mercredi 31 juillet 2013

Le garçon fée - 41

Neyenje semblait de meilleure humeur que la veille, content même.
Zibulinion, préventivement, préféra tout de même lui présenter des excuses :
– Je suis désolé, je sais que tu avais prévu cette rencontre pour moi et que j'ai tout gâché.
– J'avoue que sur le moment, je n'ai pas compris quand tu as littéralement saboté le rendez-vous que j'avais organisé non sans difficultés. Surtout qu'après, au lieu de pouvoir me consacrer à Nalynaia pendant que tu t'occupais de Sydaunia,  Wylaryla et Nawolida, je me suis retrouvé à jongler avec les quatre ! Cependant, la nuit m'a porté conseil, et j'ai additionné deux plus deux. Ton choix d'aller en forêt avec Folebiol, ton manque total d'efforts pour te faire aimer des fées que j'avais invité et ton empressement à t'en débarrasser... Tu préfères les garçons aux filles, n'est-ce pas ?
– Mais non, mentit Zibulinion, désireux de protéger le secret de sa sexualité tout nouvellement découverte.
– Tu ne veux pas le reconnaître ? Très bien. Je vais quand même te confier quelque chose que je n'ai jamais révélé à personne jusqu'à aujourd'hui. Je trouve les garçons aussi attirants que les filles. Seulement, il y a si peu de garçons fées que je me suis toujours dit qu'en voler à une pauvre fée serait détestable de ma part. Évidemment, ce n'est pas le cas, si le garçon en question fuit pour ainsi dire la compagnie des filles. Alors, cela te tente d'être mon premier petit ami ?
Neyenje ponctua son discours d'un sourire ravageur et se penchant vers Zibulinion qui était figé sous le choc de la révélation, il posa ses lèvres contre celles de l'adolescent et insinua sa langue dans sa bouche.
Interdit, Zibulinion subit la chose, se sentant de plus en plus à l'étroit dans son pantalon, au point de presque regretter de ne pas porter de robe...
Enfin, Neyenje s'écarta légèrement, mais pour mieux repartir à l'assaut. Cependant, cette fois, Zibulinion réagit et recula.
– J'aime quelque d'autre, balbutia-t-il.
– Cela m'est égal. Je ne suis pas du genre à réclamer l'exclusivité. Tu apprécies quand je t'embrasse, c'est ce qui compte, dit Neyenje en jetant un coup d'œil à l'entrejambe de Zibulinion qui rougit violemment.
Il avait du mal à croire qu'il ne rêvait pas. Ce coin de la bibliothèque était propice aux hallucinations...
– Mais je suis moche, tu ne peux pas t'intéresser à moi...
– Il y a de la beauté dans la laideur, Zibulinion. Et tu as tout ce qu'il faut où il faut...
Neyenje, au lieu de se contenter de regarder, effleura l'érection de Zibulinion. C'était à peine une caresse, et à travers l'épaisseur d'un jeans et d'un caleçon, mais cela suffit à Zibulinion qui avait été excité à plus d'une reprise les jours précédents. Il éjacula dans un frisson et devint encore plus rouge et gêné qu'il ne l'était déjà.
Ce fut au tour de Neyenje d'être surpris.
– Tu es un grand sensible, dis-donc...
Zibulinion cacha son visage brûlant de honte entre ses mains, priant pour se réveiller de ce mauvais rêve.

mardi 30 juillet 2013

Le garçon fée - 40

Les quatre fées auraient sûrement acceptées de ne pas quitter le parc de l'école pour les beaux yeux de Neyenje, si Zubilinion n'avait pas réduit les efforts du jeune homme à néant en les poussant tous à aller s'amuser au village : non, vraiment cela ne le dérangeait pas, ce serait pour une autre fois, quand il saurait se servir de ses ailes...
Et finalement, Neyenje prit son envol avec les quatre filles.
Zibulinion leur fit au revoir de la main, quand bien même plus personne ne le regardait, si ce n'est Neyenje qui avait sans doute des scrupules à le laisser. Il ne pouvait pas savoir que l'adolescent était soulagé de ne plus avoir à discuter avec toutes ces filles aux prénoms terminant par a qui n'en avaient rien à faire de lui...
Il bouquina tout le reste de la journée à la bibliothèque, ne s'interrompant que pour aller manger.
Après le dîner, il consacra un long moment à l'œuf, le pot et la pièce avant de partir se laver.
En sortant de sa douche, il vit Neyenje qui fonçait droit sur lui. Zibulinion se sécha plus vite que jamais pour enfiler sa chemise de nuit, n'ayant aucune envie de discuter alors qu'il était dans le plus le simple appareil, surtout que cela s'annonçait houleux.
– Je crois qu'il faut que nous ayons une petite discussion toi et moi entre quatre yeux.
– Vraiment ? souffla Zibulinion, tout en remarquant que les autres garçons fées présents dans la salle d'eau les regardaient.
– Tu me dois bien ça. Rendez-vous tu sais où à la bibliothèque demain matin, d'accord ?
Zibulinion acquiesça. Une part de lui aurait préféré que Neyenje se fâche ici et maintenant, quitte à créer des remous, mais d'un autre côté, ce sursis le soulageait et évitait que Juycylli ne leur tombe dessus.

Zibulinion dormit mal, et las de se tourner et se retourner dans son lit, quitta dès l'aube le dortoir sur la pointe des pieds. Ses pas le portèrent tout naturellement vers la bibliothèque qui semblait ouverte de jour comme de nuit.
Toujours affamé par le régime qu'on lui faisait suivre, il ne manqua pas la cloche du petit déjeuner et son orange dévorée, repartit à la bibliothèque où il s'enfonça dans les rayonnages jusqu'à retrouver l'endroit où il avait surpris Neyenje et la fée rousse. Repenser à toute la scène l'embarrassa, et il se mit à lire le titre des tranches de livres pour se vider l'esprit. Il y avait là des ouvrages qui avaient l'air captivant même s'ils étaient destinés au 12ème année.
Il caressait l'idée d'en prendre un et de le feuilleter quand Neyenje apparut au bout de la rangée.

lundi 29 juillet 2013

Le garçon fée - 39

Zibulinion qui n'avait qu'un fruit à manger fut le premier à arriver à la fontaine.
Il rêvassait, imaginant que c'était Folebiol qu'il attendait quand une adolescente aux ailes pailletées vint s'asseoir sur le bord de la fontaine à côté de lui.
– Salut, moi c'est Nawolida. Je suis en 10 ème année. T'es Zibulainon ?
L'adolescent ne corrigea pas son nom écorché et hocha la tête.
– De loin, t'avais l'air bizarre. De près, c'est pire.
Cela commençait mal, songea Zibulinion, priant pour que Neyenje ne tarde pas.
Deux autres fées se dirigèrent vers la fontaine. Blondes et élancées toutes les deux, elles portaient de courtes robes étoilées.
Quand elles furent toutes proches, Zibulinion put entendre celle de droite dire à celle de gauche :
– Pour une fois que les rumeurs sont vraies...
Là-dessus, les deux fées piquèrent un fou rire sans nul doute aux dépens de Zibulinion.
Elles interpellèrent ensuite l'adolescent sans façon, au moins sans se tromper sur son nom et se présentèrent. Elles s'appelaient respectivement Wylaryla et Sydaunia, et étaient toutes deux en 11ème année, dans la même classe que Neyenje.
Après ça, la conversation mourut. Et au bout d'une minute Sydaunia se plaignit :
– Neyenje, nous avait dit que tu étais amusant, mais tu es muet comme une tombe.
– Il n'a rien pour lui, je crois, enchérit Nawolida.
Zibulinion se demandait ce qui le retenait de les planter là toutes les trois quand Neyenje arriva enfin avec la fée rousse de la bibliothèque pendue à son bras.
– Alors, c'est bon, vous avez fait connaissance ?
Nawolida,  Wylaryla et Sydaunia opinèrent et eurent tôt fait d'entourer Neyenje. C'était à se demander si elles avaient été vraiment curieuses de voir de plus près Zibulinion ou si elles n'étaient pas venues juste pour faire plaisir à Neyenje. Zibulinion resta en retrait sur le bord de la fontaine. Mais Neyenje ne l'entendait pas ainsi et il se débrouilla pour l'inclure en allant s'assoir à côté de lui. Il essaya aussi de le faire parler, et y réussit, mais Zibulinion cessa vite, voyant qu'il ennuyait les quatre filles fées.
– Bon, on va au village maintenant ? demanda la fée rousse.
– On est bien ici aussi, répliqua Neyenje avec un sourire.
– On serait encore mieux attablés devant un bon milkdine au café, objecta Sydaunia.
– Trois coups d'ailes et on y est, approuva Wylaryla.
Zibulinion qui savait être incapable de seulement décoller du sol, comprit pourquoi Neyenje cherchait à demeurer sur place.
– Je ne sais pas encore voler, mais vous pouvez y aller sans moi, déclara Zibulinion.
Il était inutile de prolonger cette mascarade plus longtemps.
Neyenje n'était pas de cet avis et tenta de convaincre tout le monde que pour bavarder, la fontaine de la naïade valait bien le café du village féerique.

vendredi 26 juillet 2013

Le garçon fée - 38

Xylvania s'approcha de lui et d'une voix douce, dit :
– Si cela ne te dérange pas, pourrais-je examiner tes ailes ?
Zibulinion hocha la tête.
La professeur de soins palpa les ailes de l'adolescent avec précaution, s'enquérant à plusieurs reprises de si cela lui faisait mal, mais ce n'était jamais le cas.
Finalement, elle le relâcha, son visage reflétant sa perplexité.
– Elles semblent saines, mais leur aspect est quand même étrange... Je suis désolée si cet examen t'a été désagréable.
– Non, c'est bon...
Il aurait pu le refuser et c'était dur de se fâcher contre quelqu'un qui se montrait aussi délicat. Il se serait juste bien passé d'être une fois de plus différencié du reste de ses camarades.
– Allez, je te libère. A la semaine prochaine.
Zibulinion partit aussitôt à la bibliothèque où il lut jusqu'à la cloche dîner.
Le réfectoire lui parut moins rempli que les autres soirs et il eut tôt fait de comprendre que ceux qui rentraient chez eux le week-end étaient déjà partis. Il n'y avait pas réfléchi et il regretta de ne pas avoir dit au revoir à Folebiol et à son petit frère.
A la table des premières années, il se retrouva isolé en bout de table, Joathilde ayant également dû rentrer chez elle pour le week-end.
Au dortoir, c'était aussi bien vide et sans Folebiol, Zibulinion se sentait triste. Malheureusement pour lui, le fée brun était de ceux qui passaient le week-end sur place et en revenant de sa douche, Zibulinion l'entendit ricaner avec un autre garçon à propos de sa mise à l'index par la professeur de dessin.

