mardi 20 mars 2018

Pause santé

En raison d'une douleur à l’œil droit déclenchée à priori suite à un excès d'écran, je me vois dans l'obligation de mettre en pause la mise en ligne de mon histoire jusqu'à nouvel ordre. 
J'espère être en mesure de poster le nouvel épisode d'ici deux semaines soit le 4 avril. Cependant, si jamais vous ne voyez rien venir, cela voudra dire que le problème n'a pas été résolu.

Petite mise à jour du 3 avril : Mon problème au yeux n'est toujours pas réglé, mais ça va mieux, alors en attendant le rendez-vous chez l'ophtalmologue, je reprends doucement l'écran.
En cas d'absence d'épisodes certains jours, ne vous inquiétez pas.
Rendez-vous demain pour la suite !

lundi 19 mars 2018

Un Chevalier au XXIème siècle - 49

Ils bavardèrent le restant de la journée, Percival relançant Tim avec des questions sur le monde moderne chaque fois qu'il s'arrêtait. Dans le secret de la nuit, ils se caressèrent sans rien d'autres que leurs halètements pour briser le silence.
Le lendemain fut divisé entre exercices physiques et apprentissage de la lecture, et puis  ce fut lundi et il fallut retourner au lycée. Percival n'accompagna pas l'adolescent, ce qu'il pouvait comprendre, car il n'avait certes rien d'amusant à poireauter devant le lycée tandis qu'il était en classe. De toute façon, sans Harvey, Côme et Lisle, il ne risquait rien. Tout était délicieusement paisible.
Tim restait toutefois pressé que les journées se terminent parce qu'il voulait retrouver Percival, et ce, même si ce dernier ne le ménageait pas, l'incitant à faire toujours plus de pompes et l'encourageant à tenter de le frapper.
Évidemment, Harvey, Côme et Lisle finirent par revenir au lycée, chacun portant les marques de leur rencontre avec Percival : un pansement sur le nez, un bras en écharpe, un œil au beurre noir.
Tim pensa que leur retour marquerait la fin de sa tranquillité, mais apparemment le message était passé, car les semaines qui suivirent, les trois affreux gardèrent leur distance avec lui, se contentant de l'ignorer, non sans toutefois lui jeter des regards mauvais de temps en temps. C'était supportable.
Sous l'égide de Percival, Tim commença à voir les premiers résultats de ses efforts pour se muscler.
L'adolescent ne parlait plus d'amour, prenant ce que Percival voulait bien lui donner sans plus rien réclamer, ce qui signifiait que leur intimité se réduisait à la nuit et encore, il semblait que sans l'étroitesse du lit, le chevalier ne l'aurait pas touché, mais l'adolescent ne voulait pas s'en plaindre.
Il aimait ce moment où il était dans ses bras où il pouvait rêver qu'ils étaient davantage l'un pour l'autre.
A dire vrai, il peinait à mettre une étiquette sur leur relation. Ils n'étaient pas seulement un maître et son élève, chacun apprenant quelque chose à l'autre. Entre eux, ce n'était pas purement sexuel, mais ils étaient loin d'être seulement amis. Au fond, ce qui faussait tout, c'est que Tim aimait Percival, mais à sens unique. Parfois, malgré tout, il avait l'impression que c'était réciproque. Ils partageaient une vraie complicité. Cependant, il était bien obligé de se morigéner : c'était parce qu'ils possédaient un secret bien eux au sujet des voyages dans le temps et des origines de Percival.

