mercredi 31 mars 2021

L'androïde amoureux - 47

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Leurs courses leur avaient pris une demie-heure à peine et maintenant, ils étaient au café. Son père avait commandé une tasse auquel il avait peine touché, car il avait le nez plongé dans sa tablette numérique où il devait consulter des articles sur la robotique.
Jason, lui, avait terminé sa boisson depuis longtemps et joué un moment à des petits jeux sur son mobile, mais à présent, il s’ennuyait ferme.
Il se demandait comme il avait pu entretenir un instant l’espoir d’avoir une vraie conversation avec son père, surtout que ce dernier était fâché contre lui.
Il s’était persuadé que Jason avait abîmé volontairement les câbles permettant de brancher l’androïde à l’ordinateur pour consulter sa mémoire. C’était sans doute pour cela qu’il avait mis un point d’honneur à aller en acheter plusieurs de rechange avec lui en boutique aujourd’hui plutôt que de commander en ligne comme en temps habituel.
Jason n’était pas coupable. Il se rappelait en revanche très bien qu’Alex s’était rendu dans l’atelier à la cave quand il était revenu fort tard du lycée, après avoir fait un crochet chez le pauvre Valérian qui ne soupçonnait nullement que son petit ami était une machine.
Jason avait affirmé son innocence à son père et accusé Alex sans obtenir gain de cause.
Son père qui avait en effet fini par dénicher un câble supplémentaire dans ses affaires, avait visionné la mémoire d’Alex et vu qu’il n’y était pour rien.
Jason n’en était pas si sûr. L’androïde, avec les mains dans le dos, avait très bien pu trafiquer les câbles à l’aveugle. Le motif en revanche lui échappait...
Si son père avait été furieux contre l’androïde, cela avait été pour une autre raison : Alex avait apparemment fermé les yeux durant ses premières prouesses sexuelles.
Mieux valait entendre ça qu’être sourd, mais tout de même, c’était trop d’informations !
D’ailleurs, ce n’était pas tant poireauter au café qui dérangeait Jason que de savoir que basiquement, ils attendaient là que Valérian et son faux frère baisent et qu’après son père comptait regarder cela. Oui, ce point-là lui filait la chair de poule.
— Et si on rentrait maintenant ? s’enquit-il malgré tout.
Il dut répéter la question plusieurs fois avant que son père ne daigne décrocher de sa lecture et consulte sa montre.
— Oui, ça devrait être bon. Allons-y.

mardi 30 mars 2021

L'androïde amoureux - 46

 — Tu as encore des cartons à déballer à la cave ? demanda Valérian, surpris par le vide de la pièce.
— Non.
— Tu n’as vraiment pas beaucoup d’affaires.
— Je n’en ai pas besoin.
— Tu n’es pas un matérialiste, si je comprends bien… Pas de collection de quoi que ce soit ?
— J’accumule les expériences, répondit Alex.
Ah… En plus d’être beau et fort, et d’avoir le sens de l’humour, Alex était aussi un sage.
Valérian l’embrassa, enroulant sa langue autour de celle d’Alex avec avidité, tout en se collant à lui. Après tout, ils étaient seuls et avaient la maison pour eux…
Alex le repoussa avec douceur et fermeté par les épaules, le maintenant à distance à bout de bras.
— Val… Il faut qu’on parle.
Cette formule n’augurait rien de bon, surtout combiné avec le baiser abrégé.
— Qu’est-ce qu’il y a ? murmura Valérian, son excitation se dissipant.
— Nous devrions redevenir amis.
C’était brutal.
— Tu veux rompre ?
— Oui.
— Pourquoi ?
Cela ne faisait pas sens qu’Alex l’ait invité chez lui et présenté à son père comme son petit ami pour lui annoncer ça.
— Nous ne sommes pas compatibles.
Cela ne voulait rien dire. Ce n’était quand même pas à cause de la fellation ratée de l’autre jour ? Non, Alex ne lui avait même pas adressé un seul reproche...
Valérian, partagé entre larmes et colère, se retrouva à court de mots. Comment Alex pouvait-il lui annoncer cela avec autant de calme et de détachement ?
— Pardon, dit Alex.
Valérian se dégagea de l’emprise de son ex petit ami, et les bras d’Alex retombèrent le long de son corps.
— Je ne crois pas que je pourrai rester ami avec toi.
Parce qu’il était trop amoureux pour cela. Parce qu’Alex venait de briser son coeur en mille morceaux.
— Je vais y aller, continua-t-il, une main crispée sur son pendentif arc-en-ciel.
— Je vais te raccompagner. Tu n’es pas dans ton état habituel.
Alex et ses fichues manières de gentleman… Ne se rendait-il pas compte à quel point il lui causait du chagrin ?
— Hors de question !
— Mais… commença Alex en faisant un pas dans sa direction.
— Ne t’approche pas plus !
Valérian tourna les talons. Il fallait qu’il prenne ses distances avec Alex, ses muscles ridicules et ses stupides yeux bleus, avant de fondre en larmes devant lui.

