vendredi 20 décembre 2019

L'empreinte de l'orc - 31

Cyan avait été déçu quand l’orc n’avait pas cherché à faire quoi que ce soit de sexuel la veille, d’autant plus qu’il avait cru lire une lueur d’intérêt dans son regard. Il était à présent consolé. Ses tétons étaient encore tout sensibles et il lui semblait sentir toujours l’orc en lui.
Si le sexe avait été magique, le fait qu’il le porte ainsi dans ses bras l’était tout autant. Il avait le sentiment d’être chéri, ainsi blotti contre le poitrail de l’orc. Il savait bien que ce n’était qu’une impression et qu’en vérité Gulrik ne faisait que satisfaire ses besoins sexuels et ne voulait pas perdre de temps avec Cyan qui marchait lentement, mais cela ne l’empêchait pas d’en profiter.
Cyan aurait aimé savoir combien de jours ils leur faudrait pour atteindre leur destination et aussi quel travail l’orc comptait lui donner. Il aurait voulu également en apprendre davantage sur Gulrik, mais il osait d’autant moins l’interroger que l’orc semblait préférer le silence.
A l’exception d’une pause afin de vider leurs vessies, l’orc marcha – et même courut à un moment – jusqu’à ce que le soleil se couche.
Quand il s’arrêta enfin pour manger et camper, il donna à Cyan sa première leçon de chasse. Une bonne partie de ses conseils étaient hélas inadaptés dans la mesure où Cyan était humain. A la différence de l’orc, il ne pouvait utiliser son odorat pour repérer ses proies et ne voyait pas bien dans l’obscurité.
Après un grognement frustré, Gulrik partit seul chasser leur dîner.
Il ramena deux lapins en un temps record.
Cyan participa au dépeçage. Cela au moins était dans ses capacités, même s’il n’appréciait guère la tâche.
Leurs estomacs pleins, Gulrik étendit la couverture et se déshabilla. Cyan aurait dû s’habituer à force, mais non, cela lui faisait toujours autant d’effet.
L’orc s’allongea et Cyan fit de même, mais à distance, sur le bord de la couverture, tournant le dos à Gulrik.
L’orc ne l’entendit pas de cette oreille et l’attira à lui. Cyan se retrouva pressé contre son grand corps brûlant, la large main de l’orc sur son ventre. Il sentit contre ses fesses le pénis de l’orc se durcir et il retint son souffle dans l’expectative.
— Suce-moi, grogna l’orc, en ôtant sa main qui retenait Cyan.
Ce n’était pas exactement un ordre, mais Cyan n’hésita pas – il avait l’autorisation et c’était tout ce qui comptait  – il glissa plus bas sur la couverture de façon à ce que sa bouche soit au niveau de l’énorme membre de l’orc. Il le lécha tout en le caressant, avant d’ouvrir en grand. Même comme ça, il ne pouvait guère qu’en sucer le bout sans s’étouffer. Le liquide séminal de l’orc qu’il devait sans cesse avaler avait un goût étrangement addictif. Bien que ses mâchoires fatiguent, il persista et l’orc émit finalement un grondement guttural tandis qu’un flot de sperme envahissait la bouche de Cyan, s’écoulant en partie sur ses joues et jusque dans son cou.
L’orc baissa d’un mouvement vif le pantalon de Cyan, referma sa  grande main sur le pénis palpitant et un instant plus tard, Cyan jouissait aussi.
— Dormons maintenant, déclara Gulrik. Demain, tu marches, ajouta-t-il.
Cyan, pas encore remis de son orgasme, esquissa un signe de tête. Il remonta son pantalon avec peine et se réinstalla contre l’orc.


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Pendant les fêtes, tout le monde est généralement toujours très occupé (moi comprise), alors c'est l'occasion de faire la pause.
Je vous souhaite donc un joyeux Noël en avance et on se retrouve pour une bonne année 2020 le lundi 6 janvier avec la suite de L'empreinte de l'orc !

jeudi 19 décembre 2019

L'empreinte de l'orc - 30

Profitant du fait que Cyan s’était mis en position assisse pour retirer sa chemise après avoir achevé de se débarrasser de son pantalon,   Gulrik le tira plus haut sur lui et goba le petit pénis de l’humain qui était en train de se dresser. Cyan émit un râle des plus gratifiants. Gulrik le suça, goûtant la peau de l’humain et l’infime quantité de liquide qui perlait à son gland.
— Je… Je vais… bafouilla Cyan.
Il n’allait pas déjà jouir tout de même ? Gulrik préféra libérer le pénis de l’humain et décida de s’attaquer à ses tétons qui rappelaient des boutons de roses. Il les lécha, les pinça légèrement, tira dessus, savourant les gémissements qui s’échappaient de la bouche de Cyan.
Gulrik joua longuement avec, chassant les mains de Cyan qui cherchaient à atteindre son membre palpitant. Pas question que l’humain n’ait d’orgasme avant qu’il ne l’ait pénétré.
Gulrik le prépara rapidement avant de s’enfoncer en lui.
L’humain avait beau être au-dessus, c’était  Gulrik qui contrôlait ses mouvements, le levant et l’abaissant sur son pénis qui coulait copieusement, preuve du plaisir qu’il prenait. Il jouit et l’humain aussi malgré son pénis intouché.
Gulrik se retira de l’humain, regardant son sperme ressortir du corps de Cyan avec une fascination déplacée.
Cyan se mit debout, ses jambes le soutenant à peine. Gulrik le regarda clopiner jusqu’à la rivière, puis faire un brin de toilette, effaçant les traces de leur ébat. Cela déplut étrangement à Gulrik. Il aurait voulu que Cyan garde sa marque, son odeur alors que l’humain était libre de dispenser ses faveurs à qui il voulait - une pensée contrariante au possible. Mais non, il y avait peu de chance que d’autres orcs veuillent batifoler avec un humain. Gulrik ne savait lui-même quelle mouche l’avait piqué, si ce n’est un désir de nouveauté.
Une fois qu’ils furent habillés, Gulrik reprit Cyan dans ses bras sans écouter ses protestations.
L’humain était ridicule. Il était déjà lent en temps normal, alors comment pouvait-il considérer marcher juste après avoir été baisé ? Évidemment, quand ils parviendraient dans une partie plus peuplée, Gulrik serait bien obligé de laisser Cyan se débrouiller et donc éviter de coucher avec lui – il pourrait toujours utiliser sa bouche – mais ils avaient encore une bonne journée de marche avant cela.

mercredi 18 décembre 2019

L'empreinte de l'orc - 29

Cyan avait le souffle court et ses yeux bleu cristallin brillaient. Gulrik se perdit un instant dans son regard. L’excitation de l’humain lui chatouilla les narines. Que l’humain n’agisse pas était incompréhensible, à moins que lui aussi ne cherche à mettre à l’épreuve sa volonté et sa capacité à contrôler ses pulsions. Non, il était plus probable dans son cas que ce soit une question d’embarras. Gulrik passa un doigt replié sur l’une des joues de l’humain, se rappelant de la manière dont elle changeait parfois de couleur. Cyan cessa de respirer un instant. Il était si sensible, si prêt à céder aux désirs de l’orc. Gulrik ne le prendrait pas ce soir. Demain. Oui, demain. L’humain n’était pas si irrésistible que cela.
    Gulrik se réveilla aux premières lueurs de l’aube, l’humain non plus à ses côtés, mais sur lui. Il doutait fortement que Cyan lui ait grimpé dessus à son insu, ce qui signifiait qu’il l’avait lui-même placé là. Avec les autres orcs, ce genre de position n’était pas tenable longtemps. Ils étaient trop lourds pour cela. L’humain, lui, tenait parfaitement, comme si c’était sa place.
Gulrik massa légèrement les fesses de Cyan, puis glissa la main dans le pantalon pour accéder à la peau pâle et nue. Il pressa ses doigts dans la raie, les frottant contre l’entrée de Cyan qui gémit. Gulrik baissa davantage le pantalon de l’humain de façon à loger son érection dans l’entrejambe de Cyan.
L’humain ouvrit les yeux à ce moment.
Gulrik lui sourit sauvagement et remua les hanches, faisant coulisser son pénis entre les cuisses de Cyan.
— Je ferais mieux de retirer mes vêtements pour ne pas les salir, dit Cyan d’une voix altérée.
C’était une bonne remarque, l’humain n’en avait pas d’autres – les nippes terreuses et en ruine avaient été abandonnées à l’auberge. Toujours est-il que Gulrik aurait préféré que Cyan soit si fou de désir qu’il ne soit plus à même de songer à ce genre de détail pratique. Comme lui oubliait que quand il avait songé à coucher avec l’humain le lendemain, il avait prévu de le faire le soir et non le matin avant que le soleil ne soit complètement levé.
— Déshabille-toi, gronda Gulrik, regrettant une fois encore cette mauvaise habitude humaine de dormir avec des habits.
L’humain obéit heureusement avec promptitude.

mardi 17 décembre 2019

L'empreinte de l'orc - 28

Gulrik, après un dernier regard à l’humain, s’éloigna. Il ne tarda pas à capturer deux lapins qu’il ramena à Cyan.
L’humain n’était pas resté inactif. Il avait ramassé du petit bois et de l’herbe sèche, de quoi démarrer un feu. C’était une excellente initiative. Gulrik préférait la viande cuite à la crue.
— Déjà de retour ?
— Cela n’a rien de compliqué d’attraper deux lapins, rétorqua Gulrik, vexé que l’humain ait pu mettre en doute ses capacités de chasse.
— Je n’y connais rien, avoua Cyan.
Cela surprit Gulrik. Tous les orcs apprenaient à chasser dès leur plus jeune âges. Pas les humains, apparemment. Peut-être parce qu’ils avaient tendance à vivre en ville et à dépendre des uns des autres, ignorant mère nature, pour leur drôle de Déesse.
— Je pourrais t’enseigner.
Décidément, cet humain le poussait à proposer des choses stupides. Il n’avait pas de temps à perdre à joueur le maître.
— Vraiment ? Merci.
En attendant de lui montrer comment chasser, Gulrik l’invita à regarder comment à dépecer un lapin, puis exigea que Cyan essaie de l’imiter avec le second.
L’humain se débrouilla raisonnablement. Gulrik se chargea de la cuisson et ils mangèrent en silence.
Gulrik termina avant Cyan qui entre deux bouchées lança une conversation :
— Je me demandais… Quel est ton métier ?
Gulrik n’en avait pas à proprement parlé. C’eût été assurément plus simple.
— Touche à tout, répondit-il.
Ce n’était pas faux, mais cela masquait une vérité que l’humain découvrirait bien assez tôt.
Cyan ne l’interrogea pas plus avant, ce qui convenait parfaitement à Gulrik.
Ils n’avaient plus qu’à s’installer pour la nuit. L’orc aimait dormir à la belle étoile. Il se dévêtit et déplia sa couverture près des braises, réalisant qu’ils allaient devoir la partager vu qu’il n’en avait qu’une.
La perspective n’avait rien d’horrible si ce n’est qu’il n’était pas sûr de pouvoir se retenir de toucher l’humain. Or, il tenait à se prouver à lui-même qu’il savait se maîtriser. Cependant, si l’humain initiait les choses, il réviserait sa position. Il était un orc, pas un roc !
Cyan s’allongea à distance, à même le sol. A croire qu’il voulait avoir froid. Il n’était toutefois pas hors de portée. Gulrik se mit sur le côté, l’attrapa par le poignet et l’attira contre lui. Ils se retrouvèrent nez à nez.