vendredi 16 mars 2018

Un Chevalier au XXIème siècle - 48

Après de nombreuses tentatives à donner des coups à Percival, il voulut bien qu'ils s'arrêtent là pour aujourd'hui.
— Pourquoi ne souhaites-tu point que ta mère sache que tu veux devenir fort ?
— Parce qu'elle s'interrogerait sur mes motivations et que je finirais par tout lui déballer sur Côme et compagnie.
— A ta façon, tu la protèges. C'est remarquable.
— Suffisamment pour que tu tombes amoureux de moi ?
— Au lieu de proférer des idioties, montre-moi plutôt ses fameux jeux vidéos.
Tim savait qu'il aurait mieux fait de se taire, mais cela avait été plus fort que lui. La rebuffade était hélas douloureuse et le terme d'idiotie blessant. Comment pouvait-il l'embrasser comme tout à l'heure et ne rien ressentir ? Sans parler de leurs caresses nocturnes. Juste du sexe. Sauf que c'était davantage pour Tim.
Le cœur serré, il alluma l'ordinateur et lança un des jeux de combats en ligne qu'il affectionnait. Ses cliquetis de souris furieux pour massacrer ses adversaires n'impressionnèrent pas Percival.
— La guerre n'est pas un jeu.
— C'est pour de faux. Personne ne meurt vraiment.
— Oui, je comprends, mais cela ne me plaît point malgré tout.
Tim, toujours chagrin, s'emporta :
— Oh, ça va bien les critiques !
— Ce n'était point mon intention de te gâcher ton amusement...
— N'importe quel garçon de mon âge et de mon époque comprend l'intérêt de ses jeux ! s'écria Tim, sans le laisser poursuivre.
A peine eut-il prononcé ses mots qu'il les regretta. Percival n'avait pas demandé à venir au XXIème siècle et ce n'était certes pas sa faute s'il n'aimait pas Tim en retour.
Le chevalier se leva, le toisant avec froideur.
Tim cessa de se soucier du sort de son personnage qu'il abandonna sur le champ pour se mettre debout à son tour et le retenir. Que ferait-il si Percival exigeait qu'ils aillent au musée pour qu'il essaie sur le champ de le ramener d'où il venait ?
— Pardon. Je ne le pensais pas vraiment. Ne sois pas fâché contre moi.
— C'est toi qui l'est.
— Non, juste un mouvement d'humeur. Désolé. D'ailleurs, tous les garçons ne sont pas amateurs de jeux vidéos. Il y en a qui adore le sport, comme toi.
— Les tournois existent toujours ? Pas seulement dans ces étranges films ?
Tim secoua la tête, puis promit de se renseigner avant de se lancer dans une longue énumération de jeux de ballons et d'épreuves athlétiques, cherchant à faire oublier à Percival combien il avait été détestable. Et cela fonctionna.

jeudi 15 mars 2018

Un Chevalier au XXIème siècle - 47

Il achevait un exercice de mathématique, le dernier avant d'en avoir fini pour de bon avec ses devoirs quand Percival entra, marcha droit sur lui, l'empoigna par le menton et se pencha pour l'embrasser.
— C'était un baiser que tu voulais un peu plus tôt, n'est-ce point ?
Tim opina en silence, le souffle court, à l'étroit dans son pantalon. S'il n'avait pas craint que sa mère ne rentre et ne les surprennent, il aurait réclamé plus.
— Dès que j'ai terminé, nous pourrions jouer aux jeux vidéos.
— Qu'est-ce encore ? Et ton entraînement, qu'en fais-tu ?
— J'ai besoin de me détendre, dit Tim.
Anticipant ce que Percival pouvait répliquer, il ajouta :
— Oui, je suis au courant qu'il y a d'autre façon, comme se masturber, mais ma mère est partie depuis deux bonnes heures déjà, alors…
— J'allais dire qu'après tout ce travail de clerc, bouger ton corps te serait profitable. Ta suggestion est excellente, excepté que ce n'est point dans ce domaine que tu veux progresser, ce me semble.
Percival n'était peut-être pas si obsédé que cela. Tim, en revanche… L'adolescent masqua son embarras en acceptant de suivre ses conseils.
— Allons dans les escaliers.
— Encore ?
— C'est la constance et la persévérance qui te permettront d'atteindre ton but. Je regrette que nous n'ayons plus d'épées de bois, mais c'est ainsi.
A leur douzième descente, ils croisèrent la mère de Tim, toute mouillée.
— Où allez-vous comme ça ? Il pleut des cordes.
— Nulle part. Juste vérifier le courrier.
— Ensemble ? s'étonna-t-elle.
— Que veux-tu, nous sommes inséparables, répondit Tim sur le ton de la plaisanterie, mais espérant très fort que cela soit vrai.
Sa mère abandonna le sujet pour annoncer l'extraordinaire nouvelle : certaines pièces ne valaient pas grand-chose, mais pour d'autres, cela s'élevait à 300 euros et même une à 850. Percival avait de quoi voir venir pour un moment. Il ne voulut en prendre qu'une petite partie, confiant le reste à son "aimable hôtesse." Une fois qu'ils se furent repliés dans la chambre, il remit l'argent à Tim, puis évacuant les histoires de sous, il l'incita à effectuer des pompes avant de demander à ce qu'il cherche à le frapper.
Tim n'aimait pas l'exercice. Il craignait trop de parvenir à le toucher et de lui faire mal.
— Le jour où tu réussiras à m'atteindre est encore loin, assura Percival comme l'adolescent exprimait ses réticences.

