lundi 30 juin 2014

Le garçon fée - 210

La dernière copie fut rendue et enfin ce fut les vacances. Devant l'école qui se vidait, Zibulinion ne ressentit aucune mélancolie, plutôt de l'impatience. Bientôt lui aussi, il partirait, mais pas en bus.
Avec Relhnad, ils avaient planifié de se téléporter dans la librairie « La plume des fées », un endroit connu de Zibulinion et où ils pouvaient se matérialiser sans risquer de choquer, avant de se rendre à la maison du père de l'adolescent en bus.

Quand ils arrivèrent devant la maison paternelle, Zibulinion se sentait vaguement nauséeux et incapable de dire si c'était lié à sa première longue téléportation distance qui s'était révélée plus coûteuse en énergie qu'il ne pensait, à la conduite brusque du chauffeur de bus ou bien  au stress de revoir son père et peut-être enfin être reconnu.
Son cher professeur lui prit la main et la lui pressa doucement. L'adolescent se sentit réconforté. Relhnad, zombie ou pas, était à ses côtés et il saurait rendre la mémoire au père de Zibulinion.
Alors que l'adolescent hésitait devant la sonnette, Relhnad agit à sa place. Personne cependant ne vint ouvrir. Le professeur de sorts appuya une seconde fois. Ils attendirent encore, mais rien ne se passa et il fallut se rendre à l'évidence : la maison était vide.
Tout le stress de Zibulinion retomba pour laisser place à la déception.
– Si ça se trouve, ils sont partis pour toutes les vacances. Ce n'est pas que l'été pour les fées...
– Ils ne se sont pas forcément absentés pour longtemps. Je vais placer un sort qui me préviendra du retour des occupants de la maison. La prochaine fois sera la bonne. A présent, que veux-tu faire ? Visiter tes amis ? Nous pouvons aussi aller chez moi.
Zibulinion, même s'il avait envie de voir ses amis, était encore plus curieux de découvrir où logeait Relhnad quand il n'était pas à Valeaiage, aussi choisit-il la seconde option.

Relhnad habitait dans un immeuble ultra-moderne dans un appartement étrangement impersonnel, parfait pour figurer dans des catalogues de vente : des murs d'une blancheur éclatante, une cuisine américaine grise et noire brillante comme un sous neuf, une bibliothèque aux livres parfaitement alignés, une douche étincelante, un lit stylisé métallisé rutilant à la couverture parfaitement tirée, une moquette bleutée qui semblait n'avoir jamais été foulée du pied.
– C'est super propre, murmura Zibulinion tandis que Relhnad refermait la porte de la chambre et l'enjoignait à s'asseoir sur le canapé blanc.
– Ce n'est que pour donner le change quand j'ai des invités humains.
– Hein ? Ça ne fait pas vraiment normal, vous savez...
– Plus que des nuages flottants partout. Je trouve ça plus confortable pour s'asseoir ou s'allonger.
– Oh...

vendredi 27 juin 2014

Au Zoo Interplanétaire - 17

— Tu ne veux pas bavarder plutôt ? offrit Merwan pour la quatrième fois.
— Je t'ai déjà dit non, merde !
— Mais tu n'en as pas assez de balancer des horreurs ?
— Je t'écorche les oreilles, peut-être ? Et tu vas faire quoi, hein ? Prévenir la police ? Pas de bol, on n'est plus sur notre planète !
— Je te demande juste si tu veux bien arrêter.
— Ouais, mais non ! Ça m'occupe !
Après encore de longues minutes passées à écouter Tom se moquer des aliens, Merwan se rappela qu'il était sportif et lui suggéra de faire des pompes. Tom approuva l'idée et s'activa, non sans continuer à lâcher régulièrement quelques invectives, comme s'il prenait un malin plaisir à ennuyer Merwan.
Néanmoins, après toute une série d'exercices dont un qui consistait à tirer de toutes ses forces sur les barreaux de la cage, Tom se montra plus disert. Toutefois, il avait tendance à s'emporter pour un oui, pour un non et Merwan se retrouva à s'excuser à plus d'une reprise alors qu'il n'avait nullement cherché à offenser son compagnon d'infortune.

                                                 *
 
Zyxxx déposa le lion rugissant dans sa cage et passa un tentacule sur son front, là où le second bipède mâle l'avait cogné. Il avait à nouveau mal. Il allait devoir remettre de la crème anti-douleur. Fort de son expérience avec les deux autres bipèdes de la même planète éloignée, il s'était fait avoir par le troisième, très combattif de nature. Selon le protocole, il aurait dû l'examiner une seconde fois aujourd'hui, en plus des deux autres, mais il avait décidé de repousser la corvée au lendemain. Le second bipède mâle ou « BM2 » était en pleine santé vu la force avec laquelle il l'avait frappé. Zyxxx s'inquiétait surtout pour la femelle dont l'état de faiblesse était préoccupant. Elle avait perdu du poids et était toute molle entre ses tentacules. Elle ne s'acclimatait pas.
Le premier spécimen, BM1, était en revanche stable. Il se comportait de façon exemplaire, même s'il émettait énormément de sons. Son niveau de décibel était cependant tout à fait acceptable.
Quand Zyxxx descendit récupérer la femelle, BM2 s'attaqua à lui. Zyxxx l'envoya bouler au sol avec un de ses épais tentacules de défense.
Une fois au centre de soin, Zyxxx força la bipède à boire. Les nutriments étaient en théorie adaptés et convenaient très bien à BM1. Il allait toutefois devoir en tester de nouveaux pour la femelle et il prendrait les mâles comme cobayes, car il ne voulait pas risquer d'affaiblir davantage la femelle avec un mauvais cocktail.
Il la reconduisit à sa cage où BM2 crut bon de s'emmêler encore. Zyxxx évita de justesse le coup et agacé, fit claquer un autre tentacule devant les pieds de BM2 qui eut un mouvement instinctif de recul. Zyxxx en profita pour s'emparer de BM1 qui ne chercha pas à se dérober. C'était décidément son préféré des trois, ni violent, ni hystérique.
Une fois au centre de soins, Zyxxx tenta pour la première fois de ne pas garder BM1 immobile entre ses tentacules. C'était peut-être risqué au vu du comportement du second mâle, mais il était curieux de mesurer à quel point les deux étaient différents.
BM1 émit une cascade de sons. Zyxxx piocha dans le placard à nutriments, sans perdre de vue le bipède, mélangea bien fort dans une bouteille qu'il tendit ensuite à l'animal. BM1 la prit, la porta à sa bouche, but, s'arrêta et continua jusqu'à la vider complètement.
— J'espère que tu le digéras bien et que la femelle de ton espèce aimera ça.
— Raça ?
BM1 avait modulé le même son que lui. Déjà l'autre fois Zyxxx avait cru l'entendre faire ça.
— Raça ? répéta BM1, comme un doppel, un de ces irritants animaux qui reproduisent stupidement en boucle un mot ou une expression.

Zyxxx enregistra l'information dans son rapport sur les bipèdes tandis que le mâle repartait dans son habituel registre sonore.

jeudi 26 juin 2014

Au Zoo Interplanétaire - 16

Quand Pieuvre rapporta Tom, ce dernier était si bien enveloppé dans les tentacules de l'extraterrestre qu'on apercevait juste ses cheveux et le bout de son nez. Une marque bleuâtre ornait la tête blanche triangulaire de l'alien.
Pieuvre libéra d'un coup Tom et repartit aussi sec. Tom leva son poing vers lui.
— Cochonnerie ! Enculé !
Il était inutile de lui demander ce qu'il avait subi. Merwan ne savait que trop bien comment Pieuvre procédait. Tom avait toutefois dû résister avec plus d'énergie que Merwan qui eut honte de lui-même.
— Tu ne l'as pas raté, commenta-t-il, éprouvant une certaine admiration pour la témérité son compagnon d'infortune.
— Ouais, je lui ai fait payer son invasion de mes deux à cette ordure. Ce satané monstre y réfléchira à deux fois avant de me fourrer encore un tentacule au cul.
Comme Tom lui avait reproché d'être décourageant et que cela l'embarrassait de parler de ce que faisait Pieuvre, Merwan ne lui révéla pas que l'alien plongea systématiquement un tentacule à cet endroit. En fait rien que d'y penser le troublait, parce que les examens de Pieuvre lui provoquaient d'intenses orgasmes.
— Il ne vient que tous les quatre jours à peu près.
— Quatre fois de trop, ouais ! La prochaine fois qu'il se pointe, je lui ferai regretter d'être né à ce connard !
— Tu sais, je pense qu'il ne fait que son travail, déclara Merwan, trouvant l'agressivité de Tom excessive.
— Mais je rêve ou tu le défends ? Qui leur a donné le droit de nous peloter, de nous traiter comme si on était rien, hein ?
— C'est vrai, murmura Merwan, soudain très las.
Il était content de la présence de Tom, mais ce dernier était épuisant avec toute sa rage.
— Et maintenant, y a plus qu'à pioncer sur sa carpette en attendant que le même bordel recommence, c'est ça ?
— J'en ai peur.
— Merde ! s'exclama Tom avant de s'installer en chien de fusil sur son tapis vert.
Merwan s'étendit bonne nuit et lança un « bonne nuit » qui ne reçut aucun écho, pas même ce qu'il supposait être l'équivalent de bonne nuit en russe, Anoucka s'étant couchée et endormie avant le retour de Tom parmi eux.

