jeudi 30 avril 2020

L'empreinte de l'orc - 104

En attendant le retour de Rurk et l’arrivée du noble Gaston de Jupilchet, ils bâillonnèrent les humains qu’ils avaient fait prisonniers, las d’entendre leurs plaintes, menaces et insultes.
Au bout du compte, Gaston de Julpichet, un vieux noble bedonnant, débarqua juste avant Rurk, accompagné – chose imprévue –  par dix gardes, si bien qu’il n’y eut pas le temps de le questionner.
Cette fois, Adam le sixième les reçut dans la salle du trône.
Les humains furent tous libérés, au grand énervement de Gulrik, mais tous obligés de demeurer devant leur roi.
— Quelqu’un aurait la bonté de m’expliquer ce qu’il s’est passé ? demanda Adam le sixième.
Une cacophonie de mensonges retentit.
— Silence, ordonna Adam le sixième.
Les humains finirent par se taire.
— Parlez, prince.
S’il avait été un banal ambassadeur orc, Gulrik n’était pas certain que le roi des humains aurait pris la peine d’écouter sa version des faits.
Gulrik exposa les faits, avec quelques interruptions des humains présents.
— Vous auriez dû nous informer pour cette affaire d’archer ! s’indigna le fils aîné.
— Mon fils a raison, c’eût été la moindre des courtoisies, déclara Adam le sixième.
— Bastien du Picton a menti, je ne le connais même pas ! s’exclama Gaston du Pilchet, sans sembler se rendre compte que son empressement à se dédouaner l’incriminait davantage.
— Qu’avez-vous à dire pour votre défense, monsieur du Picton ?
— Rien, votre majesté, si ce n’est que j’ai jamais été qu’un instrument suivant les ordre de du Pilchet et que je ne suis guère surpris qu’il nie son implication.
Adam le sixième abandonna le barbu pour soumettre le vieux bedonnant à un feu roulant de questions.
Il était irritant que le roi des humains se soucie davantage du tort causé à Gulrik que du mal fait à Cyan. S’il avait su que ce dernier avait toutes les chances d’être son fils, Adam le sixième aurait sûrement agi différemment.
Rurk avait en effet commencé à réunir des éléments confirmant le soupçon de Gulrik qui n’avait pas encore trouvé le bon moment pour en discuter avec Cyan.

mercredi 29 avril 2020

L'empreinte de l'orc - 103

Le fameux thé eut lieu deux longs jours plus tard.
Bastien du Picton comprit qu’il avait été roulé dans la farine en découvrant les invités, mais trop tard. 
Dans un premier temps, il refusa catégoriquement de répondre aux questions. Peu importe qui les posait de Cyan ou de Gulrik.
Sa langue se délia cependant quand Gulrik lui donna de l’argent. Bastien du Picton avait beau considérer les orcs comme de puantes créatures,   son appât du gain passait avant tout.
Il révéla le nom du noble qui l’avait embauché – Gaston de Jupilchet –  pour se rendre à Orcania y espionner les orcs et tester l’efficacité du poison dont il n’avait en revanche aucune idée qui avait pu le créer.
Du moment qu’il était payé, il se moquait bien des conséquences de ses actes. Il était clair que chercher à sauver Cyan n’avait été qu’un caprice de sa part, un qu’il regrettait.
L’interrogatoire fut interrompu par l’arrivée d’un petit groupe d’hommes masqués aux épées brandies qui se figèrent face à la scène. Il ne faisait guère de doute qu’il étaient venus gâcher le thé de la jeune femme qui osait fricoter avec un orc. Ils s’étaient attendus à des invités humains, pas à affronter les orcs.
Roknok et Gulrik les mirent hors d’état de nuire en deux temps trois mouvements et arrachèrent leurs stupides masques.
Cyan, en frissonnant, reconnut ses agresseurs dans le lot.
S’il n’avait pas fallu les soumettre à la justice d’Adam le sixième, Gulrik leur aurait tordu le cou sur le champ.
Profitant de la confusion, Bastien du Picton essaya de s’esquiver, mais Rurk le rattrapa et Roknok utilisa les cordelettes qu’il avait toujours à la ceinture pour attacher tous les coupables humains.
— Pouvez-vous faire venir le fameux Gaston qu’a mentionné l’archer ? demanda Gulrik à la jeune femme qui avait tenu à assister à leur confrontation avec Bastien du Picton.
Aux vues de leurs avancées, le mieux était encore d’aller jusqu’au bout. Gulrik n’avait pas envie de séjourner plus longtemps à la cour d’Adam le sixième.
— Maintenant ? s’étonna-t-elle.
Sans être vraiment bouleversée de l’affrontement qui avait eu lieu dans ses appartements, elle était tout de même un peu  secouée.
— Si c’est possible, oui.
— Je ne suis pas certaine… Enfin, mon défunt mari était assez proche de lui.
— Alors, faîtes-le, envoyez un message et dîtes que c’est urgent. Pendant ce temps, Rurk va solliciter une audience avec Adam le sixième.

mardi 28 avril 2020

L'empreinte de l'orc - 102

Gulrik grogna de soulagement. Regarder des humains transformer en hérisson des ronds de bois n’était définitivement pas son passe-temps favori.
La tentation de se diriger droit vers l’homme barbu pour lui demander des compte était forte. Il fallait malheureusement guetter l’opportunité de le prendre à part. Ou la créer.
Gulrik interpella un serviteur humain, lui décrivit le barbu et obtint un nom : Bastien du Picton. Il remercia l’homme qui s’empressa de retourner vaquer à ses occupations.
Avec un nom, ce serait plus simple. Il restait à espérer que Bastien du Picton ne les repère pas, ce qui signifiait ne pas bouger. D’ailleurs, même comme ça, ils attiraient l’attention. Les nobles de la cour du roi humain ne semblaient vraiment avoir rien d’autre à faire que s’observer les uns les autres et médire.
L’archer et son ami finirent par partir sans avoir jeté plus qu’un coup d’œil distrait dans leur direction. Ayant passé du temps à Orcania, Bastien du Picton était sans aucun doute moins fasciné que ses pairs par la vue d’un orc.
Gulrik et Cyan partirent à leur tour. Différentes possibilités s’ouvraient à eux à présent : demander une leçon privée de tir à l’arc à Bastien du Picton, ce qui pouvait lui mettre la puce à l’oreille ou bien se renseigner sur les habitudes de ce dernier et le piéger…
Ils étaient sur le point de regagner leurs quartiers quand ils tombèrent sur Rurk et son humaine que Roknok suivait à distance.
— Pourrais-je avoir un mot en privé, je vous prie ? demanda-t-elle.
Gulrik, surpris, leva un sourcil en direction de Rurk qui baissa les yeux.
Tout habile et débrouillard qu’il soit, l’orc au teint ocre avait ses limites.
— Bien sûr, répondit Gulrik.
La veuve les conduisit à un kiosque isolé dans les jardins du château. C’était bien des idées humaines que de vouloir maîtriser la nature.
— Je ne suis plus une petite oie blanche et naïve, dit-elle en guise de préambule. Je sais reconnaître un intérêt réel d’un feint…
— Pardon, intervint Cyan. Nous n’avions pas l’intention de vous offenser.
— Oh, je ne le suis pas. Pas vraiment. Je suis même prête à continuer à jouer le jeu et à vous apporter mon aide, comme lorsque vous avez été enlevé à la bibliothèque.
C’était la femme qui avait mentionné les passages secrets. Gulrik ne l’avait pas reconnue.
— C’est très aimable à vous, surtout que vous n’en retirez rien, avança Gulrik, pas très certain de pouvoir se fier à une humaine.
— Oh que si, cela m’amuse. Si je puis vous rendre service en quoi que ce soit, n’hésitez pas.
Gulrik allait refuser, mais se ravisa. Sans elle, il n’aurait peut-être pas retrouvé Cyan à temps et  bien que pomponnée et parfumée, la jeune femme respirait la franchise.
— Connaissez-vous Bastien du Picton ?
— De loin. Pourquoi ?
— Nous voudrions lui parler sans être dérangé.
— Je peux organiser un thé où je l’inviterai… Et pour le motiver à venir, prétendre qu’une jeune fille fortunée qui l’intéresse sera présente… Il sera déçu, bien sûr, car il n’y aura que vous !
La jeune veuve constituait une alliée inespérée.
— Merci madame pour votre générosité.
— Oh, je compte bien que vous me présentiez à des orcs qui ont vraiment envie de folâtrer avec une humaine, contrairement à ces deux-là, répliqua-t-elle en désignant Rurk et Roknok. Un orc comme vous, ajouta-t-elle.
Cyan se pressa soudainement contre lui. Un geste possessif qui plut à Gulrik.
La jeune femme partit d’un rire joyeux. Elle était bien consciente que Gulrik n’était pas disponible.

