vendredi 18 décembre 2020

Pause de fin d'année + Petits cadeaux

Comme souvent, je fais la pause à la période des fêtes et je reviendrai donc avec la suite de Comme les doigts de la main lundi 4 janvier 2021, mais comme cette année 2020 a été bien moisie, je ne vous laisse pas sans rien.

Je vous montre la couverture de Comme les doigts de la main, même s'il y aura probablement encore quelques modifications dessus :

Et je vous ai mis en ligne deux débuts d'histoire, et ce sera à vous de choisir via le sondage laquelle vous préférez lire en premier en 2021, sachant que de toute façon, l'une comme l'autre devront attendre la fin de Comme les doigts de la main qui n'en a plus pour si longtemps que cela en dépit de mes prévisions initiales... 

Roulements de tambour pour mes deux doubles A :
Amour Alien : Joël n'avait certes pas prévu de se faire enlever par des extraterrestres alors qu'il était travesti en femme, et encore moins d'échouer ensuite sur une planète tropicale où il n'aurait d'autre solution que de prétendre être de sexe féminin auprès des aliens du coin...
Lire les épisodes 1&2

L'Androïde Amoureux : un nouveau lycée, de nouvelles rencontres, et aussi un nouveau frère, Alex, créée de toutes pièces par son père qu'il faut surveiller comme le lait sur le feu, ce dont Jason se serait bien passé...
Lire les épisodes 1&2

PS : je n'oublie pas certains projets dont je vous avais parlé, Bonbon salé, l'histoire de Dominique croisé dans Chocolat Blanc me tourne toujours dans un coin de la tête, de même que Cher Géant..., mais l'inspiration est une drôle de chose... !
D'ailleurs, j'ai encore une troisième nouvelle idée qui a débarqué, une du type fantastique... Mais quand vais-je avoir le temps d'écrire tout cela ? 

MIS A JOUR DU 22 DECEMBRE 2020 : Le sondage ne fonctionnant pas correctement, je l'ai supprimé et je vous invite à plutôt donner en commentaire votre préférence entre Amour Alien et L'Androïde Amoureux !

Amour Alien - 1 & 2

Joël noua ses cheveux blonds mi-longs en queue de cheval avec un chouchou à perle, appliqua un soupçon de mascara, une touche de fard, une bonne dose de fond de teint et une couche de rouge à lèvre rose pâle. Il enfila ensuite une culotte en dentelle rouge, une longue robe en velours noire au haut en bandeau et au bas fendue sur les côtés qui mettait en valeur ses longues jambes rasées de près. Il compléta avec une paire d’escarpins. Pour finir, il accrocha à son cou une chaîne dorée avec pendentif en forme de cœur orné de petites pierres semblables à des rubis.
Il s’admira dans le miroir de la penderie de sa chambre. L’illusion était parfaite ou presque. Il n’avait pas de faux seins, juste quelques soutiens gorges rembourrés qu’il ne portait que  rarement. Ce n’est pas pour autant qu’il aurait osé sortir ainsi vêtu dans la rue. A part peut-être avec l’excuse de se rendre à une soirée déguisée et encore. Non, qu’il aimait s’habiller en femme était son secret à lui. Il ne voulait pas pour autant en être une, mais il aimait le maquillage, les robes, les jupes, la lingerie, les bijoux et les coiffures et il doutait que quiconque le comprenne.
Faire accepter son homosexualité avait déjà été assez compliqué comme ça. Il avait bien essayé de parler de son goût pour le travestisssement à ses petits amis, mais le premier avait été dégoûté et le second avait affirmé qu’il était trans, sans paraître comprendre que Joël était le mieux placé pour savoir ce qu’il ressentait.
Joël avait renoncé au troisième, mais n’avait pas supporté de refouler cette part de lui-même si bien que cela s’était aussi terminé par une rupture. A présent, il était libre de faire comme cela lui chantait à l’abri des quatre murs de son appartement.
Vendeur dans une boutique de chaussures, il s’habillait en journée comme un homme on ne peut plus ordinaire, mais le soir venu, il décompressait en se travestissant.
Devenir autre était reposant et il se sentait sexy habillé en femme. Il choisissait ses vêtements en fonction des tâches qu’il comptait faire. Il possédait tout un tas de tabliers différents, des mignons, des à volants. Parfois il cuisinait, d’autre fois il cousait, mais le plus souvent, il se contentait de s’asseoir dans un fauteuil et jouait sur son ordinateur ou regardait des films.
Il était justement plongé dans une aventure où des extraterrestres envahissaient la Terre quand une large créature violette pustuleuse se matérialisa entre lui et l’écran.
Joël se frotta les yeux. Sûrement, il était à moitié endormi, mais la créature ne disparut pas. Elle darda une baguette sur lui et sans prononcer la plus petite formule magique, projeta une lumière sur lui.
Le corps de Joël se raidit. Il ne pouvait plus battre d’un cil. Impuissant, il ne put même pas émettre un son de protestation quand la chose l’attrapa.
Il y eut un sifflement et ils se retrouvèrent dans un autre endroit – ils s’étaient apparemment téléportés dans un lieu aux couleurs vomitives où d’autres êtres pustuleux rangeaient
des femmes dans de grands tubes transparents fixés sur deux pans de murs.
Il n’y avait aucun homme si ce n’est lui. Son kidnappeur n’avait à priori vu que du feu à son déguisement féminin… et c’était difficile de s’en réjouir en les circonstances.
A son tour, il fut placé dans un tube. Il assista aux allées et venues de d’autres pauvres femmes capturées contre leur gré par ses monstres. Et puis, il sentit de grandes vibrations. C’était à priori le départ.
Ils allaient quitter la Terre sans espoir de retour pour devenir on ne sait quoi : des esclaves, des animaux de compagnies, de la nourriture… Aucun destin n’était attrayant, le pire étant tout de même le dernier.
Le ronronnement du vaisseau, malgré sa terrible situation, finit par endormir Joël. Ce fut une alarme stridente qui le réveilla.
Les créatures pustuleuses semblaient en panique, s’agitant en tout sens, tapotant des boutons, projetant successivement dans la salle des écrans plein de formes étranges et changeantes.
Les secousses étaient de plus en plus violentes. C’était impossible de savoir ce qui se passait au juste, mais cela sentait mauvais pour leurs kidnappeurs comme pour eux. Qu’ils soient en train d’essuyer une attaque d'ennemis ou une pluie de météorites, la catastrophe semblait garantie.  Joël ne pouvait rien faire d’autre qu’y assister paralysé et prisonnier dans son tube. C’était désespérant.
Le vaisseau gémissait, les parois commençant à se fissurer. Les créatures pustuleuses enfilèrent des costumes qui avaient tout de tenues d’astronautes, excepté qu’elles étaient multicolores. Les rats quittaient le navire, abandonnant leur « récolte » d’humains.
Quelques minutes après qu’ils aient disparu de la salle, le bruit de l’alarme fut recouvert par un autre, plus fort.
Un panneau vomitif sauta laissant entrer une sorte de nuage de poussière qui emporta dans un tourbillon des morceaux du vaisseau.
Joël se surprit à prier que les tubes de verre soient bien accrochés. Non pas que cela lui donne vraiment plus de chances de survivre à toute l’aventure, mais cela paraissait une manière terrible de mourir. Non que périr dans un espèce de cercueil de verre soit mieux...
Pendant une éternité au bas mot, le nuage tournoya et puis, tout se figea et se calma. Un épais silence s’abattit sur eux. Dans le tube de verre  sur le mur en face du sien, une femme se mit à cligner des yeux. Joël tenta de bouger, mais sans succès. Au moins, il pouvait désormais espérer que sa paralysie prenne fin d’elle-même. Plus qu’à réfléchir comment s’échapper du tube. Ou pas...
Quelqu’un venait de sauter à l’intérieur de la salle. Un autre type d’alien : grand, cornu, la peau turquoise écailleuse, une queue semblable à celle d’un léopard et une verge de taille tout à fait intéressante… Parce que oui, il était nu, ne portant rien d’autre qu’une lance. 

L'Androïde Amoureux - 1 & 2

Jason jeta un coup d’œil impatient à son frère. Son faux jumeau. Même cheveux noir charbon, même yeux bleus, mais un nez plus droit, mieux proportionné, des lèvres plus pleines, des dents droites et blanches. Il était aussi plus musclé. De quoi être jaloux.
Petite consolation, ce n’était qu’un tas de ferraille, une machine conçue pour ressembler à un adolescent de dix-sept ou dix-huit ans. Son père l’avait nommé Alex.
Il avait travaillé sur l’androïde pendant des années, y consacrant tout son temps libre après la mort de la mère de Jason, sept ans plus tôt. Jason avait  été obligé de s’intéresser à la fabrication de son frère de métal. Et il avait été contraint d’accepter de déménager dans une nouvelle ville où personne ne les connaissait pour que l’androïde fasse ses premiers pas dans le monde comme son jumeau. Pour son père, c’était l’expérience ultime, le dernier stade de son projet.
A présent, c’était le premier jour de la rentrée des classes dans leur nouveau lycée et Jason savait déjà que son faux frère allait lui faire de l’ombre, en plus de l’obliger à jouer le baby-sitter de façon à ce que personne ne découvre la vérité sur Alex, en tout cas pas avant que son père ne juge pertinent de la dévoiler.
— Où se trouve la salle 213 ? grommela Jason.
C’était là que devait se dérouler leur premier cours, mais ils étaient partis pour être en retard.
— Il suffit d’avancer de trois mètres, de tourner à droite, de prendre l’escalier, puis pivoter sur la gauche et marcher 10 mètres, annonça Alex.
Sa voix était une version altérée de celle de Jason, mixée avec celle de son père. Elle était grave et légèrement monocorde.
Jason avait oublié que leur père avait mis le plan de l’établissement dans la carte mémoire d’Alex.
— Tu imites drôlement bien les GPS, dis-donc, lança une voix dans leurs dos.
Jason se tourna et Alex fit comme lui.
Un adolescent noir aux prunelles noisettes se tenait dans le couloir, un pendentif arc-en-ciel autour de son cou, son sac à dos sur une seule épaule.
— C’est un de ses talents, confirma Jason.
Il n’eut pas le temps d’en dire plus, un groupe de trois garçons bruyant débarqua.
— Tiens, si ce n’est pas Valérie ! s’écria le plus grand du trio.
L’adolescent au pendentif arc-en-ciel rentra la tête dans les épaules.
Jason retint un soupir. Super, il y avait des brutes homophobes et probablement racistes dans le lycée !
— Bonjour, moi, c’est Alex !
Ce n’était vraiment pas le moment de se présenter, mais la combinaison de l’emploi d’un prénom avec le fait qu’ils étaient face à des gens jamais rencontrés auparavant avait entraîné cette réponse.
— Vous êtes homo comme Valérie ? demanda l’une des trois brutes de service.
— Ne le sommes-nous pas tous ici ? répondit cet idiot d’Alex.
Il avait pris le mot au sens d’humain et il avait le droit de mentir si c’était pour protéger son secret.
Cela ne plut évidemment pas au trio.
— Ose répéter ça ! On n’est pas gay, nous !
— Vous semblez en effet surtout furieux, reconnut Alex.
Jason gémit intérieurement. Le programme de reconnaissance des émotions fonctionnait, mais    au niveau du sens des mots, c’était la catastrophe. Sans compter qu’Alex ne se rendait pas compte qu’ils les mettaient dans de sales draps.
« Valérie » émit un petit rire. Il y avait au moins quelqu’un qui trouvait cela drôle. Parce qu’aucun membre du trio eux n’étaient amusés.
— Et après, tête de nœuds, tu vas peut-être nous parler de pagaie et de canoë ! lança l’un d’entre eux.
Alex cligna des yeux. Il ne devait pas comprendre la logique de la conversation, ce qui était normal, car il n’y en avait pas vraiment. Les trois garçons étaient juste venus embêter « Valérie » et n’appréciaient pas les blagues involontaires d’Alex.
Jason ne voyait hélas aucun moyen de se dépêtrer de la situation, hormis peut-être s’enfuir en courant.
— On ferait tous mieux d’aller en cours, ce serait dommage de se faire remarquer en mal dès le premier jour, déclara l’adolescent noir.
— Rien à foutre ! s’écria la brute numéro 3, en serrant les poings.
Ses copains n’étaient pas de son avis.
— Allons-y ! Mais vous nous le payerez !
Alex ouvrit la bouche. Il allait sortir une énormité, devina Jason.
— Tais-toi, siffla-t-il entre ses dents tout bas.
L’androïde était capable de percevoir même des sons qu’un humain n’aurait pas entendu et il était programmé pour obéir à Jason. Il ne dit donc rien et les trois brutes les laissèrent.
— J’ai mathématiques en salle 213, vous aussi ?
Jason hocha la tête.
— Au fait, je m’appelle Valérian.
— Enchanté, moi, c’est Jason.
Alex resta muet, sans doute parce qu’il s’était déjà présenté.
Ils ne mirent pas longtemps à atteindre la bonne salle de classe avec leur guide local qui leur apprit aussi que le professeur de maths, Monsieur Sauzz était du genre exigeant.

