vendredi 20 décembre 2013

Joyeuses fêtes de fin d'année !

Bon, en général, c'est un peu la folie pour tout le monde cette période de fêtes, moi comprise, donc pause du garçon fée jusqu'à début janvier. Zibulinion et tous ses amis fées reviendront le 3 janvier 2014 ! Les sorciers et sorcières seront également au rendez-vous.

Joyeux Noël et bonne année 2014 en avance !

Le garçon fée - 129

Finalement, après une longue délibération, la victoire fut attribuée au candidat qui avait compris que la créature n'était pas ce qu'elle paraissait être, et ce, en dépit de la bévue qui l'avait conduit à briser l'illusion pour les deux créatures.
Il fallut ensuite quitter l'arène pour laisser la place aux combattants suivants. Zibulinion retrouva le sorcier ébouriffé dans les coulisses. Ce dernier n'était pas content, cela était une évidence, et Zibulinion se sentit obligé de s'excuser. Il n'avait pas prévu que son sort atteindrait l'autre créature. Cette erreur l'empêchait d'ailleurs de se réjouir d'avoir été déclaré vainqueur.
– Désolé.
– D'être puissante ? Tu ne devrais pas ! aboya le sorcier.
– Je ne suis pas spécialement fort...te.
– Moi oui ! Et puisque tu m'as battu deux fois, pas de fausse modestie féerique à la mords moi le nœud, tu l'es !
– Je n'aurais pas su endormir le paroigma. Comment as-tu fait ?
Il était difficile de ne pas admirer la simplicité de l'idée qui pouvait mettre hors d'état de nuire n'importe quelle bestiole, et la complexité de son exécution sur certaines créatures.
– Cela t'intéresse vraiment ? Tu es bien la première fée à qui je cause qui fait preuve de curiosité vis-à-vis de la sorcellerie !
Zibulinion avait lu des choses à glacer le sang sur les atrocités que pouvaient commettre les sorciers. Cependant, il avait du mal à comprendre l'hostilité qui semblait toujours couver sous le vernis de la cordialité entre fées et sorciers.
– C'est aussi de la magie, pourtant.
– Bien meilleure que la féérie ! Je m'appelle Antenhyo, et toi ?
– Z... Noinilubiza.
Prétendre être la fille fée qu'il n'était pas nécessitait une vigilance de tous les instants qui pesait d'autant plus à Zibulinion qu'il ne pouvait oublier à quel point il avait blessé Waltharan ainsi. La possibilité que Antenhyo l'ébourriffé tombe amoureux d'une fée était proche de zéro, mais cela ne changeait rien.
L'arrivée des combattants suivants les amena à sortir des coulisses, cependant, ils continuèrent leur conversation. Antenhyo était intarissable sur la magie des sorciers.
Tout en bavardant, ils marchaient, avançant à pas lents dans les couloirs, suscitant des drôles de regards d'élèves fées sur leur passage. Cependant, Zibulinion trop fasciné par les propos d'Antenhyo n'y prêta pas garde.
La sorcellerie avait beaucoup de points communs avec la magie féerique, plus que ne voulaient bien admettre les livres que Zibulinion avait lus.
Ce fut un petit groupe de sorciers et sorcières qui interrompit leur conversation, s'étonnant de trouver leur ami en si mauvaise compagnie, avec la fée qui l'avait battu à deux reprises.

jeudi 19 décembre 2013

Le garçon fée - 128

Cela semblait douteux qu'une créature rare ait été choisie pour un combat en arène où il y avait des risques qu'elle soit blessée et si c'était une commune, avec toutes les créatures magiques dont il avait appris l'existence et le nom ces derniers mois, il paraissait étrange à Zibulinion que son identité lui soit inconnue... Était-il possible que cette créature soit enveloppée d'une illusion, comme lui ? Pour le savoir, il n'y avait qu'un moyen - le sort approprié. Il l'avait croisé lors de son étude sur les illusions, et même s'il ne l'avait jamais mis en pratique, il le connaissait en théorie. Pendant que la créature s'efforçait de l'atteindre, ses longues griffes tendue vers lui pour le rabattre vers le sol, Zibulinion matérialisa sa baguette, prononça les mots magiques et vit qu'il avait raison. Seulement transpercer l'illusion pour découvrir l'identité de la créature était une autre paire de manches : il fallait être en contact avec, et la bestiole n'était à priori pas du genre à se laisser caresser comme un brave toutou. Zibulinion se rapprocha, cherchant à toucher la créature en dépit des risques. Le claquement des dents rouges et les cliquetis des griffes le poussa à s'élever à nouveau dans les airs. Sur les gradins, quelques fées le huèrent parce qu'il ne faisait que fuir.
Dans l'autre partie de l'arène, le sorcier ébouriffé avait perdu son chapeau pointu et il tenait la bête à distance en chantant une drôle de mélopée.
Zibulinion se concentra à nouveau sur sa créature. Voir à travers ses poils épais, ses dents sanglantes et ses griffes menaçantes était indispensable pour à terme briser l'illusion. Mais peut-être y avait-il un moyen de deviner ce qui se cachait là-dessous sans user d'un sort : l'odorat. Zibulinion, surmontant sa peur de l'affreuse créature, descendit pour déterminer son odeur, voletant juste un peu plus loin chaque fois que les griffes de la bestiole cherchaient à l'attraper. Cela lui donna l'occasion de réaliser que la créature était sans doute plus petite qu'elle n'en donnait l'air. 
Zibulinion faillit encore regarder comment le sorcier se débrouillait et s'il n'était pas loin d'avoir maîtrisé sa créature. La certitude que cela ne ferait que lui faire perdre du temps le retint. Il prit quelques risques supplémentaires, les griffes touchèrent sa cheville. Mais au lieu d'être égratigné, il fut piqué. Cette sensation inattendue conjointe à l'odeur d'œuf pourri lui permit de déterminer que la créature était en fait un paroigma, c'est-à-dire, un espèce de concombre verdâtre géant recouvert de piquants très fins. Ces créatures non belliqueuses avaient juste la fâcheuse manie de vouloir faire goûter leur côté cactus ambulant à quiconque les approchaient. Friandes de poissons, elles vivaient au bord des rivières. Zibulinion se concentra et en pêcha magiquement un à distance dans le ruisseau qui courait dans le bois attenant à l'école. Dans ses doigts, il sentit bientôt frétiller la queue d'une pauvre truite arrachée de force à son cours d'eau. Il la lança aussitôt à la créature qui cessa de l'embêter pour déguster ce poisson ultra-frais. Pendant que la bestiole mangeait, Zibulinion en profita pour rendre au paroigma sa véritable apparence. Il dut cependant se montrer trop généreux dans son sort, car de l'autre côté, le sorcier ébouriffé protesta : sa propre créature avait repris son apparence originelle alors qu'il venait tout juste de la plonger dans un profond sommeil, ce qui était un exploit en soi, les paroigmas étant à moitié sourds et de petits dormeurs.
Les professeurs fées chargées de départager les candidats avec la sorcière accompagnatrice des élèves de Daroilak discutèrent un long moment tandis que la foule s'impatientait et que le paroigma tournait gentiment autour de Zibulinion dans l'espoir très clair d'obtenir un second poisson.