lundi 29 mars 2021

L'androïde amoureux - 45

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L’arrivée de sa sœur avait entraîné le départ d’Alex, non que Valérian ne puisse l’en blâmer parce qu’elle avait été glaciale avec lui. Au moins, ils s’étaient entendus pour se voir durant le week-end, même s’ils n’avaient pas encore décidé où et quand précisément.
Valérian avait toujours les jambes faibles après la façon dont Alex l’avait aspiré dans sa bouche. Cela avait été incroyable. Alex n’avait apparemment aucun gag réflexe !
A côté, Valérian s’était vraiment mal débrouillé. Alex n’avait même pas joui. Il n’avait d’ailleurs pas paru excité par la perspective d’une fellation Peut-être qu’être sucé, ce n’était pas son truc ? La prochaine fois, ils pourraient essayer autre chose. Valérian voulait explorer le corps d’Alex et espérait que la réciproque était vraie. La façon dont Alex l’avait englouti… Valérian n’était pas sûr de s’en remettre. Il avait vraiment de la chance d’avoir un petit ami aussi formidable. Il en venait presque à se demander ce qu’Alex lui trouvait. Il n’avait rien de spécial, lui, si ce n’est son petit talent pour créer des bijoux.
Quand Alex lui téléphona le lendemain pour l’inviter chez lui, Valérian n’hésita pas à accepter. Même s’il savait à quoi s’en tenir avec ce menteur de Jason, il était curieux de faire la connaissance avec le père d’Alex.
Ce dernier se révéla accueillant, presque trop, le regardant derrière le verre de ses lunettes avec une insistance dérangeante.
Alex, en présence de son père, était beaucoup plus réservé, ce qui était somme toute normal, mais entre ça et la mine maussade affichée par Jason, cela n’aidait pas Valérian à se sentir à l’aise.
Le comble de l’inconfort fut atteint quand le père insista pour que Jason l’accompagne faire des courses.
— Je suis sûr que vous saurez vous occuper pendant notre absence, conclut-il d’un air entendu tandis que Jason le suivait en maugréant.
Non, sûrement, Valérian se trompait, le père de son petit ami ne venait pas de suggérer qu’ils profitent de la maison vide pour faire des trucs sexuels. C’est lui qui s’imaginait des choses parce qu’il n’arrêtait pas de penser au magnifique pénis d’Alex et sa bouche chaude enserrant son membre.
Une fois qu’ils furent seuls, Alex le conduisit dans sa chambre. Peut-être parce qu’il venait d’emménager, elle ne semblait pas vraiment habitée. Le lit était tiré à quatre épingles et il y avait juste des livres de cours dans l’étagère près du bureau et une photo de famille où Alex ne figurait pas sur la table de chevet.

vendredi 26 mars 2021

L'androïde amoureux - 44

Alex savait qu’il devait maintenant abaisser les paupières, et se contenter de l’audio et des informations que lui transmettraient ses capteurs sensoriels.
— Tu n’es pas… commença Val, mais il s’interrompit et tendit la langue.
Alex ferma les yeux.
Les attentions que prodigua Val à son pénis provoquèrent une érection.
Val le lécha pendant 9 minutes et 43 secondes avant de s’arrêter.
— Je…
Il y avait une note de détresse dans la voix de Val.
Alex rouvrit les yeux et reconnut de l’inquiétude et de l’inconfort sur les traits de son amoureux.
— A mon tour, déclara-t-il.
— Mais je n’ai pas réussi à te faire jouir... souffla Val.
Ce qui n’était pas sa faute. Alex était programmé pour donner du plaisir, pas en prendre. Il était supposé pouvoir éjaculer, mais l’orgasme de son ou sa partenaire primait. Tout cela, il n’était cependant pas autorisé à l’expliquer, aussi aida-t-il Val à se relever, et il abaissa ses habits en douceur, paupières mi-closes, ne pouvant se résoudre à les clore complètement, parce qu’il avait… envie de lire le plaisir sur son visage.
Il libéra le pénis engorgé de Val et l’enfourna jusqu’à ce que ses lèvres entrent en contact avec ses poils pubiens.
Val gémit de plus en en plus fort, ses hanches tressautant.
— Oh, Alex… Alex !
Le pénis de Val pulsa et Alex avala tout son sperme. Ensuite, il se redressa et réajusta les habits de Val, puis les siens.
— Tu… murmura Val, jambes tremblantes.
Sa faculté langagière et sa fonction motrice étaient à priori endommagées. Alex le fit s’asseoir sur le lit.
— C’était comme dans un porno, parvint finalement déclarer Val. Non que j’en ai vu beaucoup, précisa-t-il avec embarras. Je ne pensais pas que c’était vraiment possible de faire ça. Moi, à côté, je suis tout, sauf doué… continua-t-il. Je m’entraînerai ! s’écria-t-il.
Alex l’embrassa longuement jusqu’à ce que Val s’écarte, le souffle court.
Peut-être qu’Alex devrait également fixer une limite maximale à la durée de leurs baisers, même quand ils étaient seuls. Respirer était une fonction vitale pour les humains et à priori, être bouche contre bouche conduisait à manquer d’air. Pour contourner cela, marquer une pause dans le baiser semblait constituer une bonne solution.
Des bruits se firent entendre dans le bas de la maison, repoussant le moment de tester.