mercredi 14 mars 2018

Un Chevalier au XXIème siècle - 46

— Qu'est-ce qu'il y a, maman ?
— Écoute, j'ai bien compris que tu étais amoureux, mais ton Percival, il est quand même un peu étrange sur les bords et je crains bien qu'il ne soit plus ou moins en train de se servir de toi afin d'éviter d'être à la rue. Ses recherches sur les monnaies, c'est toi qui les as effectuées, n'est-ce pas ?
Tim aurait pu prétendre le contraire, mais il ne le fit pas, voyant que de toute façon, sa mère ne l'aurait pas cru. C'est vrai que de l'extérieur, il était facile de s'imaginer que Percival l'avait séduit pour échapper à un sort peu enviable, mais lui savait la vérité. Le chevalier l'avait tiré des griffes de Harvey, Côme et Lisle, ne serait-ce que temporairement et était en train de l'aider… Seulement, s'il révélait à sa mère qu'il était le souffre-douleur de trois garçons de sa classe, il l'inquiéterait. Ce n'était pas pour rien qu'il lui avait caché jusqu'à présent.
— Oui, mais c'est parce qu'il n'est pas trop à l'aise avec les ordinateurs. Et puis, s'il m'utilisait, ce qui n'est pas le cas, qui pourrait l'en blâmer ?
— Je ne veux pas que tu souffres, mon chéri.
Ça, c'était trop tard. Mais un amour non partagé lui plaisait plus que la solitude. Au lieu d'encaisser les coups seul dans son coin, il avait la chance de recevoir des baisers et des caresses puisque Percival, même s'il  ne lui retournait pas ses sentiments n'était pas hostile à une relation physique. C'était déjà ça, même si cela n'empêchait pas Tim de désirer plus, le cœur humain est ainsi fait.
— Ne te tracasse pas pour moi et merci encore de l'autoriser à rester avec nous. Tu es la plus formidable des mamans.
— Je le sais bien, ça, répondit-elle avec un sourire.
Elle prit dans ses bras un instant, puis ils ressortirent de la chambre. Elle acheva de se préparer et s'en fut.
Tim alla s'asseoir dans le canapé à côté de Percival qui regardait apparemment un film se déroulant à l'époque médiévale.
— Ce n'est point réaliste.
— Ce genre de films, c'est plus pour faire rêver qu'autre chose, répondit Tim en se rapprochant de Percival jusqu'à le coller.
Il posa ensuite sa tête contre son épaule. Hélas, Percival ne se laissa pas pour autant distraire de ce qui se passait à l'écran. C'était d'un frustrant. Les chevaliers de pacotille étaient à priori plus attractifs. Tim se résigna à retourner à ses cours.

mardi 13 mars 2018

Un Chevalier au XXIème siècle - 45

— Madame, ne croyez point que…
— Bon, ça va bien deux minutes de jouer au gars de l'ancien temps, il serait temps de s'exprimer en langue moderne !
Comme elle ne décolérait pas, Tim comprit qu'il lui fallait inventer une histoire d'urgence, sous peine que Percival ne se retrouve à la rue pour de vrai.
— Qu'il soit dans son personnage ou non, ce n'est pas le souci. Le truc, c'est que ses parents l'ont mis à la porte sans papier d'identité et c'est indispensable d'en avoir pour obtenir du travail.— Eh bien, il n'a qu'à faire une déclaration de perte à la mairie.
— Mais il n'a pas de justificatif de domicile.
Tim ayant dû renouveler sa carte d'identité il n'y a pas longtemps, était plutôt bien au courant du nécessaire.
— Quelle casse-tête ! soupira-t-elle.
— La bonne nouvelle dans tout ça, c'est qu'il a peut-être un bien de valeur, des vieilles pièces de monnaie que son arrière-grand père avait déterré dans son jardin. Elles étaient de l'époque de son personnage, alors il les avait sur lui, lors du jour fatidique…
Et voilà, encore une histoire abracadabrante. Sa mère n'allait sans doute pas l'avaler. Elle le fixait avec un regard incrédule. Cela restait toutefois plus plausible que la vérité.
Percival piocha une poignée de pièces dans la sa bourse et la tendit à la mère de l'adolescent.
— Si jamais cela pouvait suffire pour vous remercier de votre hospitalité...
— Tu pourrais les vendre pour lui. J'ai pris tous les renseignements, mais comme je suis mineur et lui sans papier actuellement…
Elle secoua la tête.
— Vous êtes en train de me faire perdre mon temps. Mais bon, je veux bien essayer pour vous faire plaisir et il faudra aussi résoudre ses soucis administratifs sans traîner. J'écrirai une attestation sur l'honneur comme quoi je t'héberge à mon domicile.
Cela ne suffirait pas, car il fallait un extrait de naissance, évidemment inexistant, mais Tim apprécia la générosité du geste.
— Tu es la meilleure des mères ! Je t'assure que tu ne vas pas le regretter !
Il lui plaqua deux bisous sonores sur les joues. Elle lui sourit et récupéra les pièces des mains de Percival.
L'adolescent lui ramena tous les informations qu'il avait glané sur les centres numismatiques sur internet.
— Avant que je parte m'occuper de ça sans attendre, parce après, je n'aurais pas le temps, viens dans ma chambre que je te dise deux mots entre quatre yeux.
Tim la suivit docilement. Il avait toujours tâché d'être un enfant modèle, mais il s'efforçait d'être encore plus sage et obéissant depuis qu'elle avait pris Percival sous son aile.

