vendredi 18 décembre 2020

Pause de fin d'année + Petits cadeaux

Comme souvent, je fais la pause à la période des fêtes et je reviendrai donc avec la suite de Comme les doigts de la main lundi 4 janvier 2021, mais comme cette année 2020 a été bien moisie, je ne vous laisse pas sans rien.

Je vous montre la couverture de Comme les doigts de la main, même s'il y aura probablement encore quelques modifications dessus :

Et je vous ai mis en ligne deux débuts d'histoire, et ce sera à vous de choisir via le sondage laquelle vous préférez lire en premier en 2021, sachant que de toute façon, l'une comme l'autre devront attendre la fin de Comme les doigts de la main qui n'en a plus pour si longtemps que cela en dépit de mes prévisions initiales... 

Roulements de tambour pour mes deux doubles A :
Amour Alien : Joël n'avait certes pas prévu de se faire enlever par des extraterrestres alors qu'il était travesti en femme, et encore moins d'échouer ensuite sur une planète tropicale où il n'aurait d'autre solution que de prétendre être de sexe féminin auprès des aliens du coin...
Lire les épisodes 1&2

L'Androïde Amoureux : un nouveau lycée, de nouvelles rencontres, et aussi un nouveau frère, Alex, créée de toutes pièces par son père qu'il faut surveiller comme le lait sur le feu, ce dont Jason se serait bien passé...
Lire les épisodes 1&2

PS : je n'oublie pas certains projets dont je vous avais parlé, Bonbon salé, l'histoire de Dominique croisé dans Chocolat Blanc me tourne toujours dans un coin de la tête, de même que Cher Géant..., mais l'inspiration est une drôle de chose... !
D'ailleurs, j'ai encore une troisième nouvelle idée qui a débarqué, une du type fantastique... Mais quand vais-je avoir le temps d'écrire tout cela ? 

MIS A JOUR DU 22 DECEMBRE 2020 : Le sondage ne fonctionnant pas correctement, je l'ai supprimé et je vous invite à plutôt donner en commentaire votre préférence entre Amour Alien et L'Androïde Amoureux !

Amour Alien - 1 & 2

Joël noua ses cheveux blonds mi-longs en queue de cheval avec un chouchou à perle, appliqua un soupçon de mascara, une touche de fard, une bonne dose de fond de teint et une couche de rouge à lèvre rose pâle. Il enfila ensuite une culotte en dentelle rouge, une longue robe en velours noire au haut en bandeau et au bas fendue sur les côtés qui mettait en valeur ses longues jambes rasées de près. Il compléta avec une paire d’escarpins. Pour finir, il accrocha à son cou une chaîne dorée avec pendentif en forme de cœur orné de petites pierres semblables à des rubis.
Il s’admira dans le miroir de la penderie de sa chambre. L’illusion était parfaite ou presque. Il n’avait pas de faux seins, juste quelques soutiens gorges rembourrés qu’il ne portait que  rarement. Ce n’est pas pour autant qu’il aurait osé sortir ainsi vêtu dans la rue. A part peut-être avec l’excuse de se rendre à une soirée déguisée et encore. Non, qu’il aimait s’habiller en femme était son secret à lui. Il ne voulait pas pour autant en être une, mais il aimait le maquillage, les robes, les jupes, la lingerie, les bijoux et les coiffures et il doutait que quiconque le comprenne.
Faire accepter son homosexualité avait déjà été assez compliqué comme ça. Il avait bien essayé de parler de son goût pour le travestisssement à ses petits amis, mais le premier avait été dégoûté et le second avait affirmé qu’il était trans, sans paraître comprendre que Joël était le mieux placé pour savoir ce qu’il ressentait.
Joël avait renoncé au troisième, mais n’avait pas supporté de refouler cette part de lui-même si bien que cela s’était aussi terminé par une rupture. A présent, il était libre de faire comme cela lui chantait à l’abri des quatre murs de son appartement.
Vendeur dans une boutique de chaussures, il s’habillait en journée comme un homme on ne peut plus ordinaire, mais le soir venu, il décompressait en se travestissant.
Devenir autre était reposant et il se sentait sexy habillé en femme. Il choisissait ses vêtements en fonction des tâches qu’il comptait faire. Il possédait tout un tas de tabliers différents, des mignons, des à volants. Parfois il cuisinait, d’autre fois il cousait, mais le plus souvent, il se contentait de s’asseoir dans un fauteuil et jouait sur son ordinateur ou regardait des films.
Il était justement plongé dans une aventure où des extraterrestres envahissaient la Terre quand une large créature violette pustuleuse se matérialisa entre lui et l’écran.
Joël se frotta les yeux. Sûrement, il était à moitié endormi, mais la créature ne disparut pas. Elle darda une baguette sur lui et sans prononcer la plus petite formule magique, projeta une lumière sur lui.
Le corps de Joël se raidit. Il ne pouvait plus battre d’un cil. Impuissant, il ne put même pas émettre un son de protestation quand la chose l’attrapa.
Il y eut un sifflement et ils se retrouvèrent dans un autre endroit – ils s’étaient apparemment téléportés dans un lieu aux couleurs vomitives où d’autres êtres pustuleux rangeaient
des femmes dans de grands tubes transparents fixés sur deux pans de murs.
Il n’y avait aucun homme si ce n’est lui. Son kidnappeur n’avait à priori vu que du feu à son déguisement féminin… et c’était difficile de s’en réjouir en les circonstances.
A son tour, il fut placé dans un tube. Il assista aux allées et venues de d’autres pauvres femmes capturées contre leur gré par ses monstres. Et puis, il sentit de grandes vibrations. C’était à priori le départ.
Ils allaient quitter la Terre sans espoir de retour pour devenir on ne sait quoi : des esclaves, des animaux de compagnies, de la nourriture… Aucun destin n’était attrayant, le pire étant tout de même le dernier.
Le ronronnement du vaisseau, malgré sa terrible situation, finit par endormir Joël. Ce fut une alarme stridente qui le réveilla.
Les créatures pustuleuses semblaient en panique, s’agitant en tout sens, tapotant des boutons, projetant successivement dans la salle des écrans plein de formes étranges et changeantes.
Les secousses étaient de plus en plus violentes. C’était impossible de savoir ce qui se passait au juste, mais cela sentait mauvais pour leurs kidnappeurs comme pour eux. Qu’ils soient en train d’essuyer une attaque d'ennemis ou une pluie de météorites, la catastrophe semblait garantie.  Joël ne pouvait rien faire d’autre qu’y assister paralysé et prisonnier dans son tube. C’était désespérant.
Le vaisseau gémissait, les parois commençant à se fissurer. Les créatures pustuleuses enfilèrent des costumes qui avaient tout de tenues d’astronautes, excepté qu’elles étaient multicolores. Les rats quittaient le navire, abandonnant leur « récolte » d’humains.
Quelques minutes après qu’ils aient disparu de la salle, le bruit de l’alarme fut recouvert par un autre, plus fort.
Un panneau vomitif sauta laissant entrer une sorte de nuage de poussière qui emporta dans un tourbillon des morceaux du vaisseau.
Joël se surprit à prier que les tubes de verre soient bien accrochés. Non pas que cela lui donne vraiment plus de chances de survivre à toute l’aventure, mais cela paraissait une manière terrible de mourir. Non que périr dans un espèce de cercueil de verre soit mieux...
Pendant une éternité au bas mot, le nuage tournoya et puis, tout se figea et se calma. Un épais silence s’abattit sur eux. Dans le tube de verre  sur le mur en face du sien, une femme se mit à cligner des yeux. Joël tenta de bouger, mais sans succès. Au moins, il pouvait désormais espérer que sa paralysie prenne fin d’elle-même. Plus qu’à réfléchir comment s’échapper du tube. Ou pas...
Quelqu’un venait de sauter à l’intérieur de la salle. Un autre type d’alien : grand, cornu, la peau turquoise écailleuse, une queue semblable à celle d’un léopard et une verge de taille tout à fait intéressante… Parce que oui, il était nu, ne portant rien d’autre qu’une lance. 