Le samedi matin, la cloche sonnait beaucoup plus tard et Zibulinion qui n'osait quitter le dortoir de peur de déranger les garçons fées qui dormaient encore, commençait à s'impatienter quand elle retentit enfin.
Il ne mit pas longtemps à se lever et s'habiller, enfilant avec bonheur un pantalon, les vêtements de tous les jours étant autorisés à l'école durant le week-end.
Neyenje qui émergeait tout juste l'interpella à travers le dortoir et se fit sermonner immédiatement par Juycilli tandis que Zibulinion passait dans la partie fée de rêves de la pièce pour savoir ce que Neyenje lui voulait.
– Après le petit déjeuner, rendez-vous à la fontaine à la naïade dans le parc, d'accord ?
Zibulinion avait presque oublié que Neyenje devait lui présenter des filles. Il aurait largement préféré bouquiner à la bibliothèque, il promit néanmoins d'y être parce qu'il savait que Neyenje avait organisé ça avec les meilleures intentions du monde.

jeudi 25 juillet 2013

Le garçon fée - 37

Le lendemain matin, Zibulinion se réveilla à l'aube avec une érection avant même de regarder Folebiol qui dormait à moitié dénudé, serrant entre ses bras et ses jambes sa couette comme si elle avait été une personne.
Zibulinion aurait donné cher pour être à sa place, et s'imaginer ainsi étreint par Folebiol l'excita davantage qu'il ne l'était.
Il ne s'était encore jamais vraiment masturbé de sa vie, mais il commençait à comprendre l'envie de se soulager, de se libérer de ce trop plein de désir qui gonflait son sexe.
Il mit longtemps à se calmer et, comme les autres matins, dès que la cloche eut sonné, il préféra filer au plus vite.
Au petit déjeuner, il termina son orange bien avant que Zurmmiel et Joathilde n'eurent bu leur bol de lait. Il avait encore faim et aurait bien mangé encore un autre fruit. Le régime qu'on lui faisait suivre était excessivement sévère.
Comme premier cours de la journée, ils avaient dessin. Zibulinion qui avait été rendu optimiste par la journée de la veille fut bien déçu. La professeur de dessin avait un sens prononcé de l'esthétique et comme la professeur d'élégance, elle lui demanda de ne plus paraître devant elle avant que « ses formes grossières ne se soient affinées. » Une boule dans la gorge, Zibulinion se réfugia à la bibliothèque et suivit seul les instructions du manuel de dessin féerique.
Il retrouva ses camarades de classe en cours de couture où la professeur le laissa assister au cours sans commentaire, se contentant de lui lancer quelques regards étranges. Zibulinion se révéla maladroit en couture : il était loin d'avoir les « doigts de fée » que la professeur se faisait fort de leur donner.
A midi, son assiette de carottes coupées en rondelles accompagnée d'une pomme le laissa affamé et c'est l'estomac gargouillant qu'il entra dans la serre où se déroulait le cours de flore.  Au milieu de la profusion de plantes communes et exotiques, les tables et les chaises semblaient être une anomalie. La professeur dotée de longs cheveux noisette et de grands yeux bleu-verts, avait un air familier.
Cela se sentait qu'elle adorait les plantes et elle se montra sévère quand une des fillettes renversa par mégarde un pot, abîmant l'arbrisseau qu'il contenait. Elle traita Zibulinion comme un élève normal, ni plus ni moins, si bien que l'adolescent put apprécier le cours, même s'il regretta que la professeur suive de trop près le manuel. Il avait comme une sensation de déjà-entendu.
Puis ce fut l'heure du dernier cours de la semaine, celui de soins.
La professeur Xylvania était très jolie, tout en pastel avec de centaines de minuscules perles dans les cheveux. Elle était très chaleureuse et présenta son cours avec enthousiasme. Il y avait un côté cours de biologie avec la découverte du corps humain, mais aussi psychologique et médicinal au cours de soins. Zibulinion, fort intéressé, prit de nombreuses notes.
A la fin du cours, l'adolescent qui était content d'être passé « inaperçu » auprès de la professeur, déchanta quand Xylvania lui demanda de rester parce qu'elle souhaitait lui parler. Les camarades de classe de Zibulinion chuchotèrent entre elles et toutes traînèrent pour quitter les lieux, sans doute curieuses de savoir ce que la professeur avait à dire à l'adolescent. Cependant, Xylvania attendit  patiemment qu'il n'y ait plus qu'elle et Zibulinion dans la salle de classe.
L'adolescent était sur les nerfs quand ils se retrouvèrent enfin seuls. Qu'est-ce qu'elle lui voulait ? Allait-elle lui débiter des horreurs comme la professeur d'élégance ou celle de dessin ? Pourtant, elle paraissait si gentille...

mercredi 24 juillet 2013

Le garçon fée - 36

Le cours de vol des 9ème année avait une toute autre allure que celui des 1ères. Tous les élèves étaient hauts dans les airs, et certains faisaient même d'impressionnantes acrobaties dans le ciel sous la surveillance de la professeur de vol.
Zibulinion repéra instantanément Folebiol et ses ailes brillantes qui volait gracieusement. Zurmmiel, dès qu'il eut vu son grand frère, agita vivement les deux bras. Folebiol lui adressa en retour un petit signe de la main. La professeur de vol fonça sur lui, puis descendit en piqué vers eux.
– Je tolère que vous regardiez, mais ne distrayez pas mes élèves. Vous gênez mon cours.
– Pardon, s'excusa Zurmmiel avec une petite moue contrariée.
– Oui, madame, murmura Zibulinion.
– Si vous avez compris, tant mieux, répondit la professeur de vol. Et si vous avez du temps à perdre, faîtes de l'exercice et musclez vos ailes, ajouta-t-elle à l'intention de l'adolescent avant de rejoindre ses élèves.
Zibulinion acquiesça la mort dans l'âme, enviant les fées qui n'avaient pas de mal à quitter le plancher des vaches.
– J'ai juste fait coucou, marmonna Zurmmiel.
– Je crois qu'il est préférable que nous allions ailleurs.
– Où ?
– A la bibliothèque, par exemple.
Zurmmiel poussa un énorme soupir. Les livres, ce n'était pas son truc.
– Ou bien, chacun retourne à son dortoir pour s'occuper des objets qui nous ont été confiés par la directrice.
Le garçonnet ne parut pas plus enthousiaste que ça, mais il se mit à raconter comment l'un de leurs camarades de classe avait égaré sa pièce. Lui, il s'en moquait, car de toute façon, il ne prenait soin que de l'œuf. Il voulait être un fée des bois comme son frère et ses parents.
Zibulinion doutait qu'on puisse ainsi choisir de sa spécialité, mais ne détruit pas les illusions de Zurmmiel. Il n'avait que 7 ans et d'ailleurs, c'était également idiot de la part de Zibulinion de chercher à le faire étudier à tout prix, sans le laisser profiter de l'absence de devoirs. Ce n'était pas de sa compagnie dont le garçonnet avait besoin, mais celles de garçons de son âge avec qui il pourrait jouer. Subtilement, il lui suggéra de retrouver les autres garçons fées de sa classe. Zurmmiel ne fut d'accord qu'une fois qu'il eut compris que Zibulinion tenait, aussi incroyable que cela puisse lui paraître, à s'enfermer dans la bibliothèque.
Le nez plongé dans les bouquins, le soir arriva vite. Après un dîner frugal et une douche express, Zibulinion put bavarder un moment avec Folebiol qui voulait absolument savoir ce que l'adolescent avait pensé de Relhnad.
– C'est un bon professeur. Il sait rendre son cours clair et intéressant.
– Tu es bien le premier que je connaisse à ne pas commencer par dire qu'il est beau ! s'exclama Folebiol.
– Il l'est, mais...
Zibulinion s'interrompit. Il ne pouvait pas dire qu'aux longs cheveux blonds comme les blés du professeur Relhnad, il préférait ceux fauves de Folebiol.
– Mais quoi ?
– Tout le monde l'est dans cette école.
Sauf moi, compléta mentalement Zibulinion.
– Pas autant que lui, soupira Folebiol.
Il devait penser à elle, cette fée adolescente veinarde qu'il aimait...

