vendredi 30 août 2013

Le garçon fée - 49

Se concentrant, suppliant Dame Nature de l'aider, Zibulinion exécuta le sort de masquage. Une fine couche de lumière finit par recouvrir sa peau et ses ailes disparurent.
– Tu vois la différence ?
Zibulinion acquiesça, ce qui était frappant, c'était de constater à quel point Relhnad était puissant, et lui faible.
– Tu n'as plus qu'à cesser de contenir ta magie.
– Je ne suis pas capable de faire mieux...
Les beaux yeux pailletés de Relhnad lancèrent des éclairs, mais ce fut la seule expression de son énervement face au défaitisme de Zibulinion.
– Bon...
Allait-il jeter l'éponge et abandonner ? Zibulinion l'espérait.
– Qu'est-il arrivé à tes ailes ? demanda Relhnad.
Zibulinion n'était pas encore tout à fait remis du cours de vol, mais il ne lui restait que des courbatures, ses ailes ne pendaient plus. Elles étaient comme d'habitude : ternes et chiffonnées.
– Elles sont toujours comme ça, rétorqua-t-il avec humeur, fatigué des réflexions à ce sujet.
– Je te crois, mais ce n'est pas normal.
Pas plus que ne l'était son tour de taille peut-être ? pensa Zibulinion avec amertume.
– M'autorises-tu à t'examiner ?
Zibulinion étais las de se faire tripatouiller les ailes, mais il accepta. Plus tôt Relhnad aurait constaté que rien ne clochait, plus tôt ce serait terminé.
Relhnad se leva et se mit juste en face de Zibulinion, tout près de l'adolescent qui sentit une fragrance de pomme et d'herbe coupée lui chatouiller les narines. Le halo lumineux révélant que Relhnad faisait usage de ses pouvoirs enveloppa Zibulinion. Un frisson parcourut le corps de l'adolescent et tout fut fini : le professeur de sorts l'avait examiné sans poser un doigt sur lui.
– Ce n'est qu'une hypothèse, mais le triste aspect de tes ailes est sans doute lié à ton incapacité à utiliser tes pouvoirs convenablement. Si tu veux, il y a un moyen de vérifier sans attendre.
Zibulinion n'était pas convaincu, et pourtant, il était tenté.
– Qu'est-ce que je dois faire ?
– A terme, quelle que soit la justesse de mon hypothèse, il faut que tu apprennes à libérer ta magie. Là tout de suite, je vais t'obliger à user de tes pouvoirs d'une façon peu orthodoxe.
Là-dessus Relhnad monta sa main au niveau de la bouche de l'adolescent, replia tous ses doigts hormis l'index et ajouta :
– Suce mon doigt.
La demande était totalement incongrue et Zibulinion ouvrit de grands yeux. Relhnad précisa :
– Je t'assure que cela ne me plaît pas plus que toi et si cela n'était pas nécessaire de t'obliger à expulser ta magie en t'insufflant la mienne, je m'en dispenserai bien.
Les candidates pour lui lécher la moindre parcelle de son corps ne devaient en effet pas manquer vu sa beauté hors du commun... Zibulinion hésita, puis tenté par la perspective d'avoir enfin de jolies ailes, il goba le doigt de Relhnad et passa sa langue dessus. Le professeur de sorts avait un goût vanillé. L'adolescent ferma les yeux, s'interrogeant sur le goût que pouvait avoir Folebiol.

