lundi 30 novembre 2015

Contes modernes - 173

Dan, à priori gêné, se dépêcha de présenter son frère à Clowis, le qualifiant à raison de « bel endormi. »
— Il semble bien installé, déclara Clowis.
— Oui, le seul souci, c'est le médecin qui est chargé de lui. Si on l'écoutait, cela ferait longtemps qu'Aurélien aurait été débranché.
— Un autre serait donc souhaitable, conclut Clowis en tapotant la poche de la veste de son élégant costume gris.
Dan qui s'était penché vers Aurélien se redressa d'un mouvement fluide.
— Tu ne vas pas... commença-t-il.
— Et pourquoi pas ? coupa Clowis. Un généreuse donation l'assurerait. Nous étions d'accord, me semble-t-il pour que je paye désormais tous les frais d'hospitalisation de sorte à ce que tu ne te tues plus à la tâche.
Philippe fronça les sourcils. Il s'était douté que garder Aurélien à l'hôpital coûtait cher, mais il avait toujours pensé que c'était les parents de ce dernier qui avaient à sa connaissance de confortables revenus qui payaient.
— Ce n'est pas ton frère, argua Dan.
— C'est le tien et cela me suffit, répliqua Clowis.
Philippe n'y tient plus et se mêla à la conversation.
— Je ne comprends pas. C'est toi qui règle les factures ?
Dan grimaça.
— Oui, le seul et l'unique.
— Mais... Et vos parents ?
Dan expliqua avec embarras qu'ils avaient voulu jeter l'éponge et qu'il s'était interposé, assurant qu'il prendrait tous les frais à sa charge. C'est parce qu'ils ne l'en avaient pas cru capable qu'ils avaient accepté le marché, mais Dan en bossant nuit et jour y était parvenu.
— Tu aurais dû me le dire. J'aurais pu t'aider.
— Je n'y ai pas pensé. Il n'y avait pas de raison...
Cela énerva Philippe. Il n'était pas un étranger pour Aurélien, pas moins que Dan, depuis le temps qu'il le connaissait...
— Bien sûr que si, puisque je l'aime ! laissa-t-il échapper.
Il y eut un blanc. Philippe faillit rattraper son éclat d'une formule du genre « c'est mon plus cher ami », mais il ne le fit pas. A la place, il regarda Aurélien qui était étendu tel un mannequin de cire dans le lit aux draps blancs, les paupières closes, branché à des machines qui assuraient sa survie et monitorait ses foncions vitales. Évidemment, il n'avait pas eu de réaction.
Clowis était tout aussi impassible. Quant à Dan, il ne paraissait pas vraiment étonné.
— Tu savais que je l'aimais ? demanda Philippe.
— Je n'étais pas sûr, mais je le supposais vu ta constance à son chevet.
Philippe ne répondit rien. Il s'était toujours imaginé que Dan serait horrifié s'il apprenait ses sentiments pour Aurélien. Il s'était trompé. Il faut dire qu'il n'était plus en position de le juger vu sa relation avec Clowis.

vendredi 27 novembre 2015

Contes modernes - 172

Quand il était fatigué de parler, il le contemplait en silence. L'Aurélien couché sur le lit était beau, mais nettement plus frêle que celui qu'il avait connu, actif et souriant, aux cheveux blond vénitien agités par le vent au lieu d'être plaqué sur l'oreiller.
Philippe revivait leurs souvenirs communs, leurs jeux d'enfants, leurs disputes et réconciliations, leurs sorties, leurs exposés en classe. Il songeait aux secrets qu'Aurélien lui avait confié, le plus grand d'entre eux étant que Dan n'était pas son véritable frère, mais un  garçonnet adopté par ses parents à l'époque où ils se désespéraient de ne pas réussir à avoir d'enfants. Comme Aurélien s'était refusé de révéler quoi ce soit à Dan et n'avait osé aborder le sujet avec ses parents, c'est à Philippe qu'il en avait parlé.
Rester assis jour après jour auprès d'Aurélien sans que la situation ne change d'un iota était parfois très dur, mais Philippe ne laissait jamais transparaître son désespoir dans ses propos.
Il y avait un autre point qu'il n'abordait jamais, même s'il y pensait beaucoup : son amour pour son ami.

Un jour semblable aux précédents, Dan  débarqua. Cela faisait quelques semaines qu'il n'était plus venu et Philippe avait craint que lui aussi n'y croit plus.
Comme il le faisait toujours, il lui proposa de les laisser seul et pour une fois, Dan accepta.
Philippe partit se chercher un café, puis s'adossa au mur du couloir en attendant. Plusieurs infirmières le saluèrent en passant. Il était bien connu dans le service. Le docteur Ecifélam qui s'occupait d'Aurélien ne se donna pas cette peine. Ils avaient échangés à plusieurs reprises des mots durs, Philippe refusant de croire qu'Aurélien ne se réveillerait jamais, chose dont était persuadée le docteur. Au début, Philippe avait cherché à discuter avec lui, puis il avait compris que c'était inutile que le docteur Ecifélam était un vieil aigri sans une once de compassion qui n'avait certainement pas choisi ce métier dans le désir d'aider son prochain et prenait même parfois un malin plaisir à décourager Philippe. Heureusement, un autre médecin, beaucoup plus jeune, s'était montré plus optimiste sur le cas d'Aurélien.

Quelques jours plus tard alors que Philippe était comme toujours assis près du lit d'Aurélien, Dan apparut accompagné d'un homme à la coupe militaire et à l'air froid.
Philippe se leva, prêt à libérer les lieux.
— Bonjour. Voilà, Philippe, le plus fidèle ami de mon frère. Et voici, Clowis... annonça Dan sans finir la présentation.
— Le compagnon de Dan, acheva le dénommé Clowis. Enchanté, ajouta-t-il sans que son visage ou sa voix ne laisse filtrer le plus petit contentement.
Philippe fut surpris. Jamais il n'avait soupçonné Dan d'être attiré par les hommes. Dans la chambre du frère d'Aurélien, il avait toujours vu scotchés aux murs des posters de filles en maillots de bains.
— De même, murmura-t-il avec un sourire machinal.

jeudi 26 novembre 2015

Contes modernes - 171

Léa, la petite amie d'Aurélien avait abandonné depuis longtemps déjà. Elle s'était accrochée près de trois ans durant, espaçant peu à peu ses visites, mais persistant jusqu'à ce qu'un jour, elle sorte en larmes de la chambre d'Aurélien pour ne plus revenir. Philippe se rappelait très bien l'avoir pris dans ses bras pour la consoler, l'approuvant de renoncer, pas seulement parce que cela le soulageait qu'Aurélien soit à nouveau célibataire, mais aussi parce que c'était effectivement mieux pour elle qu'elle aille de l'avant. Lui s'en sentait incapable, peut-être parce que de toute façon, il s'était préparé depuis longtemps à rester aux côtés d'Aurélien sans jamais rien avoir en retour que le plaisir de sa compagnie.
Peu à peu, tout le monde avait déserté, ne croyant plus qu'Aurélien sortirait un jour de son coma et plus personne n'était venu le visiter à part lui et Dan, le frère d'Aurélien qui ne passait qu'en coup de vent.  Parfois, mais très rarement, les parents d'Aurélien se rendaient également à son chevet, mais ils ne semblaient plus y croire. Philippe demeurait quant à lui toute la durée autorisée des visites. Il s'était choisi exprès un travail de gardien de nuit qui lui permettait d'être libre en journée. Si cela avait été possible, il ne l'aurait pas quitté du tout, mais il y avait les règles de l'hôpital et la nécessité de gagner sa vie. Assis sur une chaise tirée près du lit d'Aurélien, toutes sortes de pensées le traversaient.
Il se demandait comment Aurélien aurait réagi s'il lui avait déclaré son amour, quand il aurait la chance de revoir ses yeux couleur crépuscule...
A plusieurs reprises, il avait été tenté de l'embrasser, mais il s'était toujours retenu : cela aurait été ignoble de profiter de son immobilité, surtout que d'après ses nombreuses lectures sur les personnes plongées dans le coma, certaines percevaient ce qui se passait autour d'eux même s'ils n'étaient pas en mesure d'y réagir. Il était par conséquent hors de question d'infliger cela à son ami qui devait déjà subir les soins des infirmières et les auscultations de cet oiseau de mauvais augure qui lui servait de médecin.
De temps en temps, Philippe lui prenait toutefois la main et la pressait contre son cœur. Autrement, il ne le touchait pas, se contentant de le regarder dormir en lui racontait ce qui se passait dans le monde, ainsi que des anecdotes de son travail de gardien de nuit. Parfois, les interminables monologues qu'il tenait à son ami lui pesait, alors il lui lisait des histoires.

