lundi 17 juin 2013

Le garçon fée - 18

– A ce train-là, tu n'as pas fini de mettre en place tes affaires, commenta Folebiol d'un ton amusé.
Zibulinion, absorbé par son questionnement sur le pourquoi de son excitation, s'était en effet contenté d'ouvrir la fermeture éclair de son sac, sans rien en sortir.
– J'ai le temps, se justifia Zibulinion avec embarras, tout en tirant un premier livre hors du sac.
Juycylli qui passait devant eux, resplendissant dans une robe verte étoilée semblable à celle de Waltharan, mais plus foncée, lui lança un « Veinard ! » avant de quitter le dortoir.
Folebiol s'excusa de ne pas pouvoir rester l'aider et partit à son tour, suivi par d'autres. En quelques minutes, Zibulinion se retrouva seul. Il déballa tranquillement ses affaires, alignant avec soin les livres dans le placard et le bas de la table de chevet. Il s'occupa ensuite de ses habits et avec un énorme soupir se résolut à ôter ses confortables habits pour son uniforme. Une fois en caleçon, il ne put s'empêcher de comparer son corps avec ceux des autres garçons fées, passant une main découragée sur son ventre bombé, puis le rentrant en inspirant à fond.
La porte du dortoir s'ouvrit alors sur un bel adolescent aux courtes boucles couleur charbon, aux yeux d'un bleu presque noir et aux ailes grises. La grande majorité des fées étant blondes avec des ailes colorées, c'était surprenant.
Leurs yeux se rencontrèrent, Zibulinion relâcha sa respiration et soudain l'adolescent aux boucles brunes éclata de rire.
– Tu ressembles à une chouette toute ronde ! Tu es encore moins fée que moi ! s'exclama-t-il.
Là-dessus, il s'approcha et avec un sans-gêne confondant, attrapa l'aile droite de Zibulinion qui, resta muet de surprise.
– Elles sont franchement vilaines, fripées comme elles sont. Les miennes, malgré leur couleur, ont plus belle allure. En fait, t''es tellement bizarre que je me vois dans l'obligation de ne pas t'intégrer dans notre club de « fées autrement ». Je sens d'ici peu nous allons nous fondre dans le décor tandis que tu seras pointé du doigt. Vraiment une aubaine ta venue !
L'adolescent brun termina sa phrase en serrant l'aile de Zibulinion qui réagit enfin, et se dégagea vivement. Il avait cru une seconde que ce garçon fée différent pourrait être un ami, mais l'autre avait instantanément détruit ses illusions. Le fée brun comptait l'écraser pour mieux s'intégrer. Zibulinion avait déjà vécu cela à l'école normale.
– Tu es blessant, dit-il, sachant que cela risquait de tomber dans l'oreille d'un sourd.
Cela n'eut que pour effet d'exciter la méchanceté de l'adolescent brun qui répéta sa phrase et se moqua : la voix de Zibulinion n'avait rien de jolie, pas une once de musicalité dedans.
Zibulinion choisit d'ignorer l'adolescent brun et enfila l'affreuse robe rose dans laquelle il se sentait engoncé. L'autre ricana. Zibulinion, la tête haute, mais le cœur douloureux, quitta le dortoir.
Il trouva Zurmmiel qui piétinait devant la porte, adorable en dépit de sa tenue rose.
– Tu en a mis du temps ! Tu viens, on visite ! s'écria-t-il en s'agrippant à la main de Zibulinion.
L'enthousiasme du blondinet et la façon dont il l'acceptait allégea le poids qui pesait sur la poitrine de Zibulinion suite aux remarques de l'adolescent fée brun.
– Tu ne préfèrerais pas faire ça avec les garçons de ton âge ? s'inquiéta-t-il, quand bien même la compagnie du garçonnet lui faisait plaisir.
– Pas spécialement. Toi, je te connais. Et puis, tu serais tout seul sinon.
– Merci.
Zurmmiel était aussi gentil que son grand frère.
_______________
Pause jusqu'au 1er juillet pour cause de maladie