L'Androïde Amoureux - 1 & 2

Jason jeta un coup d’œil impatient à son frère. Son faux jumeau. Même cheveux noir charbon, même yeux bleus, mais un nez plus droit, mieux proportionné, des lèvres plus pleines, des dents droites et blanches. Il était aussi plus musclé. De quoi être jaloux.
Petite consolation, ce n’était qu’un tas de ferraille, une machine conçue pour ressembler à un adolescent de dix-sept ou dix-huit ans. Son père l’avait nommé Alex.
Il avait travaillé sur l’androïde pendant des années, y consacrant tout son temps libre après la mort de la mère de Jason, sept ans plus tôt. Jason avait  été obligé de s’intéresser à la fabrication de son frère de métal. Et il avait été contraint d’accepter de déménager dans une nouvelle ville où personne ne les connaissait pour que l’androïde fasse ses premiers pas dans le monde comme son jumeau. Pour son père, c’était l’expérience ultime, le dernier stade de son projet.
A présent, c’était le premier jour de la rentrée des classes dans leur nouveau lycée et Jason savait déjà que son faux frère allait lui faire de l’ombre, en plus de l’obliger à jouer le baby-sitter de façon à ce que personne ne découvre la vérité sur Alex, en tout cas pas avant que son père ne juge pertinent de la dévoiler.
— Où se trouve la salle 213 ? grommela Jason.
C’était là que devait se dérouler leur premier cours, mais ils étaient partis pour être en retard.
— Il suffit d’avancer de trois mètres, de tourner à droite, de prendre l’escalier, puis pivoter sur la gauche et marcher 10 mètres, annonça Alex.
Sa voix était une version altérée de celle de Jason, mixée avec celle de son père. Elle était grave et légèrement monocorde.
Jason avait oublié que leur père avait mis le plan de l’établissement dans la carte mémoire d’Alex.
— Tu imites drôlement bien les GPS, dis-donc, lança une voix dans leurs dos.
Jason se tourna et Alex fit comme lui.
Un adolescent noir aux prunelles noisettes se tenait dans le couloir, un pendentif arc-en-ciel autour de son cou, son sac à dos sur une seule épaule.
— C’est un de ses talents, confirma Jason.
Il n’eut pas le temps d’en dire plus, un groupe de trois garçons bruyant débarqua.
— Tiens, si ce n’est pas Valérie ! s’écria le plus grand du trio.
L’adolescent au pendentif arc-en-ciel rentra la tête dans les épaules.
Jason retint un soupir. Super, il y avait des brutes homophobes et probablement racistes dans le lycée !
— Bonjour, moi, c’est Alex !
Ce n’était vraiment pas le moment de se présenter, mais la combinaison de l’emploi d’un prénom avec le fait qu’ils étaient face à des gens jamais rencontrés auparavant avait entraîné cette réponse.
— Vous êtes homo comme Valérie ? demanda l’une des trois brutes de service.
— Ne le sommes-nous pas tous ici ? répondit cet idiot d’Alex.
Il avait pris le mot au sens d’humain et il avait le droit de mentir si c’était pour protéger son secret.
Cela ne plut évidemment pas au trio.
— Ose répéter ça ! On n’est pas gay, nous !
— Vous semblez en effet surtout furieux, reconnut Alex.
Jason gémit intérieurement. Le programme de reconnaissance des émotions fonctionnait, mais    au niveau du sens des mots, c’était la catastrophe. Sans compter qu’Alex ne se rendait pas compte qu’ils les mettaient dans de sales draps.
« Valérie » émit un petit rire. Il y avait au moins quelqu’un qui trouvait cela drôle. Parce qu’aucun membre du trio eux n’étaient amusés.
— Et après, tête de nœuds, tu vas peut-être nous parler de pagaie et de canoë ! lança l’un d’entre eux.
Alex cligna des yeux. Il ne devait pas comprendre la logique de la conversation, ce qui était normal, car il n’y en avait pas vraiment. Les trois garçons étaient juste venus embêter « Valérie » et n’appréciaient pas les blagues involontaires d’Alex.
Jason ne voyait hélas aucun moyen de se dépêtrer de la situation, hormis peut-être s’enfuir en courant.
— On ferait tous mieux d’aller en cours, ce serait dommage de se faire remarquer en mal dès le premier jour, déclara l’adolescent noir.
— Rien à foutre ! s’écria la brute numéro 3, en serrant les poings.
Ses copains n’étaient pas de son avis.
— Allons-y ! Mais vous nous le payerez !
Alex ouvrit la bouche. Il allait sortir une énormité, devina Jason.
— Tais-toi, siffla-t-il entre ses dents tout bas.
L’androïde était capable de percevoir même des sons qu’un humain n’aurait pas entendu et il était programmé pour obéir à Jason. Il ne dit donc rien et les trois brutes les laissèrent.
— J’ai mathématiques en salle 213, vous aussi ?
Jason hocha la tête.
— Au fait, je m’appelle Valérian.
— Enchanté, moi, c’est Jason.
Alex resta muet, sans doute parce qu’il s’était déjà présenté.
Ils ne mirent pas longtemps à atteindre la bonne salle de classe avec leur guide local qui leur apprit aussi que le professeur de maths, Monsieur Sauzz était du genre exigeant.

