vendredi 30 octobre 2015

Couverture de L'Auberge des 7 nains

L'auberge des 7 nains, réécriture de Blanche Neige sera l'avant-dernier conte moderne avec pour héros principaux Albin et Valérian.

jeudi 29 octobre 2015

Couverture de Coma

Coma (réécriture du Beau au bois dormant) sera le prochain conte à être prépublié sur le blog après Danse sur un pied (qui revient le 5 novembre)

mercredi 28 octobre 2015

Couverture de Danse sur un pied

Danse sur pied (réécriture du Stoïque Soldat de plomb) n'a fait que commencer sur le blog (Contes Modernes épisode 153) et reprendra le 5 novembre.
Nous avons le point de vue de Dan, et c'est donc celui de Clowis qui devrait figurer en bonus dans le livre.

mardi 27 octobre 2015

Couverture de Loup des neiges

Loup des neiges (réécriture du Petit Chaperon Rouge) a été publié dans son intégralité sur le blog et débute ici. (Contes Modernes épisodes 132-152)
Nous avons le point de vue de Carmin et donc, c'est celui de Lou qui devrait figurer en bonus dans le livre.

lundi 26 octobre 2015

Couverture de Bonbon encré

Bonbon encré (réécriture de Hansel et Gretel) a été publié dans son intégralité sur le blog et débute ici (Contes Modernes épisodes 102-131)
Nous avons le point de vue de Cole Sorière, l'écrivain amateur de sucreries et c'est donc celui de Hans qui devrait figurer en bonus dans le livre.

vendredi 23 octobre 2015

Couverture de Brûlure

Brûlure (réécriture de La belle et la bête) a été publié dans son intégralité sur le blog et débute ici (Contes Modernes épisodes 65-101)
Nous avons le point de vue du beau Cain, et donc, c'est celui de notre bête, Angel, qui devrait figurer en bonus dans le livre.

Pour rappel : la suite de Danse sur un pied sera publiée le 5 novembre 2015.

jeudi 22 octobre 2015

Couverture de Sauvetage Silencieux

Un Sauvetage Silencieux (réécriture de La petite Sirène) a été publié dans son intégralité sur le blog et débute ici  (Contes Modernes épisodes 38 à 64)
Comme c'est le point de vue de Jim qui est disponible, c'est celui d'Ariel, notre muet maître-nageur qui devrait figurer en bonus dans le livre.

mercredi 21 octobre 2015

Pause écriture, sondage & couvertures

Ci-dessous l'épisode du jour, autrement, la pause s'impose... et ce, jusqu'au 5 novembre 2015 où le conte moderne Danse sur un pied devrait reprendre.
Cependant, cette pause sera particulière, car sera mis en ligne du lundi au vendredi, une image représentant chacune un conte moderne.
Je souhaiterai en effet d'une part, publier une intégrale des contes modernes, de l'autre, les contes séparés, accompagnés d'ambitieux bonus (le point de vue de l'autre héros du conte) qui expliquent d'ailleurs qu'aucun des contes achevés n'aient encore été publiés (Y arriverai-je un jour ? Bonne question !)

En ce qui concerne le sondage avec 3 voix pour que certains contes aient une fin triste et 20 penchant pour le non, eh bien, je crois que la préférence va aux fins heureuses. Vous savez que j'en suis moi-même amatrice, mais il se pourrait que l'un des contes ne se termine pas si bien que cela, sans finir mal pour autant...

Demain, couverture de Sauvetage silencieux !

Contes modernes - 155

Dan était resté ferme jusqu'à ce que le montant devienne si alléchant qu'il craque. Il habitait dans un placard à balai, n'ayant jamais le temps de s'amuser depuis tellement d'années qu'il avait parfois l'impression parfois de ne pas vivre véritablement. C'était une aubaine. Il avait tout de même tergiversé : il avait zéro expérience sexuelle avec les hommes, à moins de compter le pelotage auquel il était régulièrement soumis dans le cadre de son travail. Il doutait pouvoir parvenir à bander et d'être à même de le satisfaire. « Je suis persuadé que si. » avait répliqué Clowis froidement.
Ils s'étaient rendus dans la chambre à coucher toute aussi luxueuse que le salon. Clowis avait sorti un portefeuille de cuir de son costume coupé à la perfection et avait empilé des billets en un petit tas net sur la table de chevet. Il avait ensuite commencé à se déshabiller avec raideur, prenant le temps d'accrocher sa veste de costume et de plier sa chemise avant de défaire son pantalon. Dan qui l'observait n'avait pu manquer la jambe artificielle qui était accrochée au-dessus du genou. Il avait pensé à son frère à l'hôpital, et s'était demandé si Clowis avait perdu sa jambe dans un accident de voiture. Certain qu'il s'agissait d'un sujet sensible, il n'avait toutefois posé aucune question. Une fois dévêtu, Clowis avait sorti un tube de lubrifiant et deux préservatifs, puis il avait récupéré une boîte rectangulaire. Assis sur le lit, il avait défait son membre artificiel, dévoilant son moignon et l'avait rangé avec soin.
Son méthodisme était stressant, mais Dan avait attendu, bras ballants, se répétant la somme qu'il allait gagner comme un mantra. Il aurait pu tomber sur pire qu'un unijambiste plein aux as pour se faire sodomiser, car si Clowis était persuadé de prendre son pied, même si Dan restait mou, il ne faisait guère de doute sur sa position au lit.
Clowis avait exigé qu'il le rejoigne et qu'il se mettre à sa portée, les quatre fers en l'air. Dan y était allé à pas lents. Il avait la chair de poule, tout en lui se cabrait. Clowis avait beau être un homme bien fait de sa personne, dans la trentaine et non un vieux libidineux bedonnant, cela ne changeait rien au fait que Dan était en train de vendre son corps et à un homme pour ne rien arranger. Bon, ce n'était pas pour une bouchée de pain et vu l'endroit et la somme qu'il allait empocher, il faisait plutôt la pute de luxe, mais c'était tout de même terrible.
« Pourquoi moi ? » avait-il murmuré, en songeant que Clowis avec son portefeuille bien garni aurait pu se payer n'importe quel escort boy de son choix, mais Clowis n'avait rien répondu, soit parce qu'il n'avait pas entendu, soit parce qu'il avait choisi d'ignorer la question.