vendredi 14 juin 2013

Le garçon fée - 17

L'école de Valeiage avait un côté labyrinthique, cependant, après quelques détours inutiles, ils parvinrent dans la tour où étaient les deux dortoirs des garçons. Zibulinion accompagna Zurmmiel jusqu'à la porte du sien où ils rencontrèrent d'autres garçons fées qui devaient avoir entre huit et dix ans. Ils prirent les nouveaux élèves sous leur aile si bien que Zibulinion quitta Zurmmiel sans scrupule pour gagner son propre dortoir qui était à l'étage du dessus.
Il pénétra dans une pièce circulaire où une bonne trentaine de lits étaient disposés, leurs têtes contre le mur. Ils étaient séparés les uns des autres par une table de chevet sur la droite et un placard sur la gauche. Ce qui était étrange, c'était la décoration, c'était comme si on avait réuni trois pièces en une, un peu comme dans un magasin d'exposition de meubles. Un pan de mur était boisé, un autre était recouvert d'un papier peint orné de fleurs d'espèces différentes, un troisième était pailleté et scintillant. Au sol, il y avait du plancher, une sorte de moquette herbeuse et un carrelage d'une blancheur lumineuse. Les lits aussi se divisaient en trois types : ceux en bois brut, ceux en mousse et ceux en métal. Seul le plafond était identique partout, bleu profond piqueté d'étoiles.
Zibulinion restait planté à côté de la porte, à regarder, quand une douzaine d'adolescents entrèrent. Folebiol, Neyenje et  Waltharan faisaient partie du lot. Ils entourèrent aussitôt Zibulinion.
– Chic ! Ils t'ont mis avec nous et pas dans le dortoir des gosses ! s'exclama Folebiol.
Les garçons fées qui ne connaissaient pas Zibulinion se présentèrent à une vitesse folle, tous charmants et tous souriant. L'un d'entre eux qui avait dit s'appeler Juycylli et être en 12ème année, rappela qu'ils devaient se dépêcher, leur premier cours débutant d'ici une demi-heure et ajouta qu'ils auraient tout le temps de discuter avec le nouveau plus tard. Les adolescents se dispersèrent dans la pièce. Ils avaient leurs habitudes et chacun avait son lit. Certains se mirent à ranger le contenu de leur valise dans leur placard, d'autres se contentèrent d'en extirper leur uniforme.
Zibulinion, lui, ne bougea pas. Il n'était pas pressé, son premier cours n'étant qu'en début d'après-midi et il ne savait pas où se mettre.
Folebiol qui avait été jusqu'à un lit dans la partie boisé du dortoir revint vers lui.
– Comme tu n'as pas encore déterminé ta spécialité, tu n'as qu'à t'installer à côte de moi. Le lit à droite du mien est libre. Si tu n'es pas un fée des bois, il sera toujours pour toi de changer de coin.
Zibulinion fut touché qu'il ait pris le temps de lui faire cette proposition, le remercia et le suivit. Folebiol se mit à déballer ses affaires à toute vitesse, mettant de côté son uniforme, une robe bleue tirant sur le vert. Il ôta ensuite les vêtements qu'il portait. D'autres garçons, ceux qui étaient également en habits de tous les jours, se changèrent également. Ils étaient tous minces, musclés et beaux.
A l'école normale, quand ses camarades enfilaient leurs tenues de sports dans les vestiaires, Zibulinion les avaient souvent observés à la dérobée, les enviant, éprouvant de temps à autre un certain émoi. Cependant, cette fois, devant les adolescents fées, tous plus splendides les uns que les autres, il était franchement troublé. Ils n'avaient pas une once de graisse en trop, pas un seul bouton d'acné, pas de membres mal proportionnés, pas l'ombre d'un petit défaut.
Folebiol, maintenant vêtu d'un simple slip, était tout proche. Zibulinion n'aurait eu qu'à tendre le bras pour le toucher. A cette pensée, Zibulinion eut une brusque érection et il s'accroupit aussitôt devant son sac pour cacher son excitation. Il n'aurait pas dû ressentir ça. Ils étaient entre garçons. Lui aussi était sensible à l'apparence extérieure, quand bien même il aurait voulu qu'il en soit autrement. L'ennui, c'était que Folebiol n'était pas que attirant, il était aussi gentil. Mais il était un garçon comme lui. C'était les filles qui auraient dû provoquer chez lui ce genre de réaction, ce qui n'avait jamais été le cas. Leurs yeux désintéressés sur sa personne, souvent moqueurs, n'aidaient pas et ce n'était pas la curiosité teintée de dégoût des filles fées qui risquaient de les rendre désirables, surtout à côté de l'accueil chaleureux des garçons fées, et ce, même si certains tiquaient sur son physique. Zibulinion tenta de se rassurer : son excitation n'avait rien à voir avec le spectacle des torses dénudés des adolescents fées, c'était juste parce qu'il était stressé par sa rentrée. C'était nerveux. Si cela ne l'était pas, cela voulait dire... Mieux valait ne pas y songer.

Quand Zibulinion, enfin calmé, osa jeter un coup d'oeil à Folebiol. L'adolescent aux cheveux fauve avait revêtu son uniforme et loin d'être ridicule dedans, était charmant.

