mardi 30 novembre 2010

Mémoire Etoilée - 78

Bien qu'ils ne sachent pas ce que Dambert avait mis en branle, Elxy et Izark savaient que leur sort étant en suspens. Sans impatience, ils attendaient des nouvelles du commandant, profitant de l'ultime répit qui leur était accordé.
Après avoir quitté Maïlka, ils étaient retournés à leur chambre où ils avaient longuement fait l'amour.
A présent, allongés l'un en face de l'autre sur le matelas, leurs corps nus recouverts du drap du lit, ils discutaient.
– Si tu pouvais soustraire des infos à l'Almortien qui a infiltré Romillo, tu ferais valoir ton utilité. Cela justifierait qu'on te laisse en vie, proposa Elxy.
– L'idée est excellente.
– Je suis content que tu sois de mon avis. Habillons-nous et allons donc lui rendre une petite visite... déclara-t-il en se redressant sur un coude, prêt à joindre le geste à la parole.
– Non, j'irais seul. Je n'arriverais jamais à mener de front une conversation normale et un échange mental. Surtout pas alors que j'ai encore un léger mal de crâne.
– Je ne me sens pas tranquille à l'idée de vous laisser en tête à tête, grommela Elxy.
– Tu ne me fais pas confiance ?
– C'est pas ça. Mais c'est dangereux !
– Nous ne serons pas seuls, de toute façon. Il y aura Stipo. A dire vrai, si je ne m'inquiétais pas pour lui, je crois que je n'irais pas. Ellarg me déplaît foncièrement.
– Je suis horrible ! Je ne pensais plus au pauvre petit ! s'exclama Elxy, honteux, en tournant le dos à Izeark.
– C'est parce que tu te fais du soucis pour moi...
– Peut-être, mais c'est pas une raison. Moi qui prétend vouloir être père...
Izeark décida qu'il était temps de révéler ce qu'Isaak avait toujours caché à son compagnon.
– Je n'ai jamais rêvé d'être père pour ma part.
– Que veux tu dire par là ? demanda Elxy en faisant brusquement volte-face.
– As-tu déjà réfléchis à qui de nous deux serait le géniteur, déjà imaginé ce qui se passerait si une fille naissait et non garçon, déjà envisagé que nous mourrions peut-être avant même de le rencontrer, laissant derrière nous un orphelin ?
– Non, la réflexion, ça a jamais été mon truc, avoua Elxy sans embarras.
– Moi oui, et c'est pour ça que je n'ai jamais voulu que nous nous inscrivions.
Elxy retint de justesse le « pourquoi tu ne me l'as dit avant » qu'il avait sur les lèvres. Il savait que cela blesserait son compagnon, car la question n'avait pas de sens. Isaak n'était plus complètement lui-même. Il était aussi un autre.
– Tu voudras jamais, alors ? Enfin, même si tu en avais envie, on risquerait de ne pas nous y autoriser vu la situation...
– Exact. Mais en admettant que ce soit possible, je serais prêt à adopter. Personne ne serait obligé à porter notre enfant, nous n'aurions pas à décider qui serait le géniteur, ce serait à coup sûr un garçon et dans le pire des cas, il retournerait à l'orphelinat.
Elxy ne demanda pas si son compagnon avait songé à cette solution avant d'avoir été infiltré. Ce qui comptait c'était ce qu'il souhaitait maintenant.
– Je préférais ça à ne pas avoir de bambin du tout, déclara-t-il.
Izeark sourit, embrassa Elxy sur le coin de la bouche et alla se choisir une combinaison dans son placard. En trois temps, trois mouvements, il fut prêt à partir.
Elxy essaya encore une fois de le convaincre de le laisser l'accompagner, mais Izeark fut inflexible.
– Si jamais tu n'arrives pas à te comporter normalement avec Romillo, Ellarg le remarquera et Dieu sait alors comment il réagira...
A ce dernier argument, Elxy se rendit. Il n'était en effet pas sûr de parvenir à faire comme si de rien n'était.

lundi 29 novembre 2010

Mémoire Etoilée - 77

Dambert en lisant le rapport de Jeck, son ami de longue date, fut sacrément ennuyé. Il n'était désormais plus possible de camoufler l'affaire. Si Isaak avait été un authentique amnésique, il aurait pu le mettre en congé. S'il avait été un banal infiltré, il aurait pu organiser une exécution en douce. Mais, comme il représentait un cas clinique unique, une chance sans précédent d'en apprendre plus sur le principe de l'infiltration, c'était hors de question. Il n'y avait à présent plus d'autres choix que de s'en référer aux autorités supérieures, et ce, quel qu'en soit les conséquences. Oui, contrairement à ce qu'il avait espéré, il n'y aurait pas moyen de taire le nom de toutes les personnes impliquées dans l'affaire. Il eut une pensée peiné pour le jeune Maïlka qui avait perdu l'usage de ses jambes et qui allait se retrouver dans la tourmente avec lui, le docteur et quatre autres pilotes.
Le colonel Marlym allait être ravi. Il allait enfin pouvoir le laminer comme il en avait toujours rêvé. En même temps, l'affaire était d'une telle envergure que les généraux eux-même en seraient informés et ce serait eux qui devraient décider du sort d'Isaak et de ses complices directs ou indirects, comme lui.
Pour sa part, il espérait qu'ils choisiraient de garder le pilote infiltré en vie et qu'ils confieraient au moins partiellement son cas à Jeck.
Avec un soupir, Dambert mit de côté les dossiers en cours pour se lancer dans la rédaction d'un rapport sur l'affaire à l'intention de ses collègues commandants et ses supérieurs. Il ne chercha pas à dissimuler la légèreté dont il avait fait preuve quand il s'était aperçu qu'Elxy et Isaak avaient échangé leurs postes dans le Glass, mais s'efforça de diminuer la culpabilité des pilotes qui avaient aidé Isaak en soulignant qu'ils étaient soumis à une situation de stress et qu'ils avaient sincèrement cru à l'amnésie du pilote. Pour compléter son compte-rendu, il joignit une version allégée du rapport que lui avait communiqué Jeck. Il relut l'ensemble et après quelques corrections mineures, il l'envoya. Ensuite, plutôt que de se morfondre en attendant de voir les vagues que son message ne manqueraient pas de produire, il retourna à sa routine habituelle. Bientôt, il serait mis en demeure de s'expliquer en personne et il n'aurait plus le temps de travailler. Par ailleurs, si les choses tournaient mal et qu'il était dégradé, il préférait que ses documents soient en ordre.

