jeudi 23 octobre 2014

Pause & résultats sondage

Merci aux 25 personnes ayant votées. Avec 16 voix pour une seule histoire, je reviens donc avec cette formule, le Garçon fée s'étant terminé la semaine dernière sans tambours ni trompettes...
Pour les 9 personnes préférant qu'il y ait plus d'histoires en cours, je pense que temps à autre, je mettrais en route un conte ou une nouvelle en parallèle avec le roman.

Sinon, je fais la pause et je vous donne rendez-vous lundi 3 novembre pour le prochain épisode du Zoo Interplanétaire.

mercredi 22 octobre 2014

Au Zoo Interplanétaire - 49

Merwan avait peine à y croire. Il était en train d'avoir une conversation avec Pieuvre. Zyxxx. Il ne l'avait pas planifié, mais l'alien à tentacule l'ayant entendu, il avait bien été obligé de se jeter à l'eau. C'était si étrange. Son cœur tambourinait à toute vitesse dans sa poitrine.
— Puisque nous pouvons communiquer, je compte sur toi pour m'éclairer sur le fonctionnement de ton espèce.
Pieuvre, ou plutôt Zyxxx, parlait lentement, facilitant la compréhension.
— J'ai moi aussi des questions, répliqua Merwan.
— Vas-y en premier...
Merwan déglutit. Les mots lui échappaient et il ne savait pas par quoi commencer.
— Non, c'est bon. Toi d'abord...
— La nourriture te convient-elle ?
— Ce que je mangeais sur « Terre » était très différent. Je me suis habitué, même si le goût, ce n'est pas vraiment ça.
C'était un euphémisme pour ne pas vexer son interlocuteur, mais il était vrai qu'il s'était accoutumé aux bouteilles comme aux comprimés.
— Tu es plus porté sur le liquide ou le solide ?
— Les deux sont nécessaires.
— Quelque chose te manque-t-il ?
Des tas... Merwan choisit un truc simple auquel Pieuvre pourrait peut-être remédier, même si mot habit ne faisait  à priori pas parti du vocabulaire des aliens à tentacules :
— De quoi couvrir mon corps.
— Tu appartiens donc à ces espèces qui éprouvent le besoin de porter des matériaux artificiels pour protéger leurs peaux. Je tâcherai de te procurer ça.
— Les Tappelniens n'ont pas... froid... sans rien ?
Merwan ne connaissait pas l'équivalent de « gênés » en Tappelnien.
— Notre température a un régulateur interne, répondit Zyxxx, avant d'enchaîner sur une question que Merwan ne comprit pas.
— Désolé. Je ne connais pas ce terme.
— Tant pis, ce n'est pas grave. Je suis déjà admiratif de ton niveau en Tappelnien.
Pieuvre monta un tentacule au-dessus de la tête de Merwan, mais le retira sans lui ébouriffer les cheveux. N'allait-il plus le toucher maintenant qu'il savait que Merwan n'était pas un animal ?
— Merci.
— Nous allons devoir retourner au zoo interplanétaire...
Bouleversé, Merwan ne parvint pas à saisir la fin de la phrase. Pieuvre n'allait-pas le ramener là-bas, c'était impossible.
— Je ne veux pas.
— Il faut bien prévenir le directeur que ceux de ton espèce n'ont pas leur place en cage et le plus simple est t'y ramener pour qu'il constate de lui-même ton intelligence.
Merwan s'en voulut de son mouvement de panique. Pieuvre, enfin Zyxxx, était comme toujours gentil. Merwan, lui, avait perdu de vue  un de ses objectifs premiers en apprenant la langue de l'extraterrestre : celui de tirer d'affaire Anouchka.
— Est-ce qu'il libèrera ceux avec qui j'étais enfermé ?
C'est ce qu'il espérait pour Anouchka. Tom, il préférait le savoir derrière les barreaux. La simple idée de le revoir le glaçait.
— Je ne suis pas sûr. C'est un cas compliqué. Cela évitera surtout d'autres captures.

mardi 21 octobre 2014

Au Zoo Interplanétaire - 48

Le flots des clients à la clinique vétérinaire s'était enfin tari. Il faut dire qu'il avait été impossible de s'occuper correctement des animaux chéris de leurs propriétaires en raison du trop grand nombre de patients acceptés par rapport à leur capacité d'accueil. Leur réputation en avait pâti jusqu'à ce que le nombre de clients diminuent, leur permettant de soigner les animaux dans les règles de l'art. A coup sûr, la clinique finirait par y regagner des clients jusqu'au grand n'importe quoi, et le cycle recommencerait. C'était signe de mauvaise gestion, mais Zyxxx était bien obligé de faire avec. Cependant, il espérait bien un jour avoir son propre cabinet de vétérinaire, lui évitant ses désagréments. Il ne regrettait toutefois pas l'impulsion qui l'avait poussé à acheter Bimm, l'obligeant à y renoncer temporairement. Rentrer chez lui en se sachant attendu était plaisant et se sentir apprécié aussi, car Bimm l'accueillait toujours avec une joie manifeste.
Se rendrait-il compte que Zyxxx rentrait plus tôt ? Tout dépendait de sa notion du temps. En tout les cas, ce serait l'occasion de l'emmener se promener.
Quand Zyxx s'introduisit dans son logis, Bimm n'était pas la porte, mais assis sur sa couverture, absorbé par l'écran plafonnier.
Bimm ne s'était pas rendu compte du retour de Zyxxx, il s'entraînait à parler « Bonjour, bonne nuit, la journée a-t-elle été bobonne, bonne ? Au revoir. » Zyxxx se figea. Cette fois, il n'y avais plus de doute sur la nature du bipède et sur son aptitude à apprendre le Tappelnien. C'était à la fois problématique et formidable. Zyxxx secoua  ses tentacules et manifesta sa présence.
— Bonsoir.
Bimm sursauta violemment, se leva et se tourna vers lui.
— Bienvenue au logis, déclara-t-il d'une voix mal assurée.
— Merci. Comment t'appelles-tu ? Mon nom est Zyxxx.
— « Merwan » Je suis originaire de la planète « Terre »
— Et tu n'es pas un simple animal.
— Oui.
— La chaîne éducative t'a aidé ?
— Oui... Tu n'es pas surpris ?
— Tu avais montré que tu étais intelligent et j'avais des doutes, mais comme tu n'avais plus tenté de parler le Tappelnien, je suis quand même étonné.
Zyxxx avait du mal à s'exprimer simplement, alors, il compensait en y allant doucement.
— Je voulais être capable de vraiment échanger.
— Je suis désolé si j'ai manqué d'égards avec toi, ne sachant pas ce que tu étais.
Bimm alias « Merwan » pencha la tête sur le côté. Peut-être n'avait-il pas compris, aussi Zyxxx reformula autrement.
— Non, ça va, répondit finalement Bimm.