mardi 20 octobre 2015

Contes modernes - 154

Dan aussi avait remarqué Clowis et ce, avant même qu'il ne lui glisse dans son slip un gros chèque avec son numéro de téléphone dessus au lieu de billets. Alors que les autres clients du bar s'agitaient en tenues majoritairement décontractées, Clowis se tenait droit comme un piquet dans un costume gris tiré à quatre épingles. Ses cheveux noirs étaient coupés ras, à la militaire, sur son visage, pas un muscle ne bougeait et son regard rivé sur lui, était étrangement fixe.
Dan avait cru à une blague en voyant le montant du chèque, mais ayant toujours du mal à boucler les fins de mois, il avait quand même essayé de toucher l'argent et quand il avait réussi, il s'était posé des questions. Il n'était jamais tombé dans la prostitution toutes ses années durant à lutter pour joindre les deux bouts et n'avait aucune raison de commencer maintenant. Cependant, il s'épuisait à bosser nuit et jour, toujours à tirer le diable par la queue. Dormir était pour lui un luxe.
Clowis était revenu plusieurs fois au bar, donnant chaque fois un généreux chèque avec son numéro de téléphone écrit au dos. Dan avait fini par appeler, intrigué par ce type inexpressif qui pouvait se permettre de claquer autant d'argent pour un gars comme lui.
D'un ton froid et dépassionné, Clowis lui avait exprimé son désir de le voir danser nu chez lui. La somme proposée était tentante. Dan avait été clair sur le fait qu'il n'offrait aucune autre prestation et s'était rendu chez le riche Clowis. Il avait été introduit dans un salon décoré avec goût : au sol, était étalé un magnifique tapis oriental, aux murs étaient accrochés deux grands tableaux qui n'avaient pas l'air d'avoir été peint par des amateurs, et en guise d'ameublement, il y avait deux commodes styles Louis XIV surmontées chacune de deux statuettes de sagittaire et trois fauteuils en cuir flambant. Clowis, assis au fond de l'un d'eux, l'avait regardé faire un striptease dans les règles sans ciller, presque indifférent.
Dan avait fini par se sentir mal à l'aise. Il s'était figé. Clowis lui avait ordonné de continuer. Dan s'était exécuté, puis au bout de ce qui lui avait semblé une éternité, il avait jugé de lui-même que c'était assez. Il était fatigué de danser sous ce regard dépourvu de chaleur qui ne le quittait pas.
Clowis, sans bouger, lui avait alors proposé davantage d'argent s'il acceptait de coucher avec lui. Dan avait refusé net, rappelant ce qu'il lui avait déjà dit au bout du fil. Certains étaient d'avis qu'être gogo dancer était déjà une forme de prostitution, mais Dan pensait que c'était surtout la limite à ne pas franchir.
Clowis avait simplement revu son prix à la hausse.

lundi 19 octobre 2015

Contes modernes - 153

DANSE SUR UN PIED
Que faisait-il là dans ce patelin paumé ? se répéta Dan. Il passa une main dans ses cheveux blonds. Il le savait parfaitement. C'était à cause de lui : le glacial Clowis et son portefeuille bien garni. Depuis qu'il l'avait rencontré, sa vie avait changé sur bien des plans.
Avant lui, il n'avait pensé qu'à son frère et l'argent qu'il devait gagner pour le garder à l'hôpital. Cela allait faire dix ans qu'Aurélien était dans le coma, tout cela à cause d'un chauffard qui avait fui sans vergogne les lieux. Bientôt dix ans, mais cela aurait tout aussi bien pu faire cent... Il assumait les frais seul depuis sept ans, ses parents ayant jeté l'éponge. Ils avaient été convaincu par ce maudit médecin M. Ecifélam que les chances de réveil étaient quasi nulles et Dan avait dû se battre avec eux. « Si j'avais été plongé dans le sommeil, comme lui, j'aurais pu le supporter, mais c'est trop dur d'attendre et de voir toute sa vie filer » avait expliqué sa mère. « C'est cruel pour lui comme pour nous » avait tranché son père. Dan n'avait rien voulu entendre et avait réussi à leur arracher la promesse que s'il payait tout de sa poche, ils ne feraient aucune démarche pour le débrancher. Il avait à peine vingt ans à l'époque et ils avaient accepté, en croyant qu'il en serait incapable. Dan avait cependant laissé tomber ses études de danse et accompli le miracle en travaillant comme un forcené de nuit comme de jour. A mesure que les années étaient passées, il avait toutefois mieux compris leur position. Chaque visite à son frère était un crève-cœur. Aurélien vieillissait dans son sommeil. Le temps n'était hélas que figé à moitié pour lui. Au début, ils avaient été nombreux à se relayer à son chevet, puis les visiteurs s'étaient raréfiés jusqu'à ce qu'il ne reste plus que deux irréductibles : lui-même, ce qui n'avait rien d'évident vu qu'il jonglait déjà avec ses deux boulots, et Philippe, l'ami d'enfance de son frère. Dan n'en était pas certain, mais il le pensait amoureux. Il ne doutait pas de la force de l'amitié de Philippe, mais son dévouement dépassait les bornes : il venait tous les jours aux heures autorisées et avait choisi un boulot exprès pour passer le plus de temps possible auprès d'Aurélien. Philippe avait lu dans un bouquin sur le coma que certains percevaient ce qui se passait autour d'eux, même s'ils étaient incapables de bouger ou parler, alors il mettait un point d'honneur à lui tenir compagnie et à lui raconter des tas de choses. Chaque fois que Dan venait, Philippe était invariablement présent, en train de parler à Aurélien bien que celui-ci ne soit pas en mesure de lui répondre.
Sa constance aidait Dan à continuer à se démener pour son frère. Faute de diplôme et ayant besoin de beaucoup d'argent, il avait dégoté deux emplois : un dans un fastfood et un comme gogo dancer dans un bar gay. Il n'était pas homo pourtant, mais c'était là-bas qu'il avait trouvé une place malgré son inexpérience. S'offrir aux regards concupiscents l'avait gêné de prime abord, mais peu à peu,  la honte avait disparu et il avait appris l'art de se déhancher sur un comptoir en slip ou bien sous une douche où le savon coulait en abondance.
C'est là que Clowis l'avait repéré quelques mois plus tôt.