mardi 23 juillet 2013

Le garçon fée - 35

Zibulinion qui manquait de pratique après trois jours sans s'en servir eut encore plus de mal que d'habitude à le lancer et ses ailes disparurent avec un temps de retard par rapport aux autres.
Il regarda le professeur, persuadé que ce dernier allait commenter ce fait, mais Relhnad continua son cours comme s'il n'avait rien vu. Il ne fit également aucune remarque, quand après avoir demandé à ce qu'ils rendent leurs ailes visibles, Zibulinion fut cette fois encore bon dernier.
L'adolescent finit par se détendre et profiter du cours. De sa voix enchanteresse, le professeur de sorts exposa les bases de la magie où rien n'était fondamentalement impossible, si ce n'est que chaque fée disposait d'une quantité d'énergie limitée par jour et que la baguette permettait d'en économiser, amplifiant certains sorts et devenant indispensable pour la magie coûteuse en énergie.
Zibulinion avait déjà lu tout ça dans ses manuels de cours, mais Relhnad avait une façon de présenter les choses qui les rendaient simples.
Au final, Zibulinion ne vit pas passer le cours et fut surpris quand le prof annonça que c'était terminé pour aujourd'hui.
Il quitta la salle en compagnie de Zurmmiel et Joathilde pour se rendre en cours de minéralogie.
Le professeur Yalopong portait une chemise en dentelles et un pantalon, chose que Zibulinion lui envia, en dépit des lunes colorées qui l'ornaient. A son annulaire, brillait un gros anneau d'or qui proclamait qu'il était marié. Cela faisait à peine cinq minutes qu'ils étaient installés dans la salle de classe où toutes les tables et chaises étaient en marbre que  Yalopong mis tout le monde dehors pour qu'ils aillent collecter des cailloux dans les bois où il donna son cours.
Lui non plus ne fit pas sentir à Zibulinion qu'il n'était pas à sa place en première année, si bien qu'au déjeuner, Zibulinion mangea sa salade de tomates dépourvue de tout assaisonnement le sourire aux lèvres. Après tous ses cours désastreux, cela faisait du bien que tout se déroule normalement, sans qu'il soit exclu ou critiqué.
Durant le repas, par curiosité, il interrogea Zurmmiel et Joathilde pour savoir quels sorts ils connaissaient. Les deux enfants mentionnèrent tous les deux le sort d'apprentissage de lecture qui étonna Zibulinion. Lui, il avait appris à la manière laborieuse et humaine en première année de primaire, sa mère ne lui avait pas dit qu'il en existait une autre. Le petit garçon comme la fillette étaient aussi capables tous les deux d'allumer des lampes sans toucher à l'interrupteur.
Joathilde, en prime, savait chasser les monstres de sous son lit. Zibulinion faillit rétorquer qu'ils n'existaient pas, puis se ravisa. Ce n'était pas parce qu'il croyait que ce n'était qu'une histoire qu'ils ne pouvaient être une réalité. Comme les fées pour les humains.
L'après-midi, la professeur de géographie comme l'avait fait la professeur de mathématiques suggéra à Zibulinion de ne pas assister aux cours des premières semaines qui étaient basiques et dont le contenu, à son âge, devait déjà lui être connu. Il n'y eut en revanche pas de problème avec la professeur de faune qui n'eut que la maladresse d'admirer les yeux de chouettes de Zibulinion. L'adolescent ne fut cependant pas le seul à bénéficier de ce genre de « compliment » : telle fillettes avait des ailes de papillon, telle autre des yeux de chat...
Le jeudi, à partir de 16 heures, ils étaient libres. Zibulinion comptait se rendre à la bibliothèque, mais se laissa convaincre par Zurmmiel d'aller dans le parc voir le cours de vol des 9ème année. Le petit garçon avait bien sûr eu cette information par Folebiol et Zibulinion ne pouvait résister à la perspective de le voir voler. Joathilde ne les accompagna pas, entraînée ailleurs par une fille de leur classe avec qui elle commençait à sympathiser.

lundi 22 juillet 2013

Le garçon fée - 34

Ce matin-là, ce ne fut pas les oiseaux qui le réveillèrent, mais la cloche. Folebiol qui s'étirait lui souhaita bonjour en baillant. Comme la veille, Zibulinion se dépêcha de s'habiller et de descendre au réfectoire. Il fallut qu'il explique à Joathilde et Zurmmiel qui eurent de la peine à le croire que s'il avait sauté le dîner, c'était accidentel et non voulu.
Après avoir mangé une pomme farineuse, il lorgna avec envie sur les tartines à la confiture de ses camarades de table, attendant qu'ils aient fini pour se rendre avec eux en cours de sorts, comme indiqué sur l'emploi du temps.
La salle 64 où devait avoir lieu le cours avec le fameux Relhnad avait une décoration étonnement sobre en comparaison des autres. Les tables peintes en bleu ciel assorties aux chaises étaient disposées en demi-arc de cercle en face d'un mur d'une blancheur immaculée. Le sol était également blanc et dépourvu d'aspérités.
Ils s'assirent tous, Zibulinion privilégiant le dernier rang comme toujours, imité par Zurmmiel et Joathilde.
Le professeur apparut alors sans fumée ni effet d'aucune sorte comme sorti du néant. Même pour un fée, il possédait une beauté extraordinaire. Il était grand sans pour autant être un géant, longiligne mais non dépourvu de muscles. Ses cheveux, d'un blond rayonnant ruisselaient sur ses épaules et entouraient son visage albâtre d'un halo d'or. Ses yeux d'un bleu profond pailletée d'argent étaient ourlés de longs cils qui lui conférait une regard ensorcelant. Sur ses lèvres pâles flottaient un sourire mystérieux. Et pour parachever le tout, il avait des ailes azurées bordées d'un jaune lumineux.
– Bienvenue en cours de sorts ! Je m'appelle Relhnad et je vais vous enseigner tout ce qu'il faut pour faire de la magie avec ou sans baguette.
Sa voix ne gâchait rien. Elle était mélodieuse et pure comme du cristal.
En bref, il était plus que compréhensible qu'il fasse des ravages, mais Zibulinion le trouva tout de même moins charmant que Folebiol.
Les petites fées, elles, étaient captivées et pour une fois, aucune ne regardait Zibulinion, ce qui était un vrai soulagement pour l'adolescent.
– Pour commencer, vous allez m'écrire sur le papier que je vais vous distribuer tous les sorts que vous êtes capables de mettre en application, continua Relhnad.
Là-dessus, levant la main, il murmura des mots incompréhensibles et des avions en papier semblèrent sortir de la manche de sa robe bleue nuit piquetée de petites lunes, s'envolèrent au plafond, se posèrent chacun devant un élève et se déplièrent, redevenant une simple feuille.
Zibulinion eut tôt fait de lâcher son stylo. Il ne maîtrisait qu'un sort : celui qui consistait à masquer ses ailes. Autour de lui, en revanche, cela écrivait sans discontinuer.
Le professeur de sorts attendit un moment, puis après avoir confirmé que tout le monde avait terminé, ramassa le tout magiquement et les feuilles comme animées d'une vie propre rejoignirent sa main. Il les passa en revue à une allure surnaturelle et expliqua qu'il s'agissait d'un sort de lecture rapide qu'ils n'apprendraient qu'en douzième année, car il nécessitait une grande pratique de la magie, une bonne dose de précision ainsi que la sagesse de ne pas en abuser au cours de ses études. Il enchaîna sur le fait que, comme prévu, le seul sort que tous maîtrisaient était la dissimulation des ailes de fées et leur demanda de le mettre en application.
Zibulinion qui manquait de pratique après trois jours sans s'en servir eut encore plus de mal que d'habitude à le lancer et ses ailes disparurent avec un temps de retard par rapport aux autres.

vendredi 19 juillet 2013

Le garçon fée - 33

La mention des devoirs poussa Folebiol à quitter le bois pour retourner à l'école. Zibulinion n'en avait pas encore, du moins pas à sa connaissance puisqu'il avait été exclu de certains cours, mais Folebiol, oui. Ils se rendirent ensemble à la bibliothèque où ils s'assirent à la même table de travail, l'un en face de l'autre.
Zibulinion s'aperçut assez vite qu'il avait du mal à se concentrer avec Folebiol en face de lui. Il arrivait à lire, mais sans vraiment entrer dedans. Régulièrement, il levait les yeux vers l'adolescent aux cheveux fauve dont le visage studieux le fascinait.
Craignant que Folebiol ne remarque son manège, il finit par le laisser à regret pour gagner le dortoir où il comptait achever la lecture des manuels scolaires restants.
Avant de se lancer, il joua avec sa pièce, encouragea la graine plantée dans le pot à pousser et récita à mi-voix une poésie à l'œuf.
Dans le calme du dortoir déserté en ce beau mercredi après-midi, à mesure qu'il tournait les pages, il perdit la notion du temps, oubliant toutes ses peines et soucis.
Il était tellement captivé par ce qu'il lisait qu'il n'entendit pas la cloche et ne fit pas attention au retour en masse des garçons fées après le dîner. Ce fut Folebiol qui le tira de sa lecture, en se penchant vers lui pour voir ce qu'il lisait.
– C'est mon vieux manuel de littérature qui te passionne autant ? Tu ne vas pas te doucher ? Il est presque 21 heures.
Les battements de cœur de Zibulinion s'accélérèrent tandis que la réalité reprenait ses droits.
– Si, si, bredouilla-t-il, tout en prenant conscience qu'il avait manqué le repas du soir et qu'il avait faim, se rappelant dans la foulée de la mise en garde de sa mère et son beau-père.
Folebiol s'était redressé, mais il le regardait avec une intensité troublante de ses grands yeux émeraudes qui avaient de quoi faire perdre la tête, quand bien même Zibulinion savait qu'il ne fallait pas qu'il s'imagine quoique ce soit parce qu'il ne pourrait être que déçu.
Le « est-ce que ça va » plein de sollicitude de Folebiol le lui confirma.
– Euh oui. Merci de m'avoir rappelé l'heure.
Il se leva, prenant soin de remettre en place le manuel dans le placard avec les autres avant de récupérer ses affaires de douche.
Dans la salle d'eau, la vue de Waltharan qui sortait tout ruisselant de sa douche le fit déglutir et il se dépêcha de détourner les yeux, s'en voulant du trouble que cela faisait naître chez lui. Ce qu'il ressentait pour Folebiol ne le rendait pas insensible à la beauté des autres garçons fées, surtout dans leur glorieuse nudité.
– Pas trop dur la mise au régime ?
Zibulinion se figea. Waltharan s'adressait à lui, le doute n'était pas permis. La même question posée par le fée brun aurait été blessante, mais pas dans la bouche de Waltharan. Son ton n'avait rien de sournois ou moqueur, c'était comme dans le bus au sujet de son apparence et des sorts d'illusion, sans arrière-pensée. Il n'était pas plus conscient qu'engager une conversation alors qu'il était tout nu en train de s'essuyer doucement avec sa serviette éponge pouvait être gênant pour son interlocuteur, même entre garçons. Et surtout pour Zibulinion.
– Ça  va.
– Elle est pénible la prof d'élégance. A un moment, elle voulait que je coupe ou que je teigne ma mèche blanche alors qu'elle est naturelle.
– C'est une bonne chose qu'elle m'ait dispensée de son cours, alors.
– En un sens, tu es un veinard, oui.
– Bon, je vais prendre ma douche, coupa Zibulinion, ne se sentant pas de continuer plus longtemps cette conversation avec un Waltharan qui séchait son corps avec une lenteur perturbante.
Waltharan, louée soit Dame Nature, ne le retint pas.
Après une douche rapide, Zibulinion se remit à lire pour ne plus penser à rien, ni aux professeurs, ni à la beauté des garçons fées qui l'entouraient, et surtout pas à Folebiol amoureux d'une fille qui était en train de bavarder avec le seul autre garçon fée  des bois de son âge.
Juste après l'extinction des lampes, Neyenje arriva et se fit à nouveau disputer par Juycilli, puis ce fut le silence.
Zibulinion qui craignait de ne pas arriver à s'endormir, sombra rapidement, rattrapé par la fatigue du cours de vol.