 
Merwan se réveilla et s'étira. Anouchka était occupée à tresser et détresser ses cheveux qui cascadaient sur ses épaules. Tom ronflait, son sexe érigé vers le ciel - une érection matinale à ne pas en douter.
Merwan détourna les yeux, légèrement excité par cette vue.
Tom remua et émergea.
— Bonjour, dit Merwan.
— Salut, bailla Tom.
— Bien dormi ?
— Ouais.
Tom avait déjà prouvé qu'il n'était pas du genre à échanger des politesses, mais Merwan fut tout de même déçu que sa question ne lui soit pas retournée.
La cacophonie annonçant l'ouverture du zoo rendit momentanément toute conversation impossible, puis les allées se remplirent.
— Quelle bande d'empaffés ! Je vous emmerde ! lâcha Tom, en adressant un doigt d'honneur aux visiteurs aliens.
Il enchaîna avec d'autres insultes tout aussi désagréables à entendre et Merwan intervint :
— Je te rappelle qu'ils ne te comprennent pas.
— J'ai pas oublié, mec ! Je me défoule !
Merwan s'efforça de prendre son mal en patience tandis que Tom déversait tout son répertoire de grossièretés sur les extraterrestres. Il y était encore quand Huit leur apporta leur repas.

mercredi 25 juin 2014

Au Zoo Interplanétaire - 15

Quand Huit vint lancer trois bouteilles au lieu de deux, ainsi qu'un tapis vert, Tom l'insulta copieusement à l'indifférence totale de l'alien qui repartit sitôt sa distribution effectuée.
Tom but, pestant entre chaque gorgée.
— Un vrai goût de chiottes, conclut-il, en jetant la bouteille vide par terre.
— Le menu est le même tous les jours.
— T'es un vrai remonte-moral, toi ! Et elle, elle y touche pas ? demanda Tom en pointant Anouchka qui n'avait en effet pas fait un geste pour prendre la bouteille que Merwan avait posé près d'elle.
— Si, mais peu.
— Et la carpette, c'est pour servir de lit ?
— En effet.
Tom se mit à faire les cent pas.
— C'est soulant d'être ici avec rien à faire devant les autres rigolos qui traînent leurs mandibules.
L'inactivité pesait vraiment à Tom. La même plainte lui échappait régulièrement sous des formes variées.
— On peut parler au moins.
Merwan, lui, n'avait même pas eu ça.
— Ouais, sauf que j'ai rien de spécial à raconter.
— Des anecdotes de camionneur ? suggéra Merwan.
— Si tu savais toutes les conneries que les gens font au volant. Il y en a qui ont eu leur permis dans une pochette surprise et t'as envie de les flinguer tellement ils se débrouillent comme des manchots !
— Je ne conduis pas, avoua Merwan.
Ses deux parents détestaient prendre le volant, si bien que cela l'avait rendu allergique à la conduite avant même d'essayer. Cela lui posait d'autant moins de problèmes qu'il aimait beaucoup marcher.
— Ah ouais. Tu rates quelque chose. C'est top d'être le maître à bord. Avec les gros véhicules, c'est encore mieux, tu domines la route.
Tom s'anima, tandis que ses mains s'agrippaient à un volant imaginaire.
C'était amusant et Merwan sourit, mais Tom se renfrogna.
— Te fous pas de moi ! s'écria-t-il, en lui tournant le dos.
— Mais je t'assure... commença Merwan.
— Ouais, ouais, coupa Tom.
Merwan ne se justifia pas davantage et supposa que Tom était surtout énervé par son enfermement plutôt que contre lui.


Huit effectua un second lancer de bouteilles. Tom but la sienne en se plaignant.
Puis le zoo ferma ses portes et Pieuvre débarqua sur sa plateforme.
— C'est lui qui nous examine. Il est assez... invasif dans son approche, expliqua Merwan à la hâte, s'en voulant de ne pas avoir vraiment prévenu Tom de ce qui l'attendait, tout simplement parce qu'il était trop gêné de détailler les palpations intimes de l'alien.
— Déjà, il va falloir qu'il me choppe !
Tom attrapa le premier tentacule qui se tendit vers lui et tira dessus de toutes ses forces, sans que Pieuvre ne bouge d'un iota. Quant au second, Tom lui fila un coup de poing. Pieuvre rétracta son tentacule, mais quatre nouveaux fondirent sur Tom l'immobilisant.
— Saleté ! hurla-t-il.
Pieuvre s'éloigna avec lui et le calme retomba sur la cage.

mardi 24 juin 2014

Au Zoo Interplanétaire - 14

— T'as tenté ta chance ? Elle est à poil et toi aussi après tout. Et à part baiser, y a rien à foutre ici.
— Et nous sommes entourés d'extraterrestres, objecta Merwan.
Le tour que prenait la conversation le mettait mal à l'aise.
Tom hocha la tête et soupira.
— Même s'ils nous considèrent comme des clebs, ils pourraient au moins nous filer une balle ou quelque chose.
Là-dessus, il effectua un tour de la cage, testa la solidité des barreaux, s'arrêta un instant près d'Anouchka et revint vers Merwan.
— Comment ça se passe pour les toilettes ?
— On fait dans un coin. Au début, je croyais que la cage était nettoyée quand l'alien à tentacules m'emmenait, mais on dirait que ça se fait automatiquement, même si le comment m'échappe.
— Ah ouais... Et pour se laver ?
La douche faisait partie de la longue liste de choses manquantes avec les vêtements, les sièges, la nourriture solide...
— Rien n'est prévu pour.
A moins de compter, les examens de Pieuvre comme des séances de toilettage...
— Ils s'attendent à ce qu'on se lèche de partout comme les chats, peut-être ! grommela Tom.
— Ou alors le lavage n'intervient que mensuellement.
Ces 16 journées encagé avaient paru très longues à Merwan, mais ce n'était peut-être pas suffisant pour affirmer avoir tout découvert sur le fonctionnement du zoo.
Tom opina sans conviction aucune et grommela:
— On va pas sentir la rose en attendant.
Il était rare d'être dérangé par sa propre odeur corporelle, aussi Merwan se demanda avec inquiétude s'il puait et ne l'avait pas réalisé. Il ne put se résoudre cependant à poser la question.
— Tu as l'esprit pratique, commenta-t-il.
— Ouais, je laisse aux autres les considérations déconnectées de la réalité.
— Comment ça ?
— Y a des mecs qui adorent se branler la cervelle, philosopher, tout ça. Pas moi.
— On peut être ancré dans le réel et prendre plaisir à réfléchir à des choses plus abstraites, tu ne crois pas ?
Tom haussa les épaules. Merwan aurait aimé relancer la conversation, mais savait d'autant moins comment que Tom ne paraissait pas du genre bavard. Ils avaient par ailleurs le temps de faire connaissance vu qu'ils étaient coincés ensemble dans les mêmes mètres carrés.

