mercredi 15 juillet 2020

Pause estivale

Je ne pars nulle part, mais les corrections de L'Empreinte de l'orc et de Contes Modernes m'ont fatigué et empêché d'écrire autant que j'aurais voulu, aussi la pause s'impose !

Donc, après l'épisode d'aujourd'hui, je vous donne rendez-vous le 3 août pour la suite du Fée féminin. Je sais que l'histoire d'amour y progresse à pas de fourmis, mais promis, ça va finir par bouger...

Je compte sur la pause pour me reposer, mais aussi avancer dans l'histoire de mon fée, et peut-être aussi concocter une petite surprise pour le 12ème anniversaire de Love Boy's Love qui se rapproche à grands pas. :)

Contes Modernes, le livre est enfin disponible

Avec 5 ans de retard, l'intégrale de Contes Modernes est enfin disponible sur Thebookedition
Il coûte en papier 16€ et en PDF, 6,70€ pour 688 pages dont un épilogue inédit de 8 pages + 50 pages d'autres points de vues bonus (dont 14 inédites)


Résumé : La réalité dépasse souvent la fiction à telle point, qu'écrite, elle en devient invraisemblable. Il suffit de lire les faits divers dans les journaux ou de les écouter à la radio. Des atrocités inimaginables côtoient d'incroyables miracles. Et, si pareilles histoires existent, pourquoi les contes de fée n'auraient-il pas un écho dans notre monde moderne ?

Redécouvrez 9 contes liés entre eux par des personnages communs : Cendrillon (avec Chaussure perdue en environ 100 pages), Le Petit Ondin (avec Sauvetage silencieux en 80 pages), Le Beau et la Bête (avec Brûlure en 100 pages), Hans et Gretel (avec Bonbon encré en 80 pages), Le Petit Chaperon Rouge (avec Loup des Neiges en 55 pages), Le Stoïque Soldat de plomb (avec Danse sur un pied en 45 pages), Le Bel au Bois Dormant (avec Coma en 40 pages), Blanc-Neige (avec L'auberge des 7 nains en 50 pages), Raiponce (avec Chute en 65 pages) 

N.B. J'ai retiré de la vente le 1er conte, Chaussure Perdue, dans la mesure où les 8 autres n'auront finalement pas le droit à d'édition individuelle. 

La palme du pire prince charmant est remise à Vic de Chaussure perdue. Et ce, de toutes mes histoires confondues, pas seulement les Contes Modernes.
Autrement, je vous avoue que le conte que j'ai préféré rerererererelire, c'est Brûlure, mais en même temps le conte de la Belle et la Bête est mon favori.  
Ma préférence va ensuite à Loup des Neiges...

— Vous avez des yeux immenses, constata-t-il.
— C’est comme ça que je t’ai repéré dans toute cette neige, bébé.
Le regard de Carmin descendit vers les profondeurs du sac de couchage.
— Vous avez de longues jambes.
— C’est plus pratique en montagne, trésor.
Un trésor ? Lui ? Si peu... Lou Desbois s’en rendrait compte bien vite, même si pour l’heure, la façon dont il l’enlaçait donnait à Carmin l’impression de lui être précieux.
— Et de grands bras.
— C’est pour mieux réchauffer les égarés, mon chou, répliqua Lou en le plaquant contre son torse.
— Et de larges mains... murmura Carmin alors qu’elles se remettaient à le caresser.
— Là encore, chéri...
— Et un énorme pénis, acheva Carmin dans un souffle, en sentant le membre de Lou en érection.
— C’est pour mieux baiser, mon ange.
Et en disant ces mots, Lou le serra plus étroitement avant de le dévorer de baisers.