lundi 16 décembre 2019

L'empreinte de l'orc - 27

Gulrik était conscient que c’était du grand n’importe quoi. Il aurait dû laisser l’humain à Manchor, avec les autres. Il n’y avait peut-être pas vraiment sa place, mais il l’avait encore moins à Orcania. Personne ne l’accueillerait à bras ouverts chez lui. Le père de Gulrik lui reprocherait sa folie à raison. Il n’était à dire vrai pas trop tard pour faire demi-tour, sauf qu’en dépit de toute logique, Gulrik voulait emmener Cyan avec lui. A Orcania, il pourrait veiller sur lui, s’assurer qu’il ait du travail et donc de quoi manger. Coucher encore avec lui.
Il avait satisfait sa curiosité et n’aurait pas dû avoir envie de recommencer et pourtant, il était tenté. Le matin même à l’auberge, il avait failli le prendre encore. Cyan était si réceptif, si étroit et si brûlant, le fourreau parfait, mais ce n’était pas un orc.
D’habitude, une fois suffisait à Gulrik. Il couchait rarement plus de deux fois avec le même partenaire. C’était presque à se demander si Cyan n’avait pas usé de quelque sortilège. La rumeur voulait que certains humains soient capables de magie, mais elle restait à prouver.
L’effet de nouveauté que représentait Cyan ne s’était pas encore estompé, et c’était tout. C’était la raison pour laquelle il avait eu de la peine à résister à l’envie de sucer son petit pénis après l’avoir soigné. Il n’y avait pas encore goûté. Qu’il désire Cyan ne justifiait cependant pas tout. Il n’aurait pas dû gaspiller de la mousse médicinale pour de bêtes écorchures aux genoux et il aurait dû le balancer sur son épaule comme un sac de pommes de terre plutôt que de le tenir ainsi contre lui comme quelque chose de précieux.
Si des orcs le voyaient avec un humain dans les bras et le reconnaissait, sa réputation prendrait un sale coup. Seulement, le confort de Cyan lui importait et s’il le plaçait sur son épaule, il se retrouverait à le maintenir d’une main sur les fesses ce qui n’aiderait nullement son envie de de l’allonger par terre, de plonger en lui et de le pilonner encore et encore…
Gulrik serra les dents. Son adolescence était loin derrière lui. Il savait se maîtriser. Il pouvait patienter jusqu’à la tombée de la nuit et même se passer de sexe.
Il accéléra le pas. Plus tôt il serait de retour chez lui, mieux ce serait.
Il marcha sans discontinuer, Cyan blotti contre lui, jusqu’au soir. Il déposa l’humain sur une pierre près de la rivière.
— Je vais chasser notre dîner, annonça-t-il.
— D’accord. Merci, dit Cyan.

vendredi 13 décembre 2019

L'empreinte de l'orc - 26

Le paysage était magnifique avec ses montagnes à l’horizon, ses grands arbres et hautes herbes, mais Cyan ne pouvait se permettre de l’admirer. Il força son allure, essayant d’ignorer les douleurs que cela provoquait dans ses jambes et son dos.
Soudain, il buta sur quelque chose – une branche ou une pierre et tomba. Un cri lui échappa. Il mit les mains à l’avant par réflexe, mais sa chute n’en fut pas moins rude.
Il s’était à peine relevé que l’orc l’avait déjà rejoint.
— Ça va ?
— Oui…
Ses paumes étaient égratignées et sans doute aussi ses genoux, mais il survivrait.
L’orc ne dut pas le croire ou voulut s’en assurer par lui-même, car il s’accroupit, baissa sans cérémonie le pantalon de Cyan, ce qui en l’absence de sous-vêtement était embarrassant.
— Vilaines écorchures, grogna Gulrik.
L’orc défit l’accroche qui maintenait son sac sur son dos, fouilla dedans et en sortit de la mousse qu’il utilisa pour tamponner les genoux blessés de Cyan.
C’était un soin étrange que Cyan ne discuta pas. Il n’en revenait pas que l’orc s’occupe de lui de la sorte. Il avait l’impression de rêver, comme quand l’orc avait manifesté qu’il le désirait dans la nuit. Mais mieux valait ne pas y penser, pas quand il était cul nu avec l’orc agenouillé devant lui. Le pénis de Cyan tressaillit. Mince.
Sans commenter ce début d’érection, l’orc remonta le pantalon de Cyan et le souleva.
— Que… lâcha Cyan, abasourdi.
— Je te porte.
Oui, c’était dur de ne pas remarquer la manière dont l’orc le tenait dans ses bras. Cyan avait la tête au niveau de l’épaule de Gulrik, une main de l'orc au creux de ses reins et une passée sous ses genoux. C’était terriblement intime et confortable et l’odeur musquée de l’orc était excitante.
— Je peux marcher, protesta faiblement Cyan.
 Ce n’était pas un argument très solide dans la mesure où il venait de se casser la figure, mais Cyan se sentait obligé de le dire. Il n’était pas vraiment blessé après tout, des égratignures et des écorchures, cela ne comptait pas.
— Ce sera plus rapide comme ça, grommela l’orc.
Cyan ne pouvait certes pas prétendre le contraire. Être chargé d’un humain ne semblait même pas ralentir l’orc qui avançait à grandes enjambées. Tout ce que Cyan avait à faire, c’était profiter de la situation sans culpabiliser, ce qui n’avait rien d’évident.
Il n’était qu’un poids pour l’orc. Il aurait mieux fait de retourner à Manchor et de laisser Gulrik voyager tranquille. Ils étaient encore proches de la ville et les orcs du poste de garde seraient ravis de le voir quitter Orcania.
Cyan ne put se résoudre à prononcer les mots qui solderaient son destin. Il voulait rester avec l’orc, le seul être au monde à lui avoir donné le sentiment d’avoir un peu d’importance. Gulrik n’éprouvait sûrement que de la pitié à son égard, mais c’était bien mieux que le rejet ou l’indifférence.

jeudi 12 décembre 2019

L'empreinte de l'orc - 25

— Je peux manger en marchant, suggéra-t-il ensuite ayant remarqué que l’orc avait déjà englouti sa part de déjeuner.
— Non, rétorqua l’orc en lui appuyant sur les épaules pour l’obliger à s’asseoir.
Cyan n’eut d’autre choix que de dévorer les petits pains que lui avaient laissé Gulrik. Il faillit s’étrangler sur l’un d’entre eux quand l’orc se débarrassa de sa chemise et son pantalon pour enfiler un pagne en cuir. Il était beaucoup trop séduisant dans cet accoutrement typique des orcs.
Ils quittèrent ensuite l’auberge du Caribouc. Cyan prit le chemin de la porte nord de la ville, celle qui s’ouvrait du côté du mur séparant les humains et les orcs.
Les gardes demandèrent ce que l’orc faisait un humain. Gulrik ne prit pas la peine de leur répondre, mais ils les laissèrent malgré tout passer. Aucune loi ne l’interdisait et après tout, Cyan n’était entravé d’aucune sorte, il était clair qu’il accompagnait l’orc de son plein gré.
Au poste de garde la frontière, presque juste à la sortie de Manchor, ce fut un peu plus compliqué.
Les orcs ne voulaient pas d’humains à Orcania, ce qui rendait encore plus extraordinaire la proposition de Gulrik.
L’orc souleva ses cheveux noirs mi-longs, dégagea son cou. En raison de sa différence de taille avec Gulrik, Cyan ne fit qu’apercevoir un tatouage sans parvenir à déterminer ce qui était au juste dessiné.  Il devait en tout cas avoir une signification particulière, car les gardes changèrent de ton après l’avoir vu et ils cessèrent de questionner Gulrik et ils furent autorisés à passer.
De l’autre côté du poste, une vaste prairie s’étendait à perte de vue. Pour la première fois de sa vie, Cyan avait quitté la ville de Manchor et ce n’était pas pour explorer le reste d’Humania, mais Orcania. Il était fou.
L’orc prit la tête. C’était désormais lui qui allait être le guide. Il marchait vite.
La distance entre Gulrik et Cyan ne tarda pas à se creuser. Cyan savait qu’il était lent. Il l’avait toujours été avec son boitement. Ses chaussures qui le corrigeaient n’aidaient hélas pas sa vitesse, simplement parce qu’il ne s’y était pas encore habitué. Sans compter que « l’exercice nocturne » pratiqué avec l’orc n’arrangeait pas vraiment sa mobilité.
Même si Gulrik était loin devant, tant qu’il était visible, ce n’était pas un problème. Cependant, s’il continuait à ce rythme, Cyan allait être obligé de lui demander de ralentir, car en l’absence pour le moins étonnante de routes, il serait vraiment perdu sans l’orc.

mercredi 11 décembre 2019

L'empreinte de l'orc - 24

Gulrik se mit debout dans toute sa splendide nudité, enfila ses vêtements et sortit, à priori dans l’intention de demander qu’un bain soit monté.
Mieux valait ne pas songer à ce qu’en concluraient les gens de l’auberge. Il n’y avait guère qu’une façon de se salir dans une chambre dans laquelle on s’était lavé la veille au soir.
Cyan se contempla dans le miroir suspendu au-dessus de la commode en face du lit. Les traces de son ébat avec l’orc le laissèrent rêveur. Tout disparaîtrait après son passage dans l’eau, si ce n’est l’empreinte des doigts de Gulrik sur ses cuisses qui mettrait quelques jours à s’effacer. Il aurait aimé garder un souvenir permanent…
Un coup à la porte le poussa à se réfugier sous la couverture posée sur la paillasse. Deux orcs chargés d’un bac fumant entrèrent et reprirent l’ancien. Gulrik débarqua juste avant qu’ils ne refermèrent la porte derrière eux avec un plateau bien garni dans les mains.
C’était comme si les rôles avaient été inversés, que Cyan était devenu l’employeur, le maître, celui qui se faisait servir pendant que les autres s’agitaient pour lui. C’était pour le moins déconcertant.
— Merci, murmura-t-il, yeux rivés sur le plancher.
Il s’installa dans l’eau, regrettant de ne pas être assez à l’aise pour oser y traîner.
Soudain, l’orc fut là, et lui empoigna brutalement le menton, l’obligeant à lui faire face. Il avait l’air mécontent, les yeux plus noirs que jamais.
La gorge de Cyan se serra.
— Désolé, dit-il par réflexe.
Cela n’empêchait que rarement les coups, mais mieux valait s’excuser. Cela aidait un peu.
— Qu’as-tu donc à te faire pardonner ? gronda l’orc.
— Je… Je ne sais… sais pas, bégaya Cyan.
Malgré sa peur, le simple fait que l’orc le touche le rendait tout de chose. Le sexe de la nuit passée aurait dû lui suffire. Apparemment, non. Il était un pervers.
— Alors pourquoi ne cesses-tu d’éviter mon regard ?
C’était ça qui agaçait l’orc ?
— Je me sens embarrassé.
— De quoi ?
— Parce que nous avons…
Ses joues s’enflammèrent et il fut incapable de terminer.
— Baisé ? C’était juste du sexe. Rien de plus naturel.
Oui, sans doute, n’y avait-il pas besoin d’en faire un fromage. Cyan était ridicule d’avoir honte.
— C’est vrai, souffla-t-il.
L’orc le relâcha, sourcils froncés.
— Ne me provoque pas. Nous devons partir.
Le provoquer ? En admirant le sol plutôt que le torse ou les yeux de l’orc ? Cyan n’était pas certain de bien comprendre, mais il préféra garder silence et se dépêcha de se nettoyer et s’habiller. Tout ce qui comptait, c’était l’emploi du « nous » qui signifiait que Cyan était toujours du voyage pour Orcania.

mardi 10 décembre 2019

L'empreinte de l'orc - 23

Cyan n’était plus si sûr d’être en train de rêver comme il l’avait cru quand l’orc l’avait rejoint sur sa paillasse. L’orc l’avait pénétré avec le monstre qui lui tenait de sexe et s’il avait eu mal sur le moment, il ne ressentait plus que du plaisir.
Le rythme lent de l’orc s’intensifia et Cyan faillit jouir. Gulrik s’enfonça encore en lui et Cyan se sentit comblé. Il était plein à l’extrême de la façon la plus parfaite qui soit. Le sperme de l’orc en lui était brûlant. Apparemment, les orcs en produisaient même sans avoir d’orgasme. C’était étrange et excitant.
L’orc plongea encore et encore, inépuisable et Cyan, les mains accrochées aux bords de la paillasse, finit par éjaculer dans un râle.
Gulrik lui donna une ultime série de coups de boutoirs, s’immobilisa enfin en poussant un cri guttural, déversant jet après jet de sperme brûlant. C’était une sensation spéciale, proche de l’orgasme.
L’orc se retira et étala davantage ses fluides sur Cyan.
Cette façon de le marquer aurait dû lui sembler dégoûtante, mais non, il y voyait quelque chose d’érotique et appréciable. S’il lui était resté une goutte d’énergie, il aurait été à nouveau excité. Il se sentait trop détendu pour s’inquiéter de ce que cela signifiait pour demain – maintenant, qu’ils avaient couché ensemble, peut-être que l’offre de l’orc de venir avec lui à Orcania n’était plus valide… Cyan était fatigué. Ses yeux se fermèrent et il sombra, sans même s’en rendre compte.