vendredi 26 novembre 2010

Mémoire Etoilée - 76

Maïlka n'étant pas en âge, Suénor n'aurait pas dû se permettre de l'embrasser. Il décolla sa bouche du jeune homme pour voir qui les avait interrompu, prêt à jouer de son charme si besoin était.
– Ah, c'est vous. Tout est bien alors.
– Oh que non ! Qu'est-ce que tu fabriques ? grommela Elxy.
– Je cherche simplement à convaincre Maïlka d'accepter ma proposition.
– En lui imposant un baiser alors qu'il ne peut pas bouger, la belle affaire !? s'exclama Elxy.
– Je ne l'ai pas forcé, répliqua Suénor.
Elxy chercha confirmation du regard auprès du jeune homme qui s'empourpra et essaya de se justifier :
– Je suis tenté de devenir le compagnon Suénor quand je serais en âge. Je n'ai pas envie de me retrouver seul dans mon coin. Comme il m'a raconté qu'il m'avait déjà embrassé quand j'étais inconscient dans le Glass, je me suis dit qu'un baiser de plus ou de moins, cela ne changerait rien et que si je ressentais quelque chose... Mais hélas, rien...
Suénor fut suffoqué, mais il n'eut pas le temps d'intervenir, déjà Elxy avait pris la parole :
– Je pourrais pas vous empêcher de vous mettre ensemble, mais franchement, une union entre vous me semble de la folie !
– Je sais. Suénor a reconnu lui-même qu'il serait incapable de s'arrêter de séduire à tour de bras... Et de toute façon, je suis amoureux de Djklo, répondit Maïlka.
– Et moi, je t'aime, déclara Suénor.
Izeark réagit à son tour avec une certaine sécheresse. Suénor était vraiment agaçant par moment, il s'en souvenait à présent.
– Le jour où tu aimeras vraiment, tu diras adieu à ta vie de séducteur. Non, ce qui te plaît chez Maïlka, c'est que tu ne peux pas l'avoir. S'il t'était tombé dans les bras dès le début, cela ferait longtemps que tu l'aurais oublié.
– Puisque vous êtes tous contre moi, je vais vous laisser, annonça Suénor d'un ton blessé, en se levant du matelas du jeune homme.
Il était dur de voir son amour ainsi nier, et en même temps, il ne pouvait pas leur donner complètement tort.
– Non. Reste donc. On a à causer. Izeark a vu le médecin...
Maïlka et Suénor tiquèrent en entendant ce prénom inconnu. Suénor dont la curiosité était plus forte que ses sentiments froissés, ne quitta pas les lieux afin de ne pas manquer les explications d'Elxy et d'Izearg.
Ni lui ni Maïlka ne purent s'empêcher d'interrompre leurs amis de nombreuses fois tellement ils avaient de la peine à croire ce qu'ils entendaient. Cependant, habitués au « nouvel Isaak », ils n'eurent pas de réaction de rejet en apprenant que ce dernier était un infiltré. Le plus dur pour eux à admettre fut que les contrôles d'identité n'étaient pas pleinement efficaces contre les Almortiens. Si Izeorg avait été aidé pour les passer, ce n'était pas le cas du fameux Ellarg...

jeudi 25 novembre 2010

Mémoire Etoilée - 75

– Izeorg ? appela-t-il finalement.
Les paupières d'Isaak papillonnèrent et il reprit connaissance.
– Je me sens mal...
Sans cesser de soutenir le corps de son compagnon, Elxy tendit la main vers la sonnette du cabinet du docteur. Izeorg le retint.
– Ce n'est pas nécessaire, souffla-t-il. Tu as utilisé mon nom d'Almortien ?
– Oui...
– Tu ne me... le... considères pas comme un intrus qui pollue ton Isaak ?
– J'aurais pas cru dire ça un jour d'un de nos pires ennemis, mais pour moi, Izeorg est comme une nouvelle facette d'Isaak. Il fait parti de toi.
Cette curieuse interprétation soulagea une partie des tourments d'Izeorg.
– Tu n'as pas peur qu'à cause de moi... de lui... qu'Isaak, moi, soit exécuté ?
– Je suis surtout soulagé que ton infiltration soit différente des autres. As-tu parlé d'Ellarg au doc' ?
– Non. Je n'en ai pas eu l'occasion.
– Si jamais ton exécution est décidée, on essayera de faire valoir au commandant Dambert combien tu constituerais un atout précieux.
– Je suis plutôt un cheval de Troie. Si je retrouve ma mémoire, je veux dire celle de l'Almortien, peut-être passerais-je du côté ennemi...
– T'en sais rien. Tout le monde peut toujours retourner sa veste, un jour. En attendant, tu devrais prendre un nouveau nom, ça t'aiderait à arrêter de te prendre la tête !
Izeorg resta un instant bouche bé. Elxy était fruste par bien des côtés, mais cela pouvait l'amener, comme maintenant, à des solutions simples auxquels des gens plus brillants n'auraient pas pensé. C'était pour ça qu'il l'aimait.
– Qu'est-ce que tu suggères comme nom ? Une contraction entre Isaak et Izeorg ?
– Oui... Quelque chose dans son goût-là... Izeark, ça te brancherait ?
– Oui, cela me plaît.
– Tu tiens sur de tes jambes maintenant ?
– Oui. C'est bon. Je me sens mieux grâce à toi. En quelque sorte réconcilié avec moi-même. Je suis même assez en forme pour profiter du fait que nous soyons à l'hôpital pour rendre une petite visite à Maïlka.
Elxy acquiesça. Il était naturel de mettre Maïlka au courant des derniers évènements. Ce n'était pas encore tout à fait l'heure des visites, mais en négociant bien, il n'y aurait pas de soucis.
Quand Elxy et Izeark, après avoir dû poireauter un peu avant qu'on les laisse entrer dans l'aire des malades, entrèrent dans la chambre de leur ami, ils eurent la surprise d'y trouver Suénor qui était en train d'embrasser Maïlka.