jeudi 18 juillet 2013

Le garçon fée - 32

– Tu as repéré la souris ? demanda Folebiol, désignant un buisson non loin.
– Non, avoua Zibulinion.
– Tu apprendras ce genre de chose en cours de faune.
Zibulinion soupira. Aucun de ses cours ne s'étaient vraiment bien passés et il appréhendait ceux qui lui restaient à découvrir.
– Tu t'ennuies ? Tu regrettes de ne pas avoir accepté la proposition de Neyenje ?
– Hein ? Non, pas du tout. C'était juste que j'ai du mal à m'enthousiasmer pour les cours à venir... expliqua Zibulinion.
Prenant son courage à deux mains, il ajouta : Mais toi, cela ne te dit rien de rencontrer des filles, même samedi ? Tu as déjà une petite amie ?
– Non, mais je suis amoureux d'une fille. Seulement, elle est raide dingue du prof de sorts, Relhnad.
Ses mots broyèrent le cœur de Zibulinion. Savoir que Folebiol aimait quelqu'un lui lui faisait vraiment mal et cette douleur était comme un révélateur de ses véritables sentiments pour Folebiol. Ce n'était pas de l'amitié doublée d'un désir coupable qu'il éprouvait, c'était de l'amour...
– Le prof célibataire « beau à en mourir », c'est ça ? demanda Zibulinion d'une voix faible.
Il se rappelait de la conversation dans le bus au sujet du fameux Relhnad, et sa question n'était là que pour lui donner le temps de regagner contenance.
– Oui. Tu n'as pas encore eu cours avec lui ?
– Je crois que j'en ai un demain matin, mais il faudrait que je vérifie mon emploi du temps.
– Tu verras pourquoi toutes les filles de l'école ou presque en sont folles, certaines plus que d'autres, hélas.
Devant l'air attristé de Folebiol, Zibulinion en voulut à la fille de préférer un inaccessible professeur à l'adolescent aux cheveux fauves qui était si gentil et si aimable.
– Elle t'a rejeté ?
– Je ne lui pas avoué mes sentiments. Pour elle, je n'existe pas, il n'y a que Relhnad.
Comprenant que ses questions tourmentaient Folebiol, Zibulinion abandonna le sujet avec d'autant plus de facilité que même s'il était curieux d'en savoir plus sur la fille qui avait capturé le cœur de Folebiol, cela lui faisait aussi de la peine.
– Tu viens souvent dans le bois ?
– Le mercredi, quand il n'y a pas trop de devoirs et exceptionnellement le week-end quand je ne rentre pas à la maison.
Zibulinion qui ne savait pas que Folebiol et son petit frère rentraient chez eux le samedi et dimanche fut étonné et attristé de l'apprendre. Lui, il n'était attendu qu'aux vacances scolaires alors même qu'ils habitaient dans le même quartier, prouvant que lui aussi aurait pu passer ses week-ends chez lui, si sa mère l'avait souhaité.

mercredi 17 juillet 2013

Le garçon fée - 31

Au déjeuner, quand il eut terminé son assiette de petit pois et sa poire, Zibulinion, vu les efforts qu'il avait fourni, avait encore faim. Déprimé, il laissa Zurmmiel et Joathilde devant leurs coupes de riz au lait pour aller s'étendre un moment au dortoir.
Cependant, à la sortie du réfectoire, il fut rattrapé par Folebiol et Neyenje.
– Que vas-tu faire cet après-midi ? demanda Folebiol.
– Il était question que je lui présente des filles, répondit Neyenje à la place de Zibulinion.
– Ah. Je pensais l'emmener voir le bois attenant au parc de l'école, expliqua Folebiol d'un air déçu.
– Entre les bois et les filles, je crois que le choix est vite fait, affirma Neyenje.
– Tout le monde ne court pas après les filles, riposta Folebiol.
– A nos âges ? Permets-moi d'en douter. A moins d'être attiré par les garçons, bien sûr, répliqua Neyenje.
Zibulinion arrêta de respirer. C'était son cas, après tout, et il se prit à espérer que Folebiol était comme lui, avant de se morigéner : même si par miracle Folebiol préférait les garçons, il n'avait aucune raison qu'il s'intéresse à lui de cette façon.
– N'importe quoi ! Tous les garçons ne sont pas comme toi, désireux d'aligner les conquêtes.
– J'allais généreusement suggérer que tu viennes avec nous, mais à la réflexion, c'est inutile.
– Qui t'a dit qu'il ne souhaitait pas plutôt m'accompagner ?
Il y avait quelque chose de flatteur à ce que les deux garçons fées se disputent sa compagnie. L'ennui, c'est que Zibulinion allait devoir choisir et en froisser un.
– J'aimerais bien voir le bois. Ta proposition de me présenter des filles tiendra toujours samedi ?
Neyenje parut plus amusé que contrarié.
– Oui, évidemment. Bonne promenade à vous deux, dit-il en donnant une petite tape dans l'épaule des deux adolescents.
Zibulinion traversa le parc avec Folebiol jusqu'au bois. Il aurait aimé lui demander si les filles le laissaient indifférent ou s'il n'était juste pas du genre à avoir plusieurs petites amies en même temps comme cela semblait être le cas de Neyenje. Cependant, il n'osait pas pas et au lieu de cela, il se retrouva à lui raconter combien le cours de vol avait été fatiguant.
– Désolé, je n'aurais peut-être pas dû te traîner dans le bois, alors.
– Non, ça me plaît.
Ce n'était pas tant les arbres que la compagnie de Folebiol, mais ça, l'adolescent aux cheveux fauve n'avait pas à le savoir.
– Je me sens bien entouré d'animaux, même s'ils ne se montrent pas. Si on ouvre l'œil, on peut les apercevoir ou bien si on tend l'oreille, on peut les entendre, déclara Folebiol.
Il se tut et Zibulinion respecta son silence pour écouter lui aussi les bruits de la forêt. Les feuilles bruissaient, quelques insectes bourdonnaient et un oiseau pépiait, mais il était dur de se concentrer sur tout cela alors qu'il se tenait debout, juste à côté de l'adolescent aux cheveux fauve, leurs épaules se touchant presque.

mardi 16 juillet 2013

Le garçon fée - 30

Zibulinion se réveilla avec les oiseaux comme le premier matin. Un coup d’œil du côté de Folebiol lui apprit que l'adolescent aux cheveux fauve avait la fâcheuse manie de se découvrir en dormant. La couette de son lit était à moitié sur le sol et sa chemise de nuit remontée jusqu'à la taille ne cachait rien de ses attributs masculins.
Cette vue conjointe au souvenir du moment où il avait tenu le poignet Folebiol mit Zibulinion dans tous ses états.
La perspective du cours de vol dans quelques heures lui fit cependant recouvrer son calme. Il s'occupa ensuite de sa pièce qu'il trouva plus brillante que la veille. Sa tâche achevée, sans faire de bruit, il se pencha pour attraper le pot qu'il avait laissé sur sa table de nuit après l'avoir arrosé la veille et lui chuchota tout bas de bien pousser. Enfin, il se débrouilla pour récupérer l'oeuf dont il caressa doucement la coquille tachetée.
Après quoi, il attendit que le reste du dortoir s'éveille pour se lever, sans plus regarder en direction de Folebiol, même s'il en mourrait d'envie.
Quand la cloche sonna, il se dépêcha de se lever et s'habiller et s'excusant auprès de Folebiol qui émergeait tout juste, il fila.  Il avait peur du désir que l'adolescent aux cheveux fauve lui inspirait.

Au petit déjeuner, il n'eut droit qu'à de l'eau et un fruit tandis que le reste des élèves étaient régalés de chocolat chaud et de crêpes à la confiture. Il en aurait bien mangé lui aussi, néanmoins il refusa vertueusement le morceau que Zurmmiel était prêt à prélever sur sa part pour lui.