lundi 23 juin 2014

Au Zoo Interplanétaire - 13

— C'est du délire.
— Oui, je me suis même demandé à un moment si je n'étais en fait pas à l'asile dans une cellule capitonnée en proie à des hallucinations.
— Mieux vaudrait être marteau, non ? T'es là depuis quand ?
— C'est mon 17ème jour. Enfin, je suppose, je ne sais pas si les heures ici équivalent aux nôtres. Je compte avec les ouvertures et fermetures du zoo.
— Qu'est-ce que tu fais pour t'occuper dans cette putain de cage ?
— Je rends la pareil aux aliens en les regardant et j'essaye de communiquer avec Anouchka qui a été enfermée peu après moi, mais elle ne semble pas vouloir. Je crois qu'elle refuse la situation.
— Normal.
— Toi, tu sembles prendre ça pas trop mal, fit remarquer Merwan.
Même si bien sûr, Tom n'avait pas encore été examiné par Pieuvre, ajouta-t-il en son for intérieur.
— Toi non plus... Je ne suis pas sûr de bien réaliser encore, grommela Tom, les yeux rivés sur un extraterrestre argenté en forme de saucisson.
— Parfois, je me dis que tout ça n'est qu'un rêve dont je vais finir par me réveiller et reprendre le fil de ma vie d'avant. Soirées avec mes amis, visites à mes parents. Séances de cinéma. Baguette de pain frais quotidienne. Même le défilé des produits des clients glissant sur le tapis roulant serait un plaisir. Je suis caissier dans un supermarché.
— Ouais... Bon. Donc ces sales bestioles ne nous filent aucune occupation ? On a qu'à se tourner les pouces et c'est tout ?
— Au moins nous ne sommes pas des cobayes et ils ne testent pas de produits sur nous, même si cet infâme mixture qui nous est donnés en guise de nourriture deux fois par jour s'y apparente.
— C'est supposé me consoler ? grogna Tom.
— Qu'est-ce que tu aimes faire de ton temps libre quand tu n'es pas sur les routes pour ton boulot ?
— Regarder des matchs de foot, des combats de catchs et de boxe en buvant de la bière. Les courses de motos et de voitures, c'est cool aussi.
— Tu es amateur de sport ?
Merwan ne s'était jamais passionné pour le sort, même s'il ne détestait pas en regarder à l'occasion, notamment les jeux olympiques.
— Ouais et sportif aussi. Je fais de la muscu à un club de sport une fois par semaine minimum.
Voilà d'où lui venaient ses divins abdos, songea Merwan avec un discret coup d'œil appréciateur.
Tom continua :
— Je rêvais d'être catcheur, mais finalement je suis devenu camionneur. C'est moins glorieux. Cependant, il y a de petits à côté comme les jolies autostoppeuses.
Tom lorgna vers Anouchka.
— Elle est un peu maigrichonne, autrement, elle est sexy en diable.
C'était l'occasion pour Merwan d'avouer qu'il était de l'autre bord, mais le courage lui manqua. Tom était à priori 100% hétérosexuel et certains réagissaient très mal. Or, Merwan ne voulait pas braquer contre lui la seule personne avec laquelle il pouvait parler.
— Oui, elle a des traits très fins, enchérit-il.

vendredi 20 juin 2014

Pas d'épisode aujourd'hui finalement, désolée. 

La raison ? J'avais sauté un passage du Zoo Interplanétaire pour écrire la suite qui m'inspirait plus et résultat, il manque un bout.
Quant au Garçon fée, je n'ai aucune avance, hormis 3 lignes :
"La dernière copie fut rendue et enfin ce fut les vacances. Devant l'école qui se vidait, Zibulinion ne ressentit aucune mélancolie, plutôt de l'impatience. Bientôt lui aussi, il partirait, mais pas en bus."

Je vous souhaite un bon week-end malgré tout et normalement à lundi pour la suite.

jeudi 19 juin 2014

Le garçon fée - 209

 – Sans ce sort punitif qui me fait ressembler à une créature moribonde, je ne suis pas certain que je serais encore capable de me retenir de faire l'amour avec toi, souffla Relhnad, leurs bouches encore toutes proches.  
Zibulinion devint écarlate plus qu'il ne l'avait jamais été de sa vie. Il en avait envie aussi tant qu'il n'ouvrait pas les yeux.  
– Je... commença-t-il, incertain, en soulevant lentement ses paupières.  
– Inutile de m'affirmer que cela n'a pas d'importance. Si c'était mon apparence normale, peut-être, mais ce n'est pas le cas.  
Zibulinion ne trouva rien à répondre, car c'était vrai.   

Maîtriser la téléportation apporta un vrai plus à la vie de Zibulinion qui pouvait ainsi faire quotidiennement des visites éclair le soir à Relhnad, à l'étage des professeurs.
Se téléportant des toilettes de l'école dans la forêt, il put même passer un court moment avec Waltharan qui fut impressionné que Zibulinion maîtrise ce sort que toutes les fées n'étaient pas capables d'exécuter en raison d'un manque d'énergie magique.
Cette liberté retrouvée ne poussait pas Zibulinion à se concentrer sur ses études. Il avait toujours aimé apprendre des choses et lire, mais y être forcé, c'était autre chose, surtout qu'il avait maintenant des amis et un amoureux.
En multipliant les déplacements magiques, il acquit de l'assurance. Il parvint finalement à se rendre à l'entrée du village en partant de l'école, d'un simple coup de baguette.
Il se rappela qu'il n'avait jamais pris le temps de retourner à la librairie du village "Au Bonheur des pages" pour récupérer le livre sur la création de sorts. Il le regretta parce que dedans il aurait peut-être trouvé de quoi l'aider à se débarrasser du sort de la directrice. Même s'il commençait à s'habituer à Relhnad le zombie, qu'il ne lui semblait plus aussi effrayant, il voulait le revoir tel qu'il était.
Hélas, Zibulinion ne pouvait se promener en tant que lui même au village, il détonnait trop au milieu des fées et forcément quelqu'un parlerait de son passage et la directrice le saurait. Le demander sous les traits d'Aurobika aurait également attiré l'attention puisque le livre était une vieillerie plus édité depuis ses siècles. Par conséquent, le livre qu'il n'était de toute façon même pas sûr que la libraire ait pu obtenir, lui était inaccessible. 

L'approche des examens d'été et un commentaire de Lubicielle qui s'inquiétait qu'"Aurobika" passe sa vie aux toilettes, l'obligea à se calmer au niveau des téléportations. Il ne renonça toute fois pas à venir toquer le soir à la porte de Relhnad à l'étage des professeurs, quand bien même ce dernier avait cherché à l'en dissuader. Cette fois, Zibulinion avait insisté. Ce n'était pas cinq minutes (plutôt quinze) en compagnie de son cher professeur qui allait changer quelque chose à ses résultats.

mercredi 18 juin 2014

Le garçon fée - 208

Zibulinion ayant réussi à se téléporter brillamment du buisson aux moineaux à l'orée de la clairière, puis à un grand et vieux châtaignier un peu plus éloigné, Relhnad avait fixé leur rendez-vous de la semaine suivante dans l'ancienne chambre de Zibulinion.
L'adolescent, afin de réduire au maximum la distance de téléportation magique, se rendit aux toilettes les plus proches de l'étage des professeurs et exécuta mentalement le sort.
Un cri de triomphe lui échappa quand il reconnut les lambris marquetés. Avec plaisir et surprise, il remarqua qu'au lieu d'être vide comme la dernière fois où il l'avait vu, la chambre qu'il avait occupée était à nouveau meublée : son lit bateau, sa lampe étoile et tout le reste avaient retrouvé leur place.
La porte s'ouvrit et Zibulinion eut un petit choc. Il avait eu le temps d'oublier à quel point l'apparence de zombie de son professeur était affreuse, tout particulièrement les lambeaux de peau qui pendaient.
– Merci d'avoir tout remis.
– J'ai pensé que ce serait plus confortable pour toi, si tu souhaitais t'y réfugier pour y être toi-même.
Même en sachant que c'était Relhnad, Zibulinion dut prendre sur lui même pour se rapprocher du zombie. Ce n'était pas facile de se défaire de sa répugnance pour l'horrible créature. Il fallait s'habituer à ce nouvel état. Il avait bien essayé de créer un sort pour contrer celui de la directrice, mais les mots ne s'agençaient pas comme il aurait voulu. Il manquait de temps pour s'y consacrer, obligé qu'il était d'étudier à fond ses cours afin de donner le change à la directrice et lui faire croire que sa punition avait eu l'effet souhaité.
Zibulinion, mal à l'aise, embrassa la bouche tordue dans un épouvantable rictus, et en savoura toute la douceur vanillée. Yeux clos, les sensations étaient les mêmes qu'avant, mais dès que les paupières se soulevaient le zombie pustuleux avait de quoi calmer les ardeurs.
– Quelle est la prochaine étape pour me téléporter ? demanda Zibulinion.
– D'ici au buisson aux moineaux, puis jusqu'au village.
– Et après ?
– Nous pourrons rendre visite à ton père. Tu devrais être prêt aux vacances d'été.
Zibulinion se réjouit. Non seulement, il allait enfin créer un lien avec son père, mais en plus, il n'aurait pas à passer de longues semaines en solitaire durant l'été.
– Nous passerons du temps ensemble alors ?
– Oui. Cependant, pour ne pas attirer l'attention de la directrice, tu ne pourras pas t'amuser à faire des aller-retours et tu devras être rentré le soir à Valeaige, mais tu ne seras pas coincé à l'école.
– Je pourrais voir mes amis aussi. Waltharan, Neyenje, Folebiol ! s'enthousiasma Zibulinion.
Il continuait à échanger avec eux par le biais du carnet, mais quand même ce n'était pas pareil.
– Oui.
Le ton était sec. Relhnad était jaloux, zombie ou pas.
Zibulinion attrapa la main pustuleuse aux gros ongles jaunes.
– C'est votre compagnie qui m'enchante le plus, affirma-t-il.
Relhnad l'attira contre lui. Zibulinion ne se déroba pas, parce que beau ou laid, il l'aimait, et leurs lèvres se joignirent dans un baiser brûlant.