lundi 12 mars 2018

Un Chevalier au XXIème siècle - 44

— Ce serait plus efficace avec des livres. Je t'amènerai à la bibliothèque, on peut en consulter sans rien débourser.
Un ange passa.
— Je ne sais point lire, avoua Percival. Ce n'est pas indispensable, ajouta-t-il comme Tim restait muet d’étonnement.
L'adolescent rassemblant ses souvenirs du Moyen-âge, réalisa que ce n'était pas vraiment extraordinaire qu'il soit analphabète, les livres étant à l'époque encore des objets rares, manuscrits et non imprimés.
— Tu voudrais apprendre ? Mon manuel de lecture doit être quelque part à la cave.
— Cela me plairait, oui.
— Je t'aiderai.
De cette façon, Tim n'aurait plus l'impression d'exploiter le chevalier. Ce serait un échange de bons procédés.

Le vendredi au lycée fut tranquille également, une vraie bénédiction.
Le week-end en compagnie de Percival aurait dû être parfait, excepté qu'il y avait des devoirs à faire et que la mère de Tim était présente. Pas question de se laisser aller à quémander des baisers, même si dans l'obscurité de la chambre, collés l'un contre l'autre dans le lit, ils se donneraient sûrement encore du plaisir, car ce n'était que cela dont il s'agissait, du moins pour le chevalier. Tim n'aurait rien eu contre aller jusqu'au bout et tester la pénétration, mais pas sans lubrifiant ou préservatif. Or, il n'avait plus un sous pour en acheter, toute ses maigres économies étant passées dans l'habillement de Percival.
Il apprenait ses leçons à son bureau tandis que le chevalier s'était installé devant la télévision, quand il entendit sa mère crier dans le salon. Apparemment, elle était mécontente de voir Percival flemmarder sur le canapé et voulait savoir où en était sa recherche d'emploi.
L'adolescent abandonna sur le champ ses feuilles de cours.
— Maman, pourquoi tu t'énerves comme ça, c'est le week-end ! Il peut bien faire la pause lui aussi !
— Je n'ai pas l'impression qu'il se soit épuisé à la tâche pendant la semaine, lâcha-t-elle, acerbe.
Ce n'était pas tout à fait exact. Percival lui avait révélé continuer à s'exercer avec son épée pendant que Tim était au lycée et le soir, il s'était joint à lui pour monter et descendre les escaliers. Il avait aussi esquivé ou bloqué chacun des coups de poings qu'il avait demandé à Tim de lui donner.
— Il a ses cours d'arts dramatiques !
— Non, mais tu t'entends ! Il t'a complètement embobiné. Laisse-le un peu se défendre par lui-même !
Le problème, c'est que Tim était content de servir de bouclier au chevalier. D'ailleurs, c'était sa faute si sa mère l'attaquait ainsi. Sans lui, Percival serait encore à son époque.

vendredi 9 mars 2018

Un Chevalier au XXIème siècle - 43

Ce soir-là, le chevalier incita Tim à gravir et descendre les escaliers plusieurs fois d'affilé. Il voulut aussi voir ce que l'adolescent avait fait jusque là pour se muscler.
Tim effectua donc différents mouvements d'échauffements appris au collège, souleva et abaissa la lourde de chaise tournante à son bureau une dizaine de fois et termina par vingt pompes avant de s'écrouler sur son lit, essoufflé et en sueur.
Percival le félicita et l'adolescent en éprouva une joie profonde qui lui donna des ailes.
— Cela mérite un baiser, au moins, non ? lança-t-il.
Le chevalier secoua lentement la tête.
— Point besoin d'autre récompense que celle de te rapprocher de ton but.
— Juste pour le plaisir, alors ? demanda-t-il, ne pouvant renoncer à ce qu'il l'embrasse.
Percival se pencha sur lui, prit son visage en coupe entre ses larges mains et posa sa bouche contre la sienne.
Quand il se redressa, Tim était pantelant et il se reprit à souhaiter que cela ait un sens pour Percival.
La nuit venue, dans l'étroit lit, ils se caressèrent encore, sans échanger un mot, comme une évidence.