mercredi 18 décembre 2013

Le garçon fée - 127

Le soir venu, songeant que Relhnad était dans la pièce d'à côté, Zibulinion dut résister à la tentation de coller sa joue à la paroi en lambris de sa chambre pour être plus proche de lui. Sachant qu'il était vain d'agir ainsi, il s'efforça de se concentrer sur l'épreuve à venir : le combat en arène qui se déroulait dans un des amphithéâtres magiquement agrandi pour contenir tous ceux qui souhaitaient assister au spectacle. L'arène serait coupée en deux par une paroi de verre. Dans chacune de ces zones, une sorcière et une fée devraient respectivement se battre contre une créature magique identique. La gagnante serait celle qui mettait hors d'état de nuire la bête sans la blesser. En cas de double réussite, c'était la rapidité de l'opération qui déciderait de la gagnante.
Zibulinion révisa les sorts qui lui semblaient appropriés, non sans pouvoir s'empêcher d'accorder régulièrement une pensée au professeur de sorts qui se trouvait juste à côté.

Le lendemain matin, l'adolescent, caché sous les traits de la fée blonde aux yeux noisettes se rendit tôt à l'amphithéâtre. Son combat ouvrait le bal et il ne pouvait assister à aucun autre affrontement pour se donner des idées. Des fées commençaient à s'installer sur les gradins. Quand plusieurs rangées furent occupées, Zibulinion qui était resté debout en haut de la salle, ressortit de l'amphithéâtre pour gagner les coulisses qui permettaient d'entrer par le bas, directement dans la zone de combat.
Son adversaire était déjà là et attendait. C'était le même sorcier que pour le jeu des énigmes  Ses cheveux noirs était toujours tout ébouriffés sous son chapeau pointu, comme si il ne se donnait jamais la peine de les peigner et il avait l'air narquois.
– Tiens, tiens... Comme on se retrouve déclara-t-il d'une voix rocailleuse.
Nerveux à cause du combat à venir, Zibulinion se voyait mal faire la conversation avec lui, alors il se contenta de lui adresser un vague sourire. Une fée ne tarda heureusement pas à les inviter à s'introduire dans l'arène, chacun par une porte différente.
Zibulinion qui détestait être au centre des regards fut servi en pénétrant dans sa zone. Des centaines d'yeux se posèrent sur lui. Mais déjà la créature entrait à son tour. Elle était grosse, recouverte de poils épais et souriait de toutes ses dents pointues et sanglantes. Au bout de ses multiples bras, de longues griffes acérées cliquetaient.
L'adolescent ne se rappelait pas d'une pareille créature dans les bestiaires qu'il avait lu. A coup sûr qu'il ne la reconnaisse pas le désavantageait.
Quand la bête se jeta sur lui, Zibulinion s'envola hors de sa portée, le cerveau en ébullition.

mardi 17 décembre 2013

Le garçon fée - 126

Charboige approcha aussitôt son visage tout près de celui de Zibulinion et, posant les mains sur les épaules de ce dernier, l'attira pour l'embrasser.
Zibulinion ferma les yeux et, frémit en sentant les lèvres au goût fleuri sur sa bouche et une langue s'enrouler autour de la sienne comme un serpent.
Dégoûté, Zibulinion s'arracha au baiser de Charboige avec vivacité.
– Désolé, murmura-t-il, se retenant de s'essuyer la bouche.
Le fée brun soupira.
– Tu en aimes toujours un autre, c'est ça ?
Zibulinion pensa immédiatement au professeur de sorts et s'en étonna lui-même avant de comprendre : il était tombé amoureux de Relhnad.
C'était pour cette raison qu'il n'avait pas souffert que la fin du sort de répulsion n'engendre pas de changement chez Folebiol et que ces derniers jours, voir le couple formé par Folebiol et Lavicielle avait cessé le faire souffrir. Quand il lui avait rendu visite durant les vacances d'été, son ami l'avait profondément déçu et les sentiments amoureux qu'il lui inspirait avaient fini par s'éteindre.
Quant au professeur Relhnad, l'admiration et la reconnaissance qu'il lui vouait s'étaient, à son insu, mués en quelque chose de plus fort.
– Oui... acquiesça Zibulinion, regrettant de ne pas avoir le courage et l'honnêteté d'expliquer à Charboige que le fait que son cœur soit pris n'était pas le problème.
Même à l'époque où il aimait Folebiol, il avait largement apprécié les baisers de Neyenje. Le fée brun était peut-être agréable à regarder, mais Zibulinion ne supportait pas son caractère, résultat, il éprouvait une sorte de rejet physique à son égard.
– Je ne désespère pas de te conquérir, déclara Charboige.
Sa persistance était à se taper la tête contre le mur. Zibulinion ne voyait pas trop comment sans sortir, quand un petit groupe de fées adultes envahit le jardin pour le préparer en prévision d'une épreuve à venir. Zibulinion en profita pour fausser compagnie au fée brun et gagna le calme de sa chambre pour réfléchir ce qu'il venait de découvrir sur ses propres sentiments.
Un autre amour qui n'avait aucune chance d'aboutir... Ah, ça, il avait le chic pour tomber amoureux des mauvaises personnes ! Bon, d'accord Relhnad était beau, gentil, formidable et tout, mais il devait avoir au moins le double de son âge et c'était son professeur. Un homme, bien sûr. Idéalement, Zibulinion aurait dû être attiré par les filles, en aimer une de son âge, pas trop jolie, à même de lui retourner son amour. Hélas, l'amour n'était pas une affaire rationnelle. Et, cette fois, il n'y avait vraiment aucun espoir, pas l'ombre d'un soupçon de chance. Relhnad avait tout le monde à ses pieds, il n'avait aucune raison de s'intéresser à lui. Si Zibulinion lui avouait ce qu'il ressentait, comment Relhnad le rejetterait-il ? D'un sort de téléportation ? S'énerverait-il ou bien ferait-il preuve d'une grande douceur ? Dans tout les cas, les sentiments de Zibulinion ne feraient qu'embêter le professeur de sorts, le mieux était donc encore de se taire, surtout qu'avec Folebiol, il avait bien vu ce que donnaient les déclarations d'amour : inconfort, gêne et ennuis.