mardi 17 juin 2014

Au Zoo Interplanétaire - 12

— Bonjour. Vous n'allez sans doute pas me croire, mais nous sommes dans un zoo extraterrestre.
— C'est ça, mec et moi, je suis le père Noël. Merde ! Qu'est-ce que je fous à poil ? Je suis dans un camp de nudistes ?
L'homme regarda autour de lui. Il repéra la jeune femme russe et siffla entre ses dents. Merwan grimaça tandis que Anouchka resserrait ses bras sur sa poitrine.
— Vous appelez comment ? demanda Merwan.
— Tom. Et elle ? C'est ta gonzesse ?
— Non. Son prénom est Anouchka et c'est tout ce que je sais, car elle ne parle que russe et moi pas.
Tom fit le tour de la cage, coulant plusieurs regards vers la jeune femme.
— C'est vrai qu'on dirait un zoo, mais il faudrait que je sois un sacré gogo pour avaler tes conneries.
La cacophonie le fit sursauter.
— C'est le signal de l'ouverture. Ils vont arriver, expliqua Merwan en s'asseyant sur son tapis.
Tom qui ne semblait pas le moins du monde mal à l'aise tout nu, demeura debout. Quand les premiers extraterrestres emplirent les allées, il se frotta les yeux, puis il vint attraper Merwan par les épaules et le releva de force.
— Si t'es responsable de cette blague, tu vas morfler.
Le ton violent de l'homme, sa colère à peine contenue était dure à supporter, mais Merwan pouvait comprendre. N'avait-il pas ressentie la même ? S'il y avait eu quelqu'un avec lui, il aurait peut-être été également tenté de l'accuser.
— Moi aussi, je ne croyais pas que cela puisse être vrai au début. Je suis désolé. Je suis comme toi, j'aimerai que ce soit une plaisanterie, mais cela fait des jours et des jours que je suis dans ce zoo, attraction malgré moi pour aliens.
Tom le relâcha vivement et s'approcha des barreaux pour observer les extraterrestres. Au bout d'un long moment, il finit par grommeler :
— Admettons.
Le voyant calmé, Merwan se présenta.
— Comment t'es arrivé là ? demanda Tom.
— Je ne sais pas trop. Je marchais jusqu'à chez moi après avoir fait la fête chez un ami et ensuite, trou noir, et je me suis retrouvé ici.
— Moi, je faisais la pause sur une aire d'autoroute. Je suis camionneur et j'avais besoin de me réveiller un coup. Je suis descendu de mon véhicule pour aller pisser et hop, me voilà sans fringues et en cage.
Merwan hocha la tête. Il était content de pouvoir enfin échanger avec quelqu'un, car avec Anouchka, ce n'était pas ça.
— Digne d'un film de science-fiction, hein ?
— Ouais, mais je préférai être dans la salle et non pas à l'écran.
— Mon sentiment exactement.
Tom avait un côté brute de décoffrage, mais Merwan commençait à le trouver sympathique.
— A ton avis, pourquoi ses monstres nous ont enfermés ?
— Pourquoi met-on les animaux en cage sur Terre ? Pour les observer et les étudier. Ici, c'est pareil. Il y a un extraterrestre à tentacule qui nous examine régulièrement sous toutes les coutures.
— C'est du délire.

lundi 16 juin 2014

Au Zoo Interplanétaire - 11

Merwan soupira. Cela fait désormais seize jours qu'il avait repris conscience dans la cage du zoo extraterrestre. Seize longues journées rythmées par l'ouverture et la fermeture du zoo, agrémentées de deux bouteilles balancées par l'alien Huit deux fois dans la journée. Pieuvre ne venait que tous les quatre jours. Ces visites, Anouchka les redoutait. Merwan, lui, ne savait pas trop. L'alien se montrait plus délicat dans son approche, moins invasif. Il évitait désormais de toucher son pénis, mais il lui fourrait toujours un tentacule dans le cul, lui palpant les jambes, le torse. Cela l'excitait et il finissait généralement par jouir malgré l'absence de stimulus direct de son sexe.
Toutes ses tentatives de communication avec Pieuvre s'étaient soldées par des échecs et avec Anouchka ce n'était guère mieux. La jeune femme restait prostrée la majeure partie du temps dans un coin de la cage. Elle s'alimentait à peine et avait maigrie. Il faut dire que c'était lassant, le même affreux cocktail jour après jour tandis que derrière les barreaux, défilaient les extraterrestres.
Il n'y avait rien à faire d'autre que les observer en retour, se souvenir de sa vie d'avant, de ses parents et amis et de déprimer.
Merwan avait constaté que certains types d'aliens étaient plus fréquents que d'autres. Des espèces de saucissons argentées avec de grandes oreilles semblables à celles des lapins avec en prime un œil géant sur chacune, voilà les extraterrestres qui revenaient le plus.
L'idée de passer le restant de ses jours ainsi était insupportable. Merwan ne voulait même pas le concevoir. Il en venait même à vouloir tenter une grève de la faim pour en finir. Le truc, c'était qu'il était à peu près sûr que Pieuvre le forcerait à se nourrir. Il y avait aussi la possibilité d'avaler un « cacahuète. » Des petits aliens leur jetaient en effet de temps en temps des trucs. Mais jusque là, l'espoir de s'en sortir l'avait retenu, même s'il n'était à dire vrai pas certain que cela l'empoisonne au point d'en mourir.

Cette nuit-là, sous la lumière orangée et verte du ciel, Merwan se réveilla brusquement, de même qu'Anouchka. L'engin vrombissant qui avait apporté la jeune femme était de retour. Il déversa son éblouissant rayon, déposant à ne pas en douter un nouvel arrivant humain, puis partit, laissant un homme brun et baraqué étendu sur le dos.
Il devait avoir une trentaine d'années. Il était très musclé et avait de sacré abdominaux. Il avait un nez épaté, une bouche bien dessiné et un pénis imposant. Physiquement, la nature l'avait bien doté et il était plaisant à regarder. Désirable même. Merwan se morigéna. La probabilité qu'il soit gay était plus que faible.  Avec sa chance, il ne parlerait pas non plus la même langue que lui.
L'homme grogna et se redressa.
— Où suis-je ?
Merwan sourit largement. Il allait pouvoir enfin discuter avec quelqu'un, être compris.

vendredi 13 juin 2014

Au Zoo Interplanétaire - 10

Quand Pieuvre ramena Anouchka, des larmes sillonnaient les joues de la jeune femme qui était pâle comme la mort. Merwan n'avait hélas aucun moyen de la réconforter. Pieuvre approcha ses tentacules. C'était son tour, comprit Merwan qui eut un mouvement de recul qui n'empêcha en rien l'alien de le capturer.
Merwan tenta la même méthode qu'avec Anouchka pour se présenter et tapant du plat de la main son torse, il prononça distinctement à plusieurs reprises son prénom. L'alien lui passa un de ses appendices dans les cheveux, l'ébouriffant sans mot dire. En fait, il n'avait jusque là émis qu'une seule fois des bruits et d
ans ses conditions, ce n'était pas gagné pour apprendre son langage.