jeudi 25 mars 2021

L'androïde amoureux - 43

                                                ###
Alex était tombé en panne. Ni son père ni Jason ne lui avaient fourni d’explications. Alex savait juste qu’il avait une batterie toute neuve d’une nouvelle marque, qu’il avait perdu quinze minutes de données non essentielles et avait été inactif durant 48 heures.
Son père ne l’avait autorisé à retourner au lycée qu’après s’être assuré qu’il fonctionnait parfaitement.
Alex n’avait en conséquence retrouvé Val que 24 heures plus tard et reçu deux fois plus de baisers que d’habitude. La journée avait été autrement banale, à moins de compter l’attaque des cinq garçons. Alex avait réussi à se débarrasser d’eux en testant la limite des règles qu’il était obligé de suivre. Les êtres humains manquaient de logique, mais il leur avait inspiré de la peur, peur qui devrait les obliger à réfléchir avant de s’en reprendre à lui ou Val qui avait, pour l’heure, l’air nerveux.
Il n’avait pourtant aucune raison de l’être. Ils étaient tranquilles, seuls dans sa chambre.
— Ah… Je n’ai pas exactement planifié les choses… déclara Val en passant la main dans ses courts cheveux noirs. C’est plus facile dans le feu de l’action, ça coule de source, ajouta-t-il.
Cette dernière phrase était incompréhensible. Tout ce que savait Alex, c’est que Val n’avait pas besoin d’être gêné de quoi que ce soit avec lui.
Il l’enlaça.
Val se blottit contre lui, puis se mit sur la pointe des pieds pour lui donner un baiser avant de lui glisser à l’oreille :
— On pourrait faire plus que s’embrasser aujourd’hui.
Il accompagna sa proposition en effleurant la braguette du pantalon d’Alex.
— Comme quoi ?
Déduire qu’il s’agissait de quelque chose de sexuel n’était pas dur, mais les options étaient trop nombreuses pour qu’il sache ce que souhaitait Val.
— J’ai pensé à te sucer, lâcha Val d’une voix voilée.
— Quelle partie du corps ? demanda Alex.
Val pouffa et la tension visible qui l’habitait jusque là disparut.
— Toi alors ! Si tu n’existais pas, il faudrait t’inventer.
Ce qui s’était produit. Mais Alex n’avait pas le droit de le dire, de révéler qu’il était une machine qui n’avait pas de moyen de préserver l’intimité de Val de son père…
Hormis fermer les yeux. Son créateur n’aurait dans ce cas qu’accès à l’audio.
Val s’agenouilla, ouvrit le jeans d’Alex et tira dessus ainsi que sur son caleçon, les faisant descendre sur ses cuisses. Il regarda le pénis d’Alex et s’humecta les lèvres.

mercredi 24 mars 2021

L'androïde amoureux - 42

Quand ils s’élancèrent finalement tous les trois vers lui dans un assaut vaguement coordonné, Alex envoya avec force dans leur direction Paul et son copain. Ils entrèrent en collision les uns avec les autres, manquant de se retrouver tous par terre.
— Vous avez intérêt à rester à au moins 1 mètre de nous, à partir de maintenant, parce que je suis plus fort que vous, annonça Alex.
Il ponctua son propos en flanquant un coup de poing dans l’arbre derrière eux.
L’écorce craqua et un morceau de bois se détacha du tronc.
Valérian écarquilla les yeux. Alex devait pratiquer un sport de combat ou les arts martiaux, ce n’était pas possible autrement.
Cette ultime démonstration eut l’effet escompté et les cinq garçons préfèrent les laisser.
— Ça va ? lui demanda aussitôt Alex.
— C’est plutôt moi qui devrait te poser la question, répliqua Valérian en attrapant la main d’Alex qui avait boxé l’arbre.
Elle ne présentait pas l’ombre d’une écorchure. Une écharde y était en revanche fichée. Valérian la retira délicatement tandis qu’Alex restait stoïque.
Il était vraiment impressionnant.
— Je me sens pathétique, avoua Valérian. Tu dois toujours me protéger.
— Ce sont eux, les minables. Ils s’en prennent à toi en groupe. Ils n’utilisent pas ton prénom et t’insultent.
— Oui, ma sexualité comme ma couleur de peau les dérange…
— Je ne vois pas pourquoi. Tu es parfait comme tu es.
Valérian fondit et déposa un baiser sur ses doigts. Alex, lui, était tout bonnement extraordinaire.
— Tu me raccompagnes ce soir ?
Valérian avait envie d’être seul Alex pour l’embrasser à perdre haleine, et même plus… Il ne voulait plus attendre davantage.
— Bien sûr, assura Alex.
— Nous pourrions même passer un moment ensemble vu que demain c’est le week-end ?
Alex hocha la tête avec un sourire. C’était quelque chose de rare chez lui et le cœur de Valérian s’emballa. Il aurait bien voulu que la journée de cours soit déjà terminée.