jeudi 13 juin 2013

Le garçon fée - 16

La conductrice, une fois qu'elle eut vérifiée que tous les premières années qui avaient dû voyager dans son bus étaient présents, pressa le petit groupe de la suivre.
Dociles, ils s'exécutèrent et marchèrent derrière elle droit vers le palais de marbre rose, puis obliquèrent vers une porte en chêne dorée surmontée d'un grand « 1 » peint en argent sur une grosse étoile rose qui faisait très entrée de star de cinéma. Ils pénétrèrent dans une salle au sol marbré et aux murs chatoyant emplie de chaises métalliques brillantes qui étaient tournées vers une somptueuse estrade recouverte de velours rose.
De nombreuses petites fées les occupaient déjà. La conductrice leur demanda d'aller s'asseoir avec les autres et d'attendre.
Zibulinion n'était pas particulièrement grand pour ses quinze ans, mais il dépassait toutes les petites de sept ans d'au moins quarante bon centimètres, aussi il suggéra à Zurmmiel qu'ils se mettent au dernier rang, au fond.
Ils venaient tout juste de poser leurs fesses sur leurs chaises qu'un nouveau groupe de petites fées arriva. Plusieurs d'entre elles pointèrent Zibulinion du doigt et une, plus audacieuse que les autres, l'aborda :
– Ici, c'est pour les premières années.
– Il sait, il en fait partie, rétorqua Zurmmiel.
– Mais c'est un vieux ! protesta la petite fée, criant presque.
De nombreuses fillettes se retournèrent sur leurs sièges et bientôt, tous les regards de l'assemblée furent braqués sur Zibulinion.
N'importe quel adolescent fée aurait attiré l'attention au milieu des gamines, la non-beauté de Zibulinion accrochait définitivement les regards.
En conséquence, l'arrivée par la voie des airs d'une fée aux longs cheveux argentés, aux ailes scintillantes et à la vaporeuse robe arc-en-ciel passa inaperçue. Il fallut qu'elle atterrisse sur l'estrade et réclame l'attention pour que les fées la remarquent et cessent de fixer l'adolescent.
La fée pleine de majesté aux cheveux argents se révéla être la directrice. Elle leur asséna un rapide discours de bienvenue, exprimant sa joie de voir de nouvelles têtes dans l'école et leur souhaitant de découvrir toutes les splendeurs de la magie. Elle exposa les principales règles,  notamment l'interdiction d'user de la magie sur un professeur ou un camarade, sauf si exigé dans le cadre d'un cours et insista sur le port obligatoire de l'uniforme et la nécessité de respecter les horaires. Elle appela ensuite les élèves un à un, leur attribuant leur numéro de classe et dans le cas des pensionnaires, de dortoir. Agitant sa baguette, elle distribua magiquement le plan de l'école ainsi que leur emploi du temps à tous les élèves d'un coup.
Pour leur première matinée à Valeiage, ils n'avaient rien d'autre à faire que de découvrir les lieux. Les pensionnaires pourraient déposer leurs affaires au dortoir. Tous ceux et celles qui ne portaient pas encore leur uniforme devaient l'enfiler. L'après-midi, ceux en classe 1-1 auraient pour commencer un cours d'histoire, ceux en 1-2, de musique et ceux en 1-3, d'élégance.

Zibulinion remercia Dame Nature de lui avoir épargner comme premier cours celui d'élégance. Il pressentait déjà qu'avec celui de vol, ce serait sa bête noire.  L'histoire était assurément un domaine plus familier, quand bien même celle des fées restait encore nébuleuse pour lui. Il avait lu le manuel et n'était plus totalement ignorant. Zurmmiel lui glissa à l'oreille qu'il aurait préféré débuter par le cours de musique - ils étaient dans la même classe, mais pas dans le même dortoir.
Avant de les libérer, la directrice confia à chaque élève un pot en verre plein de terre où une graine avait été enfoui, un oeuf dans un nid de paille dorée et une pièce de métal, de quoi les aider à en apprendre plus sur leur spécialité. Le non-pensionnaires devraient les ramener chez eux pour en prendre soin, en attendant, ils pouvaient les mettre dans leurs casiers situés dans les couloirs. Ils n'étaient pas difficiles à trouver et étaient déjà étiquetés à leurs noms.
Zibulinion et Zurmmiel qui avaient pu constater sur le plan que leurs dortoirs étaient proches, partirent ensemble. Quatre garçonnets leur emboîtèrent le pas.

mercredi 12 juin 2013

Le garçon fée - 15

A ce point de la conversation, deux fées adolescentes qui venaient de monter dans le car, tentèrent de s'installer juste devant eux.  Waltharan les renvoya :
– Désolé, mais on garde ses places pour Folebiol et son petit frère qui fait sa première rentrée.
Neyenje approuva tandis que Zibulinion éprouvait un mélange de joie et d'étonnement à cette nouvelle. Méliziande n'avait-elle pas emmenée elle-même ses enfants à l'école, elle qui avait pourtant l'air d'une maman-poule ?
Pendant que les deux fées s'asseyaient deux sièges plus haut, Zibulinion demanda si personne ne se rendait à l'école par ses propres moyens de locomotions. Neyenje lui expliqua que c'était interdit, car il s'agissait d'être discrets et ne pas trop attirer l'attention des humains. Plusieurs bus scolaires contenant environ 60 places assisses sillonnaient donc la région pour récupérer les élèves.
Waltharan et Neyenje étaient en train de mettre Zibulinion au parfum sur les professeurs, celles qui étaient sympa et les peaux de vache, quand de nouvelles manifestations bruyantes des filles annoncèrent l'arrivée d'un nouveau garçon fée à bord.
C'était Folebiol accompagné de son frère qui n'arrivèrent au fond du bus que longtemps après que ce dernier ait redémarré.
Zurmmiel pestait contre son grand frère :
– Tu avais besoin de t'arrêter à chaque fois qu'une fille te disait bonjour ?
– Ça s'appelle la politesse, Zurmmiel.
Le blondinet allait riposter quand il remarqua Zibulinion.
– Tu es là, s'enthousiasma-t-il.
Dans un joyeux brouhaha, il fut établi que Zibulinion connaissait déjà Folebiol et son frère et qu'il avait rencontré Neyenje en achetant sa baguette.
En compagnie des quatre garçons, et malgré les tentatives d'incrustations de quelques filles, Zibulinion passa un agréable trajet.
A travers la vitre, suite à une accélération magique du bus, le paysage défilait de plus en plus vite. Les habitations se raréfièrent pour laisser place à des champs.
Finalement, le car scolaire s'engagea sur une route bordée d'arbres majestueux qui finit par déboucher dans une vaste clairière où étaient garés d'autres bus. L'école de Vaileage qui se dressait non loin ressemblait à un palais sorti tout droit d'un conte de fée. Elle était en marbre rosé avec de nombreuses élégantes tourelles chapeautées de tuiles étincelantes.
La conductrice invita tous les élèves à descendre et à rejoindre le numéro correspondant à leur année, précisant qu'elle se chargeait de guider les premières années.
A la sortie du bus, Neyenje et Waltharan souhaitèrent une bonne rentrée à Zibulinion et Zurmmiel et s'éloignèrent, entourés chacun d'un essaim d'adolescentes. Folebiol, lui s'attarda auprès de son frère qui était cramponné à lui. Il lui prodigua quelques paroles rassurantes qui piquèrent au vif le petit garçon.
– Je ne suis plus un bébé ! clama-t-il et, s'écartant de son grand frère, il se rapprocha de Zibulinion.
Folebiol leva les yeux au ciel, donna une tape amicale sur l'épaule de Zibulinion.
– Je te le confie, déclara-t-il avant de partir à son tour.
Zurmmiel qui n'en menait pas large quoiqu'il prétende, s'empara aussitôt de la main de Zibulinion. L'adolescent qui, lui aussi appréhendait ses premiers pas dans cette école, la lui serra en retour, tout tâchant d'avoir l'air à l'aise.