Quand il émergea, le jour était levé et au lieu d’être sur sa paillasse, il était sur le lit, et plus exactement sur l’orc lui-même qui ronflait doucement.
Cyan réalisa qu’il n’avait aucune envie de quitter ce matelas vivant. Il reposa sa tête sur le torse de l’orc qui s’abaissait et montait de façon rythmique. Il serait bien resté là éternellement ou du moins, jusqu’à ce que l’orc se réveille, hélas sa vessie avait d’autres idées.
Cyan tenta de se lever en glissant sur le côté, mais fut aussitôt retenu par une large main qui s’abattit sur ses fesses.
L’orc grommela et ouvrit un œil, puis deux.
— Désolé. Une envie pressante.
L’orc le libéra.
Cyan découvrit qu’il était plus ou moins collé à lui – le sperme séché. Il se mit debout et tituba jusqu’au pot de chambre qu’il utilisa en vitesse.
Son affaire terminée, il ne savait plus où se mettre et n’osait plus croiser le regard de l’orc. Pouvait-il vraiment se rhabiller la peau recouverte de substance séminale ? Et en même temps, l’eau du bain était froide désormais et surtout sale.
— Tu veux te laver ? demanda Gulrik, comme s’il avait deviné son problème.
Cyan hocha la tête.

lundi 9 décembre 2019

L'empreinte de l'orc - 22

Cyan s’agita sur sa paillasse et soudain, Gulrik n’y tint plus. Il le voulait.
Il quitta son lit, s’agenouilla auprès de l’humain, souleva la couverture et l’appela.
Cyan cligna des yeux dans la pénombre de la chambre. A la différence de l’orc, il y voyait mal dans l’obscurité.
— Qu… quoi ?
Pour toute réponse, Gulrik passa le pouce sur les lèvres de Cyan, en savourant leur douceur. Sûrement, il n’avait pas besoin de plus pour comprendre. Gulrik n’allait tout de même pas lui faire un dessin.
Cyan donna un petit coup de langue, puis aspira le doigt dans sa bouche.
Les narines de Gulrik frémirent et son sang chanta dans ses veines. Peut-être aurait-il dû avoir une approche directe dès le départ. Les mots étaient surfaits. Comme les humains aimaient les utiliser, il avait cru à tort que c’était la bonne méthode.
Il palpa l’entrejambe de Cyan, caressant l’érection de ce dernier à travers le tissu.
L’humain se figea, cessant un instant de sucer son doigt avant de reprendre en émettant de petits bruits excitants. Gulrik voulait cette bouche sur son sexe. Il se mit en position au-dessus de Cyan, les jambes de chaque côté de l’humain, dégagea son doigt, et taquina avec son pénis les lèvres de Cyan. Ce dernier lécha le bout et en ouvrit en grand. Même comme ça, cela tenait juste. Au moins, il n’y avait pas d’encombrantes dents dans la bouche de l’humain, justes des petites qu’il prenait soin de ne pas enfoncer dans la chair de l’orc. Gulrik aurait aimé plonger au fond dans la chaude cavité, mais se retint. Les fellations en gorge profonde n’étaient pas pour tout le monde. Les mains de Cyan se refermèrent sur la base de la verge de Gulrik et y effectuèrent de délicieux mouvements de va-et-vients.
L’orc laissa échapper un premier jet de semence que l’humain peina à avaler. Il préféra se désengager. Cyan geignit, à priori déçu, ce qui fit sourire Gulrik. Que l’humain se rassure, c’était loin d’être fini. Il lui ôta pantalon et chemise, manquant de déchirer cette dernière dans sa hâte. Cette habitude humaine de dormir habillé était détestable.
Quand Cyan fut nu, Gulrik prit le temps de le regarder. Il l’avait déjà vu dévêtu au moment des bains, mais c’était différent parce que là, Cyan s’offrait à lui. L’orc posa une main possessive sur le torse de Cyan. Le cœur de l’humain battait à un rythme affolée. Il était tout frémissant et sans doute un peu effrayé. Il n’avait pas à l’être. Gulrik n’avait aucune intention de lui faire mal. Il comptait donner autant de plaisir qu’il allait en prendre.
Il remonta les jambes de Cyan, les lui écarta et lui éjacula dessus. Il étala son sperme généreusement avant d’en pousser à l’aide de son index à l’intérieur de Cyan qui fut parcouru d’un long frisson tandis que son pénis négligé palpitait. Gulrik le gratifia d’une brève caresse, puis continua à préparer Cyan à accueillir sa verge. L’humain était doux comme du velours autour de ses doigts et son souffle haletant, une douce mélodie à ses oreilles.
L’impatience le gagna. Il le jugea prêt et il le pénétra d’une poussée puissante sans s’enfoncer pour autant beaucoup.
Cyan cria et se raidit, l’enserrant douloureusement. Gulrik taquina le pénis de l’humain qui avait perdu en rigidité jusqu’à qu’il se détende et que ses muscles se relâchent. Gulrik, sans cesser de le caresser, donna de petits coups de reins.

vendredi 6 décembre 2019

L'empreinte de l'orc - 21

Gulrik ne parvenait pas à fermer l’œil. Il ne savait quelle mouche l’avait piqué d’inviter un humain à l’accompagner. Il pouvait seulement blâmer l’impérieux désir que lui inspirait l’insignifiante créature. Cyan le rendait fou. La veille, il lui avait fallu toute sa volonté pour ne pas l’enlacer et goûter à sa délicate peau rosée alors qu’il sentait son enivrante excitation. Ce matin, à l’aube, à son réveil, face son érection douloureuse, il n’avait eu d’autre choix que de soulager en se caressant et avait joui en contemplant le visage endormi de l’humain orné de ses étranges marques marron-rouges qu’il aurait dû trouver répugnantes, mais qui étaient étrangement intéressantes.
Il n’était pourtant plus un jeune orc incapable de maîtriser ses pulsions sexuelles. Et pourtant, quand il avait posé la main sur lui, juste pour le réveiller, qu’il avait senti les battements effrénés de son cœur, le désir de le posséder l’avait consumé. Cela l’avait effrayé et il s’était forcé à demeurer impassible, à prétendre que tout était normal.
Non, s’il était près de perdre le contrôle, c’était la faute de Cyan qui le dévorait des yeux, tout en refusant qu’ils fassent quoi que ce soit. C’était une malhonnêteté typiquement humaine. En même temps, ce n’était pas idiot de se part de ne pas fricoter avec celui qui l’employait. Il semblait à Gulrik que leur relation ne se résumait pas à ça. Ils avaient plus qu’un lien de travail, mais ils étaient moins que des amis, ils étaient plus comme deux étrangers faisant connaissance.
Toute la journée, il avait rêvé de baisser le pantalon moulant qu’il avait choisi pour Cyan, de glisser son pénis entre ses cuisses et de s’y frotter avant d’éjaculer sur lui de façon à ce qu’il porte à son odeur.
Il lui avait même acheté des cadeaux et pas juste utilitaires. Les anneaux d’or étaient pour sa cousine qui collectionnait ce type de bijou et dont l’anniversaire approchait, mais le bracelet était destiné Cyan, de même que le poignard. Il ne lui avait donné ni l’un ni l’autre, ne voyant pas comment justifier son envie qu’il les ait. Ce n’était qu’un humain, bon sang de bois, un au corps maigre et marqué. Il ne parlait pas à tout bout de champ, comme les autres, était poli et respectueux, mais ce n’était pas des raisons suffisantes pour le ramener dans ses bagages.
Il n’avait pas supporté l’idée de ne plus le voir, tout en sachant que ceux de son espèce le maltraiteraient. Qu’ils puissent se comporter ainsi avec un des leurs lui paraissait aberrant.

jeudi 5 décembre 2019

Bleu Ciel Océan, le livre est disponible


Le livre Bleu Ciel Océan est disponible TheBookedition au prix de 6,72€ en papier et de 5,29€ en numérique.
141 pages dont 6 pages inédites bonus pour passer un moment de plus en compagnie de Lukas et Wata.

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L'empreinte de l'orc - 20

— Je ferais mieux d’y aller, déclara Cyan. Merci de m’avoir pris comme guide, ajouta-t-il.
Ses propres mots lui paraissaient trop formels.
— Tu ne dors pas ici ?
— Je ne veux pas imposer. Sûrement, vous en avez assez…
— Non, gronda Gulrik.
Cette unique syllabe le paralysa. Il ne tenait pas à partir, mais les adieux au matin ne seraient pas plus faciles. Gulrik n’était là que de passage, venu visiter Manchor avant de poursuivre son voyage ou de s’en retourner chez lui. Cyan allait devoir reprendre le fil de sa vie, arpenter les rues non plus en badaud, mais dans le but de retrouver du travail. Grâce à sa paire de chaussures spéciale, il ne boitait presque plus, ce qui augmentait ses chances d’en obtenir un. Il était vraiment reconnaissant à l’orc pour tout ce qu’il avait fait.
— Il vaut mieux que je parte, réussit-il à dire.
— Pas sans ton salaire, tout de même.
Cyan écarquilla les yeux.
— Vous m’avez déjà trop payé entre les habits, le repas et les chaussures.
— Non.
Gulrik récupéra sa bourse à sa large ceinture et l’ouvrit.
— Je ne peux pas accepter.
— Si, rétorqua Gulrik et, prenant sa main, il posa des pièces dedans avant de l’obliger à refermer les doigts dessus.
— Que comptes-tu faire à présent ? demanda l’orc.
— Travailler.
— Tu pourrais venir avec moi.
Il était tentant d’accepter sans réfléchir juste pour rester avec lui, excepté qu’il ne pouvait se le permettre. Les probabilités que Gulrik voyage côté humain étaient quasiment nulles, pour ne pas dire inexistantes et il était dangereux d’être un humain au milieu des orcs.
— A Orcania ? demanda Cyan pour confirmation.
— Oui.
— Pour faire quoi ?
— Travailler.
Cyan aurait dû exiger des précisions, des détails. Il ne le fit pas.
— D’accord.
Gulrik poussa un grognement satisfait qui fit palpiter le pénis de Cyan.
— Couchons-nous, une longue route nous attend demain, annonça Gulrik.
Un instant, Cyan s’imagina s’installer dans le lit de l’orc, dans ses bras, puis il s’allongea sagement sur sa paillasse.
Il était fou. Il n’aurait jamais dû accepter de se rendre au pays des orcs. Les humains et les orcs ne coexistaient nulle part ailleurs qu’à Manchor et plus ou moins en s’ignorant. Il n’était pas tard pour renoncer et rester à Manchor. Seulement ses perspectives d’avenir n’y étaient guère enthousiasmantes. Personne ne voulait d’un boiteux au visage tacheté. Hormis Gulrik.
Cyan s’endormit en pensant à l’orc. A ses côtés, il ne risquerait rien.