lundi 20 octobre 2014

Au Zoo Interplanétaire - 47

— Tu n'avais pas besoin de le frapper ! s'indigna Zyxxx.
— Oh, ça va, ce n'était pas mon intention ! Je voulais t'aider ! C'est de ta faute aussi, depuis que tu es revenu, il n'y en a que pour ta stupide bestiole !
— C'est mon travail qui m'accapare beaucoup. C'est un nouveau poste, je dois faire mes preuves, répliqua Zyxxx, se détournant de son amie pour aller chercher une pommade pour soigner Bimm.
— Pour toi, les amis, cela ne compte pas ! Ta carrière, toujours elle, tout ça pour soigner des bêtes ridicules !
Le reprocha peina Zyxxx. C'était vrai qu'il avait choisi de s'expatrier pour le zoo interplanétaire sans se préoccuper de ceux qu'il laissait derrière lui, et c'était également exact que depuis son retour, il avait privilégié Bimm, mais malgré tout, il se souciait de Wyvvv, de Kubbb, Qattt, Yolll, Makkk et Jynnn...
— Je regrette si je t'ai donné l'impression que je te négligeais, mais je ne suis pas ton partenaire. Je ne suis qu'un remplaçant, en attendant que tu trouves celui avec qui tu voudras partager ton quotidien, répondit-il en achevant d'appliquer la pommade sur la peau marquée de Bimm.
— Je sais. Désolée, Zyxxx. Je ferais mieux d'y aller.
— Tu peux rester, mais nous devrions nous en tenir à une relation amicale. Tu dois aller de l'avant et  former le nœud avec quelqu'un.
— Personne ne voudra de moi...
— C'est faux. Tout le monde ne rêve pas d'avoir des enfants.
— Certains préfèrent les animaux de compagnie, c'est cela ?
Elle le taquinait, signe que sa tristesse se dissipait.
— Ou pas, répliqua Zyxxx.
— Je vais te laisser pour ce soir.
— Seulement si tu me promets que nous nous reverrons bientôt.
— Si tu as du temps à me consacrer.
Ils se serrèrent un tentacule et elle partit.
— Pauvre Bimm, tu as été mêlé à la dispute. J'espère que tu n'as trop mal. Et maintenant, direction le bain pour moi.
Bimm le suivit jusqu'au poteau, comme désireux de monter à l'étage avec lui. Zyxxx l'attrapa donc et le déposa sur le bord avant de plonger avec délectation.

                                                  *

Merwan était content, même si un beau bleu ornait désormais son bras. L'invitée ne s'était pas attardée. Preuve de ses progrès, il avait saisi une bonne partie de la conversation et s'il ne se trompait pas, c'était fini entre eux. Évidemment, tout cela ne changeait rien à sa situation. Il n'était que l'animal de compagnie de Zyxxx. Cependant, cela avait ses avantages. Même s'il ne le voyait pas la journée, il était toutes les nuits avec lui. Parfois, avant de s'abandonner au sommeil, il le regardait dormir. Bientôt, il lui parlerait. Il était clair qu'il en savait assez maintenant pour se débrouiller, mais une part de lui hésitait à se lancer, craignant que Pieuvre ne réagisse pas comme il l'espérait. La situation actuelle n'était pas idéale, mais au moins, il savait à quoi s'en tenir.

vendredi 17 octobre 2014

Au Zoo Interplanétaire - 46

Merwan n'était pas sûr de pouvoir s'endormir avec Pieuvre suspendu au-dessus de lui, la tête vers le bas comme une chauve-souris, les tentacules enroulées autour de plusieurs barres. Il avait honte de s'être laissé aller aux larmes comme il l'avait fait. Il n'avait jamais été du genre à pleurer pour rien, à part peut-être dans sa petite enfance, mais depuis sa capture, les larmes lui venaient avec une facilité déconcertante. A sa décharge, il avait vécu des choses difficiles, mais nul événement dans la soirée n'avait vraiment justifié qu'il craque ainsi.
Il s'était rendu malade en anticipant la manière dont Pieuvre réagirait quand il serait capable d'avoir une vraie conversation avec lui, ce qui était stupide. L'important était de se donner les moyens d'y parvenir.
— Bonne nuit, murmura-t-il, accordant un dernier regard à Pieuvre avant de clore les paupières.

                                              *
Zyxxx était épuisé. Le propriétaire de la clinique vétérinaire où il travaillait avait la fâcheuse manie d'accepter clients après clients, même quand les employés avaient déjà largement de quoi faire. Ses journées étant longues et ses heures de repos brèves, il avait choisi de garder Bimm dans sa chambre la nuit. Le bipède ne prenait que peu de place et ne faisait presque pas de bruit. Une fois, il l'avait réveillé en touchant sa tête, mais c'était tout.
Il venait de rentrer tardivement pour la douzième fois d'affilée quand il découvrit Wyvvv qui attendait devant son logis, les tentacules toutes ternes et pendantes, l'image même de la désolation. Zyxxx s'en voulut d'avoir été obligé de refuser ses invitations.
— Qu'y-a-t-il ? demanda-t-il.
— Je suis tombée sur mon ex et sa compagne qui portait leur bébé en faisant les courses. C'était atroce. Tu te rends compte qu'il m'a à peine salué comme si je n'étais qu'une vague connaissance et non quelqu'un avec qui il avait envisagé de former le nœud ?
Wyvvv avait dû raconter déjà cela à de nombreux amis, alors, si elle était venue jusqu'à chez lui, c'était sûrement pour s'accoupler avec lui...
Tout ce dont rêvait Zyxxx s'était un bon bain et une bonne nuit de sommeil avec Bimm à ses côtés, mais Wyvvv était son amie, aussi lui offrit-il d'entrer.
Il s'introduisit le premier à l'intérieur et Bimm se précipita sur lui comme d'habitude.
— Il est toujours aussi accueillant ? demanda Wyvvv qui était juste derrière.
— Depuis un moment, maintenant, oui, répondit Zyxxx tandis qu'il sentait Bimm se raidir. Qu'il y ait une invitée ne lui plaisait sans doute pas.
Wyvvv s'empara d'un de ses tentacules intimes.
— Montons, suggéra Zyxxx.
Bimm s'accrocha à lui.
— Il est collant, l'animal ! s'exclama Wyvvv.
Zyxxx tenta de détacher doucement Bimm qui fit de la résistance. Wyvv s'emmêla, faisant claquer un tentacule agacé sur Bimm qui lâcha aussitôt prise.
Une marque bleuâtre commençait à apparaître sur son membre inférieur qu'il avait rabattu vers lui.