Le fée féminin - 35

— Tu perturbes la vie du dortoir, je n’ai fait que mon devoir.
— OK. Je suis sûr que le directeur t’informeras en temps et en heure d’où je vais, maintenant, pousse-toi, s’il-te-plaît.
Xavy faillit ajouter ironiquement « ne m’oblige pas te faire les yeux doux pour que tu daignes libérer le passage. »
Finalement, Wylk soupira.
— Très bien. Va où tu veux. Je m’en lave les mains.
Xavy put enfin sortir. Il eut la surprise de retrouver le professeur de sorts juste à côté de la porte.
— Laisse-moi te prendre ton bagage et nous téléporter.
Xavy acquiesça.
Zibulinion le débarrassa, lui prit les mains et un instant plus tard, ils étaient dans une jolie pièce aux murs revêtus de lambris marqueté, éclairée par un globe lumineux. Il y avait un lit qui ressemblait à une coque de barque renversée,  avec juste à côté une petite table ronde dorée perchée sur un large pied, une étagère argentée, un bureau en bois massif, un gros fauteuil et un imposant coffre.
— J’ai séjourné ici autrefois après avoir été expulsé du dortoir… Ce qui n’est pas ton cas, ajouta Zibulinion avec un soupçon d’embarras.
— L’ameublement est très joli.
— Oui, c’est Relhnad qui… Mais tu n’es pas là pour m’écouter radoter sur mes vieux souvenirs…
Le professeur de sorts était moins à l’aise qu’en salle de classe, mais cela le rendait plus abordable.
— Si cela m’intéresse, affirma Xavy avant d’étouffer un bâillement.
Ce fur son tour d’être gêné. A sa décharge, la journée avait été longue et stressante, mais tout de même…
Zibulinion prit bien la chose et rit.
— Je vois ça… Va donc te coucher. Il sera toujours temps de t’installer demain. Et si tu a besoin de quoi que ce soit, nous sommes la porte d’à côté.
Zibulinion parti, Xavy fit ce qu’il avait dit.
Pouvoir se déshabiller sans avoir à se préoccuper de qui pouvait le regarder fut un plaisir, de même que ne pas avoir à s’embêter à mettre la chemise de nuit réglementaire.
Peut-être regretterait-il d’avoir quitté le dortoir par la suite, mais pour l’heure, cela en valait la peine.
Bien que dans une pièce non familière, il s’endormit sans mal et rêva d’un certain sorcier barbu.

mardi 14 juillet 2020

Le fée féminin - 34

Accepter une chambre à part revenait à donner raison aux autres garçons fées, à reconnaître qu’à cause de son apparence féminine, il n’était pas vraiment des leurs.
Le souci ne semblait cependant pas tant lié à son sexe qu’à sa sexualité vu leurs accusations. Ce qui était ridicule, car il n’avait jamais été attiré par quiconque, fille ou garçon. Enfin, jusqu’à récemment, car il était intéressé par Séveric Reptim. Non, le problème, c’était plutôt la sexualité des autres, du moins s’il fallait croire ce qu’avait affirmé Antoine.
— Tu n’as pas à te décider maintenant. Il n’y a pas de date d’expiration à mon offre. Et si tu as besoin de parler de quoi que ce soit, je suis à ta disposition. Tu peux aussi bien sûr te confier à d’autres professeurs, comme Zibulinion. Lui aussi est entré à Valeiage sur le tard et les autres fées ont dû s’habituer à lui.
Et maintenant le fée qui ne ressemblait en rien à un fée, y était désormais professeur et populaire avec ça. Il avait en même temps sa puissance magique pour lui alors que Xavy, lui, était faible, et que sans fortifiant, il aurait encore été   tranquille, mais seul dans sa chambre.
Il n’était pas fâché de ne plus être coincé entre quatre murs, de découvrir le monde et de se faire des amis, toujours est-il que le contraste était grand entre la façon dont il avait vécu jusqu’alors par rapport à son quotidien à l’école.
Sous cet angle, renoncer au dortoir, c’était moins baisser les bras que se faciliter la vie.
— Je veux bien, déclara-t-il. Puis-je emménager dès ce soir ?
— Oui, pas de problème et sache que tu peux changer d’avis à tout moment.
Relhnad lui donna congé et Xavy put rapporter l’entretien à Wycka qui s’offusqua du comportement des autres garçons fées et lui envia sa proximité prochaine avec le professeur de sorts.
Xavy se rendit ensuite au dortoir où il se lança aussitôt dans le rangement de ses affaires.
— Qu’est-ce que tu fabriques ? demanda un des garçons fées.
Xavy ne se fatigua pas à lui répondre – cela se voyait – et dès qu’il eut fini, se dirigea vers la sortie.
Wylk se mit en travers de son chemin.
— Où crois-tu aller ? C’est presque l’heure du couvre-feu.
— Ailleurs.
— Tu es sous ma responsabilité.
Le fée aux cheveux blond platine exagérait et prenait comme d’habitude son rôle très au sérieux. Mais il avait du culot de se comporter de la sorte après avoir été se plaindre de lui au directeur.
— Plus maintenant. Vous devez être contents, toi et les autres que je parte. Le où ne devrait pas t’inquiéter.