mercredi 25 novembre 2015

Contes modernes - 170

COMA

Philippe était prêt à attendre cent ans s'il le fallait. Il aimait Aurélien depuis toujours. Il avait fait sa connaissance à la maternelle et avec le recul, il était convaincu que c'était dès cette époque que son amour pour lui était né. Ce n'est cependant qu'au début collège qu'il avait compris que ce n'était pas une forte amitié qui le liait à Aurélien, mais un amour démesuré. Les filles ne l'intéressaient pas, c'étaient les garçons qui l'attiraient, Aurélien le premier. Il n'avait bien sûr pas osé lui avouer. Il avait eu trop peur de le perdre. Les garçons étaient supposés aimer les filles. C'était la règle et il était l'exception. Ce n'était pas le cas d'Aurélien qui de temps en temps lui avait donné du coude pour lui signaler que telle ou telle fille était mignonne. Philippe n'avait jamais abondé dans son sens et ne s'était jamais non plus forcé à lui suggérer de tenter sa chance. L'inévitable s'était cependant produit au lycée : Aurélien avait eu sa première petite amie et Philippe avait dû se mettre en retrait. Il avait dû supporter les voir s'embrasser de loin, brûlant de les séparer, regrettant de ne pouvoir être qu'un ami, souhaitant être à la place de la fille. Combien de fois dans sa chambre, derrière la porte fermée et les rideaux tirés, dans le secret de la nuit, s'était-il caressé en pensant à lui ? Il se sentait immanquablement coupable et honteux après avoir joui, mais c'était plus fort que lui. Se soulager ainsi lui permettait de lutter contre les impossibles désirs qui l'agitaient en sa présence.
C'était juste avant leur entrée à l'université que l'accident s'était produit. Philippe n'avait su que plus tard ce qui s'était passé. Aurélien avait rendez-vous avec sa petite amie au cinéma ce jour-là. En rentrant chez lui, il s'était fait renversé par une voiture qui avait grillé un feu et ne s'était pas arrêtée. Ce salaud de chauffard, Philippe aurait voulu le tuer de ses propres mains ! Il y avait eu un témoin de la scène qui avait appelé aussitôt les secours et Aurélien avait été sauvé, mais depuis il était plongé dans le coma, étendu dans un lit, immobile, le visage blanc comme les draps de son lit et les murs de sa chambre, le corps relié à des machines. Cela ferait dix ans dans une semaine, un bien triste anniversaire.
Philippe lui rendait visite chaque jour sans faille. C'était comme ça qu'il en était venu à faire son coming-out à ses parents qui l'avaient plutôt bien pris. D'ailleurs, depuis quelques années déjà, ils cherchaient même à lui faire rencontrer des hommes, tentant de lui faire oublier celui qu'il aimait et était couché à l'hôpital. Il déjouait toutes leurs tentatives. Aurélien était le seul pour lui. Il savait bien pourtant que quand il se réveillerait (et non si), il ne pourrait n'être rien d'autre qu'un ami pour lui, mais il voulait être là.

mardi 24 novembre 2015

Contes modernes - 169

— Merci de m'avoir laissé dormir ce matin.
— Tu en avais besoin, répliqua Clowis, tout en sortant de sa poche une petite boîte carrée qu'il posa devant Dan qui l'entrouvrit, se demandant si c'était ce qu'il pensait et en effet, c'était bien une bague, un magnifique anneau en or fin.
Il referma le couvercle.
— C'est en quel honneur ?
— Pour notre futur mariage.
C'était un changement de statut radical à leur relation initiale qui n'avait pris fin pas plus tard que la veille.
— Tu l'as achetée ce matin ?
Clowis confirma d'un bref hochement de tête.
— Tu n'as pas l'impression d'aller un peu vite en besogne ?
— Non.
— J'ai mon mot à dire, tu ne crois pas ?
— Bien sûr.
— Tu ne peux pas me faire marcher à la baguette. Et cela vaut pour tout. Je ne vais pas continuer à t'accompagner partout. Je dois gagner de l'argent pour mon frère.
— J'en ai à plus savoir qu'en faire...
— Mais c'est le tien. Je ne veux pas dépendre de toi.
— Qu'as-tu envie de faire, indépendamment de toute considération financière ?
Dan passa la main dans ses cheveux. S'il en avait eu les moyens, il aurait repris ses études de danse, mais ce n'était pas le cas. Fallait-il que toutes leurs conversations tournent autour de l'argent ? C'était cependant lui le fautif sur ce coup.
— Là n'est pas la question.
— Je suis assez riche pour deux. Je n'exigerai rien en contrepartie.
Clowis signifiait ainsi que ce serait différent d'avant, quand il le payait moyennant service, mais cela gênait tout de même Dan.
— Non, c'est impossible. Je ne veux pas abuser de ta générosité.
— Tu serais bête de ne pas en profiter.
— C'est ton argent.
— Épouse-moi et ce sera aussi le tien.
Dan soupira. Clowis avait réponse à tout.
Ce dernier reprit :
— Si le choix m'appartenait, j'aimerai que tu aies un métier en rapport avec la danse. Tu es fait pour ça. Chacun de tes mouvements est empli de grâce.
Dan reprit la boîte, prit la bague et l'enfila. Il n'avait pas envie de se battre plus longtemps avec Clowis, surtout pas pour des raisons monétaires. L'essentiel, c'était qu'ils s'aimaient.
Il posa sa main sur celle de Clowis et la caressa légèrement.
— Cela me plairait en effet de danser.
— Je vais demander l'addition.
— Quoi...? Mais on n'a même pas touché à l'apéritif.
— Je sais.
Dan ne comprenait pas et le visage de Clowis était indéchiffrable pour ne pas changer.
Avant, il l'aurait suivi sans discuter, mais il ne mangeait plus de ce pain là.
— Une explication serait bienvenue.
— J'ai faim d'autre chose, répondit Clowis à voix basse, son regard fixé sur leurs mains posées l'une sur l'autre.
— Juste pour ça ?
Clowis ne répondit pas. Le silence était sa seule arme quand il était trop embarrassé. Dan pouffa. Avoir un tel pouvoir sur lui n'était pas déplaisant.
— Rentrons vite, déclara-t-il avec un sourire.
Il avait hâte lui aussi qu'ils ne fassent plus qu'un.