jeudi 16 octobre 2014

Le garçon fée - 248 - Epilogue

– Et c'est ainsi que se conclut notre cours, déclara Zibulinion tandis que la cloche sonnait.
Une des élèves vint au bureau pour poser une question sur un point qu'elle n'avait pas compris. Zibulinion lui répondit volontiers. Il aimait son travail en tant que professeur de sorts à Valeaige, même s'il y avait toujours des fées pour le regarder de travers.
Il y avait été nommé près de dix ans plus tôt, peu de temps après avoir accepté la proposition du Comité, après une série d'examens. Il avait pris le poste de Relhnad qui lui avait été promu au rang de directeur de l'école, remplaçant au pied levé Validocielle.
Zibulinion avait obtenu le droit d'enseigner les points communs entre sorcellerie et féerie, mais aussi la création de sorts, même si jamais jusqu'à aujourd'hui aucun de ses élèves n'y était parvenu.
Peut-être dans le futur ? Après tout, l'année prochaine, le fils aîné de Neyenje et Lalloréa intègrerait l'école, preuve que le temps passait vite... Les jumelles de Lavicielle et Folebiol, allaient, quant à elles, fêter leurs cinq ans.
L'élève satisfaite, Zibulinion se téléporta directement dans le bureau du directeur. L'endroit détesté était devenu son préféré. Aucune trace de l'ancienne occupante n'y subsistait. Tout était bleu et aérien.
Relhnad était plongé dans un dossier. A quarante-six ans, il n'avait rien perdu de sa beauté. Sous son impulsion, le rêve de Zibulinion était devenu réalité et les spécialités trop réductrices avaient volé en éclat, permettant de mettre en lumière que certaines fées possédaient d'autres affinités qu'avec les plantes, les animaux ou les rêves. Certaines étaient en fait plus habiles avec l'eau, le feu, la terre, l'air et d'autres avec les pierres. Zurmmiel avait pu bénéficier du nouveau système et étudier les animaux, comme le reste de sa famille, même si sa magie fonctionnait mieux avec la terre.
Relhnad leva la tête, vit Zibulinion et lui sourit. Zibulinion alla l'embrasser. Leur couple était loin de faire l'unanimité, mais contre vent et marée, ils avaient résisté aux critiques et tentatives pour les séparer, et certains, comme le père de Zibulinion, avait fini par les accepter.
– Tu auras fini à temps pour le dîner de fiançailles de Waltharan et Joathilde ?
– Oui... Dix-neuf ans, c'est tôt pour elle et il y a une grosse différence d'âge entre eux, mais ce sera toujours moins que nous et je suis ravi que ton ami soit enfin casé.
– A ce point ?
– Tu n'as pas remarqué comment il te regardait dès fois ?
– Ce n'était pas vraiment moi, mais ce que j'aurais pu être.
– Je n'en suis pas si sûr que toi.
– Jaloux ?
– Toujours !
– Celui a du succès, c'est toi. Si tu crois que je n'ai pas remarqué que tu jetais un épais paquet de propositions de mariage, l'autre jour !
– Toi aussi, tu en as reçu, il y a peu ! Ta puissance est légendaire dans le monde féerique... C'est tout de même fou que toutes ces fées ne veulent toujours pas comprendre, après tout ce temps, que toi et moi, c'est pour la vie.

mercredi 15 octobre 2014

Le garçon fée - 247

Plutôt que de répondre, Zibulinion souhaita que Dame Nature soit de son côté, et posa sa bouche sur la peau froide d'Antenhyo.
Le sorcier cligna des paupières, inspira à fond et jeta un sort foudroyant. Zibulinion, sachant qu'Antenhyo avait été coupé en plein combat, s'y était attendu et le contint sans problème.
– Noini... commença le sorcier.
Le pauvre ne devait pas comprendre comment il était arrivé là. Parents et amis sorcières bousculèrent Zibulinion pour parler à celui qu'ils avaient cru mort.
C'est beaucoup plus confiant que Zibulinion effleura d'un baiser le front de la sorcière qui avait brisé et piétiné sa baguette. Elle se réveilla avec le même rictus moqueur qu'elle avait alors qu'il se tordait de douleur devant elle et Zibulinion recula sans attendre qu'elle soit entourée.
Il allait rejoindre la fée du Comité qui patientait à l'écart, quand une vieille sorcière toute fripée au nez délicieusement crochu l'aborda :
– Merci de les avoir épargnés. Soyez certain que nous prendrons des sanctions à l'égard de toutes les sorcières impliquées dans ces duels.
– Vous savez, je n'ai rien contre les sorcières, elles ne sont ni meilleurs ni pires que les fées, répondit Zibulinion.
– C'est bien, mon garçon, déclara la vieille sorcière et elle le laissa.
La fée du Comité demanda à Zibulinion de venir avec elle pour faire un rapport. L'adolescent s'exécuta, même si cela ne l'enchantait guère, c'était une manière de mettre un point définitive à ce chapitre de sa vie. Par chance, cela ne dura pas, et c'est le cœur léger que Zibulinion prit le chemin de l'appartement de Relhnad.
– C'est bon, ça s'est bien passé, annonça-t-il.
– Je n'en doutais pas.
– Moi si.
– J'avais quand même une inquiétude, avoua Relhnad.
– Qu'ils ne se réveillent pas ?
– Pas ça ! Rassure-moi, tu n'as pas eu à les embrasser sur la bouche ?
Zibulinion rit. Relhnad était peut-être le beau professeur parfait, sage et doué en magie, mais il était aussi un amoureux pas toujours adroit.
– Sur le front seulement. Cette fois, tout est réglé avec le Comité.
– Détrompe-toi.
– Comment ça ?
– Tu n'as pas fini d'entendre parler du Comité. Je parie que tu vas recevoir d'ici peu une lettre.