mercredi 4 décembre 2019

L'empreinte de l'orc - 19

Chez l’armurier, Gulrik mit du temps avant de se décider pour un poignard à la lame affûtée protégée par un fourreau de cuir.
Ils déambulèrent ensuite dans les rues pour ainsi dire sans but. Cyan escomptait tomber par hasard sur quelque chose susceptible de plaire à Gulrik. Ce dernier le suivait sans même s’enquérir de leur destination. C’était un signe de confiance qui faisait plaisir à Cyan tout en l’embarrassant, car il n’était pas un guide à la hauteur. S’il avait été honnête, il aurait avoué être à cours de lieux intéressants.
L’estomac de Gulrik les sauva de l’errance et ils s’arrêtèrent à un restaurant dont s’échappait d’appétissants fumets. Ils s’y régalèrent.
Si Cyan commençait à s’habituer à l’attention qu’ils suscitaient en s’asseyant à la même table, il n’en revenait toujours pas d’avoir le droit de se remplir la panse avec des plats aussi savoureux.
C’était les plus beaux jours de sa vie et il les devait à Gulrik qu’il repayait bien mal.
— Je ne sais plus où aller, avoua-t-il la mort dans l’âme, une fois qu’ils furent ressortis.
Il aurait dû avoir le courage de l’admettre avant.
— Pas grave, continuons à nous promener, grommela Gulrik.
Cyan n’en crut pas ses oreilles. L’orc aurait dû au minimum exprimer son mécontentement.
— Je fais un piètre guide, murmura-t-il.
— Non. Sans toi, j’aurais du mal à retrouver l’auberge du Caribouc. Je serais obligé d’arrêter des passants et ce serait inconfortable.
En d’autres termes, l’orc était trop fier pour demander son chemin et préférait donc garder Cyan qui n’allait certes pas s’en plaindre. Il était content de profiter jusqu’au bout de la présence de l’orc à Manchor.
Ils flânèrent de droite à gauche, s’arrêtant parfois devant certaines échoppes, n’échangeant que quelques mots par ci par là. L’orc n’était décidément pas un bavard et Cyan, même s’il était curieux d’en apprendre plus sur lui, n’osait pas le questionner.
La fin de la journée arriva trop vite. Il n’y avait vraiment plus de raison que Cyan partage le repas de l’orc, mais Gulrik l’y invita, si bien qu’il le fit.
Il aurait aussi dû le laisser monter seul dans sa chambre, et pourtant, il l’y suivit.
Lui dire au revoir lui semblait étrangement insurmontable.

mardi 3 décembre 2019

L'empreinte de l'orc - 18

— Ton cœur bat fort, déclara l’orc.
Cyan hocha la tête, car il ne servait à rien de nier. Gulrik le sentait sous ses doigts.
Soudain, l’orc rompit le contact.
Cyan maîtrisa sa déception, ravala son envie d’attraper la main de l’orc pour la reposer sur lui et se leva.
Il réalisa alors que la matinée était bien avancée. Le soleil était déjà haut dans le ciel.
— Je suis désolé d’avoir dormi si tard.
— Je ne suis pas debout depuis longtemps, grogna l’orc.
Il avait quand même eu le temps d’aller se commander un petit déjeuner et de le manger, constata Cyan en regardant le plateau de petit déjeuner aux trois quart vide posé sur le bas du lit de Gulrik.
Il avait apparemment laissé une part pour Cyan.  Gulrik était vraiment loin des orcs barbares que humains dépeignaient. Non pas que Cyan n’ait pas croisé de tels orcs à Manchor. Ils n’étaient cependant pas plus dédaigneux ou désagréables avec lui que ses compatriotes humains.
— Dès que tu auras l’estomac plein, je compte sur toi pour me montrer de nouvelles merveilles de Manchor, annonça Gulrik.
Cyan acquiesça, tout en s’emparant d’un petit pain. Il ne voulait pas faire attendre Gulrik plus que nécessaire. Pendant qu’il mangeait, il réfléchit aux endroits où il pourrait emmener l’orc. Il n’avait guère plus d’idées. Il se creusa la tête. A Manchor, il y avait un bijoutier très réputé ainsi qu’un armurier connu pour ses épées. Il doutait hélas que Gulrik s’intéresse aux bijoux. En tout cas, il n’en portait pas, à la différence de certains orcs. Les épées n’étaient pas une arme d’orcs, ils étaient plutôt partisans de la hache. Cependant, il n’avait rien d’autre à proposer, alors il suggéra la visite de ses boutiques, et la Déesse soit louée, l’orc accepta.
Dans la bijouterie, Gulrik acheta – preuve supplémentaire de sa richesse – un bracelet d’argent torsadé ainsi que deux anneaux d’oreille en or ciselé. Cyan éprouva une jalousie absurde  envers la ou les personnes à qui l’orc comptait les offrir. Il se surprit à espérer que ce soit pour sa mère ou sa sœur et non pas sa femme, car après tout, rien ne garantissait qu’il n’en avait pas une. Ce n’était pas parce qu’ils avaient suggéré qu’ils prennent du bon temps ensemble qu’il était célibataire.
En même temps, Gulrik n’avait pas l’air du genre à être infidèle. Enfin, au bout du compte, Cyan n’en savait rien et il était stupide, comme le forgeron lui avait dit des années durant. Cela ne le regardait pas.

lundi 2 décembre 2019

L'empreinte de l'orc - 17

Vu la taille du sexe de l’orc au repos, il n’osait même pas penser à ce que cela donnerait une fois en érection. Même s’il en avait envie, arriverait-il seulement à le prendre en bouche ? La pénétration ne pourrait être que douloureuse. Et s’il ne pouvait effectuer son travail de guide le lendemain, ce serait problématique. Ou peut-être pas, compte tenu de la générosité de Gulrik, mais non, Cyan devait garder la tête sur les épaules.
Son attirance pour l’orc n’était pas normale et il doutait que Gulrik le désire vraiment. Le plus probable était encore que les orcs avaient une libido si élevée qu’ils se moquaient de leurs partenaires pourvu qu’ils puissent satisfaire leurs désirs.
Gulrik fit un pas vers lui.
— Le proverbe veut que qui ne dit mot consent, déclara-t-il de sa voix délicieusement gutturale.
Cyan déglutit.
— Oui…, bredouilla-t-il. Non, ajouta-t-il dans la foulée avant que l’orc ne réduise à néant la distance entre eux.
Gulrik haussa un sourcil.
— Je veux dire que je suis sûr que non, dit Cyan.
Par la Déesse, il était ridicule. L’orc avait le don de lui faire perdre ses moyens.
Gulrik émit un grognement que Cyan ne sut interpréter et se décida à se baigner. Il fit trempette longuement avant de se coucher.
Cyan, allongé sur sa paillasse, en dépit de son épuisement, mit longtemps à s’endormir. Il était trop excité pour cela.

Une main sur son torse le secoua. Celle de Gulrik. Elle était si large que son pouce et son auriculaire touchaient ses tétons. Même à travers l’épaisseur de sa chemise, Cyan sentait la chaleur de la paume de l’orc. Un gémissement lui échappa.
Gulrik le fixait, ses pupilles noires impénétrables.
— Je suis réveillé, parvint à dire Cyan avec peine, troublé au fond de son être par l’attirance qu’il éprouvait pour son employeur qui avait la peau verte, les oreilles pointues et deux dents proéminentes.
Il avait déjà trouvé des hommes à son goût, admiré de rares orcs, mais cela avait toujours été passager et aisé à dissimuler, et il n’avait jamais au grand jamais été aussi excité par un simple contact.
L’orc n’avait pas encore ôté sa main.

vendredi 29 novembre 2019

L'empreinte de l'orc - 16

Le parc animalier regorgeait de créatures à poils et plumes en tout genre et Cyan ne put que s’extasier face à certaines. Les lapins était tout particulièrement mignons. Ce qui le fit fondre fut surtout de voir Gulrik accroupi pour caresser une de ses adorables boules de poils. Le contraste formé par la force de brute de l’orc et la petitesse de l’animal était tout bonnement irrésistible.
Ils passèrent beaucoup de temps au parc avant de se rendre au temple dont la visite se solda par un échec. Il était fermé pour travaux de rénovation. Et même sans cela, le gardien du temple fit remarquer à Cyan que les orcs n’y étaient de toute façon pas les bienvenus dans la mesure où ils ne croyaient pas à la Déesse. Gulrik ne parut pas fâché, mais Cyan s’en voulut. C’était bien la preuve qu’il n’était pas un bon guide.
Pour ne rien arranger, les statues de la petite place se révélèrent décevantes. Seule consolation, en y allant, ils traversèrent une rue entièrement décorée de splendides mosaïques.
Gulrik voulut ensuite regagner le Caribouc où ils dînèrent avant de monter dans leur chambre. L’orc demanda à nouveau un bain. Cyan en fut surpris. Se laver tous les jours semblait le comble du luxe. Ce qui l’étonna le plus fut que l’orc lui offrit la première place.
— C’est bon, bafouilla-t-il.
— A toi l’honneur, répliqua Gulrik d’un ton tel que Cyan jugea que le mieux était encore d’accepter.
Il se déshabilla et se lava dans un temps record, terriblement conscient de la présence de l’orc qui ne le quittait pas des yeux. Il ne profita guère de l’eau chaude pourtant bénéfique à ses muscles endoloris, sortit et se sécha en deux temps trois mouvements avant d’enfiler sa nouvelle tenue. Il n’avait jamais porté d’habits aussi doux et ajustés.
Quand Gulrik se dévêtit, Cyan fut bien incapable de détourner le regard. Il admira le torse puissant, le pénis épais qui descendait entre les cuisses musclées… Il avait envie de toucher et goûter. Il se lécha les lèvres et serra les poings. Il avait eu sa chance hier. Le moment était passé.
— Tu es sûr de ne pas vouloir que nous prenions du bon temps ensemble ?
La question de Gulrik résonna dans la pièce. Cyan se demanda s’il avait bien entendu.
Il hésita. Rien n’avait changé depuis la veille. Il  était inexpérimenté et risquait d’être un partenaire décevant.

jeudi 28 novembre 2019

L'empreinte de l'orc - 15

Pour le homard, un Gulrik frustré renonça à ses couverts pour briser la carapace du crustacé et accéder à sa chair.
Cyan, lui, n’essaya même pas, se contentant des anguilles qui ne nécessitaient aucun épluchage d’aucune sorte.
— Tu veux y goûter ?
Tout en posant la question, Gulrik lui tendit un morceau entre ses doigts.
Cyan s’empourpra. L’orc ne comptait tout de même pas lui donner comme ça ? C’était embarrassant, surtout en public.
Face à son éloquent silence, Gulrik commença à rétracter sa main avec un air déçu que Cyan ne supporta pas.
Tant pis s’il se ridiculisait devant des inconnus, les moqueries, il connaissait.
Il retint le poignet de Gulrik et attrapa la nourriture entre ses dents. En vérité, il lui aurait volontiers lécher les doigts. Le homard était bon, mais le toucher était délicieux. Seulement, il n’avait pas le droit de le tenir ainsi. Il retira sa main à regret, libérant l’orc qui aurait de toute façon pu se dégager à tout moment.
Au bout du compte, encouragé par Gulrik, Cyan testa tout. Il n’apprécia que modérément la plupart, et c’était du travail de les manger.
— Rien ne vaut de bêtes poissons, déclara l’orc en achevant d’éplucher une ultime crevette.
Cyan avait mal choisi le restaurant.
— Je suis désolé. Vraiment.
— Pourquoi ? Je suis content d’avoir essayé. Je ne suis pas venu à Manchor pour être comme à la maison.
C’était une sage remarque et Cyan réalisa que quand l’orc repartirait chez lui, ce ne serait pas seulement le confort que ce dernier lui procurait qu’il regretterait, mais aussi sa compagnie. Guère plus d’une journée s’était écoulée depuis qu’il l’avait rencontré et pourtant, il s’était déjà attaché à lui.
Gulrik ne le traitait pas comme un égal, mais il avait de la considération pour lui, plus que personne n’en avait jamais eu pour lui de toute son existence.
— Vous êtes prêt à découvrir de nouvelles choses ?
Gulrik hocha la tête et tint la porte du restaurant pour Cyan. Il avait de ses attentions qui n’étaient pas croyables. Cyan avait plus l’impression d’être un compagnon de voyage qu’un guide. Il faut dire qu’il ne connaissait pas la plupart des endroits qu’il montrait à Gulrik, il en avait juste entendu parler en s’activant à la forge ou été passé devant en faisant une commission pour le forgeron.