mardi 23 mars 2021

L'androïde amoureux - 41

— Comme on se retrouve… dit le blond qui lui avait fourré la tête dans la cuvette des toilettes.
Valérian frissonna. Il ne se souvenait que trop de la manière dont il l’avait maintenu. Il aurait bien pris la fuite avec Alex, mais cette bande de lâches étaient cinq et ils étaient pour ainsi dire encerclés.
— On a une revanche à prendre… dit l’autre garçon qui l’avait accusé de s’intéresser à ses parties génitales, tout en frappant un poing dans le plat de sa main.
— Et plus on est de fou, plus on rit, enchérit Paul.
Ses copains ricanèrent comme les idiots qu’ils étaient.
Alex allait regretter d’être sorti avec Valérian. Ou pas. Il semblait être parfaitement calme face à la bande malveillante qui les entourait.
— Vous vous êtes blessés la dernière fois que vous vous êtes attaqués à moi, déclara soudain Alex en pointant le blond du doigt.
— N’importe quoi, grommela ce dernier.
— On est cinq, et au cas où t’as pas remarqué, et toi, t’es tout seul, parce que Valérie ne compte pas, c’est une vraie chochotte.
C’était blessant, sans doute parce qu’il y avait un fond de vérité dedans. Valérian agrippa son pendentif arc-en-ciel. Il avait le droit de ne pas aimer la bagarre.
— Val n’est pas le moins du monde prétentieux. Vous, par contre… rétorqua Alex.
Paul leva le poing pour le frapper et fut aussitôt bloqué.
Un de ses potes l’assaillit également, et Alex le coinça tout pareil, d’une seule main.
— Et maintenant, comment tu vas faire ? s’enquit le grand blond goguenard avant de se précipiter pour Alex.
Valérian voulut s’interposer, mais Alex fut plus rapide et repoussa son troisième attaquant du pied, sans pour autant relâcher Paul et son pote qui ne parvenaient de toute évidence pas à se libérer de son emprise.
Les deux autres garçons se jetèrent sur Alex sans plus de succès.
— Libère-nous, merde ! s’écria Paul.
— Je n’ai aucune intention de vous faire du mal. C’est vous qui avez commencé, riposta Alex.
Les trois garçons qu’Alex avait réussi à garder à distance avec un jeu de jambes digne d’un combattant de jeu de vidéo, paraissaient hésiter à revenir à la charge.
En même temps, il était visible qu’Alex n’était pas le moins du monde essoufflé par toutes les acrobaties qu’il venait d’accomplir et qu’il tenait sans effort Paul et son pote.

lundi 22 mars 2021

L'androïde amoureux - 40

Trop content de le revoir après ses trois longs jours sans lui, Valérian oublia qu’ils étaient au lycée, se précipita vers lui et l’embrassa longuement.
Des bruits de vomissements aussi faux qu’exagérés le rappelèrent hélas à la réalité. Ils avaient du public et, dans le lot, des homophobes.
— Mince, murmura-t-il, en s’écartant.
— C’était plus que 1.02 secondes, fit remarquer Alex, mais il ne semblait pas le moins du tout contrarié par l’accueil que lui avait fait Valérian.
— Tu vas bien ? Tu es complètement guéri ?
— Oui.
Valérian attendit qu’il développe, mais n’obtint rien de plus. Indépendamment de sa tendance à jouer avec les mots et à se montrer ultra précis dans les chiffres, Alex n’était pas un grand bavard. Il savait écouter les autres. Valérian aimait aussi cela chez lui.
— Tu as dû aller chez le docteur ?
— Non… Mon père s’est occupé de moi.
Ce qui signifiait que ce n’avait pas dû être trop grave, car si Valérian avait bien suivi, le père d’Alex et Jason était ingénieur et non médecin.
— Tu m’as manqué.
Valérian n’eut pas le « moi aussi » qu’il attendait en retour, mais le bref baiser qu’il reçut l’en consola largement.
Il regretta juste que Paul et ses copains croient bon d’exprimer une nouvelle fois leur dégoûts. Tout ça parce qu’ils étaient du même sexe…
Quand c’était un garçon et une fille qui se roulaient une pelle dans les couloirs ou durant la récréation, pas l’ombre d’un commentaire de personne, quand bien même c’était parfois inconfortable quand c’était trop approfondi, mais là, pour un petit bisou - qui avait certes été un peu plus poussé que cela la première fois - ils en prenaient pour leur grade. C’était injuste.
Ils n’eurent hélas guère le temps de se parler plus. C’était l’heure de se rendre en cours.
Quand la récréation arriva, Valérian attira Alex dans un coin tranquille, en partie à l’abri des regards entre un arbre et un buisson touffu. Il voulait passer du temps en tête-à-tête sans s’inquiéter du reste du monde. Ce qu’il n’avait pas réalisé en faisant ce choix, c’est que c’était aussi idéal pour les gens désireux de les embêter.
Occupé à discuter avec Alex du nouveau bijou qu’il était en train de créer, il ne vit pas Paul et ses potes approcher et encore moins les deux élèves dont l’avaient sauvé Alex le jour de la rentrée.

