,8 (Taïfu - Yaoi) + 7,35€ (Samji) + 13,9€ (Kazé) soit 79,55€

vendredi 4 février 2011

Fleur Bleue - 22

Vlad sentit que Pauline allait lui tenir la jambe jusqu'à ce qu'il cède. D'ailleurs, il n'était pas loin de craquer alors qu'il n'avait pas la moindre envie de commencer l'année en compagnie de ses beaux-parents, surtout tant que ceux-ci le poussaient au remariage. Par contre, il était normal que Misha passe du temps avec ses grands-parents...
– Je comprends, je verrais avec Misha. En tout les cas, vu que c'est les vacances de Noël, je pourrais vous l'amener pour qu'il passe une journée avec vous.
– Je serais vraiment contente de l'accueillir à la maison. Mais je serais véritablement enchantée si tu te décidais à venir pour le réveillon avec lui. L'un n'exclut pas l'autre, n'est-ce pas ?
Vlad se mordit la lèvre, contrarié de ne pas réussir à se débarrasser de sa belle-mère.
– En effet. Quel jour cela vous arrangerait-il qu'il vienne ?
– Disons le 2 janvier. Comme ça, si tu te décides pour le réveillon, ce sera pratique.
– Faisons comme cela. Bon dimanche.
Vlad raccrocha avec soulagement. Le 2 janvier n'était pas une date terrible dans la mesure où c'était la veille de la reprise des cours, mais il en avait assez de discuter. Le coup de fil l'avait vidé de ses forces. En plus, Pauline avait, réveillé ses craintes quant aux désirs secrets de l'instituteur de son fils, car, à la réflexion qu'est-ce qui pouvait bien motiver M.Yamatatomo à passer du temps avec lui et son fils ? Rien si ce n'est... Vlad secoua la tête. Ludovic ne voulait passer les fêtes tout seul, c'était tout. Et puis, si jamais il y avait autre chose, il sera toujours temps de mettre les points sur les i.
– Papa, c'est quand que tu viens ? cria Misha de loin.
Vlad le rejoignit et lui exposa ce qu'il avait promis et ce que souhaitait Pauline.
– Je veux bien y aller le 2, mais pas le 31 décembre au soir. J'aime pas dormir chez papi et mamie. D'abord, c'est pas la peine de se coucher tard pour fêter la nouvelle année, on peut commencer à le faire le lendemain matin.
Vlad ébouriffa affectueusement les cheveux de Misha qui répétait les propos de sa maman.
– Allez, jouons maintenant ! s'exclama-t-il.
Ils eurent un peu de mal à se remettre dans la partie, l'interruption ayant été longue.
Quand ils eurent terminé le jeu, Misha voulut qu'ils en fassent un autre et Vlad se laissa volontiers convaincre. L'enfant fouilla un moment dans ses boîtes sans sembler trouver son bonheur.
– Tu ne trouves rien à ton goût ? finit par demander Vlad.
– J'ai pas beaucoup de jeux pour juste deux personnes. Il faudrait qu'on soit au moins trois !
L'air manqua soudain à Vlad. Katia avait fait exprès d'acheter des jeux à partir de 3 joueurs afin qu'ils s'amusent tous les trois...
– Et si nous faisions un pendu ? suggéra-t-il d'une voix altérée.
– Pourquoi on inviterait pas M.Yamatatomo, sinon ?
– Voyons Misha, ton instituteur a sûrement autres choses à faire !
Misha fit la moue, mais se résigna devant l'air catégorique de son père.
– D'accord, pour le pendu, concéda-t-il.