jeudi 17 décembre 2020

Comme les doigts de la main - 69

— Oui, et je pense qu’avant toute chose, je dois m’habituer à cette fusion à quatre, dit Blaise.
— Pas besoin de moi pour cela, répliqua Marin tristement.
Blaise aurait bien effacé son chagrin d’un baiser, et tenté la fusion à cinq, mais non, cela ne pourrait pas marcher, pas tant que Marin était si peu réceptif.
« Tu devrais l’embrasser, comme tu as fait avec Gaïus » suggéra Huo.
Ce n’était pas le style de Blaise de donner des baisers aux gens qui n’en voulait pas. Sauf cas de force majeure comme avec Céleste lors de la bataille. Ou avec Gaïus un peu plus tôt parce qu’il semblait prêt à se laisser dépérir. Ou bien par impulsion, comme la fois dans la chambre de Marin, ou encore avec Huo, même si ce dernier avait reculé pour l’éviter… Mince, voler des baisers devenait une mauvaise habitude chez lui !!
« Mais non. Tu as bien fait à chaque fois. C’est Marin qui fait suer le monde » marmonna Céleste.
« Ne dis pas ça. Pour non plus, cela n’a pas évident de reconnaître ce que je ressentais à votre égard. Et il a le droit de ne pas nous aimer comme ça » répliqua Gaïus.
« Ou d’avoir des difficultés à admettre qu’aucun de nous le laisse insensible, quoiqu’il prétende ! Moi, je suis certain que le feu couve sous la glace ! »
Pendant qu’ils discutaient, Marin s’éloigna, sa tresse qui n’en finissait pas traînant derrière lui.  Blaise ne le retint pas. C’était trop dur de converser autrement qu’en pensées quand ils étaient aussi nombreux en lui. Hélas, être fusionnés de la sorte était la seule façon d’échanger véritablement avec Céleste et Gaïus et ce, tant que leurs malédictions n’auraient pas pris fin. En gros, rien ne serait résolu avant qu’ils n’anéantissent les Ailes et pour cela, il faudrait que la fusion à quatre suffise.
Marin jeta soudain par dessus son épaule, sans se retourner :
— Vous devriez aller vous entraîner dans le jardin.
— D’accord, bonne idée, dit Blaise.
Obéir à Marin, voilà tout ce qu’il pouvait faire pour l’heure.
« J’espère que tu m’écouteras de la même façon par la suite » dit Céleste.
Il y avait là à ne pas en douter un sous-entendu...
« J’ai chaud, tout à coup ! » s’écria Huo.
Blaise aussi. L’air frais nocturne lui remettrait cependant les idées en place. Ils devaient explorer les différentes possibilités de cette fusion à quatre avant de penser à s’amuser.

mercredi 16 décembre 2020

Comme les doigts de la main - 68

Il le trouva en train d’achever de ranger la cuisine, ses longs cheveux noirs tressés le ralentissant.
Marin demeura bouche bée devant lui. Blaise n’avait pas pu se regarder dans un miroir, mais il savait qu’il avait deux paires d’ailes, des cornes et une queue, avec en prime des oreilles de loup.
Blaise lui expliqua comment ils avaient obtenu ce résultat et Marin se braqua aussitôt.
— Le polyamour, c’est ça votre solution magique ?
Sa réaction doucha en grande partie le plaisir que ressentait Blaise à leur réussite et à l’amour qu’il impliquait entre lui, Huo, Céleste et Gaïus.
Une cacophonie de voix retentit en lui. Mais Blaise était comme sous l’eau, incapable de les entendre. Il ne savait pas comment convaincre Marin, surtout que ce dernier ne semblait pas vouloir l’écouter.
— Je… Nous...
— Non. Ne gaspille pas ta salive. Ce n’est pas le moment de penser à l’amour. Nous devons réfléchir à une stratégie pour nous débarrasser de nos ennemis restants, surtout qu’ils peuvent débarquer à tout moment.
Marin refusait de comprendre que l’amour était essentiel à leur combat. Blaise n’était par ailleurs pas aussi certain que lui que les Ailes puissent retrouver leur trace aussi facilement que cela. Sans ça, pourquoi l’ennemi ne les avait pas attaqués plus tôt ? Non, parce que même en admettant que les Pêchés et les Ailes aient attendu que l’équipe adversaire soit au complet, ce qui aurait été déjà bizarre, car pas avantageux pour eux, cela ne faisait pas sens. Il est vrai que les Pêchés avaient débarqué dans l’appartement de Blaise juste quand ils venaient y récupérer des affaires et que ce mystère-là n’avait pas été résolu avec certitude, mais pour l’attaque de leur demeure principale, Blaise avait une explication plus simple et évidente – Ailes Arc-en-ciel avait prétendu fuir, mais s’était caché non loin et s’était débrouillé pour les suivre jusqu’à chez eux avant d’ensuite se dépêcher de communiquer l’information à ses petits camarades.
— Vous êtes toujours avec moi ? demanda Marin en s’humectant les lèvres.
Un chœur de « oui » retentit en Blaise. La fusion à quatre était spéciale, et loin d’être de tout repos.