mardi 23 novembre 2010

Mémoire Etoilée - 74

Le docteur se frotta pensivement le menton avant de répondre.
– En gardant à l'esprit que tout cela n'est qu'hypothèse, je pense que vous êtes sur le mode de la fusion. Vous n'êtes ni tout à fait, ni tout à fait, l'autre, mais un peu les deux. A mon avis, vous vous êtes accroché à l'identité « Izeorg » parce que c'est la première chose dont vous vous êtes rappelé. Il faudrait procéder à d'autres examens afin que je puisse vous en dire plus. Dans un premier temps, je vais faire mon rapport à Dambert pour qu'il décide de votre sort. Ceci dit, j'espère bien qu'il voudra bien que vous soyez mon patient. Votre cas est vraiment passionnant.
– Qu'est-ce qui se passerait si je retrouvais entièrement ma mémoire Almortienne ? Est-ce que l'égalité que vous avez mentionné pourrait disparaître ?
– Je suis désolé, mais je n'en sais strictement rien. Ce que nous savons des Almortiens se résume à peu de choses.
Complètement sonné et plus perturbé que jamais, Izeorg se leva.
– Suis-je libre de partir ?
– Oui, répondit Jeck en se mettant debout à son tour.
Il reconduit son patient jusqu'à la porte et la fit coulisser. Elxy qui rongeait son frein juste derrière s'engouffra dans l'ouverture.
– Alors ? demanda-t-il.
Avec un soupir, Jeck Paterfils referma la porte et répéta une partie des explications qu'il avait donné à Izeorg. Elxy que la « blague » d'Isaak avait préparé, remercia le plus poliment qu'il put le docteur, puis il prit son compagnon par le bras et l'entraîna dans le couloir, hors du cabinet.
– C'était donc vrai, murmura-t-il en plongeant ses yeux dans ceux d'Isaak. Tu te souviens de nous ?
– Tu as entendu le docteur. Et je te l'ai dit tout à l'heure, répondit Izeorg, en détournant le regard.
Il était déchiré entre joie et tristesse par l'attitude d'Elxy. Est-ce que seul comptait Isaak au final ? Mais, en même temps, il était douloureux de penser que son compagnon n'avait pas su détecter l'Almortien en lui. Cela ternissait l'amour qu'il lui avait porté autrefois... Partagé entre des émotions contraires, transpercé par les souvenirs de la vie avant et après l'incident qui l'avait rendu amnésique, Izeorg défaillit. Elxy le rattrapa juste avant qu'il ne tombe.
– Isaak ! s'écria-t-il.
Il avait le désagréable sentiment de revivre le moment où son compagnon s'était évanoui dans le Glass 789.
– Isaak ! répéta-t-il, en lui tapotant les joues.

lundi 22 novembre 2010

Mémoire Etoilée - 73

Le docteur Jeck Paterfils était un homme d'une quarantaine d'année affligé d'un imposant grain de beauté sur la joue et d'une voix gamine. Il refusa avec fermeté qu'Elxy assiste à l'examination d'Isaak. Patiemment, il réfuta toutes les raisons que ce dernier avançait pour être présent, puis il installa son patient dans son cabinet qu'il ferma à clef.
Izeorg qui n'avait plus rien à perdre puisqu'il avait déjà tout avoué à Elxy, faillit révéler immédiatement sa véritable identité. Il se ravisa à la dernier minute, curieux de voir comment le docteur allait déterminer qu'il était un Almortien ou un authentique amnésique.
– On m'a dit que vous aviez perdu la mémoire lors d'un combat dans l'espace. Pourriez-vous me raconter comment s'est passé votre réveil ?
Docilement, mais avec difficulté, en raison des souvenirs d'Isaak qui lui traversaient l'esprit, Izeorg s'exécuta.
Le docteur l'écouta attentivement, puis lui proposa de l'hypnotiser afin d'essayer de faire remonter à la surface ses souvenirs. Par jeu, Izeorg accepta. Jeck sortit un médaillon du tiroir de son bureau et le balança devant le nez de son patient. Peu à peu, les paupières d'Izeorg s'alourdirent et, bercé par la voix du docteur malgré ses intonations enfantines, il entra en transe.

Quand il en sortit, le docteur le regardait avec fascination comme s'il était une personne extraordinaire.
– Alors ? demanda Izeorg, mal à l'aise.
– Désolé. J'étais parti en pleine spéculation. Vous êtes un cas tout à fait unique... Mais je devrais commencer par vous préciser qu'avant de travailler à l'hôpital, j'étudiais les Almortiens. Je n'ai pas été tout à fait franc avec vous quand je vous ai proposé la séance d'hypnose. J'ai écrit des théories sur l'hypnose et l'infiltration qui n'ont hélas pas été très bien accueillies et je me suis finalement résigné à passer autre chose... Toujours est-il que j'ai déterminé que les Almortiens ne subissaient pas l'hypnose, qu'ils se contentaient de faire semblant. Dans votre cas, vu vos réactions, vous l'avez clairement subi, mais vous avez admis que vous étiez un Almortien et que votre nom était Izeorg. Enfin, pour être exact, vous avez commencé par dire « Isaak », puis vous avez rectifié...
– Qu'est-ce que cela signifie au juste ? Où voulez-vous en venir ? interrompit Izeorg.
– Et bien, mon hypothèse est que vous êtes bien victime d'une infiltration, mais que vous n'êtes pas dominé. En d'autres termes, vous êtes à la fois Izeorg et Isaak sans que l'un soit supérieur à l'autre.
Le front d'Izeorg se plissa et le mal de tête qui ne l'avait pas quitté depuis son réveil s'accentua. Le regard intense du docteur le gênait, mais il était soulagé de pouvoir enfin parler de son problème d'identité à quelqu'un avec qui il n'était pas impliqué émotionnellement.
– Comment puis-je être deux personnes à fois ? Y-a-t-il une alternance...? Les souvenirs d'Isaak me sont revenus ce matin, mais bien que je ne me souvienne que de mon nom d'Almortien, j'ai le sentiment d'être juste Izeorg.