lundi 16 décembre 2013

Le garçon fée - 125

– Je ne l'ai emporté qu'avec une courte marge, répondit Zibulinion.
Le sorcier ayant également trouvé une solution à toutes les énigmes, cela ne s'était en effet pas joué à grand chose.
– Tout est dans la victoire... En parlant de réussite... tu m'as semé en beauté la dernière fois. Tu t'es téléportée ?
– Quelque chose dans ce goût-là, murmura Zibulinion. Ce n'était vraiment pas le bon moment, se justifia-t-il, devançant les reproches de Charboige. Et cela n'a rien à voir avec la noirceur de tes cheveux, précisa-t-il pour faire bonne mesure.
Le fée brun éclata de rire, puis s'exclama :
– Tu es jolie et géniale ! Tu devines tout ce que je voulais te dire ! Tu ne veux vraiment pas devenir ma petite amie ?
Zibulinion qui était habitué à ce que Charboige soit désagréable avec lui, avait vraiment du mal avec l'aspect séducteur dont il faisait preuve avec « Noinilubiza. » Cependant, dans les deux cas, le fée brun était plus pénible qu'autre chose.
– Vraiment, entre nous, c'est impossible, je ne supporte pas les gens qui se moquent des autres.
– Je me contente de répondre.
Zibulinion manqua de s'étouffer devant cette affirmation.
– Ce n'est pas vrai ! Je sais que tu embêtes des gens sans qu'ils ne t'aient jamais rien fait !!
Charboige fronça les sourcils.
– Qui ?
– M... Le garçon qui s'appelle Zibulinion !
– Ah lui... Tout le monde se paye de sa tête. Je l'ai taquiné tout au plus. C'est trop tentant avec son allure si pitoyable. Il n'a vraiment rien d'un fée.
Même s'il ne pouvait nier qu'il y avait là une part de vérité, entendre ça fâcha Zibulinion, et il lança :
– Si toi qui es différent, tu rejettes ceux qui ne rentrent pas dans les cases, je ne comprends pas comment tu peux t'attendre...
– Je suis le chef du club « Fée autrement » coupa Charboige. Mais lui, ce n'est pas possible. Il est trop ridicule. Enfin, je lui reconnais un mérite : grâce à lui nos petites différences passent beaucoup mieux. Tu ne vas me tenir rigueur de ça quand même ? Allez, donne-moi un chance, laisse-moi au moins t'embrasser.
Zibulinion qui n'avait jamais songé à se venger du fée brun y vit là une opportunité en or. S'il acceptait, l'autre serait mortifié quand il apprendrait la véritable identité de « Noinilubiza. » Il semblait en effet inévitable qu'un jour ou l'autre, il découvre la vérité... En même temps, Zibulinion n'était pas vindicatif et ne tenait pas à peiner qui que ce soit. Sans compter que partager un baiser avec Charboige ne lui disait rien du tout. Il était beau dans son genre, mais détestable par plein de côtés.
Le fée brun réitéra alors sa demande et devant son insistance, Zibulinion, de guerre lasse, céda.
– Très bien. Fais comme tu veux.

vendredi 13 décembre 2013

Le garçon fée - 124

Après une nuit fort courte passée à arranger l'illusion de sa baguette et à réviser différents sorts, Zibulinion, parée de son apparence de fée blonde, gagna le parc de l'école où se déroulait le jeu des énigmes dans lequel une fée et une sorcière côte à côte devait chacune résoudre  les trois mêmes énigmes à l'aide de la magie. La plus rapide serait la gagnante. Si jamais elles mettaient exactement le même temps, l'inventivité de leur solution devait les départager.
En attendant que l'épreuve commence, Zibulinion, plutôt que de se laisser perturber par les nombreux spectateurs et la possibilité que Waltharan soit parmi eux, contempla son adversaire. C'était un sorcier et non une sorcière. Sous son chapeau pointu, ses cheveux tout ébouriffés étaient d'un noir profond, comme ses yeux. Son nez était tordu et ses lèvres étirées dans un sourire narquois. Il semblait avoir une très haute opinion de lui-même, ce qui ne rassura pas Zibulinion.
Une petite musique retentit et une fée annonça le début des jeux d'énigmes. Comment allumer une bougie sous une pluie torrentielle ? Une bougie éteinte chapeautée d'un nuage miniature pluvieux apparut devant chacun des participants. Zibulinion fit simple, il protégea la bougie d'une main, utilisant sa baguette pour enflammer la mèche mouillée.
Distrait en constatant que le sorcier à côté de lui soufflait un vent magique pour chasser le nuage, il perdit un peu de temps avant de s'attaquer à la seconde énigme qui nécessitait de récupérer une étoile scintillante coincée dans un mince et long tube en verre, sans briser ce dernier.
Heureusement, il n'eut pas à se creuser la tête longtemps : repérant un minuscule bout de bois sur le sol, il fit grandir d'un sort, l'introduisit dans le tube et s'en servit pour décrocher l'étoile. Le sorcier à côté de lui, n'avait pas encore réussi. Déjà, Zibulinion passait à la troisième énigme : il s'agissait de soulever une lourde statue de pierre représentant un hippopotame du point A à un point B indiqué par des lettres composés de centaine de petits cailloux. Pour le coup, Zibulinion ne sut pas tout de suite comment procéder. Fallait-il déplacer le point de chute plutôt que la statue ? Il aurait bien rendu temporairement vivante cette dernière, s'il avait connu un sort pour cela. Le sorcier lui s'agitait autour de la statue, à priori très sûr de lui. Zibulinion fouillant fébrilement dans sa mémoire, se rappela finalement d'un sort pouvant transformer le poids des choses et il s'empressa de l'exécuter. Changer de place la statue fut alors un jeu d'enfants. Et tandis que le sorcier qui avait dû se rendre magiquement plus costaud peinait encore à la tâche, la victoire fut déclarée pour les fées.
Pendant quelques glorieuses minutes, Zibulinion, ou plutôt son illusoire fée adolescente, fut applaudi, puis tout le monde se dispersa pour se rendre à l'évènement suivant du festival de magie. Zibulinion, lui resta figé sur place, encore étourdi par l'enchaînement des trois énigmes et les cris enthousiastes des fées qui avait suivi.
Il n'était cependant pas le dernier dans le jardin. 