mardi 11 juin 2013

Le garçon fée - 14

– Hé !
L'adolescent s'arrêta. C'était Neyenje qui venait de l'interpeller. Il était assis à côté de la fée dorée croisée au magasin de baguettes.
Zibulinion se tourna vers eux pour les saluer et comptait les laisser ensuite quand le car redémarra soudainement. L'adolescent déséquilibré, voulut se retenir au siège, manqua son coup et se retrouva le nez dans le bas-ventre de Neyenje qui l'aida promptement à se remettre d'aplomb.
Les joues brûlantes de honte, Zibulinion croisa le regard meurtrier de la fée dorée et confus, lui présenta des excuses à elle. Neyenje, au lieu de s'en offusquer, rit.
– Allons nous installer au fond, proposa-t-il, une fois son hilarité calmée.
La fée dorée se plaignit de cet abandon, mais Neyenje, d'un sourire charmeur, la fit taire.
– Ça ne me dérange pas de m'asseoir seul, avança Zibulinion qui n'avait aucunement envie de se faire une ennemie de la jeune fille.
Neyenje ne releva pas et lui donna une petite poussée dans le bas du dos pour qu'il remonte l'allée.
Ils passèrent plusieurs sièges vides avant d'atteindre les derniers dans lesquels Neyenje incita l'adolescent à prendre place.
– Laloréa est adorable et très belle, mais elle est collante. Un peu de compagnie masculine, cela fait du bien, affirma Neyenje, en s'asseyant à son tour.
Zibulinion se sentait assurément plus à l'aise avec le jeune homme qu'il l'eut été avec n'importe quelle fille fée du car. Même si Neyenje avait laissé son amie Laoléra le traiter d'épouvantail sans sourciller, il ne regardait pas Zibulinion comme s'il avait eu deux têtes...  Avant qu'ils n'aient eu le temps d'engager une véritable conversation, le bus stoppa et des cris enthousiastes se firent entendre jusqu'à ce que  l'élève arrive au fond du bus.
Neyenje interpella le séduisant garçon fée qui avait une crinière noisette agrémentée d'une longue mèche blanche, des yeux bleu-verts, un nez bien dessiné et des dents éclatantes, et qui était vêtu d'une robe verte étoilée qui devait être son uniforme, puis fit les présentations. Waltharan avait seize ans, était en 10ème année et était un fée des fleurs.
Comme les autres garçons fées croisés jusque là, il se réjouit de l'entrée de Zibulinion à l'école. En revanche, déconcerté par le physique non traditionnel de Zibulinion pour un fée, il  lança :
– Tu maîtrises déjà les sorts d'illusion ? C'est pour éviter que les filles ne te collent que tu as pris cette apparence ?
Zibulinion ouvrit la bouche, prêt à rectifier l'erreur de Waltharan, toute mortifiante qu'elle soit, mais Neyenje prit la parole avant lui :
– Ce serait extrême, tu ne crois pas ?  Sans compter que c'est fatiguant à maintenir ce genre d'illusion.
– Relhnad le fait bien.
– Oui, mais pas à l'école. Juste quand il est au milieu des humains, répliqua Neyenje. C'est le prof de sorts, « beau à mourir » d'après certaines filles, précisa-t-il à l'intention de Zibulinion. Il fait partie des trois profs de sexe masculin de Vaileage, mais c'est le seul encore célibataire.
– Toutes les filles le trouvent à leur goût. Tu minimises son succès parce que cela t'énerve qu'il ait plus la côte que toi, intervint  Waltharan.

lundi 10 juin 2013

Le garçon fée - 13

Zibulinion repartit content chez lui, assuré de pouvoir compter sur l'amitié de Folebiol et Zurmmiel à l'école. Folebiol lui avait gentiment prêté quelques livres  scolaires des années passées, même s'il ne voyait pas bien en quoi cela pouvait intéresser Zibulinion vu que le programme avait changé.