                                                   *

Zyxxx contempla le bipède mâle. L'étude du second bipède de la même planète avait été enrichissante, même si déplaisante pour l'animal qui s'était débattu tout au long de l'examen. Zyxx avait été moins loin dans son exploration pour ne pas le traumatiser davantage, enfin, la, car c'était une femelle. Avoir deux spécimens avait permis de réaliser cela. Pas de parthénogenèse pour ces bipèdes. Quelques mystères anatomiques avaient trouvé leurs explications et Zyxxx avait pu déduire que le petit appendice entre les jambes du mâle permettait l'union avec la femelle. Il éviterait désormais de titiller les organes sexuelles des deux animaux.
Zyxxx vérifia la température du bipède, introduisant son tentacule dans l'orifice du derrière. Le sexe du mâle eut une réaction et Zyxxx se demanda si ses conclusions étaient erronées et si le premier bipède était hermaphrodite et non simplement mâle. Cela restait difficile à savoir avec seulement deux membres de la même espèce. Ce n'était de toute façon pas très important, l'essentiel, c'était de les préserver en bonne santé, même si bien sûr, le directeur était un fervent partisan de la reproduction des animaux entre eux qui lui permettait d'en avoir plus sans rien débourser.
Zyxxx tâta le reste du corps du bipède qui poussa un râle avant qu'un liquide blanc ne s'échappe de ce qui était normalement son sexe.  L'animal recommença ensuite à se frapper en répétant un unique son. Ce n'était pas normal, tranchant Zyxxx, en lui caressant sa touffe. Le bipède se tut un instant et  puis produisit une cascade de sons différents. Les petits câlins sur le crâne semblaient avoir un effet positif sur lui. La femelle avait juste hurlé plus fort quand Zyxxx avait fait cela, mais elle était encore en phase d'adaptation. Le mâle ou l'hermaphrodite était à un autre stade. Il était moins effrayé, moins hostile. Cela devenait de plus en plus agréable de s'occuper de lui. En plus, la nourriture lui convenait, puisqu'il ne perdait pas de poids.
Zyxxx le ramena dans sa cage pour poursuivre sa tournée. Il pourrait désormais espacer ses visites et cela tombait bien, car les captureurs avait encore ramené une nouvelle bête inconnue d'une planète éloignée sur ordre du directeur.

jeudi 12 juin 2014

Au Zoo Interplanétaire - 9

— Bonjour, dit Merwan.
Elle posa sur lui de grands yeux de biches effrayées et hurla : réaction normale d'une femme voyant un homme qu'elle ne connaissait ni d'Eve ni d'Adam dans le plus simple appareil. Merwan s'était pourtant accroupi autant pour ménager sa pudeur que celle de sa compagne d'infortune.
— Je ne vous veux aucun mal. J'ai moi aussi été enlevé, expliqua Merwan.
La jeune femme se rendit compte qu'elle était nue et cria des choses dans une langue étrangère à Merwan en se couvrant les seins tandis qu'une foule d'extraterrestres s'agglutinait autour de leur cage. Le nouveau spécimen devait exciter leur curiosité. La femme remarqua alors les créatures et sa panique augmenta.
Merwan essaya de communiquer avec elle en utilisant tour à tour toutes les langues qu'il avait apprises en plus de sa maternelle. Mais elle secouait la tête, ne comprenant visiblement pas un traitre mot, et était de plus en plus en détresse. Finalement, elle se recroquevilla sur elle-même.
Merwan se tapota le torse et répéta son prénom à plusieurs reprises. Au bout d'un moment, elle parut comprendre et d'une petite voix, souffla :
— Anouchka.
Une russe sans doute. Merwan lui adressa un sourire qu'elle ne lui rendit pas. Elle pointa un doigt inquisiteur vers les créatures.
— Des aliens, à priori. Nous sommes dans un zoo, je crois.
Elle répondit quelque chose que Merwan ne saisit pas. Ils étaient bons pour un dialogue de sourds. C'était dur d'être enfin avec un autre être humain et de ne pas pouvoir échanger, et en même temps, rien que sa présence avait quelque chose de réconfortant. C'était un point de repère.  Évidemment, quand il aurait besoin de se soulager, ce serait plus humiliant, mais de toute façon les choses étaient ce qu'elles étaient.
Ce serait peut-être l'occasion d'apprendre le russe quand Anouchka serait en état. La réalité qui était devenue la leur – ciel bicolore, air saturé, enfermement et monstrueuses créatures – était difficile à intégrer.
Dans la journée, « Huit » jeta deux bouteilles dans leur cage. Merwan les ramassa et en tendit une à Anouchka qui ne la prit pas. Merwan but la sienne en grimaçant. Il ne s'habituerait sans doute jamais au goût, mais au moins il le digérait bien.
La jeune femme finit par porter le goulot à sa bouche et recracha aussitôt avant de marmonner quelques mots que Merwan traduisit librement par « c'est infect !»
Anouchka le considérait avec méfiance, comme s'il avait été un ennemi. Son attitude changea cependant au tout au tout quand « Pieuvre » débarqua sur sa plateforme et tendit ses tentacules vers elle et son regard envers Merwan se fit suppliant.
A cause de cela, même en sachant que c'était en pure perte, qu'il ne faisait pas le poids, Merwan s'interposa. Comme de juste, deux tentacules s'enroulèrent autour de sa taille, le soulevèrent et le reposèrent plus loin tandis que deux autres s'emparaient de la pauvre Anouchka terrifiée et hurlante. Pieuvre la bâillonna aussitôt et l'embarqua.
Merwan furieux de son impuissance frappa violemment le sol avec son pied, mais tout ce qu'il gagna fut de se faire mal.

mercredi 11 juin 2014

Le garçon fée - 207

– Laisse-moi t'examiner, déclara Relhnad en s'approchant.
Zibulinion eut un mouvement instinctif de recul. Il refit aussitôt un pas en avant, mais s'en voulut tout de même. Il était impossible de lire sur les traits du zombie si Relhnad en avait été peiné ou non.
– Embrassons-nous d'abord, suggéra-t-il précipitamment, désireux de réparer les choses.
– Inutile de demander la permission... ou de te forcer si je te parais désormais répugnant.
Relhnad n'allait pas faire le premier pas, comprit Zibulinion. Quelque chose dans le ton de sa voix laissait supposer qu'il avait été blessé.
Zibulinion, surmontant la peur mêlée de dégoût que lui inspirait le zombie à la peau déchiquetée, se mit sur la pointe des pieds et ses lèvres frémissantes entrèrent en contact avec la bouche tordue qui se révéla aussi douce qu'à l'accoutumée. Relhnad sentait toujours la pomme et la cannelle et avait toujours un goût vanillé. Les paupières de Zibulinion se clore et il prolongea le baiser auquel Relhnad répondit avec fougue.
Quand leurs lèvres se détachèrent, Zibulinion se retrouva nez à nez avec l'hideux visage, mais se força à soutenir le regard vide du zombie.
Relhnad au bout d'un moment à le fixer pesta :
– Quelle sorcière ! C'est un sort punitif sur ta vision protégé par un sceau qui lui signalera toute altération ou tentative pour le défaire, ce qui lui permettra de le relancer.
– Il n'existe aucun moyen de contourner ce genre de choses ?
– Non, pas que je sache, et j'en connais un rayon en sort.
Zibulinion eut de suite l'idée d'en inventer un, mais rien ne lui vint spontanément à l'esprit. Il garda ça pour lui parce qu'il ne voulait pas que Relhnad le croit désespéré de revoir son extraordinaire beauté.
– Ce n'est pas grave. Les choses peuvent rester comme ça, assura-t-il.
– Certes, mais je suis curieux. A quoi est-ce que je ressemble pour toi désormais ?
En même temps qu'il posait la question, Relhnad agita sa baguette et un miroir ovale bordé d'argent surgit du néant. Soudain, pour Zibulinion, il n'y eut plus un, mais deux zombies.
Relhnad contempla son reflet.
– A ce stade, ce n'est plus de la laideur, mais une franche horreur, commenta-t-il. C'est courageux de ta part de te résigner à ce que j'ai une telle apparence juste pour toi.
– L'amour rend aveugle, c'est bien connu, répondit Zibulinion avec un sourire, heureux du compliment.
Relhnad rit. Un son cristallin et enchanteur.
Au final, malgré ses aspects négatifs, la punition de la directrice ne faisait que davantage les rapprocher.