– Tu lui as mis la pâté à ce sorcier, Noinilubiza.
Zibulinion n'avait pas besoin de se retourner pour savoir qui c'était. Waltharan sachant la vérité, il n'y avait plus qu'une personne pour l'appeler comme ça : Charboige. Il pivota sur lui-même pour faire face au fée brun.

jeudi 12 décembre 2013

Le garçon fée - 123

Les préparatifs en prévision de la venue des quarante sorciers et sorcières de Daroilak  empêchèrent Zibulinion d'étudier en paix. Il faut dire que cette année, en tant que 10ème année, il devait jouer de la musique au moment de l'arrivée du bus et après les cours, il y avait des entraînements spéciaux pour que tout le monde soit en harmonie. Pour les épreuves en elles-mêmes, la directrice lui avait transmis ses instructions au moyen d'une enveloppe déposée dans la chambre de Zibulinion : son illusion féminine était inscrite  aux jeux des énigmes, au combat contre une créature magique et au labyrinthe et l'adolescent ne devait se déplacer ces jours-là dans l'école que cachée sous les traits de la fée blonde de 12ème année.
Si Zibulinion appréhendait d'affronter les sorcières de Daroilak, il était surtout inquiet à l'idée de tomber nez à nez avec Waltharan, incertain de la réaction qu'aurait le fée des plantes face à « Noinilubiza. »
Il y avait aussi le problème de sa baguette magique. Il n'avait pas oublié que le professeur de sorts lui avait dit de fabriquer une illusion pour elle aussi, mais il n'avait jamais fait l'effort de la créer, or cela devenait urgent, car il serait sûrement amené à s'en servir lors des épreuves et cela pouvait trahir sa véritable identité pour ceux et celles qui savaient à quoi ressemblait sa baguette - un détail de taille auquel la directrice n'avait pas songé - seulement le temps manquait à Zibulinion et il faillit frapper à nouveau à la porte du professeur de sorts.
Finalement, la veille de l'arrivée des sorciers et sorcières de Daroilak qui marquait le début du festival de magie, il approcha d'un résultat correct, songea qu'il pourrait peaufiner sa baguette illusoire le lendemain, le jeux des énigmes n'ayant lieu que le deuxième jour et regretta presque de ne plus avoir d'excuses pour solliciter Relhnad.
Comme l'année précédente, tout le monde se réunit pour accueillir le bus de Daroilak.  Sorciers et sorcières tout de noir vêtus, des chapeaux pointus enfoncés sur la tête débarquèrent et Zibulinion, une boule au ventre à l'idée de faire une fausse note, porta sa flûte traversière à sa bouche, imité par des fées de dixième année à sa gauche, tandis qu'à sa droite d'autres plaçaient leurs archets sur leurs violons. Dans le ciel, les fées de onzième années se mirent à danser entourées de fleurs de lumière multicolores lancées par les douzième année.
La directrice prononça son discours de bienvenue, listant les festivités prévues. Son accueil était chaleureux au possible, mais Zibulinion savait désormais à quoi s'en tenir sur la directrice : un sourire par devant, un poignard par derrière.
L'accompagnatrice des élèves de Daroilak présenta ces derniers, et ceux-ci enfourchant leur balai les uns après les autres vinrent mettre le bazar dans le ballet des onzième année. L'un d'entre eux alla même jusqu'à noircir les couleurs des fleurs qui l'entouraient, ce qui lui valut quand même une très légère critique de l'accompagnatrice.
La première journée se déroula en un clin d'œil, beaucoup trop vite au goût de Zibulinion qui se sentait de plus en plus nerveux vis à vis de ce qui l'attendait. Sil se plantait totalement, la directrice lui recollerait-elle le sort de répulsion sur le dos ou lui en lancerait-elle un autre ? C'était l'inconvénient d'avoir parcouru ce livre sur les sorts punitifs. L'adolescent avait découvert qu'il en existait de terribles : certains rendaient malades, d'autres privaient de l'usage d'un de ses sens...

mercredi 11 décembre 2013

Le garçon fée - 122

Zibulinion put constater de lui-même que la directrice avait bel et bien mis fin au sort de répulsion. En salle de classe, même si personne ne prit place à côté de lui, les tables avoisinantes furent occupées par ses camarades. Il fut interrogé par le professeur de communication avec les animaux. Au réfectoire, des fées s'assirent carrément à côté de lui, même si elles ne lui dirent rien. En fin d'après-midi à la bibliothèque, une fée de onzième année le prit à part pour lui confier qu'elle était attirée par les fées du même sexe qu'elle et lui témoigner qu'elle avait été impressionnée par son courage.  Que Folebiol ne change pas d'attitude à son égard ne causa étrangement pas de peine à Zibulinion.
L'adolescent se mit en quête d'informations sur les sorts punitifs et notamment celui qui lui avait empoisonné l'existence ces dernières semaines. S'il n'y avait pas de livres expliquant comment en lancer, il en trouva un qui exposait les effets, c'est-à-dire exactement ce qu'il cherchait.
Le sort de répulsion prenait racine sur une gêne préexistante. La personne qui en était victime devenait dur à aborder et approcher. Elle générait un sentiment de malaise, ce qui se traduisait d'un côté par un évitement de la victime du sort ou par une agressivité renforcée envers elle.
Zibulinion ne savait pas avec exactitude quand le sort lui avait été jeté, mais il ne comprenait pas trop comment dans ses conditions Waltharan avait réussi à bavarder avec lui ou même encore pendant les vacances d'été comment Folebiol, Lavicielle et Zurmmiel étaient parvenus à le traiter presque normalement. Pour la déclaration amoureuse de Waltharan ou encore l'assiduité de Charboige, l'illusion avait dû brouiller le sort. Mais il y avait aussi le cas de Relhnad qui n'avait jamais cessé d'être aimable avec lui et qui, à priori, avait été au courant de l'existence du sort et ne l'en avait pas débarrassé...
Ce soir-là, vers 21h30, Zibulinion frappa à la porte de la chambre du professeur de sorts. Il ne l'avait pas revu depuis l'incident du couloir et il se sentait nerveux à l'idée de le revoir, mais il avait besoin d'avoir des éclaircissements.
Relhnad lui ouvrit vêtu d'un peignoir bleu nuit noué lâchement à la taille. Son torse était exposé et Zibulinion, rougissant, perdit de vue un instant ce qu'il voulait dire. Il bafouilla, s'excusa de le déranger et évoqua le sort de répulsion ainsi que le mouvement d'humeur de la directrice à l'égard du professeur de sorts.
– Avant le départ pour les vacances d'été, je t'ai lancé un sort d'attraction pour compenser celui de répulsion. Pour être franc, si je n'ai rien fait avant, c'est que je savais que la directrice s'en rendrait compte et qu'elle n'apprécierait pas que j'interfère avec sa punition. Normalement, après un mois, mon empreinte magique aurait dû avoir totalement disparu, mais l'effet du sort ne devait pas être fini et elle a dû deviner que c'était moi qui en était à l'origine. Je suppose que je vais être convoqué à mon tour.
Zibulinion mentionna alors son étonnement au sujet de Waltharan qui avait continué à lui parler et aussi le fait que sous son illusion, nul ne l'avait évité.
– Le sort est basé en grande partie sur le visuel, se cacher derrière une illusion le neutralise donc. Par ailleurs, il ne peut fonctionner que s'il y a une gêne de départ vis-à-vis de la personne. Ne va cependant pas t'imaginer que tout le monde avait un problème avec toi avant que cela se sache que tu étais gay. Je te rassure, l'élément de gêne sur lequel s'est fixé le sort devait être la simple découverte de ton attirance pour les personnes du même sexe que toi. La plupart des gens auraient digéré cela rapidement sans le sort. J'ai répondu à toutes tes questions?
– Oui, merci beaucoup. J'espère ne pas vous avoir trop ennuyé.
– Pas le moins du monde. Si tu as besoin d'explications ou de quelqu'un à qui parler, je suis là.
Zibulinion l'aurait bien interrogé sur sa baguette tant qu'il y était, mais il ne voulait pas abuser de la patience de Relhnad.
– Merci, répéta-t-il et il souhaita bonne nuit à son professeur, le cœur empli de reconnaissance à son égard.