lundi 13 juillet 2020

Le fée féminin - 33

Le soir venu, Wycka, solidaire, l’accompagna à bon port et promit de l’attendre dans le couloir. Quand il pénétra dans le bureau, le directeur l’accueillit en souriant et lui fit signe de s’asseoir, ce que fit Xavy.
— Comment t’adaptes-tu à la vie à Valeiage ?
Se montrer honnête ou non, telle était la question… !
— Non sans mal, avoua-t-il, en croisant les jambes, frustré de n’avoir aucune mèche de cheveux sur laquelle tirer.
Il s’était surpris à plus d’une reprise à chercher où accrocher ses doigts les jours précédents.
— J’ai été informé de ton passage à l’infirmerie.
— Juste un coup de fatigue…
Il ne pouvait pas dire qu’il avait oublié de prendre le médicament qui lui permettait d’être à l’école au lieu d’être cloîtré dans sa chambre, pas sans contrarier ses parents.
— Wylk, le chef de ton dortoir a remonté des plaintes à ton sujet.
Xavy se raidit. Le directeur avait commencé avec des amabilités, mais la raison de sa présence dans son bureau, elle était là.
Rehlnad continua :
— Il semblerait que tu mettes tes camarades mal à l’aise, en les regardant avec trop d’insistance, notamment leurs parties génitales…
C’était eux. Peut-être leur rendait-il à présent la pareille, mais c’était eux qui avaient commencé.
— Note que je n’accorde pas forcément crédit à leurs accusations. Je suis en couple moi-même avec un fée, et que tu cherches à les séduire me paraît une exagération de leur part, surtout que j’ai eu vent de certaines rumeurs à ton sujet.
Faisait-il allusion à celle sur la taille du pénis de Xavy ? C’était mortifiant. Toute l’entrevue l’était.
— Bref, ce que je veux savoir, c’est plutôt si leur comportement à eux te dérange.
— Oui ! s’écria Xavy.
C’était depuis le début les autres garçons qui lui avaient fait sentir qu’il n’avait pas sa place parmi eux à cause de son apparence féminine.
— Voici un cri du cœur où je ne m’y connais pas. Ce que je te proposa, et je précise, c’est pour ton confort, pas le leur, c’est d’avoir une chambre pour toi à l’étage des professeurs. Tu auras juste à partager la salle d’eau avec Zibulinion et moi-même, les autres professeurs masculins résidant au village. Tu es bien sûr libre de refuser et de rester au dortoir avec les autres.
Un peu d’intimité et de calme ? L’offre était tentante, impossible hélas de ne pas se sentir exclus.

vendredi 10 juillet 2020

L'empreinte de l'orc, le livre est disponible

 Acheter le livre sur TheBookEditionLe livre L'empreinte de l'orc est disponible à la vente sur Thebookedition en papier au prix de 9,50€ et en PDF au prix de 5,79€ pour 296 pages (266 d'histoire principale + 30 pages de bonus)

Résumé : Dans un monde où humains et orcs s'entendent comme chien et chat, un pauvre humain croise le chemin d'un bel orc, et c'est le début d'une aventure pleine d'amour...





P.S. : Encore pas mal de relecture à faire pour l'Intégrale de Contes Modernes, mais ça avance bien !