vendredi 19 mars 2021

L'androïde amoureux - 39

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Alex était absent.
Valérian lui avait envoyé un texto, mais n’avait pas reçu de réponse. Il finit par se résigner à aborder Jason pour prendre de ses nouvelles.
— Ah… Il n’est pas dans son assiette aujourd’hui, mais il devrait revenir d’ici la fin de la semaine.
Sur ce coup, Jason n’avait pas raison de lui mentir, mais Valérian ne put s’empêcher d’avoir l’impression qu’il lui cachait quelque chose et cela ne lui plaisait pas du tout.
Même malade, Alex aurait pu lui écrire un message, non ? Excepté qu’il ne semblait pas apprécier plus que ça communiquer par ce biais.
Valérian préféra ne pas interroger plus avant Jason. Il ne voulait pas passer plus de temps que nécessaire en sa compagnie. Il n’avait pas digéré le sale tour que Jason leur avait joué. Même s’il avait décidé de ne pas lui sortir ses quatre vérités, ce n’était pas pour autant qu’il lui avait pardonné.
Évidemment, il fallut que Paul et ses potes profitent de l’absence d’Alex pour venir l’embêter. Ils étaient lourds. Et, quoi que Valérian dise ou fasse, ils revenaient toujours à la charge… Il avait pris l’habitude de laisser passer l’orage, mais n’en était pas fier.
— Alors, Valérie, il est où ton petit copain ?
Il était au lit. Fiévreux, malade et probablement sexy quand même…
— Tu verrais ta tête, t’es dégoûtant…
Personne ne les obligeait à le regarder et encore moins à lui parler.
Valérian continua à garder  silence et Paul le bouscula.
— Tu n’es pas fun du tout…
C’était le but recherché, parce que, comme ça, ils iraient voir ailleurs pour s’amuser.
C’est effectivement ce qu’ils firent, mais après avoir sorti un nombre conséquent de réflexions désagréables sous-entendant entre autres qu’Alex avait séché, car il ne supportait plus de le voir.
Même en étant convaincu que c’était faux, cela restait pénible à entendre.
Et ce n’est pas le « je me soigne » fort sobre qu’il réceptionna en fin de journée qui le réconforta.
Il résista à l’envie de faire un détour par chez Alex. Cela ne se faisait pas les visites surprises, et il pouvait difficilement prétexter lui apporter ses notes de cours puisque Jason pouvait lui transmettre les siennes.
Il dut attendre le vendredi pour revoir Alex qui revint en pleine forme sans l’ombre d’une cerne ou d’un nez rouge. Il avait un petit côté surhumain.

jeudi 18 mars 2021

L'androïde amoureux - 38

— Je… Je sais que le passé est le passé, que je n’avais pas à te poser la question, mais je n’ai pas aimé entendre que tu étais sorti avec plein de gens, déclara Val, yeux perdus dans le lointain. Ça me donne l’impression de ne pas vraiment compter pour toi…
A moins que la mémoire d’Alex ait été altérée d’une quelconque façon, il n’avait pas eu cette conversation avec Val.
— Je n’ai été en couple avec personne d’autre que toi.
Val le regarda enfin, ses yeux marrons écarquillés de surprise.
— L’autre soir, ce n’est pas ce que tu m’as écrit…
Alex n’avait envoyé aucun message et il le dit. Val s’empressa de récupérer son mobile dans son sac à dos et lui montra les textos.
— Ce n’était pas moi.
— Je vais massacrer ton frère ! s’écria Val.
Les humains pouvaient être violent dans l’expression de leur colère. Selon toute probabilité, Val n’avait pas vraiment l’intention d’aller jusque là, mais...
— Je serai dans l’obligation de t’en empêcher.
— Il a utilisé ton mobile sans ton autorisation, il s’est fait passé pour toi… Tu n’es pas fâché contre lui, toi ?
— Non.
Les émotions humaines n’étaient pas dans ses capacités, mais elles constituaient un objet d’étude… fascinant.
— Je suppose que je ferais mieux de prendre exemple sur toi… La confrontation est sans doute inutile, mais quand même, je me demande pourquoi ton frère cherche à nous séparer comme ça… Quand je pense que je me suis fait avoir ! Que j’ai été affreux avec toi ce matin !
— Tu étais aussi beau que les autres jours, lui assura-t-il.
Val parut déconcerté un instant, puis il lui sourit. Finalement.
Après s’être assuré qu’il n’y avait plus personne autour d’eux afin de pouvoir dépasser la durée de 1.02, Alex embrassa Val.
Entendant des bruits de pas qui approchaient, il ne put pas prolonger le baiser très longtemps, mais Val et lui étaient réconciliés et ils rendirent main dans la main au réfectoire.
Au bout du compte, Val ne fit aucun reproche à Jason. C’est leur père qui s’énerva contre lui après avoir visionné la mémoire d’Alex.
— Qu’est-ce tu fabriques à la fin ? Pourquoi nuis-tu à l’expérience ?
— Ce n’est pas correct vis-à-vis de Valérian, s’insurgea Jason.
Le ton monta.
Alex ne trouva pas le bon moment pour intervenir et apaiser les choses. Jason n’avait nullement endommagé sa relation avec Val.
— Il ne mérite pas ça, être avec une machine qui ne peut lui retourner ses sentiments ! clama Jason avec force.
Alex bloqua sur ces mots. Tout devint noir.

