lundi 31 mai 2010

Le Suivant du prince - 122

Les autres membres du Conseil des douze n'avaient pas été ravis par la décision du prince, mais à la différence du ministre des Affaires Intérieures et de celui des Relations Extérieures, ils avaient finis par se résigner. Il avait toutefois fallu que Galf, l'elfe guérisseur de la suite de Paprika, revienne à la Cour certifier que Youri était enceint, car ni Mell ni Safriki n'avaient réussi à les convaincre que c'était le cas.
– Je n'ai pas changé d'avis. Nous avons assez débattu la question, me semble-t-il.
– Mais, votre Majesté, les origines de votre Suivant sont... commença le Ministre des Affaires Intérieures.
– Je ne veux plus rien entendre sur mon futur époux, coupa Aldrick.
Le Grand Chambellan jeta un coup d'œil à Youri qui était assis un peu en retrait derrière le prince. Avant la confirmation de sa grossesse, le jeune homme aurait été debout, mais depuis qu'il était certain qu'il portait son enfant, Aldrick avait insisté pour que son Suivant ne reste pas au garde à vous à ses côtés. Il ne fallait pas que Youri se fatigue. Le prince n'avait certes pas perdu de temps pour mettre son Suivant enceint ! En même temps, ce n'était qu'à cette condition qu'il avait pu faire accepter son mariage avec lui par les membres du Conseil. Les discussions à ce sujet avaient, malgré tout, été houleuses et Rudolf avait trouvé remarquable que Youri demeure imperturbable alors même que les différents Représentants faisaient des réflexions forts désagréables sur sa personne. Quand il avait, en privé, félicité le jeune homme pour sa retenue, ce dernier avait simplement répondu qu'autrefois, c'était son pain quotidien. En revanche, il n'était pas habitué à ce que quelqu'un prenne sa défense... Le prince, lui, avait en effet plus d'une fois perdu son calme en face des Représentants qui avaient osé s'en prendre à Youri.
Rudolf se racla légèrement la gorge et intervint avant que le ministre des Relations Extérieures ne s'emmêle et que le prince ne s'emporte. Il était de son devoir d'assurer le bon déroulement du conseil.
– Allons messieurs, nous avons d'autres questions à aborder.
Le Représentant des Commerçants se mit alors à parler du développement des échanges commerciaux avec les elfes. Le récent mariage entre le prince Safriki et Mell avait ouvert des possibilités qui méritaient d'être exploré. Le ministre des Relations Extérieures profita hélas de l'occasion pour regretter à haute voix que le prince n'ait pas épousé la princesse Paprika, ce qui obligea Rudolf à prendre une nouvelle fois la parole pour éviter que les choses ne dégénèrent.

vendredi 28 mai 2010

Le Suivant du prince - 121

Chapitre XX : Comme il plaira à sa Majesté

Rudolf Hautcoeur frappa le petit gong : la séance du Conseil des douze était ouverte. Le Chef des Armées prit la parole le premier afin d'aborder immédiatement le sujet qui l'intéressait : déclarer la guerre aux centaures. Il remettait le sujet sur le tapis presque à chaque réunion du Conseil.
– Cela va faire bientôt six mois que la délégation envoyée à Equilia ne donne plus signe de vie. Il est temps d'agir, votre Majesté. Il faut exercer des représailles où nous perdrons la face.
Le prince, les pieds passés par-dessus les accoudoirs de son fauteuil, répondit comme il le faisait toujours quand le Chef des Armées mentionnait le sujet :
– Cette délégation avait pour but de mettre fin à la guerre couvée entre nous et nos voisins centaures. Alors, déclarer ouvertement la guerre parce que nous restons sans nouvelle de cette délégation me semble tout à fait inapproprié.
– Mais vous ne pouvez pas laisser impunis les centaures, Majesté !
Le nouveau Représentant des Prêtres qui était très pieu et très pacifique, intervint :
– Personne ne sait ce qu'il est advenu des membres de la délégation. Nul crime n'a été commis jusqu'à preuve du contraire.
– Voilà qui est bien parlé. Il faut se tourner vers l'avenir. Où en sommes-nous des préparatifs pour mon mariage ?
Rudolf Hautcoeur admira la rapidité avec laquelle Aldrick avait évacué le sujet de la guerre contre Equilia. Le Grand Chambellan savait que le sujet était douloureux pour Aldrick. Le prince lui avait en effet confié qu'il mourrait d'envie d'agir afin de savoir ce qui était arrivé à son frère de lait, mais qu'il savait que ce n'était pas une raison suffisante pour entrer en guerre avec les centaures. Il ne pouvait décemment pas envoyer à la mort des milliers d'hommes pour venger une poignée d'hommes courageux qui avaient accepté en toute connaissance de cause de faire parti de la délégation envoyée chez les centaures. Ils étaient partis avec le désir d'améliorer les relations avec les centaures, pas de les empirer.
– Tout devrait être prêt dans un mois, si votre Altesse maintient sa décision d'épouser son Suivant, répondit le ministre des Affaires Intérieures d'un ton pincé.
Le ministre des Affaires Intérieures et celui des Relations Extérieures avaient été fort marri par le choix du prince. Ils avaient, une fois n'est pas coutume, fait front commun pour s'opposer à cette union. Leur entente n'avait cependant pas duré, car l'un regrettait que Aldrick n'épouse pas Paprika tandis que l'autre déplorait qu'il ne choisisse pas une jeune femme de la noblesse Astrienne.