Le fée féminin - 32

Lundi, à l’aube, Xavy se retrouva à nouveau à attendre le bus scolaire, plein d’appréhension. Est-ce que cette seconde semaine se déroulerait mieux ?
Il n’avait pas fait trois pas dans le bus qu’il trébucha et s’étala de tout son long. Cela commençait mal, songea-t-il, tandis que certaines fées ricanaient et que d’autres s’inquiétaient pour lui, Wycka la première. Les garçons au fond du bus n’eurent pas de réaction. Xavy, incertain de la façon dont ils l’accueilleraient, préféra ne pas les rejoindre. — Ta nouvelle coupe te va bien. Tu es très mignon comme ça, le complimenta Wycka.
Avant que Xavy n’ait le temps de lui confier qu’il regrettait ses cheveux longs, elle enchaîna en chuchotant qu’elle était à peu près sûre qu’une fée lui avait fait volontairement un croche-pied, que c’était une conséquence de l’attitude de Xavy vis-à-vis de Kewyn à l’infirmerie, l’autre jour.
Au début, il ne voulut pas la croire, puis quelques commentaires prononcés à voix pas si basses que cela lui firent comprendre, qu’elle ne se trompait pas. Certaines fans de Kewyn semblaient désireuses de punir Xavy pour avoir osé contrarier leur idole.
Par ailleurs, une fois au dortoir avec les autres garçons, il parut assez vite que le sacrifice de ses cheveux avait été vain. Xavy était toujours trop féminin.
Seul Chazz lui adressa la parole, lui demandant s’il s’était coupé les cheveux en raison d’un chagrin d’amour. Xavy répondit que non, l’adolescent parut étonné, mais la conversation s’arrêta là, Wylk rappelant à tout le monde qu’ils étaient temps de se rendre en cours.
Le bruit et le monde perturbant toujours Xavy, il eut vite à nouveau mal à la tête. Le cours de sort fut une fois de plus passionnant, les autres plutôt ennuyeux, puis ce fut l’heure de se coucher, moment stressant au possible pour Xavy qui se sentait obligé de cacher son corps au maximum alors que les autres garçons affichaient leur nudité sans vergogne, leur pénis tous indéniablement plus gros que celui de Xavy.
Les deux jours suivants se déroulèrent de façon similaire, avec une nouvelle chute due à un croche-pied délibéré, puis Xavy reçut au petit déjeuner une convocation au bureau du directeur pour le soir même, après les cours.
Wycka lui assura que ce ne devait pas être pour une raison grave, l’enveloppe aurait eu autrement une couleur rouge, mais cela n’empêcha pas Xavy de stresser.

jeudi 9 juillet 2020

Le fée féminin - 31

En l’absence de marques, il n’aurait pas de questions de ses parents, si ce n’est sur sa coupe de cheveux.
La maison se révéla vide. Ses parents avaient dû sortir.
Xavy se rendit dans la salle de bain pour achever de se tartiner de crème, puis drainé, alla s’allonger dans sa chambre.
Là, il se souvint de la manière abrupte dont Antoine et lui s’étaient séparés et fit l’effort de  se relever pour lui téléphoner et le rassurer.
— Merci, mon Dieu, je me faisais un sang d’encre ! cria Antoine dans le combiné.
Xavy l’écarta légèrement de son oreille.
— Tout est rentré dans l’ordre. J’ai reçu une aide inattendue, dit Xavy en lui racontant ce qui s’était passé.
— Un laboratoire plein de potions magiques, trop cool ! Je regrette trop de ne pas avoir pu voir ça de mes propres yeux ! Je suis revenu sur mes pas, tu sais, mais tu n’étais plus là.
— Pardon. Au final, plus de peur que de mal.
— Oui ! Et tu as été chez un sorcier ! J’aurais trop aimé moi aussi.
Même si cela s’était bien terminé grâce à Séveric Reptim, Xavy aurait tout de même préféré ne pas subir de malédiction. Il ne tarda pas à raccrocher et retourna au lit.
Au dîner, son père critiqua sa coupe qui n’avait rien de féerique. Sa mère le défendit mollement.
Xavy partit se coucher, résolu à ne pas bouger de tout le dimanche.
Le lendemain fut par conséquent une affaire fort calme et dépourvu du petit imprévu, du moins jusqu’à la tombée de la nuit où un hibou vint se poser à sa fenêtre.
Xavy, intrigué, lui ouvrit et lança un sort pour pouvoir parler à l’animal. Il s’avéra que c’était le familier de Séveric Reptim, qui, inquiet pour Xavy, l’avait envoyé vérifié qu’il allait bien. C’était une attention charmante qui fit battre plus fort le cœur de Xavy.
Il confirma que tout allait bien au hibou et regarda l’oiseau s’envoler dans l’obscurité nocturne en repensant au sorcier. Il lui plaisait, réalisa-t-il et il n’avait jamais ressenti ça auparavant.
Il eut du mal à s’endormir, perturbé par cette découverte, triste à l’idée qu’il n’était pas prêt de le revoir.