jeudi 17 décembre 2020

Comme les doigts de la main - 69

— Oui, et je pense qu’avant toute chose, je dois m’habituer à cette fusion à quatre, dit Blaise.
— Pas besoin de moi pour cela, répliqua Marin tristement.
Blaise aurait bien effacé son chagrin d’un baiser, et tenté la fusion à cinq, mais non, cela ne pourrait pas marcher, pas tant que Marin était si peu réceptif.
« Tu devrais l’embrasser, comme tu as fait avec Gaïus » suggéra Huo.
Ce n’était pas le style de Blaise de donner des baisers aux gens qui n’en voulait pas. Sauf cas de force majeure comme avec Céleste lors de la bataille. Ou avec Gaïus un peu plus tôt parce qu’il semblait prêt à se laisser dépérir. Ou bien par impulsion, comme la fois dans la chambre de Marin, ou encore avec Huo, même si ce dernier avait reculé pour l’éviter… Mince, voler des baisers devenait une mauvaise habitude chez lui !!
« Mais non. Tu as bien fait à chaque fois. C’est Marin qui fait suer le monde » marmonna Céleste.
« Ne dis pas ça. Pour non plus, cela n’a pas évident de reconnaître ce que je ressentais à votre égard. Et il a le droit de ne pas nous aimer comme ça » répliqua Gaïus.
« Ou d’avoir des difficultés à admettre qu’aucun de nous le laisse insensible, quoiqu’il prétende ! Moi, je suis certain que le feu couve sous la glace ! »
Pendant qu’ils discutaient, Marin s’éloigna, sa tresse qui n’en finissait pas traînant derrière lui.  Blaise ne le retint pas. C’était trop dur de converser autrement qu’en pensées quand ils étaient aussi nombreux en lui. Hélas, être fusionnés de la sorte était la seule façon d’échanger véritablement avec Céleste et Gaïus et ce, tant que leurs malédictions n’auraient pas pris fin. En gros, rien ne serait résolu avant qu’ils n’anéantissent les Ailes et pour cela, il faudrait que la fusion à quatre suffise.
Marin jeta soudain par dessus son épaule, sans se retourner :
— Vous devriez aller vous entraîner dans le jardin.
— D’accord, bonne idée, dit Blaise.
Obéir à Marin, voilà tout ce qu’il pouvait faire pour l’heure.
« J’espère que tu m’écouteras de la même façon par la suite » dit Céleste.
Il y avait là à ne pas en douter un sous-entendu...
« J’ai chaud, tout à coup ! » s’écria Huo.
Blaise aussi. L’air frais nocturne lui remettrait cependant les idées en place. Ils devaient explorer les différentes possibilités de cette fusion à quatre avant de penser à s’amuser.

mercredi 16 décembre 2020

Comme les doigts de la main - 68

Il le trouva en train d’achever de ranger la cuisine, ses longs cheveux noirs tressés le ralentissant.
Marin demeura bouche bée devant lui. Blaise n’avait pas pu se regarder dans un miroir, mais il savait qu’il avait deux paires d’ailes, des cornes et une queue, avec en prime des oreilles de loup.
Blaise lui expliqua comment ils avaient obtenu ce résultat et Marin se braqua aussitôt.
— Le polyamour, c’est ça votre solution magique ?
Sa réaction doucha en grande partie le plaisir que ressentait Blaise à leur réussite et à l’amour qu’il impliquait entre lui, Huo, Céleste et Gaïus.
Une cacophonie de voix retentit en lui. Mais Blaise était comme sous l’eau, incapable de les entendre. Il ne savait pas comment convaincre Marin, surtout que ce dernier ne semblait pas vouloir l’écouter.
— Je… Nous...
— Non. Ne gaspille pas ta salive. Ce n’est pas le moment de penser à l’amour. Nous devons réfléchir à une stratégie pour nous débarrasser de nos ennemis restants, surtout qu’ils peuvent débarquer à tout moment.
Marin refusait de comprendre que l’amour était essentiel à leur combat. Blaise n’était par ailleurs pas aussi certain que lui que les Ailes puissent retrouver leur trace aussi facilement que cela. Sans ça, pourquoi l’ennemi ne les avait pas attaqués plus tôt ? Non, parce que même en admettant que les Pêchés et les Ailes aient attendu que l’équipe adversaire soit au complet, ce qui aurait été déjà bizarre, car pas avantageux pour eux, cela ne faisait pas sens. Il est vrai que les Pêchés avaient débarqué dans l’appartement de Blaise juste quand ils venaient y récupérer des affaires et que ce mystère-là n’avait pas été résolu avec certitude, mais pour l’attaque de leur demeure principale, Blaise avait une explication plus simple et évidente – Ailes Arc-en-ciel avait prétendu fuir, mais s’était caché non loin et s’était débrouillé pour les suivre jusqu’à chez eux avant d’ensuite se dépêcher de communiquer l’information à ses petits camarades.
— Vous êtes toujours avec moi ? demanda Marin en s’humectant les lèvres.
Un chœur de « oui » retentit en Blaise. La fusion à quatre était spéciale, et loin d’être de tout repos.

mardi 15 décembre 2020

Comme les doigts de la main - 67

Huo qui devait juger qu’il avait assez attendu, ôta soudain son short et dans la foulée, ouvrit la braguette du pantalon de Blaise qui cessa de réfléchir. Il avait mieux à faire, comme profiter de la caresse des doigts agiles de Huo.
Son pénis durcit encore davantage quand la verge de Huo se colla à la sienne, brûlante.
Blaise referma la main sur leurs deux membres réunis pour accentuer la friction. Des grognements de plaisir lui échappèrent. C’était d’ailleurs peut-être autant les siens que ceux de Gaïus.
Huo sentait si bon.
« Et il est si éblouissant. »
Oui, une vraie vision de rêve...
Ils accélérèrent la cadence, jouirent et Huo disparut en Blaise, rejoignant Gaïus.
Le jeune homme roux se mit aussitôt à bavarder avec le colosse, exprimant son bonheur d’être enfin avec lui.
Gaïus lui répondit volontiers.
Blaise les laissa faire, même si ce n’était pas très confortable que la conversation ait lieu dans sa tête.
Au bout d’un moment, Gaïus suggéra qu’ils incluent Céleste.
L’embrasser sous sa forme de chouette ne semblant ni faisable ni tentant, Blaise lui expliqua leur intention.
Céleste alla se poser sur le matelas, signe qu’il était d’accord. Il lui aurait sûrement filé un coup de bec s’il ne l’avait pas été.  
Blaise trouva de quoi s’essuya la main et caressa le plumage de la chouette blanche.
Après la transformation, il pressa ses lèvres contre celles de l’ange, puis plongea sa langue à l’intérieur.
Ses ailes de feu se doublèrent d’ailes blanches. Ils avaient réussi la fusion à quatre ! Céleste aimait donc Huo lui aussi.
« Oui. Juste que physiquement, il n’est pas mon  genre, mais il est craquant dans le genre gamin surexcité qui a besoin d’être discipliné. »
La voix de Céleste ! Il était à nouveau conscient, conséquence bienheureuse de leur augmentation de puissance avec la fusion à quatre.
Huo poussa un cri de joie qui résonna dans le crâne de Blaise.
« C’est quand tu veux, je suis à ton entière disposition. »
« Voilà qui est plaisant à entendre » répondit Céleste.
« Ce que je ne pouvais t’offrir, lui, le peut. » déclara Gaïus.
« Ils nous le donneront tous les deux à toi comme à moi… Je peux bien te l’avouer maintenant, j’étais horriblement jaloux de ton petit copain. Quel était son nom déjà ? »
« Comme si tu l’avais vraiment oublié... » rétorqua Gaïus.
Blaise décida de sortir de la pièce afin de montrer à Marin qu’ils avaient réussi la fusion à quatre.

lundi 14 décembre 2020

Comme les doigts de la main - 66

 « Il suffit de tester. »
Mais Gaïus n’avait pas de sentiments pour Huo ou Marin, si ?
« J’avais surtout peur de mettre un nom sur ce que je ressentais. Ils sont depuis le début mes précieux compagnons de bataille.»
— Nous devrions dire à Marin de nous rejoindre, l’informer… déclara Blaise.
Huo bondit sur ses pieds. Céleste lissa ses plumes.
« Essayons d’abord avec Huo. »
C’est vrai que ce n’était pas la peine de donner de faux-espoirs à Marin. Cela risquait de l’attrister plus qu’autre chose.
— Attends… Tu veux bien me donner un peu de ta salive ? demanda Blaise.
Huo battit des cils et leur lança un regard brûlant.
— Ne pourrions-nous pas plutôt nous frotter l’un contre l’autre ? Enfin, si Gaïus est partant, bien sûr…
« Oh, ce rusé renard... »
Dans la voix du colosse, il y avait un sourire. C’était un oui, devina Blaise.
— Tu as gagné. Gaïus aussi te trouve irrésistible.
— Il y est pourtant très bien parvenu jusqu’à ce que tu rejoignes notre groupe, répliqua Huo d’un ton amusé plutôt qu’incendiaire.
— Il avait besoin de temps après sa rupture, tout ce sexe avec des inconnus… Et tu as tout du petit chaton fragile, expliqua Blaise, espérant qu’il transmettait correctement ce que lui avait confié Gaïus.
Il aurait pu entrer davantage dans les détails, excepté qu’il était convaincu qu’Huo était surtout intéressé par le résultat : entamer une relation amoureuse avec Gaïus et coucher avec lui. Le jeune homme était sensuel et charnel.
— Quoi ? C’est Céleste qui a tout de la poupée de porcelaine, moi, je suis d’une résistance à toute épreuve !
Céleste ne dut pas apprécier la réplique de Huo, car il vint lui donner un coup de bec dans la fesse avant de reprendre le montant du lit comme perchoir.
— Hé !
Que pensait autrement Céleste du tournant que prenait les choses ? Ils devraient attendre pour le savoir, car caresser son plumage ne ferait que le faire sombrer dans l’inconscience.
« Je crains ne jamais pouvoir lui montrer comment je peux être au lit, autrement qu’à travers toi vu ma forme monstrueuse et mes jambes paralysées. »
Blaise refusait de se laisser aller au défaitisme. Ils finiraient par vaincre tous leurs ennemis et annuler toutes les malédictions, surtout s’ils gagnaient en puissance en fusionnant à quatre et, même, dans l’idéal, à cinq. Le problème, c’est que si l’amour était la réponse, tant que Marin continuerait à considérer qu’il était impossible d’aimer plusieurs personnes à la fois, alors cela échouerait.