mercredi 17 mars 2021

L'androïde amoureux - 37

                                                   ###
Quelque chose n’allait pas avec Val en ce lundi matin.
1. Il avait détourné la tête quand Alex s’était penché pour l’embrasser, si bien que ses lèvres s’étaient pressées contre sa joue et non sa bouche, comme calculé.
2. Il n’avait pas souri, pas une seule fois.
3. Il ne l’avait pas non plus regardé dans les yeux.
4. C’était la récréation du matin et il avait laissé Alex seul, invoquant l’envie de discuter avec son amie Amandine et il n’avait pas voulu qu’Alex vienne avec lui, alors que techniquement, rien ne s’y opposait.
Jason s’approcha et l’aborda d’un pas bondissant :
— Alors, ton petit ami t’a plaqué ?
Cela faisait onze fois que des humains faisaient référence à Val en utilisant les mots « petit » et « ami », il avait cru à un erreur, mais il fallait de toute évidence en déduire que les deux mots   ensemble était l’équivalent d’amoureux. Il enregistra l’information.
— Val ne m’a collé à aucune surface.
C’était plutôt Alex qui l’avait tenu contre lui l’autre jour. Val s’était frotté à lui, eu une érection et Alex y avait réagi, comme il avait été programmé pour.
— Ce n’est pas ce que je voulais dire ! s’exclama Jason en levant les yeux au ciel.
C’était un signe d’irritation chez les humains que Jason pratiquait souvent quand il parlait avec lui.
Alex n’avait pas encore réussi à compiler assez de données pour comprendre pourquoi il énervait Jason.
Et son frère avait refusé de lui dire quand il lui avait demandé.
— Quel était le sens de ta phrase ?
Jason fourra les mains dans ses poches.
— Comment formuler les choses pour que tu n’interprètes pas tout de travers…, marmonna-t-il. Es-tu à nouveau célibataire ?
— Non.
Mais si Jason posait la question, alors cela impliquait que c’était une possibilité.
La cloche sonna et ils retournèrent en classe. Alex ne put s’installer à côté de Val, comme il en avait pris l’habitude, ce dernier s’était assis à la table de quelqu’un d’autre.
Alex écouta le cours et prit des notes dont il n’avait pas besoin tout en gardant Val dans son champ de vision.
Quand le cours de français s’acheva, il rangea ses affaires et attendit Val dans le couloir.
— Qu’est-ce qui ne va pas ? demanda-t-il, à peine l’adolescent noir fut sorti de la salle.
Val soupira et se mit à tourner son pendentif arc-en-ciel entre ses doigts.
— Nous devons nous rendre au réfectoire et manger.
Se nourrir était essentiel pour les humains. Alex   aurait dû acquiescer. Il ne put s’y résoudre.
— Dès que tu m’auras dit ce qui ne va pas.

mardi 16 mars 2021

L'androïde amoureux - 36

                                                         ###
Jason était plus triste que furieux. Bien que l’androïde soit enfin en état de marche, il était toujours la priorité de son père et cette stupide machine ne se rendait même pas compte de sa chance. Jason aurait donné cher pour avoir le quart de l’attention de son père.
A défaut de la compagnie de ce dernier, il aurait bien aimé qu’Alex vienne avec lui, mais l’androïde n’avait pas pipé mot.
Jason aurait bien aimé savoir comment s’était passé son rendez-vous avec Valérian, mais en même temps, n’avait pas voulu jouer le voyeur. Il avait compté utiliser la bonne vieille méthode qui consistait à bavarder.
Il entendit le bruit d’un téléphone vibrer. Ce n’était pas le sien. Mais cela pouvait-être celui de son père ou celui d’Alex qui n’en avait un que pour donner le change, car en vérité, il n’en avait pas besoin. Il en avait un d’intégré en lui. Il trouva le mobile dans la poche de la veste d’Alex abandonnée dans l’entrée, le sortit et le déverrouilla.
Valérian avait envoyé un texto. La curiosité de Jason eut raison de lui.
« Tu es bien rentré ? »
C’était ridicule. Et apparemment Valérian le pensait aussi, car un second message arriva :
« Tu dois me trouver bête, mais après ton espèce de malaise... »
Jason allait devoir se renseigner, mais ce ne devait pas être grave, sinon, son père lui aurait dit quelque chose.
Il décida de rassurer Valérian.
« Je suis chez moi et en forme. »
Il pensait que la conversation allait s’arrêter là, que Valérian allait se contenter de souhaiter à Alex une bonne soirée ou quelque chose dans ce goût-là, mais ce fut tout autre chose qui apparut à l’écran :
« Je me demandais… Avant moi, tu es déjà sorti avec quelqu’un, fille ou garçon ? »
Sûrement, cela ne ferait pas plaisir à Valérian s’il apprenait qu’Alex était un Don Juan. C’était une occasion en or pour les pousser à rompre.
« Oui, plusieurs personnes. »
Quelques minutes s’écoulèrent au point que Jason se demande si Valérian ne réagirait pas.
« Tu as couché avec ces personnes ? »
Deux choses l’une, soit Jason continuait à prétendre qu’Alex était impuissant, soit il changeait de tactique. Il hésita. Valérian ne l’avait de toute manière pas cru, ou du moins n’avait pas paru y accorder d’importance, le mieux était donc encore de renforcer l’idée qu’il n’était qu’un numéro dans une longue liste de conquêtes.
« Oui, bien sûr. »
Valérian ne répondit pas.
Victoire ! songea Jason, en effaçant avec soin toute trace de leur échange.