jeudi 3 février 2011

Fleur Bleue - 21

Il grimaça quand son fils révéla que l'ami qui venait à Noël était son instituteur, puis haussa les épaules. Au fond, cela ne changeait rien : ils ne se rendraient pas chez les parents de Katia cette année. Peu importait ce que dirait belle-maman, il n'en démordrait pas !
– Papa, elle veut te parler à nouveau. Je vais t'attendre dans ma chambre. Dépêche-toi, hein ? déclara Misha en lui tendant le combiné.
Vlad le prit du bout des doigts comme s'il s'agissait d'un serpent venimeux. Il aurait aimé suivre son fils et retourner s'amuser...
– N'es-tu pas tombé sur la tête d'avoir invité l'instituteur de Misha pour Noël ?! Le pauvre homme a dû être bien ennuyé par ta proposition !
– Je ne crois pas non. Il est en froid avec sa famille, alors plutôt que passer Noël tout seul...
– Et quel est le motif de la dispute ? Sûrement, cet homme a quelque chose à se reprocher. Non, vraiment, je ne te comprends pas. Si encore était agi d'une institutrice... A moins que non... Vraiment, c'est impossible ! Ne me dis pas qu'il est gay et que toi aussi, tu...
Vlad dont l'énervement était monté progressivement au fur et à mesure de la conversation, n'y tint plus et explosa :
– La sexualité de M.Yamatatomo le regarde. La mienne aussi. Et franchement, qu'allez-vous imaginer ? L'homosexualité n'a rien d'une maladie contagieuse !
Comprenant qu'elle était allée trop loin, son interlocutrice fit marche arrière.
– Oui, bien sûr. Tu connais mon imagination débordante... Je m'inquiète juste pour mon merveilleux petit-fils. Je ne voudrais pas qu'il lui arrive quelque chose... ou qu'il subisse de mauvaises influences.
Pour la millième fois depuis qu'il avait rencontré son épouse, Vlad se demanda comment une femme comme Pauline si pleine de préjugés avait pu mettre au monde quelqu'un d'aussi tolérant que Katia. Il renonça à lui expliquer que même si l'instituteur de Misha était intéressé par les hommes, cela ne voulait ni dire qu'il était pédophile, ni faisait de lui un mauvais professeur.
– Le bien-être de Misha est également très cher à mon cœur. Je ne ferais rien qui pourrait lui causer du tort.
– Oui, bien sûr, je n'en doute pas. Bref, si vous insistez pour faire Noël de votre côté, pouvons-nous au moins espérer vous avoir pour le réveillon ?
Vlad regretta intérieurement qu'il fut impoli de refuser de but en blanc. Il essaya d'esquiver la chose.
– Je ne sais pas encore ce que nous ferons. Misha a du mal à rester éveillé tard.
– Il est vrai que l'année dernière vous n'avez pas fêté le Nouvel An, mais vraiment tu pourrais faire un effort. Cela nous ferait tellement plaisir.

mercredi 2 février 2011

Fleur Bleue - 20

Atterré que sa belle-mère cherche à le caser le jour de Noël, il se retint de justesse de lui raccrocher au nez. Misha serait triste s'il se fâchait avec les seuls grands parents qu'il avait, le père et la mère de Vlad étant décédés.
– Je suis désolé, mais c'est décidé, nous fêterons cette année Noël à la maison.
– Allons, c'est impossible ! Ce sera sinistre, vraiment, avec juste toi et mon adorable petit-fils. Et puis, pas plus tard que la semaine dernière, tu m'as avoué que tu n'avais pas eu le temps de préparer quoique ce soit.
Vlad inspira à fond pour garder son calme. Il savait qu'il n'avait rien d'un boute-en-train, mais tout de même, aller jusqu'à dire que ce serait « sinistre »...
– Nous ne serons pas juste tout les deux. J'ai invité le pr... un ami.
La chose dut paraître tout bonnement invraisemblable à sa belle-mère, car Vlad entendit très nettement à l'autre bout du fil, un petit rire dérisoire. Était-si incroyable que ça qu'il put avoir un ami ? Oui, apparemment. En même temps, il était vrai qu'il n'en avait pas véritablement. Les amis qu'il avait, étaient en réalité ceux de Katia. Avec son boulot d'illustrateur freelance, il n'avait guère l'occasion de rencontrer du monde.
– Annule ou amène-le avec vous, mais venez ! Roza meurt d'envie de faire votre connaissance.
En combien de langues faudrait-il répéter à sa belle-mère qu'il ne voulait pas remplacer Katia ?
– La maison est décorée à présent et il est important pour Misha et moi de fêter Noël ici.
Cela constituerait une étape de plus dans le long et douloureux processus de deuil. Deux ans s'étaient écoulés, mais Katia lui manquait toujours autant.
– Nous avons été si heureux d'avoir Misha les années précédentes. Sa cousine Charlotte sera également bien triste. Vraiment, ce serait cruel de ta part de nous priver de sa présence.
L'arrivée de Misha dans la pièce empêcha Vlad de répondre à cette tentative de culpabilisation.
– Papa, c'est qui ? Pourquoi tu mets tant de temps à revenir ? C'est ton tour.
Vlad se tourna vers lui et dit à mi-voix :
– C'est ta mamie.
– Tu lui as dit, hein, qu'on faisait Noël ici ?
Vlad hocha la tête et reprit sa conversation avec sa belle-mère.
– Désolé pour l'interruption...
– J'ai cru entendre Misha. Tu me le passes ? demanda Pauline d'un ton qui ne laissait pas la place à la discussion.
Il tendit le téléphone à son fils qui le prit en faisant une petite moue. Il préférait nettement son grand-père à sa mamie.
Vlad resta à côté, écoutant les réponses de Misha. Il comprit très vite qu'ayant échoué auprès de lui, elle essayait de convaincre l'enfant.