Relhnad avait vu juste. Deux messages adressés à leur nom leur parvinrent pas plus tard que le lendemain.
En substance, ils étaient invités à devenir membres du Comité en tant que conseillers, postes importants dans la hiérarchie.
– C'est étrange, dit Zibulinion en reposant la lettre.
– Et pourquoi donc ? Cela ne leur a pas échappé que tu étais puissant et que tu avais le sens de la justice. Tu t'es montré généreux avec tes adversaires, des sorciers qui eux ne te faisaient pas de cadeau. Les fées du Comité souhaitent la paix avec les sorcières, et tu l'as préservée !
– Tu vas accepter, toi ?
– Je ne sais pas encore. J'avais autrefois reçu une proposition de leur part pour une position moins haut placé et refusé car je préférai me consacrer à l'enseignement et aux soins plutôt que me disperser. Nous avons droit à un délai de réflexion. Tu n'as pas besoin de te décider à la minute. Quelque soit mon choix au final, il ne doit pas t'influencer. L'essentiel, c'est ce que tu veux, toi, profondément.
– Rester avec toi dans cet appartement...
– Et que nous vivions que d'amour et de magie ?
Zibulinion acquiesça. Avant que la fée du Comité ne débarque, il avait adoré les quelques jours passés en tête à tête avec Relhnad en dépit du côté impersonnel des lieux.
– Si je te prenais au mot, tu le regretterais. Peut-être pas avant longtemps, mais quand même...
Zibulinion lui donna raison.
– C'est vrai, je ne veux plus être enfermé nulle part et je souhaite que certaines choses changent dans le monde des fées...
Mettre fin au dictat de la beauté, faire que les pères humains n'aient jamais à oublier leurs enfants fées sous aucun prétexte, réformer l'enseignement qui masquait les ressemblances entre sorcellerie et féerie et qui contraignait les gens à des spécialités réductrices, s'intéressant à leurs aptitudes magiques plutôt qu'à ce qu'ils désiraient faire.
– Alors, tu dois intégrer le Comité avec moi.
L'assurance qu'ils demeurent ensemble était tout ce dont Zibulinion avait besoin pour se décider. 

mardi 14 octobre 2014

Le garçon fée - 246

Cela faisait quatre jours que Zibulinion vivait avec le professeur de sorts, sans se soucier du reste du monde quand une fée du Comité leur rendit visite, les rappelant à la réalité. Elle venait chercher l'adolescent car nul baiser n'avait réveillé les deux adversaires de Zibulinion, ce qui était fort mauvais diplomatiquement parlant vis à vis des sorcières. Même si Zibulinion avait agi sous contrainte, son acte demeurait criminel. Bien sûr, les fées du Comité avaient calmé le jeu en émettant la possibilité que seul un des baisers du fée puissent tirer les deux victimes de leur apparent sommeil éternel, mais cela restait à prouver.
Relhnad voulut accompagner Zibulinion, mais la fée du Comité refusa. Il revint à la charge.
– Vous n'êtes pas concerné, répéta-t-elle comme une machine, lui opposant une fin de non recevoir.
– Je ne vois pas en quoi ma présence dérangera qui que ce soit, insista Relhnad.
La fée du Comité l'ignora et transmit l'image du lieu à Zibulinion afin qu'il puisse se téléporter.
– Je reviens vite, promit l'adolescent, même si une part de lui craignait que son sort ait échoué et qu'en fait de fausse mort, il ait vraiment tué deux personnes.
Dans une chambre mauve, Antenhyo et la sorcière âgé d'une quarantaine d'années étaient chacun immobiles sur un lit, le corps recouvert d'une couverture tricotée comme des toiles d'araignées. De nombreux personnes étaient présentes à leur chevet. Zibulinion reconnut la directrice de Daroilak.
La fée du Comité ne l'avait pas prévenu qu'il y aurait autant de monde et Zibulinion se sentit au bord de la panique.
– C'est normal que...
– Oui, nous étions attendus...
Et s'il n'avait pas été disposé à venir, l'aurait-elle contraint ? Décidément, les fées du Comité se comportaient de manière bien cavalières. Elles ne l'avaient toutefois pas obligées à prendre une autre apparence pour faire plus fée.
Zibulinion, regrettant l'absence de Relhnad, s'avança dans une atmosphère lourde de reproches. Qu'on ait voulu le tuer et que l'un des coupables à présent étendu sur un lit, ait failli réussir, tout cela importait peu à l'assemblée.
Zibulinion se rendit d'abord auprès d'Antenhyo, sous le feu des regards. Le sorcier mal peigné était figé, les yeux fixes, comme une poupée. Zibulinion se pencha pour déposer un baiser sur son front, mais fut arrêté dans son geste par une sorcière qui clama :
– Nous l'avons déjà embrassé de partout ! Et comme nous savons que vous les fées, vous aimez ce genre de stupidité, nous avons même pris la peine de faire venir les personnes amoureuses d'eux pour qu'elles leur donnent un baiser ! En pure perte !
Zibulinion se mordit la lèvre. Un rire nerveux montait en lui. Il espéra qu'il n'aurait pas à jouer le rôle du prince charmant, il n'en avait pas l'étoffe et surtout, il avait déjà le sien qui était du genre jaloux. Entendre le nom de Neyenje continuait à le mettre de mauvaise humeur.

lundi 13 octobre 2014

Au Zoo Interplanétaire - 45

Merwan s'approcha de Pieuvre. Ce dernier lui tapota le sommet du crâne d'un tentacule. Merwan vint poser ses lèvres sur la tête triangulaire de l'alien.
Pieuvre parla. Quelque chose à propos de la soirée et de dérangement.
— Dors bien, Bimm, conclut-il, en se mettant à grimper au poteau.
« Bimm. » Merwan avait déduit récemment que cela devait être le nom que Pieuvre lui avait donné.
Il le regarda monter jusqu'à la chambre, car c'était ça, cette pièce pleines de barres et crochets, puis alla s'étendre sur sa couverture. Il n'y avait pas eu d'orgie, mais Pieuvre avait oublié de l'examiner. Peut-être le ferait-il demain, en attendant, Merwan se sentait triste. La notion d'amour avait-elle un sens pour les Tappelniens ? De toute manière, même si Merwan finissait par communiquer avec Pieuvre, cela ne voudrait pas dire pour autant qu'il lui retournerait ses sentiments. Si ça se trouve, il continuerait à le considérer comme un animal. Il serait une bête savante et voilà tout. Si seulement il avait pu n'avoir jamais quitté la Terre, ses parents et amis, sa petite vie confortable et sans histoire, sa baguette de pain quotidienne, n'avoir jamais été enfermé dans une cage, jamais violé par Tom, jamais rencontré Pieuvre...
Merwan se mit à pleurer d'abord doucement, puis de plus en plus fort, comme un bébé. Tout les si du monde ne changerait pas sa réalité. Ne s'était-il pas leurré ces derniers jours à croire que tout irait pour le mieux une fois qu'il pourrait échanger verbalement avec Pieuvre ?
Il se roula dans sa couverture, les larmes coulant toujours. Il savait pourtant qu'il avait eu de la chance dans son malheur : il avait été sauvé du zoo et Pieuvre s'occupait bien de lui, le nourrissant, le promenant. Tentacules ou pas, c'était un être gentil. Jamais il ne lui avait vraiment fait mal, même les fois où il l'avait immobilisé... Merwan sanglotait toujours, incapable de se calmer.
Un tentacule écarta soudainement un pan de  couverture et deux autres vinrent essuyer ses joues.
— Bimm...
Merwan tenta un sourire, mais son chagrin redoubla en songeant que Pieuvre ne devait pas plus comprendre pourquoi de l'eau débordait de ses yeux que pourquoi les commissures de ses lèvres remontaient.
Cependant, même ainsi, Pieuvre était là, il était redescendu exprès pour lui et cela adoucit sa peine.

