mercredi 7 octobre 2015

Contes modernes - 145

Carmin cligna des yeux. C'était fini. Il regarda la silhouette de Lou jusqu'à ce qu'elle disparaisse au détour d'une maison. C'était étrange de se retrouver seul après tous ses jours avec lui, à baigner dans sa chaleur.
Un policier avait à moitié plaisanté en disant qu'on l'avait cru dévoré par une bête sauvage... et quelque part, c'était arrivé, excepté que Carmin avait été rejeté, jugé indigeste. Il n'avait plus qu'à rentrer chez lui et retrouver son train-train quotidien.
    Hélas, ce n'était pas aussi simple. La première nuit dans son appartement aux murs blancs et lisses, il ne put fermer l'œil. Il avait froid et les couvertures mises par-dessus la couette n'y changèrent rien.
Cela ne s'arrangea pas les nuits suivantes. Tout son corps était glacé et insatisfait. Toute son âme souffrait de la séparation.
Au travail, on se moquait de sa mésaventure et de son erreur. Lou lui avait fait remarquer quelques jours avant que leurs chemins ne se séparent qu'elle avait du bon, puisqu'ils s'étaient ainsi rencontrés et vu sous cet angle, Carmin n'avait pu qu'approuver...
Elisa l'appela pour lui proposer de l'accompagner jusqu'au chalet de Cole Sorière, mais Carmin refusa, assurant qu'il ne pouvait désormais plus se tromper.
C'est le moral au plus bas qu'il se rendit chez son écrivain favori décidé à se consacrer corps et âme au travail.
Il fut mal reçu par Cole Sorière dont l'allure faisait pitié à voir : un visage aux pommettes creuses encadré de cheveux gris emmêlés, des vêtements froissés et tâchés. Il avait l'air malade. Carmin savait que lui-même n'était pas au mieux de sa forme,  puisqu'il ne s'endormait que d'épuisement après avoir longuement contemplé le plafond tandis que les minutes s'égrainaient avec une lenteur affreuse.
Carmin dut raconter pourquoi il avait mis aussi longtemps à le visiter, ce qui lui rappela trop sa rencontre avec Lou, l'empêchant de se concentrer sur la conversation.
Après que l'écrivain, dans un mouvement d'humeur, ait envoyé valser les remarques qu'Elisa avait demandé qu'il transmette, Carmin put enfin récupérer la suite de Moi et mon fantôme. Cole Sorière ne fut pas content qu'il veuille revenir quelques jours plus tard pour donner ses impressions, mais il finit par accepter au grand soulagement de Carmin qui aurait été bien incapable de lire et de formuler une remarque cohérente sous l'œil sévère de l'écrivain.
A la lecture, il fut déçu. Au début, il se dit que cela venait de lui parce qu'il avait le moral au plus bas, mais après relecture, il réalisa que ce n'était pas le style habituel de l'auteur et qu'il allait être obligé de le lui dire et qu'à tous les coups, ce dernier le prendrait mal... En gravissant la montagne, il trébucha et tomba. Heureusement, aucun des pots du second panier de friandises préparé pour Cole Sorière ne fut cassé dans la chute. Carmin regretta de l'avoir apporté en constatant que le premier était resté intouché, mais il alla le poser à côté, comme Cole Sorière le lui demanda.
Alors qu'il avait cauchemardé sur la réaction de l'écrivain face à ses critiques durant le peu d'heures qu'il avait réussi à dormir, Cole Sorière admit de bonne grâce qu'il s'était fourvoyé, promit d'arranger cela et fixa la prochaine visite à dans un mois.

2 commentaires:

Jeckyll a dit…

Pauvre Carmin on a envie de le prendre dans ses bras pour le réconforter ^^"

Cela fait plaisir de revoir Cole ^^

vivement la suite XD

Illyshbl a dit…

Maintenant on sait pourquoi Carmin avait de grosses cernes dans Bonbon Encré... :)