jeudi 27 mai 2010

Le Suivant du prince - 120

Intrigué, Kilim s'approcha de Léo.
– Qu'est-ce ?
Bien qu'il soit également fort curieux, Léo lui tendit le papier, laissant à Kilim l'honneur de découvrir le premier de quoi il en retournait. Avec empressement, le prêtre le déplia et le lut avant de le rendre à Léo.
Sur le papier était écrit en Astrien :
Les antiesclavagistes sont en marche, tenez-vous prêts.
– Les choses vont bouger, dirait-on.
– Oui, enfin ! Heureusement que tout le monde n'a pas un poil dans la main ! s'exclama Kilim.
Toujours le mot pour être désagréable, songea Léo. Ne pouvait-il pas se réjouir simplement à l'idée qu'ils ne seraient bientôt plus derrière des barreaux ? Non, sans doute que non. Après tout, cette promesse de liberté ne signifiait pas que Galad était sain et sauf. Cela ne voulait pas dire non plus qu'ils étaient sortis d'affaire. Les centaures antiesclavagistes pouvaient très bien ne pas réussir à les libérer. Et, même si ces derniers y parvenaient, rien ne garantissait qu'ils rentrent un jour en un seul morceau à Astria.
– C'est tout de même dingue que Aldrick VII n'est pas mieux planifié les choses, soupira Kilim.
– Aldrick escomptait que l'on reçoive de l'aide des centaures n'approuvant pas l'esclavage.
Léo se mordit la langue : il n'aurait pas dû réagir. Kilim n'attendait que ça pour recommencer à se plaindre des têtes couronnées.
– Ah ! La belle affaire ! Il ne pouvait pas en être certain !
– Tu as raison, répondit Léo, espérant que Kilim ne se lancerait pas dans une nouvelle diatribe.
Cependant, c'était peine perdue.
– Quand bien même l'aurait-il prévu, ce serait horrible de sa part. Comment peut-on souhaiter qu'un peuple s'entredéchire ?
La question était rhétorique, aussi Léo ne fit pas l'effort de répondre. Il savait que Aldrick espérait qu'il n'y ait pas de bain de sang et que c'était d'ailleurs pour cette raison que ce dernier avait envoyé une délégation et non une armée pour faire changer la mentalité des centaures... Quoiqu'il en soit, il était inutile de le préciser à Kilim qui aurait trouvé autre chose à reprocher à Aldrick.
– Une guerre civile, voilà ce qui se prépare, continua Kilim.
Les lamentations du prêtre devaient l'aider à évacuer son stress. Léo arrêta d'écouter. Que Demian faisait-il en ce moment ? Peut-être se promenait-il, cheveux au vent dans la campagne ou bien peut-être était-il en train de manger une tranche de pain d'épice dans la cuisine du manoir en plaisantant avec Kharl... Une chose était certaine : il attendait son retour.

(Fin du Chapitre 19)

mercredi 26 mai 2010

Le Suivant du prince - 119

Demian... Ses grands yeux bleus purs comme le cristal... Le cœur de Léo se serra en songeant qu'il ne reverrait peut-être jamais l'adolescent. Oui, il était probable qu'il ne voit jamais ce dernier devenir un homme.
Kilim continua, en agitant furieusement les bras :
– Tout ça me rend malade ! Malade !
Léo qui écoutait d'une oreille distraite le prêtre roux, commenta :
– Tu as déjà essayé ce coup-là le mois dernier. Le garde du moment t'a ri au nez, en te disant que tu pouvais crever, il s'en moquait.
L'énervement de Kilim retomba et c'est d'un ton calme qu'il répondit :
– Je sais. Mais cela me tue de rester les bras ballants sans savoir.
Léo avait fini par comprendre que c'était moins leur sort dont se souciait Kilim que de celui de Galad et il compatissait aux inquiétudes du prêtre, mais avait tout de même du mal à supporter le caractère lunatique de ce dernier.
– Appelons un garde. Ce n'est jamais le même qui vient. Peut-être que nous finirons par tomber sur un qui est ouvert à la discussion.
Kilim secoua la tête, l'air désabusé et s'éloigna dans le fond de la cellule.
– Garde ! Garde ! cria Léo.
Un long moment s'écoula avant qu'un centaure n'arrive. C'était un jeune, court sur pattes.
– Que voulez-vous ?
Sa voix manquait d'assurance et l'un de ses sabots vernis martelait nerveusement le sol. Léo se prit à espérer qu'il arriverait à lui soutirer des informations.
– Nous aimerions savoir s'il y a du nouveau quant à ce que l'on va faire de nous.
– Je n'ai rien à vous dire.
– Ou plutôt tu ne sais rien.
La queue du jeune centaure fouetta l'air.
– Ne nous dérangez plus pour rien, déclara-t-il avant de partir.
– Et voilà, nouvel échec, soupira Kilim.
Léo ne voulait pas se laisser gagner par le découragement du prêtre roux.
– Garde ! Garde !
Après un temps d'attente plus important, un centaure arriva. Cette fois, c'était une vieux à qui il manquait un œil. Cela s'annonçait mal...
– Un problème ? demanda-t-il d'un ton revêche.
– Pourrions-nous avoir une audience avec Purulin III ?
– Non. Et ce n'est pas la peine d'appeler une nouvelle fois, personne ne viendra.
En disant ces mots, le vieux centaure fit tomber quelque chose dans leur cellule, puis s'en fut. Léo attendit quelques instants avant de ramasser ce qui se révéla être un morceau de papier soigneusement plié.