Durant les quelques jours qui le séparaient de son entrée à l'école des fées, Zibulion délaissa ses leçons classiques et passa tout son temps libre à lire les manuels féériques en sa possession.
Le matin du 21 mars, jour de la rentrée scolaire des fées, il n'était pas loin d'avoir tout lu et son sac était prêt. Dedans, il avait mis les vêtements exigés par l'école ainsi que quelques habits confortables, sa baguette et ses manuels, ainsi que d'autres livres qu'il jugeait indispensables, quand bien même ils n'avaient rien à voir avec la magie.
L'estomac noué, Zibulinion se força à manger une pomme et quitta l'appartement où toute la famille dormait encore.
Sa mère lui avait dit d'attendre le bus scolaire féérique devant l'immeuble dès 7 heures du matin. Elle lui avait dit au revoir la veille, insistant pour qu'il ne la mentionne sous aucun prétexte à l'école. Tania lui avait souhaité bon vent, Victor, bon courage et Rozélita, lui avait fait un bisou sur la joue.
Dans la rue, il faisait encore nuit, et le vent était mordant. Zibulinion, son sac à ses pieds, remonta le col de sa veste et attendit, regardant les quelques voitures qui passaient.
Le car blanc sur lequel était écrit en grosses lettres gris « Ramassage scolaire de l'école privée Vaileage » qui s'arrêta devant lui était ordinaire. Rien à voir avec le véhicule étincelant et volant qu'avait imaginé Zibulinion. L'adolescent souleva son sac et monta dedans.
– Tu t'es trompé ! C'est pas le bus pour l'école des sorciers ! s'exclama une des jeunes fées assisse juste derrière le siège de la conductrice.
Zibulinion préféra ne pas répondre. La jeune fée continua un ton plus haut, s'adressant à la fée au volant du bus :
– Dites lui de descendre, madame !
Quelques passagères intriguées penchèrent leurs têtes dans l'allée pour voir ce qui se passait et dévisagèrent Zibulinion qui s'empourpra.
La conductrice assura à la jeune fée que l'adolescent n'était pas dans l'erreur et Zibulinion se dépêcha d'avancer pour trouver deux places libres : il ne voulait pas se mettre à côté d'une fée pour être examiné comme une bête curieuse durant tout le trajet. Rien qu'à son passage, des regards scrutateurs s'accrochaient à lui.

vendredi 7 juin 2013

Le garçon fée - 12

Dans l'embrasure, Méliziande se tenait, un bébé vêtu de rose dans les bras. Derrière elle, il y avait Zurmmiel et Folebiol, ainsi qu'un bel homme fée qui devait être leur père. Zibulinion débita ses excuses avec embarras.
– Ce n'est pas grave, assura Méliziande. Mets toi donc à l'aise, ajouta-t-elle, en se poussant pour qu'il pénètre à l'intérieur.
Si le petit garçon blond n'avait pas explicité ce que Méliziande entendait par là, après que Zibulinion eut ôté sa veste marron, l'adolescent n'aurait pas compris qu'il s'agissait de révéler ses ailes. Il s'y résolut à contrecœur.
– Elles ont un problème tes ailes ? demanda aussitôt Zurmmiel qui reçu dans la foulée des remontrances de ses parents.
Zibulinion fut bien soulagé de ne pas avoir à avouer que non, que cet aspect terne et chiffonné était leur état normal. Cependant, il n'en voulut pas au petit garçon qui avait posé la question en toute innocence, sans intention de le blesser.
A l'intérieur de la maison, du sol au plafond, meubles et bibelots compris, tout était en bois. Dans la cuisine, l'adolescent fut invité à s'asseoir sur une chaise sculptée et se vit offrir une part de tarte aux pommes dans une assiette avec des nervures sur le bord de laquelle reposait une fourchette en bois.
Tant que les parents de Folebiol et Zurmmiel furent là, la conversation fut un peu contrainte. Zibulinion dut esquiver une tentative visant à établir qui était sa famille.
Les choses se détendirent quand ils se furent éclipsés. Zurmmiel se disputa avec Fobebiol sur qui montrerait sa chambre en premier. Le petit garçon l'emporta et introduisit fièrement Zibulinion dans une chaleureuse pièce située sous les toits. Il sortit pour lui un train en bois peint par ses soins de son coffre à jouets, puis brandit sa toute nouvelle baguette, un bâtonnet bleu turquoise.
Au bout d'un moment, Folebiol décida qu'il en avait assez que son petit frère monopole l'attention de leur invité et fit apparaître sa propre baguette, une tige verte surmontée d'un bouton de rose blanche où perlait des gouttes d'eau brillantes, prononça quelques mots mystérieux tout en l'agitant et une colombe vint taper à la lucarne qui s'ouvrit à distance suite à un discret tour de poignet de Folebiol. L'oiseau vola dans la pièce et se posa sur la tête fauve du garçon fée.
Zibulinion fut admiratif, Folebiol se rengorgea, et Zurmmiel, vexé, proclama :
– Moi aussi, je saurais faire ça un jour !
– Seulement si tu te révèles être un fée des bois, objecta Folebiol, tout en renvoyant avec douceur la colombe dehors.
– Ce sera forcément ma spécialité, papa et maman le sont et toi aussi !
Zibulinion profita de la dispute pour tirer au clair cette histoire de spécialité.
– Comment ça se fait que tu ne saches pas ça ?! s'exclamèrent les deux frères en chœur.
– Il n'était pas prévu que j'aille à l'école des fées, dit Zubulinion.
Comme il ne développait pas plus, Folebiol lui expliqua qu'à la fin de la 5ème année, chaque fée savait si elle avait plus d'affinité avec les plantes, avec les animaux ou les humains, c'est-à-dire, était une fée des fleurs, une fée des bois ou une fée des rêves. Les cours étaient différents en fonction et les débouchés professionnels aussi.
– Tes parents, ils sont quoi ? demanda le blondinet.
Zibulinion soupira, et secoua la tête, signifiant qu'il n'en avait pas la moindre idée. Les deux frères, même s'ils étaient dévorés de curiosité, n'insistèrent pas.
Zibulinion crut bon de préciser qu'il fallait mieux qu'ils partent du principe qu'il ne savait rien sur le monde des fées et pour illustrer sa parfaite ignorance, il parla de son étonnement quand dans « Rêve de baguettes », on l'avait invité dans la partie féérique du magasin sans qu'il montre la poudre des fées.
Folebiol résolut le mystère pour lui : les fées adultes pouvant voir les ailes même quand elles étaient masquées, la vendeuse avait deviné, vu la période de l'année, que l'adolescent ne venait pas pour acheter du pain...
Après quoi, Folebiol fit visiter sa chambre, également située sous les toits, mais plus spacieuse et mieux ordonnée que celle de son petit frère. Zibulinion fut immédiatement attiré par les livres rangés dans l'étagère à côté du bureau.
– Je crois qu'il n'y a pas besoin de te demander si tu aimes les bouquins, dit Folebiol, comme Zibulinion effleurait du bout des doigts les tranches.
– Moi, je préfère jouer dehors, déclara Zurmmiel.
– Ça va être dur pour toi d'être au milieu des gosses, commenta Folebiol.
Le petit garçon blond râla et Zibulinion, bien qu'il soit de l'avis de l'adolescent aux cheveux fauves, répondit que cela ne serait pas si terrible que cela. Il ne voulait pas vexer le sympathique Zurmmiel.