FIN 
Rendez-vous demain pour Coma

lundi 23 novembre 2015

Contes modernes - 168

Dan se réveilla dans un lit vide, une brève note posée sur l'oreiller à côté du sien.
« Tu dormais si bien... Rendez-vous ce midi au restaurant Larrizé. Clowis. »
Dan soupira. En temps habituel, Clowis l'aurait incité à se lever pour qu'il l'accompagne à son bureau, c'était donc positif qu'il l'ait laissé tranquille. Il était en revanche déplaisant qu'il lui impose le lieu et l'heure du déjeuner. Il faudrait que Dan mette une bonne fois pour toute les choses au clair avec lui, ce qui impliquait bien sûr de le retrouver au restaurant.
En attendant, il allait profiter de cette matinée de liberté pour rendre visite à son frère à l'hôpital. Cela ne faisait que trop longtemps qu'il n'y avait pas été, trop occupé à suivre Clowis partout comme un bon toutou. Après cela, il se mettrait en  quête d'un emploi.
Finalement, hier soir, au bar, il n'avait pas eu l'occasion de discuter avec le patron, mais de toute façon, il ne tenait pas plus que cela à reprendre son job de gogo dancer, même si pour des raisons financières, il lui faudrait sûrement s'y résoudre. Il y avait aussi des chances que Clowis ait des objections à émettre, Dan allait donc plutôt chercher en priorité dans la restauration.
A l'hôpital, il trouva Philippe, fidèle au poste au chevet d'Aurélien qui lisait à haute voix un bouquin à propos d'un fantôme.
En le voyant, Philippe referma le livre, coinçant son index à la page où il s'était interrompu.
— Tu veux que je te laisse un moment seul avec lui ? offrit-il spontanément.
Dan accepta. Il n'était pas convaincu comme Philippe que son frère plongé dans le coma pouvait l'entendre, mais il avait besoin de se confier au sujet de sa relation avec Clowis et Aurélien n'avait d'autre choix que de lui prêter une oreille amicale.
Il s'attarda plus longtemps que prévu à l'hôpital, le docteur Ecifélam ayant cru bon de le retenir pour lui redire encore une fois que les chances de réveil de son frère étaient presque nulles. Comme il s'était à la base levé tard, il remit à plus tard sa recherche d'emploi pour se rendre au restaurant où Clowis lui avait donné rendez-vous.
Quand il entra dans le Larrizé, il fut frappé par la classe et le raffinement du lieu. Les lumières étaient tamisées, les couleurs sobres. Dans son costume de prix offert par Clowis, il ne détonnait pas, mais il ne se sentait pas à son aise. Il avait travaillé trop longtemps dans un fastfood pour ça. Il était habitué aux ambiances colorées et bruyantes.
Clowis se leva un instant quand Dan arriva à la table, guidé par un serveur à la mine compassée. Il avait commandé un apéritif pour eux deux. Il faudrait qu'il perde cette manie de tout choisir pour lui, songea Dan avec agacement, avant de se rasséréner : c'était une marque de prévenance. Au fond, cela l'arrangeait, car le nom des vins et des menus proposées à la carte étaient cryptiques pour lui. En plus, il fallait reconnaître qu'il avait été très rarement déçu par les choix de Clowis.

vendredi 20 novembre 2015

Contes modernes - 167

C'était une étreinte fusionnelle et Dan aurait voulu qu'elle ne cesse jamais... qu'il le prenne par terre, sans retenue, qu'ils soient consumés tout deux par ma même passion dévorante. Comme si leurs deux cœurs n'en avaient fait qu'un, Clowis ne s'arrêta pas.
Dan s'inquiéta tout de même que quelqu'un entre, mais il fut aussitôt rassuré. Clowis avait une fois de plus puisé dans son portefeuille pour s'assurer que personne ne vienne les déranger. Dan s'en amusa plutôt que de s'en agacer. Ce qui comptait, c'était qu'il ne soit plus  celui qui recevait l'argent.
Ensemble, ils glissèrent sur le sol. Clowis le déshabilla en partie, en le caressant. Le problème du préservatif et du lubrifiant fut réglé en fouillant dans les casiers des employés. Clowis laissa des billets à la place.
Dan bouillait d'impatience quand Clowis presque encore entièrement vêtu s'enfonça en lui.
Enfin, ils ne faisaient plus qu'un. La bouche et les mains de Clowis étaient partout sur lui, s'attardant sur ses tétons et  son pénis. Dan avait l'impression d'être en feu.
Un dernier coup de boutoir et ils jouirent ensemble.
Clowis ne se retira pas de suite du corps de Dan et même après, il ne se releva pas immédiatement.
Il finit toutefois par le faire, réajustant caleçon et pantalon. Son costume était tout froissé.  Du revers de la main, il tenta d'en lisser les plis, mais cela n'arrangea rien.
Dan, entretemps, s'était remis debout avec souplesse, à peine endolori par leur folle étreinte et s'était rhabillé en deux temps trois mouvements.
Il était heureux. Clowis, de marbre. Ou peut-être légèrement contrarié. C'était difficile à dire.
— Pardon de m'être laissé emporter. Un baiser et je perds tout contrôle, c'est lamentable.
Dan pouffa, puis réalisant que Clowis était sérieux, se reprit.
Il comprenait mieux à présent pourquoi Clowis se montrait si peu tactile en public.
— Tu es le feu sous la glace, un cœur généreux et brave sous un visage impénétrable, un peu comme un soldat.
— Je l'ai été brièvement. Avant de perdre ma jambe. Mon père l'était. Il m'avait éduqué dans cette optique et il a été terriblement déçu.
— Et ta mère ? N'aurait-elle pas préféré une autre carrière pour toi ?
— Elle est morte à ma naissance.
Cela expliquait bien des choses, songea Dan en effleurant les lèvres de Clowis d'un baiser. Il avait encore beaucoup à découvrir sur cet homme...
— Rentrons à présent, déclara Clowis.
Dan acquiesça. Il voulait bien danser pour lui, du moment que ce n'était pas sous ses ordres, mais à son rythme.

Interview dans le magazine de l'Annuaire Yaoi 2

Pour ceux et celles qui ne l'auraient pas encore vu/lu et qui seraient intéressés, sachez que j'ai été interviewé aux côtés d'autres auteurs dans le numéro 2 du magazine de l'annuaire Yaoi qui m'a proposé si gentiment de me référencer il y a quelques semaines de cela :