vendredi 11 décembre 2020

Comme les doigts de la main - 65

 « Huo, ce n’est pas que je ne le trouve pas attirant, mais il a l’air fragile, j’aurais peur de lui faire mal, si je me laissais aller. Quant à Marin, je ne sais, j’admire sa capacité à garder la tête froide… Mais de toute façon, après que mon petit ami ait rompu brutalement, je trouvais plus qu’intelligente sa règle de célibat. »
L’admiration, n’était-ce pas une forme d’amour ? Non, Blaise exagérait parce qu’il mourrait d’envie qu’ils soient tous les cinq ensemble dans une même relation et pas juste unis pour combattre le Vide et ses camarades.
« Ne t’inquiète pas. Tu n’as pas tort. Je ne me suis juste pas laissé aller plus loin dans mon appréciation pour Marin comme pour Huo. De la même façon, j’ai prétendu être satisfait d’être simplement amis avec Céleste et gardé secret mes sentiments naissants pour toi. Je me suis laissé guider par la peur que les choses tournent mal quoique j’entreprenne côté cœur. »
Blaise tiqua. C’était curieux comme ses compagnons étaient chacun dominé par une émotion : Gaïus par la peur, Céleste par la colère, Marin par la tristesse et Huo par la joie.
« Je crois que c’est toi qui les a exacerbés en nous. Non pas que Céleste ne soit pas du genre à tempêter pour un rien, Huo d’un naturel content, Marin réservé et mélancolique et moi, anxieux… Mais depuis que nous t’avons rencontré... »
Blaise eut une illumination. C’était ça le cinquième élément : les émotions !! Il avait réussi à purifier Marin de l’Avarice parce qu’il était désespéré de le faire, même chose pour les autres.
Gaïus valida sa théorie et Blaise s’empressa de transmettre sa supposition à Huo et Céleste.
— Trop cool ! Ton émotion à toi, je parie que c’est l’amour !
« Ce n’en est pas une à proprement parlé, c’est plutôt un combiné de plusieurs... »
Ce qui n’invalidait nullement l’affirmation de Huo. Blaise ébouriffa avec tendresse les cheveux roux.
« C’est peut-être aussi la clef des fusions multiples, plus qu’un ordre particulier. »
Blaise fronça les sourcils. Il les aimait tous et ce n’est pas pour autant que cela avait fonctionné...
« Oui, mais, de mon côté, je n’ai jamais nié aimer Céleste de toute mon âme, seulement renoncé à ce que nous puissions être plus que des amis. »
En d’autres termes, si Gaïus tombait amoureux de Huo et Marin, la fusion à cinq aurait lieu… ?

jeudi 10 décembre 2020

Comme les doigts de la main - 64

« Céleste comme moi, nous sommes trop dominants pour vouloir donner le contrôle à l’autre. Nous avons essayé en vain. Ma prostate n’est pas sensible. La position passive ne me convient pas. Et à lui non plus. Cela ne nous a pas empêché de continuer à nous aimer, mais nous nous sommes chacun efforcé de trouver un bon partenaire. L’arrivée de nos pouvoirs a tout bouleversé cependant… Mon petit ami m’a traité de monstre mutant et je me suis retrouvé à être obligé de coucher avec des inconnus. Le sentiment d’être devenu une machine à baiser m’a rendu malade. Et puis j’ai couché avec toi. J’ai senti que tu étais le bon. Possiblement plus que le compagnon de combat qui nous manquait. »
Blaise n’en revenait pas que Gaïus lui révèle tout ça. Mais les vannes étaient ouvertes et c’était tant mieux. Il était content. Surtout cette dernière phrase...
« Quand toi et Huo, vous vous êtes mis en couple et pour moi, cela a signé la fin de la possibilité de ce quelque chose entre nous. »
Comme Marin. Parce qu’il ne croyait pas au polyamour.
« Sûrement que je manque d’imagination pour un écrivain, mais j’ai toujours cru qu’on avait une seule et unique âme-sœur. Pas deux ou même plus. »
— Je bouille d’impatience de savoir ce que vous vous dîtes, dit Huo.
Il s’était assis sur le lit et Céleste s’était niché contre sa cuisse.
— Promis, je te raconterai, répondit Blaise avant d’inciter Gaïus à poursuivre.
C’était formidable qu’ils discutent enfin à cœur ouvert, même s’il était regrettable qu’il ait fallu une attaque en traître par leurs ennemis pour qu’ils en arrivent là. Enfin, même sans cela, sûrement qu’ils auraient fini par avoir cette conversation un jour. Céleste avait après tout promis de discuter avec Gaïus avant que les Pêchés ne s’infiltrent sous leur toit à la faveur de la nuit.
« Comment ça ? »
Blaise tenta de restituer au mieux l’idée de Céleste, celle ou Gaïus et lui, plutôt que de renoncer à être ensemble, aurait introduit un partenaire pour compléter leur couple, un susceptible de satisfaire des désirs et besoins auxquels eux-mêmes ne pouvaient répondre.
Quelqu’un comme Huo, du genre soumis et passif, ou comme Blaise, versatile. Ou les deux ensemble. Parce qu’entre eux tous, cela collait, Marin compris.

mercredi 9 décembre 2020

Comme les doigts de la main - 63

 « Je me croyais immunisé contre les deux lanceurs de malédiction qui m’avaient déjà touché, si bien que je n’ai pas pris de précaution en me battant contre eux et voilà où nous en sommes. Moi qui suis en permanence dévoré par la peur ces derniers temps, j’ai été bien mal inspiré sur ce coup. J’ai échoué à vous protéger. »
Gaïus n’avait aucune raison de se sentir coupable comme ça. Ils se croyaient en sécurité dans la maison et avaient été pris en traître et alors qu’ils étaient à priori déjà sous l’emprise des Pêchés. Que les choses aient mal tourné n’avait rien d’étonnant. Et puis, au bout du compte, grâce à la fusion à trois, ils avaient réussi à en finir avec les Pêchés et étaient même parvenu à se débarrasser d’un des lanceurs de malédiction, leur permettant de découvrir que la mort de ses oiseaux de malheur mettait fin à leurs malédictions. C’était en quelque sorte l’inverse des Pêchés qui, à moins d’une purification, continuaient à les affecter, même après avoir été anéantis. Et oui, ils avaient également appris aux dépens de Gaïus que les Ailes étaient capables de donner des malédictions supplémentaires...
Mais de quelle peur dévorante parlait au juste Gaïus ? Durant leurs affrontements avec l’ennemi, il ne s’était jamais montré lâche. Au contraire, il s’était toujours interposé entre eux et leurs ennemis.
« Ce qui m’effraie le plus c’est que vous soyez blessés. En comparaison, ce qui peut m’arriver à moi... »
Blaise comprenait bien. Il avait à peu près le même problème. Ce n’est pas pour rien qu’il avait chaque fois expulsé ses compagnons quand un ennemi était sur le point de le toucher.
« C’est surtout en amour que je prends trop de précaution par peur de souffrir encore. »
La façon dont son petit ami l’avait quitté après  qu’ils aient fusionné par mégarde n’avait pas dû aider.
« Ce qui s’est passé avec Céleste non plus. »
Il devait faire référence au couple qu’ils avaient tenté de former quand ils étaient adolescents et qui avait échoué faute de compatibilité dans leurs désirs sexuels.
« Il t’a raconté ? »
Blaise repensa à la manière dont il avait insisté pour fusionner avec Gaïus afin d’annuler les effets de la malédiction nocturne, ce qui n’avait pas complètement marché, mais lui avait permis de passer un long moment avec Céleste. Cela s’était produit il y a deux nuits à peine, mais Blaise avait l’impression qu’il s’était écoulé un monde depuis. La bataille avait créée un avant et un après, comme sa rencontre avec Céleste, Huo, Marin et Gaïus.

mardi 8 décembre 2020

Comme les doigts de la main - 62

— Huo, tu peux venir m’aider à convaincre Gaïus de se nourrir ? appela Blaise d’une voix forte.
Le jeune homme roux arriva aussitôt de son pas souple et léger.
Céleste vint voleter près de lui, comme pour le saluer.
— Peut-être qu’il craint de faire ça salement sous cette forme ? Je vote pour lui donner la becquée !
Gaïus fit signe que non de la tête.
Sans se laisser découragé, Huo s’empara d’une des cuillères sur le plateau-repas, la remplit et se baissa pour la donner à Gaïus qui se détourna.
Impossible de savoir pourquoi il faisait la grève de la faim, car il n’y avait pas de raison que le plat lui déplaise. Hélas, ce n’était pas comme s’ils pouvaient avoir une conversation que ce soit sous cette forme ou l’autre, où il n’était même pas sûr que Gaïus puisse écrire vu qu’avec la malédiction, il avait de grosses mains poilues et griffues. Il n’y avait qu’une méthode pour communiquer de façon efficace, que le colosse en ait envie ou non.
Quasi-sûr qu’il refuserait, Blaise choisit en toute conscience de ne pas demander et Gaïus, pris par surprise, distrait par Huo et sa cuillère, le laissa l’embrasser.
Il avait une langue râpeuse, mais toujours le même enivrant parfum boisé. Museau ou pas, poils ou pas, il était toujours Gaïus.
La fusion opéra.
— Oh, tu as des oreilles de loup ! s’exclama Huo.
Dans le chaos de la bataille, Blaise n’avait pas remarqué cet ajout, qu’il avait ça en plus de ses cornes et sa queue. Les malédictions d’Ailes Velues étaient décidément très fortes, plus que celles des autres. Ceci dit, la pire était celle d’Ailes Translucides. Il ne lui avait fallu qu’un instant pour plonger Céleste dans le coma. Heureusement qu’une fois qu’il avait usé de son venin, il avait apparemment besoin de temps avant de pouvoir s’en resservir, sinon, ils auraient perdu...
« Pourquoi as-tu fait cela ? »
Parce qu’autrement, ils ne pouvaient pas se parler et c’était essentiel.
« Les gestes comptent tout autant que les mots. »
Ce n’était pas faux, mais la parole était quand même bien pratique. Parfois, il était nécessaire de dire les choses.
« Oui… Mais je ne mérite pas de manger. Ours ou créature lupine, je ne suis qu’une grosse bête doublé d’un idiot. »
Blaise avait eu raison de forcer le dialogue. Gaïus déprimait.

lundi 7 décembre 2020

Comme les doigts de la main - 61

Quand il émergea, c’était déjà le soir. Huo n’était plus blotti contre lui dans le lit. Il avait dû se lever. Plus en forme, mais pas encore totalement remis, Blaise se mit debout.
Il trouva Huo, perché sur un tabouret dans la cuisine qui communiquait avec le salon, qui observait Marin qui, malgré ses longs cheveux, terminait de cuisiner avec les provisions qu’il avait eu l’intelligence d’emmener avec eux. Pas d’ours ou de chouette en vue par contre.
Blaise pressa l’épaule de Huo, résista à son envie de faire de même avec Marin et proposa d’amener un plateau-repas aux deux absents. Marin lui indiqua le placard où trouver ce dont il avait besoin, expliquant que c’était une maison qu’il louait meublée.
Après avoir pris le nécessaire, Blaise poussa en douceur la porte de la chambre où étaient installés Gaïus et Céleste.
Sous son impressionnante forme d’ours, le colosse était assis par terre. A l’entrée de Blaise, il poussa un faiblement grognement tandis que Céleste la chouette perchée sur le montant métallique du lit hululait.
Les bols de riz au poulet qu’il apportait n’étaient pas adaptés, réalisa Blaise. Et il n’allait pas pouvoir s’enquérir de comment ils se sentaient.
Blaise déposa sa charge sur le bas du lit. Gaïus en ours lui inspirait toujours de la peur, même si c’était absurde. Il savait bien que le colosse ne lui ferait pas mal.
— De quoi manger, dit-il.
Céleste s’envola et attrapa un morceau de poulet avant de retourner sur son perchoir. Gaïus ne réagit pas.
Bon, d’accord, ce n’était pas pratique avec ses grosses pattes d’ours de se servir dans un bol, mais tout de même…
— Tu n’as pas faim, Gaïus ?
L’ours ferma les yeux et se roula en boule. Blaise doutait qu’il ait vraiment sommeil. Il s’approcha, cœur battant, et caressa la fourrure brune.
Gaïus se métamorphosa dans sa nouvelle forme d’homme-loup. Le pauvre n’était pas gâté entre son mutisme, ses jambes inertes, et son apparence bestiale qui n’avait cependant rien d’affreux. Blaise le préférait d’ailleurs comme ça qu’en gros ours brun.
Il mit un bol sous la truffe de Gaïus qui secoua la tête.
Céleste prit son envol pour se déposer sur l’épaule de Blaise qui résista à l’envie de passer la main dans ses plumes afin d’éviter de le replonger dans son état comateux. Leur actuelle situation était bien compliquée.

