vendredi 9 octobre 2015

Contes modernes - 147

Ce jour-là, après avoir poussé comme à l'accoutumée la porte du chalet de l'écrivain, Carmin se figea en entendant des halètements et gémissements en provenance du canapé. Une tête blonde embarrassée apparut en haut du dossier.
— Vous voulez bien attendre dehors quelques minutes ?
Carmin obtempéra sur le champ. Seule la surprise l'avait retenu de ressortir immédiatement. Les savoir en couple était une chose, les surprendre alors qu'ils faisaient l'amour en était une autre. Leur intimité lui rappelait douloureusement sa solitude et ses sentiments à sens unique pour Lou. Les larmes retenues depuis des mois roulèrent le long de ses joues. Nuit après nuit, le sommeil le fuyait et il ne parvenait à oublier Lou.
Quand Hans vint le chercher, c'est en pleurs qu'il le trouva.
— Ça ne va pas ? s'inquiéta-t-il.
Carmin qui avait gardé pour lui son aventure avec Lou, craqua, sachant que le jeune homme, gay également, n'en serait pas choqué.
Hans le prit par le bras et voulut l'asseoir dans le canapé, mais Cole l'orienta vers le fauteuil d'un ton bougon. Il était mal à aise sans que Carmin ne puisse déterminer si c'était à cause de ses larmes ou bien d'avoir été surpris quelques minutes plutôt faisant l'amour avec Hans.
Carmin vida son sac, racontant son sauvetage, la réalisation de ses préférences sexuelles dans les bras de Lou, et l'amour qu'il s'était mis à éprouver pour lui sans être payé de retour.
Hans se montra compatissant, Cole pas vraiment. C'était normal, car il était déplacé de la part de Carmin de s'épancher ainsi. Il ne faisait que travailler avec l'écrivain.
Il essuya ses yeux.
— Pardon, je ne sais pas ce qui m'a pris.
— Être le seul à aimer... ou le croire, est douloureux, déclara Hans.
Cole se racla la gorge.
— Tu ne devais pas lui laisser espérer que son cas est similaire au tien, grommela-t-il.
Carmin les regarda tour à tour, sans comprendre.
Hans daigna éclairer sa lanterne en expliquant comment Cole, se jugeant trop vieux pour lui, l'avait initialement repoussé.
Cela ne pouvait hélas pas s'appliquer à lui et Lou qui n'avaient que quatre ans d'écart. Dans son cas, Lou ne partageait pas ses sentiments, point à la ligne. Carmin ne parvenait à cesser de l'aimer pour autant.
— Je suis désolé de vous avoir dérangé avec mes affaires. Je vais récupérer la fin du tapuscrit du deuxième opus de Moi et mon Fantôme  et je reviendrai la semaine prochaine pour faire le point.
— Je vais chercher ça, annonça Cole.
Carmin voulut le suivre, mais Hans le retint.
— Même si vous êtes le seul à l'aimer, rien ne vous oblige à vivre loin de lui.
— Cela va l'énerver de m'avoir dans les pattes...
— Vivre dans le même coin que quelqu'un n'équivaut pas à du harcèlement.
Carmin avait déjà songé durant ses longues nuits blanches à tout plaquer pour le retrouver. L'endroit où il vivait ne lui plaisait pas vraiment et même s'il appréciait son boulot, en changer ne le dérangeait pas, seulement il ne voulait pas imposer sa présence à Lou.

4 commentaires:

Jeckyll a dit…

Merci pour ce super épisode, j'aimerais trop voir Carmin tout plaquer pour retrouver son Lou ^__^

Cela fais plaisir de revoir Hans et Cole :)

Vivement la suite mais en attendant bon week-end à toi XD

Illyshbl a dit…

Loup des neiges se finira normalement la semaine prochaine.
Bon week-end à toi aussi ! :)

Usagi a dit…

Merci pour tous ces chapitres. C'est vraiment très triste. J'ai vraiment de la peine pour Carmin qui se sent seul et démuni face à son amour non partagé pour Lou. J'ai Hâte de voir la suite, comment Carmin va tous laisser tomber pour rejoindre son Lou et voir comment celui ci va réagir.

Bon weekend!

Cassie a dit…

Vive Hans !! Heureusement qu'il est là lui !!