mercredi 8 juillet 2020

Le fée féminin - 30

Séveric Reptim ouvrit un pot de terre qui contenait une pâte verte odorante.
— Il suffit d’appliquer cela et ta peau sera comme neuve.
Un instant, Xavy crut que le sorcier allait se charger de le faire, mais ce dernier lui tendit le pot.
Xavy le prit, plongea deux doigts circonspect dedans, puis étala l’espèce de crème sur le dessus d’une de ses mains. L’effet fut immédiat. L’irritation et les griffures qu’il s’était faites en se grattant s’effacèrent. Il s’en mit sur les poignets, le visage, puis s’arrêta. Il n’allait quand même pas se déshabiller pour l’appliquer sur le reste de son corps, pas devant le sorcier barbu qui l’observait, ses épais sourcils froncés.
Il dut comprendre le dilemme de Xavy car il l’enjoignit à garder la crème.
— Merci.
— C’était le moins que je pouvais faire. Ça et te ramener à ton domicile.
C’était le signal du départ. Ils regagnèrent la voiture. Xavy donna son adresse et ils se mirent en route.
— Je ne suis pas sûr de vraiment comprendre l’antagonisme entre sorciers et fées, lâcha Xavy, tout en faisant rouler entre ses doigts la baguette de Séveric Reptim.
— Tu n’es pas le seul. Il y a de mauvaises fées comme de gentilles sorcières et vice et versa. Nos magies ne sont pas non plus si différentes que cela. Certes, vous avez vos ailes, mais nous avons nos balais et nos potions…
— Votre… Je ne sais pas comment l’appeler, mais votre pièce est impressionnante avec tous ses flacons.
— Mon laboratoire. C’est ma passion que de fabriquer des potions. Elle a l’avantage de s’autofinancer. J’achète les ingrédients dont j’ai besoin, ou les récolte, puis je mélange, combine et prépare et ensuite je vends mes concoctions à apothicairerie.
— Je n’ai pas vraiment de loisir qui me transporte de la sorte. J’aime m’occuper de mon lapin et je trouve cela agréable de lire, mais c’est surtout que jusqu’à récemment, je n’avais l’énergie de faire autre chose.
— Tu as le temps de découvrir ce qui te plaît. Il n’y a pas d’urgence.
Le sorcier s’arrêta devant chez Xavy, sans se garer.
Il n’y avait plus qu’à descendre, seulement, Xavy n’en avait pas envie. Séveric Reptim était quelqu’un d’intéressant.
Il se décida tout de même à décrocher sa ceinture, ouvrit la portière et s’apprêtait à descendre quand la voix du sorcier l’arrêta :
— Ma baguette…
Xavy l’avait gardé à la main. Se mordant la lèvre, il la rendit à son propriétaire.
— Désolé.
— Cela arrive à tout le monde d’être distrait. Prends soin de toi, Xavy.
Un instant plus tard, il redémarrait et Xavy n’eut plus qu’à rentrer.

mardi 7 juillet 2020

Le fée féminin - 29

Ils furent bientôt à sa voiture dont la carrosserie était noire, de même que les sièges. C’était apparemment la couleur favorite des sorciers. Séveric Reptim déverrouilla sa voiture, ouvrit la portière côté passager et invita à Xavy à s’asseoir, ce qu’il fit.
Plus Xavy y songeait, plus il réalisait que son après-midi tranquille avait pris un tour pour le moins chaotique entre sa coupe de cheveux imprévue, l’attaque injustifié d’un ou d’une sorcière et l’intervention du professeur à Daroilak.
Dès que Séveric fut installé au volant, il matérialisa un bâton d’ébène torsadé entre ses doigts et lui tendit.
Xavy faillit dire que ce n’était pas nécessaire, mais se tut, la curiosité le poussant à l’examiner. La baguette du sorcier était dépourvue du plus petit ornement, mais la beauté des nervures du bois était indéniable.
La voiture démarra.
— Tu te plais à l’école ?
Là encore, cela aurait dû être un sujet de conversation anodin…
— Pas vraiment, admit Xavy.
— C’est différent de ce que tu avais imaginé ?
— Oui. Très bruyant et avec trop de gens qui ont une opinion bien arrêtée sur tout.
— Cela doit être en effet dur pour toi qui étudiais jusque là chez toi.
Cela fit plaisir à Xavy que quelqu’un reconnaisse que cela n’avait rien d’évident sans lui affirmer qu’il allait s’habituer.
— Cela ne te dérange pas si je mets un peu de musique ?
— Non, pas du tout.
Un flot de musique classique envahit l’habitacle. Un morceau apaisant.
Quelques minutes plus tard, ils se garaient dans le parking souterrain de l’immeuble, prenaient l’ascenseur et montaient jusqu’au dixième étage.
Un sombre couloir, un tour de clef et Xavy fut introduit dans un appartement aux murs blancs et au décor minimaliste. L’entrée ne comportait qu’une patère et une étagère à chaussures où Séveric rangea ses affaires. Xavy l’imita. Le salon se résumait à deux fauteuils de cuir noir, une table basse et un buffet en bois sur lequel était déposé un bouquet de fleurs séchées. Ils ne firent que le traverser, le sorcier conduisant Xavy à une pièce bien différente, aux murs recouverts d’étagères débordantes de fioles et flacons emplie de substances de toutes sortes. Elle contenait également une vaste table en partie recouverte de plantes, ainsi qu’une cheminée dans laquelle était suspendue un gros chaudron d’où dépassait le manche d’une cuillère.
— Vous êtes professeur de potions à Daroilak ?
— Non, mais j’aurais pu… Je suis professeur de vol, j’apprends aux élèves à gérer leurs balais.
Séveric Reptim se mit à farfouiller dans les planches d’étagères avant de pousser une exclamation triomphale qui fit sourire Xavy malgré sa nervosité d’être dans l’antre d’un authentique sorcier dont il tenait toujours la baguette entre ses doigts.