mercredi 27 novembre 2019

L'empreinte de l'orc - 14

Cyan ne savait pas quoi penser.
Le vieux forgeron qui l’avait employé lui avait fourni de quoi manger, de quoi dormir et s’habiller quand sa tenue ne pouvait plus être reprisée.
Gulrik se montrait plus que généreux. Ce n’était pas des restes qu’il lui donnait, il l’invitait à manger à sa table la même chose que lui, partageait sa chambre et il lui avait acheté des vêtements sans vraie raison, les siens étant encore dans un état correct bien que sales, et des chaussures spéciales qui corrigeaient son boitement, lui permettant de se fondre dans la foule. Ces services de guide pour trois jours ne valaient pas cela. C’était comme si l’orc lui faisait la charité. Cyan n’aurait pas dû accepter et en même temps, c’était si agréable d’avoir enfin de la chance.
Tout ce qu’il pouvait faire pour remercier pour son bienfaiteur, c’était veiller à ce que son séjour à Manchor soit le meilleur possible.
— Où voulez-vous vous rendre maintenant ?
Il n’avait aucune idée de ce qui pouvait intéresser ou non l’orc, aussi mentionna-t-il dans la foulée le parc animalier, le temple et les statues de la petite place.
— Tout semble très bien, mais nous irons après le déjeuner. Une suggestion de restaurant ?
Heureusement qu’à la forge, certains clients étaient bavards.
— L’Hippocampe, près du port, propose des spécialités de la mer.
— Intriguant. Allons-y.
Une fois sur place, Gulrik leur prit une table pour deux, à l’écart, comme s’ils avaient été un couple désireux d’intimité et commanda un vaste nombre de plats, voulant apparemment goûter à tout.
La serveuse, une petite femme blonde, ouvrit de grands yeux face à l’énumération qui n’en finissait pas : moules, huîtres, crevettes, écrevisses, anguilles, homards… Et ils attirèrent bien évidemment l’attention des autres clients. C’était gênant. Cyan décida de se concentrer sur Gulrik. Ce ne fut pas dur vu la tête déconcertée de l’orc face au contenu des assiettes qui étaient posées peu à peu devant eux.
Cyan étouffa un rire involontaire derrière sa main en le regardant vider difficilement une huître qui était ridiculement petite par rapport à la large main de l’orc.

mardi 26 novembre 2019

L'empreinte de l'orc - 13

Ils retournèrent ensuite à la cordonnerie. Cyan retira les bouts de cuir usés jusqu’à la corde qui lui servaient de chaussure pour enfiler la nouvelle paire. Il effectua quelques pas maladroits dedans. Ce devait être déconcertant pour lui de ne presque plus boiter.
Ils quittèrent les lieux.
Gulrik constata avec un soupir que Cyan ne marchait pas vraiment plus rapidement qu’avant, puis se morigéna, c’était normal, il fallait que l’humain s’habitue au changement.
— Nous devrions t’acheter aussi de nouveaux vêtements.
Cyan ralentit.
— Je… C’est trop.
— J’insiste. Une tenue pour part de ton salaire.
— Allons dans une friperie, alors, murmura Cyan.
Gulrik avait les moyens de lui payer des vêtements neufs, mais il concéda ce point à l’humain.
En chemin, Cyan trébucha. Gulrik l’empêcha de tomber en le rattrapant par la taille.
— Ça va ?
Cyan leva ses yeux bleu cristallin vers lui et Gulrik en eut le souffle coupé.
Le tenir contre lui était impossiblement confortable, comme si le fragile humain avait eu sa place dans ses bras.
— Oui. Pardon. Je ne… Les chaussures. Merci.
Son bégaiement possédait un charme inexplicable. Les joues de l’humain étaient à nouveau enflammées comme un appel aux caresses.
Gulrik le relâcha, mais à contrecœur.
Ils se remirent en route.
La boutique de vêtements était tenue par une jeune humaine qui les accueillit froidement, ce qui n’était pas la meilleure façon de traiter les clients.
Gulrik ne laissa pas Cyan la liberté de choisir ses habits. L’humain protesta bien sûr, mais il était hors de question que Gulrik paye pour des affaires ternes et informes quand il y avait une chemise bleu pâle qui rappelait les yeux de Cyan et un pantalon noir moulant.
Ils repartirent avec leurs achats sous le bras.

lundi 25 novembre 2019

L'empreinte de l'orc - 12

— Bonjour ! Que puis-je faire pour vous ? demanda l’orc au comptoir, en léchant ses lèvres d’une manière qui invitait à flirter.
Il n’était pas mal dans son genre avec son nez et ses oreilles percés d’anneaux argentés, mais  Gulrik n’était pas intéressé, il avait d’autres chats à fouetter.
— Je voudrais commander une paire de chaussures particulière, une dont le pied droit aurait une semelle plus épaisse. Ce serait pour lui, précisa-t-il en désignant Cyan qui était resté en retrait près de la porte.
L’humain sursauta.
L’orc au nez et oreilles percés jeta un œil dédaigneux à Cyan et grimaça.
— Pour lui ? Cela vous coûtera cher.
Gulrik ignora la mise en garde du vendeur.
— Je voudrais qu’elle soit fabriquée de suite.
L’orc annonça un montant qui parut raisonnable à Gulrik par rapport au service demandé, même s’il était peut-être gonflé parce que c’était pour un humain.
Cyan blanchit, les tâches marrons-rouges de son visage ressortant davantage sur son teint soudain pâle.
— Ce prix… Ce n’est pas nécessaire…
— C’est un bon investissement dont je bénéficierai. Je suis las que tu te traînes. Ça fait partie de ton salaire.
Cyan n’émit plus d’objections.
L’orc au comptoir appela un employé de l’arrière-boutique qui vint prendre les mesures nécessaires à la fabrication de la paire de chaussures. Ce dernier procéda en grommelant dans sa barbe, à priori pas enchanté d’avoir à s’occuper d’un humain.
Il leur fut ensuite indiqué de revenir en fin de matinée, ce qui leur laissait largement le temps de visiter le musée.
Toutes sortes de choses y étaient exposés – armes, tableaux, bijoux, statues de personnes célèbre avec une section pour les orcs et une pour les humains. Gulrik s’attarda auprès de certaines pièces. Cyan semblait également fasciné comme s’il n’y était jamais venu, ce qui était peut-être le cas, réalisa Gulrik. Ils avaient dû payer le droit d’entrée et l’humain ne devait avoir jamais roulé sur l’or.

vendredi 22 novembre 2019

L'empreinte de l'orc - 11

Dans la rue, Gulrik n’y tint plus :
— Excuse toi et oublions ça.
— A quel sujet ? balbutia Cyan.
— Hier soir.
Cyan leva enfin brièvement les yeux vers lui, sa surprise évidente, les joues aussi rouges que des tomates mûres.
Cette capacité des humains à changer partiellement de couleur était décidément tout à fait fascinante.
— Oh. Ah. Oui. Pardon.
— Bien. Maintenant, dis-moi, quelles merveilles de Manchor comptes-tu me faire découvrir ?
— Nous pourrions faire un tour au musée.
— Parfait.
Cyan boita devant, aussi lent que la veille si ce n’est plus. Ce n’était pas si agaçant que cela dans la mesure où cela donnait l’occasion à Gulrik d’observer partout autour de lui, excepté qu’aujourd’hui, son regard était comme aimanté à son guide. C’était peut-être cruel de sa part de contraindre Cyan à marcher autant. Ce devait être pénible pour lui avec sa jambe trop courte. Une paire de chaussures spéciales avec une talonnette pourrait probablement corriger le problème, ne serait-ce qu’en partie.
— Changement de plan. Emmène-moi d’abord chez le cordonnier.
— D’accord, dit Cyan.
Si seulement il avait pu être aussi accommodant la veille, à l’heure du bain.
— Vous avez un souci avec vos bottes ? s’enquit Cyan après un silence.
Son guide n’était pas un bavard à la différence de la plupart des humains, ne parlant généralement que par nécessité, chose appréciable, aussi la question étonna Gulrik.
Il émit un grognement qui pouvait être aussi bien interpréter comme un oui que comme non. Cyan n’insista pas.
Un moment plus tard, ils entraient dans une boutique empestant le cuir. Comme à l’auberge du Caribouc, c’était un orc qui tenait le comptoir.
Gulrik soupçonna Cyan de délibérément éviter les établissements gérés par les humains. Était-ce parce que l’orc n’aurait pas forcément été aussi bien reçu par des humains ? Il avait bien repéré une devanture avec un panneau où des dessins indiquaient que les chiens comme les orcs étaient interdits, mais  un client semblait être autrement un client… C’était tout même une preuve que même à Manchor, un mur demeurait entre les humains et les orcs.

jeudi 21 novembre 2019

L'empreinte de l'orc - 10

Gulrik était frustré à mort et il en voulait à son guide. L’humain s’était excité tout seul, avait refusé comme un idiot qu’ils prennent du bon temps ensemble alors que de tout évidence, il en avait envie, pour finir par jouir sous son nez sans beaucoup de simulation. Une odeur de sexe flottait maintenant dans la pièce et la verge de Gulrik était plus dure que la pierre. Il aurait pu se soulager en la prenant en main, excepté que c’était ridicule dans la mesure où il avait un partenaire à sa disposition. Il avait beau ne pas être certain que l’humain puisse lui donner satisfaction, il était curieux d’essayer. Pourtant, sûrement, aucun orc qui se respectait se serait abaissé à s’unir à un humain à moins d’y être obligé. Tout cela, c’était la faute de cette pitoyable créature qui l’avait admiré de façon si ouverte. Non pas qu’il n’ait pas l’habitude de tourner les têtes. Les orcs qu’ils soient de sexe féminin comme masculin étaient nombreux à vouloir partager sa couche et ce n’était pas que dû à son statut parmi les siens. Jamais un humain ne l’avait regardé ainsi jusqu’alors. Il n’avait jamais eu l’occasion d’en fréquenter beaucoup en même temps, mais tout de même, il savait leur inspirer crainte, dégoût ou défiance, pas ce désir brut.
Le sommeil échappa longuement à Gulrik, le ronflement léger de Cyan ne faisait qu’augmenter son irritation et sa frustration. Sa dernière pensée consciente fut qu’il n’aurait jamais dû prendre en pitié cet humain que sa propre espèce maltraitait.
Au matin, quand il ouvrit les yeux, il ne put toutefois pas se résoudre à annoncer que ses services n’étaient plus nécessaires. Il n’avait jamais eu besoin de lui. Cependant, tout agaçant et dispensable que Cyan soit, Gulrik était forcé d’admettre qu’il appréciait sa compagnie.
— Bonjour, déclara Cyan, yeux rivés sur le plancher de l’auberge qui n’avait rien de spécial. C’était du bois on ne peut plus ordinaire piqué au vers par endroits.
Gulrik s’habilla sans que l’humain ne daigne lui accorder un regard. Seule sa respiration haletante trahit qu’il était loin d’être indifférent à l’opération.
Durant leur petit déjeuner, Cyan garda le nez dans son bol de lait, ne laissant voir à Gulrik que son crâne brun-roux.
Son attitude était inexplicable. Gulrik n’avait même pas envie de se donner la peine de comprendre et en même temps, cela l’intriguait malgré lui. Ce n’était tout de même pas parce qu’il était gêné d’avoir eu un orgasme devant lui ? Des excuses pour avoir pris du plaisir seul alors que Gulrik avait proposé qu’ils couchent ensemble auraient certes été bienvenues…

mercredi 20 novembre 2019

L'empreinte de l'orc - 9

L’orc était redevenu décent, la serviette ceignant sa taille. Il était toujours aussi magnifique et cela démangeait Cyan de réduire à néant la distance les séparant pour le toucher. Les biceps de l’orc étaient vraiment impressionnants. Alléchants.
Gulrik étendit la serviette sur le montant du lit et se glissa entre les draps, laissant le temps à Cyan d’apercevoir à nouveau ses bijoux de famille ainsi qu’un glorieux postérieur. L’orc s’adossa confortablement contre l’oreiller et regarda Cyan, ses yeux noirs d’une profondeur insondable.
C’était son tour de se baigner, ce qui signifiait se déshabiller, ce qui revenait à dévoiler son pénis  engorgé. Si l’orc n’avait posé, ne serait-ce qu’un doigt sur lui… Cyan se mordit la lèvre. Il n’avait jamais pu se permettre de jouer les modestes, il n’allait pas commencer maintenant. C’était embarrassant, pas la fin du monde. L’orc avait déjà remarqué l’effet qu’il lui faisait et malgré sa généreuse proposition, il n’était pas vraiment intéressé par lui. Pas de gênante érection pour lui.
Cyan se déshabilla en un tour de main et entra dans le bac. L’eau d’une tiédeur agréable qui l’enveloppait était la même que celle qui avait accueillie l’orc. Le savon dont il allait servir était le même que l’orc avait frotté contre son corps. Cyan essaya de bloquer toutes ses pensées, se lava s’en s’attarder sur son sexe en érection et sortit du bac, toujours excité. La seule serviette disponible était bien sûr celle qu’avait utilisée. Elle était humide, mais c’était mieux que rien.
En se séchant, il ne put se retenir de couler un regard en direction de Gulrik qui le fixait avec une intensité troublante. Il passa le tissu éponge sur son pénis, un frisson le parcourut et il jouit dans un tremblement.
Il avait bien souvent voulu au cours de sa vie disparaître dans un trou de souris, mais jamais plus qu’à cet instant. Rien de ce qu’il aurait pu dire aurait arrangé la situation, aussi, rouge de honte, il renfila ses habits sales – il n’en avait pas d’autres – puis s’allongea sur la paillasse à quelques pas du lit et se roula en boule sous la couverture, priant pour que l’orc ne commente pas ce qui venait de se produire.
La Déesse soit bénie, Gulrik se contenta d’un bonne nuit caverneux.