                                                  *
Bimm était bouleversé, mais pourquoi ? C'était pareil la dernière fois qu'il avait reçu. Ce qui était curieux, c'est que les sorties n'entraînaient pas de semblables réactions, même s'il vrai qu'il ne paraissait jamais à son aise à l'extérieur... C'était un problème, car Zyxxx souhaitait renouer véritablement le contact avec ses amis et à terme espérait pouvoir emmener Bimm avec lui quand il était invité de façon à ne pas le laisser seul tout le temps. La manière dont Bimm recherchait sa compagnie à son retour était un signe que la solitude lui pesait. Certains animaux passait leur temps à dormir et manger, mais pas tous. L'écran plafonnier n'était peut-être pas une distraction suffisante. Il existait des jouets pour certains animaux... Mais le bipède n'était-il pas plus que cela ? Certes, il n'avait plus prononcé un mot en Tappelnien bien que Pieuvre se soit abonné à la chaîne d'apprentissage pour les étrangers, mais n'était-il pas plus heureux depuis, preuve qu'il en tirait un enseignement?
S'ils avaient pu se parler, Bimm aurait pu lui dire ce qui n'allait pas...
Zyxxx appuya doucement sur la gorge et les lèvres de Bimm. Il pouvait toujours le palper, mais soigner le corps et guérir l'esprit étaient deux choses différentes, la première étant plus simple que la seconde.
Zyxxx étira quelques tentacules. Il était trop fatigué  entre sa journée de travail et la soirée arrosée pour réfléchir plus avant au problème. Il attrapa Bimm et la couverture de ce dernier, et les porta jusqu'en haut. Bimm était calme à présent, mais ainsi, si jamais il recommençait, Zyxxx, même plongé dans son sommeil, l'entendrait.

vendredi 10 octobre 2014

Le garçon fée - 245

Il était allongé sur le lit, mais avait les yeux grands ouverts.
– Tu as été rapide. Mon accompagnatrice vient tout juste de partir, car elle a tenu à me soigner.
– Elles ne sont quand même pas très aimables. Nous sommes pourtant les victimes...
– C'est très embarrassant pour le Comité que ce soit l'un de leurs membres hauts placés dans la hiérarchie qui se soit rendue coupable de pareils actes.
– Tu les excuses ?
– Non, mais l'essentiel est que toi et moi, nous soyons ensemble et libres.
Zibulinion vint s'étendre à côté de Relhnad, leurs ailes se touchant.
– Tu souffres ?
– Plus trop, grâce aux soins. Et toi ?
– J'ai aussi eu le droit à des sorts de guérison. Ceci dit, je ne me suis guère reposé et c'est un peu douloureux...
– Viens-là.
Zibulinion se rapprocha, posant délicatement sa tête sur l'épaule de Relhnad. Il craignait de lui faire mal.
– Je ne suis pas en sucre.
– J'ai eu si peur de te perdre, souffla Zibulinion.
– La réciproque est vraie.
Ils se turent, plongeant dans un silence qui n'avait rien de pesant. Ils jouissaient simplement du bonheur d'être l'un avec l'autre.

S'ils ne firent pas l'amour ce jour-là, ni le lendemain, s'embrassant toutefois à satiété, ce fut à cause de leur blessure partagée et du torse zébré du professeur de sort. Rien que manger et dormir ensemble était cependant un véritable plaisir. Zibulinion n'avait  pas manqué d'écrire à ses amis pour leur faire part de son lieu de résidence et de son bonheur.
Le matin du troisième jour de leur vie commune, Zibulinion prit l'initiative de caresser Relhnad qui l'encouragea à continuer avec des gémissements de plaisir. Avec fièvre, ils s'unirent l'un à l'autre, s'imbriquant l'un dans l'autre.
Quand ils eurent reprit leur souffle, Zibulinion passa la main sur la cicatrice qui entourait la taille de Relhnad. Il se sentait coupable. Relhnad toucha en retour celle de l'adolescent.
– Cela ressemble à des anneaux, c'est comme des alliances, comme si nous étions mariés, déclara-t-il.
Zibulinion rougit. Relhnad s'empara à nouveau de ses lèvres, entremêlant leurs langues.
– Et nous sommes comme en voyage de noce, ajouta-t-il, à l'oreille de l'adolescent avant de lui mordiller le lobe de l'oreille, tout en le caressant.