Le cours de vol avait lieu dehors, sauf les jours de pluie, dans un coin dégagé du parc.
La professeur les attendait de pied ferme vêtue d'une robe sans fioriture qui dégageait ses ailes, ses cheveux attachés dans une queue de cheval ornée d'un beau ruban de satin blanc.
– Alignez-vous ! ordonna-t-elle.
Les élèves jusque là amassés en groupe s'exécutèrent. La professeur les passa ensuite en revue comme un général le fait avec ses troupes. Zibulinion fut presque tenté de se mettre au garde à vous. Elle poursuivit son inspection en passant derrière eux pour examiner leurs ailes.
Les deux fois où elle fut à son niveau, Zibulinion se crispa, certain qu'elle allait faire un commentaire, mais elle ne dit rien.
Elle acheva son tour et revint se placer devant eux.
– Ceux d'entre vous qui savent déjà voler, mettez-vous à ma droite, ceux qui ont déjà été initiés au vol par leurs parents, à ma gauche.
Toutes les petites fées avaient déjà appris les bases du vol, quatre les maîtrisaient. Il n'y avait que Zibulinion qui n'y connaissait rien.
– Commencez par vous échauffer les ailes, déclara la professeur en montrant l'exemple en agitant les siennes de bas en haut.
Elle s'approcha ensuite de Zibulinion qui essayait de faire comme tout le monde et  s'adressa à lui à voix basse, lui évitant l'humiliation public sans le ménager pour autant :
– Il va falloir te mettre au régime si tu veux t'élever dans les airs et en l'état actuel, il y a peu de chance que tes ailes te portent.
Zibulinion baissa la tête, découragé. Il attendit qu'elle lui suggère de quitter le cours, mais elle n'en fit rien.
– J'informerai la fée chargée des repas de la nécessité que tu fasses un régime. Fais-bien travailler tes ailes en attendant.
Cela lui coûtait, mais Zibulinion, dans un murmure, révéla que la professeur d'élégance avait déjà touché un mot en cuisine.
La professeur de vol ne parut pas vraiment surprise.
– Très bien, dit-elle avant de s'éloigner pour s'occuper des autres élèves.
Durant tout le reste du cours, elle se concentra sur les petites fées qui décollèrent toutes de quelques centimètres, se contentant de relancer Zibulinion dès que celui-ci cessait de battre des ailes.
A la fin du cours, l'adolescent était épuisé et encore plus triste et découragé que la veille. Il n'avait quitté la terre ferme à aucun moment et ses ailes endolories par l'exercice pendaient pitoyablement. Sa place n'était pas à l'école des fées. Sa mère lui avait rendu service en ne l'y envoyant pas et il était regrettable qu'elle y ait été finalement forcée. Le seul point positif dans cette débâcle, c'était sa rencontre avec d'autres garçons fée, notamment Folebiol.

lundi 15 juillet 2013

Le garçon fée - 29

– Hé, mais tu as pleuré, reprit Neyenje en rapprochant son visage de celui de l'adolescent.
– C'est à cause de la poussière, lâcha Zibulinion, en s'écartant de Neyenje.
Son pitoyable mensonge ne tenait pas une seconde, car tout était incroyablement propre dans la bibliothèque.
Neyenje ne chercha cependant pas à lui faire avouer la vraie raison de ses larmes.
– Demain après-midi, comme il n'y a cours pour personne, pour te prouver que je ne t'en veux pas de m'avoir fait raté mon coup avec Nalynaia, je pourrais te présenter des filles. Tu verras qu'il n'y a pas que de mauvais côtés à Valeiage. Il y en a plusieurs qui sont curieuses de faire ta connaissance.
Encore tout empourpré, Zibulinion se demanda si Neyenje aurait cédé à la fée rousse s'il n'avait pas été là. La proposition du jeune homme toute généreuse qu'elle soit ne le tentait pas. Il était sûr que les filles voulaient le rencontrer pour se moquer de lui. En même temps, c'était délicat de refuser.
– Je ne sais pas... dit-il.
– Quel manque d'enthousiasme ! Enfin, on en rediscutera demain, d'accord ?
Zibulinion hocha la tête avant de s'excuser d'avoir involontairement dérangé Neyenje.
– Une de perdue, vingt de retrouvées ! Et pour tout dire, je ne pense pas qu'elle me soit définitivement inaccessible.
L'assurance de Neyenje était sans limite. Zibulinion aurait aimé posséder la même, alors, il aurait répondu aux professeurs au lieu d'encaisser les coups.
– Si tu as un problème, tu peux te confier à moi. Je suis prêt à faire ce qui est en mon pouvoir pour t'aider, reprit Neyenje.
Il avait l'air sincère. Zibulinion ne pouvait cependant oublier que Neyenje avait laissé la fée dorée le traiter d'épouvantail. Sûrement, il ne comprendrait pas à quel point la professeur d'élégance avait pu lui faire de la peine.
– Merci... Peut-être devrions-nous retourner au dortoir ?
– Si on ne veut pas que notre bien-aimé chef dortoir nous tombe dessus, ce serait préférable, en effet. Cependant, j'ai encore un rendez-vous de prévu. Pars devant !
Zibulinion en déduisit que Neyenje avait plusieurs petites amies. Il ne commenta pas et prit sans se presser le chemin du dortoir. Son cœur saignait toujours et il aurait préféré rester au milieu des livres. L'odeur du papier l'apaisait.
Il arriva à 20h30, juste à temps. Folebiol se précipita vers lui. Il avait vu Zurmmiel qui lui avait tout raconté. Il se montra compatissant et suggéra une nouvelle fois que Zibulinion aille se plaindre à la directrice.
Zibulinion refusa. Il n'avait pas envie d'exposer son humiliation à quiconque. Il aurait voulu que personne ne sache la manière dont la professeur d'élégance l'avait traité. Mais l'histoire devait être en train de se répandre comme une traînée de poudre à en croire les regards moqueurs du fée brun qui pouffait avec un autre fée en le pointant du doigt.
Folebiol remarqua aussi les deux garçons fées qui ricanaient, et pestant entre ses dents, fit un pas dans leur direction. Zibulinion lui attrapa spontanément le poignet pour le retenir. Il ne voulait pas que Folebiol ait des ennuis en allant le défendre. Juycilli avait bien dit que la prochaine fois qu'ils troublaient l'ordre du dortoir, ils ne s'en tireraient pas avec un simple avertissement ; le fée brun et son ami n'en valaient pas la peine.
– Laisse-moi leur dire deux mots !
– Cela ne ferait qu'empirer les choses, contra Zibulinion.
– Tu as sans doute raison, soupira Folebiol.
Zibulinion se rendit alors compte qu'il tenait toujours Folebiol et que sous ses doigts, la peau de pêche était douce. Troublé, il le relâcha et s'éloigna sous prétexte de réunir ses affaires de douche.

vendredi 12 juillet 2013

Le garçon fée - 28

Désireux de ne plus voir personne, Zibulinion, sa pomme terminée, s'éclipsa, murmurant tout juste un bonne nuit à l'intention de Zurmmiel et Joathilde.
Comme il se cherchait un endroit tranquille, il opta finalement pour un nouveau séjour à la bibliothèque. La fée de l'accueil n'était plus là, mais les portes n'étaient pas fermées pour autant.
Évitant le coin des tables de travail où il pouvait y avoir des fées, Zibulinion alla tout au fond de la bibliothèque, là où il serait sûr d'être seul.
La tête appuyée sur les livres, il pleura en silence. Il ne pouvait pas retenir plus longtemps ses larmes. A l'école normale, il avait déjà essuyé des remarques désagréables, mais ce n'était rien en comparaison de celles de l'école des fées où les professeurs étaient pires que les élèves...
Zibulinion était tout à son chagrin quand une voix féminine le fit sursauter.
– Il n'y a personne ici. Embrasse-moi.
Vu la configuration des lieux, Zibulinion ne pouvait pas partir discrètement et éviter les deux fées qui s'approchaient sans être repéré. Il se figea, espérant ne pas tomber nez à nez avec le couple venu chercher un peu d'intimité.
Les deux amoureux s'arrêtèrent de l'autre côté de l'étagère où se tenait Zibulinion et il y eut des bruits de baisers. L'adolescent retint son souffle et la curiosité lui fit jeter un œil entre les livres.
Une fée rousse qu'il n'avait encore jamais vu, avait les lèvres collées contre celles de Neyenje.
– Fais-moi l'amour, gémit-t-elle, comme Neyenje libérait sa bouche.
Zibulinion crut que ses oreilles lui jouaient un tour. Cependant, la fée rousse fit apparaître sa baguette, prononça quelques mots et son uniforme se volatilisa, de même que celui de son compagnon.
Les deux jeunes gens étaient nus. Le pénis de Neyenje était légèrement dressé, preuve qu'il n'était pas indifférent à la poitrine ronde de la jeune fille en face de lui.
Gêné d'être en position de voyeur, fasciné malgré lui, Zibulinion ne put s'empêcher de constater que les poils pubiens de Neyenje étaient du même blond presque blanc que ses cheveux.
Neyenje matérialisa soudain sa baguette dans sa main et il les rhabilla.
– Pas ici, on risque de nous surprendre...
– Froussard ! Tu ne mérites pas ta réputation ! s'emporta la fée rousse avant de tourner les talons et de partir.
Neyenje parut la suivre, sauf qu'il ne fit que contourner l'étagère.
– Tu joues les espions ? lança-t-il.
Les joues et les oreilles de Zibulinion devinrent écarlates.
– Je ne voulais pas, je n'ai pas fait exprès, bafouilla-t-il.
– Tu es rouge comme une tomate, s'amusa Neyenje, en venant se planter devant  Zibulinion qui rentra la tête dans les épaules, ne sachant où se mettre.