vendredi 19 novembre 2010

Mémoire Etoilée - 72

Izeorg, encore sous le choc du retour de la mémoire d'Isaak, mit un moment à réagir. Si ce fameux docteur l'examinait, il se rendrait forcément compte qu'il n'était pas ce qu'il prétendait être. Quelque soit la réaction d'Elxy, c'était maintenant ou jamais qu'il fallait lui révéler l'existence d'Ellarg.
– Je dois y aller tout de suite ?
– Aujourd'hui, oui. Mais on a le temps de prendre une douche ensemble.
Izeorg comprit qu'Elxy voulait faire l'amour avec lui une dernière fois au cas où la visite tournait mal. Des souvenirs de leurs étreintes lui traversèrent l'esprit et il réalisa qu'il avait ressenti des choses différentes d'Isaak. Des sensations plus intenses, plus fortes.
– Isaak ?
La voix d'Elxy rappela Izeorg à la situation présente. Il inspira à fond et se jeta à l'eau :
– Avant de me rendre chez ce docteur, je dois te dire quelque chose. Mon véritable nom est Izeorg. Je m'en souviens depuis peu.
– Arrête de blaguer !
Izeorg ne tint pas compte de l'interruption et continua :
– Romillo aussi a été infiltré. L'Almortien qui s'est introduit en lui s'appelle Ellarg. Il m'a parlé et indirectement, il m'a aidé à retrouver la mémoire d'Isaak.
Les bras d'Elxy retombèrent le long de son corps et il protesta à nouveau, plus faiblement :
– Ta blague n'est pas marrante. T'as juste la tête à l'envers à l'idée d'être examiné.
– Je suis très sérieux.
Elxy regarda son compagnon avec attention, cherchant la vérité dans ses grands yeux violets. Il ne pouvait croire ce qu'il venait d'entendre. Il ne voulait pas. Si Isaak avait changé, c'était à cause son amnésie. Quant à Romillo, il se comportait comme d'habitude.
– Tu perds la boule ! T'as vraiment besoin de voir un médecin, déclara-t-il avec un sourire forcé.
Izeorg n'insista pas. L'incrédulité d'Elxy lui était moins pénible qu'un rejet massif. Il avait dit ce qu'il avait à dire. Maintenant, c'était à Elxy de jouer.
– J'enfile une combinaison et je suis prêt.
En silence, dans une atmosphère lourde de malaise, ils s'habillèrent. Cependant, au moment de franchir la porte de leur chambre, Elxy captura les lèvres de son compagnon et le pressa avec force contre son corps. Izeorg y répondit de tout son être. Il savait que bientôt tout serait fini. La conclusion que ne manquerait pas de tirer le docteur forcerait Elxy à croire. Son exécution en tant qu'infiltré mettrait un point final à leur histoire.

mercredi 17 novembre 2010

Mémoire Etoilée - 71

– Déjà cinq que tu m'as fait ta déclaration, cinq ans que nous sommes ensemble... murmura Isaak, rêveur, en s'appuyant confortablement sur l'épaule d'Elxy.
– C'est passé vite, hein ? Pour fêter l'évènement, on devrait s'inscrire sur la liste d'attente pour avoir un enfant, tu crois pas ?
Isaak avait toujours su que le sujet viendrait sur le tapis un jour ou l'autre et il avait une réponse toute prête :
– Nous avons bien le temps.
– C'est vrai, mais vu l'attente qu'il y a, faudrait y songer si on veut être parents avant 30 ans.
Isaak n'osa pas lui dire qu'il ne voulait pas d'enfants. Cela l'ennuyait d'obliger une femme à être une mère porteuse et le gênait de décider de qui serait le père biologique. Et puis il y avait le problème du sexe de l'enfant : si c'était une fille, ils n'auraient pas le droit de l'élever. Enfin, ils avaient un métier à risque et il était fort possible qu'ils meurent avant de faire la connaissance de leur petit garçon.
Avec mélancolie, il se rappela de la parade qu'utilisait son grand-père quand il déplorait que ses pères soient décédés et il l'utilisa afin d'empêcher Elxy d'insister :
– Je ne te suffis pas ?
– Sûr, tu me prends tout mon temps, répondit Elxy en lui plantant un baiser sur le sommet du crâne.

Izeorg se réveilla en sursaut, une douleur sourde à la tête. Il avait rêvé de la vie passée d'Isaak. Non, il s'était souvenu. Il cligna des yeux et poussa un cri étranglé. Toute la mémoire de son hôte humain lui était revenue. Il était en revanche toujours autant dans le brouillard quant à sa vie d'Almortien.
Elxy qui regardait un mail à l'écran, dans le plus simple appareil, se tourna vers lui avec inquiétude.
– Ça va ? T'as fait un cauchemar ?
Izeorg ouvrit la bouche, mais ne parvint pas à répondre. Des images du passé d'Isaak défilaient à toute allure dans son esprit et il n'arrivait pas à gérer l'afflux. Elxy, l'air soucieux, vint le prendre dans ses bras et lui caressa doucement le dos.
– Ça va aller, je suis là, lui murmura-t-il.
Izeorg se remémora toutes les fois où Elxy avait déjà prononcé ces mots, puis s'efforça de se concentrer sur l'instant présent.
– J'ai un terrible mal de tête, bafouilla-t-il.
– Tu veux prendre un cachet ?
– N-non, je crois que cela ne servira à rien.
– T'es sûr ? Parce que tu vas avoir besoin de toutes tes facultés. Un médecin va t'examiner pour ton amnésie. Dambert a envoyé une convoc'. Le docteur Jeck Paterfils t'attend à l'hosto.

lundi 15 novembre 2010

Mémoire Etoilée - 70

Le petit garçon aux boucles marrons jouait joyeusement avec des cubes en plastique, indifférent au fait que la lumière de la pièce déclinait.
– Il est temps que tu ailles au lit !
Isaak leva la tête vers le vieil homme aux cheveux blancs qui s'était approché de lui par derrière.
– Non, je veux jouer encore.
– Ce n'est plus l'heure.
Isaak secoua vivement la tête et ajouta un cube rouge à la pile qu'il avait construite devant lui.
– Si tu n'obtempères pas de suite, les Almortiens viendront te manger la cervelle.
Avec un gros soupir, Isaak abandonna ses cubes. Il enfila le pyjama que lui tendait son grand père, puis se glissa entre les draps de son lit.
– Je peux avoir une histoire avant de dormir ?
Le vieil homme le borda et se mit à lui raconter l'histoire de deux explorateurs qui mettaient les pieds sur une nouvelle planète et devaient se battre contre un monstre tentaculaire.
– Mes papas aussi, ils étaient comme ça ?
– Ce n'étaient pas des aventuriers, mais des pilotes. En tout cas, ils étaient tout autant courageux.
– Quand je serais grand, moi aussi, je serais pilote, déclara le petit Isaak d'une voix ensommeillée.