mardi 19 novembre 2019

L'empreinte de l'orc - 8

— Je n’aurais rien contre répondre à ton désir une fois que tu seras lavé, ajouta l’orc.
Cyan dut se répéter mentalement la phrase à plusieurs reprises avant de parvenir à la comprendre. La Déesse soit louée, l’orc ne paraissait pas mal prendre son attirance. Cela voulait dire qu’il n’allait pas se retrouver immédiatement sans travail et qu’il ne recevait aucune punition pour son excitation aussi incongrue que déplacée.
Il aurait peut-être dû se sentir insulté que l’orc présente la chose comme une faveur qu’il lui ferait, excepté qu’il était dans le vrai. Cyan savait à quoi s’en tenir sur son apparence. Ses compatriotes lui avaient assez dit et répété sous bien des formes qu’il était laid et difforme entre les taches de naissance marrons et rouges sur son visage et son boitement. Il n’y avait aucune raison que les orcs aient un avis différent alors qu’ils considéraient tout être humain comme leur inférieur.
Il avait bien envie d’accepter l’offre de l’orc. Seulement, il avait peur. Il n’avait aucune expérience et en même temps, il n’était pas assez naïf pour ne pas savoir comment cela fonctionnait – il avait vu des animaux s’accoupler. C’était l’orc qui lui monterait dessus et pas l’inverse, et vu la taille de son membre au repos, cela promettait d’être compliqué. Il avait déjà bien assez mal à marcher sans cela et vraiment, il ne pouvait se permettre d’être blessé.
— Non, c’est bon, dit-il. Je ne… Pas la peine de…
Il ne termina pas, incapable de réutiliser l’expression « répondre à ton désir » qui n’avait pourtant rien de crue.
— Vraiment ? demanda l’orc, penchant la tête sur le côté en levant un sourcil.
— Oui, confirma Cyan.
Par la Déesse, cela sonnait faux  à ses propres oreilles, surtout avec son pénis qui palpitait douloureusement dans son pantalon.
Au prix d’un effort de volonté immense, il tourna le dos à l’orc et tenta de penser à autre que l’orc nu prêt à faire des choses sexuelles avec lui.
Gulrik ne chercha pas à le faire changer d’avis. Le bruit de ses ablutions était étrangement érotique et le pénis de Cyan toujours dur comme de la pierre quand l’orc annonça qu’il avait fini et que le bain était libre.
Cyan se retourna.

lundi 18 novembre 2019

L'empreinte de l'orc - 7

Finalement, ils montèrent dans la chambre à l’étage, l’orc devant, Cyan loin derrière, s’aidant de la rambarde pour gravir les marches.
Gulrik demanda à une servante qu’un bain lui soit monté, prouvant que les humains qui affirmaient que les orcs étaient des porcs puants avaient tort également. Cyan s’en était cependant déjà rendu compte. Gulrik était propre sur lui. Il avait une odeur forte, musquée mais pas désagréable, bien au contraire. Ce n’était pas comme Cyan qui n’avait pu vraiment se laver depuis qu’il avait été mis à la porte de la forge.
Deux orcs ramenèrent un large bac empli d’eau fumante ainsi qu’un gros savon et une grande serviette, puis s’éclipsèrent.
— Je vais sortir, déclara Cyan, sûr que l’orc préférait se baigner dans l’intimité.
— Pourquoi ?
— Pour que vous soyez tranquille….
Et parce qu’il craignait être excité par la scène et être incapable de le cacher.
— Ta présence ne me dérange pas. S’il était possible d’entrer à deux là-dedans, je t’inviterai à faire également trempette.
Pour sûr, ils seraient à l’étroit. Ils tiendraient peut-être ceci dit si Cyan s’installait entre les jambes de l’orc, son dos collé à son torse. Les imaginer dans cette position l’excita. Il déglutit.
— Je pourrais toujours me baigner après vous.
C’était officiel. Cyan était devenu fou. Nul homme sain d’esprit n’aurait suggéré cela. Pire,  l’idée de partager en décalé l’eau dans laquelle l’orc aurait trempé le rendait toute chose. C’était d’ailleurs sans doute pourquoi cette suggestion lui avait échappé.
— Bonne idée, approuva l’orc.
Il ôta sa tunique, dévoilant un torse puissant et musclé orné de deux tétons vert foncé.
Cyan, incapable de détourner les yeux, le regarda retirer ses bottes, puis son pantalon. L’orc n’avait pas de sous-vêtements et son pénis long et épais apparut reposant sur de larges bourses.
Cyan tira sur sa chemise pour masquer la bosse que son sexe engorgé était en train de former. Si jamais l’orc se rendait compte de l’effet qu’il produisait sur son guide, les choses allaient mal tourner.
Gulrik entra dans le bain, ferma les yeux, poussa un soupir de bien-être qui ne calma en rien l’érection de Cyan, inspira à fond et rouvrit les yeux.
— Ce que tu vois, te plaît, humain ? demanda l’orc d’une voix encore plus gutturale que d’habitude.
Malgré tout le sang descendu en bas, Cyan sentit le rouge lui monter aux joues. Il bégaya quelque chose d’indistinct. Le oui comme le non semblaient inappropriés.

vendredi 15 novembre 2019

L'empreinte de l'orc - 6

Savoir qu’il allait bientôt pouvoir se reposer soulagea Cyan. Sa jambe et son dos lui faisaient un mal de chien. Son précédent travail à la forge ne l’avait pas habitué à marcher autant.  De quoi être presque nostalgique de ses anciennes tâches qui avaient pourtant été également épuisantes. Hélas, quand le propriétaire était mort, le nouveau n’avait pas voulu d’un boiteux à moitié défiguré. Et à Manchor, ils étaient nombreux dans ce cas. « Tu ferais fuir les clients. » « Même le gîte et le couvert, ce serait trop cher payé. » « Aucune envie de t’avoir sous les yeux toute la journée avec ta patte traînante. »
Ah, Cyan en avait essuyé des refus blessants. Sans oublier ceux qui lui avaient botté les fesses comme le tenancier pas plus tard que le matin même. Le bonhomme lui avait au final rendu service puisqu’il avait ainsi rencontré Gulrik. Tout orc qu’il soit, Gulrik était un employeur sympathique, facile à contenter.
Il lui avait offert un copieux repas et même s’il avait affirmé qu’il était pathétique, il lui avait présenté des excuses. C’était dommage qu’il n’ait pas besoin de ses services pour plus que quelques jours.
— A quelle heure nous retrouvons nous demain ? demanda Cyan quand ils furent devant l’auberge.
L’orc fronça ses épais sourcils.
— Il y a une paillasse dans ma chambre pour toi, annonça-t-il.
Cyan n’avait certes pas prévu ça, mais il aurait bien bête de ne pas accepter vu qu’il n’avait aucun endroit où dormir. Le coin qu’il s’était déniché dans la rue derrière un bâtiment au large toit n’avait d’autre mérite que de le garder au sec. Oui, il aurait été ridicule de prétendre avoir un logis alors que ce n’était pas le cas.
— Très bien. Comme ça, nous pourrons repartir explorer la ville dès qu’il vous plaira.
Se sentant étrangement nerveux, Cyan entra avec Gulrik dans l’auberge. La perspective de partager la chambre de l’orc le troublait sans qu’il s’explique bien pourquoi. Non, il savait très bien ce qui le perturbait. Il le trouvait séduisant et il y avait de bonnes chances que l’orc se déshabille avant de se coucher… Il faudrait qu’il fasse bien attention à ne pas trahir l’attraction qu’il ressentait où il risquait d’être réduit en pulpe par l’orc.
Ils dînèrent, une fois de plus le point de mire de la salle. Ils devaient tous se demander sur ce que fabriquait un orc aussi magnifique avec un humain si pathétique. C’était inconfortable, mais Cyan s’efforça d’ignorer les regards et s’intéressa cette fois à son compagnon et pas seulement au contenu de son assiette. Il constata que Gulrik avait des manières de table impeccable, de quoi donner honte aux humains qui prétendaient que les orcs n’étaient que des brutes barbares.

jeudi 14 novembre 2019

L'empreinte de l'orc - 5

Gulrik préféra garder son sac plutôt que de le déposer dans sa chambre et suivit Cyan dehors.
Ils n’étaient guère éloignés de l’auberge quand un homme à l’haleine avinée bouscula son guide et l’insulta alors même qu’il était celui qui n’avait pas regardé où il allait. Cyan qui n’était pas le moins du monde en tort, s’excusa profusément, ce qui irrita Gulrik.
— Tu es pathétique, lâcha-t-il alors que le passant poursuivait sa route en grommelant dans sa barbe.
Cyan avança et Gulrik crut qu’il ne réagirait pas à ce qu’il venait dire.
La réponse ne tomba que quelques mètres plus loin :
— C’est vrai.
Gulrik s’en voulut aussitôt. L’humain n’avait pas besoin d’être davantage enfoncé. Il l’avait embauché pour lui rendre service, pas pour l’humilier. Sans compter qu’en vérité, il était intelligent de ne pas se quereller avec des ivrognes quand on n’était pas en mesure de s’en sortir sans dommage.
— Désolé, grogna-t-il.
Cyan s’arrêta net, leva sur lui ses superbes yeux bleu purs, puis se remit en route.
Gulrik sentit les effluves de mer et de poissons bien avant que le port n’arrive en vue. Il admira les bateaux accrochés au quai. Il n’était pas familier avec ce moyen de transport et il était curieux d’en apprendre davantage. Il interpella un marin qui voulut bien répondre à ses questions.
Gulrik repartit content dans le dédale des rues à la suite de Cyan. Le marché se révéla également intéressant et il resta longtemps, mais il n’acheta aucune des marchandises qui lui étaient proposées, parfois avec insistance.
Il s’attarda près de la fontaine dont la sculpture centrale – une créature ailée – était splendide. L’humain qui prenait son rôle de guide au sérieux dispensa des informations sur sa date de construction qui remontait à bien des siècles plus tôt et mentionna une légende locale, à tous les coups d’origine humaine, qui voulait que les couples s’y embrassant à la pleine lune, les pieds dans l’eau, demeurent unis à jamais.
Cyan le conduisit ensuite au plus vieux bâtiment de la ville, une tour à moitié en ruine qui était préservée en guise de souvenir.
Gulrik remarqua que le boitement de Cyan était de plus en plus prononcé et même s’il n’était pas si fatigué que cela, déclara vouloir retourner au Caribouc.

mercredi 13 novembre 2019

L'empreinte de l'orc - 4

Les rues bruissaient d’activité, les maisons étaient plus petites que celles d’Orcania, et en même temps plus grandes que nécessaires pour les humains. Le style architectural était soumis à différentes influences.
— Nous sommes arrivés, annonça soudain Cyan.
L’auberge du Caribouc avait une enseignante attrayante et sa façade ornée de croisillons inspirait confiance. De la porte ouverte s’échappait un brouhaha indistinct et un fumet alléchant.
Gulrik entendit le ventre de l’humain gargouiller et le sien gronda en écho.
Il entra, se dirigea droit vers le comptoir pour réserver une chambre et commanda un repas pour deux avant de constater que son guide était resté dehors. Stupide humain.
Il ressortit.
— Viens, intima-t-il.
Cyan franchit le seuil, tête basse et épaules rentrées.
Gulrik s’installa à la table vide que lui avait indiqué le tenancier un peu plus tôt. Cyan s’assit sur le bord d’une chaise.
Dans la salle, les orcs étaient attablés ensemble et de même pour les humains. La mixité avait des limites, même à Manchor. Ils étaient le seul orc et humain à partager, ce qui ne manqua pas d’attirer les regards sur eux. Gulrik était habitué à ce genre d’attention, mais il perçut le malaise de son compagnon.
Une orc aux formes généreuses leur servit une corbeille de pain, deux choppes de bières et deux assiettes de ragoûts fumantes – le plat du jour.
— Je n’ai pas de quoi payer, dit Cyan, joues soudainement très rouges.
Ce changement de coloration était intriguant.
— Je te l’offre.
— Merci.
Cyan se mit à manger avec une voracité qui n’avait rien à envier avec celle d’un orc, trahissant à quel point il était affamé.
Il termina même son assiette avant Gulrik, prenant soin de l’essuyer avec un morceau de pain de façon à ne pas en laisser une miette.
D’un signe, Gulrik appela la serveuse pour demander un supplément.
— Je ne… bégaya Cyan.
— Régale-toi, ordonna Gulrik.
L’humain ne discuta pas. Ils mangèrent en silence.