lundi 27 avril 2020

L'empreinte de l'orc - 101

Cyan finit par réussir à convaincre Rurk. Gulrik dévoila ensuite son idée pour mettre la main sur l’archer sans compter sur le seul hasard : un homme comme cela devait forcément s’exercer au tir. Il suffisait de se renseigner pour savoir où l’on pouvait s’entraîner de la sorte au château.
Une fois leurs plans discutés, Roknok et Rurk sortirent faire le nécessaire.
Gulrik retira les bandages de Cyan, examina ses blessures et l’enduisit de pommade, apaisant ses douleurs.
Au contact de ses larges mains, Cyan ne manqua pas d’être excité. Hélas, Gulrik ne sembla pas remarquer son érection.
Cyan hésita, puis se jeta à l’eau :
— Fais-moi l’amour.
Gulrik le regarda longuement, ses yeux noirs brillants de désir, puis il s’ébroua.
— Pas tout de suite. Il faut que tu guérisses. Je ne veux pas risquer de te faire mal.
Face à tant d’amour et de tendresse, Cyan se sentit fondre.
Partager la vie de l’orc n’était pas sans complication ou souffrance, mais en comparaison avec ce qu’il lui apportait, elles n’étaient rien.
Cyan le pensait toujours, trois jours plus tard, alors même qu’il s’ennuyait comme un rat mort, assis sur un banc à côté de l’orc, à regarder des gens plus ou moins doués aller et venir, tendre leurs arcs et tirer sur des cibles colorées.
Au début, le spectacle l’avait diverti, mais à la longue, c’était devenu lassant et l’archer n’avait toujours pas daigné montrer le bout de son nez.
L’opération « séduction », elle, suivait son cours. Après que Rurk ait manifesté son intérêt pour la compagnie humaine, une veuve l’avait abordé. Mieux, elle s’était pendue au bras de l’orc sans chercher à se cacher. Elle semblait apprécier le scandale qu’elle provoquait. Nul ne s’était cependant pour le moment attaqué à elle.
Il était frustrant de ne pouvoir faire rien d’autre que prendre leur mal en patience, surtout en sachant qu’à Orcania, des orcs complotaient. La vie à la cour d’Adam le sixième était par ailleurs pénible. Dédain comme curiosité déplacée étaient durs à supporter.
Cyan cacha un bâillement derrière sa paume et appuya sa tête contre Gulrik. Cyan était fatigué. Le prince orc ne l’avait pas laissé beaucoup dormir la nuit dernière comme pour rattraper le temps perdu après deux jours d’abstinence. L’orc était resté en lui, remuant doucement les hanches…
Cyan cessa de se remémorer l’excitant souvenir et rouvrit grands les yeux.
Le barbu était entré dans la pièce. Il riait avec un autre homme. Il était là.
Cyan s’empressa d’informer Gulrik. Ça y est, les choses allaient enfin bouger.

vendredi 24 avril 2020

L'empreinte de l'orc - 100

Cyan émergea la gorge douloureuse, sa peau le tiraillant aux endroits où il avait été tailladé.
Gulrik n’était pas à ses côtés. Il n’était cependant pas loin. Il était debout dans le coin opposé de la pièce où il parlait à voix basse avec Roknok et Rurk.
Il tourna sous la tête vers Cyan comme s’il savait qu’il était désormais réveillé.
Cyan porta la main vers l’empreinte de l’orc qui ornait son torse, la marque de leur amour qui l’avait protégée la veille.
Gulrik abandonna Roknok et Rurk, se dirigeant vers lui.
Cyna n’en revenait toujours pas que pareil spécimen d’orc soit sien, grand, large et musclé la peau verte printanière, les dents d’un blanc étincelant et surtout, si gentil et si généreux.
Gulrik se pencha pour l’embrasser.
Savoir qu’il était le seul à avoir jamais bénéficié des baisers de l’orc les rendaient encore plus précieux.
— Comment te sens-tu ?
— J’ai déjà été plus en forme, reconnut Cyan. Que faites- vous tous les trois ?
— Nous voyons comment procéder compte tenu de la situation. Retrouver tes agresseurs semble un bon point de départ. Je doute hélas qu’ils aient la bêtise de venir parader devant toi alors que tu peux les identifier, à la différence de l’archer qui n’est normalement pas conscient de ta présence au château.
— Oui… J’ai peut-être une idée pour débusquer ces nobles qui détestent qu’un humain puisse fréquenter un orc et réciproquement.
— Vas-y, je t’écoute, l’encouragea Gulrik.
Avant l’orc, personne n’avait jamais accordé de valeur à son opinion. Cyan n’était pas encore habitué.
— Je ne pense pas être le seul humain à trouver
du charme aux orcs. Si cela ne rebute pas trop Rurk ou Roknok, l’un d’entre eux pourraient faire savoir qu’il est intéressé pour s’amuser avec un humain.
Cyan s’empourpra.
— En d’autres termes, baiser… Et après ça, tu crois qu’ils s’attaqueront à l’humain ou l’humaine qui se sera manifesté. Excepté que cette fois nous serons prêts. Cela mérite d’être tenté.
Gulrik fit signe à Roknok et Rurk de venir et leur exposa l’idée, sans leur cacher qu’elle venait de Cyan.
— L’un de vous deux est-il partant ? conclut-il.
— Pas très, lâcha Roknok.
— Avec mon teint ocre, je crains ne pas avoir  le profil pour plaire aux humains, et ce plan a a une faille, car celui ou celle qui sera tenté voudra sûrement garder la relation secrète, du coup ceux que nous cherchons risquent de ne pas l’apprendre.
— Un secret si juteux avec  ses nobles avides du moindre cancan ? Ce ragot sera vite colporté.
— Tu es plus au fait de la nature humaine que moi, admit Rurk. Mon premier point demeure cependant valide.
Cyan ne trouvait pas Rurk vraiment attirant, pas comme Gulrik ou même Roknok, mais cela n’avait rien à voir avec sa couleur de peau et sûrement quelqu’un aurait envie d’expérimenter.