mardi 10 décembre 2013

Le garçon fée - 121

La directrice, sans préambule, exigea qu'il lui montre sa baguette. Elle l'examina avec attention et la lui rendit. Elle le soumit ensuite à une batterie de questions concernant différentes matières.
– En dépit de votre regrettable manquement en début d'année, vous semblez avoir bien étudié, conclut-elle.
Tellement de qualificatifs désobligeants avaient été accolés à sa déclaration amoureuse que cela ne fit rien à Zibulinion. Il retint le positif : la directrice avait validé ses efforts sur le plan scolaire.
La directrice poursuivit :
– Je vous ai fait appelé pour vous informer de votre participation aux épreuves contre les sorcières de Daroilak qui seront, comme vous le savez, entre nos murs la semaine prochaine. Il est entendu que vous ne serez pas sous votre apparence, mais sous votre illusion de fée adolescente. Personne n'est au courant que vous vous cachez derrière cette illusion, n'est-ce pas ?
– Non, mentit Zibulinion qui ne tenait aucunement à mentionner Waltharan et les circonstances dans lesquelles il avait appris la véritable identité de la fée blonde aux yeux noisettes. Mais je ne tiens pas à affronter les sorcières de Daroilak, ajouta-t-il.
Il avait bien vu le bazar que c'était l'année d'avant, savait les critiques qu'il risquait s'il avait le malheur de perdre et surtout il ne souhaitait pas réutiliser l'apparence de la fée blonde avec laquelle il avait blessé les sentiments de Waltharan.
– C'est dans ton intérêt pourtant.
Zibulinion ne voyait pas en quoi, mais la directrice continua, l'éclairant :
– Ton obéissance marquera la fin de ton exclusion.
– Je pourrai réintégrer le dortoir ? demanda Zibulinion sans trop y croire.
– Non. Je lèverai le sort de répulsion que je t'ai jeté, ce qui devrait rendre un peu de couleur à ta vie sociale.
Zibulinion eut un moment de flou, puis comprit que c'était à cause d'un sort et non d'une réelle intolérance générale, qu'il avait été aussi isolé ces dernières semaines.
– Comment avez-vous pu ?! s'écria-t-il.
– Pas de sexualité déviante chez les fées et certainement pas dans mon école. Tu as servi d'exemple pour quiconque aurait l'absurde idée de t'imiter, répondit-elle, pas perturbée le moins du monde par l'indignation de l'adolescent.
C'était à cause d'elle qu'il avait été traité comme un pestiféré et maintenant, elle lui faisait un espèce de chantage, tout ça pour qu'il fasse face aux les sorcières de Daroilak, pas en tant que lui même, mais sous son illusion de fée adolescente, tout ça parce que sa véritable apparence ne faisait pas assez fée.
C'était incompréhensible, néanmoins, il céda. Ce n'était pas trop cher payé pour cesser d'être évité. Il ne put toutefois s'empêcher de penser qu'à côté de la directrice, les sorcières de Daroilak n'étaient guère effrayantes.
La directrice, sans émettre un son, mais en bougeant les lèvres, leva le bras en direction de Zibulinion, deux doigts tendus en avant. Un instant plus tard, elle l'abaissa, pesta contre le professeur de sorts à mi-voix - ce qui intrigua l'adolescent - et congédia Zibulinion.

lundi 9 décembre 2013

Le garçon fée - 120

Relhnad, d'une voix passablement énervée, répondit :
– Ayant été en vacances pendant un mois, j'ai oublié de remettre la barrière de protection interdisant l'accès aux élèves et professeurs trop entreprenantes. L'une d'elles en a profité pour s'introduire dans ma chambre et se glisser dans mes draps, voilà ce qui s'est passé. Je les décourage tout ce que je peux, mais il y en a toujours une qui tente sa chance. C'est insupportable ! J'en viens à croire que, comme quand je suis avec les humains, je devrais porter une apparence illusoire moins attirante pour éviter de me faire agresser en permanence !
L'éclat de Relhnad rappela à Zibulinion la fois où le professeur de sorts, alors qu'il était sous son apparence de fée blonde l'avait magiquement téléporté, croyant que l'adolescent était une fille qui le pourchassait.
– Au moins, vous êtes aimé. C'est mieux que d'être fui, murmura Zibulinion.
Avoir ne serait-ce que le centième de la beauté et de la popularité de Relhnad lui aurait bien plu.
Le professeur de sorts inspira à fond, puis expira, cherchant visiblement à recouvrer son calme.
– Trop, c'est trop. Que ce soit un excès ou un autre. Dans mon cas, comme le tien. Et ne t'en fais pas, cela ne durera pas pour toi... Bref, désolé que tu aies été réveillé.
– Non, c'est bon, je ne dormais pas encore.
– A minuit et des poussières... Si tu as des problèmes d'insomnie, je connais un sort pour ça...
Relhnad avança d'un pas, prêt sans doute à le lancer. Mais Zibulinion, trop embarrassé par l'éblouissante nudité du professeur de sorts, dit précipitamment :
– Non, c'est bon ! Bonne nuit !
Et il réintégra sa chambre, le souffle court, le cœur battant la chamade.
Il ne valait guère mieux que toutes les fées qui couraient après Relhnad. Lui aussi, il trouvait le professeur de sorts terriblement désirable, bien plus que Neyenje, que Waltharan, ou même que Folebiol.
Physiquement, Relhnad n'avait pas l'ombre d'un défaut. Il était plus que parfait. Et au niveau du caractère, sa gentillesse était sans faille... Encore à vouloir le soulager d'un sort... Zibulinion aurait vraiment aimé être capable d'aider le professeur Relhnad en retour. Et peut-être qu'il pouvait commencer en apprenant le fonctionnement de ces fameuses barrières de protection. Ainsi, si Relhnad oubliait d'en mettre une en place, Zibulinion serait à même de le faire.
Une convocation de la directrice détourna momentanément l'adolescent de son projet. Inquiet de ce qui allait encore lui tomber dessus, Zibulinion se rendit à reculons dans le bureau de la directrice.