vendredi 16 octobre 2015

Contes modernes - 152

— Dans le lot, certains devaient t'aimer sincèrement, osa faire remarquer Carmin.
— Oui, j'ai dû briser quelques cœurs. Mais tu sais, aucun de ses malheureux, hommes comme femmes, n'est revenu dans ce trou perdu juste pour mes beaux yeux et aucun d'eux n'aurait été de toute façon prêt à habiter dans ma grotte dépourvue de tout confort que je ne quitterai pour rien au monde.
— C'est pour cette raison que tu m'as repoussé quand je t'ai dévoilé mes sentiments ?
— Ça et aussi parce que je ne croyais plus à l'amour. Tu n'étais qu'un parmi d'autres, un de plus à te faire des illusions. Je n'avais pas réalisé à ce moment que tu t'étais faufilé dans mon cœur, que je t'avais dans la peau. Je  t'avoue que j'ai eu d'autres partenaires après ton départ, mais chaque fois, j'ai eu l'impression de te tromper alors que nous n'avions jamais formé un véritable couple.
Cela fit mal à Carmin de savoir qu'il avait couché avec d'autres personnes durant le temps où ils avaient été loin de l'autre. Faute de pouvoir le lui reprocher, il ne sut que dire.
Lou reprit :
— Je n'arrêtais pas de les comparer à toi qui réagissais si bien à la moindre de mes caresses, au plus petit baiser... C'est ton souvenir qui me faisait bander.
Carmin s'empourpra. C'était une maigre consolation, mais cela en était tout de même une.
Lou poursuivit :
— Ne t'inquiète pas, mon amour, je compte bien désormais t'être fidèle jusqu'à mon dernier souffle.
Cette fois, c'était sûr, Lou l'aimait.
— Si je n'étais pas venu... commença Carmin sans finir, conscient que sa curiosité était mal placée puisqu'au bout du compte, Lou le voulait dans sa vie.
— Une hypothèse fort déplaisante. Toujours est-il que j'avais retenu ton adresse, ne me demande pas pourquoi, alors je pense que j'aurais fini par mettre ma fierté de côté et me serais décidé à te rendre une petite visite pour voir si je ne pouvais pas te convaincre de vivre dans ma tanière. Même les loups solitaires ont besoin d'un compagnon, mon adoré.
Sur ces mots, Lou s'empara des lèvres de Carmin.
Ce n'était plus l'heure de parler d'amour, mais de le faire, ce qui convenait fort bien à Carmin qui ne demandait rien d'autre que d'être dévoré de caresses et de baisers. 
FIN
 
Rendez-vous lundi avec Danse sur un pied

jeudi 15 octobre 2015

Contes modernes - 151

Quand il émergea, c'était le matin et contre toute attente, Lou n'était pas parti. Il l'observait de ses yeux dorés perçants.
— Il faut qu'on parle, annonça-t-il.
De la part de Lou, c'était étonnant et plutôt inquiétant.
— De quoi ? demanda Carmin d'une voix tremblante, craignant que Lou ne soit resté que pour exiger qu'il ne remette plus les pieds dans la région.
— Comptes-tu venir ici à chacune de tes vacances ?
Carmin hésita, craignant que Lou ne soit horrifié en apprenant qu'il envisageait même de s'installer de façon permanente pour demeurer auprès de lui, même si le montagnard ne partageait pas ses sentiments.
Il choisit toutefois de lui avouer, en espérant que Lou ne s'y opposerait pas.
— Tu plaquerais vraiment tout pour moi ?
— Oui.
— Ton boulot, tout ?
— Oui, répondit une fois de plus Carmin avec conviction.
— Tu as gagné.
— Hein ? C'est-à-dire ?
— Cela signifie, mon cher amour, que j'ai hâte que tu emménages dans ma tanière.
Ce nom doux inédit accompagné d'une offre de vivre ensemble laissait à penser que Lou éprouvait quelque chose de tendre à son égard, mais Carmin n'était pas sûr de pouvoir y croire. C'était un revirement trop brutal et trop beau pour être vrai. Lou ne lui avait-il pas fait comprendre que sa présence l'incommodait quelques heures plus tôt avant de coucher avec lui ?
— Mais cela ne te gêne pas ? Je suis prêt à prendre n'importe quel travail que je dénicherai. Je sais que tout abandonner par amour n'a rien de très glorieux...
— Peu de gens en sont capables pourtant. Certains peuvent trouver ça ridicule, considérer que c'est une preuve de dépendance vis-à-vis de l'autre, que cela implique de ne pas avoir de rêves à soi,  mais selon moi, c'est admirable.
Carmin rougit de plaisir, doutant encore de son bonheur.
— Tu avais l'air si mécontent quand tu m'as vu dans le groupe de touristes...
— Parce que je croyais que c'était un caprice de ta part. Cela change tout que tu comptes t'installer ici de façon permanente.
Comme Carmin levait sur lui un regard perplexe, Lou continua :
— Oui, c'est naturel que tu ne saisisses pas... Je suppose que je ferais mieux de tout te raconter depuis le début. Je ne suis pas né séducteur, je le suis devenu. A l'origine, j'étais plutôt un romantique, à la recherche de la fille avec qui je pourrais partager le restant de mes jours, même si je reconnais que la première avec qui je suis sorti, c'était plus mes hormones qui étaient aux commandes que mon cœur.  Elle m'a plaqué à la fin du lycée, car selon elle, c'était de la montagne dont j'étais amoureux. Bref, lors de mes débuts en tant que guide, j'ai eu le coup de foudre pour une jeune fille en vacances et j'ai envisagé très sérieusement un avenir commun avec elle. Je croyais que c'était réciproque. Elle n'était pas avare en « je t'aime. » Cependant, l'été terminé, quand j'ai parlé fiançailles et tout, elle m'a ri au nez. Je n'étais qu'un pauvre guide sans le sou, elle pouvait espérer mieux. C'est à ce moment que, dégoûté par les femmes, j'ai eu mes premières expériences avec des hommes et ensuite, je n'ai refusé personne et j'ai couché à tout va.
La révélation était surprenante. Mais ce n'était pas si dur que ça d'imaginer un Lou romantique, lui qui était capable de réciter des poèmes de Baudelaire de mémoire.