Assis au premier rang, au milieu d'autres adolescents, Isaak écoutait attentivement un professeur parler de pilotage, quand l'élève derrière lui donna une petite tape sur l'épaule. Isaak n'avait pas besoin de se retourner pour savoir qu'il s'agissait Elxy. Il ne réagit pas. Il était furieux contre lui. La veille, ce dernier avait proposé qu'ils perdent leur pucelage ensemble, en ayant l'air de lui accorder une faveur. Cet imbécile n'avait pas réalisé qu'Isaak l'aimait. Il avait émis cette proposition en toute amitié, sans la moindre considération pour ses sentiments.
– Tu vas me faire la gueule pendant combien de temps ? grommela Elxy à mi-voix derrière lui.
Isaak fit semblant de n'avoir rien entendu. Il n'aurait jamais dû devenir ami avec un idiot pareil... un crétin dont il était inexplicablement tombé amoureux...
– Qu'est-ce que tu veux que je fasse ? Que je m'excuse ? Je pensais pas que ça te mettrait en rogne comme ça. Je t'en parlerai plus, OK ?
Isaak continua à l'ignorer. Il allait lui falloir un moment pour digérer cette histoire.

vendredi 12 novembre 2010

Mémoire Etoilée - 69

Izeorg, les yeux grands ouverts, allongé à côté d'Elxy qui dormait paisiblement, repassait en boucle dans sa tête les derniers évènements. Jusqu'à la fin de la bataille, Ellarg lui avait parlé mentalement, ce qui l'avait beaucoup perturbé. A travers ses propos, il avait compris avec un certain désarroi que les Almortiens prenaient plaisir à faire la guerre aux humains.
Puis, Ellarg avait passé le contrôle d'identité et réclamé avec insistance ces kobèles, le poussant à bout. Incapable de le faire taire, il avait craqué et finit par avouer son amnésie. Contre toute attente, l'Almortien avait éclaté de rire.
– Tu n'en rates jamais une ! Mais dis-moi, est-ce toi qui a perdu la mémoire ou ton hôte ?
La question avait interpellé Izeorg, mais bien qu'il commençât à maîtriser la communication par la pensée, il n'avait pas daigné répliquer. Hélas, Ellarg ne s'était pas découragé pour autant et avait continué à monologuer.
– Tu devrais t'emparer d'un autre hôte si celui-là est en mauvais état. Le grand blond par exemple. Et après, nous pourrions les faire copuler. D'après mes sources, l'accouplement entre humains est une chose fort agréable. Mais tu sais sûrement déjà ça vu que ton hôte et le beau brun aux yeux verts semblent former un couple. Raconte-moi un peu...
La voix mentale d'Ellarg ne s'était tue qu'une fois qu'ils avaient été hors de vue de Romillo. Cependant, Izeorg se rappelait avec une acuité désagréable chacune des pensées que lui avaient transmises l'Almortien et il n'avait pu trouver le repos.
Il ne savait pas comment sortir du corps d'Isaak, mais quand bien même aurait-il eu une idée pour y parvenir, il n'aurait pas tenté le coup. Selon Elxy, les pilotes mouraient si les Almortiens qui les avaient infiltrés étaient chassés hors de ces derniers et Izeorg ne voulait surtout pas laisser un cadavre derrière lui. Il y avait peut-être moyen, en revanche, d'accéder aux souvenirs d'Isaak, en admettant bien sûr que l'amnésie était Almortienne et non humaine. Pour répondre aux questions du contrôle d'identité, Ellarg avait dû être en mesure de fouiller dans les souvenirs de Romillo. Toutefois, cela ne signifiait pas que tous les Almortiens en avaient la capacité ou bien ils auraient tous sans exception réussis à gagner le vaisseau mère.
Afin de donner une chance aux souvenirs d'Isaak de faire surface, Izeorg essaya de faire le vide dans son esprit, mais ce fut peine perdue. Le rire de Ellarg le hantait. Il ne lui faisait pas confiance pour prendre soin du petit garçon de Romillo et il craignait que lors de la prochaine bataille dans l'espace, il ne retourne sa veste et signe la perte d'Elxy et Suénor. Il fallait qu'il le dénonce, et au plus vite, car d'ici peu Maïlka parlerait de son amnésie au commandant Dambert, ce qui risquait de le mettre hors circuit. Bien sûr, parler d'Ellarg, c'était reconnaître être également un Almortien, mais comme il ne tarderait pas à être démasqué, cela n'avait pas beaucoup d'importance. Elxy finirait de toute façon par être au courant de sa véritable nature. Izeorg se redressa, prêt à réveiller Elxy, puis imaginant son dégoût, il recula le moment de l'aveu. Il avait encore un peu de temps. Il vint poser sa tête contre l'épaule d'Elxy et se colla à lui. Pour mieux savourer la douce chaleur du corps de son compagnon, il ferma les yeux. Peu à peu, il se détendit et, écoutant la respiration d'Elxy, il s'endormit. Sa dernière pensée consciente fut pour son hôte humain.

