jeudi 29 novembre 2012

Projets : suites et nouvelles idées

A défaut de vous offrir un nouvel épisode aujourd'hui, voici une liste avec résumés des histoires boy's love que j'ai envie d'écrire un jour, si possible...

Nouveaux romans (à plusieurs volumes, si tout va bien) :
1) Âme en peine (Une nouvelle mort)
Simon Dalès n'a pas peur de la mort, loin s'en faut, mais il ne se doute pas de ce qu'il y a de l'autre côté...

2) Zombi, vampire, et garou (Zombi et co)
Il n'a pas de nom, il ne se rappelle plus de rien depuis qu'il s'est réveillé dans le cimetière adjacent au manoir de Blackbone, au milieu des tombes. Les autres zombies non plus ne savent rien de lui, mais ils l'ont accueilli comme l'un des leurs. Leur quotidien paisible est bouleversé par l'arrivée du nouveau propriétaire du manoir, un vampire, et sa suite qui comprend entre autres un majordome loup-garou et un jardinier squelette..

3) Le prisonnier et l'armoire à glace (11 Royaumes)
Dans un monde où coexistent 11 royaumes tous plus différents les uns que les autres, la paix fragile explose quand le roi de Barbarium se met en tête de conquérir le monde en començant par son plus proche voisin.
Lanceval, un ouvrier, est fait prisonnier avec bon nombre gens de son village pour travailler dans une mine sous l'oeil de gardes baraqués. L'un d'entre eux, Oswen est particulièrement impressionnant.

4) Un fée parmi les fées
Les fées, c'est bien connu, sont de jolies femmes ailées. Ce n'est pas le  cas de Zibulinion qui est né fée, mais qui a le double handicap d'être un garçon et de ne pas avoir un physique très avantageux. Voilà pourquoi il est désespéré quand il se retrouve contraint et forcé de quitter l'école normale pour celle des fées. Toutes ses camarades sont des filles (ou presque), et tous ses professeurs (ou presque), sont des femmes, toutes plus belles les unes que les autres.

Suites des nouvelles pilotes (au moins quelques épisodes supplémentaires, voire plus)  :
1) A travers les âges (qui est en cours !)
Le nouveau professeur d'histoire de Dake prétend qu'ils se connaissent depuis la préhistoire...
2) Le Baiser de la gargouille
Naoko se retrouve avec Kaseigan, l'homme gargouille sur les bras... Qui est-il, d'où vient-il, et pourquoi a-t-il besoin que Naoko l'embrasse régulièrement ?
3) Super amoureux
Avoir un petit ami super héros, ce n'est pas de tout repos, surtout quand il peut lire dans vos pensées...
4) L'île du miroir
Orangel et Mitsu filent le parfait amour, mais les mystères de l'île les rattrapent.

Suites de romans achevés :
1) Almort (suite de Mémoire Etoilée)
2) Chveuil ou Méroé (je n'ai pas déterminé qui serait le héros du 2ème livre et ou s'il y en aurait un troisième (suite de Lykandré)
3) L'échange (suite du Suivant du prince)
Place à la nouvelle génération. L'heure est venue de renforcer les liens entre le royaume des elfes, celui des centaures et celui des humains. Chacun des héritiers des royaumes doivent se rendre chacun leur tour à la cour des différents royaumes.
+ possibilité d'une histoire antérieure Le prêtre et le centaure

Contes et recueils de nouvelles :
1) Si Cendrillon était un homme... et autres contes
2) Contes de fées revisités, un second recueil avec un angle différent
3) Le manoir des fantasmes : à mi-chemin entre un roman et une nouvelle

Autres textes possibles (dont vous ne verrez pas forcément la couleur) :
1) Prophétie d'Ici (une de mes premières histoires boy's love à retravailler, fantasy - 80 pages qui traînent dans un coin depuis des années)
2) Trois frères, trois amours : histoires d'amour de trois frères jumeaux
3) Le triangle à deux côtés : deux triangles amoureux étroitement liés
4) Le boy's love dont vous êtes le héros... : possibilité de choisir certaines répliques pour amener à des fins différentes.

mercredi 28 novembre 2012

A travers les âges - 22


Il avait couru après Iol pour des aveux inutiles et une étreinte partagée et non imposée... Kuma regarda une dernière fois Iol, son visage de brute, ses membres massifs, son regard gris.
– Fais attention à toi, déclara-t-il, puis il commença à s'éloigner avec lenteur, se demandant s'il faisait le bon choix.
Iol le rejoignit immédiatement.
– Je vais m'installer dans la montagne. Tu n'auras qu'à venir me rendre visite, une fois par lune.
Son offre était en partie contradictoire avec ce qu'il avait dit auparavant, mais Kuma se garda bien de lui faire remarquer. Leurs lèvres se joignirent, puis le jeune homme poursuivit sa descente, tournant dans sa tête les excuses qu'il adresserait à Golo.
Son corps lui rappelait à chaque pas la vigueur avec laquelle Iol s'était enfoncé en lui. Avant de regagner le camp, il fit un crochet à la rivière pour se laver.
Quand il atteignit les premières tentes, une des femmes qui ne savait pas qu'il n'avait pas accompagné le groupe de chasseurs, s'inquiéta de son retour prématuré. Il la rassura aussitôt. Il n'était pas allé avec les autres, et il n'avait rien. Il avait juste essayé de retenir l'étranger qui avait décidé de partir et échoué. C'était un demi-mensonge qui fut gobé instantanément. Il le resservit tout au long de l'après-midi auprès de ceux qui s'étonnaient de sa présence au campement. La plupart des membres du clan n'était pas fâché que l'étranger ait fini par reprendre la route. Certes, il s'était montré gentil, les avait occupés pendant l'hiver avec ses histoires, mais il était différent d'eux.
Golo, quand il rentra de la chasse, disputa Kuma qui ne s'était pas montré et n'avait prévenu personne, si bien que le groupe avait perdu du temps à l'attendre. Il le menaça de ne plus lui donner la main de sa nièce. Le jeune homme en profita pour dire qu'il préférait ne pas se marier, ce qui augmenta la fureur du chef des chasseurs. Son poing frappa le ventre de Kuma qui se plia en deux. Le jeune homme ne riposta pas, autant parce qu'il ne voulait pas envenimer les choses que parce qu'il n'était physiquement pas au mieux de sa forme. Il déclara l'avoir mérité et se retira dans sa tente où un terrible sentiment de solitude s'abattit sur lui. Iol, avait-il déniché un abri dans la montagne ? Le retrouverait-il vraiment dans une lune ?
Le lendemain, il se présenta tôt pour la chasse, bien que le bas de son dos le fasse encore souffrir. Golo fut froid avec lui, les autres chasseurs aussi. Sa défection, la veille, était encore fraîche dans les esprits et il avait manqué de respect à Golo et à sa nièce. Kuma obéit au doigt et à l'oeil. Il s'agissait de se faire tout petit et de ne plus occasionner de remous. Le départ de l'étranger qui coincidait avec l'affaire du mariage semblait avoir mis la puce à l'oreille de certains et les langues allaient bon train. Tout ce que le jeune homme pouvait espérer c'est que nul ne devinerait la vérité.