mercredi 14 octobre 2015

Contes modernes - 150

— Je ne sais pas. Je n'arrive pas à t'oublier. Toutes les nuits, je pense à toi, incapable de dormir.
— J'ai certes été bien gâté par la nature, mais il y a des gars qui ont des queues encore plus grosses que la mienne et de toute façon, ce n'est pas tant une question de taille que de technique.
Carmin rougit en repensant à l'énorme vibromasseur qu'il s'était acheté, mais qui, allumé ou éteint, n'était qu'un bout de plastique entre ses mains.
— Tu es unique Lou, irremplaçable... Je t'...
Carmin n'acheva pas sa confession. Elle ne pouvait qu'agacer Lou qui l'avait déjà rejeté des mois plus tôt.
— Et merde ! s'exclama Lou. Tu es trop chou, ajouta-t-il et il l'embrassa  si sauvagement que Carmin faillit perdre l'équilibre.
Lou le retint en le plaquant contre lui, puis il le souleva et le jeta sur le lit avant de bondir au-dessus de lui pour un nouveau baiser.
Carmin n'émit pas la moindre résistance face à cet assaut. C'était peut-être pathétique de sa part de se contenter de quelque chose de purement charnel alors qu'il aspirait à quelque chose de plus profond, mais il s'en moquait. Il pouvait bien être le dernier des idiots, la bouche de Lou sur la sienne, le rendait fou de désir.
Lou fit voler les boutons de sa chemise et lui lécha les tétons l'un après l'autre. Dans le même temps, il déboutonna le pantalon de Carmin, dégagea son pénis et le prit dans sa grande main.
— Tu mouilles déjà, trésor.
Carmin, le cœur tambourinant si fort dans sa poitrine qu'il en avait mal, tira sur le t-shirt de Lou tentant de lui enlever.
Comme il n'y arrivait pas, Lou s'en débarrassa lui-même et les doigts de Carmin purent se perdre dans les poils de son torse velu.
Lou défit sa ceinture, ouvrit sa braguette et acheva de se déshabiller. Carmin voulut terminer de retirer son pantalon et son caleçon, mais son impatience augmentait sa maladresse et Lou, désormais dans le plus simple appareil, intervint pour l'aider.
Il frotta son sexe en érection contre celui de Carmin, puis lui ouvrit les jambes et vint taquiner de la langue son anus.
Tout devint blanc dans l'esprit de Carmin. Il allait jouir, il allait...
— Pas encore, chéri.
— Pénètre-moi, gémit Carmin.
— Je vais te faire mal...
— Je m'en moque.
Lou enfila un préservatif à la hâte, puis plongea en lui, arrachant un cri à Carmin.
Il lui imposa un rythme effréné, le stimulant tant et si bien que Carmin jouit dans une plainte qui se joint au râle de Lou.
Son souffle recouvré, les paupières de Carmin papillonnèrent. Le sommeil le gagnait. Il lutta en vain, désireux de profiter jusqu'à la dernière miette de la présence de Lou à ses côtés, mais il était trop bien contre lui. La fatigue de toutes ses nuits d'insomnie le rattrapait.

mardi 13 octobre 2015

Contes modernes - 149

De retour à l'auberge en début de soirée, la brune prit le devant sur la blonde en proposant à Lou de dîner avec elle, ce qu'il accepta. Carmin continua à se torturer en mangeant à quelques tables d'eux, sans s'intéresser au contenu de son assiette. Il ne put rater la main de la fille qui s'aventurait sur le genou de Lou au moment du dessert, il abandonna alors la partie et se dépêcha de payer et de monter. C'était dur de le voir avec quelqu'un d'autre, pénible d'être ignoré comme s'il avait été un parfait inconnu.
Carmin ne pleura pas. Il l'aimait et la réciproque n'était pas vraie, mais ce n'était la faute de personne. C'était lui qui avait décidé de venir, alors, à lui d'assumer les conséquences. Quelques heures en sa compagnie, à l'observer de loin, même sans pouvoir le toucher, c'était mieux que la solitude glaçante de son appartement. S'il s'installait définitivement dans le coin, il assisterait à bien d'autres conquêtes de Lou, mais aurait en même temps la consolation de le voir.
Il en était là de ses réflexions quand il y eut trois grands coups à la porte.
La poignée tourna, et comme Carmin n'avait pas fermé, elle s'ouvrit sur Lou qui claqua la porte derrière lui.
— Que fous-tu ici ?
Ses yeux dorés brillaient d'une lueur furieuse et Carmin se tassa sur lui-même.
— Je suis en vacances.
— Et ? Tu n'aurais pas pu choisir une autre destination ?
— Je voulais te voir...
— Tu n'as déniché personne avec qui baiser dans ta foutue ville, alors tu t'es dit, visitons ce bon vieux Lou que je puisse me faire enculer ?
Carmin ne pouvait nier qu'il avait compté que Lou l'accueillerait dans son lit, mais après l'avoir vu flirter avec la jolie brune toute la journée, il savait qu'il n'était littéralement pas de taille à lutter.
— Je n'ai pas pensé cela en ses termes, mais j'ai de toute façon pu constater que je me leurrais, nous ne sommes plus à la morte saison et tu as l'embarras du choix, alors tu n'as aucune raison de vouloir de moi.
Lou secoua la tête, l'air moins féroce.
— Mon chou, tu as autant de chances que les autres...
Carmin eut envie de le croire. Après tout, c'était  dans sa chambre que Lou se tenait et non dans celle de la brune...
— Je suis désolé si ma venue t'embête.
— Ce sont tes intentions qui me hérissent le poil ! Non, vraiment, personne pour te satisfaire avec tous les gens qui grouillent au kilomètre carré par chez toi ?
Si cela n'avait été que sexuel, comme Lou le laissait entendre, sûrement, Carmin aurait pu...