jeudi 9 octobre 2014

Le garçon fée - 244

L'espèce de procès s'éternisa. Il y eut même une pause repas. C'était dur d'être debout, d'être obligés de répondre à tout et l'envie d'être loin de tout ça était féroce, mais enfin, la sentence de Validocielle tomba :
– Vous êtes condamnée à l'enfermement pour une durée qui dépendra de votre repentance. Après quoi, vous devrez repartir de zéro, la mémoire effacée.
Après qu'elle ait été emmené, la fée aux longs cheveux blancs rappela à Waltharan et Folebiol qu'ils ne devaient pas se faire justice eux-mêmes et les renvoya à l'école dont ils n'avaient manqué qu'une journée avec la professeur de flore.
Après leur départ, la présidente s'adressa à Neyenje qui était appelé à reprendre ses fonctions au sein du Comité : il aurait dû recevoir un blâme pour avoir crée du désordre à l'école de Valeaige, cependant il était excusé puisqu'il s'était efforcé d'informer le Comité des agissements de Validocielle plusieurs semaines auparavant.
Quand il ne resta plus que Zibulinion et Relhnad, elle annonça que la mère de l'adolescent avait été contacté de sorte à ce qu'il puisse se remettre chez lui de tout ce qu'il avait subi, puis informa Relhnad qu'il serait raccompagné à son domicile où il pouvait se reposer. Il n'avait besoin de reprendre rapidement son poste à Valeaige, l'année scolaire étant sur le point de se terminer. Elle conclut qu'elle confronterait les sorcières au sujet des duels à mort et préciserait que les participants étaient simplement endormis.
Comme une fée du Comité s'approchait pour l'emmener, Relhnad prit la parole :
– Ma requête va sûrement vous sembler déplacée, mais Zibulinion pourrait-il venir chez moi ? C'est sa mère qui l'a mis sous la tutelle de Validocielle et...
La président l'interrompit :
– Nous ne cautionnons pas votre relation. Cependant, il est majeur et une fois qu'il a quitté les murs du Comité, nous ne pouvons lui interdire de se rendre chez vous.
Relhnad fut téléporté dans la minute qui suivit et Zibulinion dut attendre que sa mère se présente, un grand chapeau  avec voilette qui lui mangeait le visage sur la tête.
Elle avait honte de lui, comme toujours et dès qu'ils furent dans la voiture, elle lui fit des reproches :
– Tu n'en rates jamais une ! Tu me laisses sans nouvelles des mois durant, et je me retrouve à devoir te sortir d'affaire avec les autorités !
Elle exagérait. Elle n'avait pas changé, mais Zibulinion, si.
– Tu t'étais débarrassé de moi en me confiant à ma directrice qui m'a enfermé. Mais ne t'inquiète pas, je ne m'imposerai pas plus longtemps.
Il lui donna l'adresse de Relhnad si jamais elle souhaitait le contacter, puis se téléporta directement dans la chambre de son professeur.

mercredi 8 octobre 2014

Le garçon fée - 243

Il n'eut pas à attendre longtemps. Une fée blonde aux yeux bleus, tout de rose vêtue, mais avec un brassard marquant son appartenance au Comité vint l'interroger.
Zibulinion essaya d'exposer les faits clairement, ne gardant dans le flou que sa relation avec Relhnad. En retour, la fée lui posa des questions précises et demanda qu'il clarifie le lien qui l'unissait avec le professeur de sorts. Ultimement, espérant que Relhnad ferait la même chose, il avoua qu'il l'aimait et était payé de retour.
La fée du Comité ne laissa rien transparaître. Elle lui demanda de bien vouloir patienter encore un moment, précisant qu'on ne tarderait pas à venir le chercher.
Une fois de plus, les évènements avaient pris un tour inattendu : l'opération de sauvetage aboutissait sur une enquête.
Après le passage de pas moins de cinquante voitures dans la rue, il fut conduit dans un dédale de couloirs jusqu'à une grande salle occupée par une somptueuse table dorée miroitante en forme de U que présidait une fée aux longs cheveux blancs scintillants.
Zibulinion fut placé dans le creux du U avec les autres personnes concernées, Validocielle comprise. Cela se sentait qu'elle aurait aimé être ailleurs.
S'ensuivit une longue discussion dirigée par la fée aux longs cheveux blancs. Des questions déjà posées dans la cellule furent abordées de nouveau.
Validocielle fut accusée de séquestration et maltraitance à l'égard de Zibulinion et Relhnad. Tous les témoignages concordaient ne lui laissant guère moyen de réfuter, elle tenta néanmoins, pointant qu'elle avait voulu protéger Zibulinion de Relhnad, prenant un malin plaisir à souligner le côté malsain et sulfureux de leur couple.
Les choses dérapèrent, l'opinion des fées du Comité étant plus que divisées sur le sujet. La fée qui présidait, finit par interrompre le débat :
– Nous ne sommes pas réunies pour juger de ça. Validocielle a trahi le Comité en effectuant des marchés clandestins avec des sorcières.
– J'ai agi dans les meilleures intentions du monde ! Prouver notre supériorité sur elles ! s'emporta-t-elle.
– Ce n'est pas la politique du Comité et vous avez abusé de votre position en notre sein et dans votre école.
– Vous feriez mieux de vous inquiéter qu'un professeur ait pu s'en prendre à un mineur.
– Contrairement à vous, ce dernier ne nie pas ses torts en ce qui concerne sa relation avec un adolescent consentant désormais âgé de dix-huit ans, répliqua la présidente.
– J'ai juste poussé mon pupille à se concentrer sur ses études...
La fée aux longs cheveux blancs la fit taire magiquement et revint sur les duels à mort. Zibulinion fut appelé à expliquer une fois encore comment il avait évité de tuer ses adversaires.
Validocielle, incapable de parler, s'agita. Elle apprenait là pour la première fois la supercherie de l'adolescent. De fureur, elle l'attaqua d'un sort mental que les fées du Comité bloquèrent.

mardi 7 octobre 2014

Le garçon fée - 242

– Que signifie tout cela, professeur Relhnad ? attaqua-t-elle d'emblée tandis qu'une rumeur s'élevait dans la foule, Relhnad étant supposé en congé prolongé pour raisons familiales.
– Vous le savez mieux que moi puisque vous m'avez enfermé et torturé jusqu'à aujourd'hui, répondit le professeur de sorts avec calme, ôtant magiquement le haut des habits que Zibulinion avait matérialisé pour le protéger du froid de l'hiver.
A l'exposition de ses stigmates, la foule s'agita. Même marbré de traits rouges, cela restait le torse nu du professeur « beau à en mourir » et il était impossible de rester impassible.
L'accusation lancée à l'égard de Validocielle était également source de questionnements parmi les collègues présents.
– Vous êtes fou ! s'écria Validocielle en comédienne émérite. Vous ne faîtes que vous vengez du congé que je vous ai imposé après avoir découvert que vous aviez fricoté avec un élève.
– Et dans une minute, vous allez prétendre que je suis un pervers masochiste et que c'est par plaisir que je me suis laissé fouetter.
– Et j'aurais raison ! Un fée attiré par des mâles comme lui, a forcément des goûts douteux ! C'est pourquoi j'ai éloigné Zibulinion de vous !
L'attention de la foule qui s'était jusque là concentrée sur Relhnad, se reporta sur l'adolescent qui lui aussi avait disparu de la circulation de manière étrange. Qu'il ait pu être la cible du professeur Relhnad vu son physique qui était tout sauf féerique était ridicule pour la plupart des fées présentes et décrédibilisa les propos de la directrice.
Comme Relhnad frissonnait, Zibulinion le rhabilla.
A ce moment, alors que la discussion allait reprendre de plus belle, un groupe de fées portant des brassards mauves sortit du néant.
– Je me suis permise d'appeler le Comité à l'aide pour tirer au clair toute cette affaire, informa la professeur de flore, mère de Waltharan.
– Nous sommes le Comité ! cria Validocielle.
– Seulement deux de ses membres, rétorqua la professeur de flore.
Les fées du Comité emmenèrent toutes les personnes impliquées de près : Relhnad, Zibulinion, Validocielle, mais aussi Neyenje, Folebiol, Waltharan et la mère de ce dernier.
Elles les téléportèrent en trois fois jusqu'au centre principal du Comité où on les sépara. Zibulinion ne fit pas d'histoire, mais cela lui serra le cœur de devoir s'éloigner de Relhnad si tôt après l'avoir retrouvé.
Il fut enfermé dans une cellule, ce qui le déprima, car être entre quatre murs sous clef, il avait trop connu ça ces derniers mois. Heureusement, cette fois, cela ne devrait pas durer et il y avait une petite fenêtre ronde à travers laquelle il pouvait voir les voitures et les gens passer.