jeudi 23 avril 2020

L'empreinte de l'orc - 99

— Vous croyez que la reprise de la guerre est est inévitable ? murmura Cyan.
Gulrik secoua la tête.
Cyan devait être épuisé. Il n’aurait pas dû avoir à écouter Rurk leur rapporter que certains orcs s’organisaient pour massacrer des humains, pas après avoir été enlevé, blessé, étranglé, obligé d’affronter le mépris de trois paires de regards d’un bleu glacé…
Gulrik se figea. Durant toute leur conversation avec Adam le sixième et ses deux fils, quelque chose l’avait dérangé, outre leur propos et leur indifférence, sans qu’il parvienne à mettre le doigt dessus. C’étaient leurs yeux. Ses trois regards empreints de froideur, mais d’un bleu cristallin qui lui était familier.
Ce n’était peut-être rien qu’un simple hasard, car, après tout, Gulrik n’était pas un expert en humain, Cyan seul se distinguant du lot, mais il n’était pas impossible que Cyan ne soit pas vraiment orphelin en fin de compte. Qu’il ait été abandonné sur les marches d’un temple à Manchor n’excluait pas qu’il soit un enfant illégitime. Enfin, si Adam le sixième avait couché et engrossé une servante et choisit de se débarrasser de la responsabilité du bébé, il ne fallait pas s’attendre à ce qu’il le reconnaisse…
— Gulrik ?
— Pardon. J’étais parti ailleurs.
— Je vous ai donné à réfléchir. Je vais vous laisser pour le moment.
Gulrik acquiesça. Il communiqueraient ses doutes à Cyan plus tard, quand il aurait plus qu’un soupçon doublé d’une intuition. Il pourrait peut-être lancer Rurk sur la piste vu comme il était plein de ressources. Son aide allait être bienvenue pour résoudre tous les problèmes qu’ils avaient sur les bras.
Gulrik s’allongea avec précaution à côté de Cyan.
— Tu devrais dormir.
— Je ne suis pas sûr de pouvoir, répondit Cyan.
— Ferme les yeux au moins, je veille sur toi.
— D’accord.
Tandis que la respiration de Cyan se faisait de plus en plus régulière, Gulrik commença à dresser un plan d’attaque dans sa tête.

mercredi 22 avril 2020

L'empreinte de l'orc - 98

Rurk se dirigea aussitôt vers le lit où était allongé Cyan pour le saluer, puis jeta un coup d’œil curieux à Gulrik.
— A moins que vous ne soyez tous les deux portés sur la domination et la soumission, il semblerait que votre séjour n’ait pas été de toute tranquillité.
Gulrik rapporta de façon succincte ce qui s’était produit, même si cela lui était douloureux. Il aurait pu le perdre. Son Cyan. Timide, boiteux, obstiné, capable de rebondir qu’elles que soient les épreuves qu’il traversait. Oui, sa résilience était remarquable.
— Et toi, Rurk, tout va bien ? s’enquit Cyan.
Il n’aurait pas dû s’inquiéter ainsi pour un autre orc. En même temps, sa générosité était tout à son honneur.
— Cela irait mieux si je n’avais pas découvert que des orcs amassaient des armes de guerre.
Comme s’ils avaient eu besoin de ça, en plus de tout le reste. Ils avaient déjà des humains qui complotaient contre les orcs. Et maintenant voilà qu’il y avait des orcs prêts à en découdre avec les humains. De part et d’autre de la frontière, régnaient l’incompréhension et la croyance qu’orcs et humains ne pouvaient vivre ensemble ou même se mettre en couple alors que Manchor montrait qu’au minimum la cohabitation était possible. Sans compter que Cyan et lui montraient qu’un orc et un humain pouvaient s’aimer. Hélas, certains ne voulaient plus de la paix et préféraient étouffer toute preuve qu’il était possible pour un humain et un orc d’être ensemble. Et pas juste dans le cadre d’une alliance politique forcée ou juste pour baiser.
Gulrik demanda des détails à Rurk qui les lui fournit. L’orc trapu avait fourré sans le vouloir son nez où il ne le fallait pas à la forteresse, surprenant par erreur une conversation qu’il n’était pas supposé entendre. Par chance, il ne s’était pas fait repérer et avait pu en apprendre plus sans pour autant réussir à savoir avec certitude qui tirait les ficelles dans l’ombre.
Gulrik espérait très fort que son père n’était pas derrière. C’était malheureusement parce qu’il avait un doute à ce sujet que Rurk ne s’était pas adressé au roi.
— Je suis désolé d’être porteur de mauvaises nouvelles, dit Rurk.
— Non, c’est bon, répliqua Gulrik.
Il avait de la reconnaissance envers Rurk qui avait renoncé à régler ses affaires personnelles pour venir l’informer au plus vite de ce développement inattendu.
Entre ça et le fait qu’il lui avait ramené Cyan, sa dette envers l’orc au teint ocre augmentait.

mardi 21 avril 2020

L'empreinte de l'orc - 97

Gulrik avait un arrière-goût amer en bouche. Adam et ses descendants l’avaient tellement irrités qu’il avait fini par dévoiler son identité. Ce n’était pas forcément une erreur, seulement il l’avait fait sous le coup de la colère, agacé qu’ils les prennent de haut, lui et Cyan. Gulrik n’était pas un banal subalterne orc. Il avait détesté leur indifférence face à ce qu’avait vécu Cyan. Ayant apparemment eu vent qu’il était un orphelin abandonné, ils avaient jugé sans importance qu’il ait été blessé, comme si sa mort aurait été sans conséquence. Ils étaient peut-être parti du principe qu’un orc ne pouvait véritablement tenir à un humain. Ils s’étaient trompés. Gulrik ne croyaient pas qu’ils soient impliqués dans l’enlèvement et la préméditation de meurtre, toujours était-il évident qu’ils ne feraient guère d’effort pour résoudre l’affaire.
C’est lui et Roknok qui devraient s’en charger, de même que de l’archer.
Gulrik aurait bien voulu repartir sur le champ, loin de ses humains hypocrites et imbus d’eux-mêmes, mais il ne pouvait pas laisser ces deux problèmes derrière lui.
— Pourquoi personne ne sait que tu es les prince des orcs ?
La question de Cyan l’arracha à ses sombres pensées.
— Contrairement aux humains, les orcs ne font pas de portraits à leur effigie et ne fabriquent pas non plus de pièces de monnaies avec leur profil gravés dessus. Des statues sont parfois réalisées pour les orcs importants, mais généralement en fin de vie.
— C’est le tatouage qui te distingue ?
— Oui.
— Mais n’importe qui pourrait l’imiter, non ?
— C’est un motif complexe que seul le tatoueur royal connaît transmet à son héritier de sang ou de cœur qui doit à son tour promettre de garder le secret.
— Une simple promesse….
— Qui lie davantage un orc qu’un de vos serments à votre déesse.
— Humains et orcs sont vraiment différents...
Certains différences avaient d’ailleurs leurs charmes. Comme embrasser.
Gulrik venait à peine de capturer les lèvres de son humain qu’un coup à la porte les interrompit.
Gulrik grogna de dépit et alla voir de quoi il était question.
Il se retrouva nez à nez avec Rurk, l’orc trapu au teint ocre.
Sa mine soucieuse contraignit Gulrik à l’inviter à l’intérieur.