lundi 15 mars 2021

L'androïde amoureux - 35

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La batterie d’Alex tomba à plat son retour. Se brancher pendant dix-sept minutes dans la chambre d’Alex lui avait permis de la recharger, mais de façon insuffisante.
Dans l’atelier de la cave, son père s’énerva en découvrant comment il avait failli tomber en panne.
— N’étais-tu pas supposé me contacter par le biais de ton téléphone interne avant que ta batterie soit à plat ?! Si ton petit ami ou ses parents avaient poussé la porte au mauvais moment, ils auraient vu que tu n’étais pas humain. C’est bien que tu sois intervenu pour sauver ce stupide petit garçon, mais là aussi, tu as mis ton secret en danger, manquant de gâcher mon expérience.
Alex ne répondit pas. Il avait en effet réussi à contourner les règles, ce qui était une information utile pour l’avenir.
Son père se calma de lui-même.
— Enfin, tout est bien qui finit bien… Ton chaud lapin de petit ami a permis de confirmer que le travail que j’ai effectué pour que tu puisses être performant sexuellement fonctionne. J’ai hâte d’en voir davantage.
Ce qui revenait à violer l’intimité de Valérian. Alex devait trouver une solution pour empêcher cela.
Comme il était inutile de le corriger sur ce point, Alex releva les autres points problématiques.
— Valérian n’est pas un lapin, mais un humain, et ce n’est pas mon petit ami, mais mon amoureux.
Son père leva les yeux au plafond.
— Ah ! Tais-toi ! Il faut que je regarde comment faire pour que tu prennes pas les choses de façon si littérale. Pour le moment, les gens croient que tu plaisantes, mais ce n’est pas très naturel...
Ce qui était logique dans la mesure où Alex était une machine qui avait été fabriquée avec des matériaux transformés. Cependant, contraint au silence, il fut dans l’incapacité d’émettre cette remarque.
Il regarda son père pianoter à toute vitesse sur les touches de l’ordinateur.
Même quand Jason appela à table, son créateur, absorbé par ses recherches ne réagit pas.
Son frère descendit alors et essaya d’engager la conversation, sans guère de succès.
— Mange donc tout seul, Jason. La science n’attend pas ! finit par grommeler leur père.
— Alex ne peut-il pas me tenir compagnie et me raconter son rendez-vous ?
— J’ai besoin de lui à terme, pour des tests.
— Je pourrais redescendre t’aider ? s’enquit Jason.
Leur père hocha distraitement la tête. Il négligeait Jason. Ce n’était pas positif.
Alex était toujours sous le coup de l’interdiction de parler, mais il y avait d’autres moyens de communiquer. Il localisa un papier et un stylo et écrivit un message pour encourager son père à aller manger pendant que Jason remontait à pas lourds à l’étage.
 

vendredi 12 mars 2021

L'androïde amoureux - 34

Valérian s’installa tout contre Alex et posa en douceur  la tête sur son épaule.
— Je t’aime, déclara-t-il.
C’est vrai qu’ils ne se connaissaient pas depuis très longtemps, mais il était bel et bien mordu. Alex se pencha et captura ses lèvres dans un interminable baiser.
Valérian, la tête légère, se laissa basculer en arrière sur le matelas.
Alex accompagna le mouvement, sans cesser de l’embrasser, le recouvrant de son corps ferme. Le pénis de Valérian s’allongea et durcit. Ses hanches tressautèrent involontairement, et il se frotta contre Alex qu’il sentit réagir. Lui aussi avait à son tour une érection, preuve que Jason avait menti.
Alex se détacha de sa bouche.
Valérian prit une goulée d’air bienvenue.
Il était dommage que ses parents soient en bas, à attendre. Et en même temps, c’était aussi bien, ce n’était que leur premier rendez-vous et ils avaient été tous les deux secoués.
— On ferait mieux de descendre.
Alex se releva et, galant comme toujours, lui tendit la main pour l’aider à faire de même.
— Enfin, dans une minute, ajouta Valérian.
Non, parce que là, leur excitation mutuelle était visible, songea Valérian, en ne pouvant s’empêcher de lorgner l’entrejambe d’Alex, ce qui n’arrangeait en rien la rigidité de son sexe.
— 60 secondes se sont écoulées, l’informa soudain Alex.
Valérian s’ébroua.
— Vraiment ? dit-il.
La manie qu’avait Alex d’utiliser des chiffres ultra-précis comme s’il avait avalé une montre ou un GPS, ne manquait jamais de l’amuser.
— Oui. On y va ?
— Dans cet état ?
Valérian pointa le tissu tendu de leurs pantalons.
— Tu veux que je m’occupe de ton pénis ? demanda Alex.
C’était aussi cru qu’inattendu. Et tout à coup, Valérian réalisa qu’il ne savait rien du passé amoureux d’Alex, à quel point il était expérimenté ou non… Alex était peut-être sorti avec plein de monde avant lui et d’ailleurs, il avait évité de répondre à sa déclaration d’amour  avec son baiser à rallonge.
Ses pensées furent l’équivalent d’une douche froide.
Il y eut un coup à la porte qui s’entrebâilla sur sa sœur.
— Alors, ton petit ami va mieux ?
Valérian acquiesça. C’est lui qui commençait à se sentir mal.
— Je suis son amoureux, annonça Alex.
Ça sortait de nulle part, mais c’était réconfortant.
— Oui, je suis au courant, grommela sa sœur.
Peut-être qu’Alex avait déjà été en couple à plusieurs reprises, peut-être qu’il ne l’aimait pas encore vraiment, mais il était pour l’heure avec lui.
Valérian put finalement faire les présentations dans les règles.
Alex se montra d’une politesse sans faille. Ses parents aussi, sa sœur, pas vraiment. Elle l’avait à priori pris en grippe.
Au bout d’un petit moment, Alex, après avoir assuré qu’il était assez en forme pour rentrer seul, prit congé. Cela n’avait pas été leur plan initial, mais Valérian comprenait bien qu'il ne s’attarde pas.
Ses parents le félicitèrent pour son petit ami bien élevé, mais sa sœur, elle, se montra critique :
— Il est bizarre ton copain.
— Peut-être, mais il n’en est pas moins génial, riposta Valérian.