mardi 10 juin 2014

Au Zoo Interplanétaire - 8

En essayant de faire abstraction des visiteurs extraterrestres aux apparences aussi diverses étranges qui se promenaient dans les allées, Merwan refit le tour de sa prison et testa la solidité de chaque barreau. Il remarqua que quand il gardait trop longtemps les mains dessus, le matériau lui chauffaient désagréablement les paumes. Il tenta quand même de grimper, mais essuya un échec cuisant car la plante de ses pieds glissaient contre les longues et lisses tiges noires.
Il tâta le sol partout qui se révéla être uniformément rugueux et increusable. Le tapis était indéchirable tandis que la bouteille était en train de se désagréger. Rien en gros ne pouvait l'aider à fabriquer quoique ce soit pour s'échapper. N'est pas Mc Guyver qui veut. Il ne semblait rester que l'option de prendre le dessus sur un des extraterrestres à plateforme. Le problème, c'est que «Huit » ne descendait pas jusqu'à lui et demeurait hors de portée tandis que « Pieuvre » avait de longs et multiples bras. Mais sûrement, il devait avoir un point faible... Un coup à la tête peut-être ? Merwan ne s'était jamais bagarré sérieusement avec personne de sa vie. Il n'avait jamais été favorable à la violence. Il portait bien son nom et était du genre bienveillant. En cas de conflit, il argumentait avec des mots et non avec ses poings. Mais comment faire avec des individus qui ne vous comprennent pas et vous considère comme bête ? Il restait à tenter de communiquer par gestes ou à apprendre la langue d'un des extraterrestres, en commençant par « Pieuvre »
Dès la fermeture du zoo, il se mit à attendre la venue de l'alien à tentacule, mais seul « Huit » vint lui lancer une nouvelle bouteille. Merwan finit par se coucher sur le tapis en chien de fusil, regrettant de ne pas avoir une couverture à se mettre dessus.
Des bruits inconnus le tirèrent de son sommeil. Un engin noir et ronronnant, en forme de bulle flottait juste au-dessus de sa cage. Il déversa un rayon éblouissant à quelques pas de Merwan pendant une minute ou deux avant de s'élever dans les airs et de disparaître dans le ciel psychédélique.
A l'endroit qui avait été touché par le rayon, était allongée une femme nue à la peau blanche et aux cheveux bruns. Elle respirait doucement, les traits détendus, ne sachant pas encore ce qui lui était arrivé. Malgré son envie de parler à quelqu'un, Merwan ne la réveilla pas. Elle découvrirait bien assez tôt leur triste situation.
Ce fut la bruyante ouverture du zoo qui tira la belle endormie de sa bienheureuse inconscience.

lundi 9 juin 2014

Au Zoo Interplanétaire - 7

Zyxx trouva inquiétant que le bipède soit si docile. Il le maintint toutefois bien serré entre deux tentacules au niveau du tronc et se dépêcha de l'amener au centre de soins. Certains animaux étaient vicieux et prétendaient êtres calmes que pour mieux attaquer. Il procéda à un nouvel examen rigoureux. La créature se débattit un peu quand il explora tous ses orifices, notamment celui caché à l'arrière. Dommage pour elle, mais c'était un bon moyen de vérifier la température corporelle. Cela eut une action sur le petit membre qui se mit à gonfler et grossir. Zyxxx le palpa doucement. L'animal émit des plaintes légères comme des souffles, une bien plus jolie musique à l'oreille que ses cris de la veille. Au bout d'un moment, un jet de liquide blanc sortit du membre tandis qu'un soubresaut agitait le corps du bipède. Zyxxx poursuivit son examen. Le bipède n'était pas assoiffé comme la veille, mais son état n'était pas bon pour autant. Stressé par sa transplantation en milieu inconnu, il n'avait pas dû réussir à se reposer. Le problème venait peut-être aussi de son installation. La peau marron de l'animal était tendre et souple, le sol de sa cage était dur. Zyxx enregistra un message à l'intention du gardien de cette zone du zoo afin qu'il remédie à ce problème.
Il ramena ensuite l'animal à sa cage et continua sa tournée. Les animaux qui avaient besoin de soins étaient nombreux et son temps à lui était limité. Trois médecins pour ce gigantesque zoo, c'était vraiment trop peu et bien sûr, c'était à lui qu'étaient assignés tous les nouveaux arrivants en raison des capacités de son espèce.

                                                    *

De retour dans sa prison, Merwan s'assit par terre. Il avait honte de lui-même. L'alien à tentacules avait recommencé à le toucher partout et il avait joui à nouveau entre le tentacule qui simulait sa prostate et celui qui taquinait son pénis, lui procurant un orgasme comme il n'en avait jamais connu de sa vie. Il préféra évacuer tout pensée à ce sujet, car plus il y songeait, plus cela le perturbait.
Les jambes faibles, découragé et épuisé, il refit le tour de sa cage. Il constata qu'elle avait été nettoyée en son absence. C'était toujours ça.
Il s'était rassis et contemplait le ciel délirant quand l'alien qui ressemblait à huit débarqua sur sa plateforme et lui jeta un truc rouge avant de repartir illico.
Merwan s'en approcha avec circonspection, puis le prit. C'était un tapis. Voilà qui serait plus confortable que le sol dur et rugueux de la cage. Ils auraient pu y penser avant... Sauf que son bien-être était le dernier de leurs soucis. Ou pas. La veille, l'alien à tentacules l'avait nourri. Peut-être que son coup de le palper de partout, ce n'était qu'un genre d'examen médical. La preuve, c'est qu'il lui glissait même des tentacules dans les oreilles. Pour lui, ce n'était clairement pas un rapport sexuel qu'il lui imposait. Cela ne changeait pas grand chose si c'était le cas, mais quand même...
Merwan s'étendit sur le tapis rouge pelucheux et finit par s'endormir d'épuisement. Il n'émergea que quand retentit l'assourdissante cacophonie qui annonçait l'ouverture du zoo. Pendant quelques glorieuses secondes, il crut que c'était une sirène de pompiers qui le tirait de son lit, puis il se réveilla tout à fait et se rappela de son effroyable situation.
Pendant qu'il dormait une bouteille lui avait été jeté. Il la but en faisant la grimace. Le goût était toujours aussi particulier. Cependant, il était bien obligé de boire s'il ne voulait pas s'affaiblir et mourir, car comme l'assurait le diction « tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir ! » Reposé, il se sentait plus optimiste : il n'allait pas moisir ici, sûrement il devait exister un moyen de s'échapper.

vendredi 6 juin 2014

Le garçon fée - 206

Zibulinion quitta le bureau, en papillonnant des paupières. Il était presque sûr qu'elle avait prononcé un sort mentalement. Qu'avait-elle fait ? Il n'aimait pas ça, pas ça du tout. Et comment Relhnad allait-il réagir en apprenant que la directrice savait pour eux ? Validocielle allait-elle toucher à la mémoire du professeur de sorts ? Elle n'avait pas paru se soucier de ce que Zibulinion avait pu dire ou non de sa situation à Relhnad.  Est-ce que ce dernier ne le reconnaîtrait plus ?
Cette idée était si angoissante que Zibulinion faillit tenter de se téléporter dans son ancienne chambre pour ensuite rendre visite à son professeur. Il y renonça finalement, mais fut incapable de véritablement étudier les jours qui suivirent.
Il se rendit avec beaucoup trop d'avance au buisson aux moineaux et cria à l'apparition d'une créature aux membres difformes emmaillotés de chiffons crasseux, au crâne dégarni à l'exception de trois mèches poisseuses,  à la peau verte pustuleuse et en lambeaux, avec une orbite vide et un œil pendant, deux trous en guise de nez et un rictus affreux.
– Zibu ?
Cette voix enchanteresse, l'adolescent l'aurait reconnue entre mille. Relhnad.
– Oui...
Il était laid à faire peur, mais c'était lui et il ne l'avait pas oublié.
– La directrice m'a convoqué.
– Oh.
– Tu as le mauvais rôle. Le comble vu que c'est moi l'adulte. Mais non, je suis victime de ma gentillesse et je t'aurais pris en pitié. N'importe quoi ! En attendant, elle est coincée avec ton changement d'identité et ne peut me renvoyer pour une affaire avec un élève qui n'est plus vraiment à Valeaige... Zibu, y-a-t-il un problème ? Tu me regardes bizarrement depuis tout à l'heure.
Zibulinion ne sut quoi répondre. Devait-il ou non dire à Relhnad que la directrice avait transformé la façon dont il le voyait ? Son professeur ne risquait-il pas de croire que l'adolescent ne s'intéressait qu'à son physique ? Cet horrible zombie n'était jamais qu'une image. Il l'effrayait un peu, mais mais il pouvait s'y habituer. L'essentiel, c'était que Relhnad ne semblait pas prêt à renoncer à leur relation, bien qu'elle ait été découverte. Après, garder le secret, pouvait aussi être gênant. Il était tellement plus agréable que tout soit clair entre eux...
– Zibu ?
– La directrice m'a jeté un sort dans l'espoir de nous séparer, mais ça ne fonctionnera pas.
– Comment ça ?
– Je ne vous vois pas comme d'habitude, mais ce n'est pas grave. Vous êtes toujours vous.