Au matin, Percival choisit de ne pas quitter l'appartement. Selon lui, les trois brutes ne seraient pas au lycée, faut d'être en état de s'y rendre. Et, en effet, ils étaient absents. La rumeur qui s'était répandue voulait qu'ils se soient battus entre eux et aient écopé d'une semaine de suspension.
Tim, lui, savait à quoi s'en tenir, mais il en conclut que le trio avait peut-être préféré garder pour eux qu'un type seul leur avait flanqué une raclée monumentale.
La journée se déroula sans anicroche, Tim ayant une paix royale qu'il savoura, non sans toutefois regretter de ne pas être avec Percival. Il était mordu et pas qu'un peu. C'est donc comme s'il avait le trio aux trousses qu'il quitta le lycée la dernière heure de cours achevé.
Il courut ensuite de l'arrêt de bus jusqu'à l'immeuble où il habitait et négligea l'ascenseur pour grimper quatre à quatre l'escalier.
Il ouvrit la porte et retrouva Percival où il l'avait laissé le matin même : devant la télévision.
— Tu n'as quand même pas fait que ça de toute la journée ? C'est mauvais pour les yeux…
Percival éteignit à l'aide de la télécommande.
— Non point. Mais je tiens à m'instruire un minimum sur ce siècle.
— Ce serait plus efficace avec des livres. Je t'amènerai à la bibliothèque, on peut en consulter sans rien débourser.

jeudi 8 mars 2018

Un Chevalier au XXIème siècle - 42

Au mieux, il parviendrait peut-être à convaincre Percival de ne pas partir avant quelques années.  Il avait lu sur internet qu'il fallait cela pour devenir un vrai costaud. Seulement, ce n'était pas de tablettes de chocolat dont il avait besoin, juste suffisamment de muscles pour en finir avec son physique de tête-turc. Cependant, même si le chevalier se sentait investi d'une mission, il n'avait aucune raison de s'attarder autant.
Non, pour qu'il accepte de ne pas réintégrer son siècle, il aurait fallu qu'il tombe amoureux de lui. Las, les sentiments ne sont pas des choses qui se commandent et de toute évidence, il ne ressentait rien de spécial à son égard. Tim pouvait toutefois lui faire miroiter les charmes de la modernité. Il y aussi un autre point à soulever…
— Ce n'est pas sûr que tu puisses retourner au XIVème. Je n'ai pas vraiment compris comment j'avais pu voyager dans le temps que ce soit dans un sens ou dans l'autre. Je veux dire, j'ai fermé les yeux et souhaité plein de fois rentrer au XXIème derrière la tapisserie de ta chambre sans que cela marche.
— Une merveille qui tient du miracle dans les deux cas. Mais, tierce fois, c'est droit. Ma place n'est point en ces jours, mais auprès du seigneur auquel j'ai prêté serment.
— Mais tu as vu le confort que c'est l'eau courante chaude, l'électricité pour la lumière…
— Tout ce que tu évoques rend sans doute la vie plus facile, mais je n'ai point l'impression que cela rende heureux. Et puis tout ça n'est pas sans défaut. Ainsi, les charrettes de fer que tu appelles voitures sont plus rapides que les chevaux, mais elles sont bruyantes et dégagent des odeurs nauséabondes.
Il n'avait pas tort, ce qui n'arrangeait pas les affaires de Tim.
— Tu ne peux pas prétendre que le crottin sent la rose, objecta-t-il, ignorant sciemment une partie des dires du chevalier.
— Certes non, mais tu ne me convaincras point non plus que tout n'est que fleurs et petits oiseaux, sept siècles plus tard. L'injustice est toujours rampante et à ce que j'ai cru comprendre, il n'y a plus de chevaliers pour lutter contre elle.
— Il existent toujours des gens qui se battent pour rendre le monde meilleur.
Tim se mordit la langue. Sans le vouloir, il avait apporté de l'eau au moulin de Percival. Non, le XXIème siècle n'était pas si formidable que ça, malgré toutes ses inventions et tous les progrès, la guerre, la misère et l'intolérance proliféraient toujours. Et il n'y avait assurément pas au Moyen-Âge des problèmes de pollution. Peut-être que Percival ne se trompait pas non plus sur le fait qu'il était supposé retrouver son époque, une fois qu'il aurait aidé Tim.