mardi 27 novembre 2012

A travers les âges - 21

Iol ôta son habit, puis défit celui du jeune homme avant de lécher les petites plaies dues aux épines qui parsemaient son corps. Il y avait quelque chose de tendre et troublant à ces soins et Kuma caressa en retour le large dos de Iol. Ils s'embrassèrent encore. Les doigts du jeune homme se perdirent dans les poils du torse de son compagnon. Son désir grandissait, mêlé d'appréhension. Le pénis d'Iol lui semblait énorme contre sa jambe où il se frottait. Soudain, Iol empoigna ses cuisses, soulevant son bassin et d'une poussée, le pénétra. Le jeune homme se mordit les lèvres pour ne pas crier. Même s'il avait accueilli en lui de son plein gré, c'était douloureux. Le précédent assaut était trop récent. Iol allait et venait sauvagement, sa main glissant et remontant sur la virilité de Kuma. A la souffrance, se mêlaient des sensations plaisantes qui prirent petit à petit le dessus jusqu'à ce que la jouissance l'emporte. Iol éjacula juste après lui, puis roula sur le côté. Ensemble, leurs épaules se touchant, ils contemplèrent le passage des nuages. Le soleil était à présent haut dans le ciel. Il avait raté le départ pour la chasse, songea Kuma. Il avait tout oublié, trop préoccupé par Iol. Il entendait déjà les reproches de Golo et il soupira. Il n'avait plus la force de bouger. Mais quand bien même il en aurait été capable, il n'en avait pas envie. La brise printanière avait beau être fraîche sur son corps nu et endolori, il aimait sentir Iol à ses côtés.
Ce dernier, au bout d'un moment, se mit sur pieds et se rhabilla. Il aida ensuite le jeune homme à se mettre debout.
– Veux-tu venir avec moi ? proposa-t-il.
Faire ça, cela signifiait quitter le clan des Trois Silex, tous les gens qu'il connaissait depuis sa naissance, pour errer avec lui dans la nature, sans protection, seuls.
– Tu ne souhaites pas rentrer ?
Iol secoua la tête et déclara :
– Je ne tiens pas à assister à ton mariage.
– Nous pourrions continuer à nous voir en cachette.
– Quand ? La journée quand tu traques des animaux ?  La nuit alors que tu devrais dormir auprès de ta femme ? Nous serons forcément découverts, un jour ou l'autre.
Que répliquer à cela ? Ils n'avaient jamais autant parlé, n'avaient jamais été aussi intimes, mais la situation semblait bloquée. Kuma ne voulait pas abandonner son clan, même pour Iol, et celui-ci n'avait pas l'intention de rester pour vivre ce qu'il avait déjà vécu - la trahison et le bannissement - ou même pire.
– Je ne suis pas obligé d'épouser qui que ce soit.
Evidémment, convaincre Golo serait délicat, mais rien n'interdisait à un homme de demeurer célibataire.
Iol ne changea pas d'avis. Même comme ça, ils ne pourraient pas garder leur relation secrète très longtemps.
– Mais si nous faisons attention...
Iol balaya l'objection de Kuma.
– Il suffit d'un fois, d'une personne, de l'ombre d'un soupçon.
Ils n'allèrent pas réussir à se mettre d'accord, comprit le jeune homme, le coeur serré. La séparation était inéluctable.

lundi 26 novembre 2012

A travers les âges - 20

Kuma ne le savait pas vraiment lui-même, car même si Iol revenait avec lui au camp, ils ne pourraient pas être ensemble. Cela lui semblait néamoins préférable à ne plus jamais le voir. Et d'ailleurs, que croyait donc Iol ? Qu'il voulait le ramener pour se plaindre de lui au chef du clan et le faire lyncher pour ce qu'il lui avait fait ? Comme s'il oserait parler à quiconque de son incapacité à se défendre, du plaisir qu'il avait ressenti malgré tout...
Iol, en l'absence de réponse, pivota sur lui-même et se remit à grimper avec l'agilité d'un mouflon. Kuma l'appela sans obtenir de réaction. Il le suivit, pestant contre son corps courbaturé qui le ralentissait.  Il ne voulait pas qu'Iol parte, il avait encore des questions à lui poser : pourquoi avait-il préféré ne pas dormir à ses côtés durant l'hiver, pourquoi avait-il été si embarrassé de l'avoir pris dans ses bras, la première nuit...?
Dans son désir de ne pas se laisser distancer, il se prit le pied dans une racine et s'étala de tout son long. Il poussa un cri, un seul, de surprise. Il essaya ensuite de se dépêtrer de l'amas de ronces dans lequel il était tombé, mais les plantes épineuses s'accrochaient à lui, lui griffant la peau. Quand enfin, il parvint à se relever, il vit Iol qui redescendait le flanc de la montagne pour se porter à son secours.
Kuma lui jeta au visage ses dernières interrogations avant même qu'il ne fut arrivé jusqu'à lui, sans se soucier des goutelettes de sang perlant sur ses membres.
Une lueur d'espoir apparut dans les yeux gris d'Iol. Les questions du jeune homme trahissaient ses sentiments. Toutefois, tant qu'il ne les verbalisait pas, le doute subsistait.
Iol vint se mettre juste devant Kuma et expliqua qu'il avait été gêné de l'enlacer dans son sommeil parce qu'il l'avait fait, machinalement, en le prenant pour son ancien amant avec qui les choses avaient si mal tournées, et que dans les grottes, il s'était tenu à l'écart pour ne pas montrer qu'ils dormaient pelotonnés l'un contre l'autre, comme un couple, à tout le clan.
Sa tirade achevée, Iol tendit la main vers visage égratiné du jeune homme, sur le point d'effleurer le bord blessé de sa lèvre. Kuma retint son souffle. Iol ramena son bras le long de son corps, secoua la tête, et se détourna.
Le jeune homme comprit que s'il ne lui révélait pas ce qu'il éprouvait pour lui, il s'en irait pour de bon, et tout serait fini. Alors, il lui avoua qu'il l'aimait.
Iol, en un instant, fut sur lui et s'empara de sa bouche avec avidité. Kuma répondit à son baiser, mais avec plus de douceur. Iol attrapa ensuite la main du jeune homme et le tira vers les hauteurs, jusqu'à une pente herbeuse où il l'allongea. Il était clair comme de l'eau de roche qu'il souhaitait lui faire l'amour. Kuma n'était pas certain de vouloir, mais il ne le repoussa pas. Ce serait peut-être l'unique occasion.