jeudi 19 novembre 2015

Contes modernes - 166

Il patientait depuis un moment, sans pouvoir s'empêcher de penser à Clowis quand la porte s'ouvrit sur lui.
Dan se leva brusquement, se sentant pris au piège.
— Après ton départ, j'ai contacté le bar pour demander à être prévenu au cas où tu venais ici. J'étais en chemin vers ton domicile quand mon téléphone a sonné.
Clowis était calme et posé, comme toujours, dans un costume sans un pli.
— Tu n'as pas le droit, je ne t'appartiens pas, déclara Dan d'un ton d'autant plus furieux qu'une part de lui avait envie que ce soit le cas. Il voulait toutefois que la réciproque soit vraie.
— Je le regrette.
— Si tu ne m'aimes pas, fiche-moi la paix ! s'écria-t-il, désespéré qu'il parte et qu'il reste toute à la fois.
Clowis le regarda fixement, sans dire mot, sans bouger.
Se pouvait-il que leurs sentiments soient réciproques et que Clowis soit juste incapable de les exprimer ? Rien n'était moins sûr, mais Dan essaya une fois encore de préciser les siens :
— Sans ton argent, je n'aurais jamais couché avec toi et je n'aurais jamais su à quel point c'était bon de se faire prendre...
Clowis l'interrompit :
— Alors pourquoi ne veux-tu pas continuer ?
— Parce que je t'aime désormais.
Clowis eut un merveilleux sourire avant de retrouver son visage de marbre.
— Raison de plus.
— Je ne crois pas qu'argent et sentiment fasse bon ménage. C'est toi qui a perdu une jambe, mais j'ai plutôt l'impression que c'est moi qui danse sur un pied depuis le début... Si j'en avais les moyens, je te rembourserai, mais tout ou presque est passé en frais d'hôpitaux.
— Comment cela ?
Dan parla alors de son frère dans le coma et du médecin décourageant qui avaient poussé ses parents à jeter l'éponge et de se propre obstination à vouloir garder son frère branché envers et contre tout.
Clowis l'écouta sans bien sûr laisser rien transparaître.
— Tu es vraiment semblable à une étoile.
— Hein ?
— Quand je t'ai vu danser sur le comptoir dans ce bar, ce sont tes mouvements gracieux qui m'ont attiré l'œil, mais c'est ton éclat qui m'a rendu captif. Tu me semblais inaccessible, mais j'ai quand même tenté de te décrocher, quitte à te traîner dans la boue.
C'était sûrement sa façon à lui d'exprimer son amour, mais pour Dan, ce n'était pas suffisant.
— Je ne me serais jamais douté... et même maintenant, j'ai peine à te croire.
— Tes sentiments m'apparaissent tout aussi irréels. Ce qui est logique puisqu'ils ne sont ni tangibles ni mesurables.
Dan inclina la tête, pensif. Clowis avait raison. Il aurait voulu malgré tout une preuve, autre chose en tout cas que cette froide rhétorique.
— Si je te déclarais que je brûle de passion pour toi, est-ce que cela changerait quelque chose ?
Certes pas sur ce ton. Les mots n'étaient pas dépourvu de valeur, loin de là, mais ils n'étaient pas suffisant.
— Cela aiderait. Mais tu devrais plutôt me le montrer, par exemple avec un baiser.
Clowis regarda autour de lui.
— Tu ne veux pas attendre que nous soyons rentrés ?
— Si tu m'aimes, tu ne devrais pas en avoir la patience.
Clowis, d'un pas raide, réduit à néant la distance entre eux, l'attrapa fermement par les bras et l'attira contre lui pour un baiser fondant qui enflamma si bien Dan qu'il eut l'impression se retrouver plongé dans un brasier.
Sa langue était accrochée à la sienne et il sentait la chaleur qui émanait de son corps collé au sien.

mercredi 18 novembre 2015

Contes modernes - 165

— Tu tiens à moi ? avança Dan, espérant ne pas prendre ses désirs pour des réalités.
— Je ne te payerai pas si cher autrement, répliqua Clowis.
Encore l'argent, toujours lui. Et pourtant...
— Tu pourrais m'avoir pour rien, révéla Dan, le cœur battant. Bien sûr, pas comme ça, pas tout le temps, car je vais devoir reprendre un boulot, ajouta-t-il.
— Tu t'ennuies avec moi ?
— Pas du tout. Mais je ne veux plus être ton jouet.
— Je ne te considère pas comme tel.
— Je suis quoi pour toi, alors ?
Clowis resta silencieux, ce qui était en soi une réponse éloquente.
— Au revoir, souffla Dan.
Au moins il aurait essayé. Il claqua la porte, sourd aux appels de Clowis.
Évidemment, à deux heures du matin, il n'y avait plus de transport en commun. Le placard à balai qui lui servait de logement était bien trop loin pour s'y rendre à pieds et bien sûr, il n'avait pas un sou en poche. Avec Clowis qui se baladait toujours avec son vieux portefeuille en cuir bien garni, c'était inutile. Dan se morigéna sur sa bêtise. Quel besoin avait-il eu de tout plaquer en plein milieu de la nuit ?  Et qu'avait-il cherché à faire dire à Clowis ? Qu'il était spécial à ses yeux ? Quelle blague ! Dan passa la main dans ses cheveux. Il allait lui manquer.
Il inspira à fond, réfléchit que le bar dans lequel il avait rencontré Clowis était nettement plus près que son studio et qu'y aller était l'occasion de voir s'il y avait toujours une place là-bas pour lui.
Grâce à Clowis, il avait pu mettre de l'argent de côté, mais avec les frais d'hôpitaux, tout aurait tôt fait de disparaître, il avait donc tout intérêt à retrouver rapidement un job.
Dan remonta le col de sa veste et se mit en route, regardant régulièrement les étoiles qui brillaient dans le ciel. Cela lui donnait le courage d'avancer. Qu'il ait fait le bon choix ne l'empêchait pas d'être triste.

Au bar, le patron était occupé derrière le comptoir, mais il lui proposa d'attendre à l'arrière, dans les vestiaires.
Avant de s'y rendre, Dan regarda un moment le gogo dancer sous la douche qui faisait des mouvements lascifs en étalant généreusement du savon blanc crémeux sur son corps musclé. Il bougeait bien et était bien bâti. Il n'éveillait cependant aucun désir chez Dan. Son engin de bonne taille moulé dans l'étroit slip le laissait indifférent. Celui de Clowis au repos comme au garde-à-vous, c'était en revanche une autre histoire... Le plus fatal étant son sourire, si rare, si précieux.
Dan, après avoir salué quelques connaissances s'installa sur une chaise dans les vestiaires, devant les casiers où les employés déposaient leurs affaires.

mardi 17 novembre 2015

Contes modernes - 164

— Tu as trop bu ?
Dan n'avait pas dû boire plus de trois verres en tout et pour tout, mais cela ne le dérangeait pas que Clowis mette son comportement sur le compte de l'alcool.
Il croyait le connaître, mais il se trompait. Dan n'avait aucun goût pour l'argent et n'était en réalité ni docile ni discipliné. Sa passion, c'était la danse, mais il avait dû arrêter de poursuivre dans cette voie pour payer les factures d'hôpital d'Aurélien.
Une fois au lit, il se montra plus entreprenant que d'habitude, écoutant ses envies plutôt que les directives de Clowis. Il couvrit de baisers son moignon, lécha l'intérieur de sa cuisse, déconcertant visiblement l'impassible Clowis. C'était terriblement excitant de le voir comme ça. Dan se doigta lui-même pour pouvoir plus vite sentir en lui le pénis brûlant et palpitant de Clowis. Il bougea au-dessus de lui à un rythme endiablé jusqu'à qu'il jouisse, son orgasme entraînant celui de Clowis.
Il se laissa ensuite retomber sur lui, essoufflé et l'embrassa au niveau de son cœur avant de se détacher de lui et de se lever, les jambes faibles. Il commença à s'habiller.
Clowis l'interpella :
— Où vas-tu ?
— Je rentre chez moi.
— Ce n'est pas raisonnable. Dors ici.
— Non.
Dan n'avait plus à obéir. Il était libre puisqu'il avait décidé que c'était fini. Il lui était impossible toutefois de vraiment s'en réjouir, car cela signifiait également qu'il ne le verrait plus.
Sur un pied, n'ayant pas eu le temps de remettre sa jambe artificielle, Clowis se mit debout à son tour non sans quelques difficultés.
— Prends un taxi. Et n'oublie pas ton enveloppe.
— Garde-là. Considère ça comme un cadeau d'adieu.
Le dernier mot lui écorcha la bouche. Il se détourna prêt à partir.
— Attends ! Que veux-tu dire par là ?
Clowis avec son unique jambe eût été plus que facile à distancer. Cependant, Dan crut déceler une pointe d'angoisse dans sa voix qui le retint. Il pivota sur lui-même pour lui faire face. Clowis, malgré son masque impénétrable avait un côté vulnérable, perché sur pied, sans sa jambe artificielle.
— Cela signifie que je ne coucherai plus avec toi, de jour comme de nuit.
— Tu t'es trouvé un autre protecteur ?
— Quand donc ? riposta Dan.
Il était exact qu'il avait rencontré tout un tas de gens fortunés en accompagnant Clowis, mais ce dernier ne le quittait guère des yeux et Dan était resté à ses côtés sans chercher à créer des liens avec tout ce beau monde.
Clowis dut réaliser de lui-même que sa théorie ne reposait sur aucun fondement, car il demanda :
— Pourquoi ?
— En quoi cela t'importe ? Les types qui sont prêt à vendre leur corps, cela court les rues.
— Je peux te payer plus.
Il prenait vraiment son portefeuille pour une baguette magique, songea Dan avec emportement.
— Tu me proposerais toute fortune que je ne coucherai plus avec toi ! s'écria-t-il.
Il lui tourna le dos, cela ne servait à rien de continuer à lui parler.
— Je ne comprends pas, mais ne quitte pas.
Dan vit à nouveau volte-face. Clowis donnait toujours des ordres. Aux autres de s'exécuter. Pas de supplique, pas de détresse. Alors, pourquoi tenait-il tant à ce qu'il reste ? Une affaire d'orgueil ? Non, ce n'était pas son genre...