mardi 15 décembre 2020

Comme les doigts de la main - 67

Huo qui devait juger qu’il avait assez attendu, ôta soudain son short et dans la foulée, ouvrit la braguette du pantalon de Blaise qui cessa de réfléchir. Il avait mieux à faire, comme profiter de la caresse des doigts agiles de Huo.
Son pénis durcit encore davantage quand la verge de Huo se colla à la sienne, brûlante.
Blaise referma la main sur leurs deux membres réunis pour accentuer la friction. Des grognements de plaisir lui échappèrent. C’était d’ailleurs peut-être autant les siens que ceux de Gaïus.
Huo sentait si bon.
« Et il est si éblouissant. »
Oui, une vraie vision de rêve...
Ils accélérèrent la cadence, jouirent et Huo disparut en Blaise, rejoignant Gaïus.
Le jeune homme roux se mit aussitôt à bavarder avec le colosse, exprimant son bonheur d’être enfin avec lui.
Gaïus lui répondit volontiers.
Blaise les laissa faire, même si ce n’était pas très confortable que la conversation ait lieu dans sa tête.
Au bout d’un moment, Gaïus suggéra qu’ils incluent Céleste.
L’embrasser sous sa forme de chouette ne semblant ni faisable ni tentant, Blaise lui expliqua leur intention.
Céleste alla se poser sur le matelas, signe qu’il était d’accord. Il lui aurait sûrement filé un coup de bec s’il ne l’avait pas été.  
Blaise trouva de quoi s’essuya la main et caressa le plumage de la chouette blanche.
Après la transformation, il pressa ses lèvres contre celles de l’ange, puis plongea sa langue à l’intérieur.
Ses ailes de feu se doublèrent d’ailes blanches. Ils avaient réussi la fusion à quatre ! Céleste aimait donc Huo lui aussi.
« Oui. Juste que physiquement, il n’est pas mon  genre, mais il est craquant dans le genre gamin surexcité qui a besoin d’être discipliné. »
La voix de Céleste ! Il était à nouveau conscient, conséquence bienheureuse de leur augmentation de puissance avec la fusion à quatre.
Huo poussa un cri de joie qui résonna dans le crâne de Blaise.
« C’est quand tu veux, je suis à ton entière disposition. »
« Voilà qui est plaisant à entendre » répondit Céleste.
« Ce que je ne pouvais t’offrir, lui, le peut. » déclara Gaïus.
« Ils nous le donneront tous les deux à toi comme à moi… Je peux bien te l’avouer maintenant, j’étais horriblement jaloux de ton petit copain. Quel était son nom déjà ? »
« Comme si tu l’avais vraiment oublié... » rétorqua Gaïus.
Blaise décida de sortir de la pièce afin de montrer à Marin qu’ils avaient réussi la fusion à quatre.

lundi 14 décembre 2020

Comme les doigts de la main - 66

 « Il suffit de tester. »
Mais Gaïus n’avait pas de sentiments pour Huo ou Marin, si ?
« J’avais surtout peur de mettre un nom sur ce que je ressentais. Ils sont depuis le début mes précieux compagnons de bataille.»
— Nous devrions dire à Marin de nous rejoindre, l’informer… déclara Blaise.
Huo bondit sur ses pieds. Céleste lissa ses plumes.
« Essayons d’abord avec Huo. »
C’est vrai que ce n’était pas la peine de donner de faux-espoirs à Marin. Cela risquait de l’attrister plus qu’autre chose.
— Attends… Tu veux bien me donner un peu de ta salive ? demanda Blaise.
Huo battit des cils et leur lança un regard brûlant.
— Ne pourrions-nous pas plutôt nous frotter l’un contre l’autre ? Enfin, si Gaïus est partant, bien sûr…
« Oh, ce rusé renard... »
Dans la voix du colosse, il y avait un sourire. C’était un oui, devina Blaise.
— Tu as gagné. Gaïus aussi te trouve irrésistible.
— Il y est pourtant très bien parvenu jusqu’à ce que tu rejoignes notre groupe, répliqua Huo d’un ton amusé plutôt qu’incendiaire.
— Il avait besoin de temps après sa rupture, tout ce sexe avec des inconnus… Et tu as tout du petit chaton fragile, expliqua Blaise, espérant qu’il transmettait correctement ce que lui avait confié Gaïus.
Il aurait pu entrer davantage dans les détails, excepté qu’il était convaincu qu’Huo était surtout intéressé par le résultat : entamer une relation amoureuse avec Gaïus et coucher avec lui. Le jeune homme était sensuel et charnel.
— Quoi ? C’est Céleste qui a tout de la poupée de porcelaine, moi, je suis d’une résistance à toute épreuve !
Céleste ne dut pas apprécier la réplique de Huo, car il vint lui donner un coup de bec dans la fesse avant de reprendre le montant du lit comme perchoir.
— Hé !
Que pensait autrement Céleste du tournant que prenait les choses ? Ils devraient attendre pour le savoir, car caresser son plumage ne ferait que le faire sombrer dans l’inconscience.
« Je crains ne jamais pouvoir lui montrer comment je peux être au lit, autrement qu’à travers toi vu ma forme monstrueuse et mes jambes paralysées. »
Blaise refusait de se laisser aller au défaitisme. Ils finiraient par vaincre tous leurs ennemis et annuler toutes les malédictions, surtout s’ils gagnaient en puissance en fusionnant à quatre et, même, dans l’idéal, à cinq. Le problème, c’est que si l’amour était la réponse, tant que Marin continuerait à considérer qu’il était impossible d’aimer plusieurs personnes à la fois, alors cela échouerait.