jeudi 6 juin 2013

Le garçon fée - 11

Quand Zibulinion regagna finalement l'appartement, sa mère ne manifesta aucun intérêt pour la baguette qu'il s'était acheté, et se contenta de réclamer sa bourse dont elle examina aussitôt le contenu. Rozélita s'y intéressa, mais dès qu'elle l'eut vue, elle fut déçue.
– Elle est moche. Moi, j'en prendrai une jolie, affirma-t-elle avant de repartir jouer avec sa poupée.
Zibulinion gagna sa chambre où sa mère avait déposé en vrac sur le plancher les sacs de la boutique de vêtements et de la librairie. L'adolescent commença par trouver une place dans son étagère pour ses livres féériques, puis apporta les habits jusqu'à la salle de bains où se trouvaient la machine à laver et le panier à linge sale. Il croisa Tania qui se moqua en voyant ce qu'il tenait dans les mains :
– Avec ça, tu ressembleras enfin peut-être un fée.
Zibulinion ignora la provocation et une fois la robe et la chemise déposées, repartit dans sa chambre. Là, il entama la lecture de son premier manuel scolaire, un livre généraliste sur les fées et la magie. Il était si plongé dedans qu'il n'entendit pas qu'il était appelé pour le dîner ; ce fut l'apparition d'un papillon violacé voletant devant son nez, messager de  sa mère, qui le ramena à la réalité.
Ce n'était pas la première fois qu'il s'oubliait dans les livres, et Alysielle lui reprocha, comme d'habitude, son incapacité à venir manger à l'heure. Comme à chaque fois que le problème se posait, Zibulinion accepta la critique, et s'excusa du mieux qu'il pouvait.
– Quand tu seras parti à ton école, au moins, on n'aura plus à t'attendre ! coupa Tania.
Victor et Alysielle le mirent en garde : personne ne viendrait le chercher pour qu'il se rende au réfectoire.
Sans oser ajouter quoique ce soit, Zibulinion baissa les yeux sur son assiette : des pâtes à la tomate saupoudrées de fromage râpé.
Le dîner terminé, il retourna à sa lecture et lut jusqu'à tard dans la nuit, fasciné par ce qu'il apprenait sur la magie.

 Le lendemain matin, après un petit déjeuner léger et équilibré, il se lança dans un second livre, cette fois sur les baguettes magiques. Le premier chapitre était consacré à la manière de tenir sa baguette et illustré de nombreux schémas. Le second parlait des ornements, de la manière de procéder pour les fixer et évoquait rapidement ce qu'ils pouvaient apporter hormis un bonus esthétique. Midi arriva sans que l'adolescent ne s'en rende compte et il eut droit à de nouveaux commentaires. Il ne se défendit même pas. Toute la famille semblait être désormais d'avis que ce serait mieux quand il serait pensionnaire à l'école des fées et l'adolescent, malgré un reste d'inquiétude, commençait aussi à penser pareil. Ses manuels scolaires féériques le fascinaient.
Après le repas, il termina son livre sur les baguettes et emporta celui sur les fleurs pour s'occuper durant le trajet de bus qui le conduirait chez la fée Méliziande et ses 2 fils. Absorbé par des propos palpitants sur la flore, il rata son arrêt, s'égara parce qu'il ne connaissait pas ce coin de la ville et arriva à presque 17 heures au 3 rue des Lilas où il était attendu depuis une grosse demi-heure. La maison n'était pas visible de la rue, cachée par une haute grille en fer forgé et de grands arbres.