lundi 20 avril 2020

L'empreinte de l'orc - 96

Gulrik le souleva et sortit dans le couloir où Roknok attendait, entouré de pas moins de dix gardes. Dans une ambiance pesante, ils furent conduits non pas à la salle du trône, mais, à la surprise de Cyan, dans un petit salon.
Adam le sixième, une couronne étincelante sur la tête les y attendait, assis dans un large fauteuil qui n’avait rien à envier à un trône. Il était encadré par deux hommes qui ne pouvaient être que ses deux fils. Les trois hommes avaient les même yeux bleus, la même forme de visage, la même posture. Ils avaient en revanche chacun une teinte de cheveux bien distinct – poivre-sel, blond et auburn.
Le long des murs, des gardes étaient plantés entre les meubles. Douze au total.
— J’aurais préféré faire votre connaissance dans d’autres circonstances, déclara le roi.
— Moi de même, rétorqua Gulrik, en serrant Cyan plus fort contre lui.
— Asseyez-vous donc, offrit Adam le sixième.
Un instant, Cyan crut que Gulrik ne le ferait pas, mais l’orc s’installa finalement sur le canapé, plaçant Cyan sur ses genoux.
Roknok se positionna juste derrière eux.
— Je sais que vous, les orcs, avez tendance à vous emporter vite, mais pourriez vous m’expliquer pourquoi vous avez cru bon d’agresser mes sujets et de ravager ma bibliothèque ?
Cyan retint un soupir, chaque fois, c’était pareil, il était ignoré.
— Cyan avait disparu.
— Il aurait très bien pu s’être simplement égaré et vous auriez pu et dû vous adresser à un garde, intervint l’aîné des fils.
Cyan sentit Gulrik vibrer d’une rage mal contenue.
— Si j’avais fait cela, il serait mort.
Il y avait de la douleur dans sa belle voix gutturale. Cyan noua ses doigts à ceux de son orc.
— Allons, vous exagérez… A tous les coups, ce n’était qu’une mauvaise plaisanterie, répliqua Adam le sixième.
— Ils étaient en train de l’étrangler, regardez son cou ! tonna Gulrik.
Cyan pâlit sous l’attention soudaine dont il faisait soudain l’objet. Tant qu’à faire qu’ils parlent comme s’ils n’étaient pas là, ils auraient pu aller jusqu’au bout. Adam le sixième comme ses trois fils ne se départirent pas de leur visage de marbre.
— L’incident est fâcheux, mais vous deviez bien vous douter qu’amener votre, disons, amant de basse extraction, ne ferait pas l’unanimité, lâcha le plus jeune des fils.
Sous le vernis de la politesse, il accusait Cyan d’être un prostitué, tout en reprochant à Gulrik d’avoir osé l’introduire à la cour.
Cyan avait toujours été traité comme un moins que rien, cependant, il n’avait pas envisagé les choses sous cet angle et un sentiment de honte le submergea. Il n’avait pas sa place auprès de Gulrik, pas vraiment.
Le prince orc se releva brusquement.
— C’est mon partenaire d’empreinte, mon fiancé. Je suis né prince et je n’ai pas de problème avec ses humbles origines.
Sur ces mots, Gulrik dégagea sa nuque, tourna la tête et révéla le tatouage qui la décorait.
Pour la première fois depuis le début de l’entretien, Adam et ses héritiers parurent déstabilisés.
Cyan, lui, était rassuré. Il aurait dû se souvenir que peu importait ce qu’en pensait le reste du monde, orcs comme humains, Cyan et Gulrik s’appartenaient l’un à à l’autre, il étaient liés.
Il faudrait tout de même qu’il demande à Gulrik comment cela se faisait qu’hormis à la forteresse, nul ne le reconnaissait.
— Je suis honoré de vous avoir à ma cour en tant qu’ambassadeur, prince, et je regrette ce qui est arrivé à votre fiancé. Une enquête sera bien sûr menée pour retrouver et punir le coupable, déclara Adam le sixième.
Impossible de ne pas remarquer le changement de ton. Cyan n’était pas convaincu pour autant que quoi que soit serait fait.
— Pouvons-nous nous retirer dans nos quartiers à présent ? Mon fiancé a besoin de se remettre de l’épreuve qu’il a subi.
Cyan admira la diplomatie de Gulrik, tout en devinant que cela devait coûter à l’orc.
— Bien sûr. Nous nous reverrons plus tard.
Ils étaient congédiés, enfin.
Ils furent raccompagnés à leur chambre devant laquelle Roknok se posta.

vendredi 17 avril 2020

L'empreinte de l'orc - 95

— Cyan…
La voix de Gulrik le ramena au présent.
— Embrasse-moi, s’il-te-plaît, déclara-t-il, malgré sa gorge endolorie.
Gulrik leva un sourcil interrogateur.
Cyan pointa sa bouche du doigt.
L’orc s’exécuta.
— C’est donc comme cela que les humains appellent ça, dit Gulrik à voix basse, encore tout près des lèvres de Cyan.
— Les orcs ont un autre nom ?
— Ce n’est pas vraiment quelque chose qu’on pratique, avoua Gulrik.
C’est bien la première fois qu’il avait l’air embarrassé depuis qu’il le connaissait.
Le cœur de Cyan se gonfla d’amour pour l’orc qui avait adopté un usage humain pour lui. Cyan n’avait jamais réfléchi à la question, mais ce ne devait pas être exactement facile pour deux orcs de s’embrasser avec chacun une paire de dents proéminentes.
— Merci, murmura-t-il avec un sourire.
Gulrik le lui rendit, puis s’assombrit.
— Que s’est-il passé lors de ton enlèvement ? Tu sais ce qu’ils voulaient ?
Cyan aurait préféré continuer à parler de baisers.
— Pas exactement, mais ils étaient indignés que nous étions ensemble au point de souhaiter me supprimer.
Gulrik donna un coup de poing dans le mur, la force de l’impact, créant un creux. L’orc inspira ensuite à fond avec l’intention évidente de reprendre son calme.
— A priori, aucun rapport avec l’archer, donc…
— En effet.
Ils n’eurent pas le temps d’en dire plus.
Après un coup à la porte, Roknok passa la tête dans l’embrasure.
— Adam le sixième nous convoque.
— Cela n’a pas été long, grommela Gulrik. Donne-nous un instant.
Roknok referma sans mot dire.
Cyan se redressa en grimaçant.
— Tu veux bien me passer des habits ?
— Tu ne souhaites pas te reposer ici sous la garde de Roknok ?
Cyan savait que l’immense orc serait tout à fait capable de le protéger et il ne tenait pas plus que cela à faire la connaissance de Adam le sixième, mais il préférait être avec Gulrik. Il en avait besoin, même.
— Restons ensemble.
— Bien. Je me sentirai plus tranquille en te gardant dans mes bras.
Le prince orc ne comptait à priori pas le laisser marcher, ce qui était sans doute aussi bien vu son état. Sans oublier le massacre de ses chaussures spéciales. Son boitement allait de nouveau être aussi visible que ses marques de naissance sur son visage.
Gulrik l’aida à se vêtir, l’empêchant bien sûr de refermer une partie des boutons de sa chemise.
— Je t’en ferai fabriquer d’autres, assura-t-il ensuite en lui enfilant de simples souliers ayant appartenu à l’oublieux dignitaire humain, comme tous les éléments de la garde-robe de Cyan.
Gulrik devenait doué pour comprendre Cyan sans même qu’il ait besoin d’expliquer quoi que ce soit. Effet de l’empreinte ou conséquence naturelle du temps passé ensemble, c’était dur à dire, mais dans un cas comme dans l’autre, c’était appréciable.

jeudi 16 avril 2020

L'empreinte de l'orc - 94

La fureur de Gulrik aurait pu être effrayante si elle avait été dirigée contre lui. La Déesse soit louée, ce n’était pas le cas et ses agresseurs la méritaient.
Même convaincu que Gulrik viendrait le sauver, Cyan avait eu horriblement peur. Pas au moment où il avait été entraîné pour voir un livre à la couverture soit-disant extraordinaire, mais dès qu’une main s’était plaquée sur sa bouche pour l’empêcher de crier tandis qu’un meuble pivotait, laissant voir un tunnel tout noir.
Qu’ils procèdent à visage découvert lui avait fait comprendre qu’ils ne comptaient pas le libérer et avaient peut-être même l’intention de le tuer.
Cyan s’était débattu avec l’énergie du désespoir, ce qui lui avait juste valu de récolter des coups et des insultes.
Dans une niche du tunnel, ils l’avaient adossé à un mur en ricanant et s’étaient amusés à mettre en pièce ses habits et ses chaussures.
— Pourquoi faîtes-vous cela ? leur avait demandé Cyan.
Ils n’avaient pas répondu bien sûr, se contentant de se moquer de lui, si laid et si boiteux qu’il en avait été réduit à devenir le jouet d’un orc.
— Tu n’as pas honte de te promener avec le tatouage de sa main sur le torse ?
Cyan avait secoué la tête et reçut une gifle.
— Tu ferais presque pitié à suivre comme un chien cette grosse bête verte.
Ils avaient enchaîné des propos dégradants sur les orcs jusqu’à ce que Cyan n’y tienne plus.
— Il est bien meilleur que vous !
— Ah oui ? Cela m’étonnerait qu’il verse ne serait-ce qu’une seule larme sur ton cadavre !
Les trois hommes avaient fini de jouer. L’un d’eux, le meneur, avait voulu enfoncer en plein cœur la lame du poignard dont il s’était servi pour réduire en pièce les habits de Cyan, mais comme repoussé par une force invisible, le poignard avait dévié et n’avait fait qu’une entaille dans la peau de Cyan. Cela avait été douloureux, mais non mortel, comme prévu.
L’homme avait retenté avec le même résultat. Ses complices avaient essayé à leur tour et avaient échoué également. C’était comme si l’empreinte de Gulrik le protégeait. Les trois compères s’étaient énervés et puis le meneur, toujours lui, avait décidé de l’étrangler.
Ses doigts moites s’étaient refermés autour du cou  de Cyan et avaient serré de plus en plus fort. Privé d’air, Cyan s’était mis à voir trouble. Et soudain, Gulrik était apparu. Les trois hommes avait pris la fuite comme une volée de moineaux.
Cyan avait échappé à la mort in extremis, une fois de plus, comme le jour de sa pendaison, mais en avait conçu un soulagement bien plus grand, car il avait désormais une raison de vouloir vivre.