lundi 12 octobre 2015

Contes modernes - 148

Poussé par les mots de l'amoureux de Cole Sorière et le désir de revoir Lou qui ne l'avait jamais quitté, Carmin finit par prendre quelques jours de congé et partit à la montagne, pour la « mauvaise » qui s'était révélée la bonne, car même si son cœur avait été malmené au passage, il ne regrettait rien de ce qui s'était passé avec Lou.
Il redoutait la réaction de ce dernier quand il le reverrait, mais se réjouissait de bientôt respirer le même air que lui.
Au village dans la vallée, il déposa ses bagages à l'auberge où il avait réservé une chambre par téléphone. C'était la belle saison et il avait eu la dernière de libre. Il s'enquit ensuite d'un guide et comme de juste, le gérant de l'auberge lui parla de Lou Desbois. C'était lui qui se chargeait des inscriptions et Lou n'avait ensuite plus qu'à passer prendre le groupe de touristes désireux d'être baladé dans la région. Carmin eut tôt fait d'ajouter son nom à la liste, derrière six autres personnes.
Après quoi, il fallut attendre l'heure de départ fixée pour la promenade. Carmin demeura dans sa chambre. Bien que fatigué du voyage, il fut incapable de se reposer. Il ne put avaler quoi que ce soit à l'heure du repas, trop nerveux pour cela.
Enfin, ce fut le moment de descendre. Parmi les touristes inscrits, il y avait un couple dans la cinquantaine, un homme entre deux âges et deux jeunes filles, une jolie brune et une blonde plantureuse.
Puis, Lou apparut et Carmin retint son souffle. Il était aussi séduisant que dans son souvenir, brun, barbu et souriant, ses yeux dorés pétillants, un t-shirt gris moulant ses pectoraux.
Lou se renfrogna en croisant son regard, puis il fit comme si de rien n'était. Il se présenta au groupe, donna quelques consignes de sécurité élémentaires, vérifia les chaussures de chacun et la promenade commença.
Carmin se retrouva à fermer la marche. Il avait pris l'habitude de grimper à force de visiter Cole Sorière, mais son stress et le manque de nourriture le ralentissait. En tête, Lou avançait d'un pas régulier, encadré par les jeunes filles qui buvaient ses paroles. La brunette flirtait de façon honteuse, la blonde n'était pas en reste et Lou était loin de les décourager. Pour Carmin, c'était une véritable torture. Il avait espéré que Lou se laisserait tenter par coucher à nouveau avec lui, mais se rendait compte qu'il avait été bien présomptueux. Il n'avait été qu'un pis-aller durant la morte saison. Avec le retour des beaux jours, les touristes ne manquaient pas et les occasions de tirer son coup non plus... Pourquoi Lou l'aurait-il préféré à une blonde aux formes généreuses ?
Carmin ne profita pas le moins du monde du paysage, tout entier focalisé sur Lou qui plaisantait avec les deux jeunes filles.
Son cœur saignait, mais il ne cessa pas pour autant de le contempler. C'était tout ce qu'il pouvait faire. Les baisers et les caresses de Lou, ce serait sûrement la brune ou la blonde qui les obtiendraient.

vendredi 9 octobre 2015

Contes modernes - 147

Ce jour-là, après avoir poussé comme à l'accoutumée la porte du chalet de l'écrivain, Carmin se figea en entendant des halètements et gémissements en provenance du canapé. Une tête blonde embarrassée apparut en haut du dossier.
— Vous voulez bien attendre dehors quelques minutes ?
Carmin obtempéra sur le champ. Seule la surprise l'avait retenu de ressortir immédiatement. Les savoir en couple était une chose, les surprendre alors qu'ils faisaient l'amour en était une autre. Leur intimité lui rappelait douloureusement sa solitude et ses sentiments à sens unique pour Lou. Les larmes retenues depuis des mois roulèrent le long de ses joues. Nuit après nuit, le sommeil le fuyait et il ne parvenait à oublier Lou.
Quand Hans vint le chercher, c'est en pleurs qu'il le trouva.
— Ça ne va pas ? s'inquiéta-t-il.
Carmin qui avait gardé pour lui son aventure avec Lou, craqua, sachant que le jeune homme, gay également, n'en serait pas choqué.
Hans le prit par le bras et voulut l'asseoir dans le canapé, mais Cole l'orienta vers le fauteuil d'un ton bougon. Il était mal à aise sans que Carmin ne puisse déterminer si c'était à cause de ses larmes ou bien d'avoir été surpris quelques minutes plutôt faisant l'amour avec Hans.
Carmin vida son sac, racontant son sauvetage, la réalisation de ses préférences sexuelles dans les bras de Lou, et l'amour qu'il s'était mis à éprouver pour lui sans être payé de retour.
Hans se montra compatissant, Cole pas vraiment. C'était normal, car il était déplacé de la part de Carmin de s'épancher ainsi. Il ne faisait que travailler avec l'écrivain.
Il essuya ses yeux.
— Pardon, je ne sais pas ce qui m'a pris.
— Être le seul à aimer... ou le croire, est douloureux, déclara Hans.
Cole se racla la gorge.
— Tu ne devais pas lui laisser espérer que son cas est similaire au tien, grommela-t-il.
Carmin les regarda tour à tour, sans comprendre.
Hans daigna éclairer sa lanterne en expliquant comment Cole, se jugeant trop vieux pour lui, l'avait initialement repoussé.
Cela ne pouvait hélas pas s'appliquer à lui et Lou qui n'avaient que quatre ans d'écart. Dans son cas, Lou ne partageait pas ses sentiments, point à la ligne. Carmin ne parvenait à cesser de l'aimer pour autant.
— Je suis désolé de vous avoir dérangé avec mes affaires. Je vais récupérer la fin du tapuscrit du deuxième opus de Moi et mon Fantôme  et je reviendrai la semaine prochaine pour faire le point.
— Je vais chercher ça, annonça Cole.
Carmin voulut le suivre, mais Hans le retint.
— Même si vous êtes le seul à l'aimer, rien ne vous oblige à vivre loin de lui.
— Cela va l'énerver de m'avoir dans les pattes...
— Vivre dans le même coin que quelqu'un n'équivaut pas à du harcèlement.
Carmin avait déjà songé durant ses longues nuits blanches à tout plaquer pour le retrouver. L'endroit où il vivait ne lui plaisait pas vraiment et même s'il appréciait son boulot, en changer ne le dérangeait pas, seulement il ne voulait pas imposer sa présence à Lou.

jeudi 8 octobre 2015

Contes modernes - 146

Durant cet intervalle, Carmin essaya différentes choses afin de ranger Lou au rang des souvenirs. Rien ne fonctionna. Le vibromasseur acheté sur internet pour se procurer du plaisir ne lui en apporta aucun. C'était froid et mécanique, tristement limité à la pénétration.
Il tenta d'aller dans un bar gay pour rencontrer des gens du même bord que lui, mais il en ressortit de suite, le spectacle du jeune homme qui se déhanchait vêtu d'un slip ridiculement petit sur le comptoir étant trop extrême pour lui. Peut-être existait-il des endroits moins tapageurs, mais Carmin ne put trouver en lui le courage de réitérer l'expérience. Afficher son homosexualité l'embarrassait et il doutait de toute façon parvenir à plaire et séduire quiconque. Bien sûr, si un type lui avait fait par miracle du rentre-dedans, il n'aurait eu qu'à céder... mais l'idée qu'un autre que Lou le touche le répugnait.