mercredi 7 mars 2018

Un Chevalier au XXIème siècle - 41

Il bondit sur le dos de Côme qui se débarrassa de lui l'instant d'après en reculant violemment contre un mur. L'adolescent se retrouva tout étourdi assis par terre sur le carrelage d'une propreté douteuse.
Il avait dû rater une partie de l'action, car à présent, Harvey était étendu sur le sol, Côme crachait une de ses dents et Lisle tenait un de ses bras, le visage enlaidie par une grimace de douleur. Percival, lui, était à peine essoufflé.
— Je vous conseille, drôles, de ne plus jamais toucher à mon ami Tim, ou autrement, il vous en cuira.
— Trou du cul, crois-pas t'en tirer comme ça ! s'écria Côme.
Percival lui broya le bras qu'il lançait dans sa direction et lui tordit dans le dos, repoussant d'un coup de pied Lisle.
Côme le supplia de le relâcher en gémissant, mais le chevalier fit la sourde oreille.
— Je ne crois point que tu te sois privé de continuer, même quand Tim te priait d'arrêter.
Côme finit par s'effondrer. Percival cogna encore plusieurs fois Lisle jusqu'à ce qu'il tombe à son tour pour ne plus se relever.
La cloche sonna à ce moment-là, marquant la fin de la récréation comme du combat. Tim était supposé retourner en cours.
— Comment...?
— Je t'expliquerai plus tard. Tu as pour le moment une lecture à écouter ou quelque chose comme ça, ce me semble.
Tim acquiesça, puis désignant ses trois camarades K.O., il manifesta ses scrupules à les abandonner comme cela.
— Ils ne sont point morts, ils finiront bien par se réveiller. Ne te tracasse point de leur sort. Retrouvons nous dehors.
Tim ne parvint à écouter un traître mot du cours qui suivit. Il lui semblait impensable que Harvey, Côme et Lisle en restent là, sûrement, ils voudraient se venger. Et pourtant, il ne regrettait pas l'intervention de Percival. Il avait été surpris, mais heureux qu'il vienne le défendre et le tirer des griffes des trois affreux.
Enfin, la matinée s'acheva et Tim put rejoindre Percival qui lui conta la manière dont il s'était faufilé dans l'enceinte du lycée via le terrain de sport, puis l'avait retrouvé grâce au numéro de sa salle qu'il lui avait soutiré sans en avoir l'air, avant de les suivre à distance jusqu'aux toilettes. Sa discrétion l'avait amené à les perdre de vue un instant, expliquant qu'il soit arrivé en décalé.
— Maintenant, je vais pouvoir t'entraîner afin que tu sois capable d'écraser ces odieux personnages par toi-même. Après quoi, je repartirai dans mon époque.
Tim qui, jusque là, avait été pressé de gagner du muscle et d'apprendre à se défendre, espéra que cela prendrait longtemps. Il voulait que Percival demeure à ses côtés pour toujours et non l'espace de quelques mois.

mardi 6 mars 2018

Un Chevalier au XXIème siècle - 40

Le lendemain, Percival insista pour l'accompagner. Les vêtements achetés pour lui avaient séché dans la nuit, même si le manteau était encore un poil humide et Tim ne put lui refuser, même s'il était gêné qu'il l'attende encore pendant des heures à l'extérieur du lycée.
Heureusement, aujourd'hui, c'était mercredi, et ce ne serait que pour la matinée. Percival fut content de l'apprendre, mais ne voulut pas pour autant rester à l'appartement, même avec un film de trois heures pour s'occuper.
Tim dut négocier ferme pour que le chevalier laisse derrière lui son épée sans laquelle il se sentait "nu" mais obtint gain de cause.
Non sans regret, il l'abandonna devant la grille et se rendit en cours de philosophie. Il tenta de sortir en vitesse, une fois la cloche sonnée, mais Harvey se débrouilla pour lui faire un croche-pied et il se vautra entre les tables et les chaises.  Côme lui tendit une main faussement secourable et ainsi piégé, Tim se retrouva obligé de les accompagner aux toilettes pour une nouvelle séance de torture. C'était en effet bien ça qu'il s'agissait, Lisle commençant d'entrée jeu par lui tirer son doigt abîmé qui, à ce rythme ne guérirait jamais, tandis que Côme lui criait des horreurs à l'oreille.
La porte de ces toilettes normalement peu usités s'ouvrit alors. Cela arrivait qu'ils soient interrompus, mais tout le monde préférait tourner les talons. Personne n'avait envie de se frotter au terrible trio et c'était tant pis pour Tim.
L'adolescent ne pensa donc pas qu'il était sauvé jusqu'à ce qu'il lève les yeux vers celui qui venait d'entrer : Percival.
— Dégage, si tu veux pas d'embrouilles, cracha Harvey.
Le chevalier s'avança et Côme se jeta sur lui. Percival esquiva. Harvey s'emmêla et reçut un poing dans la figure. Lisle qui tenait encore Tim l'abandonna pour s'en prendre au chevalier tandis que Côme revenait à la charge.
Percival les empoigna tous les deux par l'épaule et fit se cogner leurs têtes l'une contre l'autre. Harvey, son nez pissant le sang, des injures à la bouche, fonça sur lui. Percival bloqua son attaque avec une aisance confondante. Il le frappa en plein dans l'estomac, le faisant se plier en deux. Bien que sonnés, les trois affreux n'abandonnèrent pas la partie pour autant.
En les voyant encercler le chevalier, Tim se secoua de son hébétement. Il n'allait quand même pas regarder toute la scène sans bouger, quand bien même son doigt lui faisait un mal de chien.