mercredi 10 novembre 2010

Mémoire Etoilée - 68

– Que va devenir Isaak, commandant ?
Dambert regarda le visage tourmenté du jeune homme et se demanda s'il réalisait qu'Isaak n'était pas le seul en danger. Ce qu'ils avaient dissimulé, ses amis et lui, relevait du conseil disciplinaire du vaisseau mère. D'ailleurs, il n'était pas lui-même exempt de reproches. Il aurait dû résoudre cette histoire dès les premiers moments où il avait soupçonné quelque chose de louche, mais jamais il n'avait imaginé que cela puisse être si grave. L'ennui, c'est que s'il mettait l'affaire entre les mains du conseil disciplinaire, le colonel Marlym en profiterait pour le discréditer. Néanmoins, il ne pouvait pas non plus laisser la situation en l'état. Avant toute chose, il fallait vérifier si Isaak était un authentique amnésique ou un Almortien infiltré qui s'amusait.
– Je vais le faire examiner par un ami médecin qui devrait être capable de trancher sur son cas. S'il a été infiltré, alors il sera exécuté, comme les autres. Sinon, il sera soigné. Dans tous les cas, j'essayerai, dans la mesure du possible d'éviter qu'il soit question de votre implication.
– Mais le règlement...
– Il est évident que vous l'avez transgressé tes amis et toi. Cependant, je préfère en respecter l'esprit et non la lettre. Cela ne veut pas dire que je vous donne raison, mais je comprends que vous ayez voulu protéger votre équipier.
Au moment où le jeune homme remerciait le commandant pour sa bienveillance, le bipper de ce dernier sonna. Comme les autres fois, Dambert, après un rapide coup d'œil à son bipper, prit congé.
Maïlka renouvela ses remerciements, mais le cœur lourd. Il était douloureusement conscient que c'était la dernière fois qu'il le voyait en tête à tête. Le commandant n'avait à présent plus de raison de revenir lui rendre visite.
Au moment où la porte se refermait sur Dambert, le jeune homme n'y tint plus. Il l'appela, et, oubliant que ses jambes ne le portaient plus, il chercha à se lever dans un effort désespéré pour le retenir. Comme une poupée de chiffons, il s'écroula sur le sol.
Djklo entendit le bruit de la chute et pénétra à nouveau dans la chambre où Maïlka, les larmes aux yeux, essayait de se relever. Il se précipita sur le jeune pilote et le souleva de terre.
– Ça va ? demanda-t-il.
Incapable de répondre, Maïlka enfouit son visage dans le torse du commandant.
Dambert le garda dans ses bras jusqu'à ce qu'il se calme, puis le reposa dans son lit.
– Tu voulais me dire quelque chose d'autre ?
Avec lenteur, Maïlka secoua négativement la tête. Lui répéter qu'il l'aimait ne servirait à rien. Il s'était suffisamment rendu ridicule comme cela. Il esquissa un pauvre sourire qui se voulait rassurant.
– Je t'appelle une aide soignante afin de vérifier que tu ne t'es pas fait mal en tombant.
Joignant le geste à la parole, Dambert pressa le bouton en forme de cloche sur le moniteur.
Puis, comme son bipper sonnait une nouvelle fois, il ajouta :
– Je dois partir. Je suis désolé. Fais attention à toi.
Triste, mais résigné, Maïlka le regarda cette fois disparaître sans bouger. Il ferma ensuite les yeux, se remémorant le moment où Djklo l'avait tenu contre lui. Si seulement le temps avait pu s'arrêter à cet instant-là...

lundi 8 novembre 2010

Mémoire Etoilée - 67

Maïlka se laissa aller à son chagrin jusqu'à une heure avancée de la nuit. Finalement, épuisé, il s'endormit. Son sommeil fut peuplé de cauchemars où ses jambes n'arrêtaient pas de se dérober sous lui.
Quand il rouvrit les yeux au petit matin, il eut la surprise de voir Dambert à son chevet.
– Commandant ! Vous auriez dû me réveiller ! s'exclama le jeune homme, troublé à l'idée que Djklo l'avait regardé dormir.
Avec ses yeux gonflés et cernés, et ses cheveux qui devaient être tout ébouriffés, à coup sûr, il avait une tête affreuse.
– Je viens d'arriver. Je suis désolé de ne pas avoir eu le temps de passer hier.
– C'est normal avec la nouvelle bataille qui a eu lieu.
Le commandant hocha la tête, puis demanda :
– Es-tu prêt à m'expliquer pour quelle raison Elxy prend les commandes alors qu'il est affecté au poste de second ?
– Isaak a des troubles de mémoire... commença Maïlka.
Comme l'expression du commandant restait neutre, il poursuivit et raconta comment Isaak avait perdu la mémoire, leurs inquiétudes et leurs doutes et leur décision finale de cacher la chose.
– Je comprends vos raisons, mais d'après ce que tu viens de me dire, il me semble plus que probable que le pilote Isaak Geradal ait été infiltré...
Catastrophé par la conclusion que Dambert tirait de son récit, Maïlka l'interrompit :
– Non, c'est impossible ! Isaak s'est battu avec nous contre les Almortiens ! Il n'a causé aucun problème.
– Cela ne veut rien dire, malheureusement. Tu voulais savoir pour humains et Almortiens se battent, n'est-ce pas ? Eh bien, sache que les Almortiens nous attaquent sans but ni raison, ils le font par jeu.
– Par jeu... répéta le jeune homme, les yeux écarquillés.
– Oui, les Almortiens s'amusent avec nous. Ils n'accordent aucune importance à la vie. La leur, comme la nôtre leur importe peu. Ce qui compte, c'est le jeu.
Une série de frissons parcourut le corps Maïlka. Le combat contre les Almortiens pour lequel il s'était investi en choisissant de devenir pilote, n'était donc qu'un passe-temps pour leurs ennemis !? C'était pour ça qu'il avait perdu l'usage de ses jambes ! C'était horrible.
– Vous aviez raison de dire que toute vérité n'est pas bonne à savoir, murmura-t-il, anéanti.
– L'ignorance est parfois source de bonheur, mais ne te laisse pas abattre par la nouvelle pour autant. Dans le fond, les motivations de l'ennemi ne changent rien au fait que nous devons nous défendre.
Maïlka inspira à fond et poussa un gros soupir. Il valait mieux ne pas s'appesantir sur la question. Le sort de son ami était autrement plus important.

Manga Yaoi en novembre 2010

En ce doux mois de novembre, les yaoi continuent à fleurir...