jeudi 11 juillet 2013

Le garçon fée - 27

La professeur d'élégance se posa devant ses élèves, les engloba d'un œil critique et arrêta ses beaux yeux brillants sur l'adolescent.
– Je demanderai à la fée chargée de repas de vous concocter un menu spécial. Il faut que vous perdiez ces rondeurs. Fini les grignotages et les bonbons, vous m'entendez ? Par ailleurs, vous ne portez pas l'uniforme réglementaire. Cela ne va pas du tout. Faîtes-vous en faire un sur mesure, s'il le faut. Quant à vos ailes, c'est une atrocité. Il faut les entretenir, en prendre soin. Pareil pour vos cheveux. Ils sont tout ternes. Ce n'est pas un cours d'élégance qu'il vous faut, mais carrément toute une nouvelle hygiène de vie. Vous êtes vraiment vilain, mon pauvre garçon.
Les murmures qui accompagnèrent ce discours de la professeur achevèrent de mortifier Zibulinion.
Un régime ne changerait pas son tour de taille. Il le savait, il avait déjà essayé. C'était sa morphologie. Pourquoi fallait-il toujours que les gens croient que ceux qui n'étaient pas minces l'étaient parce qu'ils étaient des gourmands passant leur temps à manger ? Par ailleurs, il  avait déjà testé des produits de beauté fées sur ses ailes, rien y avait fait.
L'adolescent aurait aimé dire tout cela à la professeur, mais les mots restèrent coincés dans sa gorge.
– Je ne supporterai de vous voir tant que vous serez aussi laid. Pas la peine de venir assister à mon cours tant que vous n'aurez pas perdu du poids, conclut la professeur.
Elle incita les élèves à entrer, notamment Zurmmiel qui restait aux côtés de Zibulinion et claqua la porte au nez de l'adolescent.
Zibulinion, tout pâle, resta planté un moment dans le couloir. La professeur d'élégance avait débité son petit discours d'un ton dépassionné qui le rendait encore plus terrible. Des larmes lui piquaient les yeux, mais l'adolescent les essuya. Il ne voulait pas se laisser abattre. Il était comme il était. Il se passerait fort bien du cours d'élégance. Il finirait à l'occasion le manuel qu'il avait commencé, mais pour l'heure, il ne s'en sentait pas le courage. Il retourna à la bibliothèque et ressortit les manuels de mathématiques. Il n'avait pas envie d'étudier une matière proprement féérique pour le moment.
C'est la cloche du dîner qui le ramena à la réalité. Il n'avait pas le moins du monde faim, mais il savait qu'il était mauvais de sauter un repas, alors, en traînant des pieds, il gagna le réfectoire.
Zurmmiel et Joathilde étaient tous les deux bien peignés et tirés à quatre épingles, le résultat du cours d'élégance. Ils se montrèrent gênés vis à vis de Zibulinion, ne sachant pas quoi lui dire par rapport à la professeur d'élégance.
Quand les assiettes descendirent devant leur nez, ils se troublèrent encore plus. Là où tout le monde avait un mélange de pommes de terres et de haricots sautés, Zibulinion avait quelques feuilles de salade verte et une carotte crue coupée en rondelles. Au dessert, à la place du flan au caramel, l'adolescent eut une simple pomme.
Le plus terrible pour Zibulinion n'était pas tant le repas en lui-même qui était bon malgré tout, que le fait qu'il était ainsi encore plus particularisé, encore plus regardé.

mercredi 10 juillet 2013

Le garçon fée - 26

Les deux heures de littérature étant achevées, ils se rendirent au cours de musique. La salle était fort différente de celle de littérature. Elle était très haute de plafond, et contenait un orgue ainsi que des tonnes d'instruments musiques différents. Les murs en étaient recouverts et d'autres occupaient une impressionnante surface au sol.
La professeur était une fée à la flamboyante chevelure et à la voix incroyablement belle. Au bout d'à peine cinq minutes de cours, après avoir distribué des paroles d'une chanson féérique, elle invita tout le monde à chanter. Cependant, dès le premier couplet, elle réclama le silence et vint se planter devant Zibulinion. – Je t'interdis de chanter. Tu détonnes trop dans le chœur des enfants.
Zibulinion hocha la tête. Il semblait qu'il ne pouvait pas passer un cours sans se faire remarquer en mal.
Ses camarades se mirent à chuchoter entre elles, et Zibulinion se tassa sur lui-même.
La professeur fit reprendre le chant, puis, une fois qu'il fut achevé, se lança dans des considérations générales sur les instruments de musique. Chaque fée, dans les années qui viendrait, serait amené à découvrir son instrument de prédilection et c'est pourquoi chaque élève serait amené à en tester plusieurs, en commençant par la lyre, l'un des plus anciens.
Quand la cloche de midi sonna, tout le monde, y compris Zibulinion, avait fait courir ses doigts sur la corde d'une lyre avec des résultats plus ou moins concluants.
Ayant participé aux deux cours, l'adolescent mangea de meilleur appétit, malgré les regards qui continuaient à s'attacher à lui, le dévisageant.
Il ne se faisait pas de soucis pour le cours de mathématiques. Il avait pu le constater en lisant le manuel, les calculs féériques ne présentaient que peu de différences avec ceux des humains. Pour lui qui était dans sa dernière année de collège, les maths de première année de fée seraient plus que faciles.
La professeur pensait comme lui. Avec une certaine douceur, elle lui conseilla de mettre son temps à profit pour faire autre chose et le mit dehors.
Zibulinion, quand même déçu d'être une fois de plus mis à l'écart, se rendit à la bibliothèque au rayon des sciences pour regarder les manuels de mathématiques des années supérieures.
Le cours ne durant qu'une heure, il n'eut pas le temps de faire grand chose avant de gagner sans enthousiasme le cours d'élégance.
Devant la salle de classe encore fermée, il vit ses camarades arriver au compte-goutte et puis la professeur débarqua en voletant. Elle était rayonnante. Sa chevelure blonde qui cascadait sur ses épaules était ornée d'un diadème étincelant. Ses yeux d'un bleu profond brillait comme des pierres précieuses. Elle portait avec grâce une robe en soie rose ancienne avec des manches bouffantes qui mettait en valeur sa taille de guêpe. Elle était d'une beauté parfaite, la fée qui fait rêver, comme tout droit sortie d'un livre de contes pour enfants.
Une petite fée à côte de Zibulinion se mit à se brosser les cheveux énergiquement. Comme une fillette à côté d'elle s'étonnait, elle lui murmura :
– Une fille de 1-3 qui l'a déjà eu m'a prévenue, elle est super sévère !
Zibulinion frémit, se préparant au pire.

mardi 9 juillet 2013

Le garçon fée - 25

Remontant sa manche, il se mit à frotter la pièce avec pour la polir et la faire briller.
Absorbé par sa tâche, il sursauta quand la cloche de l'école retentit pour signaler qu'il était l'heure de se réveiller. Dans les lits, les garçons fées remuèrent, s'étirèrent, des bâillements se firent entendre et les rideaux furent tirés.
Folebiol lança un bonjour ensommeillé que Zibulinion lui retourna sans oser lui jeter ne serait-ce qu'un coup d'œil.
– Bien dormi ? demanda Folebiol.
– Pas trop mal. Et toi ?
– Comme un loir.
Zibulinion ne put s'empêcher de lever les yeux sur lui. La chemise de nuit de l'adolescent aux cheveux fauves était toujours autant relevée et Zibulinion baissa vite les paupières.
Juycilli qui décidément prenait très à cœur son rôle de chef de dortoir, enjoignit tout le monde à se dépêcher, pour avoir le temps de petit déjeuner avant le premier cours de la journée.
Zibulinion quitta son lit et troqua sa chemise de nuit contre l'uniforme en hâte, car il voulait que personne n'ait le temps de voir son corps tout rond. Ensuite, pour ne pas être tenté d'admirer les autres garçons fées, il s'occupa de l'œuf. Il ne se contenta pas de poser la main dessus, il lui sifflota tout bas un petit air joyeux semblable à celui qui l'avait tiré de son sommeil. Quant au pot plein de terre, il murmura à la graine qui y était enfouie de bien pousser.
Il descendit ensuite au réfectoire en compagnie de Folebiol, malgré lui fasciné par les mèches fauves encore humides après la douche qu'avait prise l'adolescent.
Une fois arrivés, Zibulinion dut quitter Folebiol pour se rendre à la table des premières années. Alors qu'il le regrettait la séparation en son for intérieur, Folebiol l'exprima à haute voix, faisant battre un peu plus fort le cœur de Zibulinion.
L'adolescent retrouva Zurmmiel et Joathilde qui lui avait gardé une place. Il allait s'asseoir quand une petite fée en face d'eux protesta :
– Va t'asseoir ailleurs ! Tu me coupes l'appétit avec tes affreuses ailes !
Zibulinion qui avait toujours eu du mal à cacher ses ailes magiquement, regretta presque qu'à l'école des fées, cela ne soit plus nécessaire. Il ne sut quoi répliquer, mais Zurmmiel et Joathilde, dans un bel ensemble, reprochèrent à la désagréable fillette d'avoir l'estomac trop fragile et lui suggérèrent de garder le nez dans son bol. Malgré tout, suite à l'incident, c'est Zibulinion qui eut du mal à avaler quoi que ce soit.
C'est l'estomac noué et presque vide qu'il se rendit au cours de littérature, s'attendant vaguement à être encore viré.
La professeur de littérature, une adorable fée de petite taille aux cheveux frisottés se présenta, puis elle demanda à chaque élève de la classe de venir faire de même au tableau qui était d'un beau violet tranchant avec les traditionnels noirs et gris qu'avait connu Zibulinion.
Quand vint le tour de l'adolescent, Zibulinion qui, à l'école normale, n'avait jamais été très à l'aise quand il devait s'exprimer à l'oral, se sentait si déplacé dans la classe, seul de son espèce au milieu des enfants, qu'il peina à parler. Il bafouilla et la professeur de littérature, le renvoya à sa chaise en déclarant :
– A ton âge, franchement, tu devrais savoir t'exprimer !
Le reste du cours se passa sans autre incident, et Zibulinion, malgré le commentaire peu sympathique de la professeur, en ressortit plutôt content. Il avait enfin assisté à un cours entier à l'école des fées.

lundi 8 juillet 2013

Le garçon fée - 24

Un concert d'oiseaux le réveilla le lendemain, à l'aube. Il se redressa, et se frotta les yeux, se rappelant doucement de l'endroit où il était. A travers les rideaux, le jour filtrait. Les autres garçons fées semblaient encore tous endormis et nul ne bougeait. Dans le lit juste à côté du sien, Folebiol, les yeux fermés, serrait dans ses bras son oreiller, une de ses jambes passées au-dessus de la couette. Sa chemise de nuit était remontée très haut et dévoilait un bout de fesse d'une rondeur envoûtante.
A cette vue, le pénis de Zibulinion s'allongea et se durcit. L'adolescent se retourna sur le ventre et enfonça sa tête dans l'oreiller pour ne plus voir la peau de pêche de Folebiol. Il ne pouvait plus prétendre que c'était dû au stress de la rentrée. Ou même que c'était une érection matinale puisqu'il ne s'était pas réveillé avec. Chose embarrassante, Folebiol lui inspirait du désir. Sûrement le fée aux cheveux fauve serait horrifié s'il l'apprenait. C'était mal repayer sa gentillesse que de le regarder ainsi. En même temps, il n'y avait pas que lui qui l'attirait physiquement. La plupart des autres adolescents fées le troublait par leur beauté alors que les fées de sexe féminin toutes ravissantes qu'elles soient le laissaient de marbre. 