mardi 25 mai 2010

Le Suivant du prince - 118

– Lyonn, tu m'écoutes ?
Kilim avait réalisé que Léo n'aimait pas être appelé par son nom de famille, mais prenait un malin plaisir à le faire, rien que pour l'agacer. Léo soupira. Il aurait largement préféré partager une cellule avec le capitaine Schard, hélas, les centaures en avaient décidé autrement.
– Pour être franc, non. Tu répètes les mêmes choses depuis des semaines.
Kilim pesta.
– Je n'arrive toujours pas à croire que le plan était juste de parler avec les centaures et d'obtenir qu'ils se montrent désormais de bons voisins !
– Oui, nous sommes venus juste pour discuter. Mais je ne peux rien faire si les centaures refusent de m'écouter.
Ils avaient déjà eu cette conversation à maintes reprises, mais cela n'empêchait pas Kilim de revenir à la charge.
– Combien de temps va-t-on encore pourrir ici ? Tu es supposé être un grand Chevalier, débrouille-toi pour nous faire sortir d'ici.
– Je ne peux pas magiquement faire disparaître les barreaux. Je ne suis pas un elfe.
– Si les elfes sont capables de ça, nous aurions dû en emmener un avec nous, grommela Kilim.
– Je ne sais rien des pouvoirs elfiques. Tout ce que je voulais dire, c'est que j'ai déjà essayé de faire ce qui était dans mes moyens.
– Vraiment ? Laisse-moi te dire que c'était décevant. Proposer de te battre contre le centaure le plus valeureux d'Equilia pour prouver la valeur des Astriens... Quelle idée ridicule ! On voit que tu ne connais rien à rien aux centaures, mon pauvre !
Léo ne perdit pas son calme devant les reproches acerbes de Kilim, mais un sentiment de lassitude l'envahit. Le prêtre roux ressassait les mêmes griefs depuis des jours et des jours.
– Ce n'était pas plus ridicule que ta tentative d'assommer l'un de nos gardiens pour récupérer la clé de notre cellule.
– J'ai agi, moi, au moins.
Léo ne répliqua pas, mais repensa à la mine déconfite de Kilim quand il avait découvert que le garde n'avait pas la clef sur lui. Léo l'avait pourtant prévenu qu'il s'exposait à cette déconvenue en frappant le garde alors que ce dernier se trouvait à l'extérieur de la cellule. Toujours est-il que cet essai leur avait valu une cinquantaine de coups de bâtons chacun et une promesse de pire s'ils recommençaient.
Kilim se remit à parler :
– Ne veux-tu donc pas retrouver ton époux ? Fais quelque chose pour nous sortir de ce trou, bon sang !

lundi 24 mai 2010

Le Suivant du prince - 117

Chapitre XIX : Loin des yeux, proche du coeur

– Bientôt trois mois que nous moisissons en prison... J'en ai assez de passer ma vie en cage à attendre que les têtes couronnées daignent décider ce qu'elles vont faire de nous.
Léo comprenait l'énervement de Kilim. Ce dernier avait passé de longues semaines emprisonné à Astria avant d'être libéré pour se retrouver, quelques jours plus tard, enfermé dans les prisons du roi des centaures, Purulin III. Kilim, tout en marchant de long en large d'un pas rageur, lança quelques injures salées à l'intention des princes et des rois. Il avait vraiment un fichu tempérament et Léo se surprit à se demander comment il avait pu inspirer de tendres sentiments à Galad... Ce dernier était-il toujours en vie ? Impossible à savoir, hélas. Ils avaient été séparés très tôt du centaure.
Peu de temps après avoir franchi la frontière entre Astria et Equilia, leur délégation avait été appréhendé par un large groupe de centaures. Le chef du groupe avait tiqué en voyant Galad, mais avait tout de même courtoisement proposé de les escorter jusqu'à la Cour. Il les avait même invité à partager un repas avec eux. C'est après ce dernier que les choses s'étaient gâtées : les centaures n'avaient en effet pas digéré que les Astriens ne deviennent pas des esclaves soumis après avoir mangé ! La cordialité n'avait plus été de mise et ils avaient été immédiatement constitués prisonniers. C'est attaché et sous bonne garde qu'ils avaient été conduit auprès de Purulin III. Le vieux roi avait ignoré Léo qui était pourtant le chef de la délégation de Aldrick VII et s'était uniquement adressé à Galad qui lui avait tenu un fort brillant discours lui expliquant le but de leur visite. Cependant, comme il aurait été trop simple que Purulin III accepte la remise en cause de sa supériorité sur les humains, il avait décidé d'enfermer jusqu'à nouvel ordre tout les Astriens qui avaient résisté à la drogue centaure. Après leur enfermement, ni Léo ni Kilim n'avaient réussi à apprendre de leurs gardiens ce qu'il était advenu du centaure. Quand ils avaient insisté pour avoir des informations, ils avaient appris qu'il était question que tous les Astriens soient exécutés en publique. Cependant, des jours, puis des semaines s'étaient écoulés sans qu'ils ne voient rien venir... Visiblement, statuer sur leur sort posait problème, ce qui n'était pas pour déplaire à Léo qui préférait garder le plus longtemps possible la tête sur les épaules. Malgré tout, l'attente devenait longue et l'inactivité pesait à Léo. Sasn compter que la perspective de passer le restant de ses jours enfermé ne l'enchantait pas plus que ça. Malheureusement, toutes leurs tentatives de communication avec leurs gardiens s'étaient soldés par de cuisants échecs, aussi se retrouveraient-ils obligés d'attendre le bon vouloir des Equiliens.