Le Be x Boy Magazine revient pour un 9ème numéro avec Viewfinder en couverture. Je viens d'apprendre qu'il y allait à voir un animix pour la série d'ailleurs. Et à propos,Viewfinder - Tome 3 de Ayano Yamane sort ce mois-ci !
Chez Asuka, on notera également la sortie de School of the Muse - Tome 1 de Makoto Tateno, (mais je passe mon tour, car j'ai du mal avec les dessins de cette mangaka) et le final de Welcome to the chemistry lab ! avec le tome 2.
ça, c'est l'achat assuré ! Je me moque un peu de la réunion avec le prof de chimie, mais je veux voir le couple secondaire nager dans le bonheur.



Chez Taïfu, c'est la ruine avec 5 sorties que je convoite toutes:
les deux one-shots - Escape de Kano Shiuko et Only Love de Yugi Yamada et Saki Aida - en raison de leurs auteurs,
la nouvelle série Seven Days - Tome 1 sur 2 de Takarai Rihito et Tachibana Venio parce que le résumé me plaît bien
et les deux séries en cours - Ze Tome 2 de Yuki Shimizu et The Tyrant who fall in Love - Tome 3 de Hinako Takanaga parce que j'ai les premiers tomes et qu'elles ont su me conquérir !




Sinon, chez Samji sont normalement prévus Totally Captivated - Tome 4 et Martin & John - Tome 5.

vendredi 5 novembre 2010

Mémoire Etoilée - 66

Maïlka regarda pour la millième fois l'horloge digitale. Vu l'heure, Djklo ne viendrait plus. Pourtant, cela faisait une semaine jour pour jour qu'il était venu. Il l'avait attendu en vain toute la journée. Chaque fois que la porte de sa chambre s'était ouverte, il avait cru que c'était lui, mais chaque fois, il avait été déçu.
Hier, comme il n'avait pas reçu de visites de ses amis, seule la pensée qu'il verrait le commandant le lendemain l'avait soutenu. Maintenant, il était franchement déprimé. Il ne pouvait pas en vouloir à ses amis et à Dambert d'être occupés, mais il ne pouvait se défaire d'un sentiment d'abandon.
Ils auraient pu au moins lui envoyer un mot... Hélas sa boîte mails restait désespérément vide. La mort dans l'âme, Maïlka retourna dedans pour informer Isaak et Elxy du délai supplémentaire qui leur était accordé.
Alors qu'il écrivait, un message de Suénor arriva. Sans finir son propre mail, il cliqua dessus et le lut :

Très cher Maïlka,

Lors du dernier combat contre les Almortiens, tu m'as vraiment manqué. Romillo est un tireur performant, mais j'aurais préféré passer ses dix longues heures en ta compagnie.
Malgré notre vieux Glass tout moisi, notre nouveau membre dans l'équipe, et notre Isaak toujours à côté de la plaque, nous sommes miraculeusement rentrés en un seul morceau à la plateforme.
Le contrôle d'identité n'a été qu'une formalité dont nous nous sommes rapidement débarrassés avant de regagner le vaisseau mère.
Je suis désolé de ne t'écrire que maintenant, mais j'étais crevé après le combat et je me suis endormi aussi sec en arrivant...
J'aurais adoré te retrouver dans ma chambre. Je suis certain que j'aurais eu de l'énergie à revendre en te voyant dans une de tes petites combinaisons moulantes. J'ai hâte que tu sois en âge et que tu acceptes ma proposition...

Amicales caresses,

Suénor

Maïlka lâcha l'écran portatif, enfonça son visage dans l'oreiller et se mit à pleurer. Il n'avait pas imaginé une seconde que ses amis étaient en train de se battre. Il était tellement habitué à entendre l'alarme qu'il avait bêtement cru qu'ils l'avaient oublié, trop pris dans leurs activités.
Depuis qu'il avait appris qu'il ne pourrait plus marcher, il avait compris que sa vie ne serait plus jamais la même, mais il le réalisait à présent pleinement. Ses pleurs redoublèrent d'intensité.

jeudi 4 novembre 2010

Mémoire Etoilée - 65

En même temps, il ne lui devait rien. Après tout, depuis son réveil dans le Glass 789, il était du côté des humains. Il avait aidé Elxy, Suénor et Maïlka à tuer des Almortiens. Soudain, mal à l'aise à l'idée qu'il avait massacré des gens de sa race, Izeorg se raidit. Une autre pensée dérangeante le frappa alors : Romillo avait beau être infiltré, il tirait toujours avec efficacité sur les soucoupes Almortiennes comme si de rien n'était... Ellarg était apparemment prêt à abattre des siens afin de dissimuler le fait qu'il s'était introduit à l'intérieur de Romillo.
– Tu n'es pas très bavard,Izeorg. Raconte un peu... Comment es-tu débrouillé pour ne pas te faire piéger lors des fameux contrôles d'identité de ces stupides humains ?
Au même moment qu'Ellarg posait sa question, Elxy bougonna :
– Pourquoi tu fiches plus rien !? C'est pas le moment de rêver !
Izeorg passa une main légèrement tremblante sur son visage. Il allait devenir fou s'il se retrouvait obligé à mener une conversation avec l'Almortien et Elxy en même temps. D'ailleurs, il ne savait pas au juste comment procéder pour communiquer avec l'Almortien. Il y était parvenu sans le vouloir quelques instants plus tôt. Il avait pensé à Ellarg, mais cela ne suffisait pas ou sinon l'Almortien aurait su qu'il envisageait de le dénoncer et aurait compris qu'il était amnésique.
– Tu m'ignores ?
Izeorg se concentra pour essayer de répondre à Ellarg. Après une longue minute à se triturer les neurones, il réussit à transmettre une autre pensée :
– Non, mais je ne vois pas pourquoi je devrais t'aider. Si un « maladroit » comme moi a pu s'en sortir, il n'y a pas de raison pour que tu n'en sois pas capable.
– Je te parie deux kobèles que je passe le contrôle d'identité sans la moindre anicroche.
Izeorg n'avait pas la moindre idée de ce qu'était des kobèles, mais il ne chercha pas à le savoir. Même s'il était plein de curiosité, il lui semblait plus prudent de ne pas parler à Ellarg de sa perte de mémoire. Les Almortiens n'avaient pas l'air d'être tendres entre eux.
– J'ai hâte de voir comment tu t'en tiras.
Si l'Almortien ne passait pas le contrôle d'identité, il le débarrasserait de son encombrante présence. Dans le cas contraire, il serait toujours temps d'aviser. Le seul point positif dans ce méli-mélo, c'est qu'Ellarg n'avait visiblement pas l'intention de leur causer de problème tant qu'ils seraient dans l'espace.