Avant d'être entouré de fées tous plus beaux les uns que les autres, il avait cru qu'il enviait simplement les garçons plus attrayants que lui, maintenant il se demandait si ce qu'il avait pris pour le désir d'être comme eux, n'avait pas été du désir tout court... Ce qui voulait dire qu'il était homosexuel. Comme s'il avait besoin d'être encore plus différent qu'il ne l'était déjà... Mais peut-être que ce n'était que passager, que ce n'était qu'une phase... ou peut-être pas... Dans tout les cas, ce serait son secret. Personne ne devait l'apprendre, ce qui allait être délicat s'il avait une érection chaque fois que Folebiol se changeait devant lui. La vie en collectivité, dans ses conditions, prenait des goûts d'enfer paradisiaque. Cependant, Zibulinion ne voyait pas comment arrêter d'être attiré, il ne pouvait rien faire à part éviter de regarder. Il hésita à se lever pour éviter le moment où tout le monde s'habillerait, puis renonça de crainte de faire du bruit et de gêner. Il tenta de se rendormir, mais en fut incapable. La découverte qu'il venait de faire sur lui-même et sa sexualité le perturbait trop.
Après s'être tourné et retourné, il lorgna de nouveau en direction de Folebiol qui était toujours aussi découvert et sexy, et se détourna promptement. Son corps réagissait toujours à la vue de l'adolescent aux cheveux fauves à moitié dénudé.
Pour arrêter de penser à tout cela, Zibulinion récupéra la pièce de monnaie sous son oreiller, la posa au creux de sa paume et se concentra dessus. Il n'était pas fâché qu'on lui ait dit quoi faire pour prendre soin des trois choses confiées par la directrice, mais il était convaincu qu'il n'y avait pas une seule bonne méthode et qu'il pouvait faire plus que ce qui lui avait été conseillé.

vendredi 5 juillet 2013

Le garçon fée - 23

Zibulinion découvrit une salle d'eau collective plutôt classique, peut-être plus luxueuse que la moyenne, avec un carrelage blanc orné par endroits de grands poissons et de fleurs pleines de majesté. Il n'y avait pas de division par spécialité. Tous les lavabos étaient en forme de coquillage, en émail blanc, tous surmontés par des miroirs ovales entourés de petits globes lumineux. Les douches, en face, étaient séparées d'épaisses parois, fermées par des demi-portes opaques qui évitaient de mettre de l'eau partout.
Deux garçons étaient en train de se laver. Zibulinion reconnut Waltharan qui offrait son visage à l'eau chaude avec extase et il détourna les yeux, gêné.
Folebiol et lui se brossèrent les dents de concert, l'un à côte de l'autre. Ceci fait, Zibulinion partit récupérer son savon, sa serviette et sa chemise de nuit. Folebiol se douchant le matin, Zibulinion repartit seul vers la salle d'eau où il eut la malchance de tomber nez à nez avec le fée brun. Ce dernier se contenta de lui adresser un sourire narquois. Zibulinion serra les dents et opta pour la douche du fond. Il ne désirait pas être vu et avait été soulagé que Folebiol ne vienne pas avec lui. Ce n'était pas évident d'être le seul vilain petit canard au milieu de tous ses beaux cygnes. Hélas, contrairement au conte, il avait à peu près zéro chance de changer de statut.
Il se déshabilla promptement, pendit vite ses affaires aux crochets prévus à cet effet et disparut dans la douche. Il se lava sans traîner, se sécha dans la douche, puis dut ressortir pour enfiler sa chemise de nuit.
Il venait à peine de passer le vêtement qu'il vit Waltharan qui, tout juste sorti de sa longue douche, se séchait, frottant doucement son corps avec sa serviette. Lui,  il n'avait pas honte de sa nudité. Il n'avait pas raison de l'être en même temps. Il était vraiment trop séduisant avec les gouttes d'eau qui perlaient sur son corps. Tout troublé, les joues brûlantes, Zibulinion passa devant le jeune homme en s'intéressant de près aux rainures du carrelage.
Dans le dortoir, plusieurs garçons fées étaient couchés dont Folebiol. Zibulinion en éprouva un curieux mélange de déception et de soulagement qu'il préféra ne pas analyser.
L'adolescent aux cheveux fauve qui ne dormait pas encore parla de sa propre rentrée à Zibulinion jusqu'à ce que Juycylli exige l'extinction des lampes et le silence.
Quelques minutes plus tard, le grincement de la porte du dortoir se fit entendre. Juycylli s'empressa d'appréhender le garçon fée qui se permettait d'arriver aussi tard.
La voix de Neyenje retentit avec netteté dans la pièce où le calme régnait depuis que les lumières avaient été éteintes.
– Hé ! C'est bon, c'est le premier soir, sois cool ! Cela fait longtemps qu'elles ne m'avaient pas vu et j'ai été retenu...
– Les horaires sont les horaires, et tu déranges tout le monde en ne les respectant pas. Je sais que mon prédécesseur avait fini par fermer les yeux, mais ne compte pas sur moi. Tu as intérêt à ce que je ne t'y reprenne pas.
– D'accord, d'accord, répondit Neyenje avec un manque de conviction évident.
Après cet incident, le silence retomba sur le dortoir. Zibulinion, la pièce de monnaie au creux de son poing écouta longuement les respirations des dormeurs autour de lui avant que le sommeil ne l'emporte. Il n'était pas habitué à dormir entouré d'autant de monde.

jeudi 4 juillet 2013

Le garçon fée - 22

Au réfectoire, à la table des premières années, Zibulinion retrouva Zurmmiel et Joathilde qui voulurent savoir ce qu'il avait fait de son temps libre. Tout deux trouvaient injustes qu'il ait été refoulé des cours. Zurmmiel, cependant, enviait un peu l'adolescent. Il s'était terriblement ennuyé en cours d'histoire. Joathilde, elle, était d'avis que le professeur n'était pas sympathique, car quand elle avait posé une question, il lui avait dit d'attendre le troisième chapitre. Zibulinion put lui donner la réponse, ce qui impressionna la fillette. Le cours de baguette s'était mieux déroulé. Zurmmiel, toutefois, n'était pas satisfait de la place où avait été fixée sa première décoration. Une fois que la professeur leur avait appris comment procéder, il avait voulu mettre son petit oiseau au milieu, mais la prof l'en avait empêché, l'usage étant de d'abord décorer le bout de la baguette. Joathilde, pour sa part, était ravie du cœur qui ornait désormais la pointe de son bâtonnet rose et elle promit de montrer ça dès demain à Zibulinion.
Le bavardage des deux enfants aidèrent l'adolescent à faire abstraction du fait qu'il était encore observé.

A la fin du repas, il regagna le dortoir. Il se serait bien lavé les dents et douché, seulement il ne savait pas où aller pour cela. Le plan n'indiquait que les toilettes, à d'autres étages.
Il allait prendre un nouveau livre dans le placard quand il vit l'œuf, le pot et la pièce qu'il avait rangé sur une planche entre les bouquins et les vêtements. Il soupesa les trois objets à tour de rôle, se demandant comment bien s'en occuper. Il les contemplait toujours quand le dortoir jusque là quasi-désert s'anima. Folebiol et quatre aux adolescents de quinze ans vinrent le voir. L'un d'eux, remarquant la pièce qu'il avait au creux de la paume, lui conseilla de la garder sous son oreiller la nuit et dans la poche de son uniforme la journée.
– Fais-moi confiance, je suis un fée des rêves, précisa-t-il.
Un autre garçon qui se présenta comme fée des plantes,  dit à Zibulinion de garder le pot à la lumière et de l'arroser un jour sur deux avec un demi-verre d'eau. Un troisième lui recommanda alors de garder l'œuf au chaud et de le prendre souvent au creux de ses mains. Le quatrième adolescent protesta que c'était de la triche de révéler ainsi tout ce qu'il fallait faire. Sans aller jusque là, Folebiol s'inquiéta que cela rende difficile pour Zibulinion la découverte de sa spécialité. Le ton monta entre les adolescents et Juycylli vint les calmer. Voyant que Zibulinion et Folebiol étaient à nouveau impliqués, il leur annonça qu'il n'y aurait pas de troisième mise en garde.
Les adolescents se dispersèrent. Zibulinion se renseigna pour la douche auprès de Folebiol qui le conduisit à une porte cachée derrière une tenture, à quelques pas de l'entrée du dortoir.