vendredi 21 mai 2010

Le Suivant du prince - 116

Comme Mell avait pris la peine d'aller le chercher en personne, il était déjà au courant des mariages qui se profilaient à l'horizon, mais il laissa le prince l'informer. Quand ce dernier eut terminé de parler, il approuva ses projets. Le Grand Chambellan remarqua non sans un certain amusement que Youri ouvrait de grands yeux écarquillés. Le jeune homme s'était à coup sûr attendu à ce qu'il s'oppose à leur possible mariage. Sans préciser qu'il restait encore sceptique quant au fait que Youri puisse concevoir un enfant, Rudolf prit la peine d'expliquer pourquoi il ne cherchait pas à dissuader le prince de ce qui s'apparentait fort à une folie.
– A partir du moment où le prince parvient à vous mettre enceint, le mariage est plus que souhaité. L'existence d'un enfant illégitime fragilise le trône et peut être source de guerre civile à l'avenir.
– Je n'avais pas pensé à cet argument pour le convaincre de m'épouser, commenta Aldrick. Si j'avais su, cher Rudolf, je vous aurais fait venir plus tôt, ajouta-t-il.
– J'aurais été heureux de vous aider, votre Altesse. Par contre, si vous épousez votre Suivant, il faudra songer à vous en chercher un autre.
– Ah, non, alors ! Je ne supporterai personne d'autre que Youri à mes côtés.
– Il ne peut cumuler deux rôles.
– Et pourquoi pas ?
Rudolf Hautcoeur soupira intérieurement, il reconnaissait bien là le prince.
– Du point de vue des usages, marié ou pas marié, les princes d'Astria ont toujours eu un Suivant.
– Certes, mais jamais personne n'a épousé son Suivant.
Un point pour lui. Bien que les mariages entre personnes du même sexe soit chose courante, aucun souverain Astrien n'avait jamais fait cela puisque les Suivants avaient toujours été des hommes - à l'exception de celui de Aldrick II - et que les hommes ne peuvent normalement pas donner d'héritier au trône... Oui, dans toute l'histoire d'Astria, Aldrick VII devait être le prince qui avait le plus innové. Avec lui, les situations inédites se multipliaient...
– Vous devriez tout de même y réfléchir, votre Altesse. Créer trop de bouleversements...
– C'est déjà tout vu ! Cette tradition d'avoir un Suivant est bien jolie, mais elle n'est guère agréable dans la pratique. Il est peut-être temps de la supprimer.
Rudolf rentra les mains dans les larges manches de sa robe rouge. Même si l'idée de mettre fin à une coutume qui remontait à la nuit des temps lui déplaisait, peut-être que le prince avait raison... De toute façon, avec Aldrick, le combat était perdu d'avance.
– Comme il plaira à sa Majesté, répondit-il.

(Fin du chapitre 18)

jeudi 20 mai 2010

Le Suivant du prince - 115

Aldrick haussa les épaules.
– Et alors ? Il y aura toujours des mécontents.
Youri soupira intérieurement : et voilà pourquoi ce cher Al n'en faisait qu'à sa tête...
– Je sais que certains elfes ont voulu supprimer Aldrick parce qu'ils étaient contre le métissage, mais la majorité des Iridiens considèrent qu'être partiellement elfe est mieux qu'être juste humain. Et puis, il faut montrer l'exemple, combattre les préjugés !
Il était logique que Safriki voit les choses ainsi vu qu'il allait épouser Mell... Youri secoua la tête.
– Je pense toujours que c'est une mauvaise idée.
– Pourquoi nous refuses-tu une chance d'être heureux ? Ne sois pas aussi stupide que Mell a pu l'être ! s'exclama Aldrick.
Le vieux prêtre n'apprécia guère d'être pris en contre-exemple et il décida qu'il était temps de se retirer.
– Pouvons-nous y aller, votre Majesté ?
Cette fois, Aldrick approuva. Il serait plus aisé de convaincre Youri sans témoins.
– Prévenez Paprika et faîtes-moi appeler Rudolf que je l'informe des derniers évènements, ajouta-t-il avant que le prêtre ne sorte.
Mell hocha la tête, s'inclina et entraîna Safriki dehors.
– Et maintenant à nous deux ! déclara Aldrick d'un ton décidé.
Youri se prit à espérer que le Grand Chambellan débarque sur le champ pour demander au prince de se montrer raisonnable. Il ne pouvait sérieusement envisager d'épouser son Suivant, un ancien garçon d'auberge, un homme aux origines elfiques !
– Je ne vais pas te supplier de m'épouser. Ce n'est pas mon genre. Toutefois, si je te mets enceint, j'ose espérer que tu accepteras.
– Je ne suis pas sûr de vouloir.
Aldrick qui jusque là s'était montré compréhensif, mettant plus ou moins sa fierté entre parenthèses, perdit patience :
– Ne pas vouloir quoi ? Porter un enfant ? Ou finalement, le problème est bien que tu ne tiens pas être « la femme » au lit?
Youri ne pouvait nier que la perspective l'inquiétait un peu. Cependant, il était encore plus embarrassé par l'idée de faire l'amour en pleine nature. Sans compter que mettre au monde un enfant avait un côté angoissant...
– C'est compliqué.
– Dis juste « oui » et tout deviendra simple, répondit Aldrick en se rapprochant du jeune homme. Juste « oui », répéta-t-il au creux de son oreille.
Youri frémit. Il n'avait plus envie de lutter. Que lui importait au fond de se mettre à dos les nobles Astriens ? Il aimait Al, et c'était tout ce qui comptait.
– C'est oui.
Aldrick le prit dans ses bras et et dans sa joie, le souleva de terre. Cependant, il le reposa bien vite, car Youri n'était pas exactement un poids plume !
Ils allaient s'embrasser pour sceller leur accord quand un léger coup à la porte se fit entendre. Rudolf Hautcoeur était arrivé.