mercredi 3 novembre 2010

Mémoire Etoilée - 64

Ils étaient en train de se battre depuis près de trois heures contre des soucoupes Almortiennes quand Izeorg sentit passer comme un courant d'air froid dans son dos. Il frissonna, détourna les yeux de son écran pour voir d'où cela pouvait-il venir, puis s'efforça de se concentrer à nouveau afin de ne pas faire défaut à Elxy. Cependant, il ne parvint pas à se focaliser complètement sur le combat se déroulant à l'extérieur du Glass. Il avait un sombre pressentiment.
Quelques minutes oppressantes s'écoulèrent, puis une voix rocailleuse retentit :
– Je peux me joindre au fun ?
Izeorg, surpris, appuya sur un mauvais bouton. Elxy pesta, mais parvint à rattraper l'erreur son compagnon.
– Ne touche à rien, si tu ne sais pas ! bougonna-t-il.
Izeorg hocha la tête nerveusement. Il était le seul à avoir entendu l'insolite question. La réaction d'Elxy le prouvait. Elle devait donc émaner d'un autre Almortien. Mais où se cachait-il ? Avec angoisse, Izeorg jeta des coups d'œil furtifs à droite et à gauche.
– Qu'est-ce que tu fabriques ? Tu vas me faire repérer ! Mon pauvre Izeorg, tu es toujours aussi maladroit.
Izeorg déglutit. L'autre Almortien le connaissait. Comment lui répondre ?
– Qui es-tu ? murmura-t-il.
– Qu'est-ce qui t'arrive, Isaak ? Ça va pas ? grommela Elxy sans cesser de pianoter sur le tableau de contrôle.
– Si. Désolé.
– Dis-moi, c'est un miracle que tu n'aies pas été découvert plus tôt ! A dire vrai, nous avions tous parié que tu étais mort depuis longtemps !
Le sentiment de panique qu'Izeorg ressentait depuis l'arrivée du mystérieux Almortien dans l'habitacle du Glass se dissipa pour laisser place à de la colère. L'attitude condescendante de l'intrus était insupportable.
– Pour qui te prends-tu ?! pensa-t-il avec énervement.
– Ah ! Ah ! Tu te décides enfin à daigner m'adresser la parole ! Tu ne me reconnais pas ? C'est moi Ellarg ! J'ai pris possession d'un certain Romillo ! Il est d'un glauque. Il est rempli jusqu'à la moelle de tristes pensées ! J'aurais mieux fait de choisir le grand blond ou le beau brun. Mais que veux-tu, j'ai craqué pour le rouquin... Comme tu sais, j'adoooore le rouge.
Le cœur d'Izeorg se glaça. Romillo avait été infiltré. Devait-il prévenir Elxy et Suénor ? Non, c'était impossible. S'il le faisait, il trahirait le fait qu'Isaak n'était plus lui-même non plus. Sans compter que cet autre Almortien, cet Ellarg, c'était un de siens.

mardi 2 novembre 2010

Mémoire Etoilée - 63

La veille du jour où Dambert devait retourner voir Maïlka, rien n'avait été vraiment décidé. Elxy voulait que le jeune homme raconte au commandant que c'était lui qui avait forcé son compagnon à échanger les rôles dans son désir de ne plus être l'éternel second. Cependant, tout le monde, à part bien entendu Elxy, pensait que ce mensonge ne tenait pas la route et que de toute façon, à terme, il posait problème puisqu'il aurait été dangereux qu'Isaak reprenne son poste d'origine tant qu'il n'avait pas recouvré la mémoire.
Au grand désespoir d'Elxy, son compagnon était le plus réticent à cette idée. Il semblait convaincu qu'il fallait révéler son amnésie, même s'il devait y laisser la vie. Elxy avait commencé par se fâcher contre lui tout en mettant la pression à Maïlka pour qu'il mente, puis, au bout de quelques heures, il avait écrit au jeune homme « de faire au mieux » et s'était réconcilié avec Isaak. S'il leur restait peu de temps à passer ensemble, il ne voulait pas le gâcher en étant stupidement borné.
Ainsi, bien que rien ne soit résolu, Elxy et Isaak étaient en train de jouer à Super Air Force 84, comme s'ils n'avaient aucun souci au monde, quand l'alarme annonçant une attaque des Almortiens se déclencha à nouveau. Ils mirent le jeu en pause, attendant de voir si elle se prolongeait. Cependant le bruit strident s'arrêta bien vite et ils reprirent leur partie.
Quand elle sonna à nouveau, cette fois plus longuement, les deux pilotes cessèrent de jouer : c'était au tour des Glass d'entrer dans la danse. Les Mask n'avaient pas dû réussir à repousser l'ennemi.
Izeorg, le cœur lourd, se rendit avec Elxy au hangar où se trouvaient les Glass alignés les uns à côté des autres. Cela ne le dérangeait pas d'aller se battre dans l'espace, mais il appréhendait le contrôle d'identité qui ne manquerait pas de suivre. Suénor arriva en même temps qu'eux, l'air sombre. Même si l'entraînement avec Romillo s'était bien passé, il regrettait l'absence de Maïlka. Cela lui paraissait étrange que le jeune homme se repose dans sa chambre d'hôpital, inconscient du fait que les Almortiens étaient en approche. Romillo monta le dernier à bord du vieux Glass. Il s'empressa de s'excuser en expliquant qu'il avait pris le temps de dire au revoir à Stipo, car le petit garçon avait très peur qu'il ne revienne pas, comme Yerb.
Dès qu'ils eurent reçu les instructions du commandant Dambert, ils s'envolèrent vers le haut du hangar et furent projetés dans l'espace. Ils prirent ensuite place sur le côté gauche d'une formation à cinq Glass. C'était une position mineure qui montrait que Dambert les considérait comme peu fiable tant qu'il n'avait pas éclairci leur situation.