jeudi 29 août 2013

Le garçon fée - 48

La pièce était carrelée d'étoiles irisées du sol au plafond. Relhnad vêtu d'une sobre chemise blanche, d'un pantalon bleu ciel et de souliers vernis crème était assis à une imposante table argentée.
Zibulinion s'avança, soudain douloureusement conscient du gouffre qu'il y avait entre le physique de rêve du professeur et le sien. La perfection de sa beauté était tout bonnement incroyable.
– J'irai droit au but. Le temps est une chose précieuse. C'est le week-end et sûrement tu préfèrerais t'amuser plutôt que d'être ici avec moi.
Zibulinion serra les dents. Toute la nuit, il s'était tourmenté en se demandant ce que pouvait bien lui vouloir Relhnad, triste et déçu que l'un des rares professeurs à l'avoir accepté ait à priori également un problème avec lui. Sa seule consolation dans l'affaire, c'est que la mise au point se passait entre quatre yeux.
Relhnad continua :
– Je ne sais pas qui t'a appris à cacher tes ailes, mais c'est quelqu'un assurément qui n'est pas doué pour l'enseignement. Je n'ai pas pu faire autrement que de remarquer que tu n'usais pas de tes pouvoirs comme tu devrais. Au lieu de les libérer, tu les retiens. C'est ce qui t'échappe malgré toi qui te permet de parvenir malgré tout à tes fins. Regarde comme cela peut être rapide. Et ensuite, applique le sort.
Les splendides ailes de Relhnad disparurent et redevinrent visibles en un clin d'œil.
Zibulinion déglutit. Il ne savait pas comment procéder différemment, alors il fit comme d'habitude. Malgré ce que Relnahd lui avait dit, la seule explication qu'il avait à sa lenteur, était qu'il n'était pas doué en magie.
Zibulinion perçut un léger agacement de son professeur devant son piètre résultat, sa nervosité l'ayant rendu moins performant que jamais.
– Je vais rendre ton empreinte magique et la mienne visibles pour que tu comprennes le problème, déclara Relhnad.
Cette fois, au moment où le professeur de sorts masqua ses ailes, Zibulinion fut ébloui par un halo bleu vaporeux qui emplit tout le bureau. Le même phénomène se reproduisit durant l'opération inverse.
– A toi maintenant ! jeta Relhnad.
Zibulinion n'osa pas se lancer tout de suite. Il comprenait que Relhnad voulait l'aider à être un fée moins catastrophique, mais il avait l'impression de faire perdre son temps à son professeur qui sûrement aurait aimé être ailleurs, avec une des nombreuses fées qui devaient se traîner à ses pieds. Pour lui aussi, c'était le week-end.

mercredi 28 août 2013

Le garçon fée - 47

Le lendemain, les ailes toujours pendantes et plus affreuses que jamais, Zibulinion assista à son deuxième cours de sorts. Relhnad se confirma être un excellent professeur qui était loin de n'avoir que pour lui son extraordinaire beauté et sa voix merveilleuse.
Il commença à leur apprendre le sort pour faire apparaître leur baguette dans leur main où qu'elle ait été laissée à l'origine.
Zibulinion fut soulagé de ne pas être le seul à ne pas y arriver à la fin du cours, même s'il était toujours bon dernier pour le sort de masquage des ailes.
Le cours de minéralogie se déroula également sans accroc. Zibulinion récolta des cailloux marbrés qui lui valurent des compliments du professeur.
Après un solide repas, il fit de la géographie à la bibliothèque avant de se rendre en cours de faune. L'un dans l'autre, ce fut une belle journée. Zibulinion se sentait revivre de manger comme les autres.

Le vendredi tout se passa bien également jusqu'au dîner où il reçu, en plus de son repas, un avion en papier qui se révéla être une convocation du professeur Relhnad pour le samedi matin sans aucune indication quant au pourquoi.
Comme c'était vendredi soir, Zibulinion ne put se confier à Folebiol, Zurmmiel ou Joathilde rentrés chez eux pour le week-end. Il ramena son angoisse au dortoir, regrettant que Neyenje ne s'y trouve pas, sûrement encore en train de conter fleurette à une fée dans un recoin de l'école.
Il n'était proche de personne d'autre. Des quatre autre garçons de son âge, il n'y en avait qu'un qui passait le week-end à Valeiage et c'était celui qui considérait que c'était de la triche que Zibulinion ait été conseillé pour les trois objets. Restait juste Waltharan que Zibulinion aperçut sous la douche en se rendant à la sienne. Waltharan battait toujours des records de longueur pour se laver et le visage extatique qu'il offrait à l'eau perturbait invariablement Zibulinion.
Ce soir-là, l'adolescent se tourna et retourna dans son lit, cherchant le sommeil qui le fuyait, curieux de savoir s'il existait une formule magique contre l'insomnie.
Il passa une nuit affreuse, peuplée de cauchemars dans lesquels tout le monde, y compris Folebiol, se moquait de lui et le chassait à coup de pieds de l'école des fées. « Tu es vilain comme un pou. Tu n'appartiens pas à notre monde. »

Au petit matin, Zibulinion hésita entre pantalon et l'uniforme de l'école avant d'opter pour ce dernier. Il n'aimait décidément pas être en robe, mais comme il était convoqué par un prof, cela semblait plus adapté.
A 9 heures pile, comme indiqué par Relhnad, Zibulinion arriva devant le bureau du professeur de sorts. La porte s'ouvrit d'elle-même et la voix charmeuse de Relhnad l'invita à entrer et à fermer derrière lui.