mercredi 3 juillet 2013

Le garçon fée - 21

– Vous partez avec un gros handicap. Très gros.
Comme elle fixait l'adolescent en disant ses mots, Zibulinion eut la désagréable impression que ce n'était pas de la baguette qu'elle parlait, mais de lui et il s'empourpra.
– Je ne pense pas que vous puissiez faire quoi que ce soit avec ça. On n'aurait pas dû vous vendre ça. Vous n'avez même pas acheté de décorations. Je regrette, mais dans ses conditions, il est inutile que vous assistiez à mon cours. Tâchez de vous procurer au plus vite un matériel convenable et je verrai à vous réintégrer.
Zibulinion, blême, rassembla ses affaires et partit. Les professeurs s'étaient-ils donnés le mot parce qu'ils ne voulaient pas d'un élève aussi âgé en première année ? Si sa mère l'avait mis à l'école des fées en temps voulu, cela ne se serait pas passé comme ça...
Zibulinion choisit cette fois de se réfugier au dortoir où il fit ce qu'il n'avait pas encore osé faire : mettre en pratique les conseils du manuel sur les baguettes pour prendre son bâtonnet en main. Il n'avait pas envie d'en changer. Cette baguette marron et tordue était une sorte de prolongement de lui.
Après avoir passé un moment à s'exercer, Zibulinion s'allongea sur son lit avec un des rares manuels scolaires qu'il n'avait pas terminé de lire.
Comme d'habitude, absorbé par ce qu'il apprenait, il oublia ses soucis et sa tristesse. Il était encore en train de lire quand des garçons fées arrivèrent en masse. Parmi eux, il y avait le brun qui, passant devant le lit de Zibulinion, lança :
– Alors, gras du bide, c'était comment tes premiers cours ?
Folebiol qui faisait parti des arrivants entendit le commentaire et intervint :
– Ça  ne va pas de dire des trucs comme ça !
– Je ne t'ai pas sonné, poil de carotte !
Folebiol était loin d'être roux, toutefois il parut piqué au vif. Il protesta d'une voix forte et  Juycylli, le 12ème année, s'emmêla :
– Je ne sais pas pour quelle raison vous vous disputez, et je ne veux pas le savoir, mais vous n'êtes pas au dortoir des gosses ici, alors ne vous comportez pas comme eux. Sinon, en tant que chef de dortoir, je serai obligé de sévir.
Le fée brun lâcha l'affaire et s'éloigna. Folebiol et Zibulinion indiquèrent qu'ils avaient compris et Juycylli les laissa.
– Merci, déclara Zibulinion, d'autant plus touché que Folebiol ait volé à son secours qu'il avait été durement éprouvé ces dernières heures.
Folebiol lui adressa un beau sourire et Zibulinion sentit son coeur s'emballer bizarrement dans sa poitrine.
– Ça  s'est bien passé pour Zurmmiel et toi ? J'espère le voir ce soir, mais ce n'est pas gagné vu qu'il est presque 19h, heure du dîner et que tout le monde doit avoir regagné son dortoir avant 20h30.
Zibulinion n'avait guère envie de raconter qu'il avait été renvoyé comme un malpropre des deux cours, mais il était persuadé que Folebiol ne se moquerait pas de lui, alors il lui révéla ce qui s'était passé sans trop entrer dans les détails.
– Ils n'ont pas le droit ! Tu n'as rien fait de mal ! s'indigna Folebiol.
– Je peux étudier par moi-même ses matières, ce n'est pas grave.
– C'est bien que tu ne te laisses pas décourager, mais tu devrais aller voir la directrice. Ce n'est pas normal.
– Je ne sais pas...
Zibulinion se voyait mal aller se plaindre de ses professeurs à la majestueuse directrice fée. Après tout, ce n'était pas faux qu'il perturbait le cours en tant que drôle d'adolescent égaré au milieu de petites fées et peut-être que sa baguette qui ne payait pas de mine le rendait vraiment impropre à suivre le cours.
– Si tu veux, je t'accompagnerai, offrit Folebiol.
Le remerciement de Zibulinion se perdit dans la sonnerie marquant l'heure du repas du soir.

mardi 2 juillet 2013

Le garçon fée - 20

Zibulinion fut soulagé quand le déjeuner fut fini. Toujours entouré de Zurmmiel et Joathilde, bravant la foule, l'adolescent gagna la salle de classe où se déroulait le cours d'histoire. Il continuait hélas à être regarder avec insistance par les autres élèves. C'est sûr qu'il était incongru qu'il soit là au milieu des gamins, avec son visage lunaire, mais il faudrait bien que ses camarades s'habituent à lui... A moins que cela ne soit lui qui finisse par ne plus être gêné d'être observé, ce qui était loin d'être gagné...
Comme dans le hall d'accueil, les petites fées étaient tellement occupées à regarder Zibulinion que le professeur d'histoire, un fée aux cheveux blonds mêlés d'argent avec des rides au coin des yeux, ne parvint pas à capter immédiatement leur attention.
Le professeur d'histoire fronça les sourcils et lança un regard noir à Zibulinion avant de déclarer :
– De mémoire de fée, je n'ai jamais vu un élève aussi âgé en première année. Et je m'y connais en histoire, souligna-t-il, provoquant l'amusement d'une partie de la classe. Votre seule présence perturbant ce cours, je vous prie de sortir. Vous n'avez qu'à aller lire le premier chapitre du manuel à la bibliothèque, ajouta-t-il.
Zibulinion, ne pouvant en croire ses oreilles, ne bougea pas. Le professeur ne pouvait pas l'éjecter du cours comme ça ! Il avait bien dû être prévenu par la directrice du cas particulier que constituait Zibulinion.
– Eh bien, qu'attendez-vous ? reprit le professeur avec sécheresse.
L'adolescent se leva sous les yeux de ses camarades de classe, n'osant ni négocier avec le professeur ni préciser qu'il avait déjà lu le manuel d'histoire jusqu'au bout.
Zurmmiel, les yeux écarquillés par l'étonnement, semblait ne pas savoir comment réagir.
Zibulinion traversa la salle et referma la porte derrière lui d'une main un peu tremblante. Il ne comprenait pas, mais il était blessé. Cependant, il se consola avec la perspective de visiter la bibliothèque de fond en comble avant le second et dernier cours de la journée, sur les baguettes.
Si la fée de l'accueil à la bibliothèque trouva curieux qu'il ne soit pas en cours à cette heure-ci, elle n'en dit rien et Zibulinion s'enfonça dans les rayonnages.
Il eut tôt fait de saisir la méthode de classement. Les livres tout en bas étaient pour les premières années. Les livres hauts placés étaient pour les plus âgés, et il fallait savoir voler parfaitement pour les atteindre. Autrement, il y avait un rangement par thème, à l'intérieur duquel les livres étaient classés alphabétiquement.
Une fois son tour de la bibliothèque effectué, Zibulinion s'assit à une des tables de travail, et relut le premier chapitre du manuel d'histoire, tout en prenant notes des points importants dans un cahier.
Les deux heures qu'il aurait dû passer en cours d'histoire furent vite écoulées et il prit le chemin de la salle où il en apprendrait plus sur les baguettes, leur maniement et leur décoration. Il rata le bon escalier et dut revenir sur ses pas, si bien qu'il arriva tout juste à l'heure, juste après ses camarades de classe.
La professeur, une fée d'une beauté éclatante était déjà là, vêtue d'une superbe robe perlée, sa baguette magique étincelante à la main. Elle pressa tout le monde à s'installer, puis leur ordonna de poser leur baguette sur la table devant eux, ainsi que les ornements qu'ils avaient achetés.
Zibulinion qui s'était installé au dernier rang avec Zurmmiel et Joathilde, la vit s'approcher avec appréhension. Arrivée au niveau de l'adolescent, elle s'arrêta, s'empara du bâtonnet marron cuivré un peu tordu et secoua la tête.

lundi 1 juillet 2013

Le garçon fée - 19

Armés de leur plan, ils se mirent à arpenter les couloirs afin de repérer l'emplacement des salles où ils auraient cours, celui du réfectoire et celui de la bibliothèque.
Autour d'eux, tout était brillant et richement décoré d'or, d'argent et de velours. Le sol étincelait de propreté, les  rideaux aux hautes fenêtres étaient aériens, les casiers étaient lustrés...
Sur leur passage, ils croisèrent essentiellement des fées en première année comme eux qui toutes murmurèrent à la vue de Zibulinion.
Dans un corridor, une petite fée toute seule qui s'était perdue, se dépêcha de les suivre.
– Tu as de la chance que ton grand frère te fasse visiter, déclara-t-elle.
Zurmmiel eut tôt fait de rétablir la vérité, ce qui n'empêcha pas la mignonne petite fée qui s'appelait Joathilde de demander à les accompagner. Elle eut tôt fait de prendre dans la sienne la main de Zibulinion.
Les deux enfants se mirent à bavarder entre eux de leurs impressions sur l'école. Joathilde trouvait fou que personne ne s'occupe de leur faire une visite guidée, mais Zurmmiel était ravi de cette liberté. Zibulinion, lui, supposait qu'ils devaient être surveillés d'une manière ou d'une autre.
Devant une salle de classe, l'apparition d'une fée dans un nuage de fumée pour séparer deux fillettes qui se querellaient violemment confirma l'hypothèse de l'adolescent. La fée sépara les deux opposantes et les sermonna. : « Discipline et élégance sont de rigueur. »
Zibulinion, Zurmmiel et Joathilde trouvèrent le réfectoire fermé. Cependant, la porte en verre laissait voir une pièce haute de plafond où de longs bancs et tables dorés étaient alignés. La bibliothèque, en revanche, était accessible. La fée de l'accueil fit taire Zurmmiel et Joathilde qui bavardaient pendant que Zibulinion, fasciné, admirait les étagères en fer forgé qui montaient jusqu'au plafond, pleines à craquer de livres aux tranches magnifiques. Les deux enfants ne voulurent pas s'attarder et Zibulinion, à regret, quitta les lieux. Il visiterait véritablement la bibliothèque plus tard.
Toujours en se référant au plan, ils se rendirent dans le parc de l'école où des centaines de fleurs fraîchement écloses embaumaient. La pelouse y était tondue, les arbres et les buissons taillés, les allées sableuses nettement dessinées. Au centre, il y avait un bassin avec une fontaine en forme de naïade de laquelle l'eau s'échappait. Ils étaient toujours dans le jardin, assis sur un banc marbré, quand la cloche indiquant l'heure du repas sonna.
Devant les hautes portes du réfectoire, une foule de fées s'était agglutinée. Une fée adulte voletait au-dessus, enjoignant à gagner dans le calme sa section. Il n'était pas question que les premières années se mélangent avec les troisièmes. Dans un brouhaha terrible, Zibulinion et ses deux camarades, bousculés et poussés, finirent par entrer et trouver leur place.
Quand enfin tout le monde fut assis, des assiettes se mirent à valser dans la pièce avant de descendre se poser devant chaque élève. Zibulinion en resta bouche bée.
La fée qui s'était occupée de la discipline devant le réfectoire prit la peine d'expliquer aux premières années qu'une fois qu'ils considéraient leur plat terminé, ils devaient croiser leur fourchette et leur couteau sur leur assiette.
Zibulinion allait s'attaquer à son repas quand il sentit qu'il était regardé. Une fois de plus, être un adolescent au milieu des enfants, attirait l'attention sur lui. Et son physique, toujours lui, aggravait son cas. Il avala péniblement une bouchée, puis deux, espérant que les autres fées s'intéresseraient bientôt plus à leur repas qu'à sa personne.
Hélas, jusqu'au dessert, il eut l'impression d'être observé, et même s'il prit le soin de bien tout mastiquer, sachant que c'était meilleur pour la digestion, tout lui parut sans goût.