vendredi 23 novembre 2012

A travers les âges - 19

C'était le plus long discours qu'Iol lui ait jamais tenu, et il n'expliquait pas tout, cependant, il appaisa Kuma. Iol regrettait. Il l'aimait. Une information essentielle qui lui permettait de mettre enfin un nom sur ses propres sentiments. Ce n'était pas l'amitié, pas de la fascination pour les différences de l'étranger, mais l'amour qui le poussait à vouloir demeurer aux côtés de Iol. C'était pour cela qu'il ne s'était jamais occupé de la seconde litière et c'était la jalousie de ne plus être spécial pour Iol qui l'avait taraudé tout l'hiver... Il avait été aveugle parce qu'être le compagnon d'un autre homme était inconcevable pour lui. Iol n'avait pas rêvé son attachement pour lui. Cela n'excusait pas son comportement pour autant, car ce qu'il avait pris de force, Kuma aurait fini par lui donner avec le temps. Patience et douceur les auraient amener à s'unir... Le jeune homme ne dévoila néanmoins pas la réciprocité de leurs sentiments. Ce serait la punition d'Iol tant que le jeune homme n'aurait pas tout tiré au clair.
– Pourquoi fuis-tu ?
– Comment supporter ton regard, celui que tu braques sur moi maintenant, après t'avoir...
La voix de Iol s'éteignit et il n'acheva pas sa phrase.
– C'est lâche d'agir ainsi, de ne pas  rester subir les conséquences de ton acte. Et puis, où vas-tu ? Tu retournes dans ton clan ?
Iol eut un rire triste.
– Non, je n'y suis pas le bienvenu. J'en ai été chassé pour avoir couché avec un homme qui a prétendu que je l'avais forcé pour éviter d'être aussi banni. C'était faux. Comme moi, les femmes ne l'attiraient pas.
Le mystère de l'errance solitaire de Iol était levé, et c'était à pleurer tellement c'était ironique quand on songeait à leur actuelle situation, le pire étant que Kuma se sentait jaloux. Dans le même temps, il réalisa que même s'il pardonnait Iol,  le problème de leur relation restait entier. Pour Golo, l'affaire était conclue, Kuma allait épouser sa nièce, et même sans cela, ce n'était pas comme si Wuélé tolèreraient qu'ils se marient, l'étranger et lui. Il n'y avait pas de couple composé de deux mâles dans le clan des Trois Silex, il n'y en avait jamais eu ou plutôt, personne n'en avait jamais parlé.
Comme le jeune homme, perdu dans ses réflexions, gardait le silence, Iol reprit :
– Tu peux me cogner, si tu veux. Je me laisserai faire.
Kuma soupèsa la proposition. D'un côté, Iol le méritait, de l'autre, cela ne changerait rien.
– Rentre avec moi, répliqua-t-il, enfin.
Iol parut déconcerté.
– Pourquoi ? demanda-t-il, comme un écho lointain à celui prononcé par Kuma, un peu plus tôt.

jeudi 22 novembre 2012

A travers les âges - 18

Quand Kuma revint à lui, Iol n'était plus là. La peau de tigre avait été soigneusement repliée et posée à côté de sa tête. Il le lui offrait en guise d'excuse, c'était une évidence. Le jeune homme se mit debout, fit un pas et grimaça,  le bas de son dos était tout endolori et marcher se révélait pénible. Il réajusta son vêtement, et serrant les dents, il quitta la tente. Il voulait absolument retrouver Iol, car il lui devait des explications. Le soleil se levait tout juste à l'horizon et le clan était encore au trois quart endormi. Kuma regarda autour de lui, indécis, se demandant où Iol était parti, s'il allait revenir... Il avança avec  lenteur dans le camp, le fouillant des yeux. Il était à la fois fâché et anxieux. Iol n'avait quand même pas osé s'enfuir comme un lâche, sans un adieu, abandonnant derrière lui, un « pardon » et une peau de bête !
Une fois arrivé en bordure du campement, le jeune homme s'arrêta. Iol avait pu prendre n'importe quelle direction. Vers la forêt, vers la rivière... Tout était possible et sans savoir, il n'y avait aucune chance de le rattrapper.
Le vieux Alguh devant lequel il était passé quelques minutes auparavant, s'approcha alors de lui, et l'interrogea. Il était curieux de savoir où il allait à cette heure matinale avec sa « drôle de démarche. » Kuma lui avoua qu'il cherchait l'étranger. Alguh lui dit qu'il l'avait aperçu dans l'aube encore grise au pied de la montagne. Sans attendre, sans même un remerciement, Kuma fonça. Courir lui faisait mal, mais il n'avait pas le choix s'il voulait qu'Iol ne lui échappe pas.
Grimper fut encore plus douloureux. Le jeune homme ne renonça néanmoins pas et à mi-pente sa peine fut recompensée par la vue du dos d'Iol qui progressait vers les hauteurs. Il hurla son prénom dans le vent. La silhouette solitaire se tourna vers lui, s'immobilisa, et enfin, dévala les mètres qui les séparaient. Finalement, l'un face à l'autre, ils se regardèrent.
– Pourquoi ? demanda simplement Kuma.
Il était prêt à l'écouter, mais, si la réponse ne le satisfaisait pas, il le frapperait.
D'un ton hésitant, écorchant les mots, Iol déclara :
– Parce que je t'aime... que je croyais que tu avais aussi des sentiments pour moi, vu ton insistance à ce que nous partagions la même couche, même après que je t'y ai enlacé à plusieurs reprises, que je suis tombé de haut en me rendant compte qu'il n'en était rien, que je ne t'aurais jamais, que tu allais te marier, que tu n'étais pas comme moi. Pour me venger des faux espoirs que tu m'avais donné, je me suis imposé à toi, pardon... J'ai réalisé immédiatement après combien c'était cruel, que tu n'étais pas en faute, que tu n'avais rien sous-entendu ou promis, que c'était moi qui avait tout interprété de travers, pardon.