vendredi 4 décembre 2020

Comme les doigts de la main - 60

Le corps de Céleste se recouvrit de plumes et changea de forme. La chouette blanche cligna des yeux et hulula.
Oui, sa forme animale, Céleste était conscient. Huo battit des mains.
— J’avais raison, déclara Marin avec arrogance.
Il était plus que temps qu’ils se purifient les uns les autres.
Au moins, contaminé par l’Orgueil, Blaise ne doutait pas de réussir. Il exigea d’être le dernier à être purifié.
Ni Céleste en chouette ni Gaïus en loup-garou n’étaient vraiment en mesure de protester, Huo avait envie d’être le premier et pour changer, Marin ne fit pas d’histoires.
Gaïus tendit ses grosses mains griffues vers Blaise qui crut qu’il voulait être porté dans le jardin afin de pouvoir utiliser son élément.
Comme il tentait de le faire, Huo le détrompa :
— Je pense qu’il souhaite que tu le transformes aussi.
Oui, bien sûr, au moins, sous sa forme d’ours, Gaïus serait capable de se déplacer seul.
Blaise s’exécuta en râlant. Son adrénaline était totalement retombée et la fatigue le gagnait.
Ils se rendirent dans le minuscule jardin heureusement entouré d’une palissade qui les protégerait des regards...
Blaise effectua les quatre purifications à la suite, sans qu’il parvienne à comprendre exactement, quel était ce mystérieux et invisible cinquième élément qu’il projetait sur ses compagnons.
Il fut ensuite à son tour purifié par les flammes de Huo, l’eau de Marin, la terre de Gaïus et le vent engendré par Céleste la chouette. Ils redevinrent enfin raisonnables.
Marin leur suggéra d’aller tous se reposer. Personne n’émit d’objections.
Ils avaient besoin de se remettre de la bataille avant même de discuter de ses conséquences : Gaïus avait semblait-il gagné des malédictions supplémentaires tandis que Blaise avait été libéré de la sienne après avoir tué Ailes Noires...
Ils gagnèrent chacun leur chambre, Marin à pas lents, ralenti par le poids de ses cheveux qui n’en finissaient pas de grandir, Gaïus, dressé sur ses pattes arrière d’ours, Céleste perché sur son épaule.
Qu’ils se séparent ne plut pas à Blaise, mais il n’osa dire quoi que que ce soit. Au moins, Huo restait avec lui.
Blaise pensait ne pas pouvoir s’endormir : tellement de choses s’étaient produites en l’espace de trop peu de temps, mais une fois allongé, le sommeil l’emporta.

jeudi 3 décembre 2020

Comme les doigts de la main - 59

 « Nous ne devrions pas rester ici, dès fois qu’ils ne changent d’avis et reviennent à la charge. »
Blaise rapporta aux deux autres les propos de Gaïus.
Marin se vanta de posséder de nombreuses propriétés dont une maisonnette à quelques kilomètres d’ici qui était actuellement vide parce qu’il avait voulu y effectuer quelques travaux avant de retrouver des locataires.
Le trajet en voiture se déroula dans une ambiance détestable. Huo était comme éteint.
Marin attribua les chambres, une pour lui, une pour Gaïus et Céleste et une pour Blaise et Huo.
Ils avaient la plus petite, ce qui fit râler Blaise. Huo, lui, convoitait la même que Gaïus et Céleste afin de la partager avec eux, mais le colosse s’y opposa.
Blaise, fâché, défusionna.
Céleste se matérialisa à côté de lui, glissant au sol comme une poupée de chiffon. Gaïus version loup-garou s’écroula également, puis il se remit en position assisse avec peine. Ses jambes ne fonctionnaient à priori plus.
Blaise s’en voulut de les avoir expulsés de la sorte. S’il avait prévenu Huo et Marin, ils auraient pu les empêcher de tomber  de toute leur hauteur. Au moins, leurs chutes avait été en partie amorties par le matelas de cheveux de Marin.
Gaïus se traîna jusqu’à Céleste tandis que Blaise s’agenouilla près de lui. Le blond avait l’air si fragile et vulnérable plongé dans ce sommeil artificiel.
— Je ne vois pas comment nous allons pouvoir nous purifier alors qu’il est comme ça, dit Huo.
Et s’ils demeuraient tous sous l’influence des Pêchés, ils allaient continuer à s’énerver les uns contre les autres. Colère, Orgueil et Envie n’étaient pas exactement de bons conseillers.
— Peut-être via la fusion, murmura Blaise sans conviction.
Marin rejeta la possibilité avec froideur.
Blaise contint avec peine son agacement et, le cœur lourd, attrapa les mains de Céleste dans les siennes.
Il était immobile et froid, seul son souffle permettait de savoir qu’il était toujours en vie.
— J’ai une idée, commença Marin avec suffisance.
Gaïus fit claquer ses mâchoires impatiemment.
— Éclaire nos lanternes ! s’écria Huo.
— Blaise pourrait user son toucher pour le transformer en ani...
Avant même que Marin ne termine sa phrase, Blaise pressa ses paumes contre celles de Céleste.

mercredi 2 décembre 2020

Comme les doigts de la main - 58

— Autodétruisez-vous, ordonna Blaise d’une voix tonitruante à leurs ennemis, Gaïus grognant son approbation.
Les Ailés n’obéirent pas, mais les Pêchés, oui. Le gars aux cheveux rouges et les deux élégants types se mirent à se massacrer.
Et trois de moins, songea Blaise avec une sombre satisfaction, en fonçant tel un taureau enragé sur Ailes Noires qui s’était laissé distraire par le combat acharné entre les Pêchés.
Blaise planta ses cornes dans la chair tendre du ventre d’Ailes Noires, lui déchirant les entrailles, un cri inhumain aux lèvres.
Huo reprit sa taille normale, se dressant nu sur le champ de bataille.
Leurs ennemis restants demeurèrent interdits. Ils s’étaient cru les plus forts à tort, perdant du temps à railler et persifler.
Ailes Translucides voulut l’attaquer par derrière, mais Blaise planta en profondeur la pointe de sa queue dans son entrejambe, puis la retira.  
L’homme aux cheveux blancs se tordit de douleur, grommelant :
— Tu ne perds rien pour attendre, dès que ma poche à nouveau venin sera pleine…
Blaise était enragé, il se sentait invincible.
Les jets d’eaux de Marin s’étaient taris, mais Huo avait pris le relais, lançant des boules de feus sur leurs ennemis.
Blaise repartit à l’assaut. Il se débrouilla pour enrouler sa queue autour de la cheville de Bleuet et le projeta sur Ailes Velues avant que ce dernier ne plante ses griffes en lui.
— Maudits Pêchés, grommela ce dernier, en se dépêtrant de son camarade. En fait de nous rendre service en les contaminant au préalable et nous donner l’accès à la maison, ils nous ont compliqué le travail…
Il prit son envol, suivi par Bleuet. Ailes Translucide accompagna leur décision de se replier avec difficulté, les mains toujours plaquées entre ses jambes, assurant qu’il leur ferait payé sa blessure.
Blaise décolla à leur suite.
— Non, reviens ! s’écria Huo, nu et vulnérable au milieu de la cuisine détrempée et noircie, aux meubles renversés et brisés.
« Il a raison. C’est le Pêché d’Orgueil qui te donne l’impression que tu es en mesure de l’emporter... Je suis inquiet pour Céleste. » grogna Gaïus dans sa tête.
— Nous pouvons les battre, c’est maintenant ou jamais, lança Marin.
« Lui aussi a été affecté par le Pêché d’Orgueil. Je le suis aussi d’ailleurs indirectement via la fusion, mais moins fort. Et même si je suis enragé que je voudrais tous les tuer, ce n’est pas possible. Tu es à bout de souffle. »
— S’il te plaît, dit Huo.
Blaise redescendit doucement vers lui et l’enlaça. Huo était plus important que la colère qui l’animait, plus que son envie et sa certitude qu’il pouvait massacrer leurs ennemis ailés. L’opinion de Gaïus comptait et lui aussi, cela le tourmentait que Céleste soit silencieux en lui.

mardi 1 décembre 2020

Comme les doigts de la main - 57

Blaise rejoignit Céleste duquel Ailes Translucides s’était désintéressé, préférant contempler, un rictus aux lèvres, le spectacle que formaient les autres attaquants et leurs victimes.
Blaise fut soulagé de constater que l’ange respirait toujours. Il était comme endormi. Ce devait être la conséquence de la malédiction qu’Ailes Translucides lui avait infligée. Il fallait espérer que Beau au Bois Dormant ou pas, la fusion fonctionne malgré tout...
De toute façon, à situation désespérée, mesure semblable, car pour le coup, leurs ennemis avaient tous les avantages, ce que  Blaise leur enviait avec une férocité qui n’avait rien de naturel – il commençait à soupçonner que  certains Pêchés les avaient touché dans la nuit pendant qu’ils dormaient.
Blaise écarta les lèvres de Céleste et tenta de mêler leurs salives avec sa petite langue. Cela ne semblait pas marcher, mais Blaise persista parce qu’il n’avait que ça comme solution, que ses compagnons criaient pendant que leurs ennemis riaient…
Soudain, il se mit à grandir, ses ailes blanches poussant dans son dos.
Deux Pêchés délaissèrent Marin et se précipitèrent sur lui. Blaise ne put les esquiver, déstabilisé par le fait que Céleste demeurait muet dans sa tête.
Dans l’intervalle qui lui avait fallu pour fusionner, Gaïus s’était transformé en espèce d’homme loup – une aggravation de sa malédiction ? Il était au sol, claquant des mâchoires avec férocité. Ailes Velues et son comparse tout bleu s’acharnaient sur lui, en se moquant de ses efforts, insensibles aux trombes d’eau que Marin déversait sur eux, un Pêché accroché à sa tresse. Huo, devenu tout petit, se battait encore, crachant des mini-flammes sur Ailes Noires qui s’amusait ouvertement de ses efforts, de même qu’Ailes Translucides.
C’était évident qu’ils croyaient avoir emporté la partie et ne faisaient durer les choses que par plaisir. Mais Blaise avait plus envie qu’eux de la victoire. Il poussa un cri terrible et obtint l’attention de tous leurs ennemis.
Il était empli de fureur, d’orgueil et de jalousie, déterminé à vaincre.
Il déchaîna un vent violent qu’il dirigea tout spécialement contre les deux affreux qui malmenaient Gaïus. Il avait juste besoin qu’ils s’écartent le temps d’embrasser Gaïus, museau ou pas !
La diversion fonctionna. Une langue râpeuse se noua à la sienne, un croc coupant lui entaillant la lèvre et la triple fusion eut lieu.