lundi 5 mars 2018

Un Chevalier au XXIème siècle - 39

Quand ils se mirent au lit, obligés de s'emboîter dans la posture de la cuillère pour tenir dedans, Tim eut bien évidemment une érection en sentant la chaleur que dégageait le corps nu de Percival.
Comme elle ne se calmait pas d'elle-même, l'empêchant de s'endormir malgré sa fatigue, il voulut se relever, mais les bras du chevalier se refermèrent sur lui.
— Où vas-tu ?
— Aux toilettes.
— Tu y as été juste avant que nous nous couchions. Avoue que ce n'est point ta vessie que tu as besoin de soulager, mais tes bourses.
Impossible de nier.
— Oui, admit-t-il dans un souffle.
— J'ai le même besoin. Aidons-nous mutuellement.
C'était en contradiction avec sa déclaration de tout à l'heure, mais Tim se garda de lui faire remarquer, car il avait au moins autant envie de le caresser que de l'être en retour.
Percival abaissa son pantalon de pyjama jusqu'à ses genoux, insinua son membre brûlant entre ses cuisses et le frotta contre le sien.
Sa grande paluche recouvrit la main de Tim et la fit descendre sur leurs deux pénis réunis.
Tim ne tarda pas à jouir. Percival, lui, effectua encore de nombreux va-et-vient avant d'éjaculer dans un grognement étouffé.
L'adolescent dut rallumer pour attraper une boîte de mouchoirs pour essuyer leur sperme. Alors qu'il lui tendait pour qu'il se serve, la vue du membre encore gonflé de Percival fit remonter en lui l'excitation .
— Je connais une bien meilleure méthode pour se nettoyer que ses drôles de papiers.
Il se pencha sur Tim, engloutit son pénis et le lécha. L'adolescent se mordit la lèvre pour ne pas crier tellement c'était bon. Son sexe acheva de fleurir dans la bouche de Percival et, sous l'effet de la douce langue qui taquinait son gland, il explosa à nouveau.
Percival le suça longuement, avalant jusqu'à la dernière goutte, puis se redressa.
Tim n'était pas encore redescendu du petit nuage où le plaisir l'avait propulsé.
— Ton foutre a bon goût.
Une fois, Tim était tombé par hasard sur une fanfiction gay érotique détaillant la pratique et il avait eu la curiosité de mettre un peu de son sperme sur sa langue, et il avait trouvé cela infâme. Peut-être était-ce juste parce que c'était le sien, mais il en doutait.
— Vraiment ? murmura l'adolescent, se demandant s'il était également supposé faire une fellation à Percival.
Il était partagé entre l'envie d'essayer et la crainte ne pas être à la hauteur. Et puis il y avait aussi la peur des maladies et sa réticence à boire du sperme.
Comme s'il avait deviné ses doutes, le chevalier tira un mouchoir et se tamponna avec.
Tim lâcha finalement :
— Qu'est devenue ton idée que nous ne devions pas…
— Jetée aux orties, le coupa Percival.
— Pourquoi ?
— Parce que je ne suis pas taillé dans la pierre et après t'avoir soigné tout à l'heure, te sentir te presser et te tortiller contre moi, c'était trop.
— Je ne bougeais pas d'une oreille, protesta Tim.
Percival le gratifia d'un sourire et se rallongea sur le côté. Tim remonta son pyjama et replongea la chambre dans le noir. Une connexion physique entre eux, c'était mieux que rien.