mercredi 21 novembre 2012

A travers les âges - 17

Même après que le ciel soit devenu noir et que la lune ait fait son apparition, il ne revint pas.  Chez Kuma, l'énervement avait laissé place à l'inquiétude. Se promener de nuit était dangereux. Il aurait dû lui dire que Golo avait décidé de tout sans le consulter, qu'il n'avait pas envie de se marier et qu'il souhaitait continuer à vivre avec lui dans la même tente. Alors, il n'y aurait pas eu de dispute et il aurait pu profiter une dernière fois de la chaleur de Iol.
Alors que ces pensées traversaient son esprit, une ombre entra. Kuma qui guettait, allongé sur sa couche, hésita : devait-il prétendre être endormi ou interpeller Iol et tout lui avouer ? Le temps qu'il se décide, il sentit Iol se glisser à ses côtés. Cependant, au lieu de lui tourner le dos, comme toujours, il le prit dans ses bras et le pressa contre son corps avec force. Cette brutale étreinte laissa le jeune homme, interdit. Jamais Iol ne l'avait enlacé autrement qu'involontairement jusqu'à cet instant. Et, soudain, la bouche de Iol s'écrasa sur la sienne, en ce qui ressemblait à s'y méprendre à un baiser. Kuma voulut se libérer, mais Iol le tenait trop bien. C'est en vain qu'il essaya de se soustraire à ses lèvres. En désespoir de cause, il mordit la langue qui s'était enroulée autour de la sienne et le baiser s'acheva dans un goût de sang. Cependant, le jeune homme n'eut pas le loisir de crier, une main le baillonna aussitôt, tandis que l'autre s'infiltrait sous son vêtement en peau d'ours. Pourquoi Iol agissait-il ainsi ? Kuma ne le reconnaissait plus. Il était à nouveau l'étranger au regard sombre, celui qui avait étranglé un tigre sans se servir de la moindre arme. Comme le jeune homme se débattait à nouveau, Iol le plaqua sur la litière, coinçant ses bras dans son dos, puis s'assit sur son ventre, lui coupant le souffle. Ses doigts se refermèrent ensuite sur son pénis, montant et descendant, sans douceur. C'était horrible et excitant.
Iol cessa de lui frotter le sexe, le laissant dur et dressé, lui écarta les cuisses et entra son pouce dans son anus. Kuma se raidit. Il comprenait enfin ce que l'étranger désirait. « Je ne suis pas une femme » protesta-t-il, mais ses mots furent rendus inintelligibles par la paume d'Iol collée sur sa bouche. Kuma s'agita encore, maudissant le poids de l'étranger et sa propre faiblesse. Le doigt bougeait en lui, ondulant comme un serpent. Des frissons parcourent le corps du jeune homme. Il ressentait du plaisir quand bien même il ne le souhaitait pas. Iol changea brusquement de position et en un instant, il pénétra Kuma. La douleur fut fulgurante, mais les coups de boutoir qui suivirent, la chassèrent en partie. Iol ôta sa main et recouvrit à nouveau les lèvres de Kuma des siennes. Le jeune homme gémit. Il aurait dû planter ses dents dans cette langue avide qui le tourmentait, mais il lui semblait que son corps ne lui appartenait plus, tremblant sous l'effet de sensations dont il n'avait jamais imaginé l'existence. Il en voulait à Iol, et pourtant, malgré lui, il se mit à accompagner les mouvements de ce dernier et ils jouirent dans un même râle.
Iol se détacha de Kuma qui était tout étourdi et pantelant, puis il murmura à son oreille « pardon » suivi de mots que le jeune homme ne parvint pas à saisir avant de sombrer dans l'inconscience, épuisé par ce qui s'était passé.

mardi 20 novembre 2012

A travers les âges - 16

L'hiver parut plus long que jamais à Kuma. La journée, il arpentait les tunnels, frustré de ne pouvoir approcher Iol qui était constamment entouré de membres du clan des Trois Silex et du Renard de Feu. La nuit, il contemplait longtemps les aspérités du plafond de la caverne avant de trouver le sommeil, agacé qu'Iol dorme juste au-dessus de sa tête, proche et lointain à la fois.
Il guetta l'arrivée du printemps avec une impatience croissante. Iol et ses histoires deviendraient moins intéressantes quand le beau temps serait là. Par ailleurs, ils quitteraient les grottes pour  le camp d'été, si bien qu'au lieu de partager tous le même espace, Iol dormirait à nouveau avec lui dans la même tente.
Enfin, la neige fondit pour ne plus revenir et les premiers bourgeons apparurent dans les arbres. Le clan des Trois Silex et du Renard de Feu vidèrent les cavernes dont les murs étaient désormais ornées de nouvelles peintures, et partirent chacun de leur côté. Kuma aurait bien voulu marcher en compagnie d'Iol, mais il se fit coincé par Golo qui avait des choses importantes à lui dire. Le jeune homme avait accompli sa chasse iniatique, plusieurs lunes auparavant, et sûrement, il avait à présent envie de prendre une compagne. Il n'avait plus à se soucier d'Iol. Ce dernier, malgré une prononciation étrange, maîtrisait désormais les bases de leur langage. Et puisqu'il semblait désireux de rester avec eux, il était temps qu'il ait sa propre tente. La nouvelle ne réjouit pas Kuma. Il voulait retrouver Iol, être à nouveau celui qui était le plus proche de lui. Aucune fille n'avait éveillé son intérêt, même s'il reconnaissait volontiers que la nièce de Golo était très belle et maniait l'aiguille avec adresse. Seulement, Golo n'écouta pas ses timides protestations et il vanta en long et en large les mérites de sa nièce.
Quand ils arrivèrent dans la clairière où ils avaient l'habitude de planter leurs tentes à la belle saison, Golo alla annoncer la nouvelle à Iol. Le visage de ce dernier s'assombrit et il affirma qu'il se lancerait dès le lendemain dans la fabrication de sa propre tente. Il fonça ensuite droit sur Kuma qui se tenait en retrait et lui repprocha de ne lui pas avoir fait part plus tôt de ses projets de mariage. Cela énerva Kuma, car cela ne venait pas de lui, mais il préféra répliquer qu'il n'avait pas de compte à lui rendre et qu'il était évident qu'un jeune homme de son âge n'allait pas demeurer célibataire des lunes durant. Il ajouta même que si Iol avait fait plus attention à lui durant l'hiver, il l'aurait su.  Iol serra les poings, tourna les talons et s'éloigna à grandes enjambées furieuses.