lundi 30 novembre 2020

Comme les doigts de la main - 56

Le lendemain matin, Blaise s’éveilla fatigué, conséquence de sa nuit blanche de la veille. Il se surprit à envier la facilité avec laquelle Huo bondissait hors du lit, débordant d’énergie.
Quand le jeune homme roux le prit pour l’installer sur son épaule, il eut du mal à ne pas pester envers la malédiction d’Ailes Noires qui le privait de sa taille normale.
Dans la cuisine, ils trouvèrent Marin aux fourneaux, sa longue tresse traînant derrière lui, en apparence, c’était comme si elle était défaite sur le bout, mais en réalité c’est que les cheveux poussaient sans discontinuer. D’ici quelques jours, leur poids empêcherait sûrement Marin de se déplacer, hormis s’il acceptait de fusionner...
Gaïus et Céleste étaient attablés collés l’un à l’autre, l’ange murmurant à l’oreille du colosse qui esquissa un sourire.
Face à leur complice intimité, Blaise éprouva une jalousie aiguë qu’il ne put s’empêcher de laisser éclater, lui qui avait pourtant recommandé la patience à Huo pas plus tard que la veille…
Il sauta sur la table.
— Quand est-ce que tu vas lui parler de nous au juste ? Tu avais promis !
— Oui ! Il y en a assez que vous soyez toujours  dans votre petit monde, les yeux dans les yeux ! Vous êtes aveugles ! Vous m’ignorez alors que depuis le premier regard, je brûle d’amour pour vous ! s’emporta Huo.
Céleste réagit au quart de tour :
— Non, mais c’est quoi ce ton !
Gaïus, les narines frémissantes d’une colère qui ne lui ressemblait pas, tapa du poing sur la table.
Marin s’efforça de calmer le jeu, mais avec une prétention qui ne fit que jeter de l’huile sur le feu.
Ils étaient si bien occupés à se disputer les uns avec les autres qu’ils ne les remarquèrent pas avant qu’il ne soit trop tard.
Trois ennemis s’étaient glissés en douce dans la pièce, trois Pêchés sans doute, qui avaient ouvert la fenêtre dans laquelle quatre hommes ailés s’engouffrèrent l’un après l’autre – un aux cheveux blancs et aux ailes translucides, un tout bleu, peau comme plumage, un qui était tout poilu de partout et pour finir Ailes Noires. Tous leurs ennemis étaient là, sauf Ailes Arc-en-ciel et le Vide lui-même.
En quelques instants, ce fut le chaos le plus total.
Le premier type ailé à s’être posé à l’intérieur,  se jeta sur Céleste, léchant sa joue d’une longue langue fourchue. L’ange glissa de sa chaise et s’effondra sur le sol.
Gaïus n’eut le temps de faire quoi que ce soit, obligé qu’il était de parer à l’attaque combiné d’un gars aux ailes bleues et d’un autre aux ailes poilues.
Marin, lui, était encerclé par ce qui devait être les trois Pêchés restants : une armoire à glace aux cheveux rouges et à l’air furibond qui avait toutes les chances d’être la Colère, et deux hommes habillés avec élégance qui devaient être l’Orgueil et l’Envie.
Ailes Noires, lui, s’en était pris à Huo qui tentait tant bien que mal de se protéger avec ses flammes.
Seul Blaise n’avait pas été attaqué. Il avait dû être jugé trop petit pour être dangereux. A moins qu’ils ne l’aient même pas vu… Il en profita, et glissa le long du pied de la table.

vendredi 27 novembre 2020

Comme les doigts de la main - 55

Blaise sombra et n’émergea qu’en début d’après-midi. Il n’avait même pas entendu Huo se lever. D’ailleurs, seuls lui et Marin devaient vaquer à leurs occupations depuis le matin, Céleste comme Gaïus ayant dû dormir tard comme lui.
Même s’il avait faim, comme il avait la flemme de se rendre à la cuisine, sachant qu’avec sa petite taille, ça lui prendrait une éternité, il préféra attendre le retour de Huo.
Il alluma l’ordinateur afin de continuer à lire le journal de Marin, mais se laissa distraire par un post-it laissé par Huo sur le bureau – ce dernier lui avait acheté une version numérique d’un des romans de Gaïus de façon à ce qu’il puisse ajuster la taille des caractères à l’écran, comme il avait vu faire Blaise pour le journal de Marin.
C’était une attention adorable et Blaise se plongea dans le roman. Même si ce n’était qu’une histoire fictive, c’était une façon d’en apprendre plus sur Gaïus, de toucher du doigt sa manière de penser.
Blaise était si bien absorbé par sa lecture, qu’il sursauta quand Huo entra.
— Ah ! Enfin, tu es réveillé ! Je n’en pouvais plus d’attendre ! Alors, raconte qu’est-ce qui s’est passé !
Blaise rapporta une partie de sa conversation avec Céleste.
Huo l’attrapa avec un peu trop d’enthousiasme, manquant de lui briser les os.
— Aïe ! Attention !
Huo le reposa avec une grimace d’excuse. Mais ce n’était pas sa faute si Blaise était à présent tout petit et fragile.
— C’est tellement génial… Je brûle d’aller les voir tous les deux à la seconde !
— Je ne pense pas que Céleste ait encore eu le temps de discuter avec Gaïus…
— Mais peut-être d’ici ce soir !
Quelque chose disait à Blaise qu’ils allaient devoir patienter un peu plus que cela. C’était un sujet délicat à aborder, surtout après la décision que les deux amis avaient pris de renoncer à être un couple quelques années plus tôt.
L’estomac de Blaise choisit de gargouiller à ce moment-là. Il faut dire que c’était déjà pratiquement l’heure du goûter.
Huo eut un petit rire.
— Allez, viens, je t’emmène manger. Il reste des crêpes faîtes par Marin ce matin.
— Il est finalement sorti de sa chambre ?
— Oui, mais juste pour cuisiner.
Marin fit la même chose pour le dîner.
Ils ne le virent pas, mais le repas laissé sur la table était clairement son œuvre.
Pendant qu’ils mangeaient tous les quatre, Céleste se montra presque aussi silencieux que Gaïus. Apparemment, les nuits blanches ne lui réussissaient pas. C’est Huo qui anima la conversation, couvant l’ange et le colosse du regard jusqu’à ce qu’ils aillent se coucher.

jeudi 26 novembre 2020

Comme les doigts de la main - 54

— Il y a quand même un côté cocasse à ce qu’après avoir empêché Marin de tout me raconter par le menu, c’est toi qui t’y colles, fit remarquer Blaise.
— Je n’en serais pas là si tu n’avais pas cru savoir mieux que tout le monde.
— Désolé.
— Non, c’est bon. Tu apportes une dynamique nouvelle et bienvenue à notre groupe. Nous avons enfin pu nous débarrasser d’une partie de nos étouffants ennemis grâce à toi... Tu me montres aussi une voie nouvelle. Ce que vous désirez Huo et toi m’a conduit à réaliser que Gaïus et moi, nous avons renoncé trop vite. Nous ne sommes pas rendu compte qu’avoir un troisième partenaire, voire plus, pourrait résoudre notre problème.
Blaise avait du mal à en croire ses oreilles : Céleste semblait vouloir leur donner une chance. Tout à coup, il comprenait mieux pourquoi il lui avait raconté les débuts de sa relation avec Gaïus.
— Tu veux dire que…
Il n’osa finir sa phrase.
— Oui, mais avant tout de choses, je parlerai à Gaïus.
Si Blaise n’avait pas été menotté, il l’aurait pris dans ses bras et serré contre lui. Après quoi, il aurait couru voir Huo pour lui annoncer la nouvelle.
— Je suppose que tu ne vas pas vouloir me détacher, même si je contiens la bête, à défaut de l’avoir empêchée complètement de se manifester.
Gaïus grondait toujours dans son crâne.
— Tu devines bien. La position inconfortable dans laquelle tu trouves devrais t’aider à ne pas t’endormir et t’apprendre peut-être à réfléchir avant d’agir.
Blaise émit un grognement, sorte d’écho déformé à ceux émis par Gaïus.
Ils continuèrent à parler, Céleste questionnant Blaise sur sa vie.
L’ange compatit avec la manière dont ses parents l’avait rejeté.
Ceux de Gaïus comme les siens avaient été limite indifférents à la nouvelle de leur homosexualité. C’était des gens occupés par leurs affaires.
Quand la nuit s’acheva, Blaise défusionna avec le colosse qui avait hurlé à la lune toute la nuit durant.
Blaise était épuisé, mais ravi de s’être rapproché de Céleste, et de pouvoir espérer être avec lui et Gaïus comme il était avec Huo.
En baillant à s’en décrocher la mâchoire, Céleste le raccompagna à sa chambre et le borda dans son lit de poupée qui avait été placé sur la table de nuit, à côté du grand où Huo dormait, roulé en boule.
— Dors-bien, murmura l’ange.
Et il s’en fut, refermant sans bruit la porte derrière lui.

mercredi 25 novembre 2020

Comme les doigts de la main - 53

 — Tout a commencé à l’école maternelle. Les autres se moquaient de moi parce que j’avais soit disant une sac de fille...
Cela parut dingue à Blaise, qu’à cet âge-là, les enfants aient déjà ce type de réflexion, mais à la vérité, c’était la faute des adultes qui transmettaient dès le début des stéréotypes et préjugés dans lesquels ils avaient été eux-mêmes élevés, ce qui n’excusait quand même pas tout...
— Gaïus m’a défendu, ce dont je ne lui ai pas été particulièrement reconnaissant, car j’étais capable de le faire moi-même ! Mais j’ai apprécié son soutien et qu’il complimente mon sac m’a convaincu que c’était quelqu’un de bien. Il s’est révélé que nous habitions à quelques mètres l’un de l’autre, et du coup permis d’être nous n’avons pas tardé à être toujours fourré l’un chez l’autre.
Céleste multiplia les anecdotes sur leur enfance, mentionnant les multiples fois où c’est lui qui avait volé au secours de son ami quand le visage inexpressif de ce dernier avait entraîné différents malentendus avec son entourage.
Il tint Blaise en haleine quand il aborda leur adolescence, leur découverte mutuelle de leur homosexualité qui les avait ultimement amenés à prendre conscience qu’il y avait plus que de l’amitié entre eux.
Hélas, leur couple n’avait pas résisté à leur incapacité à donner à l’autre ce dont il avait besoin au lit. Leur amour n’y avait rien changé. Réalisant qu’ils souffraient tous les deux de la situation, ils avaient choisi d’en revenir à leur amitié première.
Cela n’avait cependant pas empêché Céleste d’être jaloux du petit ami que Gaïus avait fini par se dénicher, mais il s’était efforcé de le cacher et s’en était trouvé un, lui aussi, mais cela n’avait pas duré…
Et puis, leurs pouvoirs s’étaient manifestés, mettant fin au couple de Gaïus.
Un an plus tard, Céleste avait rencontré Huo dans un club. Le rouquin l’avait abordé avec audace, affirmant qu’il avait vu quelque chose en lui – une ligne de drague somme toute banale, excepté que Céleste avait entendu sa sincérité.
Blaise qui avait écouté jusque là en silence, captivé, ne put se retenir de l’interrompre sur ce coup.
— Comment ça se fait que tu n’aies pas perçu qu’il était vraiment amoureux de vous tous, que c’était sérieux ?
— Eh bien, ce qui était vraiment clair, c’était surtout son désir de baise… ! Tais-toi que je continue… Dans les mêmes eaux, Gaïus a fait la connaissance de Marin lors d’une séance de dédicace. Son nez l’a alerté qu’il avait un truc spécial, si bien que nous nous sommes débrouillés pour retrouver sa trace.
Cette partie Blaise la connaissait déjà, il l’avait lue dans le journal de Marin. Il savait comment Marin, fan des livres de Gaïus, avait révélé ses pouvoirs aux trois autres et comprit qu’il manquait un sens et donc un membre pour compléter leur équipe : le toucher.