mercredi 15 avril 2020

L'empreinte de l'orc - 93

Juste quand le désespoir gagnait Gulrik, il perçut des éclats de voix. Il accéléra l’allure, ses larges épaules raclant les parois, sa tête se heurtant au plafond.
Il vit une espèce d’alcôve où trois humains avaient acculé Cyan à un mur.
Les trois hommes s’enfuirent en le repérant. Gulrik ne les pourchassa pas, préférant s’occuper de Cyan qui avait glissé à terre. Les habits de son humain avaient été tailladés, de même que ses chaussures. Il saignait et était à peine conscient.
Il était évident qu’il était dans un sale état, aussi Gulrik ne lui posa aucune question. Il le souleva avec précaution dans ses bras et retourna sur ses pas vers la bibliothèque.
Roknok, blessé lui aussi, se tenait devant l’entrée du tunnel, tenant à distance les gardes humains qui avaient eux aussi subis des dommages.
Son arrivée mit fin à la situation. Les humains voulaient savoir ce qui s’était passé.
Quelqu’un envoya chercher un médecin.
Gulrik ne répondit à rien ni personne, concentré sur Cyan qui était à présent évanoui.
Il exigea autoritairement d’être reconduit à leur chambre. Les gardes, visiblement incertains de la marche à suivre, les y escortèrent. Il faut dire que la situation était compliquée et difficile à juger entre les dégâts dans la bibliothèque causés par l’ambassadeur orc, la disparition de son partenaire humain, puis sa réapparition ensanglantée.
Un humain haut placé, peut-être le roi même, devrait s’occuper de démêler les fils plus tard, ce qui arrangeait Gulrik qui voulait s’occuper de soigner Cyan.
Il demanda à Roknok de demeurer devant leur porte, dans le couloir avec la foule d’humains et refusa que le médecin appelé examine Cyan.
Une fois à l’intérieur de la chambre, il l’étendit sur le lit, lui retira ses habits en lambeaux et ses chaussures abîmées au-delà de toute réparation.  Son humain était couvert de bleus, de grandes estafilades sanglantes barraient son torse, et il avait des marques de doigts autour du cou.
Gulrik maudit les agresseurs de Cyan. Il récupéra le nécessaire pour le soigner dans son sac et se mit à l’ouvrage. Il désinfecta et banda les coupures, et étala de la pommade sur le reste.
— Ils ont osé te toucher, te marquer et ils devront payer, grogna-t-il quand il eut fini.
Les paupières de Cyan papillonnèrent. Il revenait enfin à lui.

mardi 14 avril 2020

L'empreinte de l'orc - 92

Une des femmes du groupe intervint :
— Il a peut-être ouvert par mégarde un passage secret. Il paraît qu’il y en a dans la bibliothèque.
Enfin, une information utile.
Gulrik se mit à vider les meubles de leurs livres, puis à tapoter le fond de leurs parois afin de voir si cela sonnait creux.
Certains humains s’indignèrent face au désordre qu’il créait et l’un d’entre eux revint avec deux gardes qui intimèrent à Gulrik de se calmer.
Il les ignora, se contenta de les repousser quand ils cherchèrent à l’empoigner et continua à flanquer furieusement les livres par terre. Il se moquait bien de les endommager. Cyan avait disparu. Son humain était en danger.
Plus de gardes déboulèrent. A eux tous, quand ils eurent réussi à se coordonner, ils parvinrent à bloquer Gulrik qui pesta.
Roknok apparut fort heureusement. La rumeur que l’ambassadeur orc devenu fou mettait à sac la grande bibliothèque avait dû parvenir jusqu’à lui. Ou peut-être essayait-il de les retrouver depuis tout à l’heure.
Grâce à lui, Gulrik put échapper aux gardes et reprendre sa recherche du passage secret par lequel Cyan avait dû être emmené.
Il commençait à craindre s’être lancé sur une mauvaise piste quand enfin, un meuble pivota, dévoilant un passage.
Derrière lui, les humains s’agitaient et parlaient, mais Gulrik ne s’en souciait pas. Roknok assurait ses arrières, lui permettant de rester focalisé sur Cyan.
Il avança à grandes enjambées dans l’obscur tunnel en dépit de son oppressante étroitesse jusqu’à ce qu’il arrive à une bifurcation.
La moisissure recouvrant les murs mettant hors jeu son odorat, il tendit l’oreille et chercha des yeux des traces de passage dans l’une, puis l’autre branche.
En l’absence de signe concluant, il se fia à son instinct – quelque chose l’attirait vers la gauche.
Face à un second embranchement, il procéda de la même manière.
A chaque minute qui passait, sa colère et son inquiétude augmentaient. Cet incident n’aurait pas dû se produire. Il aurait dû se méfier davantage. Que ferait-il s’il ne parvenait pas à rattraper ceux qui avaient enlevé Cyan ? Il ne connaissait ni leurs noms ni leurs visages. Les humains se ressemblaient tous, leurs habillements comme leurs parfums masquant leurs odeurs naturelles.

lundi 13 avril 2020

L'empreinte de l'orc - 91

Il se détacha du corps de Cyan à regret, se leva, enfila un pagne et demanda à un serviteur qui passait dans le couloir qu’un bain leur soit amené.
Propres et habillés, ils quittèrent la chambre, et  purent enfin mettre Roknok dans la confidence pour l’archer avant d’être à nouveau séparés, conduits à deux salles à manger différentes.
A la fin du petit déjeuner tardif, pas assez copieux et gâché par le bavardage incessant des humains attablés, un groupe de nobles leur proposa une visite.
Gulrik accepta autant par politesse que pour faire plaisir à Cyan qui semblait intéressé.
Une douzaine d’humains parfumés à outrance les accompagnèrent à une galerie de portraits, les gavant d’inutiles explications sur les hommes et les femmes des peintures.
Gulrik ne les écouta pas. Il en connaissant certains grâces aux cours que lui avaient dispensé son tuteur autrefois et se moquaient des autres.
Le groupe de nobles leur montrèrent ensuite une vaste bibliothèque remplie de hauts meubles débordant de livres.
Cyan resta un instant en admiration à l’entrée, puis fut entraîné par leurs guides.
A un moment, ils furent séparés, des nobles les attirant chacun dans un rayonnage différent.
Cela dérangea Gulrik, mais il ne voulut pas faire de scène, alors, il laissa faire.
Il le regretta quand il apparut qu’ils n’allaient pas être réunis de sitôt et ne mit pas longtemps à comprendre qu’il y avait un problème.
— Où est Cyan ?
— Votre ami a dû s’égarer, avança l’un des nobles, un freluquet que Gulrik aurait pu casser en deux sans faire exprès.
Ils le prenaient vraiment pour un idiot. Leurs guides leurs collaient aux fesses depuis le début. Pour les semer, il aurait fallu un miracle.
— Qu’avez-vous fait de lui ? tonna-t-il.
— Je vous promets que nous n’en savons rien.
L’homme ne mentait pas. Les nobles n’étaient peut-être pas tous dans le coup, mais cela ne changeait rien.
Gulrik arpenta la bibliothèque, reniflant l’air. L’odeur de Cyan était en train de se dissiper. Il n’était plus dans la pièce.
— S’il lui arrive quoi que ce soit…
Dans sa rage, Gulrik empoigna un des nobles qui ne lui revenait pas. Il puait l’hypocrisie.
Un autre sortit un poignard d’une de ses manches en dentelle.
— Lâchez-le, espèce de brute.
Il ne lui ferait guère de mal avec ce joujou. A moins que sa lame ne soit enduite de poison, ce qui n’était pas exclu.
Gulrik relâcha l’humain qui s’effondra sur le sol comme une poupée de chiffon.