lundi 19 novembre 2012

A travers les âges - 15

Comme ils étaient arrivés tard, l'heure de dormir dans le nouveau campement arriva vite. Kuma fut déçu de constater que Iol ne se mettait pas à côté de lui, mais dans le rang du dessus. Seul le sommet de leurs crânes était à même d'entrer en contact. Le jeune homme ne chercha cependant pas à modifier cette disposition de couchage. Si l'étranger trouvait préférable d'enlacer le vieux Alguh dans son sommeil, c'était son droit !
Malgré l'épuisante marche qui leur avait fallu pour atteindre les grottes, Kuma peina à s'endormir. A sa droite, la paroi rocheuse était humide, et l'homme allongé à sa gauche ronflait bruyamment, mais, surtout, la chaleur de Iol lui manquait, et qu'il soit tout proche n'y changeait rien.
Au réveil, la première chose qu'il fit, fut de jeter un coup d'œil vers Iol. Ce dernier était tourné vers la roche : il n'avait pas capturé dans ses bras son voisin. Cela surprit Kuma et le soulagea sans qu'il se l'explique. Néanmoins, il ne s'apesantit pas sur la question. Il fallait se lever et participer aux derniers préparatifs qui leur permettraient de tenir durant la mauvaise saison... Après un dernier regard à Iol, le jeune homme se faufila comme il put entre les corps et sortit de la grotte. Une bourrasque de vent glacé l'accueillit. De nombreuses personnes s'activaient déjà.
Quand Iol émergea à son tour de la caverne, il rejoignit Kuma qui ramassait du bois. Le jeune homme, avec une certaine hésitation, tenta de lui apprendre quelques mots, à commencer par « branche » Il lui en désigna une parmi celles qu'il tenait, articulant avec soin. Docilement, Iol répéta.
Tout au long de la journée, Kuma montra et nomma, tandis que Iol s'échinait à imiter les sons que le jeune homme produisait, si bien qu'à la nuit tombée, l'étranger savait déjà dire une vingtaine de mots et Kuma se demanda pourquoi il n'avait pas commencé plus tôt. A ce rythme, il ne leur faudrait que quelques jours pour échanger des phrases simples.  Evidémment, c'était sans compter sans l'intérêt suscité par la lente acquisition de Iol de leur langage.
Quand la neige commença à tomber, une semaine après leur arrivée dans les grottes, la curiosité s'accrut. Chacun voulait apprendre un mot à l'étranger, tout le monde voulait l'entendre parler : sûrement il avait des choses fascinantes à raconter, lui qui était si différent. Par conséquent, Kuma perdit rapidement son rôle de professeur et sa relation privilégiée avec Iol, et ce n'est que de loin qu'il assista aux progrès de ce dernier dans leur langage.

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L'épisode 15 se sera fait attendre, désolée. Ceci dit, ne soyez pas surpris, si jamais cette semaine, c'est calme aussi, niveau épisodes, toujours des soucis de santé...

mercredi 14 novembre 2012

A travers les âges - 14

Kuma se réveilla une fois de plus blotti contre le corps d'Iol et une nouvelle journée commença. Iol partit chasser de son côté, Kuma du sien.
Une routine s'installa. Petit à petit, le clan des Trois Silex s'habituait à Iol. Il commençait à faire partie intégrante du paysage et plus personne ne se retournait plus sur lui ou ne murmurait sur son passage. Kuma et Iol avaient perfectionné leurs gestuelles, si bien que tout le monde comptait sur le jeune homme pour comprendre ce que l'étranger voulait dire. Ils communiquaient aussi beaucoup par le regard. Parfois, le jeune homme avait l'impression que l'étranger voyait le fond de son coeur par ce biais, et il détournait les yeux. Il avait beau le côtoyer tous les jours, Iol continuait à le fasciner. De leurs conversations muettes, Kuma avait appris que Iol avait quitté son clan, mais pas les raisons de son départ. Il était clair qu'il appréciait de s'être retrouvé un foyer, car, même s'il ne participait pas à leurs chasses, il ramenait et partageait systématiquement les animaux qu'il attrapait. Sous son apparence de brute, il était d'une grande générosité.
Quand Wuélé annonça que la neige ne tarderait pas à tomber, les membres du clan des Trois Silex replièrent leurs tentes, empaquetèrent leurs outils et leurs provisions, puis se mirent en route pour les grottes qui les abriteraient durant l'hiver.
Iol, dans la lente procession, marchait aux côtés de Kuma. Comme les autres, il était chargé d'affaires. Cependant, à l'exception de la peau de tigre, rien ne lui appartenait. Il portait pour aider.
Dans les cavernes, le clan des Trois Silex retrouva celui du Renard de Feu avec lequel il partageait les lieux. Iol fit à nouveau sensation. Cependant, comme ils auraient tout l'hiver pour savoir le pourquoi du comment, les membres du Renard de Feu laissèrent les arrivants s'installer tranquillement.
Dans les grottes, il n'y avait aucune intimité, tout le monde s'entassait les uns sur les autres dans la même vaste salle qui était reliée par des tunnels à d'autres, nettement plus petites, qui servaient à entreposer la nourriture et de quoi s'occuper quand la neige les coincerait à l'intérieur. Certaines cavités étaient hélas trop étroites ou trop humides pour que quoi que ce soit y soit rangé.
La mise en place du camp d'hiver achevée, Kuma tâta le terrain pour les leçons de langue. Iol se montra réceptif et le jeune homme s'en réjouit. Lui qui redoutait l'inactivité hivernale, n'ayant qu'un intérêt médiocre pour le taillage de la pierre et les peintures à l'ocre, il n'allait pas cette fois s'ennuyer, et ce, d'autant moins que pour faciliter l'apprentissage de l'étranger, il était décidé à acquérir les bases du langage parlé par ce dernier.

mardi 13 novembre 2012

A travers les âges - 13

Iol grommela entre ses dents, tourna le dos au jeune homme et rabattit la peau de tigre sur sa tête. Kuma n'admit par pour autant sa défaite. Il récupéra sur sa couche la couverture en bison, s'enveloppa dedans et s'allongea tout contre Iol. Ce dernier ne tarda guère à réagir. Il se leva, abandonnant au sol la peau de tigre, et attrappa Kuma qu'il souleva avec aisance. Le jeune homme protesta, mais déjà, il était reposé sur sa litière. Il était prêt à se relever et recommencer la manoeuvre quand Iol s'étendit à côté de lui. Kuma avait gagné et il s'endormit satisfait.
Le lendemain, il se retrouva niché dans les bras de l'étranger, bien au chaud. Il se dégagea en douceur, non sans réveiller Iol qui se redressa, en alerte. Mais nul danger ne guettait, et il se rasséréna.
Après qu'ils aient mangé, Kuma voulut qu'Iol le suive pour rejoindre Golo et les autres chasseurs, mais ce dernier qui se doutait du but du jeune homme, secoua la tête. Par gestes, il expliqua qu'il chasserait seul. Kuma aurait bien aimé l'accompagner, et ainsi découvrir de nouvelles techniques de traque, mais il ne le pouvait sans demander la permission de Golo. Même la mission de surveillance qui lui avait été attribuée ne l'autorisait pas à ne pas se présenter pour la chasse. Kuma répugnait néanmoins à se séparer de l'étranger. Pourquoi ? Il ne le savait pas, mais c'était ce qu'il ressentait. Il chercha à le persuader de venir avec eux, regrettant que les mots ne lui servent à rien. Tout ce qu'il obtint fut qu'Iol traverse le camp avec lui. Après quoi, il partit dans la direction opposée de celle que prenaient des chasseurs du clan.
Golo n'avait pas accepté que Kuma demeure avec l'étranger. « Tu n'as pas besoin d'étudier ses méthodes. Tu as encore beaucoup à apprendre des nôtres. » Tout en sachant que c'était perdu d'avance, Kuma avait invoqué la nécessité de garder l'étranger à l'oeil, mais Golo avait décrété que tout bizarre qu'il soit, il n'était décidémment pas animé de mauvaises intentions - il avait ramené des poissons au campement la veille. Par ailleurs, Wuélé n'avait vu aucun présage néfaste le concernant. Rien ne s'opposait donc à ce qu'Iol intègre leur clan s'il le souhaitait. Le jeune homme aurait pu mentionner l'histoire de la viande crue, mais il s'abstint.  Il n'allait pas risquer qu'Iol soit exclu du clan pour ce qui ne devait être qu'une question de goût. Wuélé qui faisait autorité, avait accepté l'étranger, c'était tout ce qui comptait.
Ce soir-là, après une chasse fructueuse, Kuma eut le plaisir de retrouver Iol dans sa tente. Il n'était pas très tard et Kuma aurait dû ressortir et ramasser de quoi confectionner une seconde litière. Cependant, il n'en fit rien. Il était fourbu, et surtout, il avait très bien dormi les nuits précédentes en dépit du manque de place. Demain, il serait toujours temps de s'en occuper.