Ce n’est que quand Gulrik eut terminé, que Cyann prit la parole :
— Nous pourrions aller au port et revenir par le marché. C’est toujours très animé.
— D’accord.

mardi 12 novembre 2019

L'empreinte de l'orc - 3

Gulrik écouta l’humain lister différentes possibilités d’hébergement. Il ne savait  pas pourquoi il l’avait embauché. Il avait escompté se promener au hasard et n’avait certes pas besoin de s’encombrer d’un humain. C’était des êtres insignifiants et faibles. Ils se ressemblaient tous. Celui-là se démarquait néanmoins des autres, mais pas spécialement en bien avec son visage tacheté et marqué, sa tignasse boueuse d’une couleur indéterminée, son odeur crasseuse, ses nippes terreuses qui couvraient sa maigre silhouette penchée. Il possédait en revanche yeux d’un bleu cristallin. C’était peut-être eux qui l’avaient poussé à faire cette stupide proposition d’emploi. Eux et un absurde élan de pitié pour cette pauvre créature rejetée par ceux de sa propre espèce. Il aurait dû se contenter de lui donner quelques pièces. A dire vrai, rien ne l’empêchait de se débarrasser à tout moment de l’humain et du poids mort qu’il représentait. Néanmoins, le destin l’avait littéralement jeté sur son chemin et ce n’était peut-être pas sans raison.
— Va pour le Caribouc, trancha Gulrik, coupant l’humain qui lui fit signe de le suivre.
Il marchait d’une drôle de façon à une allure d’escargot. Il était d’une lenteur si désespérante que Gulrik avait envie de le soulever et de le porter dans ses bras. Il ne devait pas peser bien lourd. Il doutait toutefois que son guide apprécie l’attention. L’homme ne traînait pas par plaisir. Les humains n’avaient pas la rapidité des orcs et celui-ci avait de surcroît une jambe bancale. La démarche boiteuse avait au moins le mérite de mettre en valeur le postérieur de l’humain. Ses deux mains recouvriraient entièrement les fesses de son guide. Il les imagina moelleuses et fermes sous ses doigts. Le tour que prenait ses pensées le surprit. Il avait pourtant veillé à satisfaire ses désirs charnels avant son départ. Sa dernière culbute remontait à trois jours à peine et il s’était pris en main pas plus tard que la veille avant d’arriver à Manchor. Il n’aurait pas dû fantasmer sur un pitoyable humain. Las, le balancement était hypnotique. Il se mit à avancer aux côtés de l’humain.
— Ton nom ?
— Cyan. Et vous, comment vous appelez-vous ?
— Gulrik.
Cyan laissa la conversation s’éteindre et Gulrik ne la relança pas. Le silence lui convenait. Plutôt que de continuer à s’agacer de la lenteur de l’humain – Cyan – Gulrik en profita pour regarder autour de lui.
Il n’avait pas menti, il était bel et bien venu en badaud à Manchor, cette ville qu’orcs et humains arrivaient à se partager alors que partout ailleurs, c’était chacun pour soi, ce qui semblait de mauvais augure pour la paix sur le long terme.

lundi 11 novembre 2019

L'empreinte de l'orc - 2

— Tu connais bien la ville, humain ?
L’orc avait une voix gutturale et caverneuse qui arracha une frisson à Cyan.
— J’y ai vécu toute ma vie.
Il aurait peut-être dû préciser qu’il n’avait jamais eu l’occasion de s’y promener, autant par manque de temps qu’à cause de sa mauvaise jambe, mais qu’elles que soient les  raisons qui motivaient la question de l’orc, cela ne semblait pas dans son intérêt de le révéler.
— Serais-tu prêt à me servir de guide ? Je te paierai.
Cela faisait déjà six jours que Cyan cherchait un travail et deux qu’il avait le ventre vide, c’était une offre aussi inattendue qu’inespérée. Il ne pouvait se permettre de négocier quoique ce soit aussi, accepta-t-il d’un hochement de tête avant de demander :
— Savez-vous combien de jours vous compter rester à Manchor ? Vous y êtes venu dans un but particulier ?
A contrecoup, il craignit que ses questions ne soient interprétées comme de la curiosité mal placée. La Déesse soit louée, l’orc ne parut pas se formaliser.
— Trois jours. Pas d’autre intention que de découvrir la ville.
Sa façon de parler, rauque et profonde, c’était vraiment quelque chose, mais Cyan ne devait pas se laisser distraire.  Il réfléchit aux endroits qui pourraient intéresser le grand orc dont il ne connaissait même pas le nom. Il y avait le port, l’église, le marché de la grand place avec les forains…
L’orc se racla la gorge. Il attendait sûrement une réaction ou une direction. Flûte ! Il ne manquerait plus qu’il change d’avis ou se fâche. Cyan n’avait aucune expérience en tant que guide. En vérité, il n’était pas du tout qualifié. Seulement, il avait besoin d’argent pour manger. Il devait faire de son mieux.
— Vous avez déjà choisi une auberge ?
— Pas encore. Des conseils ?
Cyan aurait pu lui suggérer celle dont il venait d’être expulser sans ménagement. Le tenancier n’aurait sûrement pas osé le flanquer dehors, pas alors qu’il amenait un client, mais à quoi bon risquer une scène ? Le propriétaire des lieux n’accueillerait par ailleurs pas forcément un orc à bras ouverts. Il prétendrait être complet ou quelque chose dans ce genre.
— Tout dépend de votre bourse, répondit finalement Cyan après un silence.
C’était l’occasion de savoir si son salaire serait intéressant et s’il pouvait demander une avance, histoire de manger un bout. Cela ne ferait pas très bon effet s’il s’évanouissait en cours de route.
— Je n’ai pas à me plaindre, ce qui ne veut pas dire que je tiens à dépenser plus que nécessaire.
Cela n’avançait guère Cyan, tant pis !

vendredi 8 novembre 2019

L'empreinte de l'orc - 1

— Je n’ai pas de travail pour toi, saleté de boiteux ! Que je ne te reprenne pas à mettre les pieds dans mon auberge !
Le tenancier le projeta sans cérémonie hors de l’établissement, l’envoyant rouler sur la chaussée.
Cyan se cogna contre les pavés et se retrouva le nez entre une paire de bottes en cuir. Il s’efforça de se relever le plus vite possible, en bafouillant des excuses. Inutile d’essuyer les foudres d’un passant par-dessus le marché.
Dès qu’il fut debout, il se mit en hâte sur le côté pour dégager le passage et blêmit. Ce n’était pas un homme bâti comme une armoire à glace dont il avait involontairement bloqué la route, mais un orc. Il n’était pas rare d’en croiser à Manchor, ville à la frontière entre le royaume des humains et celui des orcs et Cyan n’aurait pas dû être surpris. Il aurait juste aimé avoir de la chance, une fois dans sa vie. Il avait hélas tiré les mauvaises cartes dès la naissance avec son visage marqué et sa jambe droite trop courte par rapport à sa gauche et les choses ne s’étaient jamais vraiment arrangées depuis.
— Pardon, murmura-t-il encore à l’intention de l’orc qui était imposant, même compte tendu son espèce. Il était massif, grand et large comme le tronc d’un vieux chêne, la peau d’un vert printanier, deux dents épaisses d’une blancheur étincelante dépassant de sa bouche, ses deux oreilles pointues bien visibles dans ses cheveux d’un noir aussi brillant que ses yeux. Au lieu d’être torse nu et en pagne, il était vêtu à la manière humaine d’un pantalon marron et d’une tunique beige.
Ce n’était peut-être pas une très bonne idée de le détailler ainsi des pieds à la tête, même si l’orc avait l’air de jauger tout pareil.
Cyan piqua du nez. Sûrement, les gens avaient raison de le chasser comme un malpropre et de ne pas vouloir qu’il travaille pour eux, il n’était pas normal. Il n’aurait pas dû trouver un orc séduisant.
Les orcs n’étaient plus leurs ennemis, la guerre les opposant s’étant terminée près de 200 ans auparavant avec un double mariage entre humains et orcs de sang royal. Ces deux unions avaient été stériles et la rumeur voulait qu’elles aient été malheureuses dans les deux cas, mais la paix avait perduré. Toujours est-il que les humains et les orcs s’entendaient comme chiens et chats et se mélangeaient aussi bien que l’eau et l’huile. Chaque espèce avait l’arrogance de se croire supérieure à l’autre.

jeudi 7 novembre 2019

Bleu Ciel Océan - 56 (fin)

— C’était lui qui voulait, mais j’aurais dû refuser et ne pas le laisser non plus se substituer à moi auprès de mes petits amis.
— C’est sûr que ce n’est pas sympa pour toutes les personnes que vous avez trompés. En même temps, qui peut prétendre ne jamais faire d’erreur ?
— Ils comme elles nous confondaient. C’était dur. Parfois, même nos parents se faisaient avoir.
— C’était un jeu de jumeaux.
— Nous aurions dû arrêter en grandissant.
— Tu comptes continuer ?
— Non, bien sûr que non ! Mais j’avoue, cela me fait plaisir que tu aies compris que ce n’était pas moi.
En d’autres termes, il ne désapprouvait pas totalement la supercherie de son frère, ce qui était irritant. En même temps, c’était compréhensible.
— Si je m’étais trompé, tu m’en aurais voulu et tu aurais rompu ?
— Non !
C’était un cri du cœur. Lukas décida de ne plus s’appesantir sur le sujet.
— Les démarches pour t’installer en France progressent ?
— Lentement.
— Je vais revenir te voir avant, alors.
— Mais ton travail ?
— Je suis mon propre patron, cela a des avantages.
Lukas pouvait toujours déléguer. Il le faisait de plus en plus depuis son séjour sur l’île déserte. Quand il avait disparu, ses employés avaient bien été obligés de mener la barque sans lui et ils s’étaient bien débrouillés. Il n’était pas aussi indispensable à sa propre entreprise qu’il avait bien voulu le croire, ce qui avait de quoi rendre humble, mais le mérite de se rendre compte qu’il pouvait se consacrer davantage à sa vie personnelle.
— Je t’aime, dit Wataru en français avec chaleur, et il tendit le bras vers Lukas comme pour le toucher.
Lukas aurait pu répéter les mêmes mots en écho, mais n’en fit rien, car entre eux, tout avait commencé des gestes, alors il forma un cœur avec ses mains.
Wataru lui adressa un sourire rayonnant de bonheur.
Lukas était heureux aussi.
Ils se regardèrent en silence, les yeux dans les yeux. L’avenir qui se dessinait devant eux s’annonçait d’un bleu radieux.