mercredi 12 mai 2010

Le Suivant du prince - 114

– Cela n'a aucune importance.
– Les Astriens n'accepteront jamais ça.
– Je suis le prince, ils n'auront pas le choix !
– Aux dernières nouvelles, tu n'es pas un tyran.
– Fais confiance à mon pouvoir de persuasion... D'ailleurs, on dirait que je vais devoir commencer par m'en servir sur toi.
Youri détourna la tête afin d'éviter le regard séducteur de Aldrick : il avait peur de se laisser convaincre.
– N'est-ce pas plutôt parce tu ne veux pas que nous échangions nos positions au lit que tu refuses d'essayer ? reprit Aldrick avec une certaine malice comme le jeune homme demeurait silencieux.
Youri, gêné, coula un regard en coin à Safriki et Mell. Heureusement, ces derniers, toujours dans leur bulle, n'avaient rien entendu.
– Là n'est pas la question. Enfant ou pas, je ne peux pas devenir ton mari. Pas avec mon passé.
– Sans toi, je serais déjà mort. Si ton gène elfe est assez fort, tu...
Aldrick s'arrêta au milieu de sa phrase. Il venait de repenser aux fois où Youri lui avait sauvé la vie. Chaque fois le jeune homme avait semblé savoir quelques secondes avant qu'un danger le menaçait... peut-être était-ce grâce à ses origines elfiques ? Le prince elfe lui-même avait admis qu'il y avait encore beaucoup de choses sur les elfes que les Astriens ne connaissaient pas... Le plus simple était de demander !
– Safriki. Safriki !
Aldrick répéta encore trois fois le prénom de l'elfe, puis il tapota sur l'épaule de ce dernier. Le jeune elfe détacha lentement ses yeux de Mell qui secoua légèrement la tête, comme s'il sortait d'une transe. Et peut-être était-ce d'ailleurs le cas...?
– Qu'y a-t-il ? demanda Safriki avec humeur.
Aldrick exposa son hypothèse et le prince elfe la confirma :
– Les elfes peuvent en effet sentir le danger.
Youri déglutit, chaviré d'apprendre qu'il avait des pouvoirs dont il n'avait même pas soupçonné l'existence.
– Je crois qu'il n'y a pas trop à s'inquiéter sur la force de ton gène elfe, déclara Aldrick avec satisfaction.
– Cela ne change rien à mes basses origines, rétorqua Youri.
Safriki qui n'avait pas suivi le début de la discussion, s'emporta:
– Basses ! Comment cela, basses ! Tu devrais être fier d'avoir du sang elfe dans les veines ! Cela vaut toutes les lettres de noblesse !
Avant que Youri ne corrige la méprise de Safriki, Aldrick, inspiré par les propos de l'elfe, s'exclama avec enthousiasme :
– Mais bien sûr ! Tes origines elfiques sont un excellent argument auprès d'une partie des nobles Astriens... Quoi de mieux que d'épouser un Astrien qui est partiellement un elfe pour renforcer nos liens avec les Iridiens ?
– Le métissage n'est pas bien vu, répliqua Youri avec promptitude.

Petite pause : le prochain épisode sera posté le jeudi 20 mai

mardi 11 mai 2010

Le Suivant du prince - 113

Le prince se tourna vers Youri.
– Tu es prêt à tenter de tomber enceint ?
Youri jeta un coup d'œil embarrassé à Safriki et Mell. Il n'y avait que Aldrick pour oser poser des questions d'ordre privé alors qu'ils n'étaient pas seuls... En même temps, si le jeune homme était honnête avec lui-même, il aurait eu du mal à répondre même sans cela. Qu'il soit capable ou non de donner un descendant au trône d'Astria ne changeait rien à ses basses origines...
Comme Youri ne répondait pas et que Aldrick commençait à s'impatienter, Mell intervint avec délicatesse :
– Nous allons vous laisser discuter tranquillement de la chose.
– Non, restez. Cela vous concerne aussi, répliqua Aldrick avec autorité.
– Que voulez-vous dire par là ? demanda Mell.
– J'aimerai épouser Youri s'il peut porter mes enfants et pour cela, j'ai besoin d'être libéré de tout engagement auprès de la soeur de Safriki, ici présent. J'ai attendu assez longtemps une réponse de ta part à ce sujet, Mell.
Le vieux prêtre lissa pensivement sa robe verte, puis releva la tête pour regarder Safriki. Le prince elfe guettait clairement sa réaction. Safriki, Aldrick, Paprika, son propre fils... tout le monde voulait qu'il accepte de se remarier. Cela les arrangeait tous. Il se mettait en travers du bonheur des autres en continuant à tourner autour du pot. Quant à lui, profondément, il était attiré par l'elfe... Il aimait son caractère fier, son assurance et son petit sourire en coin.
– Si Safriki a toujours envie de moi, je suis d'accord pour l'épouser.
Le prince elfe se jeta à son cou dès la fin de la phrase.
– On dirait bien qu'il est toujours partant... commenta Aldrick. Paprika va être ravie d'apprendre la nouvelle. Grâce à vous deux, notre union n'aura pas lieu sans que cela cause de crise entre elfes et humains, ajouta-t-il.
Ni Mell ni Safriki ne réagirent, car ils ne l'écoutaient plus. Collés l'un contre l'autre, ils étaient devenus indifférents à ce qui les entourait.
Aldrick secoua légèrement la tête, amusé.
– Cela me semble une mauvaise idée, déclara brusquement Youri à mi-voix, comme pour lui-même.
– De quoi parles-tu ?
– Je pense qu'un mariage entre nous est une mauvaise idée, répéta le jeune homme.
– Si tu peux me donner des héritiers, je ne vois pas où est le problème.
– Je suis un Sans-Guilde.
– Étais. Tu es à présent mon Suivant.
– Cela ne change rien. Jusqu'à il y a peu, je n'étais qu'un simple garçon d'auberge.