vendredi 6 décembre 2013

Le garçon fée - 119

Ni Alysielle, ni Victor, ni Tania ni même Rozélita n'interrogea Zibulinion sur sa sortie et l'adolescent se garda de raconter quoi que ce soit. Sa rencontre avec son père, n'en déplaise à sa mère, n'avait pas été une déception, sans être une réussite pour autant, il avait eu juste la satisfaction de faire sa connaissance. En revanche, renouer avec Zurmmiel et Folebiol avait été un vrai bonheur, même s'il avait été terni par une certaine réserve des deux frères.
L'été se traîna en longueur pour Zibulinion quand bien même il avait de quoi lire grâce à Folebiol. Il dévora les romans féériques comme les livres de culture générale, ainsi que  quelques vieux manuels scolaires.
Une fois qu'il eut fini, il les ramena, comme prévu. Hélas Folebiol se montra une fois de plus gêné et prévint Zibulinion qu'à Valeiage, il continuerait à garder ses distances. Il craignait trop les rumeurs que cela engendrerait s'il le fréquentait à nouveau.
Zibulinion s'y attendait vaguement, mais l'entendre le rendit triste, tout en le décevant. Il ne s'attarda pas, prétextant une course à faire.
Dans le bus les ramenant à Valeiage, Zibulinion garda le nez dans un livre durant le trajet pour n'avoir à croiser le regard de personne et envisagea pour la prochaine fois de se boucher les oreilles avec des boules quies ou un sort afin de ne pas avoir à entendre les ricanements des filles accompagnés de critiques sur son apparence.
Malgré tout, il n'était pas fâché de quitter l'appartement familial. Les remarques de sa mère, l'hostilité de son beau-père et les piques de Tania étaient également pénibles. Par ailleurs, savoir que Folebiol, Zurmmiel, Lavicielle et sans doute d'autres n'osaient juste pas lui parler à cause de la réprobation générale, et non pas parce qu'ils le considéraient vraiment comme un horrible individu  l'aidait un peu.
Le résultat de ses examens d'été surprit Zibulinion en mal. Il n'avait récolté que peu d'étoiles et de lunes, sauf en sorts et en minéralogie. Il était certain de s'être bien débrouillé et il en conclut que les professeurs avaient été particulièrement sévères à son égard, ce qui le dégoûta. Cependant, il ne se découragea pas. Tant pis pour les notes ! De toute façon, elles n'impressionnaient pas sa mère. Cela le confortait dans ses projets d'étudier les manuels à destination des fées des rêves et des plantes.
Il retrouva sa chambre à l'étage des professeurs, ses boiseries, et les meubles que Relhnad avaient récupéré pour lui.
Allongé sur le lit en forme de bateau, il s'efforçait de s'endormir et hésitait à rallumer et le lire le manuel de soins destinées aux fées des rêves de cinquième année qu'il avait emprunté à la bibliothèque, quand des cris retentirent suivi d'un bruyant claquement de porte.
Zibulinion se releva et sortit dans le couloir, soucieux d'apprendre ce qui se passait.
Il vit Relhnad entièrement nu qui brandissait sa baguette vers une silhouette en train de s'estomper.
Le professeur de sorts déjà « beau à en mourir » habillé était absolument magnifique sans vêtement pour masquer les lignes fines et musclées de son corps, l'albâtre éclatant de sa peau et la pointe rosée de ses tétons.
Le regard de Zibulinion descendit sur l'entrejambe de Relhnad où pendaient gracieusement les bijoux de famille de ce dernier surmonté d'un nid de boucles dorées. L'adolescent rougit et baissa les yeux pour découvrir que les pieds de Relhnad n'étaient pas moins splendides que le reste : aux orteils droits et aux ongles parfaitement manucurés.
Il était impossible de demeurer de marbre devant tant de beauté et Zibulinion sentit son pénis se durcir sous la longue chemise de nuit blanche réglementaire de Valeiage.
– Qu'est-il arrivé ? demanda-t-il, plantant ses yeux dans ceux bleus pailletés d'argent de son professeur, espérant que ce dernier ne remarquerait pas sa coupable excitation.

jeudi 5 décembre 2013

Le garçon fée - 118

Zibulinion qui s'était assis en tailleur sur le plancher pour jouer se releva précipitamment. Il bafouilla quelques explications sur sa présence, se sentant de trop face au couple de Folebiol et Lavicielle, si beau et si parfaitement assorti.
Folebiol ne répondit rien, se contentant de le dévisager comme s'il ne parvenait pas à intégrer le fait qu'il soit là. Cela blessa Zibulinion.
Lavicielle rompit le silence gênant qui s'installait :
– Si tu souhaites partager notre goûter, tu es le bienvenu.
Zibulinion resta muet. Déjà qu'il avait du mal au réfectoire, à Valeiage, loin d'eux, alors être juste en face d'eux...
Incapable de refuser ou d'accepter, Zibulinion ne répondit pas. Folebiol ne pipait mot, toujours raide et figé. Quant à Zurmmiel, la tête baissée, il triturait l'un des pions d'« A cloche-fée. »
Lavicielle lâcha la main de Folebiol et reprit la parole :
– Zibulinion, viens donc discuter avec moi en bas. Les autres n'auront qu'à nous rejoindre plus tard.
Là-dessus, elle attrapa Zibulinion par le bras et l'entraîna hors de la chambre. Tout chamboulé, l'adolescent se laissa faire et se retrouva dans la cuisine.
– Folebiol m'a beaucoup parlé de toi. Il t'apprécie vraiment. Selon lui, tu es un confident hors pair... Seulement, il ne sait plus comment se comporter avec toi, alors ne lui tient pas trop rigueur de son silence, d'accord ?
S'il était réconfortant d'apprendre que Folebiol l'estimait, cela ne compensait pas complètement son attitude. Zibulinion hocha toutefois la tête, car le coupable, à l'origine de tout cela, c'était lui.
Lavicielle continua :
– Sinon, je n'ai pas osé à l'école, mais je tenais à t'exprimer à quel point j'étais désolée. Ton malheur a fait mon bonheur, puisque c'est grâce à toi et Folebiol et moi sommes ensemble. Sans ta déclaration, il m'a avoué qu'il n'aurait sûrement jamais fait la sienne.
Les excuses doublées de remerciement de Lavicielle touchèrent Zibulinion. Même si cela le peinait, Folebiol et elle formait un joli couple plein de gentillesse. Seule zone d'ombre : où avait disparu les sentiments de la fée adolescente pour le professeur de sorts ? Poser la question eut été indélicat, toutefois Zibulinion ne put s'empêcher de demander :
– Tu aimes Folebiol ?
– Oui. En m'offrant son cœur, il m'a ouvert les yeux et su me faire abandonner l'illusion que Relhnad me remarquerait un jour.
L'arrivée des deux frères interrompit l'échange.
– On vient goûter, proclama Zurmmiel.
– Pardon, pour tout à l'heure, j'ai été surpris, annonça Folebiol, l'air contrit, ses beaux yeux vert émeraude plein de regrets. Je suis content que tu sois venu, ajouta-t-il.
Au final, Zibulinion mangea avec eux les choux à la crème. Cela faisait du bien de bavarder de nouveau avec Folebiol et Zurmmiel, même s'il y avait des moments de gêne.
En fin d'après-midi, il repartit chargé de deux gros sacs de livres que Folebiol avait tenu à lui prêter et que Zibulinion avait promis de rapporter d'ici la fin de l'été - une occasion de le revoir avant septembre et le retour en cours.