vendredi 10 avril 2020

L'empreinte de l'orc - 90

Gulrik finit par réussir à sommeiller. Ce fut des mains rugueuses et caressantes de Cyan qui le firent émerger en douceur.
Plus le temps passait et plus son humain faisait preuve d’initiative, signe qu’il avait accordé sa confiance à Gulrik.
Cyan pressa ses lèvres de façon répétée sur la peau de Gulrik, le long de son torse jusqu’à sa hanche, puis sur sa verge durcissante et au creux de sa cuisse. Il le poussa à écarter les jambes, glissant entre et se mit à lécher ses bourses avant de descendre plus bas.
La langue agile de Cyan s’activa encore et encore jusqu’à s’introduire à l’intérieur de Gulrik. Jamais aucun orc ne lui avait donné de plaisir de la sorte. Il faut dire qu’un orc aurait risqué de blesser son partenaire avec ses dents.
Gulrik émit une série de grognements gutturaux. C’était trop bon, mais pas assez.
— Baise-moi, gronda-t-il.
Jamais il n’en avait eu autant envie qu’à cet instant.
Cyan se redressa, la bouche luisante.
— Je ne suis pas sûr que tu sois assez…
Il n’avait ni bredouillé ni bégayé, mais il ne termina pas.
La timidité de son humain, c’était quelque chose d’à la fois ridicule et adorable.
Gulrik collecta au bout de deux de ses doigts le fluide qui coulait en abondance de son pénis et les enfonça en lui sous les yeux fascinés de Cyan.
Un instant plus tard, il les retira.
— Maintenant, exigea-t-il.
Cyan recueillit également du sperme de Gulrik et enduisit son membre avec – vision délicieuse – avant d’enfin plonger en lui, le pénétrant d’une poussée.
Cyan s’immobilisa ensuite en se mordant la lèvre.
— Vas-y, l’encouragea Gulrik.
Cyan le pilonna encore et encore tandis qu’une de ses mains se mettait à caresser la verge de Gulrik.
En comparaison avec un orc, le pénis de Cyan était petit, mais il frottait au bon endroit.
— Gulrik… Gulrik…
Son nom sur les lèvres de Cyan était comme une incantation. Il devait avoir atteint ses limites.
— Jouis, lui intima Gulrik.
Comme s’il n’avait attendu que son autorisation, Cyan se raidit et éjacula.
— Je suis désolé, dit-il en haletant.
De quoi l’était-il cette fois… Cyan était sur bien des plans un mystère pour lui.
— Toi, tu n’as pas… continua sans finir Cyan en se retirant.
Gulrik avait bien failli. Il s’était retenu.
— C’était voulu, répondit-il.
— Oh…
Gulrik le renversa sur le lit et fit courir ses mains sur le corps de Cyan. Il le prépara à la pénétration, le posséda en lui donnant de puissants coups de reins avant de se répandre en lui avec un long grognement de plaisir satisfait.
Ils étaient toujours joints quand Gulrik remarqua que son empreinte sur le torse de Cyan était complète : le dernier doigt était apparu.
Il le dit à haute voix avant de la recouvrir de sa paume.
— La tienne aussi, déclara Cyan, en tendant le bras vers le pectoral de Gulrik.
Ils s’échangèrent un doux sourire.
Gulrik serait bien resté au lit avec Cyan toute la journée, hélas, c’était impossible.

jeudi 9 avril 2020

L'empreinte de l'orc - 89

Gulrik ne parvenait pas à s’endormir, pas alors qu’il avait le sentiment d’être en territoire ennemi. Cette impression qu’il avait eu d’entrer dans un piège quand le pont-levis du château s’était refermé derrière leur carrosse était plus forte que jamais depuis l’instant où Cyan avait affirmé repérer l’archer dans la foule des nobles en train de tourner en rond.
Gulrik préférait les danses orcs. Elles étaient plus dynamiques et n’obligeaient pas à garder une certaine distance avec son partenaire.
Être entouré d’humains était épuisant. Leurs parfums artificiels avaient irrité le nez de l’orc et la puanteur de l’hypocrisie de certains n’avait rien arrangé.
Il n’avait besoin que de la compagnie d’un seul humain. Gulrik caressa les cheveux de Cyan, puis son dos et la courbe de ses fesses. Il aimait l’avoir ainsi sur lui. C’était aussi bien qu’être en lui et le faire gémir de plaisir.
Cyan possédait un charme unique. Il avait réussi à rendre supportable le trajet dans ce maudit véhicule.
Aucun humain présent à la soirée n’avait réussi à voir à quel point Cyan était spécial et c’était tant mieux, car il était à lui. Il aurait tout de même aimer secouer comme des pruniers ceux qui avaient eu le mauvais goût d’affirmer qu’il était laid. Tous ses gens-là auraient dû mieux se regarder dans le miroir. Ce n’était que des prétentieux bouffis d’orgueil incapable de voir au-delà des apparences.
Être traité comme un idiot avait été également irritant. Mais tout cela n’était rien en comparaison du problème que posait la présence de l’archer à la cour d’Adam le sixième. Une reprise de la guerre entre humains et orcs serait terrible, le contraire exact de ce que souhaitait Gulrik qui aurait voulu qu’il existe davantage de villes comme Manchor, des endroits où orcs et humains pourraient apprendre à se connaître. Peut-être y avait-il d’autres orcs ayant pour partenaire d’empreinte un humain et ils ne le sauraient jamais tant qu’ils continueraient à vivre chacun chez eux avec pour seul lieu d’échange et de cohabitation incomplète, Manchor.
Idéalement qu’un humain soit son partenaire alors qu’il était l’héritier du trône des orcs aurait dû renforcer la paix entre leurs deux peuples, mais encore fallait-il que nul ne complote pour qu’orcs et humains se battent à nouveau.