mardi 24 novembre 2020

Comme les doigts de la main - 52

— Blaise ! s’écria l’ange avec fureur.
— Je voulais juste éviter à Gaïus une transformation douloureuse. Il nous a donné son accord.
— Bande d’idiots ! Si tu t’endors, tu perdras conscience, la fusion se terminera et Gaïus reprendra sa forme monstrueuse et sera libre tandis que toi, tu seras toujours attaché et à son entière merci.
Blaise n’avait pas réfléchi jusque là. De quoi mieux comprendre pourquoi Céleste s’était opposé à la chose avec autant de fermeté un peu plus tôt. Et en plus, au bout du compte, c’était une semi-échec puisque Gaïus n’était même pas dans son état normal.
Blaise fut obligé de reconnaître piteusement ses torts.
Céleste, avec un long soupir, s’assit au bord du lit.
— Je suppose que maintenant, je n’ai plus qu’à rester pour te garder éveillé jusqu’à la fin de la nuit.
— Tu peux sinon aller chercher Huo pour me tenir compagnie.
Blaise ne voulait pas l’ange se sente forcé de demeurer à ses côtés.
Si seulement il avait paru en avoir envie plutôt que de sembler considérer ça comme une corvée…
— Non, je lui ai ordonné de dormir et c’est ce qu’il doit être en train de faire.
— Oblige-moi de la même façon à garder les yeux ouverts, alors.
— Ce n’est pas une méthode infaillible. Non, le mieux est que je te surveille. De toute façon, je voulais discuter avec toi…
Cette précision fit plaisir à Blaise.
— Tu as vraiment envie que nous soyons ensemble tous les cinq ?
— Oui, et Huo aussi. J’éprouve des sentiments pour chacun d’entre vous.
— C’est rapide.
Blaise ne pouvait le nier. C’était difficile à expliquer, mais chaque moment qu’il passait avec eux, la certitude qu’ils formaient une unité, un puzzle dont les pièces de chacun complétaient celles des autres se renforçait.
— C’est comme ça, répondit-il finalement.
— Tu sais, tu ne me laisses pas indifférent...
Blaise était heureux de l’entendre, il attendit néanmoins un « mais » qui ne vint pas.
Céleste changea abruptement de sujet.
— Puisque nous avons toute la nuit devant nous, je vais te raconter comment Gaïus et moi sommes devenus amis…
Blaise ouvrit grand les oreilles.

lundi 23 novembre 2020

Comme les doigts de la main - 51

Et c’est ainsi que le soir venu, après avoir convaincu Huo que la fusion avec Gaïus pour annuler la malédiction serait également une opportunité de discuter avec lui d’une éventuelle relation avec eux, ils se rendirent à la chambre du colosse.
Huo força la serrure de cette dernière en usant créativement de ses flammes et ils se faufilèrent à l’intérieur.
La pièce était plongée dans l’obscurité, la nuit tombante ne laissant guère passer de lumière à travers les volets fermés de la fenêtre. Huo éclaira les lieux en allumant un petit feu au creux de sa paume.
Gaïus était encore lui-même, mais déjà menotté  aux montants de son lit.
Il secoua la tête à leur intention, signifiant sans doute qu’Huo et Blaise n’auraient pas dû être là.
— Laisse nous t’aider, dit Blaise.
— Allez, accepte. Par précaution, j’attacherai ensuite Blaise à ta place, enchérit Huo.
Gaïus renifla l’air. Il devait avoir perçu leur résolution et comprit qu’il n’aurait pas gain de cause, car il acquiesça de façon abrupte.
Tandis qu’Huo libérait le colosse, Blaise sauta de son épaule sur le matelas et se déshabilla – pas la peine de déchirer encore des vêtements cousus sur mesure avec amour par Huo.
Gaïus, après avoir léché son index, le tendit vers lui. Blaise n’hésita pas et le suça.
Une fois que la fusion eut opérée, Huo, le sourire aux lèvres, menotta Blaise. Ils étaient parés, et cela tombait bien, car la nuit devait être à présent complètement tombée et la lune se découper dans le ciel, ronde et brillante.
Au lieu que retentisse la voix de Gaïus dans la tête de Blaise, c’est une série de grognements déchaînés et déchirants qu’il entendit.
Un phénomène étrange se produisit en plus : les cornes sur son front grandirent et se tordirent, des griffes lui poussèrent aux mains comme aux pieds et ses os craquèrent douloureusement. La fusion semblait insuffisante à contenir la bête.
A trois pas du lit, Huo le regardait, yeux exorbités, une odeur de peur mêlée d’excitation se dégageant de lui, puis le phénomène s’arrêta. Seuls demeurèrent les grondements terribles de Gaïus.
— Je crois que c’est bon, que cela n’ira pas plus loin, dit Blaise.
— Vous avez fière allure comme ça.
C’était bien Huo, toujours à voir le positif.
— Ce n’est pas une petite malédiction que celle de Gaïus. Le pauvre n’est plus lui-même.
— Comment ça ?
— Il ne tient pas de propos cohérents, il est comme une bête en cage dans mon crâne.
— Ce ne sera donc pas possible de discuter avec lui d’une quelconque relation avec nous…
La déception visible de Huo ne dura pas.
— Je vais te chercher un miroir pour que tu vois à quoi vous ressemblez durant cette fusion spéciale !
— Ce n’est pas nécessaire…
Déjà Huo se dirigeait vers la porte à pas bondissants.
A peine avait-il disparu dans le couloir que la voix de Céleste retentit :
— Tu ne devrais pas être ici ! Non, je me moque de tes raisons ! Va, dormir !
Ce ton… Il était plus que autoritaire. Dans son énervement, Céleste avait usé de son pouvoir sur Huo.
Blaise grimaça quand l’ange entra dans la chambre de Gaïus. C’était son tour d’en prendre pour son grade.

vendredi 20 novembre 2020

Comme les doigts de la main - 50

 Blaise mit fin à la fusion avec Gaïus et Céleste. C’était fatiguant de les entendre discuter dans sa tête.
— J’ai trouvé le point commun aux différentes malédictions. Elles sont toutes liées aux contes, annonça Marin.
Il commença à détailler, mais Céleste le coupa, comme de bien entendu :
— Cela ne nous avance pas à grand-chose de  savoir ça.
— On pourrait en déduire l’ultime malédiction qu’on risque de subir, répliqua Marin.
— Et à part nous rendre malade à l’avance, cela ne nous apportera rien tant que nous ne saurons pas comment contrer les effets des malédictions.
Même si l’idée de Marin se défendait, Céleste avait raison.
Une fois qu’ils furent rentrés, Marin décida de s’enfermer tel Raiponce dans sa tour. Blaise lui proposa bien de fusionner pour qu’il ait un peu de répit, mais Marin lui opposa un refus ferme et froid.
Blaise dut se contenter de vérifier à l’aide de la vue spéciale de Huo qu’il ne pleurait pas seul dans sa chambre, mais non, Marin brossait et tressait ses immenses cheveux qui n’en finissaient pas de s’allonger.
Blaise offrit ensuite à Gaïus et Céleste de s’entraîner afin de mieux exploiter leur triple fusion.
Le colosse barbu déclina, tapant un message sur son mobile pour expliquer : il avait une date de limite de rendu pour les ultimes corrections à apporter à son roman qui devait paraître très prochainement.
Blaise tenta d’insister.
Aussitôt, Céleste intervint :
— Il n’a pas le choix. Ce soir, c’est la pleine lune et il se transformera en bête sauvage.
— Si nous fusionnons, il n’aurait pas à souffrir de cela.
— Certes, mais ce n’est pas pour autant que tu pourras corriger son roman à sa place.
— J’aimerai bien en lire un d’ailleurs.
« Il y a une planche pleine de ses œuvres dans la bibliothèque. Tu auras l’embarras du choix. J’en ai lu certaines... Les scènes érotiques entre ses héros sont superbes ! »
Gaïus écrivait donc des romans gays érotiques. Blaise avait encore beaucoup de choses à apprendre sur ses compagnons.
« Ce sont avant tout des histoires d’amour. Notre Gaïus est un romantique dans l’âme. »
Si seulement ils avaient vraiment pu utiliser ce possessif...
— Eh bien, va faire ça, dit Céleste.
Blaise acquiesça, mais dans coin de sa tête, quoiqu'en dise l'ange, il était décidé à tenter le coup afin d’épargner une pénible transformation à Gaïus.

jeudi 19 novembre 2020

Comme les doigts de la main - 49

Rouler jusqu’au magasin ne leur prit pas longtemps. Ils ne trouvèrent de trace de l’Avarice ni à l’intérieur ni aux alentours. Ils eurent en revanche à purifier la zone. Comme il y avait du monde, ce fut Céleste qui s’en chargea.
Sur le chemin du retour, Huo repéra un autre endroit contaminé, un qui ne l’était pourtant pas à l’aller. L’ennemi ne devait pas être loin.
Ils descendirent tous les quatre de voiture, Blaise fusionné avec Gaïus et avancèrent dans la rue déserte.
Soudain, de derrière un poteau surgit l’homme maigre aux vêtements rapiécés : l’Avarice. Il était seul.
Céleste attrapa Blaise par le col de sa chemise, captura ses lèvres, lui coupant le souffle. Pendant l’opération, un de leurs ennemis ailés sauta brusquement sur eux du toit d’une maison.
Il avait les cheveux et les ailes arc-en-ciel et des vêtements tout aussi colorés. Il avait un côté oiseau de Paradis pas menaçant pour un sou.
Il était cependant retors et au dernier moment, plutôt que d’entrer en collision avec Blaise dont les ailes se déployaient, il se jeta sur Marin qu’il griffa et dont les cheveux noirs déjà longs se mirent à pousser à tout allure.
— Joli, joli, piailla Ailes Arc-en-ciel. A qui le tour maintenant ? demanda-t-il en sautillant sur place.
Il y avait pire comme malédiction. Mais elle risquait tout de même d’être problématique vu la vitesse à laquelle la noire chevelure de Marin s’allongeait.
L’Avarice ricana, rappelant à Blaise qu’il n’était pas supposé bailler aux corneilles et attendre qu’Ailes Arc-en-ciel choisisse une autre victime ou que leur autre ennemi ne les affecte avec son radinisme. Il s’agissait de tester si à trois, ils étaient plus puissant.
« Non, sans blague ! » pesta Céleste.
— Explose, stupide Pêché ! intima Blaise, utilisant la voix spéciale de l’ange.
— J’aime cette économie de mots, répondit l’Avarice.
En dépit de cette réplique mordante, il se désagrégea.
— Je vais rapporter ça aux autres ! lança l’homme aux couleurs arc-en-ciel en s’en allant à tire d’ailes.
Il pouvait dire ce qu’il voulait, il était en train de prendre la fuite.
— Reste ! lui ordonna Blaise en décollant pour essayer de le rattraper.
Mais Ailes Arc-en-ciel fit la sourde oreille et, comme il était plus à l’aise que lui dans les airs, il eût tôt fait de creuser l’écart.
« Tant pis ! Avec ça, on sait désormais que se débarrasser des Pêchés restants va être un jeu d’enfant. » dit Céleste.
« Les lanceurs de malédiction ne vont pas obéir aussi gentiment. » répliqua Gaïus.
« Oui, ils sont plus forts. Ma voix, même amplifiée par la fusion, ne semble pas avoir d'effet sur eux. » répondit Céleste.
— C’était radical et génial ! s’écria Huo en leur sautant au cou, quand Blaise revint se poser dans la rue.
Ils avaient certes gagné cette manche, et éliminé un Pêché de plus, mais le pauvre Marin était désormais empêtré dans ses cheveux noirs qui formaient comme une flaque d’encre autour de ses pieds.