Zibulinion préparant mentalement des excuses pour son retard, appuya sur le bouton de la sonnette. Aussitôt, le portail pivota sur ses gonds, dévoilant une allée sableuse s'enfonçant dans les profondeurs d'un jardin à la végétation touffue.
Zibulinion entra et le portail se referma tout seul, comme animé d'une vie propre. L'adolescent se hâta de remonter l'allée et découvrit une drôle de maison qui ressemblait à un arbre géant avec ses murs qui avaient l'aspect de l'écorce.

mercredi 5 juin 2013

Le garçon fée - 10

Rien ne lui plaisait  - pourquoi mauve plutôt que violet ? - jusqu'à ce que ses doigts se referment sur un bâtonnet un peu tordu d'un espèce de marron cuivré qui ne ressemblait à aucun autre.
Neyenje qui, pendant ce temps avait sélectionné un papillon de soie jaune pâle, haussa un sourcil étonné, sans discuter son choix. Il l'encouragea toutefois à prendre de quoi le décorer.
Zibulinion objecta qu'il ne savait pas comment procéder et même quand Neyenje lui dit que c'était facile et que c'était une des premières choses qui leur étaient apprises quand ils débarquaient à l'école, Zibulinion préféra ne rien prendre.  Il n'était pas très au fait de combien toutes ses perles, pierres et autres ornements coûtaient et surtout, n'entendait rien à cette histoire d'embellissement.
Neyenje tentait de lui en expliquer l'importance quand une fille à la peau porcelaine et aux yeux et cheveux d'un doré lumineux se précipita vers lui et déposa un baiser sur sa joue.
– Neyenje chéri ! Tu me manques trop ! Tu n'as pas daigné me téléphoner !  Je suis contente que les cours reprennent bientôt !
Neyenje lui adressa un beau sourire en guise de salut et Zibulinion, ne voulant pas déranger, décida qu'il était temps de passer à la caisse.
– Qui est cet épouvantail qui t'accompagne ? demanda alors la fée dorée.
– Un nouvel ami, j'espère, répondit Neyenje sans pour autant rectifier le qualificatif peu sympathique qu'avait attribuée la jeune fille à Zibulinion.
L'adolescent blessé, mais habitué à être moqué pour son apparence, se dépêcha de prendre congé. Neyenje ne chercha pas à le retenir, mais lui lança un joyeux « on se voit à la rentrée. »
A la caisse, la vendeuse offrit une ristourne à Zibulinion parce qu'il avait choisi un très vieux modèle qui était un peu abîmé. Cette réduction réjouit l'adolescent, car sa mère avait râlé à la librairie sur les nombreuses dépenses que lui occasionnait l'entrée de Zibulinion à l'école des fées. 
A la sortie de la boulangerie, l'adolescent prit la route de l'appartement. Il dut marcher longtemps avant d'arriver à bon port et à peine eut-il posé la main sur la poignée qu'un message apparut dans un nuage de poudre fuchsia et tomba sur le paillasson.
Zibulinion le ramassa et le lut : « Tania a invité des amies. M'a demandé de te prévenir de ne pas rentrer avant 20 heures. »
L'adolescent redescendit les escaliers pour gagner le petit square qui se trouvait non loin de l'immeuble, regrettant de ne pas avoir été informé avant. Il aurait gardé un livre avec lui. Au lieu de ça, il n'avait que sa baguette dont il ne savait pas quoi faire au juste. Une fois installé sur un banc, il la sortit du sac et la contempla. Il s'était passé beaucoup de choses aujourd'hui. Il avait découvert les magasins féériques, rencontré trois garçons fées comme lui... Exceptés qu'ils étaient tous plus beaux les uns que les autres. Ils étaient tous les trois un brin sans gêne, et tous les trois sincèrement contents qu'un nouveau garçon rejoigne l'école... Côté filles, la remarque de la jeune fée aux cheveux et yeux dorés laissaient présager un accueil plutôt froid.