lundi 16 novembre 2015

Contes modernes - 163

Durant la soirée de nombreux sujets furent abordés : les actualités du moment, les placements banquiers, le journalisme, les jouets en bois, la peinture avec notamment les tableaux et croquis d'Ariel qui allaient bientôt être exposés, la littérature avec le prochain livre à paraître d'un certain Cole Sorière, le dernier film en date de Mael Prynse dont la popularité n'avait fait qu'augmenter ces dernières années si bien bien que même Dan qui n'avait ni le temps de regarder la télé ou d'aller au ciné avait entendu parler de lui.
Cependant, il était globalement largué. Il n'avait pas ouvert un livre ou un journal depuis près de dix ans, se contentant d'écouter à la radio les flashs infos et ses connaissances sur la peinture étaient encore bien timides. Quant aux histoires de gros sous, elles ne le passionnaient pas.
Les regards que Ariel et Jim d'un côté, et Vic et Dillon de l'autre, s'échangeaient n'aidaient pas.
En conséquence, la soirée parut fort longue à Dan. Que Jim ait toujours le mot pour rire et que Vic ne soit pas en reste ne la sauvait pas.

Une fois de retour dans le luxueux appartement de Clowis, Dan sut qu'il devait arrêter de tergiverser. S'il ne faisait rien, rien ne changerait entre eux jusqu'à ce que Clowis ne se déniche quelqu'un d'autre qui danserait mieux que lui.
— Passons dans la chambre à coucher, déclara Clowis d'un ton neutre, préambule à un brûlant corps à corps au lit qui serait ponctué par une généreuse enveloppe de billets.
— Non.
Clowis ne cilla pas devant ce refus clair et net.
— Tu es trop fatigué ? demanda-t-il d'une voix calme et posée.
— Ce n'est pas le problème. Je ne veux plus continuer comme ça.
— Ce que je te donne ne te suffit plus ? Combien alors ?
La résolution de Dan d'avouer ses sentiments s'effondra. C'était inutile. Clowis le considérait comme un type vénal. Ce n'était pas le cas. Il s'était prostitué pour son frère, enfin, pas complètement, parce qu'il aurait pu persévérer à tirer le diable par la queue. En un sens, il méritait que Clowis ne le pense qu'intéressé. Lui répondre qu'il voulait son cœur ne ferait que les embarrasser tout les deux.
— Tu crois vraiment que tout peut se résoudre avec de l'argent ? répliqua-t-il à la place avec un soupçon d'amertume
— Je suis bien placé pour savoir que non déclara Clowis en touchant sa jambe mutilée, mais il facilite les choses.
C'était vrai. Cela ne permettait pas que son frère endormi depuis trop longtemps ne sorte de son coma, mais qu'il reste branché avec une chance de se réveiller un jour.
— Allons dans la chambre, soupira Dan.
— Tu ne m'as pas dit, combien tu...
Dan plaqua sa bouche sur celle de Clowis pour l'empêcher de finir. Tant pis cela lui déplaisait... Ce serait la dernière fois aujourd'hui qu'il coucherait avec lui et la première qu'il ne prendrait pas l'argent après. Si Clowis ne comprenait pas, c'était son problème.

vendredi 13 novembre 2015

Contes modernes - 162

Hélas, il se révéla que le dîner était en petit comité, augmentant son malaise. Il n'y avait là que Vic et son époux, Dillon, Jim Sanders croisé lors de vernissages et son compagnon, ainsi qu'un jeune homme aux magnifiques yeux vert clair. Les présentations faites, il se révéla qu'ils s'appelaient Ariel et Cain, que l'un était maître-nageur et l'autre étudiant en journalisme. Un convive manquait. Le partenaire de Cain. Dillon eût tôt fait de ranger son couvert.
— Nous nous faisions une joie de le rencontrer enfin, pas vrai, Ariel ? déclara Jim.
Le jeune homme roux hocha la tête.
— Je n'ai pas réussi à le convaincre, mais cela lui faisait beaucoup de venir jusqu'ici et de rencontrer plein de gens. Ceci dit, comme je l'expliquais à Ariel un peu plus tôt, je ne désespère pas de le convaincre de vous accueillir dans notre château, un de ces jours.
— Oncle Jim, à t'entendre, tu n'as fait le déplacement que pour ça, glissa Vic.
— Tu ne croyais tout de même pas que c'était pour tes beaux yeux ? Non, c'était pour ceux de ma nièce favorite qui n'a finalement pas pu se joindre à nous. Blague à part, j'avais encore des affaires à régler ici et Ariel a été assez adorable pour m'accompagner. Quant à Cain, comme je t'en ai informé, il souhaiterait t'interviewer.
— C'est pour mon futur dossier sur le succès et la célébrité... précisa le beau jeune homme.
— Si c'est c'est vraiment cela dont il s'agit, coupa Jim.
Ariel fronça les sourcils et lui donna un coup de coude.
Dan se sentait exclu de la conversation. C'était souvent le cas quand il accompagnait Clowis. Les gens parlaient de choses dont il n'était pas au courant parce qu'ils avaient des liens étroits entre eux. Clowis, sûrement parce qu'il était habitué aux mondanités, n'était à priori jamais gêné de ne pas tout suivre. De toute façon avec lui, impossible de savoir. Il aurait fait un excellent joueur de poker.
— Ton ami, c'est un ancien pompier qui a été brûlé dans l'exercice de ses fonctions, c'est ça ? demanda Vic.
— Oui. Maintenant, il fabrique de superbes jouets en bois, de véritables œuvres d'art qu'il vend par correspondance ! s'enthousiasma Cain.
— Peut-on lui commander quelque chose de spécifique ou est-ce sur catalogue ? intervint Clowis.
— Les deux sont possibles, répondit Cain, tout en lui tendant par dessus la table une carte de visite décorée par la photo d'une splendide rose en bois.
Sa fierté pour son partenaire était perceptible et il avait clairement à cœur ses intérêts.
— C'est quand même vraiment dommage que tu n'aies pas réussi à le convaincre de venir.
Jim Sanders semblait prendre un certain plaisir à asticoter le jeune homme.
Pour sa part, Dan n'était pas fâché de cette absence. Trois couples amoureux alors que lui n'était que l'escort boy de Clowis en dépit des sentiments qui avaient fini par éclore en lui, c'eût été trop. Il se sentait vraiment déplacé au milieu des autres invités et était très gêné vis-à-vis de Dillon qui n'avait d'ailleurs guère ouvert la bouche depuis le début de la soirée. Il ne paraissait toutefois pas partager son malaise. Son regard gris était même amical. A priori, il ne lui en voulait pas. Sans doute parce qu'au bout du compte, lui et son prince charmant avait fini par se remettre ensemble.
— Je lui ai promis de ne pas l'obliger à sortir, alors, c'est normal et ce n'est pas grave.
— Il a la chance et le plaisir de le garder tout pour lui comme ça, déclara Vic.
— Possessif comme toujours, à ce que je vois, commenta Jim.
— Parce que toi, tu ne l'es pas peut-être ? rétorqua Vic.
— Si peu... répliqua Jim.
Ariel eut un sourire qui tendait à faire penser qu'il n'en était rien. Cain lui en retourna un, plein de connivence. Ces deux-là devaient être amis, ce qui devait déplaire à Jim qui se renfrogna. Il n'avait pourtant pas de soucis à ce faire, le jeune homme roux n'avait d'yeux que pour lui.
Dillon se leva, pour chercher quelque chose en cuisine. Vic l'imita.
— Ça va, assura Dillon. Je peux me débrouiller.
— Je n'en doute pas. Mais on reçoit à deux. Il n'y aucune raison que tu fasses tout, alors dis merci et pas de discussion.
Ce côté autoritaire n'était pas sans ressembler à Clowis. Était-ce le propre des gens ayant de l'argent ou un simple trait de caractère ? Sans doute un peu des deux.
Dillon et Vic s'éloignèrent. Clowis se lança dans une conversation sur l'art avec Jim qui possédait des galeries de peinture. Ariel se mit à écrire dans un carnet qu'il montra à Cain qui lui répondit de vive voix :
— Non, cela ne me dérange pas de sortir seul tout le temps. Si Angel préfère vivre à l'abri des regards, c'est son droit.
Ariel écrivit encore.
— Oui, j'espère que bientôt tu pourras faire sa connaissance.
Dan qui observait leur manège finit par comprendre que le jeune homme roux était muet,  et non juste du genre silencieux.
Ne pouvant participer à aucune des deux discussions, Dan se leva, précisant à l'intention de Clowis qu'il allait donner un coup de main à leurs hôtes.
Clowis approuva d'un signe de tête et poursuivit avec Jim ses considérations sur l'art moderne.