jeudi 5 juin 2014

Le garçon fée - 205

Zibulinion s'inquiéta toute la journée durant de ce qu'avait découvert la directrice pour qu'elle le convoque ainsi. Ses messages à ses amis ? Sa relation avec Relhnad ? Les deux ? Cependant, sa manière de procéder pour l'appeler et qu'elle exige qu'il soit sous l'apparence de Noinilubiza n'avait peut-être pas d'autre but que de préserver la bonne image d'Aurobika, supposée être une fée parfaite...
C'est plein d'appréhension, sous l'illusion de Noinilubiza, qu'il se présenta devant le bureau de la directrice.
Validocielle referma derrière lui la porte avec sa baguette d'un geste vif.
– Dégénéré ! Faire les yeux doux à un de mes meilleurs professeurs que je compte convaincre d'épouser ma nièce !
Elle savait. Zibulinion pâlit.
– Tout est ma faute, affirma-t-il, désireux de protéger Relhnad.
– Inutile de me le préciser ! Tu pensais que je me rendrais compte de rien parce que tu utilisais une autre illusion féminine, mais tu aurais mieux fait de te donner la peine d'en créer une autre, une troisième ! Tu as été identifié, suivi et vu en compagnie de Relhnad. Tu as d'ailleurs traumatisé ton pauvre camarade qui n'en revenait pas le gros 10ème année qui avait disparu de Valeaige soit l'ancienne douzième année qui l'avait séduit.
L'identité du camarade en question était claire : Charboige.
– Je...
– Tais-toi ! Je n'ai pas fini. Le pauvre était si perdu et si indigné que j'ai dû alléger ses souvenirs. Je ferai bien pareil avec toi, mais j'ai eu l'idée d'une bien meilleure punition. Si tu choisis de continuer à fréquenter Relhnad, sans te soucier de son possible renvoi, tu verras.
Cette menace faisait peur à Zibulinion, mais empli de sa colère toute fraîche envers les fées qui l'avaient privé de son père en manipulant sa mémoire, il répliqua :
– J'en ai assez que vous fassiez des mystères. Dîtes-moi franchement ce que vous attendez de moi.
La directrice se figea un instant. Sans doute s'était attendue à ce que Zibulinion s'écrase devant elle.
– Tu n'as pas l'air de comprendre ta situation, cracha-t-elle.
Forcément, puisqu'elle n'expliquait rien, escomptant qu'il obéisse aveuglement, mais ça Zibulinion n'osa pas le dire à haute voix et elle continua :
– Jusque là, je me suis montrée très gentille, mais c'est terminé. Chacune de tes fautes sera dûment sanctionnée et ne crois pas que tu seras forcément seul à en payer le prix. Et puisque tu tiens tant que ça à le savoir, je veux que tu aies d'excellents résultats afin de te faire participer à une épreuve spéciale contre une sorcière.
La révélation tombait à plat. Cela ne semblait pas bien méchant : un espèce de concours  comme durant le festival de magie, elle aurait pu lui en faire part avant !
– En quoi cela consistera-t-il ?
– Tu verras, déclara-t-elle avec un sourire narquois.
Un long frisson parcourut l'échine de Zibulinion et ses yeux se mirent à lui brûler.
– Maintenant, retourne étudier, ajouta-t-elle, le congédiant.

mercredi 4 juin 2014

Le garçon fée - 204

Quand son professeur se matérialisa enfin près du buisson aux moineaux, Zibulinion se tourmentait toujours au sujet de son père. Relhnad l'embrassa, mais l'adolescent, trop préoccupé, ne se sentit pas transporté comme d'habitude et ne lui rendit pas.
– Quelque chose ne va pas, Zibu ?
L'adolescent vida aussitôt son sac :
– J'ai renoué le contact avec mes amis, ce qui est positif, mais Neyenje m'a écrit que son travail consistait à trafiquer les souvenirs des gens et pour mon père, je demandais si ce n'était pas pareil.
– De ce que tu m'as rapporté de ta situation familiale, tes parents sont séparés. Vu tes pouvoirs, je croyais que ton père était un fée, mais si c'est un humain, comme ta mère et lui sont divorcés et que seuls les humains mariés aux fées sont autorisés à connaître leur existence, c'est quasi-certain.
– Mais les enfants dans l'affaire ? Personne ne m'a informé, moi ! s'écria Zibulinion entre tristesse et colère. Ma mère m'a menti et lui, il me croit l'enfant d'un autre type avec lequel ma mère l'aurait trompé !
– Calme-toi. A ma connaissance, le père n'oublie pas l'enfant, juste ses ailes et ses pouvoirs. Cependant, je ne suis pas très calé sur la question. Mes deux parents étaient fées.
Zibulinion entendit à peine. La magie montait en lui et un sort se composa dans sa tête, un qui exprimait tout son chagrin d'avoir été privé de père, trahi par sa mère.
Dans le même temps Relhnad fit apparaître sa baguette et créa comme un champ autour d'eux tandis que ses magnifiques yeux se remplissaient de larmes. Sur les parois qui les entouraient désormais, de l'eau se mit à ruisseler et Zibulinion se mit à pleurer. Les fées n'étaient pas toute roses et pailletées comme dans les contes pour enfants. Elles avaient leur part d'ombre, leurs secrets. Ces histoires où les fées étaient aussi belles que dangereuses étaient moins répandues, mais elles existaient et ce n'était pas que de la fiction pour le coup.
Relhnad l'enlaça.
– Je ne connaissais pas ce sort-là, mais je peux t'affirmer que si je ne l'avais pas contenu, c'est toute l'école qui aurait partagé ta tristesse, la directrice compris. Ton énergie magique dépasse l'imagination.
– Je suis désolé. J'ai agis sans m'en rendre compte, murmura Zibulinion.
– Je sais et ce n'est pas la première fois. Tu l'as longtemps contenu en toi, et contrairement autres fées, ton premier réflexe n'est pas d'utiliser la  magie, mais peu à peu elle te devient aussi naturelle que tu respires. Il faut dire que tu es obligé de t'en servir en permanence avec ton illusion. En tout les cas, ta peine est légitime et dès que tu maîtriseras la téléportation, nous pourrons rendre visite à ton père et peut-être arranger les choses. Je ne peux pas t'emmener avec ma seule magie, cela nécessiterait plus d'énergie que je n'en possède pour une aussi longue distance.
– Mais je n'ai pas le droit, n'est-ce pas ?
– Selon la loi féérique, non. Cependant, il y a une petite chance que nous parvenions à ce que ton père te reconnaisse comme son fils sans le remettre dans le secret de l'existence des fées.
– Même si c'est interdit, vous m'aiderez ?
– Oui, Zibu. Pour toi, je suis prêt à toutes les transgressions.
Zibulinion, toujours bouleversé, esquissa un pauvre sourire. Leur relation elle-même en était une.
Il voulut refaire immédiatement un test de téléportation, mais Relhnad refusa. Il trouvait que l'adolescent n'était pas en état. Il le garda contre lui longuement, puis le quitta sur un long baiser qui contenait tout son amour.
C'est le cœur moins lourd que Zibulinion repartit vers l'école.