lundi 10 mai 2010

Le Suivant du prince - 112

– Comment ça ?
– Tu m'as toujours dit que ton frère avait mauvaise santé, mais vous viviez en ville. Léo, lui, a trouvé que Demian se portait comme un charme. Or, le manoir des Lyonn se trouve au milieu de la forêt...
Youri ferma brièvement les yeux, repensant à ce qu'avait dit Paprika sur les elfes et la nature. Il avait encore du mal à y croire. Cependant, les faits étaient là, il ne pouvait pas les nier. Bien qu'il soit sous le choc, il se sentit soudainement inquiet pour son frère.
– Demian n'étant pas un elfe à part entière, est-ce qu'avoir ce bébé ne mettra pas ses jours en danger ? demanda-t-il en se tournant vers Safriki.
– Pas s'il est suivi par des Iridens... déclara Safriki avec assurance. Je donnerai l'ordre à Galf, notre elfe guérisseur, de suivre la grossesse de Demian au manoir des Lyonn...
Aldrick qui avait également quelques difficultés à accepter la nouvelle, constata à haute voix :
– Les elfes n'ont pas autant de secrets que les centaures pour nous, mais je suis obligé de reconnaître que nous ne savons pas grand chose au fond sur eux. Depuis que Paprika est à la Cour, je vais de révélations en révélations...
– Et vous êtes encore loin de tout savoir ! s'exclama Safriki avec fierté.
– Vous vous transformez en poisson volant tous les trente six du mois ? suggéra Aldrick.
Le jeune elfe eut un petit rire joyeux.
– Non, rien de tel.
– Quoi donc alors ?
– Vous n'avez pas à le savoir.
– Je ne suis pas sûr d'en avoir envie, de toute façon, rétorqua Aldrick, un peu piqué par le refus de l'elfe.
– Je peux tout de même vous dire quelque chose qui vous intéressera peut-être.
Aldrick leva un sourcil interrogateur.
– Dites toujours...
– Il est possible que votre Suivant puisse porter un enfant également. Tout dépend de la force de sa gène elfe.
– Quoi !? s'écria Youri.
La grossesse de son frère, c'était déjà dur à avaler, mais s'imaginer portant un enfant était encore plus dément... ! En plus, faire une tentative impliquait d'inverser les rôles au lit... et de faire l'amour en pleine nature !!
– Sacrée information, en effet, déclara Aldrick, une lueur spéculatrice dans les yeux.
Si Youri était capable d'avoir des enfants, l'épouser devenait envisageable. Les nobles de la Cour ne seraient pas ravis, mais il suffirait de trouver les bons arguments... Oui, cela valait la peine d'essayer !

jeudi 6 mai 2010

Le Suivant du prince - 111

Quand le prince demanda à Safriki et Mell de se rendre au manoir des Lyonn, il ne rencontra aucune opposition. Safriki déclara avec arrogance qu'il aurait accompagné Mell que sa présence soit nécessaire ou non ! Quant au vieux prêtre, il ne commenta pas la pauvreté de l'argument de Aldrick. Il fut en revanche difficile de convaincre Paprika qu'il n'était pas nécessaire que son frère soit escorté. La discrétion était la meilleure des protections. Et surtout, une escorte troublerait l'intimité de Safriki et Mell... Au final, le vieux prêtre et le prince elfe partirent seuls le lendemain à l'aube.

Ils ne revinrent que trois jours plus tard, porteurs d'une nouvelle extraordinaire : Demian était enceinte ! Quand le prince l'avait envoyé au manoir des Lyonn pour examiner le frère de son Suivant, Mell avait pensé que ce n'était qu'un prétexte pour le forcer à prendre une décision au sujet de Safriki, aussi avait-il été étonné de découvrir que l'adolescent était réellement mal en point. Cependant, sa surprise avait été à son comble quand il avait reconnu chez Demian des symptômes qui ressemblaient fort à ceux d'une femme enceinte. Néanmoins, il ne serait jamais arrivé à cette conclusion si Safriki n'avait pas été là. De façon amusante, le prince Aldrick avait eu raison en exigeant que le jeune elfe l'accompagne...
– Mais c'est impossible ! C'est un homme ! s'exclama Youri en apprenant la nouvelle.
– Pas tout à fait puisqu'il a du sang d'elfe dans les veines. Comme toi, d'ailleurs, répliqua Safriki.
– Nos parents étaient humains. Je ne me souviens que vaguement d'eux, mais j'en suis certain. Je ne peux croire que ma mère ait trompé mon père. Et puis, nous n'avons rien d'elfique Demian et moi. Pas d'ailes, pas d'oreilles pointues...
Aldrick avait rarement vu Youri aussi agité.
En même temps, il aurait sûrement été également perturbé s'il avait appris qu'il avait des origines elfiques...
– Vu le peu de caractéristiques elfes que vous avez, cela doit remonter à tes arrière-grands parents. Dans la donne génétique, le gène elfe est ressorti chez ton frère, voilà tout, expliqua le jeune elfe tranquillement.
– Mais Demian n'a rien d'un elfe. Et d'abord, quel rapport au juste avec sa grossesse ?
– Les elfes mâles peuvent porter des enfants pour peu qu'ils fassent l'amour à la pleine lune auprès d'un arbre centenaire. Il faut croire que c'est ce que Léo et ton frère ont fait... répondit Safriki sans ciller.
Youri rougit, gêné d'imaginer son frère en train d'avoir un rapport sexuel.
D'un air songeur, Aldrick intervint :
– Tu as tort de dire que ton frère n'a rien d'elfique.