lundi 6 juillet 2020

Le fée féminin - 28

Étonnamment, le sorcier le reconnut et s’arrêta devant lui pour le saluer.
— Que t’est-il arrivé ?
Xavy expliqua ce qui s’était produit et Séveric Reptim grimaça.
— Souhaites-tu aller reporter l’incident à votre Comité des fées ?
Cela n’avait même pas effleuré Xavy. Il voulait surtout mettre ça derrière lui.
— Non. J’aurais mieux fait d’éviter le coin.
— Même s’il est préférable de ne pas entrer dans notre rue, tu as le droit de te promener où tu veux. Tu es certain que tu ne veux pas porter plainte ? Même sans t’examiner, je crois volontiers que tu as été victime d’une malédiction. Hélas, il ait probable que le  ou la coupable se soit arrangé pour effacer son empreinte magique.
Xavy hocha la tête.
Cela semblait une perte de temps et d’énergie que de remonter le problème aux autorités supérieures.
— Hum. Le moins que je puisse faire, histoire que tu ne mettes pas tous les sorciers et sorcières dans le même panier, c’est de te soigner à mon appartement, puis te ramener chez toi. Ma voiture n’est pas garée loin.
— Ce n’est pas grand-chose. Vous étiez sur le point de faire des courses, non ?
Et puis, cela ne semblait guère raisonnable d’accepter l’offre émanant du sorcier qui était pour ainsi dire un inconnu alors que Xavy venait d’être victime d’une malédiction. En même temps Séveric Reptim l’avait aidé la dernière fois et sans son intervention, la rouquine lui aurait peut-être infligé un traitement similaire.
— Si cela peut te rassurer, dès que tu seras monté dans mon véhicule, je te confierai ma baguette.
Xavy trancha. Le sorcier barbu lui inspirait confiance et sa proposition ne faisait que renforcer ce sentiment – il n’y avait guère plus précieux pour une sorcière, si ce n’est son balai.
De toute façon, tout valait mieux que de rentrer à pieds chez lui dans cet état pour subir les questions de ses parents.
— D’accord, dit Xavy en se levant tout doucement.
— Tu as très mal ?
— Cela ne démange presque plus, maintenant que les boutons ont disparus, mais ma peau est comme en feu.
— Nous allons arranger ça… Sinon, finalement, te promener les cheveux aux vents ne te plaisait pas tant que cela ? demanda Séveric Reptim en pointant du doigt la coupe courte de Xavy.
C’était une agréable surprise que le sorcier se souvienne de leur précédente conversation qui remontait déjà à un moment. Cependant, s’il avait voulu le distraire avec ce sujet, c’était raté, car il était également épineux.
— Pas exactement, répondit-il, en se voyant mal expliquer ses raisons.
Séveric Reptim dut le deviner ou bien les raisons derrière ce changement ne l’intéressaient pas plus que cela, car il n’insista pas.