lundi 6 octobre 2014

Au Zoo Interplanétaire - 44

Merwan était tout sauf ravi. Pas moins de cinq autres aliens tentaculaires avaient débarqué en même temps que Pieuvre. Un à la peau verdâtre avait d'entrée de jeu voulut l'atteindre, mais il l'avait esquivé.
La dernière fois que Pieuvre avait reçu, il s'était accouplé avec son invitée et Merwan se demanda si la petite réunion n'allait pas tourner à l'orgie. C'était d'autant plus frustrant que d'après ses calculs, c'était normalement le soir où Pieuvre aurait dû l'examiner.
Gardant ses distances, il ne s'éloigna toutefois pas trop afin de pouvoir tester ses connaissances grandissantes en ce qu'il savait désormais s'appeler le « Tappelnien. »
S'il comprenait le sens de plusieurs mots tels « zoo », « animal » et « vétérinaire », il peinait hélas encore à saisir le sens des phrases. Il fallait qu'il étudie davantage, accumule du vocabulaire, s'améliore en grammaire, et s'entraîne à parler. C'était ardu, mais cela l'occupait durant les longues heures solitaires où Pieuvre s'absentait. La notion de week-end ne semblait pas exister en « Tappelnie. »
Il pressait ses lèvres sur la tête triangulaire de Pieuvre désormais tous les soirs. L'alien le laissait faire. Pour lui, c'était sans doute l'équivalent d'un coup de langue d'un chien pour un humain, mais pour Merwan, c'était tout autre chose : c'était une marque d'amour.
Par moments encore, il le niait. Il ne ressentait pas ça pour cette créature à tentacules qui le traitait comme un animal. Seulement il lui manquait dans la journée. Il avait envie de l'embrasser et cédait désormais à ce désir dès que Pieuvre rentrait. Il comptait les jours qui le séparait du moment où l'alien à tentacules l'examinait en profondeur. Il appréciait chacune des affectueuses caresses qui lui ébouriffaient les cheveux. Il l'aimait, qu'il le veuille ou non, que cela fasse de lui quelqu'un de dégoûtant ou pas.
Les six Tappelniens aspirèrent par un tentacule tube sur tube de liquides colorés, tout en discutant de choses dont Merwan ne saisissait que des bribes.
Et puis, finalement, les invités souhaitèrent bonne nuit et quittèrent les lieux. Deux d'entre eux avaient une démarche chancelante comme s'ils étaient ivres, ce qui était peut-être le cas. Les extraterrestres à tentacules n'avaient peut-être pas de jour de repos, mais cela ne voulaient pas dire qu'ils ne connaissaient pas l'alcool. Apprendre une langue, ce n'était juste des mots et des structures de phrases, c'était aussi toute une culture.

vendredi 3 octobre 2014

Au Zoo Interplanétaire - 43

— Quel accueil ! Bonsoir Bimm !
Le bipède ne répondit rien.
— As-tu regardé la chaîne dont j'ai débloqué l'accès ?
Bimm garda le silence. Il écoutait cependant. Avait-il appris quelques mots en Tappelnien ? Si oui, il ne le mettait pas en pratique. Peut-être qu'il n'était bien qu'un animal au final. C'était rassurant comme idée. Zyxxx en éprouva toutefois une pointe de déception. Pouvoir communiquer avec lui eût été intéressant. Cela lui aurait permis de comprendre bien des choses sur sa biologie et son mode de fonctionnement, parce qu'au bout du compte, même les espèces intelligentes étaient des animaux...

Les soirs suivants la bonne humeur de Bimm se confirma sans qu'il ne parle autrement que dans son propre langage et Zyxxx cessa d'attendre qu'il utilise le Tappelnien. Après tout, l'essentiel était que Bimm se plaise chez lui.
Une nouvelle habitude se mit en place : chaque fois qu'il rentrait, Bimm se jetait presque dans ses tentacules avant d'appuyer ses lèvres sur sa tête et chaque fois cela mettait Zyxxx en joie.
Bimm allant définitivement mieux, il décida d'inviter cinq de ses amis : Kubbb, Qattt, Yolll, Makkk et Jynnn. Ce serait l'occasion de renouer le contact après toutes ces révolutions au zoo.
Il arriva en même temps qu'eux au logis, ayant dû travailler plus tard que prévu. Bimm qui attendait de l'autre côté de la porte, à l'intérieur recula aussitôt en voyant le monde qu'il y avait.
— Alors, le voilà le fameux animal ! s'exclama Tolll en faisant claquer pas moins de deux tentacules au sol.
— Il est farouche, constata Qattt qui avait essayé de suite de toucher Bimm qui s'était empressé de se mettre plus loin.
— Tu t'es bien emmêlé les tentacules en ramenant cette drôle de bête à la touffe ébouriffée et peu membrée, déclara Kubbb.
— Il est d'agréable compagnie, contra Zyxxx.
— Une partenaire le serait davantage, objecta Makkk qui était en couple depuis pas moins de huit révolutions.
— A la broyeuse, ton rêve de cabinet vétérinaire tout à toi pour cette créature, raison pour laquelle tu nous avais quittés... intervint Jynnn.
— Ce n'est qu'un délai et je suis satisfait de l'expérience que j'ai acquise au zoo interplanétaire, répondit Zyxxx, commençant à regretter d'avoir invité autant de ses amis d'un coup, car il avait la désagréable impression qu'ils se liguaient contre lui.
— Aucune belle étrangère ou Tappelnienne de passage ne t'a séduit dans ton zoo ? demanda Makkk.
— Je ne fréquentais pas les visiteurs. Je travaillais majoritairement en dehors des horaires d'ouverture.
— A propos de couple... Qattt et moi avons formé le nœud, il y a une révolution, annonça Yolll.
— Nous voulions t'informer de la nouvelle de vive-voix, précisa Qattt.
— Félicitations ! s'écria Zyxxx.
Ses deux amis étant mâles, c'était inattendu, mais pas choquant pour autant. Si sur certaines planètes, les couples de même sexe posaient problème, ce n'était pas le cas en Tappelnie où ce qui comptait par-dessus tout était la compatibilité des partenaires de sorte que le nœud formé soit parfait.