Prochain épisode : lundi 10 mai

mercredi 5 mai 2010

Le Suivant du prince - 110

– Pourrais-tu envoyer Mell l'examiner ?
Aldrick qui allait proposer à Youri de se rendre auprès de son frère, fut surpris par la question du jeune homme.
– Si, bien sûr, mais n'as-tu pas envie d'aller le voir ?
– Et bien... C'est impossible de toute façon, non ?
– Je peux t'autoriser à t'absenter quelques jours. Tu le saurais, si tu avais lu jusqu'au bout Le Manuel du Suivant...
Youri haussa les épaules, puis déclara avec fermeté :
– Tu as besoin de moi, ici.
Depuis leur dispute à propos de Demian, Youri avait fait attention à ne plus donner de raisons à Aldrick d'être jaloux. Là, il semblait pousser l'effort un peu loin...
– Tu es certain que tu ne veux pas te rendre toi-même au chevet de ton frère ?
– Si sa maladie est d'ordre psychique, ma présence l'aidera un peu, mais ne le guérira pas. Si c'est autre chose, je ne suis pas médecin.
– Tu as raison, je vais faire appeler Mell.
Les yeux bleu outremer du prince se mirent soudainement à étinceler.
– Et Safriki, ajouta-t-il après un bref temps de réflexion.
– Hein ? Pourquoi ?
Le prince se frotta les mains, puis répondit :
– Nous avons besoin du regard d'un elfe puisqu'aucun médecin humain n'a su trouver ce que Demian avait comme maladie.
– C'est un peu gros, non ? Il n'a été examiné que par un seul docteur. Qui plus est, il est quasiment certain que c'est le fait qu'on ne sache pas comment aille Léo qui le rende malade.
– Qu'importe... Ce qui compte, c'est que cela oblige Mell et Safriki à être ensemble. Il est temps que notre bon vieux prêtre se décide, ou alors c'est moi qui devrait me résigner.
Youri ne sut quoi répondre. Imaginer Aldrick uni à Paprika lui déplaisait profondément, mais en même temps, il savait qu'il devrait un jour assister au mariage du prince. Paprika avait au moins le mérite d'être sympathique. Elle accepterait peut-être que la relation entre lui et Aldrick se poursuive... Une autre femme ne se montrait sûrement pas aussi tolérante. Le cœur de Youri se serra. Depuis que le prince avait cessé de cacher leur relation, les insultes déguisées à son égard avaient repris de plus belle. Les nobles de la Cour le prenaient désormais pour un arriviste doublé d'un parvenu. Youri ne pouvait pas leur donner complètement tort et cela le blessait d'autant plus. Oui, il manquait de manières... Oui, il caressait le rêve un peu fou de garder Aldrick rien que pour lui.

mardi 4 mai 2010

Le Suivant du prince - 109

Aldrick fit rouler ses épaules. Ces dernières semaines, une tension sourde ne le quittait pas. Neuf longues semaines... Avait-il fait une erreur en dépêchant une nouvelle délégation auprès des centaures ? Il doutait chaque jour un peu plus du bien fondé de sa décision. Oui, ces derniers temps, les choses étaient désagréablement incertaines... et il n'avait guère envie de dîner en noble compagnie. Son éventuel mariage avec Paprika serait sans nul doute encore mentionné. Il ne s'était toujours par résigné à épouser la jolie elfe, mais ne pouvait ouvertement refuser sa main tant que Mell n'avait pas pris une décision pour Safriki. Hélas, le prêtre reculait toujours le moment de se prononcer, laissant Aldrick gérer seul l'impatience de Paprika qui avait hâte de rentrer chez elle pour retrouver la personne qu'elle aimait et celle de sa mère, la reine d'Iridia. Heureusement, au milieu de tous ses tourments, Youri était là, fidèle au poste, jour et nuit. Du temps du Quentin du Pic, Aldrick avait trouvé prodigieusement agaçant d'être suivi partout par quelqu'un, mais la présence de Youri à ses côtés le réconfortait.
– Nous restons-là, finalement ? demanda le jeune homme, comme Aldrick, plongé dans ses pensées, ne se levait pas de son trône.
– Non, non. Allons-y, répondit le prince en bondissant sur ses pieds.
Dans les appartements du prince, une pile impressionnante de messages attendait. Aldrick qui avait espéré passer un moment tranquille avec Youri avant d'aller dîner, fut déçu. Il embrassa tout de même le jeune homme avant de s'atteler au courrier.
– Tiens, dans le tas, il y a une lettre qui t'ait adressé...
Pensant que c'était un message de son frère, Youri s'approcha du bureau où s'était installé Aldrick avec le sourire aux lèvres.
– Mais c'est une écriture de femme... commenta Aldrick en lui tendant l'enveloppe.
Le sourire du jeune homme s'effaça et c'est sans enthousiasme qu'il ouvrit la lettre. La curiosité du prince, elle, était éveillée. Il se leva de sa chaise afin de lire par-dessus l'épaule de Youri.
C'était une lettre assez alarmante de la vieille servante du manoir des Lyonn, Fanny, qui, inquiète pour la santé de Demian, écrivait à son frère. L'adolescent n'avait plus d'appétit et vomissait le peu qu'il mangeait. La vieille servante craignait qu'il ne se laisse dépérir. Un docteur avait vu Demian, mais n'avait pas su trouver ce qu'il avait.
Aldrick éprouva la morsure de la culpabilité. En envoyant Léo au loin, il avait causé indirectement le mal être de Demian : il ne faisait en effet guère de doute que c'était l'absence de nouvelles qui minait l'adolescent. C'était également lui qui retenait Youri loin de son frère. En faisant du jeune homme son Suivant, il l'avait enchaîné à sa personne, le privant de sa liberté de mouvement...