mercredi 8 avril 2020

L'empreinte de l'orc - 88

Dans les bras de Gulrik, sous l’effet de ses caresses, Cyan oublia tout. Cependant, après qu’ils eurent fait l’amour, Cyan se remit à s’inquiéter de ce qu’impliquait la présence de l’archer à la cour d’Adam le sixième. Le roi d’Humania lui-même prévoyait-il d’entrer à nouveau en guerre contre les orcs ou bien était-ce un groupe de nobles qui complotait dans leur coin et comptait peut-être même remplacer le souverain en place ?
Ce soir, Cyan n’avait qu’aperçu que de loin Adam le sixième et ses héritiers qui trônaient aux places d’honneur de la table principale, mais ils étaient supposés être reçu en audience d’ici quelques jours.
Cyan espérait qu’il n’aurait pas trop d’autres conversations avec des nobles à subir avant de rencontrer le roi d’Humania – chose qui l’angoissait également.
— Ça va ?
La sollicitude de l’orc réchauffa le cœur de Cyan, tout en l’apaisant. Du moment qu’ils étaient ensemble, il était prêt à affronter toutes les épreuves.
— Juste inquiet pour l’avenir et fatigué par la soirée.
— Tous ses humains étaient assurément pénibles.
— Et bien trop intéressés par notre intimité…
Cyan rougit rien qu’en y repensant.
— Notre vie sexuelle, tu veux dire ? J’aurais bien aimé avoir ces questions-là ! On s’adressait surtout à moi comme si j’étais incapable de comprendre les trucs les plus élémentaires. La prochaine fois, suggère-leur de s’adresser à moi.
— J’aurais dû, répondit Cyan avec un sourire.
— Raconte un peu…
— Je ne préfère pas, bredouilla Cyan.
Gulrik passa un doigt sur l’une de ses joues.
— Tu es adorable quand ta peau rougit.
— Vraiment ?
Gulrik l’embrassa.
— Raconte… demanda-t-il encore une fois de sa voix gutturale.
Cyan céda et rapporta les propos de son voisin de table sur la dureté de la chaise et du fait qu’un cousin pouvait être nécessaire à Cyan.
— Il fallait lui répliquer que c’était moi qui en avait besoin d’un.
— Il ne m’aurait pas cru, rétorqua Cyan, ne pouvant s’empêcher de se demander ce que cela ferait de pénétrer l’orc.
— Pourtant, cela pourrait être vrai, bien que je doute que tu sois du genre à me défoncer au point que j’ai mal après.
Les oreilles de Cyan devaient lui jouer des tours.
— Tu serais d’accord pour que…
Il ne put terminer.
— Si tu en as envie, oui.
Cyan n’était pas en état pour le moment, mais il était intéressé.
— Bientôt, dit-il dans un souffle.
Bercé par le battement régulier du cœur de l’orc sous sa tête, le sommeil gagna Cyan.

mardi 7 avril 2020

L'empreinte de l'orc - 87

Gulrik plaça une main sur main sur son épaule et une autre au creux de son dos et il se mit à le faire tournoyer sur la piste parmi les autres couples qui évoluaient déjà.
Cyan demeura silencieux afin de se concentrer sur les pas. Il s’agissait d’éviter d’écraser par mégarde le gros orteil de Gulrik. Pas question de révéler ce point faible des orcs. Autrement, Gulrik ne lui aurait pas pardonné. Ou peut-être que si, car l’orc l’aimait, Cyan en était désormais certain, même s’il continuait à trouver cela incroyable.
Soudain, il repéra un visage familier dans la foule des couples dansants.
Sa barbe était mieux taillée et il portait de beaux habits, mais c’était lui. L’archer qui avait failli tuer Gulrik à Orcania.
Cyan essaya de prévenir l’orc, mais trop tard, leurs pas les avaient déjà éloignés et il perdit le barbu de vue.
— Pourquoi es-tu si pâle tout à coup ?
— L’archer, souffla Cyan.
— Tu es sûr ?
— Oui…
Gulrik grommela quelque chose d’indistinct.
Ils refirent un tour de piste sans que Cyan le revoie. Il faut dire qu’il ne pouvait pas se contenter de scruter la foule, il devait également se concentrer sur ses pieds.
— Quittons la soirée et rapportons cela à Roknok.
— J’ai pu me tromper.
— Peut-être. Mieux vaut tout de même informer Roknok et garder l’œil ouvert. Dommage qu’il n’y a que toi qui soit actuellement en mesure de l’identifier.
Se dépêtrer des autres invités de la soirée se révéla laborieux, mais ils finirent par sortir de la salle de bal.
Un valet en livré les reconduisit ensuite à leurs chambres respectives, les empêchant d’informer de suite Roknok.
— Nous lui dirons demain, déclara Gulrik.
Et, se débarrassant de sa tunique et sa pantalon qu’il ne portait clairement que pour complaire aux convenances humaines, il s’allongea sur le vaste lit à baldaquin aux montants sculptés.
Le riche décor de la chambre était intimidant, mais Cyan l’occulta totalement devant la splendide nudité de l’orc.
Ils étaient enfin seuls dans une chambre avec personne à proximité pour les écouter.
Mettant de côté l’épineux problème de la possible présence de l’archer à la cour d’Adam le sixième, Cyan se déshabilla à son tour et se coucha sur le corps de Gulrik.

lundi 6 avril 2020

L'empreinte de l'orc - 86

— Vous avez toujours été attiré par les orcs ? demanda la femme couverte de bijoux à sa droite.
— Je parie que vous avez besoin d’un coussin pour votre siège, déclara l’homme aux habits chatoyants à sa gauche.
Cyan hocha successivement la tête, pour un oui et un non, sentant le sang lui monter au visage.
Gulrik, en face, avait l’air semblable à lui-même, mais quelque peu maussade.
— Ses chaises non rembourrées sont dures, surtout après certaines activités faites avec un partenaire ayant été généreusement dotée par la Déesse, continua son voisin d’un ton apprêté.
Cyan comprit enfin où il voulait en venir et vira à l’écarlate. Comment cet inconnu osait-il aborder le sexe de façon si ouverte et sans gêne ? N’y avait-il pas une règle qui voulaient que les gens bien nés soient réservés sur ce genre de sujet ? Et évidemment, l’homme ne s’était pas trompé sur le rôle qu’avait Cyan au lit. Lui-même ne pouvait imaginer un orc se laisser dominer par un humain et même temps, il y avait quelque chose d’excitant face à la possibilité d’inverser les positions.
— Ses sièges me semblent très bien, bégaya Cyan.
Gulrik qui n’avait pas dû suivre l’échange qu’avait eu Cyan avec son voisin, avec les deux personnes qui l’entouraient et le sollicitaient, leva un sourcil interrogateur dans sa direction.
L’embarras de Cyan augmenta d’un cran. Il n’était pas loin de la combustion spontané.
Le reste du repas se déroula sur un ton similaire. Cyan toucha à peine aux plats tentants qu’on posait devant lui, trop occupé à trouver des réponses appropriées à des questions qui ne l’étaient pas.
La curiosité de ses voisins de table était insatiable et Gulrik, bien que proche, était inaccessible.
Le dîner se termina et un autre genre de torture commença : le bal. Pour Cyan qui ne savait pas comment danser, c’était un cauchemar.
Gulrik vint se poster à ses côtés, seulement des gens s’adressèrent à eux, les empêchant de s’échanger ne serait-ce que deux mots.
Cyan se retrouva à disséquer le temps qu’il faisait et fut obligé d’écouter les colportages et rumeurs sur des personnes qu’il ne connaissait pas. Et puis, il y a avait les questions sur lui et le prince orc, comment ils s’étaient rencontrés et tout. C’était inconfortable au possible.
Cyan finit par trahir son statut d’orphelin abandonné devant un temple à Manchor et reçut en retour une pitié feinte. Gulrik coupa soudain une conversation ou plutôt deux, celle que quelqu’un cherchait à avoir avec lui et celle que Cyan était obligé de tenir.
— Danse avec moi.
— Je ne… dit Cyan avec l’intention de refuser, puis il acquiesça.
Même s’il n’y connaissait rien, tout valait mieux que continuer à rester avec ces gens qui le harcelaient de questions, tout en le prenant de haut.