jeudi 2 octobre 2014

Le garçon fée - 241

Et puis, enfin, ils aboutirent : le plafond se fendit et une pluie terreuse se répandit dans la pièce. Zibulinion se dépêcha de les protéger tous afin d'éviter que tout ne s'effondre sur eux, ne les ensevelissant.
Le ciel bleu apparut et une brise glaciale souffla sur leurs visages.
L'oiseau arc-en-ciel grandissait toujours et ne tarderait pas à reprendre sa véritable taille.
– Grimpons dessus, suggéra Folebiol.
L'idée était bonne et ils s'installèrent sur l'animal. En trois battement d'ailes, ils furent sortis de la pièce souterraine, et en trois supplémentaires, ils se retrouvèrent au-dessus des arbres. L'oiseau achevait d'atteindre sa taille et dans ses conditions, se tenir dessus n'était pas aisé. Relhnad aurait glissé si Zibulinion ne l'avait pas maintenu.
– Fais le voler au-dessus de l'école que tout le monde nous voit. Cela en serait fini des secrets, ainsi, déclara Relhnad.
– Ma mère me croira peut-être après cela ! s'exclama Waltharan.
L'oiseau arc-en-ciel pépia son contentement. Malgré ses quatre passagers, il était ravi de se dégourdir les ailes après pratiquement deux années d'enfermement. Il passa au-dessus des tourelles de l'école, effectuant plusieurs cercles jusqu'à ce qu'aux fenêtres, apparaissent plein de fées intriguées.
Suivant les consignes de Zibulinion, il fit la même chose au-dessus de l'aire des bus où il y avait foule.
Neyenje avait bel et bien réussi à créer une émeute et à obliger la directrice elle-même à intervenir. Il lui faisait face ainsi qu'à plusieurs professeurs, mais la grande majorité des élèves ne s'était pas pour autant dispersée.
 L'attention était désormais divisée entre ce qui se passait à terre et dans les airs.
Le gigantesque oiseau était partant pour des acrobaties face à autant de spectateurs, mais Zibulinion le dissuada.
– Il n'y a pas de place pour que l'on se pose avec tout le monde qu'il y a, dit Folebiol.
– Nous aussi, nous avons des ailes, répliqua Waltharan.
– Relhnad, tu peux voler ? demanda Zibulinion.
– Mes ailes sont intactes, c'est bon.
Zibulinion informa leur monture de leurs intentions, lui proposant de se poser plus loin, à un endroit dégagé, mais ce dernier lui répondit qu'il préférait continuer à virevolter dans le ciel et effectuer des figures dès qu'ils auraient quitté son dos.
Ils prirent tous les quatre le parti d'atterrir au milieu du cercle, à côté de Neyenje, tout près de Validocielle. C'était ironique, après avoir voulu l'éviter, mais la donne avait changé. Elle n'avait plus d'otage à sa disposition, plus de moyen de pression... et même si elle abreuvait de mensonges l'assemblée pendant leur descente, elle ne pourrait plus faire d'eux des prisonniers en toute discrétion.

mercredi 1 octobre 2014

Le garçon fée - 240

Il prononça tous les sorts nécessaires et ils parvinrent à destination. La petite pièce n'avait pas changé d'un poil, sauf que l'étroit lit métallique était occupé par Relhnad qui était étendu dessus, pâle comme la mort, les yeux clos.
Zibulinion lâcha les mains de ses amis et se précipita au chevet de son professeur. Ce dernier était plongé dans une transe réparatrice. Sa respiration était régulière. Le bandage autour de sa taille était propre, en revanche de nouvelles et vilaines marques rouges barraient son torse nu.
Il faudrait que Validocielle paie ses méfaits à un moment ou un autre, se promit Zibulinion. Il  l'habilla chaudement d'un tour de baguette magique et à contrecœur interrompit son repos d'un sort qu'il conclut par un baiser avant de jeter en rougissant un coup d'œil à ses deux amis. Waltharan et Folebiol étaient absorbés, l'un par la contemplation du sol, l'autre par celle du plafond.
– Zibu... Elle t'a repris ? murmura Relhnad, les paupières papillonnantes.
– Pas encore non. Je suis venu te chercher.
Le temps jouait d'ailleurs contre eux, car dès que Validocielle aurait résolu le bazar mis par Neyenje, elle serait à même de s'interposer.
Quitter la pièce était normalement impossible, mais Zibulinion effectua quand même un essai en solitaire, au cas où les choses auraient changé. Hélas, rien ne se produisit. Cependant, par rapport à avant, il y avait une énorme différence : il n'était plus seul.
– Folebiol, est-ce que tu pourrais appeler les rongeurs creusant des galeries vivant dans les parages ? Et toi, Waltharan, veux-tu bien t'adresser aux plantes ? Si Relhnad rentre en parallèle en résonance avec les pierres tandis que moi, j'use de sorcellerie pour perturber les protections qui entourent la pièce...
– Sorcellerie !? s'écria Folebiol.
– Oui, rien ne lui est impossible, hein ? glissa Waltharan.
– Féerie et sorcellerie sont proches. La première n'est pas meilleure que la seconde, se justifia Zibulinion comme Folebiol continuait à le regarder d'un air soucieux.
– J'ai testé dans ma jeunesse, déclara Relhnad, soutenant l'adolescent. Une action conjuguée à toutes les chances de fonctionner, ajouta-t-il.
Ils se mirent à l'ouvrage, sans que Folebiol ne discute plus. Plantes et animaux étaient difficiles à joindre, les pierres hostiles et les connaissances en sorcellerie de Zibulinion, modestes, aussi la tâche était difficile.
Soudain, Folebiol s'alarma :
– Ton oiseau se remet à grossir...
– Concentrez-vous, ne vous laissez pas distraire, dit Relhnad.
Sa belle voix manquait de force. Inquiet pour lui, Zibulinion dut faire un effort pour se focaliser sur son sortilège.