Quand Dan entrebâilla la porte de la cuisine, il se figea sur le seuil, n'osant pas entrer devant l'intimité de la scène qui se jouait.
Dillon se tenait les bras levés pour récupérer une bouteille dans le placard au-dessus de l'évier et Vic se trouvait derrière lui, collé à son dos, la bouche perdue dans son cou.
— Vic... gémit Dillon.
— Oui, je sais, ce n'est pas le moment, mais j'ai envie de toi.
— Il faut qu'on retourne auprès des invités.
— Certes, mais nous ne sommes pas à la minute non plus, répliqua Vic, ses mains venant caresser les cuisses du jeune homme.
Dan referma en douceur et revint lentement au salon. Ces deux-là étaient vraiment fou amoureux l'un de l'autre. Le second couple formé par Jim et Ariel était du même acabit. Cela se voyait à la jalousie de Jim qui montrait à quel point il tenait à Ariel, mais aussi et surtout à leur muette complicité. Quant à Cain, son partenaire avait beau ne pas être présent, il suffisait de l'entendre parler de lui pour comprendre la force de l'amour qui les liait. Seul le couple formé par lui et Clowis était bancal.

jeudi 12 novembre 2015

Contes modernes - 161

Hélas, il se révéla que le dîner était en petit comité, augmentant son malaise. Il n'y avait là que Vic et son époux, Dillon, Jim Sanders croisé lors de vernissages et son compagnon, ainsi qu'un jeune homme aux magnifiques yeux vert clair. Les présentations faites, il se révéla qu'ils s'appelaient Ariel et Cain, que l'un était maître-nageur et l'autre étudiant en journalisme. Un convive manquait. Le partenaire de Cain. Dillon eût tôt fait de ranger son couvert.
— Nous nous faisions une joie de le rencontrer enfin, pas vrai, Ariel ? déclara Jim.
Le jeune homme roux hocha la tête.
— Je n'ai pas réussi à le convaincre, mais cela lui faisait beaucoup de venir jusqu'ici et de rencontrer plein de gens. Ceci dit, comme je l'expliquais à Ariel un peu plus tôt, je ne désespère pas de le convaincre de vous accueillir dans notre château, un de ces jours.
— Oncle Jim, à t'entendre, tu n'as fait le déplacement que pour ça, glissa Vic.
— Tu ne croyais tout de même pas que c'était pour tes beaux yeux ? Non, c'était pour ceux de ma nièce favorite qui n'a finalement pas pu se joindre à nous. Blague à part, j'avais encore des affaires à régler ici et Ariel a été assez adorable pour m'accompagner. Quant à Cain, comme je t'en ai informé, il souhaiterait t'interviewer.
— C'est pour mon futur dossier sur le succès et la célébrité... précisa le beau jeune homme.
— Si c'est c'est vraiment cela dont il s'agit, coupa Jim.
Ariel fronça les sourcils et lui donna un coup de coude.
Dan se sentait exclu de la conversation. C'était souvent le cas quand il accompagnait Clowis. Les gens parlaient de choses dont il n'était pas au courant parce qu'ils avaient des liens étroits entre eux. Clowis, sûrement parce qu'il était habitué aux mondanités, n'était à priori jamais gêné de ne pas tout suivre. De toute façon avec lui, impossible de savoir. Il aurait fait un excellent joueur de poker.
— Ton ami, c'est un ancien pompier qui a été brûlé dans l'exercice de ses fonctions, c'est ça ? demanda Vic.
— Oui. Maintenant, il fabrique de superbes jouets en bois, de véritables œuvres d'art qu'il vend par correspondance ! s'enthousiasma Cain.
— Peut-on lui commander quelque chose de spécifique ou est-ce sur catalogue ? intervint Clowis.
— Les deux sont possibles, répondit Cain, tout en lui tendant par dessus la table une carte de visite décorée par la photo d'une splendide rose en bois.
Sa fierté pour son partenaire était perceptible et il avait clairement à cœur ses intérêts.

mercredi 11 novembre 2015

Contes modernes - 160

Clowis ne le traitait pas mal. Il ne l'humiliait pas devant son entourage, le présentant comme un collaborateur proche. Hormis l'affaire avec Dillon, il n'avait jamais rien exigé d'extravagant de lui, même pas au lit : pas de cordes, pas de sextoys, pas de déguisements, pas de positions extrêmes... Tout ce que Dan avait à faire, c'était l'accompagner, danser pour lui dans le plus simple appareil, et lécher, sucer, embrasser, caresser en se laissant faire la même chose en retour. En échange de quoi, il recevait suffisamment d'argent pour payer toutes ses factures et même épargner.. C'était la belle vie et pourtant, il voulait plus. Pour Clowis, Dan n'était rien et cela le tuait...
La vérité se fit jour en lui, douloureusement simple et risible. Si l'attitude de Clowis vis-à-vis de Lou Desbois l'avait autant agacé, c'est qu'il souhaitait être spécial à ses yeux et cela ne pouvait signifier qu'une chose : à force de fréquenter Clowis, en dépit du fait que ce soit un homme froid et non une femme souriante toutes en formes et courbes, il était tombé amoureux de lui.
Quand et comment ses sentiments avaient-ils pu naître ? Il n'y avait pas de vraie réponse à cette question. C'était arrivé. Il s'était mis à l'aimer. Qu'il l'amène régulièrement au septième ciel avait dû jouer, de même que le confort qu'il lui avait procuré avec son argent qui lui avait permis d'enfin cesser de s'inquiéter de ne pas pouvoir payer les factures d'hôpital de son frère... Mais au bout du compte, ce n'était pas l'essentiel. C'était sa générosité profonde qui l'avait conquis, ces rares sourires qu'il avait, son courage vis-à-vis de son handicap dont il ne se plaignait jamais...
Qu'allait-il faire de cet amour pour lui ? Lui avouer ? Clowis ne risquait pas de le croire.  Le sexe, de même que sa compagnie, était tarifé. Si Dan manifestait son désir de ne plus être payé, est-ce que Clowis serait toujours intéressé ? Dan devrait recommencer à travailler et ne pourrait plus être sans cesse à la disposition de Clowis, chose que ce dernier avait voulu. Il ne serait plus le jouet prêt à danser à chaque ouverture de son portefeuille. Cela risquait de marquer la fin de leur relation, une perspective qui glaçait Dan. Et pourtant, les choses ne pouvaient rester comme ça entre eux. Il souffrait trop de la situation. Il voulait être sur un pied d'égalité avec lui et actuellement, c'était impossible.