lundi 12 novembre 2012

A travers les âges - 12

Kuma aimait habituellement chasser et ainsi contribuer au bien-être du clan. Mais, ce jour-là, il eut du mal à se concentrer et à apprécier la traque qui se révéla longue et laborieuse.
Ils rentrèrent fort tard au camp, l'erreur de l'étranger leur ayant compliqué la tâche. Ils furent accueillis dans la joie par les femmes et les enfants en dépit du faible nombre de bêtes qu'ils ramenaient. Kuma se dépêcha de gagner sa tente, convaincu que si Iol était revenu, c'était à cet endroit qu'il le trouverait. Comme elle était vide, malgré sa fatigue, il parcourut le camp à sa recherche, interrogeant même quelques personnes, pour savoir si quelqu'un l'avait vu. Nul, cependant, ne l'avait aperçu depuis le matin.
Kuma retourna dans son abri où la peau de tigre  tuée par l'étranger séchait toujours. Le jeune homme passa la main dessus, songeur. Iol allait-il la lui laisser ?
L'étranger se glissa alors à l'intérieur. Il avait les mains vides, mais il sentait le poisson. Il avait dû aller pêcher à la rivière après s'être séparé du groupe de chasseurs. Kuma l'accueillit avec un sourire, surpris d'être aussi content qu'Iol n'ait pas choisi de poursuivre sa route.
A la réflexion, Kuma se demandait où l'étranger se rendait-il avant qu'il tombe sur leur clan, et pourquoi voyageait-il seul. Il y avait un mystère là-dessous qui aurait pu être aisément résolu s'ils avaient parlé le même langage. Le jeune homme prit la décision d'enseigner à Iol sa langue. L'hiver arriverait très bientôt, et si l'étranger n'était pas parti d'ici là, cela constituerait une activité intéressante. Il restait à espérer qu'Iol les accompagnerait dans les grottes qui leur servaient de logis l'hiver et qu'il serait motivé pour apprendre.
Kuma étouffa un baillement, jeta un coup d'oeil d'envie à sa couche et réalisa qu'il n'y en avait toujours qu'une. Il faudrait qu'ils la partagent encore cette nuit. Mais, comme cette pensée traversait son esprit, il vit Iol décrocher la peau du tigre, s'enrouler dedans et se mettre en boule par terre. Convaincu que même comme ça, dormir sur le sol était inconfortable, Kuma s'avança vers Iol, et l'appela par son prénom. Ce dernier ouvrit les yeux et Kuma pointa un doigt vers sa litière. Iol cligna les paupières et les referma. Il refusait son offre. Cela agaça Kuma. Était-ce vraiment si grave pour l'étranger de l'avoir serré contre lui dans son sommeil la nuit d'avant ? Était-ce pour cela qu'il ne voulait plus s'allonger dessus avec lui ? A nouveau, il prononça le nom de l'étranger qui ne réagit pas. Le jeune homme s'agenouilla et lui secoua légèrement l'épaule. Il ne savait pas trop pourquoi il insistait comme cela. C'était plus fort que lui. Iol grommela et lui décocha un regard sombre. Kuma se contenta de lui montrer une fois encore sa couche.

vendredi 9 novembre 2012

A travers les âges - 11

Leur traversée du camp occasionna quelques remous. Iol constituait toujours un sujet de curiosité. Les regards s'attachaient à lui, les murmures s'élevaient entre les tentes derrière son dos et quelques enfants lui emboîtaient le pas avant de se faire rappeler par leurs mères, car contrairement à la veille, les accompagner était potentiellement dangereux puisqu'ils partaient chasser.
Une fois la dernière tente du clan dépassée, ils retrouvèrent Golo entouré de déjà sept autres chasseurs. A leur arrivée, les conversations s'éteignirent. Iol devait en être l'objet. Si Golo les salua amicalement, les autres se montrèrent plus circonspect vis à vis de l'étranger.
Dans un silence inhabituel, ils attendirent que les derniers membres de leur groupe arrivent, puis se mirent en route. Kuma demeura aux côtés d'Iol plutôt que de se mêler à ses camarades. Il n'y était pas obligé, mais il trouvait autrement plus fascinant de l'observer que de discuter avec les autres.
La façon de marcher d'Iol ne présentait pas de différence avec la leur, à ceci près qu'il accompagnait son pas d'un balancement prononcé des bras. Ses pieds bruns et poilus étaient nus, un détail qui avait échappé à Kuma la veille, occupé qu'il était à le dévisager. Le jeune homme avait une paire de chaussures de peau de chevreuil supplémentaire qu'il aurait pu lui prêter...
Après un lent trajet entre les arbres et les rochers, ils atteignirent la plaine où ils eurent tôt fait de repérer un troupeau de rennes. Golo donna ses instructions... en vain, pour l'étranger qui partit en avant, mettant à mal le plan de Golo pour coincer plusieurs bêtes d'un coup. Sous leurs yeux effarés, Iol fonça sur les rennes, effrayant l'ensemble du troupeau, coursa l'un des jeunes rennes en panique sur lequel il se jeta et auquel il tordit le cou. Il chargea ensuite l'animal sur son dos et revint vers eux. Des reproches qu'il ne pouvait comprendre pleuvèrent sur lui. Mais, même si le sens des mots lui échappait, la colère sur les visages était visible ; il déposa sa proie aux pieds de Golo, puis avec ses mains, mima des hommes qui marchent d'un côté tandis qu'un autre s'éloignait de l'autre. D'autres gestes s'ensuivrent, évoquant la chasse, puis l'étranger tourna les talons et disparut dans la forêt. Golo, sans plus se préoccuper de lui, ordonna à l'un des chasseurs de porter le cadavre laissé par Iol, puis entraîna le groupe dans la plaine à la poursuite des rennes. Kuma obtempéra, le coeur peiné à l'idée que rien ne garantissait qu'il reverrait l'étranger. Ce n'était pas la faute d'Iol s'il avait agi comme il l'avait fait et la manière dont il avait capturé et tué le renne était admirable, même si une seule prise ne pouvait suffire à nourrir l'ensemble du clan.