vendredi 11 décembre 2020

Comme les doigts de la main - 65

 « Huo, ce n’est pas que je ne le trouve pas attirant, mais il a l’air fragile, j’aurais peur de lui faire mal, si je me laissais aller. Quant à Marin, je ne sais, j’admire sa capacité à garder la tête froide… Mais de toute façon, après que mon petit ami ait rompu brutalement, je trouvais plus qu’intelligente sa règle de célibat. »
L’admiration, n’était-ce pas une forme d’amour ? Non, Blaise exagérait parce qu’il mourrait d’envie qu’ils soient tous les cinq ensemble dans une même relation et pas juste unis pour combattre le Vide et ses camarades.
« Ne t’inquiète pas. Tu n’as pas tort. Je ne me suis juste pas laissé aller plus loin dans mon appréciation pour Marin comme pour Huo. De la même façon, j’ai prétendu être satisfait d’être simplement amis avec Céleste et gardé secret mes sentiments naissants pour toi. Je me suis laissé guider par la peur que les choses tournent mal quoique j’entreprenne côté cœur. »
Blaise tiqua. C’était curieux comme ses compagnons étaient chacun dominé par une émotion : Gaïus par la peur, Céleste par la colère, Marin par la tristesse et Huo par la joie.
« Je crois que c’est toi qui les a exacerbés en nous. Non pas que Céleste ne soit pas du genre à tempêter pour un rien, Huo d’un naturel content, Marin réservé et mélancolique et moi, anxieux… Mais depuis que nous t’avons rencontré... »
Blaise eut une illumination. C’était ça le cinquième élément : les émotions !! Il avait réussi à purifier Marin de l’Avarice parce qu’il était désespéré de le faire, même chose pour les autres.
Gaïus valida sa théorie et Blaise s’empressa de transmettre sa supposition à Huo et Céleste.
— Trop cool ! Ton émotion à toi, je parie que c’est l’amour !
« Ce n’en est pas une à proprement parlé, c’est plutôt un combiné de plusieurs... »
Ce qui n’invalidait nullement l’affirmation de Huo. Blaise ébouriffa avec tendresse les cheveux roux.
« C’est peut-être aussi la clef des fusions multiples, plus qu’un ordre particulier. »
Blaise fronça les sourcils. Il les aimait tous et ce n’est pas pour autant que cela avait fonctionné...
« Oui, mais, de mon côté, je n’ai jamais nié aimer Céleste de toute mon âme, seulement renoncé à ce que nous puissions être plus que des amis. »
En d’autres termes, si Gaïus tombait amoureux de Huo et Marin, la fusion à cinq aurait lieu… ?

jeudi 10 décembre 2020

Comme les doigts de la main - 64

« Céleste comme moi, nous sommes trop dominants pour vouloir donner le contrôle à l’autre. Nous avons essayé en vain. Ma prostate n’est pas sensible. La position passive ne me convient pas. Et à lui non plus. Cela ne nous a pas empêché de continuer à nous aimer, mais nous nous sommes chacun efforcé de trouver un bon partenaire. L’arrivée de nos pouvoirs a tout bouleversé cependant… Mon petit ami m’a traité de monstre mutant et je me suis retrouvé à être obligé de coucher avec des inconnus. Le sentiment d’être devenu une machine à baiser m’a rendu malade. Et puis j’ai couché avec toi. J’ai senti que tu étais le bon. Possiblement plus que le compagnon de combat qui nous manquait. »
Blaise n’en revenait pas que Gaïus lui révèle tout ça. Mais les vannes étaient ouvertes et c’était tant mieux. Il était content. Surtout cette dernière phrase...
« Quand toi et Huo, vous vous êtes mis en couple et pour moi, cela a signé la fin de la possibilité de ce quelque chose entre nous. »
Comme Marin. Parce qu’il ne croyait pas au polyamour.
« Sûrement que je manque d’imagination pour un écrivain, mais j’ai toujours cru qu’on avait une seule et unique âme-sœur. Pas deux ou même plus. »
— Je bouille d’impatience de savoir ce que vous vous dîtes, dit Huo.
Il s’était assis sur le lit et Céleste s’était niché contre sa cuisse.
— Promis, je te raconterai, répondit Blaise avant d’inciter Gaïus à poursuivre.
C’était formidable qu’ils discutent enfin à cœur ouvert, même s’il était regrettable qu’il ait fallu une attaque en traître par leurs ennemis pour qu’ils en arrivent là. Enfin, même sans cela, sûrement qu’ils auraient fini par avoir cette conversation un jour. Céleste avait après tout promis de discuter avec Gaïus avant que les Pêchés ne s’infiltrent sous leur toit à la faveur de la nuit.
« Comment ça ? »
Blaise tenta de restituer au mieux l’idée de Céleste, celle ou Gaïus et lui, plutôt que de renoncer à être ensemble, aurait introduit un partenaire pour compléter leur couple, un susceptible de satisfaire des désirs et besoins auxquels eux-mêmes ne pouvaient répondre.
Quelqu’un comme Huo, du genre soumis et passif, ou comme Blaise, versatile. Ou les deux ensemble. Parce qu’entre eux tous, cela collait, Marin compris.