vendredi 3 juillet 2020

Le fée féminin - 27

Ils passèrent devant la rue des sorcières, chose que Xavy ne commenta pas. Cependant, Antoine devait se souvenir de l’emplacement, car il lâcha :
— Comment j’aimerais trop y jeter ne serait-ce qu’un coup d’œil ! J’ai essayé d’y entrer par moi-même, à l’aveugle, mais rien à faire !
Accompagné d’un être doué de magie, l’adolescent pourrait sûrement. Seulement, Xavy se refusait à tenter le coup. Il ne se rappelait que trop bien de l’agressivité de la sorcière rousse et de ses camarades. Sans l’intervention de leur professeur qui avait bien voulu croire que Xavy était perdu, cela aurait pu fort mal tourner.
Non, entrer en connaissance de cause dans cette rue de sorcières était une mauvaise idée. Quelque chose lui disait que Séveric Reptim se montrerait beaucoup moins accommodant si Xavy se pointait comme une fleur avec son ami humain.
— Je suis désolé, mais ce ne serait pas prudent d’y entrer.
— Raah, trop dommage ! Tu as des pouvoirs, pourtant… Où est ton sens de l’aventure ?
Xavy n’en avait pas apparemment. Oui, il avait eu sa dose après Valeiage et sa coupe de cheveux pas vraiment prévue.
— Je ne suis qu’un fée, et cette rue est pleine de sor…
Xavy ne put terminer sa phrase. Une sensation étrange le parcourut. Sa peau se mit à le fourmiller et de petits boutons rouges apparurent sur ses mains et sans doute aussi sur le reste de son corps.
La bouche d’Antoine s’arrondit en un o parfait.
— Qu’est-ce que… ?
— Une malédiction, je pense, parvint à dire Xavy avec difficulté.
Sa peau le démangeait de partout. Il se frotta le visage.
— Merde ! s’écria Antoine. Je peux faire quelque chose ? demanda-t-il en regardant nerveusement autour d’eux.
— Non… éloignons-nous.
Antoine s’en fut au pas de course. Xavy ne put le suivre, il avait trop besoin de se gratter.
Un passant changea de trottoir en le voyant. Xavy devait avoir l’air d’un fou, à se tortiller en s’efforçant, en vain, de se retenir de s’écorcher la peau.
Un sort pour calmer cela, ça devait exister, mais impossible d’y réfléchir avec ses infernales démangeaisons.
Des larmes roulèrent sur les joues de Xavy, puis les boutons disparurent avec la même brusquerie qu’ils étaient venus, sans que l’irritation qu’ils avaient causée ne s’efface.
Xavy prit ses distances avec la rue de laquelle une sorcière avait décidé de lui lancer un sort et repérant un petit ban de pierre, s’affala dessus et regarda les griffures sur ses mains. Il devait avoir les mêmes sur le visage. Il ne s’était pas raté. Hélas, en tant que fée des bois, il était plus point sur les sorts de guérison pour les animaux à poils et à plumes que pour se soigner lui-même.
Il en était là de ses réflexions, quand il vit Séveric Reptim qui remontait la rue, enveloppé dans un grand manteau noir.