jeudi 8 novembre 2012

A travers les âges - 10

Pendant un long moment, rien ne se passa, puis,  alors que Kuma se disait qu'il allait devoir tenter une nouvelle approche, il sentit Iol se glisser sous la fourrure, et un large dos se coller au sien. Le jeune homme sourit, ferma les yeux, et les rouvrit aussitôt. Dans son sentiment de culpabilité vis-à-vis du couchage de l'étranger, il avait oublié qu'il n'était pas supposé dormir sur ses deux oreilles, mais demeurer vigilant au cas où ce dernier se relevait dans la nuit pour transmettre un quelconque signal... L'inquiétude de Kuma se dissipa cependant aussi vite qu'elle était venue. Golo ne comptait quand même pas sur lui pour ne faire que sommeiller pendant des jours et des jours, assurément, il avait mis quelqu'un d'autre sur l'affaire, quelqu'un de discret et d'expérimenté. Un peu plus tôt, il avait agi bêtement en ne voulant pas quitter Iol même un court moment, dans son orgueil et sa naïveté à se croire seul responsable de l'étranger. Les paupières du jeune homme s'abaissèrent à nouveau.  Il pouvait d'autant plus dormir tranquille que serrés dans la couche comme ils l'étaient, il sentirait sûrement l'étranger bouger. Et, de toute façon, même si Iol mangeait de la viande crue et était capable de tuer un tigre à mains nues, il n'était pas méchant. Son comportement le prouvait : il avait sauvé deux femmes qu'il ne connaissait pas, supporté la curiosité de l'ensemble du clan et partagé sa proie alors que rien ne l'y obligeait.

Quand Kuma se réveilla, une douce chaleur l'enveloppait et des bras puissants l'entouraient. Désorienté, il se crut un instant de retour sous la tente familiale où ils dormaient serrés les uns contre les autres à la mauvaise saison, puis il se rappela où il se trouvait et avec qui. Il était bien incapable de dire à quel moment de la nuit leur dos à dos s'était transformé en étreinte, ce qui le gênait plus encore que la position qui était bizarrement confortable. Sans oser bouger, il attendit que l'étranger sorte à son tour du sommeil, ce qui ne tarda pas. Iol remua, pressa un peu plus fort le corps de Kuma contre le sien, puis le relâcha, roula hors de la couche et se mit debout. Il jeta quelques mots incompréhensibles à Kuma et quitta la tente. Il devait l'avoir confondu avec quelqu'un, une ancienne compagne probablement, et s'en vouloir, trancha le jeune homme qui se leva pour le rattrapper.
Il le retrouva devant la tente. Iol avait dû finalement décider que son départ précipité n'arrangerait rien. La parole leur étant inutile, ils échangèrent un long regard dans lequel Iol exprimait ses regrets et dans lequel Kuma expliquait que l'affaire était sans importance. Ils retournèrent ensuite ensemble sous la tente où Kuma partagea ses baies séchées avec l'étranger qui cette fois, les accepta. Ceci fait, Kuma fit signe à Iol de le suivre afin qu'ils rejoignent Golo et les autres chasseurs.

mardi 6 novembre 2012

A travers les âges - 9

Fasciné par l'agilité et la rapidité de l'étranger, Kuma fit signe que oui et reforma sa litière en hâte. Pendant ce temps, Iol s'assit dans un coin, découpa un petit bout de viande dans le morceau qu'il avait gardé et commença à le mastiquer. Kuma réprima un murmure d'horreur. L'étranger mangeait cru. Selon Wuélé, le chaman du clan, ce genre de pratique était signe de cannibalisme, chose qu'il réprouvait. Les histoires des anciens racontaient que leur clan était né d'une division d'un plus grand, il y a bien longtemps, entre ceux qui pratiquaient l'anthropophagie et ceux qui la refusaient. Le plus simple, évidemment, aurait été de lui poser la question, mais la communication était trop laborieuse pour cela. En attendant, il faudrait peut-être qu'il rapporte l'information... Malgré son dégoût, Kuma ne pouvait détacher ses yeux de l'étranger qui mâchait avec application. Ce dernier le remarqua et interpréta mal son intérêt. Il coupa un nouveau morceau et le lui tendit. Kuma secoua aussitôt la tête avec force, puis se rendit compte que refuser avec autant d'énergie était offensant et il s'en voulut. Iol se montrait très généreux et très gentil de partager son repas après lui avoir déjà donné la majeure partie de la viande du tigre. Tout en sachant que son interlocuteur ne pourrait pas le comprendre, Kuma présenta ses excuses à haute voix. Ensuite, il récupéra la viande et les baies séchées qu'il gardait dans le sac de peau accroché sur le pilier central au-dessus des outils, en offrit à Iol qui déclina d'un seul hochement de tête, puis mangea.
Le repas fini, l'étranger s'allongea sur le sol, comme un peu plus tôt, bras et jambes repliées contre lui. Kuma, lui, s'étendit sur sa couche, mais en éprouvant de la gêne. L'humidité ressortait de la terre la nuit. Le temps devenait de plus en plus froid ces derniers jours et l'étranger n'avait que ses habits pour lui tenir chaud.
Le jeune homme se releva et vint se pencher sur Iol qui semblait déjà endormi. Il tendit une main hésitante vers l'épaule de l'étranger dont l'œil gris s'ouvrit brusquement et le fixa de manière menaçante.
Kuma ramena son bras contre son flanc, puis essaya de lui expliquer qu'il n'avait pas de mauvaises intentions et qu'il souhaitait qu'ils partagent sa litière, même s'ils y seraient à l'étroit. D'intimidant, le regard d'Iol devint perplexe et il se redressa pour chercher à comprendre. Kuma, à court de gestes, alla sur sa couche où il imita la position que l'étranger prenait pour dormir, roula sur le côté, puis il ramena sur lui la fourrure de bison qui lui servait de couverture et attendit. L'espace vide qu'il avait laissé à côté de lui était significatif - du moins l'espérait-il.