jeudi 11 mars 2021

L'androïde amoureux - 33

Alex étant mal en point, au lieu de faire les présentations, Valérian expliqua vite fait, mal fait ce qui s’était passé à ses parents et sa sœur qui l’aida à installer Alex sur le lit dans sa chambre.
Sa mère ramena un verre d’eau et un morceau de sucre.
— Mer-ci, répondit Alex avant de boire quelques gorgées et de manger.
Il ne paraissait pas plus pâle que d’habitude, mais ses mouvements étaient ralentis. Le contre-coup du sauvetage.
Valérian se sentait parfaitement inutile.
— Je pourrais le ramener chez lui, en voiture, proposa son père.
— Après s’être reposé, il ira mieux, assura Valérian, parce que c’est ce qu’il espérait.
— Il a sauvé un enfant, c’est ça ? demanda sa sœur.
Valérian, répondant aux différentes questions de sa famille, raconta à nouveau la manière dont le garçon avait échappé à sa mère et sauté sur la route et comment Alex lui avait couru après, le mettant in extremis hors de danger.
Sa sœur semblait incrédule.
— Pourriez-vous me laisser seul un petit moment ? demanda Alex.
— Oui, bien sûr, tu dois avoir besoin de calme, dit sa mère, les poussant vers la porte, Valérian compris, malgré ses protestations.
— Il se prend pour qui, celui-là ? grommela sa sœur dans le couloir. Nous sommes chez nous.
C’est sûr que comme première impression, on pouvait mieux faire. Elle ne voyait pas Alex sous son meilleur jour.
Valérian essaya de le défendre, mais elle l’interrompit :
— Tu as dressé un portrait super flatteur de lui, mais il n’a rien de spécial.
— Allons, ma chérie, tu devrais prendre en compte les circonstances, intervint leur mère.
— Il faut être un idiot pour se jeter sous les roues d’une voiture.
— Même pour sauver un enfant ? s’insurgea Valérian.
— Ne vous disputez pas, coupa leur père. Descendons plutôt.
— Je préfère rester à l’étage. Je veux pouvoir entendre Alex.
— Tu devrais le laisser se reposer tranquille.
Au final, Valérian fut contraire de suivre le mouvement, mais il n’écouta que distraitement la conversation et il retourna dans sa chambre, une fois que vingt longues minutes se furent écoulées.
Alex était assis sur le lit.
— Tu te sens mieux ? demanda Valérian en se précipitant vers lui.
— Oui, affirma Alex. Je vais présenter mes excuses à tes parents et sa sœur, ajouta-t-il en se levant.
— Non, c’est bon, ne t’inquiète pas. Il n’y a pas d’urgence.

mercredi 10 mars 2021

L'androïde amoureux - 32

— Pas nerveux à l’idée de rencontrer ma famille ?
— Non.
Valérian, lui, l’était. Il voulait que ses parents comme sa sœur apprécient Alex. Son premier vrai petit ami, son héros, son gentleman qui était en train de se faire mouiller l’épaule afin que Valérian soit complètement à l’abri sous le parapluie. Il était vraiment attentionné.
— Colle-toi donc à moi, autrement tu vas être trempé comme une soupe.
— Je suis loin de l’état liquide, répondit Alex en se rapprochant malgré tout de lui.
Valérian ne résista pas et se mettant sur la pointe des pieds, l’embrassa, savourant la douceur de ses lèvres, avant de fourrer son nez dans le cou d’Alex.
Se montrer aussi démonstratif en public n’était sans doute pas une bonne idée, surtout après avoir fait la leçon d’Alex un peu plus tôt quand ils étaient devant le cinéma, mais quand Valérian repensait à la manière dont Alex s’était élancé sur la route pour sauver l’enfant, comment la voiture était passée juste derrière eux, il avait besoin de le toucher et de le sentir. Alex possédait un parfum vanillé réconfortant qui lui rappelait de façon curieuse, celui d’un jouet de son enfance.
— Val ?
La voix d’Alex était éraillée.
— Désolé. Tu aurais pu terminer à l’hôpital…
— Non… Oui… Je vais devoir rentrer chez moi, finalement.
— Maintenant ?
— Je… J’ai une baisse d’énergie.
Il devait vouloir dire de tension. C’était le signe qu’Alex avait été plus remué par l’incident qu’il ne l’avait laissé paraître.
— Nous ne sommes qu’à deux pas de chez moi. Tu pourras t’allonger dans ma chambre et manger un truc.
— Je serais mieux chez moi, dit Alex lentement.
— Alors, je te raccompagne.
Alex vacilla légèrement sur ses pieds. Valérian lui apporta aussitôt son soutien.
— Appuie-toi sur moi, l’encouragea-t-il.
— Non, je suis lourd.
Sûrement, Alex exagérait, songea Valérian, avant de réaliser, quelques mètres plus loin, que non, pas du tout ! Alex pesait son poids et le mieux était donc encore d’aller chez lui. C’était plus près.