    Quelques jours plus tard, alors que Dan hésitait toujours sur comment récupérer sa liberté et avouer son amour tout en gardant son lien avec Clowis, ce dernier lui annonça brusquement qu'ils allaient dîner chez Vic Sanders.
Dan tiqua. Cela le mettait mal à l'aise de le voir, lui et son conjoint. Ce n'était pas Cupidon qu'il avait joué entre eux, mais bien une douteuse comédie dont il n'était pas fier. Il n'appréciait pas non plus que Vic, en tant que PDG d'une boîte prospère et héritier d'une fortune de taille, soit l'égal de Clowis. En d'autres termes, il était jaloux. Ce qui n'était à la base qu'une relation d'affaires entre les deux hommes s'étaient mués en amitié, sans doute parce qu'ils étaient gays et riches tout les deux.
Le dernier point qui gênait Dan, c'était la façon dont Vic et Dillon se regardaient. Leur amour transparaissait trop, rappel cruel de ce qu'il n'avait pas.
Dan envisagea de se prétendre malade, mais renonça. Il n'avait aucune chance qu'il parvienne à convaincre Clowis qui avec une rigueur toute militaire lui intimerait de faire un effort. Il se résigna donc à prendre sur lui.

mardi 10 novembre 2015

Contes modernes - 159

Ce n'est que vers midi que Clowis se mit debout, presque au garde-à-vous, en voyant deux hommes descendre l'escalier, l'un barbu et séduisant, l'autre petit et insignifiant. Au bas des marches, le barbu embrassa à pleine bouche le petit qui rougit. En voilà deux qui en dépit de leur homosexualité, n'avait pas peur de s'afficher en public, enfin, l'un d'entre eux, l'autre étant visiblement embarrassé.
Clowis ne se donnait jamais ainsi en spectacle. Tout se déroulait en privé, strictement dans le cadre de la chambre à coucher, très précisément au lit.
Clowis se dirigea vers le couple. Dan lui emboîta le pas.
— Monsieur Desbois.
— Ah... Monsieur Furren.
Clowis sortit une enveloppe qu'il lui tendit.
— Avec mes remerciements, comme à chaque fois.
— Ce n'est vraiment pas nécessaire, tant d'années d'après. Déjà que cela ne l'était pas la première.
— Je vous dois la vie.
— Vous y avez perdu une jambe.
Ainsi, c'était donc en montagne que Clowis était devenu unijambiste...
— C'était le prix de de mon arrogance à me croire invincible.
— Si cela vous fait plaisir, je la prends, mais...
— J'y tiens. Merci.
— Non, c'est moi.
— Me ferez-vous le plaisir de déjeuner avec nous ?
Voir Clowis se montrer aimable avec cet homme énerva Dan. En voilà encore un que Clowis respectait. Il lui donnait certes de l'argent, mais parce qu'il se sentait redevable à son égard. Lou Desbois ne lui devait rien en retour.
— Pas cette année, désolé. Mon amour et moi sommes attendus chez mes parents.
— Bien sûr, pas de problème. Je vous souhaite beaucoup de bonheur.
Lou passa son bras sur l'épaule de son « amour » qui les salua gauchement d'un signe de tête et ils s'éloignèrent. La main du barbu glissa dans le creux du dos jusque sur la fesse de son partenaire par laquelle il le poussa gentiment dehors.
— Rentrons, déclara Clowis.
Tout ça pour ça ? songea Dan. Il aurait pu lui poster son enveloppe plutôt que de se fatiguer à venir lui donner en mains propres, preuve supplémentaire de l'importance qu'avait Lou Desbois pour lui.
Durant le trajet du retour, pendant que Clowis, muet, regardait les nuages à travers le hublot, Dan eut tout le temps de réfléchir à ce que sa vie était devenue.

lundi 9 novembre 2015

Contes modernes - 158

Les mois passants, Dan en était venu à se détester d'être devenu le pantin de cet homme froid et inexpressif auquel il s'était attaché malgré lui.
Le visage de Clowis avait beau ne pas laisser passer une seule émotion, Dan l'avait vu faire preuve de largesse envers de multiples organisations et associations caritatives, preuve qu'un cœur généreux battait dans sa poitrine. Dan avait aussi compris à quel point Clowis était seul, résolvant tout en puisant dans son portefeuille, donnant des ordres que les autres exécutaient.
L'unique personne avec qui Dan l'avait vu sur un pied d'égalité, c'était Vic Sanders, le président de PMDTX. Dan l'avait jalousé, de même qu'il avait envié l'amour qui unissait Vic et Dillon dont il avait été contraint d'assisté au mariage à son grand embarras vu le rôle qu'il avait joué auprès de Dillon.
La seule chose qui les liait Clowis et lui, c'était le sexe et l'argent. Dan était comme son toutou de compagnie, le suivant partout comme son ombre, dansant et chevauchant Clowis quand celui-ci le souhaitait. C'était étouffant comme situation, mais Dan ne pouvait s'empêcher d'aimer être avec lui, de le sentir palpiter en lui. Sans compter que grâce à lui, il n'avait plus de soucis pour payer les frais d'hôpital de son frère. Cependant, sa dépendance vis-à-vis de lui l'horrifiait. Il appréhendait le moment où tout cesserait, tout en l'espérant. Il était convaincu que Clowis finirait par se lasser et désirer un autre jouet.
En attendant cette fin inévitable, Dan avait accompagné Clowis qui, comme d'habitude,  n'avait pas daigné lui expliquer ce qui motivait leur déplacement jusqu'à ce trou perdu. Oui, Dan l'avait suivi sans poser de questions. Il en avait perdu le droit en se laissant acheter.