lundi 5 novembre 2012

A travers les âges - 8


Iol déposa le cadavre du tigre, s'accroupit et commença à le dépiauter. C'était généralement un travail de femme et l'une d'entre elles s'avança pour lui offrir ses services, mais il l'ignora. Il n'avait pas dû saisir ce qu'elle voulait. Kuma, sans s'en rendre compte, se joignit aux autres spectateurs. Iol ne procédait pas exactement de la même façon que celle qu'on lui avait apprise. Le dépouillage achevé, Iol se servit cette fois du racloir et se mit à tanner la peau. Au bout d'un moment, les spectateurs se dispersèrent, car ce que faisait l'étranger n'avait rien d'exceptionnel : les femmes avaient des tâches à accomplir avant la tombée de la nuit et des jeux plus passionnants attendaient les enfants. Finalement, il ne resta plus que Kuma qui ne pouvait se résoudre à laisser Iol seul et pas uniquement parce qu'on lui avait demandé de le surveiller.
Après avoir fini de s'occuper de la peau, Iol s'attaqua au dépeçage de l'animal, divisant ce qui était mangeable et ce qui ne l'était pas. Quand il eut terminé, il plaça un beau morceau derrière son dos, et prononçant des sons gutturaux incompréhensibles, offrit le reste à Kuma. Du moins c'est ce que le jeune homme déduisit. Comme il n'avait rien fait pour mériter pareil cadeau, il conclut qu'il fallait le partager avec le reste du clan et l'ajouter au fruit de leur dernière chasse. Une telle quantité devait de toute façon être fumée pour être conservée. Seulement Kuma ne voyait pas comment il allait pouvoir apporter la viande tout en gardant l'étranger à l'œil. Golo aurait dû assigner quelqu'un de plus à la surveillance de l'étranger. Sauf que bien sûr, Iol n'aurait sûrement pas apprécié... En désespoir de cause, Kuma dérangea ses voisins les plus proches. Ces derniers n'avaient aucune envie d'aider le jeune homme en enterrant les entrailles non comestibles du tigre et en portant la viande à la tente dédiée au fumage. Kuma dut argumenter un moment avant qu'ils acceptent alors même que cette viande serait utile à tout le clan.
Dans le jour déclinant, les voisins de Kuma s'exécutèrent enfin. Le jeune homme retrouva Iol à l'intérieur de la tente. Son cadeau effectué, ce dernier s'était désintéressé de l'affaire et était parti suspendre sa peau de tigre sur une des parois de la tente afin qu'elle sèche.
Kuma renonça à parler de la nécessité d'aller chercher de quoi fabriquer une seconde couche. La nuit était presque là. Avec un soupir, il se mit à défaire sa litière afin d'en créer une deuxième. Cela ne serait pas très confortable pour l'un comme pour l'autre, mais ce serait juste pour cette nuit.
L'étranger s'approcha, secoua la tête et posa ses mains sur les poignets de Kuma avec une délicatesse étonnante en comparaison avec sa face de brute. Le jeune homme se dégagea vivement, surpris par ce contact inattendu. Il écouta Iol lui parler dans sa langue, sans saisir un traitre mot, puis voulut reprendre sa tâche, mais ce dernier l'interrompit à nouveau, en posant cette fois une main sur son épaule. Kuma comprit enfin qu'Iol ne souhaitait pas qu'il lui prépare un couchage. Il n'allait pourtant tout de même pas dormir à même le sol ? Comme pour le détromper, Iol se roula en boule sur la terre battue, se contentant de glisser un coude sous sa tête. Il se redressa ensuite pour voir si cette fois, le message était passé.

vendredi 2 novembre 2012

A travers les âges - 7

Aucune tâche de sang ne souillait le pelage de l'animal, comme si l'étranger lui avait tordu le coup à mains nues, ce qui devait effectivement être le cas à en croire les murmures autour de lui... Kuma regarda ses propres bras, pourtant musclés, songeant avec un brin d'amertume que lui serait bien incapable d'accomplir pareil exploit. Il reporta son attention sur l'étranger. Golo s'était avancé jusqu'à ce dernier et lui parlait, ou plutôt, il essayait, car la communication semblait difficile. Il devait demander à l'inconnu ce que le clan pouvait faire pour le remercier d'avoir sauvé deux des leurs. Les deux hommes gesticulaient depuis un moment, quand soudain, Golo pointa un doigt dans la direction de Kuma, puis lui fit signe de venir. Le jeune homme hésita, se demandant si c'était bien lui qui était appelé, puis approcha. Dès qu'il les eut rejoint, Golo expliqua qu'il souhaitait que Kuma accueille l'homme dans sa tente, puis il donna son nom à l'étranger dont le côté brute était encore plus évident vu de près. Le jeune homme esquissa un sourire grimace, sachant parfaitement que si Golo voulait qu'il se charge de l'étranger, c'était parce que personne ne partageait encore sa tente toute nouvellement acquise suite à sa chasse initiatique. 
L'étranger frappa son propre torse et d'une voix gutturale, déclara « Iol.» Kuma comprit que c'était son nom en même temps qu'il réalisait que l'étranger ne parlait pas du tout leur langage. Golo l'enjoignit à bien s'occuper de l'étranger et bien sûr à le surveiller. Iol avait certes gagné le droit de rester avec eux, mais cela ne signifiait pas pour autant qu'il fallait lui faire confiance. Kuma, par gestes, invita Iol à le suivre. L'étranger ramassa le cadavre du tigre sans effort apparent, puis lui emboîta le pas. Des curieux l'imitèrent, ce qui agaça Kuma qui essaya de les renvoyer à leurs affaires. Cela devait être gênant pour l'étranger d'être scruté comme si une corne lui avait poussé au milieu du front. Certes, il était physiquement différent et avait accompli un acte héroïque, mais cela ne méritait pas qu'il demeure au centre de l'attention. La tentative pour chasser les curieux échoua. Les femmes comme les enfants se moquèrent de l'éclat de Kuma.  Durant toute la scène Iol resta impassible, attendant son fardeau calé sur l'épaule que le jeune homme se remette en route.
Kuma s'efforça de ne plus se préoccuper du cortège de curieux et conduisit Iol à sa tente. Là, il le fit entrer et tâcha de lui expliquer qu'ils allaient partager cette habitation jusqu'à nouvel ordre. Le regard de Iol passa de la litière de paille et de fourrures collée au pan opposé à la porte aux armes et outils déposés autour du pilier central, puis il s'empara d'un couteau  en os et du racloir en silex et ressortit de la tente pour la plus grande joie des curieux qui n'étaient pas encore partis. Kuma qui réfléchissait à comment lui faire comprendre qu'ils allaient devoir ramasser des herbes sèches pour confectionner une seconde couche, n'eut d'autre choix que de retourner dehors.

Retour...

Mes soucis de santé ne sont pas finis, et en partie pour cela, mais pas que, je suis très déprimée... Malgré tout, je n'ai pas envie de renoncer à écrire, alors je reprends la plume, le stylo et le clavier, sans garantie en revanche de rythme, même si bien sûr je vais continuer à essayer de poster du lundi au vendredi.