mercredi 9 décembre 2020

Comme les doigts de la main - 63

 « Je me croyais immunisé contre les deux lanceurs de malédiction qui m’avaient déjà touché, si bien que je n’ai pas pris de précaution en me battant contre eux et voilà où nous en sommes. Moi qui suis en permanence dévoré par la peur ces derniers temps, j’ai été bien mal inspiré sur ce coup. J’ai échoué à vous protéger. »
Gaïus n’avait aucune raison de se sentir coupable comme ça. Ils se croyaient en sécurité dans la maison et avaient été pris en traître et alors qu’ils étaient à priori déjà sous l’emprise des Pêchés. Que les choses aient mal tourné n’avait rien d’étonnant. Et puis, au bout du compte, grâce à la fusion à trois, ils avaient réussi à en finir avec les Pêchés et étaient même parvenu à se débarrasser d’un des lanceurs de malédiction, leur permettant de découvrir que la mort de ses oiseaux de malheur mettait fin à leurs malédictions. C’était en quelque sorte l’inverse des Pêchés qui, à moins d’une purification, continuaient à les affecter, même après avoir été anéantis. Et oui, ils avaient également appris aux dépens de Gaïus que les Ailes étaient capables de donner des malédictions supplémentaires...
Mais de quelle peur dévorante parlait au juste Gaïus ? Durant leurs affrontements avec l’ennemi, il ne s’était jamais montré lâche. Au contraire, il s’était toujours interposé entre eux et leurs ennemis.
« Ce qui m’effraie le plus c’est que vous soyez blessés. En comparaison, ce qui peut m’arriver à moi... »
Blaise comprenait bien. Il avait à peu près le même problème. Ce n’est pas pour rien qu’il avait chaque fois expulsé ses compagnons quand un ennemi était sur le point de le toucher.
« C’est surtout en amour que je prends trop de précaution par peur de souffrir encore. »
La façon dont son petit ami l’avait quitté après  qu’ils aient fusionné par mégarde n’avait pas dû aider.
« Ce qui s’est passé avec Céleste non plus. »
Il devait faire référence au couple qu’ils avaient tenté de former quand ils étaient adolescents et qui avait échoué faute de compatibilité dans leurs désirs sexuels.
« Il t’a raconté ? »
Blaise repensa à la manière dont il avait insisté pour fusionner avec Gaïus afin d’annuler les effets de la malédiction nocturne, ce qui n’avait pas complètement marché, mais lui avait permis de passer un long moment avec Céleste. Cela s’était produit il y a deux nuits à peine, mais Blaise avait l’impression qu’il s’était écoulé un monde depuis. La bataille avait créée un avant et un après, comme sa rencontre avec Céleste, Huo, Marin et Gaïus.

mardi 8 décembre 2020

Comme les doigts de la main - 62

— Huo, tu peux venir m’aider à convaincre Gaïus de se nourrir ? appela Blaise d’une voix forte.
Le jeune homme roux arriva aussitôt de son pas souple et léger.
Céleste vint voleter près de lui, comme pour le saluer.
— Peut-être qu’il craint de faire ça salement sous cette forme ? Je vote pour lui donner la becquée !
Gaïus fit signe que non de la tête.
Sans se laisser découragé, Huo s’empara d’une des cuillères sur le plateau-repas, la remplit et se baissa pour la donner à Gaïus qui se détourna.
Impossible de savoir pourquoi il faisait la grève de la faim, car il n’y avait pas de raison que le plat lui déplaise. Hélas, ce n’était pas comme s’ils pouvaient avoir une conversation que ce soit sous cette forme ou l’autre, où il n’était même pas sûr que Gaïus puisse écrire vu qu’avec la malédiction, il avait de grosses mains poilues et griffues. Il n’y avait qu’une méthode pour communiquer de façon efficace, que le colosse en ait envie ou non.
Quasi-sûr qu’il refuserait, Blaise choisit en toute conscience de ne pas demander et Gaïus, pris par surprise, distrait par Huo et sa cuillère, le laissa l’embrasser.
Il avait une langue râpeuse, mais toujours le même enivrant parfum boisé. Museau ou pas, poils ou pas, il était toujours Gaïus.
La fusion opéra.
— Oh, tu as des oreilles de loup ! s’exclama Huo.
Dans le chaos de la bataille, Blaise n’avait pas remarqué cet ajout, qu’il avait ça en plus de ses cornes et sa queue. Les malédictions d’Ailes Velues étaient décidément très fortes, plus que celles des autres. Ceci dit, la pire était celle d’Ailes Translucides. Il ne lui avait fallu qu’un instant pour plonger Céleste dans le coma. Heureusement qu’une fois qu’il avait usé de son venin, il avait apparemment besoin de temps avant de pouvoir s’en resservir, sinon, ils auraient perdu...
« Pourquoi as-tu fait cela ? »
Parce qu’autrement, ils ne pouvaient pas se parler et c’était essentiel.
« Les gestes comptent tout autant que les mots. »
Ce n’était pas faux, mais la parole était quand même bien pratique. Parfois, il était nécessaire de dire les choses.
« Oui… Mais je ne mérite pas de manger. Ours ou créature lupine, je ne suis qu’une grosse bête doublé d’un idiot. »
Blaise avait eu raison de forcer le dialogue. Gaïus déprimait.

lundi 7 décembre 2020

Comme les doigts de la main - 61

Quand il émergea, c’était déjà le soir. Huo n’était plus blotti contre lui dans le lit. Il avait dû se lever. Plus en forme, mais pas encore totalement remis, Blaise se mit debout.
Il trouva Huo, perché sur un tabouret dans la cuisine qui communiquait avec le salon, qui observait Marin qui, malgré ses longs cheveux, terminait de cuisiner avec les provisions qu’il avait eu l’intelligence d’emmener avec eux. Pas d’ours ou de chouette en vue par contre.
Blaise pressa l’épaule de Huo, résista à son envie de faire de même avec Marin et proposa d’amener un plateau-repas aux deux absents. Marin lui indiqua le placard où trouver ce dont il avait besoin, expliquant que c’était une maison qu’il louait meublée.
Après avoir pris le nécessaire, Blaise poussa en douceur la porte de la chambre où étaient installés Gaïus et Céleste.
Sous son impressionnante forme d’ours, le colosse était assis par terre. A l’entrée de Blaise, il poussa un faiblement grognement tandis que Céleste la chouette perchée sur le montant métallique du lit hululait.
Les bols de riz au poulet qu’il apportait n’étaient pas adaptés, réalisa Blaise. Et il n’allait pas pouvoir s’enquérir de comment ils se sentaient.
Blaise déposa sa charge sur le bas du lit. Gaïus en ours lui inspirait toujours de la peur, même si c’était absurde. Il savait bien que le colosse ne lui ferait pas mal.
— De quoi manger, dit-il.
Céleste s’envola et attrapa un morceau de poulet avant de retourner sur son perchoir. Gaïus ne réagit pas.
Bon, d’accord, ce n’était pas pratique avec ses grosses pattes d’ours de se servir dans un bol, mais tout de même…
— Tu n’as pas faim, Gaïus ?
L’ours ferma les yeux et se roula en boule. Blaise doutait qu’il ait vraiment sommeil. Il s’approcha, cœur battant, et caressa la fourrure brune.
Gaïus se métamorphosa dans sa nouvelle forme d’homme-loup. Le pauvre n’était pas gâté entre son mutisme, ses jambes inertes, et son apparence bestiale qui n’avait cependant rien d’affreux. Blaise le préférait d’ailleurs comme ça qu’en gros ours brun.
Il mit un bol sous la truffe de Gaïus qui secoua la tête.
Céleste prit son envol pour se déposer sur l’épaule de Blaise qui résista à l’envie de passer la main dans ses plumes afin d’éviter de le replonger dans son état comateux. Leur actuelle situation était bien compliquée.