mardi 4 juin 2013

Le garçon fée - 9

C'était un jeune homme aux cheveux d'un blond presque blanc, aux yeux d'un doux bleu pastel, et aux ailes transparentes, vêtu d'une chemise crème et d'un pantalon beige.
– De quel pays tu débarques ? Je ne t'ai jamais vu dans notre école.
Zibulinion eut un sentiment de déjà-vu. Tous les garçons fées allaient-ils l'aborder ainsi ? Il répondit simplement qu'il allait y entrer en première année.
– Intéressant... commenta le beau jeune homme. Tu viens acquérir ta première baguette, alors ?
Zibulinion hocha la tête et l'autre continua :
– Mais j'oublie de me présenter. Moi, c'est Neyenje. Je suis en 11ème année.  Je suis venu acheter un ornement supplémentaire pour mon bébé.
Là-dessus, Neyenje agita un bâtonnet translucide à l'intérieur duquel flottait des paillettes saphir et de minuscules étoiles bleutées. Le « bébé » comprit Zibulinion.
Neyenje attrapa familièrement l'adolescent par  le bras et, poussant quelques fées au passage, l'entraîna en direction d'une table recouverte de bacs pleins de bâtonnets, la base de toute baguette magique.
Les regards s'accrochaient à eux, inquisiteurs. Zibulinion en conçut une telle gêne qu'il ne put s'empêcher de l'exprimer à mi-voix :
– Je donnerais cher pour être invisible.
– C'est au programme des 12ème année, l'informa Neyenje. Pourquoi es-tu pressé d'apprendre cela ? ajouta-t-il.
Zibulinion ne put répondre que c'était parce qu'il était laid pour un fée et que cela le gênait d'attirer l'attention pour cette raison. Il bafouilla et Neyenge reprit :
– Tu n'aimes pas être le point de mire des regards ? A l'école, avec environ un garçon pour dix filles, tu vas devoir t'y habituer. Perso, j'adore. Niveau petites amies, j'ai l'embarras du choix.
Évidemment, beau comme il l'était, c'était l'admiration qu'il suscitait sur son passage, contrairement à Zibulinion qui provoquait au mieux de la curiosité, au pire du dégoût.
– Je doute plaire à quiconque, marmonna Zibulinion, en se mettant à fouiller un bac pour se donner contenance.
– Même toi, tu pourras avoir du succès.  Tu es un mec avec tout ce qu'il faut où il faut... répliqua Neyenje, ses yeux bleu pastel s'attardant un instant sur l'entrejambe de Zibulinion qui se sentit rougir jusqu'aux oreilles.
L'adolescent n'était pas convaincu, mais il ne contredit pas Neyenje. Il continua plutôt à chercher avec ardeur dans les bacs la baguette de ses rêves.

lundi 3 juin 2013

Le garçon fée - 8

La fée aux cheveux roux se présenta sous le doux nom de Méliziande avant d'introduire ses fils ; Zurmmiel avait sept ans, Folebiol, quinze comme Zibulinion qui déclina à son tour son identité et son âge. Méliziande expliqua qu'ils étaient venus chercher le matériel de Zurmmiel qui allait faire sa première rentrée, le programme ayant hélas changé depuis l'époque de Folebiol. Zibulinion raconta qu'il revenait de la boutique de vêtements sans révéler les honteuses difficultés auxquelles il avait dû faire face et précisa qu'une fois son tour à la librairie achevé, il lui resterait encore sa baguette à acheter. Méliziande suggéra qu'ils y aillent tous ensemble puisque eux aussi devaient s'y rendre mais Zubilinion, malgré son envie de faire plus ample connaissance avec la petite famille, refusa. Il était venu avec sa mère et sa soeur, et devait les rejoindre. Il les quitta donc, non sans que Méliziande l'ait invité à venir goûter chez eux le lendemain, chose que Zibulinion accepta devant l'insistance de Zurmmiel.
Sa mère, à qui il rapporta la rencontre, sut de suite qui était la fée aux cheveux fauves. Il n'y avait pas trente six fée dans cette région du monde qui avait eu deux fils. Elle la plaignit, et autorisa Zibulinion à se rendre chez Méliziande pourvu qu'il ne mentionne surtout pas de qui il était le fils.
Puis, comme elle n'avait rien à faire à la boutique vendant des baguettes avec Rozélita, elle se contenta de déposer Zibulinion devant, lui laissant de quoi payer, avant de repartir en trombe.
Bien qu'il ait dû se débrouiller seul jusque là avec sa liste, l'adolescent se sentit franchement abandonné. A première vue, ce n'était qu'une simple boulangerie aux doux nom de « Rêves de baguettes » avec une devanture pleine de viennoiseries et pâtisseries mettant l'eau à la bouche. Il poussa la porte avec hésitation et la cloche tinta.
La femme d'une quarantaine d'années d'une grande beauté qui se tenait au comptoir était en train de servir un vieux monsieur. Zibulinion attendit son tour en triturant la cordelettes de la bourse en soie que lui avait confié sa mère.
Dès le vieux bonhomme eut payé sa baguette de pain, la dame annonça à l'adolescent que son gâteau était arrivé et qu'il pouvait le récupérer en arrière-boutique, alors même que Zibulinion n'avait pas ouvert la bourse. Un peu décontenancé, l'adolescent passa derrière le comptoir comme l'y enjoignait la femme, puis poussa la porte qu'elle lui indiquait. Dans la boutique de vêtements comme dans la librairie, cela ne s'était pas passé ainsi, et il se demandait pourquoi.
La pièce dans laquelle il entra, était noire de monde. Cela grouillait comme dans une fourmilière et bourdonnait comme dans une ruche. Des dizaines de fées allaient et venaient en discutant au milieu d'élégantes tables dorées recouvertes de bacs en verre qui contenaient des baguettes, des tiges, des paillettes, des étoiles, des papillons, des rubans et des perles de toutes les couleurs.
Zibulinion qui n'aimait guère la foule, résista à l'envie de tourner les talons. Toutes les fées du quartier semblaient s'être données rendez-vous là, ce qui laissait à penser que les magasins de baguettes magiques n'étaient pas nombreux.
– Hé, toi ! lança une voix de baryton dans le dos de Zibulinion, en même temps qu'une main se posait sur l'épaule de l'adolescent qui sursauta et jeta un coup d'œil en arrière.