                                                          FIN

mercredi 6 novembre 2019

Bleu Ciel Océan - 55

— Bonjour, dit Wataru en français avec son adorable accent.
— Bonjour. Je tiens à t’informer que j’ai eu un visiteur hier. Ton frère.
Il n’était pas question de passer sous silence la venue de Ryuu et sa supercherie. Wataru avait le droit de savoir jusqu’où son jumeau était capable d’aller pour lui. S’il avait eu un frère jumeau, il aurait détesté qu’il emprunte son identité.
Wata repassa aussitôt en japonais.
— Je sais. Wataru m’a contacté tout à l’heure. Nous nous sommes expliqués.
Wata était à priori bouleversé et son débit s’accéléra au point que Lukas ne put saisir ses propos.
Il regretta les kilomètres qui les séparaient et qui l’empêchaient de le réconforter en le serrant dans ses bras. Sur l’île, cela avait été la seule chose qu’il pouvait faire, et à présent, il n’avait plus que les mots.
Il l’interrompit :
— Je te rassure, je l’ai reconnu tout de suite.
— Pardon pour mon frère.
— Tu n’es pas responsable de ses actions.
— Je l’envie d’être avec toi.
— Il est à l’hôtel pour le moment. Moi aussi je préférerai que ce soit toi qui soit là.
— Je ne vaux pas mieux que lui, pourtant, gémit Wataru.
Lukas ravala sa protestation spontanée en le voyant se frotter les tempes avec l’énergie du désespoir.
— Pourquoi affirmes-tu cela ? lâcha-t-il.
— Je me souviens.
Le ton était amer, fatidique.
— La mémoire t’est revenue ?
Lukas n’abordait presque jamais l’amnésie de Wataru, mais cette fois, impossible de s’en empêcher.
— En quelque sorte. Cela s’est fait de façon progressive. Certaines zones restent floues.
Wata paraissait catastrophé. Pas Lukas. L’épée de Damoklès suspendue au-dessus de leurs tête était tombé et Wataru ne l’avait pas oublié.
— Et tu étais si terrible que cela avant ?
— Je me suis fait passer pour lui auprès de ses petites amies.
Ryuu l’avait déjà mis au parfum là-dessus, mais sans précision aucune.
— A sa demande ou de ta propre initiative ?
Si c’était la seconde option, Lukas était d’avis en effet que c’était terrible, mais c’était dans le passé.

mardi 5 novembre 2019

Bleu Ciel Océan - 54

— Je suis désolé, dit Ryuu, mais c’est une bonne méthode...
— C’est surtout étrange et je doute que Wataru approuve.
— Il était loin d’être contre avant…
— Il jouait ton rôle auprès de tes petites amies ?
Ryuu but une gorgée.
— Quelquefois, oui.
— Ce ne devait pas lui plaire.
— Tu es riche, hein ? lança Ryuu, changeant de sujet de façon pour le moins abrupte.
Ce n’était pas une déduction difficile vu le standing de l’immeuble et le look de l’appartement.
— Oui, confirma Lukas, se demandant ce qui pouvait bien se passer dans la tête du jumeau de Wata.
— Mon frère ne l’a pas mentionné.
Lukas n’était pas sûr que Wata l’ait réalisé et lui-même ne s’en était pas vanté.
— Cela change quelque chose ?
— Je ne m’y attendais pas, c’est tout.
Lukas retint un soupir. Peut-être que si Ryuu jugeait qu’il était un bon parti, il allait l’accepter et cesser d’essayer de les séparer par tous les moyens possibles et inimaginables.
Lukas, lui, savait bien que Wata l’aimait pour lui-même dans la mesure où ils étaient tombés amoureux sur l’île alors qu’ils ne possédaient rien ni l’un ni l’autre si ce n’est les maigres effets qu’ils avaient sur le dos.
— J’aime Wataru, affirma Lukas.
— Même s’il t’oubliait ?
Le cœur de Lukas se serra douloureusement dans sa poitrine.
— Si cela devait arriver, je m’efforcerai de le reconquérir. Au moins, cette fois, je parlerai le japonais.
— Pas très bien, répliqua Ryuu.
Lukas décida qu’il avait subi assez longtemps la présence de cet invité non prévu et non désiré. Sa ressemblance avec Wata rendait encore plus douloureuse l’absence de ce dernier.
— Tu as une chambre à l’hôtel quelque part ?
— Oui.
Ce qui signifiait qu’il n’avait pas eu l’intention de terminer dans le lit de Lukas, qu’il aurait révélé son imposture ou trouvé une excuse bidon avant cela, c’était bon à savoir. Il se serait à priori en revanche laissé embrasser, ce qui était déjà trop.
— Je vais t’appeler un taxi.
— Merci, dit Ryuu du bout des lèvres.
— Tout le plaisir est pour moi, répliqua Lukas.
Il était trop content de se débarrasser de lui. Il était hélas trop tard au Japon pour pouvoir contacter Wata et bavarder avec lui. Il devrait patienter jusqu’au lendemain midi, l’heure de leur rendez-vous quotidien.

lundi 4 novembre 2019

Bleu Ciel Océan - 53

Lukas rentrait après une journée productive quand il repéra une silhouette familière au pied de son immeuble.
Wata.
Cela faisait déjà trois semaines qu’ils ne s’étaient pas vus autrement que par écrans interposés et il lui manquait terriblement.
Sur le moment, il ne réfléchit à rien, il se contenta de le rejoindre en quelques enjambées et de l’enlacer.
Wata lui sourit, mais pas avec les yeux. Lukas qui s’apprêtait à l’embrasser s’arrêta dans son geste.
Il le regarda mieux. En dépit de son sweat-shirt avec un personnage coloré, sa posture n’avait rien de familier.
Il le relâcha, peinant malgré tout à croire que le jumeau de Wataru ait eu le culot de venir lui jouer la comédie jusqu’en France.
— Ryuu, qu’est-ce que tu fais-là ?
Le Japonais se raidit.
— Comment as-tu su ?
— Vous êtes différents.
Lukas aurait pu le renvoyer comme un malpropre. Il l’aurait mérité, mais discuter debout sur le trottoir n’avait rien de pratique ou confortable et vu le voyage qu’il avait accompli, il méritait cette courtoise. Il l’invita à monter chez lui et fit même l’effort de lui offrir à boire, chose que Ryuu accepta tout en regardant de façon admirative l’appartement de Lukas.
Lukas lui tendit le verre et attaqua :
— Pourquoi n’arrêtes-tu pas de vouloir te faire passer pour ton frère ? Je veux bien que tu ne m’apprécie pas et que tu n’approuves pas notre relation, mais c’est excessif. Non, vraiment, c’est quoi le but ?
— Les autres copains de mon frère, ils se sont tous fait avoir. Toi aussi, d’ailleurs la première fois…
Apparemment, c’était une espèce de test tordu.
— Attends, c’est à peine si je t’ai vu avant que tu ne refermes la porte et je ne savais même pas qu’il avait un frère jumeau. En tout cas, maintenant, tu sais que cela ne marche pas avec moi.
— Comment m’as-tu reconnu ? demanda encore Ryuu avec insistance.
— Vous n’avez pas le même langage corporel.
Observer Wata sur l’île pour le comprendre avait été une nécessité. Le distinguer de Ryuu n’avait rien eu de compliqué.
Ryuu se frotta la nuque, enfin embarrassé. Il ressemblait plus à Wataru avec ce visage-là. Sa gestuelle n’était pas la même malgré tout.
Même quand le bleu du ciel se confondait avec celui de l’océan, il demeurait différent.

vendredi 1 novembre 2019

Bleu Ciel Océan - 52

— Ma mère a hâte de te rencontrer, annonça Lukas à Wata dès le lendemain.
— Elle est au courant pour nous ? demanda-t-il en écarquillant les yeux.
— Je ne te fais pas venir en France pour te cacher dans un placard.
— Oui… Merci.
— Elle n’est pas la seule à être impatiente que tu viennes. Je voudrais que tu sois déjà à mes côtés.
Wata n’était peut-être pas aussi pressé que lui. Lukas avait conscience que changer de pays n’avait rien d’anodin. Par moments, il s’interrogeait. C’était peut-être lui qui aurait dû emménager au Japon. Sa mère vivait en France et son entreprise y était basée, mais Wata, même s’il pouvait dessiner de n’importe où devrait composer avec le décalage horaire. Sans compter qu’il avait également de la famille au Japon. Qu’il l’ait oublié n’était pas une raison pour le déraciner.
Lukas reprit :
— Si tu préfères finalement rester au Japon, je comprendrai.
— Mon responsable éditorial est partant. Il m’imagine déjà en train de dessiner mes mésaventures en France, de rapporter de façon comique les différences culturelles et tout ça.
— Et toi ?
— Moi, j’ai envie que nous soyons à nouveau ensemble. L’endroit m’importe peu.
— Je te promets de tout faire pour que tu te plaises en France. Si mon appartement ne te plaît pas, nous nous installerons ailleurs ou tu pourras redécorer.
Lukas était prêt à tout faire pour que Wata se sente bien une fois qu’il serait là.
— Ce ne sera sûrement pas nécessaire, dit Wataru alors qu’il n’avait pas la plus petite idée d’à quoi ressemblait le logis de Lukas vu que ce dernier le contactait à l’heure du midi dans les locaux de son entreprise.
Il n’avait certes aucune raison qu’il n’apprécie pas, mais Lukas voulait que Wata sache que c’était possible. Il avait été égoïste en demandant à ce que Wata le rejoigne, mais s’il avait vraiment fallu qu’il s’installe à l’autre bout du monde, il l’aurait fait.

jeudi 31 octobre 2019

Bleu Ciel Océan - 51

Peu après son retour, Lukas rendit visite à sa mère avec l’intention de confier ses sentiments au sujet de Wata. C’était sérieux entre eux et il n’était pas question de cacher plus longtemps à sa mère qu’il avait trouvé la personne avec laquelle il souhaitait partager son existence.
— Alors, ton voyage au Japon ? demanda sa mère, une fois qu’ils furent installés dans le salon.
— C’était bien. J’ai revu Wata. Enfin, Wataru. Le Japonais avec lequel j’ai vécu sur l’île.
Il aurait pu se passer de le préciser, il n’y avait aucune chance que sa mère ait oublié, mais même en la sachant ouverte d’esprit, il appréhendait un peu de lui révéler ce que représentait Wata pour lui. Il allait après tout mettre fin à ses espoirs d’avoir des petits enfants.
— Il s’est bien remis ?
— Oui, même si ses souvenirs ne lui sont pas revenus.
Lukas se rendit compte qu’il tergiversait faute de savoir comment aborder le sujet avec délicatesse.
Heureusement sa mère ne perdait pas le nord sur les choses qui lui tenaient à cœur et lui tendit en tout innocence une perche.
— Tu as rencontré une jolie Japonaise ?
— Non, mais je suis tombé amoureux de Wataru.
Sa mère eut un hoquet surpris.
— Tu plaisantes… commença-t-elle. Non, tu es sérieux, rectifia-t-elle d’elle-même. Mais aux dernières nouvelles, tu n’as jamais été intéressé par les hommes… Si ?
— En effet, mais une personne ne se résume pas à son sexe et j’aime Wata.
— Ah, tu es pansexuel.
Ce fut au tour de Lukas d’être étonné. Le terme lui était inconnu. Pour le coup, sa mère en savait plus que lui.
— Hein ?
— C’est le terme utilisé par ceux qui sont attirés par les gens indépendamment de leur sexe ou genre.
C’était une étiquette comme une autre, songea Lukas et elle semblait mieux coller que d’autres. Il mit de côté l’information.
— Tu n’es pas déçue ? s’enquit-il.
— Pourquoi le serais-je ? Je suis surtout contente que tu aies enfin quelqu’un dans ta vie, mon chéri.
— Que nous soyons deux hommes compromet tes plans d’avoir des petits enfants, avança-t-il prudemment.
— Vous pourrez toujours adopter, décréta sa mère. En Belgique, la gestation pour autrui est possible.
Elle était impayable et il avait eu tort de s’inquiéter ne serait-ce que légèrement de sa réaction.
Elle accueillerait Wata à bras ouverts. Lukas ne pouvait en dire autant de la famille du Japonais. Enfin, il n’avait pas encore eu l’occasion de faire connaissance avec ses parents. Ils seraient peut-être moins hostiles que le jumeau. Ils pouvaient difficilement l’être plus en tout cas.