mercredi 18 novembre 2020

Comme les doigts de la main - 48

— Blaise, débrouille-toi pour fusionner avec Gaïus avant de partir. Tes cornes et ta queue sont plus discrètes que des ailes. Et en plus, comme ça, au besoin, on pourra fusionner facilement à trois, continua Céleste.
— Nous ne sommes pas certains que cette ordre de fusion fonctionne, contra Marin.
— Eh bien, testons avant de partir alors, rétorqua Céleste avec impatience.
Le mélange de salive de Blaise avec celle de Gaïus ne donna  rien.
Peut-être parce qu’avec sa petite taille, la quantité était insuffisante.
— Comment vous avez fait, Huo et toi, l’autre fois pour fusionner ? demanda Céleste avant de se raviser, ayant sans doute deviné de lui-même. Allez donc recommencer en privé !
— C’est excitant que tu nous donnes l’autorisation de baiser ! Mais cela serait encore plus chaud si vous nous regardiez ! s’exclama Huo.
Il y eut un silence.
— Mieux vaut entendre cela qu’être sourd, grommela finalement Céleste.
Huo attrapa Blaise et le déposa sur son épaule, prêt à monter à l’étage.
Le colosse prit une profonde inspiration et, comme s’il avait senti – ce qui était possible –  que Blaise, lui, n’était pas d’humeur à faire quoi que ce soit de sexuel, pas de façon imposée comme ça, dans l’urgence, Gaïus se mit en travers du chemin de Huo qui était enthousiaste pour deux.
Le barbu se lécha le doigt, puis le tendit, luisant de salive vers la bouche de Blaise qui n’hésita pas à l’enfourner et à le sucer comme si cela avait été le pénis de Gaïus. Y songer l’excitait d’ailleurs terriblement.
Une minute plus tard, Blaise se mit à grandir, déséquilibrant le pauvre Huo qui tomba, l’entraînant dans sa chute.
« Désolé. Demande lui aussi pardon de ma part, s’il te plaît. » dit Gaïus.
Blaise transmit les excuses à Huo qui était déjà en train de se relever avec grâce.
— Pas de souci, il n’y a rien de cassé ! C’était une bonne idée… Par contre, il me doit une partie de jambes en l’air, répondit Huo en agitant ses sourcils de façon comique.
Blaise se remit debout plus gauchement ; ses petits vêtements ayant craqué, il était nu, son pénis dressé de façon gênante.
— Bon, ce n’est pas le tout, mais il reste à tester si la triple fusion opère dans ce sens-là, déclara Céleste en faisant signe à Blaise de se pencher pour qu’il puisse l’embrasser.
Cela n’arrangea pas le problème d’érection de Blaise que tout le monde semblait décidé à ignorer pour l’heure et les ailes blanches se formèrent sans que Gaïus ne soit éjecté, prouvant que peu importait l’ordre de fusion entre le colosse et l’ange.
Pendant que Huo allait chercher des habits à Blaise, Marin nota l’information et Blaise fit ressortir Céleste à la demande de ce dernier.

mardi 17 novembre 2020

Comme les doigts de la main - 47

 Au bout du compte, Marin reposa tout et quitta le magasin sans avoir rien acheté.
Dès qu’ils furent dans la voiture, entre quatre yeux, Blaise l’informa de ce qui s’était produit, exprimant ses regrets de n’avoir su prévenir l’incident.
— Oh non, pas encore… soupira Marin. Je ne l’ai même pas remarqué, absorbé que j’étais dans mes futures recettes de cuisine.
En même temps, l’homme n’avait rien de mémorable et il avait pris soin de passer dans le dos de Marin.
— Nous allons te purifier.
— Tu ne sais pas encore comment.
— Pas avec mon élément, non, mais…
— Je ne veux pas de l’autre solution. Être pingre pendant 37 jours n’est pas si terrible que ça.
Blaise eut la sensation de se prendre une claque : Marin préférait être sous l’influence d’un pêché plutôt qu’ils usent de leurs sens comme la fois où ils avaient été tous ensemble dans le lit de Gaïus dont Blaise rêvait encore.
— Je peux retenter avec mon élément mystère, dit-il avec un soupçon d’amertume. D’après ton journal, ce n’est pas comme si vous mêmes aviez su maîtriser tous vos pouvoirs du premier coup, dit-il avec un soupçon d’amertume.
Marin s’humecta les lèvres.
— Tu le lis vraiment ?
— Oui, c’est intéressant.
Marin répéta, paraissant savourant la chose, puis démarra la voiture.
Dès leur retour, ils expliquèrent aux autres la manière dont ils avaient été pris en traître et ils s’installèrent dans le jardin où ils coordonnèrent leurs efforts pour purifier Marin.
Blaise tendit les mains en avant, désespéré que cela fonctionne. Rien ne se produisit en apparence, pas de flammes comme Huo, pas de souffle de vent puissant comme Céleste ou de terre mouvante et vivante comme Gaïus. Pourtant, contre toute attente, Marin affirma être guéri.
Blaise reçut des félicitations de chacun de ses compagnons, mais avoua qu’il ne savait pas ce qu’il avait fait au juste et du coup, qu’il ne pouvait affirmer être capable de reproduire le phénomène. Il rangea ce mystère au côté de celui de la fusion à trois.
— Pour changer, nous devrions prendre l’offensive et retourner au magasin, au cas où l’Avarice traîne encore dans les parages, déclara Céleste.
N’était-ce pas en contradiction avec la prudence que l’ange avait réclamé de sa part quelques jours plus tôt ? Blaise ne préféra pas relever, car il avait envie d’en découdre lui aussi. Il s’en voulait que Marin ait été attaqué sous son nez.

lundi 16 novembre 2020

Comme les doigts de la main - 46

Au bout de trois jours confiné à la maison, sans avoir rien à faire hormis lire le journal de Marin sur leurs différentes expérimentations avec leurs pouvoirs, Blaise insista pour qu’ils retournent au moins effectuer des purifications. Il obtint une fin de non recevoir : Huo avait des vidéos à tourner, Céleste des séances photos, Gaïus des histoires à écrire et Marin des courses à faire.
Blaise, las d’être enfermé entre quatre murs et fatigué de sa dépendance extrême à Huo, demanda à l’accompagner, promettant d’être discret.
Au fond de lui, il espérait également que ce serait l’occasion de recoller les morceaux entre eux parce que depuis le baiser volé et son « c’est dégoûtant » Marin gardait ses distances. Avec sa taille guère plus avantageuse que celle de Tom Pouce, Blaise avait été contraint d’accepter cet état des choses, mais il n’en pouvait plus.
Être petit était par trop pesant, même si Huo était adorable et se montrait toujours chaud comme la braise au lit.
Marin eut le bon goût d’accepter. Il faut dire qu’il y était presque obligé : par prudence, ils se déplaçaient au minimum à deux.
Blaise se retrouva donc dans la poche de côté du sac à dos de Marin, prévue à la base pour accueillir une bouteille d’eau et dont le filet maillé lui permet à la fois de respirer et de voir le paysage. Au rayon des inconvénients, cela secouait pas mal et il ne pouvait pas vraiment parler à Marin afin ne pas attirer l’attention sur lui.
Malgré tout, il était content d’être de sortie et aussi d’être avec Marin. Cela lui avait manqué de ne plus être à même de l’aider à préparer les repas.
Il avait bien fait une tentative, mais il avait juste réussi à tomber dans le saladier et être repêché avait été humiliant.
Marin déambula dans le magasin alimentaire jusqu’à trouver le rayon des épices où il s’attarda, soupesant des flacons d’herbes qui ressemblaient toutes aux yeux de Blaise, mais qui avaient sans nul doute une influence sur le goût des plats.
Un homme maigre droit comme un I aux vêtements qui avaient connu de meilleurs jours passa derrière Marin dans l’allée et le bouscula. Marin s’excusa sans retourner alors qu’il n’était même pas au milieu du passage tandis que l’homme qui était en tort poursuivait sa route sans même demander pardon !
Marin reposa le flacon qu’il examinait et commença à en replacer deux qu’il avait pourtant posé dans dans son panier d’achat.
— C’est trop cher, déclara-t-il. Tout l’est, ajouta-t-il après un silence.
Blaise tiqua et réalisa, trop tard, que ce n’était sans doute pas un banal client qui venait de rentrer dans Marin, mais l’un des Pêchés. Et il aurait parié toutes ses économies qu’il s’agissait de l’Avarice.

vendredi 13 novembre 2020

Comme les doigts de la main - 45

Cela échoua. Gaïus et Céleste furent expulsés et Blaise récupéra ses ailes de feu.
Tout le monde se mit à parler en même temps, cherchant à saisir pourquoi la fusion à trois avait été possible.
Il est vrai que terre et air coexistaient, mais dans ce cas, la fusion avec Huo aurait dû fonctionner. Le feu avait besoin d’air pour ne pas étouffer, et même si on pouvait le recouvrir de terre pour l’éteindre, comme Gaïus avait fusionné avant, ça ne faisait pas sens.
— D’après mon calcul, il y a vingt-quatre combinaisons possibles à tester, annonça Marin.
— Je me moque du compte exact, pour l’heure, je voudrais me reposer. La bataille de tout à l’heure n’était pas une partie de plaisir.
Sur ce coup, Céleste avait raison et personne ne protesta.
De retour dans sa chambre, Blaise, bien qu’il n’ait pas vraiment envie, demanda à Huo de sortir de son corps et redevint petit.
— On aurait pu rester fusionnés.
Excepté que cela n’aurait pas été juste pour Huo. C’était essentiellement Blaise qui était aux commandes quand ils étaient mêlés de la sorte.
— Il faut bien que je m’habitue à mon nouvel état.
— On devrait recevoir le mobilier de poupée dès demain. J’ai payé pour une livraison rapide.

En dépit de la compréhension de Huo et de ses efforts pour qu’il soit bien installé, Blaise ne tarda pas à découvrir que n’être pas plus grand qu’une pomme était un enfer.
Il n’y avait pas de toilettes adaptées à sa taille et il était donc contraint d’utiliser un mini pot de chambre comme un bambin. Se rendre où que ce soit dans la maison tout seul lui prenait une éternité. Manger non pas à table, mais dessus était pour le moins le bizarre. Toutes les voix étaient trop fortes et il avait du mal à se faire entendre, c’est sans doute pour cela qu’il n’avait réussi à presser Marin, Céleste et Gaïus à tester les fusions multiples. Il n’allait tout de même pas les forcer à l’embrasser s’ils n’en avaient pas la moindre envie, pas alors que Marin et Céleste connaissaient désormais son désir qu’ils soient tous les cinq ensemble, aussi proches que les doigts d’une main. Gaïus aussi devait être au courant, car il ne voyait pas l’ange tenir sa langue à ce sujet.

jeudi 12 novembre 2020

Comme les doigts de la main - 44

 « D’accord. Je reconnais que j’avais tort. »
C’est ça qui était bien avec Céleste. Il avait tendance à monter vite au créneau, mais il était aussi capable d’admettre s’être trompé.
« Oui… Mais ce n’est pas une raison pour que tu continues à voler au devant du danger comme ça ! Il reste au moins deux malédictions inconnues et potentiellement très handicapantes. »
— Plus qu’à aller voir Gaïus et assister encore aux premières loges à un baiser passionné ! s’exclama Huo avec un sourire qui contrastait grandement avec le visage triste de Marin.
Blaise hocha la tête, s’efforçant de ne pas repenser au dégoût du brun à l’idée qu’ils aient tous les cinq une relation amoureuse.
« C’est quoi cette histoire ? Je rejoins Marin, tu ne manques pas d’air ! »
Blaise se dépêcha de toquer à la porte de Gaïus.  Il n’était pas prêt à être rejeté par un autre membre de leur groupe.
Le colosse ouvrit avec un stylo à la main. Ils le dérangeaient en pleine écriture.
Blaise expliqua leur découverte. Il n’était pas forcément utile de faire une démonstration et Blaise s’attendait à ce que Gaïus lui fasse remarquer, mais ce dernier se pencha et procéda au pillage en règle de sa bouche.
La senteur qui se dégageait du grand corps de Gaïus était intoxicante.
Quand la fusion opéra, Blaise fut frustré : il aurait voulu que le baiser continue.
Queues et cornes poussèrent, mais les ailes blanches restèrent.
Huo écarquilla grands les yeux, la bouche de Marin s’arrondit dans un O parfait.
Céleste et Gaïus étaient tous les deux en Blaise. La lourdeur de la terre s’opposait pourtant à la légèreté de l’air. Le feu avait bien été éteint par l’eau qui avait elle-même cédé à l’air, alors pourquoi ? La logique de la chose échappait à Blaise.
« C’est à rien y comprendre. »
La voix de Céleste.
« En effet. »
Et ça, c’était celle de Gaïus, grave et profonde.
Bizarre ou pas, cette double fusion leur donnait en tout cas l’espoir de parvenir à réunir tous leurs pouvoirs.
Et la perspective de tenter différentes combinaisons en multipliant les baisers, sauf dans le cas de Huo puisqu’il n’aimait pas ça, était plus qu’agréable.
« Tu parles, t’embrasser à tout d’une corvée. » bougonna Céleste.
Comme Gaïus ne réagissait pas, Blaise tendit une main vers Huo.
— Tu veux bien me donner un peu de ta salive ?
Huo cligna des yeux et se remit enfin de sa surprise.
— Pour tester une fusion à quatre ? Bien sûr !