Cette nuit-là, il fit un cauchemar où la directrice qui le convoquait dans son bureau après le dîner, sous les traits de Noinilubiza. Excepté que ce n'était pas un rêve. Zibulinion se réveilla aussitôt en sursaut et en sueur, incapable de se rendormir. Le passage de la directrice dans son rêve avait été bref et violent, mais sa fureur ne lui avait pas échappé.

mardi 3 juin 2014

Au Zoo Interplanétaire - 6

Merwan regarda l'alien s'éloigner sur la plateforme circulaire et se laissa glisser sur le sol. Ses jambes ne le portaient plus. "Violé par les extraterrestres" ce type de mauvais film porno devait exister, même s'il n'en avait jamais vu de sa vie. A la place, il l'avait vécu. De multiples frissons le parcoururent. Les tentacules invasifs de l'alien avaient couru sur tout son corps, allant jusqu'à brièvement entrer dans ses oreilles et ses narines. Un s'était insinué dans la raie de ses fesses et avait plongé profondément en lui, tandis que les autres continuaient à le palper partout, y compris à l'entrejambe. Le tentacule s'était enroulé autour de son pénis, l'excitant malgré lui, malgré son dégoût. Toutes ses simulations l'avaient conduit à la jouissance. Il en avait pleuré. L'alien avait aspiré le sperme comme les larmes, lui avait fait ingéré de force un infâme liquide et l'avait ramené dans sa prison. Il se sentait totalement perdu. L'alien l'avait certes réduit à l'impuissance, mais il n'avait pas été violent. Tout ça avait eu quelque chose de clinique.
Incapable de fermer l'œil en dépit de sa fatigue, Merwan se prit la tête des heures durant, peinant à croire que ce qu'il vivait était réel. Par moments, il lui semblait que les tentacules de l'alien étaient toujours sur lui.
Quand le ciel orange se barra de violet, une cacophonie et des grésillements se firent entendre et bientôt les allées se remplirent à nouveau de créatures monstrueuses. Une "nouvelle journée" commençait et Merwan était déjà épuisé. Il se roula en boule et tenta de dormir, mais c'était impossible. Le sol était trop dur. Il se redressa, mais resta recroquevillé. Il espérait vaguement que son immobilité le rendrait inintéressant et que les créatures ne s'attarderaient pas devant sa cage. C'était cependant peine perdue, car le flot des visiteurs ne se tarissait pas. Chaque fois qu'il devait faire ses besoins, c'était affreux.
A un moment, une plateforme descendit vers sa cage. Une créature ressemblant à un espèce de huit avec des pattes lui lança un genre de bouteille.
Si Merwan ne se trompait pas les aliens sur plateforme travaillaient pour le zoo. Il hésita longuement, puis but. Il reconnut le goût bizarre du liquide que la créature à tentacules lui avait fait avaler la veille. C'était comme un cocktail où des liquides incompatibles auraient été mélangés genre jus de courgette et de fraise. Néanmoins, c'était désaltérant. Un bête verre d'eau tiré du robinet eut été meilleur, mais Merwan n'avait pas voix au chapitre. Un morceau de pain comme repas eut été délicieux. Il s’achetait invariablement une baguette fraîche tous les matins.
C'était horrible de se dire qu'il n'en mangerait sûrement plus jamais, mais ce n'était rien quand il songeait qu'il ne reverrait sans doute jamais plus ses parents et amis, car en admettant qu'il parvienne à s'échapper de sa cage, comment rentrerait-il sur sa planète ? A moins qu'il ne fasse la même découverte qu'à la fin de La Planète des singes... Il s'accrochait encore à l'espoir que tout ça ne soit qu'une expérience scientifique d'un savant fou, mais il se doutait qu'il n'en était rien. Les tentacules qui s'étaient enroulés autour de son corps hier l'obligeaient à admettre qu'il était bel et bien entre les « mains » d'extraterrestres. Qu'aurait fait son ami Mathias à sa place ? Comment son entourage vivait-il sa disparition? Qu'allait-il devenir ? Autant de questions sans réponse parce qu'il était désespérément seul au milieu de ses étranges créatures.
Les tintements accompagnées de grincements vidèrent les allées et peu après, l'alien à tentacules réapparut sur sa plateforme. Même s'il redoutait ce qui l'attendait, Merwan ne chercha pas à esquiver les tentacules qui se tendaient vers lui. Entre le manque de sommeil et la tension à être regardé comme une bête curieuse par des êtres étranges, il était à bout de force.

lundi 2 juin 2014

Au Zoo Interplanétaire - 5

Zyxx libéra partiellement l'animal à la peau marron pâle qu'il tenait entre ses tentacules. Cette nouvelle addition au zoo interplanétaire n'avait rien de fascinant. Elle était peu poilue, la majorité des poils était situé sur le haut l'animal : une touffe noirâtre peu engageante. Ses cris inarticulés étaient désagréables à entendre.
Néanmoins, c'était son job en tant que médecin animalier de veiller à sa santé. Ce qui était dommage, c'est que le directeur, avait encore jugé bon de mettre le nouvel animal à la vue de tous sans lui laisser le temps de l'examiner au préalable en situation stable. Ce n'était pas la première ni la dernière fois qu'il se permettait ça, sous prétexte que l'annonce de nouveaux arrivants avaient été annoncé, que la capture avait pris plus de temps que prévu et qu'il ne voulait pas décevoir le public. Il ne voulait surtout pas avoir à rembourser les billets pour publicité mensongère, oui.
La bestiole hurla encore. Zyxx lui tapota sa touffe, espérant l'apaiser et commença à l'examiner dans tous les coins, recoins et orifices possibles à l'aide de ses tentacules. Le bipède lui mordit celui qu'il lui avait glissé dans la bouche, étouffant les sons qu'elle émettait. Zyxx ne le retira pas, car cela ne lui faisait pas spécialement mal et continua son exploration. Le plus petit membre de son patient s'était allongé et avait durci. Il le massa plus vivement, intrigué. Un liquide blanc jaillit. Zyxx le recueillit dans un de ses tentacules à trompe pour examen ultérieur. C'était doux-amer. Le bipède, le souffle court, émit une plainte et quelque chose coula de ses yeux. Zyxx l'aspira également - c'était légèrement salé -  et relâcha les deux échantillons dans des tubes stériles.
L'animal était à présent presque inerte dans ses tentacules. Son examen indiquait qu'il était en manque liquide ce qui était curieux puisqu'il venait d'en produire, mais qu'importe.
Zyxx étira un de ses tentacules jusqu'au placard et récupéra une bouteille de soupe nutritive dont il vida le contenu par son tentacule dédié aux réserves alimentaires avant de le ré-expulser dans la bouche de l'animal qui l'avala, non sans en perdre une partie qui glissa sur son corps. Zyxx l'essuya avec son tentacule nettoyeur. De nouvelles gouttes perlèrent aux yeux de l'animal qui décidément ne semblait pas au mieux de sa forme.
En même temps, c'était normal, il avait été brutalement arraché à son milieu naturel. Il allait lui falloir du temps pour s'adapter à son nouvel environnement. Les autres animaux qui provenaient de la même planète que lui paraissaient moins perturbés, mais d'après le rapport plus que succinct des captureurs, ils vivaient déjà en cage au moment de leur enlèvement.
— Tout va bien aller, petit bipède. Je vais bien m'occuper de toi. Je veillerai à ce que tu ne manques rien. Et ne t'en fais pas, tu devrais bientôt avoir de la compagnie.
Zyxx ramena l'animal dans sa cage - celui-ci était nettement plus calme qu'à l'aller - et l'y laissa.
Il était soulagé d'en avoir fini avec lui. Les animaux inconnus attrapés sur les planètes éloignées étaient les plus durs à soigner et il s'en était déjà occupé de six depuis la fermeture du zoo. Les animaux déjà répertoriés étaient autrement plus simples. Pour les autres, il fallait tâtonner, deviner, étudier de zéro leur biologie, leur alimentation, leur mode de reproduction...
Zyxx poursuivit son tour, guérissant animaux à pattes, ailes, poils, plumes qui en avaient besoin jusqu'à ce que les raies du ciel verdissent, avant de rentrer dans son logis, un confortable cube de trois étages. Enfin, il allait pouvoir délasser ses tentacules.