jeudi 2 juillet 2020

Le fée féminin - 26

— J’envisage de me couper les cheveux…
Antoine frappa dans ses mains.
— Excellente idée !
— Je ne suis pas très motivé, c’est une part de moi…
— Faut mettre les choses en balance, Xav ! Si cela te permet de ressembler moins à une fée, ça en vaut la peine, non ?
— Je ne sais pas.
Xavy entortilla une de ses précieuses mèches de cheveux autour de son doigt.
— Mais si, viens chez moi, je te les couperai et après, tu pourras te faire arranger par un coiffeur professionnel, mais le plus dur sera fait.
L’enthousiasme d’Antoine était communicatif et malgré ses réticences, Xavy accepta. Ce serait la première fois qu’il se rendrait chez un ami.
Il se révéla qu’Antoine vivait dans un beau pavillon en briques rouges. Xavy n’eut pas le temps de voir grand-chose de l’intérieur, Antoine se dépêchant de l’amener dans sa chambre où il dégagea une chaise.
— Vas-y, assieds-toi, lui enjoignit-il. Je reviens de suite.
Xavy constata qu’il régnait un certain désordre dans la pièce, la moquette était jonchée de livres, le bureau encombré d’une pile de cahiers et papiers. Mais où était le perroquet ?
Antoine réapparut avec une paire de ciseaux et une brosse.
Pendant qu’Antoine utilisait cette dernière, Xavy se mit à avancer des arguments en faveur de sa chevelure. Il n’était vraiment pas certain. Mais, sans prévenir, Antoine rassembla ses cheveux et trancha dans le vif. Une pluie dorée tomba par terre.
La tête de Xavy lui parut d’un coup désagréablement plus légère. Les larmes lui montèrent aux yeux. Il ne lui restait plus qu’à espérer que le sacrifice porterait ses fruits.
— Viens t’admirer dans la glace, dit Antoine en pointant la glace de son armoire.
Xavy se leva pour contempler son reflet. Même avec les cheveux courts mal coupés, il avait toujours l’air d’une fille.
— Ce n’est pas une réussite.
— Je ne suis pas un professionnel, pour sûr ! Mais tu es toujours super mignon !
— Ce qui n’était pas vraiment le but recherché.
— Oui, c’est vrai, pardon. Peut-être que le coiffeur pourras-te raser la tête, tu sais à la militaire ?
Non, Xavy ne voyait pas, mais un tour chez le coiffeur semblait une bonne chose.
Antoine devait penser pareil, car il téléphona pour lui prendre un rendez-vous.
— Tu as du bol, il y a eu un désistement de dernière minute et ils peuvent te prendre dans un quart d’heure, pile le temps de nous y rendre !
Xavy se laissa entraîner, une fois encore.
La coiffeuse le prit bien sûr pour une fille et Xavy n’eut pas l’énergie de la détromper. Elle arrangea les choses en lui faisant une « coupe à la garçonne », ce qui sembla le comble de l’ironie à Xavy.
Antoine qui l’avait attendu en feuilletant un magazine, lui proposa de faire un tour du quartier pour se changer les idées.

mercredi 1 juillet 2020

Le fée féminin - 25

Ses parents l’attendaient dans le salon, l’air maussade.
— Ton école nous a contacté, soupira sa mère.
— Tu n’as même pas été fichu de tenir une semaine complète ! s’écria son père.
— Étudier là-bas, c’est très différent de ce que j’ai connu jusqu’à présent entre le monde et le bruit, répondit Xavy.
— Les autres fées n’ont pas de problème, eux, rétorqua son père.
Parce qu’ils étaient nés en bonne santé, pas comme lui. Xavy refoula avec peine les larmes qui lui montaient aux yeux.
— J’ai oublié de prendre le fortifiant hier soir.
— Oh, Xavy, fais un effort ! s’exclama sa mère.
Il n’avait fait que cela tout au long de son séjour à Valeiage. C’était si étrange comment d’un côté il ressemblait tellement à une fée qu’il se fondait parmi elles et comment de l’autre au dortoir des garçons, il dépassait comme un nez au milieu de la figure.
— Je ferais attention, promit-il.
Que pouvait-il dire d’autre ? Il savait bien que sa mère ne voulait pas qu’il recommence à étudier à la maison. Il aurait pourtant préféré se passer du fortifiant. Il n’était pas sûr d’avoir gagné au change en le prenant, si ce n’est qu’il était exaltant de pouvoir se promener dans les rues, et plaisant de se faire des amis. Wycka. Antoine. Il se serait juste bien passé de fréquenter certaines personnes, notamment celles qui riaient de son manque de virilité sur tous les plans.
Sa mère préféra heureusement changer de sujet et parla en long et en large du travail qu’elle s’était trouvée.
Ils dînèrent, puis Xavy se retira dans sa chambre où il câlina longuement Lapilune avant de se coucher pour la nuit.

    Le lendemain, il se réveilla plutôt en forme, aussi, même si une part de lui était tenté de demeurer tranquillement dans sa chambre, il décida de contacter Antoine qui lui proposa sur le champ de se retrouver au parc en début d’après-midi, ce que Xavy accepta volontiers.
Dès qu’ils furent ensemble, Antoine voulut savoir comment ça s’était passé pour Xavy à l’école.
Xavy se montra honnête et il raconta ses déboires.
— En même temps, je peux comprendre que ça mettre mal à l’aise les autres gars…
— Hein, comment ça ?
— Bah, tu es vraiment aussi joli qu’une fille, alors même en sachant que tu es un garçon, ils sont peut-être attirés malgré eux…
— Tu crois ?
— Je suis sûr, même, dit Antoine avec embarras.
Cela signifiait-il qu’il avait le même problème ? Non, sûrement pas… Ou peut-être que si… Xavy préféra ne pas demander.