mardi 1 février 2011

Fleur Bleue - 19

Quand Vlad émergea, il était 9 heures et quart du matin. Encore ensommeillé, il s'étira en baillant et se força à se lever, sachant que Misha devait l'attendre pour petit déjeuner. Il attrapa son peignoir accroché derrière la porte et traversa le couloir pour dire bonjour à son fils.
Il toqua et entra. Misha lisait tranquillement un magazine. Cependant, il se dépêcha de le poser et de bondir hors du lit en voyant son père.
– T'as dormi longtemps, j'ai faim, moi, décréta-t-il d'un ton accusateur.
– Cela m'a fatigué de porter le sapin et tout et tout hier, je ne suis plus jeune et débordant d'énergie comme toi.
– Tu dis n'importe quoi ! Je te parie que M.Yamatatomo, lui, il est en forme et debout depuis une heure.
– Je ne parierai pas à ta place, répliqua Vlad en essayant d'imaginer quelle tête Ludovic pouvait avoir au réveil.
Ses cheveux noir de jais, naturellement ébouriffés, devaient être tout fou sur sa tête et ses joues légèrement bronzées, marbrées par les plis du drap... Ou bien, Misha avait raison, et son professeur revenait de son jogging matinal, à peine essoufflé, un croissant à la main et une baguette sous le bras. Katia, elle, était du matin. C'était d'ailleurs elle qui trouvait le courage de sortir le dimanche matin pour chercher du pain frais à la boulangerie.
Tout en mangeant leur petit déjeuner composé de biscottes à la confiture et de lait chaud, ils parlèrent de ce qu'ils allait faire de leur dimanche.
Vlad qui avait été très occupé avec son travail ces derniers temps, se mit volontiers à la disposition de Misha pour la journée. Et c'est ainsi, qu'après leurs toilettes respectives, il se retrouva à jouer à « Qui perd gagne » à dix heures tapantes.
Ils étaient donc en pleine partie quand le téléphone fixe sonna, une demi-heure plus tard. Malgré les protestations de Misha qui n'était pas content que le jeu soit interrompu, Vlad alla décrocher. Cependant, à peine l'eut-il fait qu'il le regretta. Cette voix acidulée reconnaissable entre toutes, était celle de la mère de Katia.
– Ah ! Vlad ! C'est Pauline à l'appareil. Je te contacte à propos du 24. Je sais que toi et Misha, vous envisagez de passer Noël seuls tout les deux. Mais vraiment, c'est impensable, ce serait trop triste. Il faut absolument que vous veniez. J'ai invité les Rigaldi et les Matuld, des gens tout à fait charmants à faire la fête avec nous. La fille des Gloppos, Roza sera là aussi, ses parents ne pouvant pas rentrer en France cette année. Non, vraiment, il faut que tu viennes.