vendredi 3 avril 2020

L'empreinte de l'orc - 85

Ils avaient été arrêté à plusieurs reprises par des humains sur le chemin, mais chaque fois Roknok avait réglé la chose en montrant un message orné du sceau du roi des orcs accompagné d’un passe-droit signé par Adam le sixième laissé à la forteresse par le dernier dignitaire humain à être venu à Orcania.
Le trajet avait été globalement tranquille. Il n’y avait hélas point besoin de pouvoirs magiques pour deviner que la fin du voyage marquait le début des ennuis.
Même s’ils furent autorisés à entrer, ils reçurent un accueil glacial à la porte du château.
Sans surprise, ils suscitèrent la curiosité des gens. Un ambasseur orc et son garde, flanqués d’un humain, c’était du jamais vu.
Ce qui acheva de faire scandale fut le moment où Gukrik refusa que Cyan et lui aient une chambre séparée : « Une seule suffirait pour lui et son partenaire. »
L’homme en livrée aux cheveux poivre-sel chargé de s’occuper d’eux, écarquilla les yeux et demeura longuement bouché bée avant de finir par s’ébrouer et d’affirmer que cela n’était pas un problème.
Le pire était malheureusement à venir. Ils étaient invités le soir même à un banquet organisé par Adam le sixième.
Ils avaient à peine franchi la porte et été annoncé par un laquais qu’ils devinrent le point de mire de l’assemblée.
Une vague de murmures suivirent leur avancée dans la salle. Certains semblaient se moquer d’être ou non entendus.
Cyan aurait préféré que la terre se dérobe sous ses pieds plutôt qu’être forcé de soutenir tous ses regards qui convergeaient vers eux, le dévisageant ou se fixant sur l’empreinte ornant son torse.
« Qu’il est laid… » « Normal qu’il ait été obligé de se rabattre sur un orc... » « Vous avez vu son tatouage vert… »
Un serviteur plaça Roknok à une table et Gulrik et Cyan à une autre. Sans être exactement séparés, ils n’étaient pas côte à côte, mais face à face, le point fâcheux étant la largeur de la table. Il ne leur était pas vraiment possible de converser, du moins pas s’ils ne voulaient pas en faire profiter toutes les personnes les entourant.
Cyan était au comble du malaise dans ce décor luxueux, centre d’une attention dont il serait fort bien passée.
Ses voisins de table n’arrangèrent rien en se montrant d’une indiscrétion totale.

jeudi 2 avril 2020

L'empreinte de l'orc - 84

Au bout de trois jours de voyage en carrosse, les deux orcs étaient sur les nerfs. Roknok était plus muet que jamais. Gulrik était dans un meilleur état, sans doute parce que Cyan n’hésitait pas à l’embrasser pour lui faire oublier leur moyen de transport, ce qui se terminait toujours par des orgasmes.
Il n’était jamais question de fellation, du moins pour Cyan, comme si Gulrik ne souhaitait plus que Cyan lui en fasse. Néanmoins, vu que l’orc ne semblait le juger souillé d’aucune façon et qu’il était terriblement gentil, ce devait être pour l’épargner.
Même si Cyan appréciait l’attention, il voulait dépasser sa peur.
Aussi, quand, le jour suivant, inévitablement, le baiser dégénéra, Cyan s’agenouilla entre les deux banquettes, entre les jambes musclées de l’orc.
— Tu n’es pas obligé, assura Gulrik.
— Je sais.
Cyan inspira à fond et garda les yeux ouverts, essayant de chasser au loin le souvenir de Vaknor.
L’acte avait beau être identique, ce n’était pas pareil. C’était son choix. Il s’agissait d’un plaisir partagé entre lui et Gulrik dont les yeux noirs étaient empreint de chaleur.
Cyan ouvrit lentement la bouche, attrapa le pénis brûlant de l’orc et commença à en sucer le bout.
Gulrik resta parfaitement immobile, seule sa respiration haletante trahissant son excitation, de même que l’abondance de son fluide séminal. Il ne maintenait Cyan d’aucune façon, le laissant libre de ses mouvements. Il devait se douter que Cyan paniquerait s’il posait une main sur son crâne ou donnait un quelconque coup de rein.
Cyan ne pouvait d’ailleurs s’empêcher d’être sur le qui-vive. Il ne se rappelait que trop bien comment Vaknor avait manqué de l’étouffer. En même temps, c’était bon de goûter à nouveau à Gulrik, de le sentir palpiter contre sa langue.
— Je vais jouir, prévint Gulrik dans un grognement guttural.
Cyan décida de s’écarter pour cette fois. Il remplaça sa bouche par ses mains recueillant le sperme qu’il lécha ensuite sous l’œil brillant de Gulrik qui l’attrapa par le poignet et le fit s’asseoir sur l’une de ses cuisses avant de l’embrasser.
Un coup à la paroi du carrosse les amena à se séparer.
Gulrik tira le rideau et passa la tête à la fenêtre.
— Quoi ? grogna-t-il.
Roknok ne lui répondit pas, mais quand Gulrik se réinstalla sur le siège, il déclara :
— Le château du roi de Humania est en vue.
Cyan frémit. Il n’avait pas vraiment oublié ce qui les attendait au bout de leur voyage, mais il s’était laissé aller au plaisir d’être avec Gulrik, de pouvoir l’embrasser et lui parler sans crainte.
Il avait confié à Gulrik quelques épisodes de son enfance au temple et dans la première auberge où il avait servi, ainsi que des passages de sa vie à la forge et il avait réussi à apprendre quelques petites choses sur l’enfance du prince des orcs, la façon dont Gulrik avait été éduqué dès son plus jeune âge pour régner, et être performant sur tous les plans.
Il avait même pu être rassuré sur l’idendité de la personne à laquelle Gulrik avait offert les anneaux d’or achetés à Manchor : sa cousine.

mercredi 1 avril 2020

L'empreinte de l'orc - 83

Le carrosse se mit en branle, ils quittèrent la ville, et l’humeur de Gulrik alla en s’assombrissant.
Cyan acheva de tirer les rideaux du véhicule qui l’étaient déjà à moitié avant de l’embrasser pour le distraire.
Il ne comptait pas faire plus à l’origine, mais c’était sans compter Gulrik qui l’attira sur ses genoux, glissa une main sous les fesses de Cyan et une autre dans l’encolure de sa chemise pour taquiner ses tétons, tout en effectuant des mouvements de langue qui mimait l’acte sexuel. Avec tout ça, Cyan était au bord de la jouissance.
Il n’avait pas envie que cela s’arrête et en même temps, ils étaient dans un véhicule en marche, une mince paroi les séparant de Roknok et du reste du monde.
La large main de Gulrik remonta par l’arrière, se refermant sur son entrejambe. Il caressa l’érection de Cyan, pestant brièvement contre les pantalons et ravagea à nouveau la bouche de Cyan sans cesser de jouer avec les pointes sensibles de ses tétons.
C’était trop de sensations, trop de plaisir et Cyan fut traversé d’un intense orgasme.
La verge de Gulrik, sous lui, était toujours plus dure que la pierre.
La prendre en bouche aurait été une bonne idée si l’acte n’avait fait remonter de mauvais souvenirs chez Cyan - la manière dégradante dont Vaknor l’avait utilisé.
Cela n’avait bien sûr rien à voir, car Cyan aimait Gulrik, et malgré tout, impossible de ne pas repenser à l’affreux moment avec Vaknor…
Gulrik dégagea son membre dur et dressé au bout duquel perlaient des gouttes laiteuses. Cependant, au lieu d’inviter Cyan à le sucer, il le manœuvra de façon à loger son pénis entre les cuisses serrées de Cyan. Il effectua des sauvages mouvements de va-et-vients avant de pousser un grondement guttural qui fit tressaillir de plaisir Cyan, même s’il était encore trop pour qu’il jouisse à nouveau.
Le flot de sperme chaud de l'orc acheva de tremper le pantalon de Cyan.
Il allait être obligé de se changer et hélas, leurs sacs étaient sur le toit du carrosse. Roknok saurait ce qu’ils avaient fait. Enfin, de toute façon, il avait dû les entendre. Cyan serait bon pour être embarrassé, mais cela en avait valu la peine.