mercredi 4 décembre 2013

Le garçon fée - 117

Même si cela ne se faisait pas de débarquer sans prévenir, Zibulinion espérait que Folebiol l'accueillerait. Il l'aimait toujours. Changer ses sentiments n'était hélas pas une affaire de volonté, autrement il aurait cessé pour ne plus avoir à souffrir quand il l'apercevait en train de roucouler avec Lavicielle et pour qu'il ne lui manque plus quand il ne le voyait pas.
C'est la mère de Folebiol qui lui ouvrit le portail. A son embarras, Zibulinion devina qu'elle était au courant de toute l'affaire.
– Je regrette, mais Folebiol est absent, il est en ville avec Lavicielle.
Vrai ou faux ? Le résultat était identique : il n'allait pas pouvoir discuter avec lui. Zibulinion ravala sa déception et s'excusa d'être passé à l'improviste.
– Mais non, ce n'est pas grave. Zurmmiel est là. Tu veux le voir ?
– Je ne sais pas... Je crois qu'il est fâché contre moi.
– Il était surtout choqué de tes sentiments pour son grand frère. Je me suis efforcée de lui expliquer que cela arrivait, que ce n'était la faute de personne.
Zibulinion avait tellement entendu de fois dire que son amour pour un autre garçon fée était ignoble qu'il fut surpris que la mère de Folebiol se montre compréhensive.
Hésitant sur la conduite à tenir, il murmura qu'il était désolé. La mère de Folebiol l'attira alors dans le jardin, expliquant qu'elle était occupée à l'arroser quand il avait sonné. Elle lui fit la conversation jusqu'à la maison, rapportant que son mari était chez la doctoresse avec la petite dernière dont les ailes grandissaient, la faisant souffrir.
Une fois qu'elle l'eut introduit à l'intérieur, elle précisa que Zurmmiel jouait à l'étage, dans sa chambre, et retourna à son jardinage.
Zibulinion monta les escaliers lentement, appréhendant la réaction du garçonnet quand il le verrait. Il toqua à la porte et cette dernière s'ouvrit sur Zurmmiel.
– Zibulinion ! s'exclama-t-il.
– Ta mère m'a invité à entrer.
– Folebiol est sorti, riposta Zurmmiel, sur la défensive.
– Je sais, mais elle a pensé que nous pourrions passer un moment ensemble, toi et moi.
– Je n'ai rien à te dire, grommela Zurmmiel.
– C'est dommage parce que moi, j'aimais bien bavarder avec toi.
Zurmmiel fit une drôle de moue.
– Pourquoi t'es tombé amoureux de mon frère aussi ? Moi, je comprends pas. Avec une fille ou un garçon, je trouve que les baisers, c'est beurk !
Le dégoût enfantin de Zurmmiel amusa Zibulinion car il était dépourvu de méchanceté.
– Cela ne change rien à ce que je suis.
– Ça  fait bizarre quand même.
– Pardon.
Zurmmiel hocha la tête et demanda à Zibulinion où il en était avec sa plante, son œuf et sa pièce. Le brusque changement de sujet dérouta l'adolescent, mais il finit par répondre que la directrice les lui avaient pris.
– Il avait grossi ton œuf ?
Il avait même éclos et un oiseau au plumage arc-en-ciel en était sorti, mais ça Zibulinion n'était pas sûr d'avoir le droit de le révéler...
– Pourquoi ? Il y a un souci avec le tien ?
– Je m'en occupe et tout, mais rien. Ma pièce, je l'ai rangé dans un tiroir, alors c'est normal. Mais mon pot que j'avais mis au placard et à qui je ne donne pas d'eau, eh bien, il y a une petite pousse verte dedans.
– Il y a de grandes chances que tu sois un fée des plantes.
– Je ne veux pas, moi ! J'adore les animaux. Et puis maman, papa et Folebiol, ils sont des bois !
– Allez, rien n'est encore joué. Ce n'est pas pour rien que la spécialité se décide seulement en 5ème année.
– Tu as appris ça dans un bouquin ?
– Ça  et bien d'autres choses.
– On fait un jeu de société ?
L'adolescent acquiesça. Rien n'était vraiment résolu, mais cela lui faisait plaisir que Zurmmiel se comporte avec lui presque comme avant.
Le petit garçon récupéra dans son coffre une boîte en bois sur laquelle était gravée « A cloche-fée » et commença à exposer les règles du jeu.
Ils en étaient à leur troisième partie et Zibulinion s'amusait de bon cœur, quand la porte de la chambre du garçonnet s'ouvrit.
– Nous avons ramené des choux à la crème de « Rêve de baguettes » ! annonça Folebiol, brandissant d'une main en sac en papier, tenant de l'autre Lavicielle.