— Je cherche Lou Desbois, déclara Clowis, sans se départir de son visage sévère, à l'homme qui se trouvait derrière le comptoir de l'auberge dans lesquels ils venaient de pénétrer.
— Si c'est pour un tour en montagne, sachez qu'il est en congé aujourd'hui.
— Où pourrais-je le trouver ? demanda  Clowis, posant un billet sur le comptoir que l'autre empocha.
— Il a dormi ici, mais n'est pas encore descendu.
— Nous allons attendre qu'il le fasse, répondit Clowis, posant un second billet sur le comptoir que l'autre prit, en assurant que cela ne posait pas de problème.
Clowis prit place à une des tables de la salle de restauration. Dan l'imita, se demandant ce que Clowis pouvait vouloir à ce guide de montagne, l'escalade n'étant pas vraiment adaptée à son état. Le nom de Lou Desbois était en tout cas cocasse. Dan le souligna, pouffant presque, mais Clowis le calma d'un regard glacial.

vendredi 6 novembre 2015

Contes modernes - 157

Très vite, Clowis avait souhaité que Dan cesse son boulot de gogo dancer de façon à ce qu'il soit libre toutes les nuits. Dan n'avait pas discuté. Il gagnait plus d'argent à se faire baiser qu'à se trémousser et il était désormais accro au sexe anal. Il en était même venu à se dire que le jour où Clowis se serait lassé de lui, il lui faudrait dénicher une partenaire prête à le doigter ou à utiliser un gode ceinture. C'était trop délicieux de se faire prendre pour qu'il y renonce.
Clowis avait fini par exiger que Dan quitte également son boulot au fastfood, chose que ce dernier n'avait pas compris. Ils n'allaient tout de même pas baiser nuit et jour, tout tentant que cela soit !
Il avait résisté, car cela impliquait une dépendance dangereuse, mais le portefeuille de Clowis semblait sans limite. Par ailleurs, préparer des hamburgers et des frites à longueur de journée était plutôt déprimant. Il avait aussi du mal avec les autres employés face auxquels il prétendait avoir une vie sociale bien remplie pour ne pas être contraint de parler de son job de nuit, tout en évitant de se faire taxer de pantouflard, comme un de ses jeunes collègues.
En journée, Dan s'était retrouvé à faire figuration dans le bureau de Clowis, un peu comme un jouet en vitrine, juste là pour être regardé.   Il avait rendu la pareille en observant Clowis, parfois halluciné par son stoïcisme : rien ne semblait jamais l'émouvoir ; même quand il apprenait qu'il avait perdu de l'argent, il demeurait impassible.
Totalement sous la coupe de Clowis, il avait dû l'accompagner partout, à des soirées, des cocktails de bienfaisance, des ouvertures de galeries...
Il était devenu une marionnette dans ses mains, exécutant ses moindres caprices. Il avait été même obligé de jouer la comédie à un pauvre jeune homme. Sa mission avait consisté à le séduire. Dieu merci, il n'avait eu finalement qu'à poser sa main sur la sienne parce qu'en dépit des ordres de Clowis, il se serait mal vu aller plus loin. Raconter des bobards en prétendant être un jeune loup aux dents longues, ce n'était pas trop difficile, mais embrasser, caresser, tout ça, il ne le voulait pas. Tant qu'il ne couchait qu'avec Clowis, il pouvait prétendre que ce n'était pas vraiment de la prostitution, quand bien même chacune de ses prestations lui valaient une compensation financière.
Le jeune homme qu'il avait été obligé de duper, un certain Dillon, s'était révélé amoureux de son patron, Vic Sanders à qui Clowis avait proposé cette technique douteuse pour vérifier si Dillon était prompt à ouvrir les cuisses ou pas.

jeudi 5 novembre 2015

Contes modernes - 156

Une main gelée s'était glissée dans la raie des fesses de Dan et son anus avait été massé longuement avant qu'un doigt froid ne s'y enfonce.
Dan s'était efforcé de penser à autre chose, mais une main sur son pénis l'avait ramené à la réalité, à cet étranger inexpressif qui le touchait. Son contact était invasif, mais non dépourvu de douceur et le membre de Dan s'était érigé tandis que l'inconfort du doigt qui se mouvait en lui s'était mu en un étrange plaisir. Des gémissements lui avaient échappé malgré lui. Il aurait voulu pouvoir rester indifférent, mais c'était trop bon pour cela. Clowis s'était interrompu, lui indiquant les préservatifs. Chacun avait enfilé le sien.
Clowis s'était allongé et lui avait demandé de le chevaucher. A l'idée que c'était à lui de s'empaler sur l'engin de Clowis, Dan avait pâli. Il avait jeté un coup d'œil au paquet de billets, pensé aux factures de l'hôpital qui n'allaient pas en diminuant, alors, il avait serré les dents et s'était mis au-dessus de Clowis, se positionnant de chaque côté de ses cuisses. C'était à peine s'il avait regardé le moignon, tout entier qu'il était focalisé sur la longue verge dressée qui n'attendait hélas que lui. Il avait été incapable de l'attraper sans une grimace. C'était la première fois qu'il touchait un autre pénis que le sien et avait espéré sur l'instant que c'était aussi la dernière. Ce n'était pas entré comme dans du beurre, mais avec le lubrifiant qui avait été appliqué généreusement, cela s'était fait sans mal. Bouger lui avait coûté, mais encouragé par la main de Clowis qui montait et descendait sur son sexe en érection. Il avait gémi de plus en plus fort, accélérant le rythme jusqu'à ce que submergé par le plaisir grandissant qu'il éprouvait, il jouisse dans un cri. Il en avait été effaré. Essoufflé, il s'était immobilisé. Clowis lui avait intimé de se pousser. C'était terminé.
Dan ne s'était pas vraiment senti soulagé que ce soit fini. Cette expérience du sexe anal s'était révélée si bonne que c'en était perturbant. Clowis lui avait proposé de recommencer pour la même somme. Dan avait accepté. Il n'était pas à une fois près...
La deuxième soirée avec Clowis avait été également troublante, toujours à cause de l'attitude froide de l'unijambiste, du fait que Dan vendait son corps à un quasi-inconnu, mais aussi du plaisir éprouvé en sentant son pénis en lui. Il était attiré par les femmes, mais se faire sodomiser procurait des sensations si extraordinaires que Dan avait presque l'impression que c'est lui qui aurait dû payer !
Au lieu d'appréhender ses nuits avec Clowis, il s'était mis à les attendre avec impatience. Clowis avait beau ne rien laisser filtrer de ses émotions, d'être froid quand il s'exprimait, cela ne l'empêchait pas d'être passionné au lit. Il savait où et comment toucher Dan pour le rendre brûlant de désir...

mercredi 4 novembre 2015

Naissance et projet : Cœur de fantôme

Je sais, je vous avais présenté un paquet de projets d'histoires et de suite d'histoires possibles, mais voilà, d'autres apparaissent invariablement, passionnant souvent davantage que les "vieilles" idées.

Résumé de Cœur de fantôme :
Zack ne croit pas aux fantômes, mais sa rencontre avec Nino pourrait bien le faire changer d'avis, car le jeune homme, non content de les voir, a la fâcheuse tendance à être possédé par ces derniers, et en fréquente même un, Kazuya, qui sait se rendre visible, de quoi achever de convaincre Zack !

Je profite de l'annonce de ce nouveau projet pour vous informer également que j'attends pour début janvier 2016 un second petit garçon, donc ne vous étonnez pas si aux alentours de cette période, il se passe quelques jours sans rien sur le blog sans que j'ai prévenu !

Bref, après toutes les couvertures de Contes modernes, cette présentation et cette information, retour (enfin) demain de Danse sur un pied !

mardi 3 novembre 2015

Couverture de Contes Modernes

Sous cette couverture encore susceptible de changer, vous devriez trouver les 9 contes (et leurs bonus si on ne dépasse pas les 900 pages avec) mais avant cela, il reste Danse sur un pied qui revient le 5 novembre, ainsi que Coma, L'Auberge des 7 nains et Chute.

Demain avant le retour de Danse sur un pied, présentation d'un nouveau projet d'histoire qui débutera peut-être avant la fin des Contes modernes.

lundi 2 novembre 2015

Couverture de Chute

Et voici la couverture de Chute, le 9ème et ultime conte moderne. Mael Prynse en sera un des héros.
Demain, ce sera le tour de la couverture provisoire de l'édition intégrale des contes modernes d'être dévoilée.