vendredi 2 mars 2018

Un Chevalier au XXIème siècle - 38

— Si on tuait tous les gens qui en harcèlent d'autres, la Terre serait vite dépeuplée. Dis-moi plutôt comment comptes-tu m'entraîner sans matériel.
— Montre-moi donc à quel point tu as été malmené.
Tim commença par lui présenter son doigt. C'était le moins compromettant. Il se mit ensuite torse nu, un bleu ornait son plexus. Il ne comptait cependant pas baisser son pantalon et dévoiler ses fesses qui devaient porter les marques des coups de pieds qu'ils lui avaient flanqué dedans. Tracassé qu'il était par la pluie, il ne s'était pas trop soucié de son inconfort à être assis sur les inconfortables tabourets de bois de la salle de physique-chimie, mais assurément, son postérieur était en compote.
Cependant Percival insista tant et si bien pour savoir s'il avait mal ailleurs qu'au doigt, au dos et au plexus que Tim s'exécuta, gardant tout de même le devant couvert.  Au fond de lui, il espérait que cela ferait de l'effet au chevalier et qu'il renoncerait à ne pas le toucher, juste parce qu'il était du XXIème et lui du XIVème.
Il en fut pour ses frais. Une fois que Tim lui eut filé un tube de crème pour les contusions, Percival lui tartina le dos et les fesses sans paraître le moins du monde troublé alors que Tim lui se sentait tout chose.
— Tu as déjà été amoureux ? demanda Tim pendant que les mains rugueuses de Percival passaient sur sa peau frémissante.
— Oui.
— C'était un des gars avec lequel tu as couché ?
— Tu es bien curieux. La réponse est non... Voilà, c'est fini.
Tim réajusta ses habits et voulut en savoir plus sur ses amours passés, mais le chevalier refusa d'en dévoiler davantage et bientôt, l'adolescent se retrouva à expliquer comment la machine à laver faisait tourner le linge, puis la manière dont les radiateurs chauffaient, permettant aux habits d'être secs rapidement.
Il prépara ensuite le dîner pendant que Percival regardait la télévision que l'adolescent avait allumé à sa demande.
Le mère de Tim rentra sur ces entrefaites. Elle ne tarda pas à demander si Percival était en quête d'un job.
L'adolescent assura que oui, même si c'était faux. Ce n'était d'ailleurs pas possible vu que le chevalier n'avait aucun papier d'identité. Cela compliquerait aussi à coup sûr la vente des pièces. En tant que mineur, Tim ne pouvait s'en charger. Il y avait sûrement des endroits moins à cheval sur les formalités, mais ils risquaient fort de s'y faire arnaquer, à moins de connaître déjà la valeur des pièces.

jeudi 1 mars 2018

Un Chevalier au XXIème siècle - 37

Tim s'approcha et pressa maladroitement ses lèvres contre les siennes.
Percival l'empoigna par les épaules et le força à s'écarter.
— Maintenant que je sais que nous ne sommes pas de la même époque, je pense que nous ne devrions pas être intimes.
Tim trouva l'excuse mauvaise. Ce n'était pas comme si l'un d'entre eux pouvait tomber enceint. Enfin bon, c'est vrai qu'il n'était pas non plus normalement possible de voyager dans le temps.
— Cela n'a rien à voir avec le fait que tu considères que mes paroles sont du vent et que je suis nul ?
— Non. D'ailleurs, je ne crois point vraiment que tu sois pleutre ou vantard. Mon intention était que tu comprennes que si tu n'attaques pas le mal à la racine, tu n'iras nulle part.
Tim réalisa qu'il avait mal interprété l'attitude de Percival. Ce n'était pas la première fois, comme son dégoût face à son dos couvert bleus  qui était en vérité dirigé contre ceux qui lui avaient infligé pareil traitement. Cela ne changeait cependant rien au fait que Percival ne voulait plus de relation sexuelle avec lui, ce qui n'était initialement pas le sujet. Tim se força à mettre de côté le problème.
— Ce n'est pas comme si on pouvait se débarrasser de Harvey, Côme et Lisle en claquant des doigts.
— Il suffirait de les passer au fil de l'épée.
Comme ce midi, le chevalier était on ne peut plus sérieux. Tim l'avait apaisé sans y réfléchir plus que cela, mais un doute affreux l'étreint soudain.
— Tu as déjà tué des gens ?
— Bien sûr, au service de monseigneur.
Un long frisson parcourut l'adolescent. Autre temps, autres mœurs.
— Jamais par plaisir, précisa Percival.
— Cela ne fonctionne plus comme ça maintenant…
Tim se termina pas sa phrase. Les soldats  étaient souvent obligés d'ôter la vie pour protéger et défendre leur pays, cela ne faisait pas d'eux des criminels. C'était pareil pour les chevaliers. Il parlait toutefois de supprimer trois individus avec bien trop de froideur. Mais combien de fois Tim n'avait-il pas souhaité que Harvey et ses amis disparaissent ? Il ne voulait toutefois pas leur mort et encore moins que Percival termine en prison à cause de cela.