lundi 3 mai 2010

Le Suivant du prince - 108

Chapitre XVIII : Mystérieux Symptômes

Rudolf Hautcœur se retint de justesse de soupirer. Cela aurait constitué un manquement aux usages et une faute de goût. Le prince Aldrick VII, lui, ne se privait pas : il venait de pousser pour la dixième fois de l'après-midi un gros soupir. Qui plus est, il avait, comme à son habitude, retiré sa couronne avec laquelle il jouait. Ces dernières semaines, l'attitude du prince durant les audiences s'était de plus en plus dégradée. S'occuper des petits tracas des Astriens semblait lui peser en plus. A sa décharge, le silence de la délégation envoyée en Equilia le préoccupait beaucoup. Cela faisait à présent neuf semaines qu'elle n'avait plus donné signe de vie... Ce silence était alarmant, mais il n'y avait guère moyen d'y remédier. Vu la nature complexe de la mission que le prince avait confié à Léo, Kilim et Galad, l'absence de nouvelles n'était pas complètement surprenante. En même temps, le fait qu'ils n'aient pu en donner, était inquiétant. Devoir attendre sans rien faire était très dur. Cependant, déclarer la guerre aux centaures paraissait extrême... Rudolf Hautcœur se morigéna : ce n'était pas le moment de penser à ça, il devait se consacrer sur la situation présente, même s'il fallait bien avouer que les problèmes du comte Lopil étaient profondément inintéressants...
– … et c'est pour ça que je m'en remets à votre Altesse, termina le comte.
Rudolf jeta un coup d'œil au prince et constata que ce dernier était en train de regarder amoureusement son Suivant sans se soucier le moins du monde du comte Lopil. Ces dernières semaines, Aldrick avait arrêté de faire l'effort de cacher son amour pour son Suivant, si bien qu'à la Cour, tout le monde était au courant. Par ailleurs, comme le prince ne prenait plus d'amants et cherchait à éviter à tout prix le mariage avec la princesse elfe, tout le monde savait que le prince était sérieusement mordu, ce qui en dérangeait évidemment plus d'un... Rudolf toussa discrètement pour rappeler au prince qu'il devait régler le problème que venait de lui soumettre le comte Lopil. Aldrick soupira à nouveau tout en remettant sa couronne sur sa tête. Bien qu'il n'ait à priori écouté le comte que d'une oreille fort distraite, il parvint à satisfaire ce dernier qui se retira content.
– Les audiences sont finies pour aujourd'hui, votre Majesté.
– Dans ce cas, je vais me retirer dans mes appartements.
– N'oubliez pas, votre Altesse, que ce soir, vous devez dîner en compagnie de quelques nobles et de la princesse Paprika.
– C'est vrai... Tu fais bien de me le rappeler, cher Rudolf. Toi, par contre, tu vas manger avec ton époux, me semble-t-il.
– A moins que ma présence ne soit requise, votre Majesté.
– Non, non. Embrasse-le bien pour moi.
Le Grand Chambellan, comme toujours quand le prince le taquinait au sujet de Pel, s'empourpra. Trop embarrassé pour répliquer « Je n'y manquerai pas, votre Altesse », il s'inclina et prit congé, laissant le prince et son Suivant en tête à tête.

Manga Yaoi en mai 2010

Comparé aux mois précédents, il y a moins de sorties yaoi en ce beau mois de mai, juste 6. Vous allez me dire, le portefeuille ne s'en portera pas plus mal...

Le 12 mai, sortie du premier tome de la série My demon and me de Tsuta Suzuki.

J'ai acheté la version américaine du manga et je peux vous dire que je ne regrette pas mon achat. Les personnages secondaires comme les principaux sont sympathiques. Bon, le héros est un peu tête à claques, mais ça va. En plus, le tome est complété par une histoire courte que j'ai trouvé très touchante.

Après, il y a la sortie de Martin & John - Tome 2 de Hee-Jun Park aux éditions Samji, un manhwa boy's love.

Et à la fin du mois, le 27 mai, les éditions H sortent un recueil d'histoires courtes Le Jardin de Lierre de Setsuko Katoh tandis que les éditions Taïfu Comics proposent un nouveau titre de Toko Kawai, Bondz qui est également un recueil d'histoires courtes.
La première histoire avec des piercings est particulièrement hot !


Au programme également, la suite de Rien n'est impossible de Hinako Takanaga avec le tome 3, une petite histoire mignonne et romantique dont j'ai hâte de découvrirle spin-off T-Love (Tyrant who falls in Love) qui est prévue pour le mois de juillet.
Et enfin, le tome 6 de Love Mode de Yuki Shimizu qui est une de mes séries yaoi favorites.