vendredi 4 décembre 2020

Comme les doigts de la main - 60

Le corps de Céleste se recouvrit de plumes et changea de forme. La chouette blanche cligna des yeux et hulula.
Oui, sa forme animale, Céleste était conscient. Huo battit des mains.
— J’avais raison, déclara Marin avec arrogance.
Il était plus que temps qu’ils se purifient les uns les autres.
Au moins, contaminé par l’Orgueil, Blaise ne doutait pas de réussir. Il exigea d’être le dernier à être purifié.
Ni Céleste en chouette ni Gaïus en loup-garou n’étaient vraiment en mesure de protester, Huo avait envie d’être le premier et pour changer, Marin ne fit pas d’histoires.
Gaïus tendit ses grosses mains griffues vers Blaise qui crut qu’il voulait être porté dans le jardin afin de pouvoir utiliser son élément.
Comme il tentait de le faire, Huo le détrompa :
— Je pense qu’il souhaite que tu le transformes aussi.
Oui, bien sûr, au moins, sous sa forme d’ours, Gaïus serait capable de se déplacer seul.
Blaise s’exécuta en râlant. Son adrénaline était totalement retombée et la fatigue le gagnait.
Ils se rendirent dans le minuscule jardin heureusement entouré d’une palissade qui les protégerait des regards...
Blaise effectua les quatre purifications à la suite, sans qu’il parvienne à comprendre exactement, quel était ce mystérieux et invisible cinquième élément qu’il projetait sur ses compagnons.
Il fut ensuite à son tour purifié par les flammes de Huo, l’eau de Marin, la terre de Gaïus et le vent engendré par Céleste la chouette. Ils redevinrent enfin raisonnables.
Marin leur suggéra d’aller tous se reposer. Personne n’émit d’objections.
Ils avaient besoin de se remettre de la bataille avant même de discuter de ses conséquences : Gaïus avait semblait-il gagné des malédictions supplémentaires tandis que Blaise avait été libéré de la sienne après avoir tué Ailes Noires...
Ils gagnèrent chacun leur chambre, Marin à pas lents, ralenti par le poids de ses cheveux qui n’en finissaient pas de grandir, Gaïus, dressé sur ses pattes arrière d’ours, Céleste perché sur son épaule.
Qu’ils se séparent ne plut pas à Blaise, mais il n’osa dire quoi que que ce soit. Au moins, Huo restait avec lui.
Blaise pensait ne pas pouvoir s’endormir : tellement de choses s’étaient produites en l’espace de trop peu de temps, mais une fois allongé, le sommeil l’emporta.

jeudi 3 décembre 2020

Comme les doigts de la main - 59

 « Nous ne devrions pas rester ici, dès fois qu’ils ne changent d’avis et reviennent à la charge. »
Blaise rapporta aux deux autres les propos de Gaïus.
Marin se vanta de posséder de nombreuses propriétés dont une maisonnette à quelques kilomètres d’ici qui était actuellement vide parce qu’il avait voulu y effectuer quelques travaux avant de retrouver des locataires.
Le trajet en voiture se déroula dans une ambiance détestable. Huo était comme éteint.
Marin attribua les chambres, une pour lui, une pour Gaïus et Céleste et une pour Blaise et Huo.
Ils avaient la plus petite, ce qui fit râler Blaise. Huo, lui, convoitait la même que Gaïus et Céleste afin de la partager avec eux, mais le colosse s’y opposa.
Blaise, fâché, défusionna.
Céleste se matérialisa à côté de lui, glissant au sol comme une poupée de chiffon. Gaïus version loup-garou s’écroula également, puis il se remit en position assisse avec peine. Ses jambes ne fonctionnaient à priori plus.
Blaise s’en voulut de les avoir expulsés de la sorte. S’il avait prévenu Huo et Marin, ils auraient pu les empêcher de tomber  de toute leur hauteur. Au moins, leurs chutes avait été en partie amorties par le matelas de cheveux de Marin.
Gaïus se traîna jusqu’à Céleste tandis que Blaise s’agenouilla près de lui. Le blond avait l’air si fragile et vulnérable plongé dans ce sommeil artificiel.
— Je ne vois pas comment nous allons pouvoir nous purifier alors qu’il est comme ça, dit Huo.
Et s’ils demeuraient tous sous l’influence des Pêchés, ils allaient continuer à s’énerver les uns contre les autres. Colère, Orgueil et Envie n’étaient pas exactement de bons conseillers.
— Peut-être via la fusion, murmura Blaise sans conviction.
Marin rejeta la possibilité avec froideur.
Blaise contint avec peine son agacement et, le cœur lourd, attrapa les mains de Céleste dans les siennes.
Il était immobile et froid, seul son souffle permettait de savoir qu’il était toujours en vie.
— J’ai une idée, commença Marin avec suffisance.
Gaïus fit claquer ses mâchoires impatiemment.
— Éclaire nos lanternes ! s’écria Huo.
— Blaise pourrait user son toucher pour le transformer en ani...
Avant même que Marin ne termine sa phrase, Blaise pressa ses paumes contre celles de Céleste.