    Quand il retourna voir Cole Sorière, il eut une mauvaise surprise, l'écrivain avait planté-là son roman en cours et rien de ce qu'il put dire ne le fit changer d'avis. En désespoir de cause, Carmin qui avait remarqué le désordre fit le ménage. Évidement avec sa maladresse coutumière, il cassa quelques assiettes et verres en faisant la vaisselle et fit tomber pas moins de deux lampes en passant l'aspirateur.
Quant au repas qu'il avait concocté, il vit bien à la grimace de l'écrivain que ce n'était pas à son goût. Il repartit les mains vides.
Sa vie sentimentale comme professionnelle était un désastre. Il n'avait rien ni personne à quoi se raccrocher.
Il ne baissa pas les bras pour autant. Il ne pouvait rien faire pour Lou, à part attendre qu'avec le temps, la douleur logée dans son cœur disparaisse. Mais pour l'écrivain, il pouvait essayer jusqu'à ce que ses supérieurs hiérarchiques lui demandent des comptes... Il revint donc à la charge quinze jours plus tard avec des plats tout préparés à faire réchauffer. L'écrivain ayant décidément mauvaise mine, Carmin chercha à le faire parler. Ce n'était pas possible qu'il soit si maigre et sale toute l'année et surtout ce n'était pas normal qu'il laisse tomber une histoire en cours de route.
Cole Sorière, sans rien lui promettre, lui affirma qu'il allait s'y remettre et Carmin repartit plein d'espoir.
Hélas, quinze jours plus tard, la situation n'avait pas évolué et l'écrivain refusa de donner la moindre explication sur son blocage.
La poisse lui collant à la peau, Carmin ne crut pas à sa chance quand, ayant grimpé au chalet de Cole Sorière pour y faire le ménage et la cuisine, même s'il était loin d'être doué dans ses arts, tournant et retournant dans sa tête les arguments qui motiveraient l'écrivain à reprendre le fil de son roman, il trouva les lieux propres et rangés, un Cole Sorière détendu et bien vêtu aux côtés d'un jeune homme angélique et plusieurs chapitres de la suite de Moi et mon fantôme prêts.
L'écrivain présenta le jeune homme comme sa muse, sous-entendant qu'il était son partenaire. Carmin, comme il ne savait trop comment réagir à cette nouvelle, surtout vu la différence d'âge visible qu'ils avaient, remercia le jeune homme, car grâce à lui, Cole Sorière était à nouveau productif.
Après lecture, il s'avéra que l'amour faisait des miracles et que la plume de l'écrivain était plus brillante que jamais. Carmin s'en réjouit, s'efforçant de chasser le sentiment d'envie qu'il ressentait devant la réciprocité des sentiments des deux hommes. Si seulement Lou avait pu ressentir quelque chose à son égard...

mercredi 7 octobre 2015

Contes modernes - 145

Carmin cligna des yeux. C'était fini. Il regarda la silhouette de Lou jusqu'à ce qu'elle disparaisse au détour d'une maison. C'était étrange de se retrouver seul après tous ses jours avec lui, à baigner dans sa chaleur.
Un policier avait à moitié plaisanté en disant qu'on l'avait cru dévoré par une bête sauvage... et quelque part, c'était arrivé, excepté que Carmin avait été rejeté, jugé indigeste. Il n'avait plus qu'à rentrer chez lui et retrouver son train-train quotidien.
    Hélas, ce n'était pas aussi simple. La première nuit dans son appartement aux murs blancs et lisses, il ne put fermer l'œil. Il avait froid et les couvertures mises par-dessus la couette n'y changèrent rien.
Cela ne s'arrangea pas les nuits suivantes. Tout son corps était glacé et insatisfait. Toute son âme souffrait de la séparation.
Au travail, on se moquait de sa mésaventure et de son erreur. Lou lui avait fait remarquer quelques jours avant que leurs chemins ne se séparent qu'elle avait du bon, puisqu'ils s'étaient ainsi rencontrés et vu sous cet angle, Carmin n'avait pu qu'approuver...
Elisa l'appela pour lui proposer de l'accompagner jusqu'au chalet de Cole Sorière, mais Carmin refusa, assurant qu'il ne pouvait désormais plus se tromper.
C'est le moral au plus bas qu'il se rendit chez son écrivain favori décidé à se consacrer corps et âme au travail.
Il fut mal reçu par Cole Sorière dont l'allure faisait pitié à voir : un visage aux pommettes creuses encadré de cheveux gris emmêlés, des vêtements froissés et tâchés. Il avait l'air malade. Carmin savait que lui-même n'était pas au mieux de sa forme,  puisqu'il ne s'endormait que d'épuisement après avoir longuement contemplé le plafond tandis que les minutes s'égrainaient avec une lenteur affreuse.
Carmin dut raconter pourquoi il avait mis aussi longtemps à le visiter, ce qui lui rappela trop sa rencontre avec Lou, l'empêchant de se concentrer sur la conversation.
Après que l'écrivain, dans un mouvement d'humeur, ait envoyé valser les remarques qu'Elisa avait demandé qu'il transmette, Carmin put enfin récupérer la suite de Moi et mon fantôme. Cole Sorière ne fut pas content qu'il veuille revenir quelques jours plus tard pour donner ses impressions, mais il finit par accepter au grand soulagement de Carmin qui aurait été bien incapable de lire et de formuler une remarque cohérente sous l'œil sévère de l'écrivain.
A la lecture, il fut déçu. Au début, il se dit que cela venait de lui parce qu'il avait le moral au plus bas, mais après relecture, il réalisa que ce n'était pas le style habituel de l'auteur et qu'il allait être obligé de le lui dire et qu'à tous les coups, ce dernier le prendrait mal... En gravissant la montagne, il trébucha et tomba. Heureusement, aucun des pots du second panier de friandises préparé pour Cole Sorière ne fut cassé dans la chute. Carmin regretta de l'avoir apporté en constatant que le premier était resté intouché, mais il alla le poser à côté, comme Cole Sorière le lui demanda.
Alors qu'il avait cauchemardé sur la réaction de l'écrivain face à ses critiques durant le peu d'heures qu'il avait réussi à dormir, Cole Sorière admit de bonne grâce qu'il s'était fourvoyé, promit d'arranger cela et fixa la prochaine visite à dans un mois.