mardi 3 décembre 2013

Le garçon fée - 116

– Tu es le fils d'Alysielle, n'est-ce pas ? Zibulinion, c'est ça ?
L'adolescent acquiesça, soulagé que son père lui facilite les choses.
– Il est lui est arrivé quelque chose ?
– Non... Je... C'est à propos de mon père...
Le visage soudain tendu, l'homme blond répliqua :
– N'est-ce pas plutôt à ta mère que tu devrais t'adresser ?
– Elle ne veut rien me dire sur lui.
– Je ne sais pas ce qu'elle t'a raconté, mais la raison de notre séparation, c'est qu'elle m'a trompé avec ce type.
Zibulinion n'avait jamais entendu cette version de l'histoire et assurément, l'homme qui lui faisait face ne lui ressemblait en rien. Physiquement, il n'avait en effet rien à envier aux fées si ce n'est les ailes. Ce qui collait, c'est qu'il ne le reconnaissait pas comme son fils. De toute façon, Alysielle lui avait donné cette adresse comme étant celle de son père... Même si elle n'était pas à un mensonge près, comme le prouvait l'affaire des anniversaires où elle lui avait soutenu que c'était une coutume humaine alors même c'était aussi répandu chez les fées, Zibulinion était quasiment certain qu'elle l'avait envoyé au bon endroit.
– Je suis désolé de vous déranger.
– Non, c'est bon. Je regrette de ne pas pouvoir t'aider.
L'homme blond basané était gentil. Il était convaincu que Zibulinion était le fils de l'amant de son ex-femme, mais il avait pris la peine de le recevoir, quand bien l'adolescent représentait l'échec de son précédent mariage. Zibulinion savait qu'il aurait dû prendre congé, mais ne pouvait s'y résoudre, désireux de profiter encore un moment de la compagnie de cet homme qui avait de grandes chances d'être son père.
– Alysielle se porte bien ? reprit l'homme blond.
– A merveille...
– Je peux te demander comment cela se fait que tu viennes m'interroger aujourd'hui ?
En apprendre plus sur son père était une chose qui travaillait Zibulinion depuis longtemps déjà, c'était redevenu plus important quand il avait compris que sa mère ne serait jamais fière de lui.
– J'ai toujours eu envie de savoir... et je me suis disputé avec ma mère.
– Alysielle n'a jamais été commode. Elle n'aime pas quand les gens n'agissent pas selon ses désirs.
Bavarder avec son père dans le salon de ce dernier tandis que non loin jouait sa fille et sa nouvelle femme était vraiment étrange, magique en un sens, même si nulle fée n'avait usé de ses pouvoirs.
L'homme blond continua :
– J'espère que tu vas vite te réconcilier avec elle. Si tu as besoin de te confier, je suis prêt à t'écouter.
Un instant Zibulinion, mis en confiance par la gentillesse de son père, fut tenté de révéler qu'il était gay et que c'était la goutte d'eau qui avait fait déborder le vase pour Alysielle qui ne supportait déjà pas sa rondeur et ses yeux de chouette, mais il n'osa finalement pas.
– Merci, mais je ne veux pas vous importuner plus longtemps.
– Il n'y a pas de mal. Tu peux repasser à l'occasion. Je vais essayer de me souvenir, peut-être que je repenserai à quelque chose qui pourrait t'aider dans tes recherches...
En disant ces mots, le hâle de l'homme pâlit et il se pencha en avant, recouvrant son front de ses mains.
– Ça  ne va pas ? s'inquiéta Zibulinion, se levant du fauteuil.
– Une de mes fichues migraines chroniques...
– Je peux faire quelque chose ? Aller chercher votre épouse ?
– Oui, merci.
Zibulinion s'empressa de retrouver la femme grisonnante qui, visiblement habituée, apporta des cachets et un grand verre d'eau à son mari.
Après cela, Zibulinion partit vite, se sentant responsable de la migraine qui s'était abattue sur l'homme qui devait être son père, quand bien même il en avait fréquemment.
Zibulinion, encore sous l'émotion de sa rencontre avec son père n'eut pas envie de rentrer immédiatement. Il continua à marcher dans les rues, d'abord au hasard, puis très vite avec l'intention de se rendre chez Folebiol. Il avait besoin de se confier à quelqu'un au sujet de son père et dans sa lettre Folebiol avait affirmé être toujours son ami...

lundi 2 décembre 2013

Le garçon fée - 115

Pendant deux jours, Zibulinion ne cessa de tourner et retourner le petit carton, le cornant et le pliant, puis il se décida à aller faire un tour à l'adresse qui était inscrite dessus durant le week-end.
Longuement, il hésita entre le samedi et le dimanche, l'heure. Le choix de ses vêtements lui posa également problème, car il souhaitait bien présenter.
Enfin, le samedi, en tout début d'après-midi, vêtu d'un bête sweat-shirt et jeans bleus, il quitta l'appartement sans prévenir personne. Pour être certain de ne pas se perdre, il avait emporté avec lui le plan de la ville.
Plus il approchait de l'endroit où habitait son père, plus sa nervosité augmentait. Il craignait de gêner.
En arrivant à la bonne rue, il s'arrêta un instant avant de la remonter à pas lents jusqu'au numéro indiqué sur le petit carton... 2, 4, 8, 10, 12, 14, 16, 18, 20, 22, 24, 26... C'était ici que son père résidait si sa mère lui avait bien donné la bonne adresse et si son père n'avait pas déménagé entretemps... La barrière en planches peintes en blanc était basse et laissait voir un petit jardin avec un arbrisseau et une balançoire. La maison à la façade crème défraîchie comportait un étage sous un toit de tuiles mangées par la mousse. C'était une habitation comme beaucoup d'autres, mais elle était spéciale aux yeux de Zibulinion : son père y vivait.
L'adolescent dépassa le portillon, avançant jusqu'au pavillon suivant, puis revint sur ses pas et contempla la sonnette - discret bouton blanc sur une plaquette grise métallisée.  Il pointa son doigt dessus, prêt à appuyer, abaissa son bras, s'inquiéta qu'on le voit tourner ainsi tourner autour du pot et se lança.
Un léger bruit retentit preuve que la sonnette fonctionnait et une femme ouvrit la porte. Les cheveux grisonnants, la quarantaine, banale, bien loin des beautés blondes des fées.
– Bonjour. Que puis-je pour vous ?
Zibulinion bafouilla. Son père avait dû se remarier et avait peut-être même eu un enfant. N'avait-il pas vu la balançoire ?!  Et lui, il se pointait sans même connaître le prénom de son père...
– J'aurais besoin de parler à votre époux, réussit à dire l'adolescent.
La femme sembla étonnée.
– Qui êtes-vous ?
Zibulinion ne sut répondre. Son nom n'évoquerait sans doute rien à cette femme et il ne pouvait affirmer qu'il était le fils de son mari. Il n'était même pas sûr à cent pour cent que son père habite bien là et de toute façon, ce dernier ne le reconnaîssait pas comme tel. Il n'allait quand même pas briser un mariage...
– C'est au sujet de l'ex-femme de votre époux, esquiva-t-il.
A ce moment, un homme blond basané et baraqué apparut à son tour dans l'embrasure et parla à mi-voix à la femme grisonnante avant de venir déverrouiller le portillon et d'inviter Zibulinion à discuter au frais, dans le salon.
L'adolescent, la gorge nouée à l'idée que c'était sûrement son père qui se tenait devant lui, hocha la tête. Il le suivit à l'intérieur, s'excusant d'une voix inintelligible de s'imposer ainsi.
Dans l'entrée, une petite fille aux boucles châtains d'à peu près l'âge de Rozélita le regarda, sa poupée serrée dans ses bras potelés. Elle était toute mignonne et l'idée qu'elle était sûrement sa demi-sœur accrut la gêne de Zibulinion. Une fois de plus, il n'avait pas assez réfléchi aux tenants et aux aboutissants avant d'agir.
Le salon était de taille modeste, mais chaleureux avec ses murs jaune pâle, sa moquette orangée et ses fauteuils chocolats aux formes arrondies. Zibulinion s'assit avec raideur sur celui que l'homme blond basané lui indiquait tandis que la femme grisonnante s'éclipsait pour s'occuper de la petite fille.