mercredi 2 décembre 2020

Comme les doigts de la main - 58

— Autodétruisez-vous, ordonna Blaise d’une voix tonitruante à leurs ennemis, Gaïus grognant son approbation.
Les Ailés n’obéirent pas, mais les Pêchés, oui. Le gars aux cheveux rouges et les deux élégants types se mirent à se massacrer.
Et trois de moins, songea Blaise avec une sombre satisfaction, en fonçant tel un taureau enragé sur Ailes Noires qui s’était laissé distraire par le combat acharné entre les Pêchés.
Blaise planta ses cornes dans la chair tendre du ventre d’Ailes Noires, lui déchirant les entrailles, un cri inhumain aux lèvres.
Huo reprit sa taille normale, se dressant nu sur le champ de bataille.
Leurs ennemis restants demeurèrent interdits. Ils s’étaient cru les plus forts à tort, perdant du temps à railler et persifler.
Ailes Translucides voulut l’attaquer par derrière, mais Blaise planta en profondeur la pointe de sa queue dans son entrejambe, puis la retira.  
L’homme aux cheveux blancs se tordit de douleur, grommelant :
— Tu ne perds rien pour attendre, dès que ma poche à nouveau venin sera pleine…
Blaise était enragé, il se sentait invincible.
Les jets d’eaux de Marin s’étaient taris, mais Huo avait pris le relais, lançant des boules de feus sur leurs ennemis.
Blaise repartit à l’assaut. Il se débrouilla pour enrouler sa queue autour de la cheville de Bleuet et le projeta sur Ailes Velues avant que ce dernier ne plante ses griffes en lui.
— Maudits Pêchés, grommela ce dernier, en se dépêtrant de son camarade. En fait de nous rendre service en les contaminant au préalable et nous donner l’accès à la maison, ils nous ont compliqué le travail…
Il prit son envol, suivi par Bleuet. Ailes Translucide accompagna leur décision de se replier avec difficulté, les mains toujours plaquées entre ses jambes, assurant qu’il leur ferait payé sa blessure.
Blaise décolla à leur suite.
— Non, reviens ! s’écria Huo, nu et vulnérable au milieu de la cuisine détrempée et noircie, aux meubles renversés et brisés.
« Il a raison. C’est le Pêché d’Orgueil qui te donne l’impression que tu es en mesure de l’emporter... Je suis inquiet pour Céleste. » grogna Gaïus dans sa tête.
— Nous pouvons les battre, c’est maintenant ou jamais, lança Marin.
« Lui aussi a été affecté par le Pêché d’Orgueil. Je le suis aussi d’ailleurs indirectement via la fusion, mais moins fort. Et même si je suis enragé que je voudrais tous les tuer, ce n’est pas possible. Tu es à bout de souffle. »
— S’il te plaît, dit Huo.
Blaise redescendit doucement vers lui et l’enlaça. Huo était plus important que la colère qui l’animait, plus que son envie et sa certitude qu’il pouvait massacrer leurs ennemis ailés. L’opinion de Gaïus comptait et lui aussi, cela le tourmentait que Céleste soit silencieux en lui.

mardi 1 décembre 2020

Comme les doigts de la main - 57

Blaise rejoignit Céleste duquel Ailes Translucides s’était désintéressé, préférant contempler, un rictus aux lèvres, le spectacle que formaient les autres attaquants et leurs victimes.
Blaise fut soulagé de constater que l’ange respirait toujours. Il était comme endormi. Ce devait être la conséquence de la malédiction qu’Ailes Translucides lui avait infligée. Il fallait espérer que Beau au Bois Dormant ou pas, la fusion fonctionne malgré tout...
De toute façon, à situation désespérée, mesure semblable, car pour le coup, leurs ennemis avaient tous les avantages, ce que  Blaise leur enviait avec une férocité qui n’avait rien de naturel – il commençait à soupçonner que  certains Pêchés les avaient touché dans la nuit pendant qu’ils dormaient.
Blaise écarta les lèvres de Céleste et tenta de mêler leurs salives avec sa petite langue. Cela ne semblait pas marcher, mais Blaise persista parce qu’il n’avait que ça comme solution, que ses compagnons criaient pendant que leurs ennemis riaient…
Soudain, il se mit à grandir, ses ailes blanches poussant dans son dos.
Deux Pêchés délaissèrent Marin et se précipitèrent sur lui. Blaise ne put les esquiver, déstabilisé par le fait que Céleste demeurait muet dans sa tête.
Dans l’intervalle qui lui avait fallu pour fusionner, Gaïus s’était transformé en espèce d’homme loup – une aggravation de sa malédiction ? Il était au sol, claquant des mâchoires avec férocité. Ailes Velues et son comparse tout bleu s’acharnaient sur lui, en se moquant de ses efforts, insensibles aux trombes d’eau que Marin déversait sur eux, un Pêché accroché à sa tresse. Huo, devenu tout petit, se battait encore, crachant des mini-flammes sur Ailes Noires qui s’amusait ouvertement de ses efforts, de même qu’Ailes Translucides.
C’était évident qu’ils croyaient avoir emporté la partie et ne faisaient durer les choses que par plaisir. Mais Blaise avait plus envie qu’eux de la victoire. Il poussa un cri terrible et obtint l’attention de tous leurs ennemis.
Il était empli de fureur, d’orgueil et de jalousie, déterminé à vaincre.
Il déchaîna un vent violent qu’il dirigea tout spécialement contre les deux affreux qui malmenaient Gaïus. Il avait juste besoin qu’ils s’écartent le temps d’embrasser Gaïus, museau ou pas !
La diversion fonctionna. Une langue râpeuse se noua à la sienne, un croc coupant lui entaillant la lèvre et la triple fusion eut lieu.