mardi 6 octobre 2015

Contes modernes - 144

Il s'écoula plusieurs jours durant lesquels ils unirent leurs corps encore et encore. Carmin avait toujours envie et osait être l'instigateur de nombre de leurs étreintes. Lou était heureusement tout aussi insatiable que lui.
Ils ne faisaient cependant pas que ça de leurs journées, ils parlaient également de poésie, d'astrologie et de la vie en général. Carmin se sentait bien dans la grotte de Lou, protégé du monde et de ses jugements. Et plus il en apprenait sur Lou, plus son amour pour lui grandissait.  Dans ses bras, il s'épanouissait.
Lou ne parlait plus de le conduire au village, mais le nombre de préservatifs diminuait vitesse grand V et le dernier utilisé, Lou revint à la charge, de quoi rappeler à Carmin que si lui, il était tombé amoureux, la réciproque n'était pas vraie. Pour Lou, ce n'était que sexuel. Il était un amant passionné, pas avare en mots gentils, mais cela s'arrêtait là.
— Cela ne me dérange pas de le faire sans, argua Carmin.
Les yeux dorés étincelèrent.
— Moi si, et ça devrait te gêner toi aussi, entre les maladies et le nettoyage du sperme... Mais le problème, c'est surtout que tu as disparu de la circulation depuis des jours et des jours ! J'aurais dû descendre et prévenir les autorités depuis longtemps déjà. Au lieu de cela, tu m'as fait perdre la tête avec ta perverse innocence.
Devant la détermination de Lou à clore la parenthèse enchantée, Carmin se décida à dévoiler les sentiments qu'il avait gardé jusque là pour lui, craignant d'incommoder celui qui l'avait transformé, l'éveillant aux plaisirs charnels et à l'amour. 
— Je t'aime.
La réponse ne se fit pas attendre, et tomba, féroce, implacable :
— Ah oui ? Eh bien, pas moi. Ce qu'on fait, c'est baiser. L'amour, c'est des conneries !
Carmin déglutit. Il avait espéré autre chose, croyant qu'au-delà de l'alchimie sexuelle, une connexion plus forte s'était établie entre eux. Il resta muet, incapable de trouver quoi que ce soit à dire devant ce rejet on ne peut plus clair.
— Allez, chéri, rassemble tes affaires à présent, on y va.
La voix de Lou était douce comme une caresse,  mais ferme. Rien ne le ferait fléchir. Carmin obéit, la mort dans l'âme.

C'est sans échanger un mot qu'ils descendirent la montagne. Carmin était triste, mais ne pouvait en vouloir à Lou qui ne lui avait jamais rien promis.
Une fois dans la vallée, Lou se rendit directement au poste de police et prétendit que Carmin n'avait pas en état de bouger pendant bien plus longtemps que cela n'avait été le cas. Ils durent remplir de la paperasse, la disparition de Carmin ayant été en effet signalée et des recherches effectuées.
Quand ils furent libérés, Lou lança un « au revoir, mon chou » avant de commencer à s'éloigner, puis il revint sur ses pas et enfonça le bonnet rouge de Carmin de façon à ce qu'il lui couvre bien les oreilles.
— Fais attention à toi, d'accord ? Bonne continuation, ajouta-t-il, et tournant les talons, il s'éloigna à grandes enjambées.

lundi 5 octobre 2015

Contes modernes - 143

Les trois jours qui suivirent, Carmin fut incapable de bouger ou presque. A chaque mouvement, son corps lui faisait mal. Lou s'occupait de tout, lui apportant les repas au lit, allant même jusqu'à porter la nourriture à la bouche de Carmin, celui-ci ayant tendance à en mettre partout autrement.
Carmin passa beaucoup de temps à remercier et s'excuser. Lou l'embrassa à chaque fois, le coupant dans ses remerciements et excuses et lui assura à plus d'une reprise qu'ayant sa part de responsabilité, ce n'était que justice.
Quand Carmin put enfin se lever sans être soutenu, la première chose que fit Lou fut de sortir se promener. Arpenter la montagne était sa principale occupation. Entre travail et loisir, il n'y avait pas de différence pour lui.
Le cinquième jour, comme Carmin avait retrouvé la forme, Lou voulut le ramener dans la vallée, mais Carmin insista pour rester encore.
— Je sais que je m'impose, mais...
Lou l'empêcha d'achever d'un baiser, puis déclara :
— Ce n'est pas le problème, bébé, je me plais en ta compagnie, ce qui m'embête, c'est que personne ne sache où tu es.
— Cela n'a pas d'importance, réitéra Carmin.
— Tu devrais t'aimer un peu plus, mon chou. D'accord, tu n'es peut-être pas aussi extraordinaire que le disaient tes parents, mais tu n'es pas non plus le nul fini que tu t'imagines. C'est vrai que tu es maladroit, mais tu es toujours prêt à faire de ton mieux.
Carmin comprit alors que ce n'était pas à cause des petits noms doux, des baisers ou même des caresses qu'il ne voulait pas quitter Lou, c'était parce qu'il l'aimait. Il n'avait jamais été amoureux de sa vie auparavant, mais il était sûr que c'était ça qu'il ressentait pour le montagnard.
Avec autant d'audace que de maladresse, il posa ses lèvres sur celles de Lou. C'était la première fois qu'il prenait l'initiative.
Lou eut tôt fait de reprendre le contrôle du baiser, sa langue aspirant celle de Carmin. Ses grandes mains commencèrent à le dévêtir. Il lui mordilla le cou, puis les tétons. La douleur était légère, l'excitation grande. Il le caressait d'une manière délicieuse et Carmin qui aurait voulu lui donner le même plaisir, mais n'avait pas la plus petite idée de comment procéder, lui demanda ce qu'il pouvait faire.
Lou parut surpris, mais cela ne l'empêcha pas de répondre :
— Je suis sensible des oreilles, trésor.
Carmin en suivit les contours d'un doigt mal assuré.
Lou émit un petit rire.
— Comme ça, chéri... dit-il avant de lui lécher successivement les lobes, les suçant, puis les mordillant.
Sans laisser Carmin de marbre, cela ne lui fit pas trop d'effet.
Mais quand il tenta d'imiter Lou, la réaction de ce dernier fut tout autre.
— Tu vas me rendre fou, mon chou, grogna-t-il comme la bouche de Carmin s'activait avec ardeur.
Tout s'accéléra. Lou le prépara en hâte à être pénétré et s'enfonça en lui pour une étreinte sauvage.