mercredi 11 novembre 2020

Comme les doigts de la main - 43

Huo s’était rematérialisé, et Marin avait fusionné avec lui. Il n’y avait à priori pas de double fusion possible, mais, fait intéressant, il n’était pas non plus nécessaire d’en finir une pour qu’une autre se produise : Huo avait été automatiquement expulsé.
« Je te l’ai dit, nos éléments sont incompatibles. »
C’était vrai et en même temps, il fallait parfois beaucoup d’eau pour venir à bout d’un incendie, songea Blaise. Techniquement, les flammes de Huo auraient pu résister aux flots de Marin.
« C’est impossible, de même que le polyamour. »
Qui existait pourtant de fait, même si Blaise ne s’était jamais imaginé autrement que monogame jusqu’à récemment. De toute façon, l’incroyable était devenu réalité depuis que sa route avait croisé celle de Huo, Marin, Céleste et Gaïus.
« Ce n’est pas pareil. Et dois-je comprendre que tu veux un harem ? C’est dégoûtant. »
— Alors, tu arrives à le convaincre que nous formerions une triade et à terme un quintouple ? s’enquit soudain Huo avec son enthousiasme habituel.
Blaise secoua la tête. C’était même tout l’inverse. Il savait ce qu’il ressentait, mais Marin avait bien le droit de ne pas y croire et de le prendre mal, tout blessant que cela soit.
« Désolé, je ne voulais pas... »
Ah, c’est vrai qu’il avait accès à ses pensées quand ils étaient unis de la sorte. Blaise aurait préféré que Marin puisse lire ce qu’il y avait au fond de son cœur et qu’ils ne fassent plus qu’un d’une toute autre façon…
— Nous devrions montrer à Céleste que ses inquiétudes sur ma petite taille n’avaient pas lieu d’être, dit-il à haute voix pour couper court à son échange avec Marin.
Blaise craignait encore ce que cela allait impliquer au quotidien de n’être pas plus grand qu’une pomme, mais au moins, sur le champ de bataille, cela n’occasionnerait aucun problème et ils pourraient passer de façon fluide d’une fusion à l’autre.
Céleste ne fut pas content qu’ils reviennent le déranger.
— Non, mais à quoi vous jouez encore !? Pas besoin de me remontrer comment tu peux toujours fusionner avec chacun d’entre nous !
Blaise se pencha, quémandant de façon qu’il espérait claire un baiser.
— Cela ne marche pas comme ça, mais si vous débarrassez plus vite le plancher après, allons-y, grommela Céleste.
Après quoi, il l’empoigna par les oreilles et plaqua ses lèvres contre celles de Blaise qui cessa un instant de respirer quand leurs langues se mêlèrent.
Céleste se volatilisa, Marin réapparut en même temps que les cheveux bleus se résorbaient et les ailes blanches duveteuses se formaient.

mardi 10 novembre 2020

Comme les doigts de la main - 42

Marin tourna ses yeux vairons emplis de larmes vers lui ou plutôt eux, Huo et lui étant fusionnés.
Le brun, s’il avait tout du prince glacé en temps habituel, était en fait très sensible.
« Je te le confirme... »
Blaise vint s’agenouiller auprès de lui.
— Tu as retrouvé ta taille, murmura Marin, essuyant ses joues mouillées d’un revers de main.
— Temporairement, oui… Qu’est-ce qui ne va pas ?
— C’est compliqué.
— Explique-moi quand même.
Blaise n’allait pas le laisser dans cet état.
— Pendant le combat, j’ai été moins qu’utile. A part, annuler une des attaques de Huo, je n’ai rien fait et tu as été maudit.
— Il était certain que vous auriez pu mieux vous coordonner…
« Hé ! »
Blaise poursuivit sans s’occuper de l’injonction indignée de Huo :
— Mais comme Céleste l’a fait remarquer, c’est moi qui ait été imprudent et tu m’as évité une chute mortelle ce qui n’est pas rien !
« C’est sûr que tu ferais mieux d’arrêter de nous expulser de ton corps chaque fois que l’ennemi va entrer en contact avec nous. »
Peut-être. Seulement Blaise refusait que ses compagnons souffrent de ses erreurs. Sans compter qu’au final, la première fois, cela avait permis de pulvériser la Paresse.
— Tu es en train de discuter avec Huo, n’est-ce pas ?
— Pas vraiment. Ne sois plus triste à présent.
Blaise caressa le visage strié de larmes de Marin.
— Comment le pourrais-je ? Tu as failli mourir ! Je t’ai perdu au profit de Huo…
Être bouleversé déliait la langue de Marin.
— Je suis bien vivant et moi comme Huo nous souhaitons avoir une relation avec toi.
Marin se redressa à moitié sur son lit, ses longs cils perlés de gouttelettes scintillantes.
— Ne comptez pas sur moi pour pimenter votre vie sexuelle, déclara-t-il d’un ton givrant.
Mince, Blaise avait merdé dans sa formulation.
« C’était pour sûr ambigu ! »
— Mon cœur, tu n’es pas seulement à notre goût...
« Hé ! Je veux aussi que tu me donnes des petits noms comme ça ! »
Marin se lança dans une grande tirade argumentée sur l’impossibilité d’avoir des sentiments amoureux pour plusieurs personnes à la fois.
Il était sérieusement délicieux et Blaise le bâillonna d’un baiser impulsif.
Il sentit Marin fondre au contact de ses lèvres, leurs langues s’entremêlèrent, ses ailes de feu s’éteignirent tandis qu’une cascade de cheveux bleus descendaient sur ses épaules.

lundi 9 novembre 2020

Comme les doigts de la main - 41

Après s’être rendu présentable, Blaise alla frapper à ce qu’il supposait être la porte de Céleste – c’était lui qui avait pris le moins bien la diminution de taille de Blaise.
« Oups ! C’est vrai que finalement, je ne t’ai jamais fait visiter ! »
L’ange ouvrit et exhala un soupir étonné.
— La fusion fonctionne toujours et me permet même d’être à nouveau normal, au moins le temps qu’elle dure, ce qui veut dire que je ne serais à la hauteur face à nos ennemis.
— Cela complique quand même les choses. Tu ne pourras sauter d’une fusion à l’autre sur le champ de bataille comme tu as cru bon de le faire aujourd’hui, rétorqua Céleste.
Décidément, il était dur à contenter. Blaise essaya d’expliquer pourquoi il avait agi de la sorte, mais Céleste le coupa en marmonnant :
— Tu aurais pu enfiler un t-shirt…
« A priori, la vision de ton torse nu le distrait trop. Regarde, comme il a du mal à en détacher ses yeux.»
Vraiment ? Tout ce que voyait Blaise, c’est que Céleste n’était pas satisfait de savoir que tout n’était pas perdu, que les pouvoirs de Blaise pouvaient toujours leur servir.
« Ne te laisse pas miner le moral par son attitude. Être en colère est son mode par défaut. Et d’abord, avec nos belles ailes de feu, porter un haut est délicat, hormis peut-être un tablier, ce qui serait encore plus sexy, surtout si tu ne mettais que ça ! »
— Je vais aller informer les autres, dit Blaise.
Céleste acquiesça.
— Désolé de ne pas me réjouir plus que ça. Ses malédictions me rendent malades.
Sans plus de détails, l’excuse était un peu légère. Et, comme il n’y avait rien à ajouter pour le moment, Blaise s’en fut toquer chez Gaïus dont la chambre était évidemment tout près de celle l’ange.
Le colosse inspira à fond et utilisa son mobile pour écrire un message : « C’est bon de savoir que nous avons encore une chance de les anéantir. »
Malgré ses mots encourageants, son visage ne manifesta aucune émotion.
« Il n’est pas né silencieux, mais inexpressif, oui. »
Blaise déclara qu’il avait encore à prévenir Marin et le barbu referma sa porte.
Blaise toqua en vain à celle de Marin.
Il allait faire demi-tour, supposant qu’il n’était pas là, jusqu’à ce que Huo suggère de vérifier en usant de son pouvoir.
Blaise céda et vit Marin étendu sur son lit, la tête dans l’oreiller, le corps secoué de tremblements.
Il pleurait. Sans réfléchir, Blaise entra.

vendredi 6 novembre 2020

Comme les doigts de la main - 40

Huo partit en quête de son matériel de couture et de chutes de tissu, mais ne tarda pas à revenir.
Quand il mesura Blaise, il le caressa d’un doigt, l’excitant et l’embarrassant.
Ils n’allaient plus ni pouvoir faire l’amour, ni partager le même lit, et Blaise avait aimé cela les nuits précédentes. Il allait devoir réapprendre à se passer de sa chaleur.
— Je devrais peut-être te garder nu, dit Huo avant de se mettre malgré tout à l’ouvrage.
Il se révéla avoir des doigts de fée.
Une fois Blaise habillé, Huo alla sur le web afin de lui commander tout un mobilier de poupée. Pendant qu’il s’amusait, Blaise, lui, commençait à réaliser à quel point il était fourré dans de sales draps.
Au quotidien, cela allait être l’horreur. Il aurait préféré être muet ou même se transformer en bête une fois par mois plutôt que ça.
Pour le moment, Huo prenait ça bien, mais avoir un petit ami de  poche allait forcément le lasser. Le jeune homme roux aimait le sexe et Blaise n’allait plus pouvoir le satisfaire de ce point de vue-là.
— On devrait rompre, lâcha-t-il.
Huo qui cliquait joyeusement referma le capot de l’ordinateur portable, le posa sur la table de nuit et darda ses yeux jaunes orangés sur Blaise.
— Pourquoi ?
— N’est-ce pas une évidence ? demanda Blaise en pointant son corps de taille réduite. Ses malédictions sont permanentes, si j’ai bien compris.
— Peut-être pas. Les effets des Pêchés ne le sont pas, après tout.
— En attendant, à part jouer à la poupée avec moi, on ne peut plus rien faire…
Une lueur intéressée s’alluma dans le regard de Huo qui se déshabilla avec une grâce toute féline et l’incita à faire de même.
Blaise, bras croisés, refusa.
Huo l’attrapa et ne lui laissa pas le choix. Il était désormais plus fort que lui et pouvait le manipuler à sa guise, ce qui avait un côté humiliant. Mais la situation, elle, était excitante, car impossible d’être indifférent face à des mètres de peau luisante.
Huo passa son index contre le pénis de Blaise, renforçant son érection naissante, puis l’installa contre sa propre verge durcissante.
C’était définitivement différent, mais addictif. Blaise se pressa contre la colonne de chair, la palpant à deux mains.
— Vas-y, continue, l’encouragea Huo.
Blaise frotta tout son corps contre le membre brûlant de Huo avant de concentrer ses efforts sur le point le plus sensible du gland jusqu’à ce que Huo jouisse.
Blaise se prit une douche de sperme. C’était fou. C’était chaud. Il éjacula à son tour dans un râle.
Et soudain, il se mit à grandir, les ailes de feu se déployant dans son dos.
Leurs fluides s’étaient mélangées, la fusion s’était produite avec comme conséquence inattendue, une annulation de la malédiction, ou du moins une suspension temporaire, car Blaise était certain que s’il demandait à Huo de sortir, il reprendrait sa taille de lutin.
« On devrait aller annonça aux autres. »
C’est sûr que c’était une bonne nouvelle.
Blaise se leva, puis contempla son état. Il était nu et maculé de sperme. Un brin de nettoyage s’imposait et puis aussi mettre un pantalon.
« Fais ça si tu veux, mais vite ! Oh, Et ne me parle plus de rupture ! On est ensemble pour le meilleur et pour le pire ! »
Huo était décidément craquant.
« Content que tu le penses ! »