vendredi 2 octobre 2015

Contes modernes - 142

Pendant que le contenu d'une conserve saucisses-lentilles chauffait au-dessus du feu dans une casserole cabossée, Carmin osa l'interroger sur le recueil de poésie. Lou adorait en effet la poésie de Baudelaire. C'était le seul livre qu'il avait. Il lui récita son favori de mémoire - La Chevelure - et Carmin se surprit à regretter d'avoir les cheveux courts, même si Lou semblait aimer autant les femmes que les hommes.
Le repas achevé, Lou, muni de gants et d'un tisonnier, récupéra deux pierres plates au bord du feu et les glissa dans d'épais sacs en tissu qu'il passa sur le drap du lit.
— Je ne suis pas certain que cela soit nécessaire avec toi dedans pour le chauffer, mais c'est une bonne technique pour chasser le froid et l'humidité, expliqua Lou comme Carmin l'observait, intrigué.
Le rouge monta aux joues de Carmin.
Que Lou se déshabille dans la foulée n'arrangea rien. Le corps musclé et poilu disparut cependant vite sous les fourrures.
— C'est l'heure de se coucher, mon chou.
L'invitation était claire. Carmin ôta à son tour ses habits, ses mains légèrement tremblantes le ralentissant. Son corps était courbaturé de partout, mais il frémissait d'anticipation à l'idée d'être à nouveau enlacé.
Dès qu'il s'approcha, Lou le prit contre lui et l'embrassa goulument. Il traça ensuite de sa langue une ligne de feu de la pointe du menton de Carmin jusqu'à son bas-ventre où il avala son pénis qu'il suça avec ardeur avant de poursuivre son tracé jusqu'à son anus qu'il lécha.
— Ce n'est pas pr...
Carmin acheva sa phrase dans une série de gémissements incontrôlés. La langue de Lou le rendait fou.
Ce dernier s'interrompit le temps de récupérer un préservatif dans la poche du gros sac près de la couche et l'enfila d'une main, doigtant de l'autre Carmin qui haletait.
Enfin, il le pénétra d'une puissante poussée. Carmin jouit sur l'instant. L'assaut de Lou ne s'arrêta pas pour autant, le stimulant douloureusement jusqu'à ce que le plaisir revienne et l'emporte dans un orgasme partagé avec Lou.
Carmin perdit conscience. Quand il revint à lui, il se découvrit blotti dans les bras de Lou qui ronflait doucement.
Ayant besoin de soulager sa vessie, il se dégagea, non sans mal, mais quand il voulut se lever, il s'effondra aussitôt, ses jambes ne répondant pas. Après quelques essais tout aussi infructueux, il secoua timidement Lou qui grogna, ouvrit un œil doré, puis deux. Carmin, très gêné, lui expliqua le problème.
Lou sortit d'un bond et revint avec une bonbonne vide.
— Utilise ça.
Le besoin étant trop pressant, et Carmin, malgré son embarras, s'exécuta.
— Je suis désolé, balbutia-t-il.
— Non, c'est moi qui le suis. Ce n'était pas le moment de baiser à répétition, même si tu étais plus que partant. C'est normal que tes muscles ne veuillent plus rien entendre.
— Je ne regrette pas, déclara Carmin.
Le plaisir ressenti valait le prix à payer.
Lou lui sourit.
— Tant mieux, chéri.

jeudi 1 octobre 2015

Contes modernes - 141

Un quart d'heure plus tard, ils quittèrent la chaleur de l'abri. Dans la neige fraîche, avancer était difficile et chaque pas coûtait à Carmin dont le corps était endolori de partout. Il ne se plaignit toutefois pas, se contentant de grimacer  puisque Lou était devant pour montrer le chemin ne pouvait pas le voir. Il trébucha à plus d'une reprise sans jamais tomber et puis Lou déclara finalement qu'ils étaient arrivés.
Carmin, perplexe, regarda autour de lui : tout était blanc à l'horizon et rien n'indiquait la présence d'une quelconque habitation.
Lou se mit alors à creuser à la neige à la main et le haut d'une porte rouge apparut.
Une fois à l'intérieur, il s'activa aussitôt pour allumer un feu dans un petit foyer de pierres. Carmin en profita pour contempler les lieux. Les parois rocheuses semblaient indiquer qu'ils étaient dans une grotte. Il n'y avait pas un seul meuble. Le couchage était constitué d'un amas de fourrures à côté duquel était posé un énorme sac à dos sur lequel reposait un recueil de poésie : Les Fleurs du Mal de Baudelaire. Dans un coin, des bûches, des bonbonnes d'eau minérale, des boîtes de conserve et des cagettes de pommes étaient empilées. Au-dessus, des saucissons étaient accrochés sur une barre soutenue par deux poteaux. A l'opposé, était étendu sur un fil quelques vêtements noirs, avec en dessous, une grande bassine remplie d'eau. C'était pour le moins rustique, davantage même que l'abri qu'ils venaient de quitter. De tout cela, on pouvait déduire que Lou n'était pas du genre à s'encombrer et appréciait la poésie et plus spécifiquement Baudelaire. Il était difficile de dire si le sac contenait d'autres livres.
— Comme tu peux le constater, je ne possède pas grand chose, déclara Lou en se redressant, le feu crépitant à présent joyeusement.
Carmin acquiesça. Cela avait un côté camping qui ne lui déplaisait pas.
— Et toi, comment est-ce chez toi ?
Carmin n'aimait pas particulièrement l'endroit où il vivait. Il était fonctionnel et c'était tout.
— Rien de spécial. C'est un banal appartement semblable à un cube avec des murs blancs de la cuisine à la salle de bains en passant par la chambre qui fait aussi salon. J'ai quelques cousins si besoin, pour transformer le lit en canapé.
Ils n'avaient pas servi jusqu'à présent, car il n'avait pas eu l'occasion de recevoir quiconque chez lui. Il fréquentait des gens, mais toutes les sorties avaient lieu à l'extérieur dans des bars ou des restaurants où il n'était pas rare qu'il se retrouve à payer pour les autres.
— Tu vis en ville, bien sûr ?
Carmin précisa dans laquelle et alla même jusqu'à lui dire son adresse complète, un détail inutile puisqu'il était impensable que Lou vienne un jour lui rendre visite. C'était le genre de truc qui poussait les gens à le voir comme un idiot.
Lou ne releva cependant pas et lui offrit de manger quelque chose.