mardi 27 août 2013

Le garçon fée - 46

Zibulinion se coucha sur son lit avec bonheur, mais fut troublé quand Folebiol s'y assit touchant presque son bras.
– Tu seras assez en forme demain pour aller en cours ?
– Je pense, oui. Je n'ai pas envie de manquer le cours de sorts.
Un des rares professeurs qui l'avait accepté sans lui donner l'impression d'être un intrus doublé d'un maladroit.
– Elle aussi, même malade, elle se traîne pour ne pas rater une précieuse minute avec Relhnad.
« Elle » ne pouvait être que la fée dont Folebiol était amoureux. La différence, c'était que c'était le cours qui plaisait à Zibulinion, même si bien sûr le fait que prof soit merveilleusement beau ne gâchait rien.
– Comment s'appelle-t-elle ?
Zibulinion regretta que la question lui ait échappé. Il voulait le savoir, tout en ne le désirant pas. Plus il avait d'informations sur elle, plus son existence devenait réelle. En même temps il était curieux à son sujet. Il détestait cette fée sans la connaître, jalousant l'amour que le fée aux cheveux fauves lui portait.
– Lavicielle. J'ai une photo d'elle, si tu veux voir comme elle est adorable...
Avant même que Zibulinion n'ait pu répondre, Folebiol fit apparaître la photo et la tendit.
Zibulinion la prit d'une main très légèrement tremblante toujours partagé entre le désir d'en apprendre plus et celui de ne rien savoir parce que c'était douloureux.
Lavicielle était une blonde à la peau mate, aux prunelles bleu foncé, au petit nez délicieux, et aux lèvres généreuses. Elle était comme les autres fées, un modèle de beauté.
– Elle est dans ta classe ?
– Oui, c'est une fée des bois, comme moi.
Zibulinion aurait aimé savoir pourquoi et comment il était tombé amoureux d'elle. Cependant, il ne le fit pas. Cela aurait pu paraître bizarre à Folebiol qu'il le fasse et puis les sentiments, cela ne s'expliquait pas vraiment. Lui même ne savait pas pourquoi Folebiol faisait battre son cœur et affolait ses sens... L'amour comme l'antipathie pouvait naître d'un regard, et c'est pour cela que Zibulinion avait été exclu par tous ces professeurs sans qu'il leur ait rien fait.
Folebiol évoqua ses autres camarades de classe, puis ses professeurs avant d'en revenir à Lavicielle.
Folebiol espérait que l'année prochaine, il serait encore dans la même classe qu'elle, mais qu'ils n'auraient pas Relhnad comme professeur de sorts afin qu'elle guérisse de son obsession pour lui.
Sur la jolie fée qu'il aimait, Folebiol était intarissable et c'était pénible pour Zibulinion. Il n'osait toutefois pas l'interrompre, craignant qu'un changement de sujet entraîne le départ de Folebiol. Il appréciait malgré tout sa présence à ses côtés.
Finalement, Folebiol abandonna de lui-même le sujet de Lavicielle, et annonça qu'il devait aller faire ses devoirs.
Zibulinion hésita à l'accompagner à la bibliothèque, puis renonça trop fatigué par le cours de vol et trop peiné par toutes les histoires sur la magnifique Lavicielle qui semblait dépourvue du plus petit défaut, à en croire Folebiol.

lundi 26 août 2013

Le garçon fée - 45

Quelqu'un toussa non loin et la fée infirmière disparut. Un peu plus tard, un plateau repas vola jusqu'à lui.
Zibulinion en savoura chaque bouchée, grimaçant de temps en temps à cause de ses muscles courbaturés.
Il commençait à s'ennuyer de son inactivité quand des éclats de voix qu'il connaissait bien se firent entendre. Zurmmiel, Joathilde, Folebiol et Neyenje.
La fée infirmière déclara qu'ils dérangeaient les autres malades, puis vint chercher Zibulinion.
– Si tu te sens assez bien, tu peux y aller. Des amis à toi sont venus te voir.
Zibulinion n'hésita pas, et après avoir remercié la fée qui s'était occupée de lui, quitta l'infirmerie.
Ses ailes pendaient lamentablement vers le bas, son dos était douloureux, mais à part ça, cela allait.
A la vue de Neyenje qui était accompagné d'une fée inconnue, Zibulinion s'empourpra. Depuis le baiser et ce qui avait suivi, il ne pouvait décidément pas croiser le regard du jeune homme sans embarras.
– Ça va ? s'inquiéta zurmmiel.
– Comment tu te sens ? demanda Folebiol
– J'ai eu peur quand tu es tombé, dit Joathilde en s'agrippant à la main de Zibulinion.
Neyenje, lui, agita sa baguette et les courbatures de Zibulinion furent soudain moins douloureuses.
Une fois que Zibulinion eut expliqué que son évanouissement était le résultat du régime de la professeur d'élégance combiné à l'exercice trop intense auquel l'avait soumis la professeur de vol, il s'éclipsa.
Zibulinion précisa à Folebiol, Zurmmiel et Joathilde, que l'infirmière allait mettre son grain de sel et le problème ne devrait normalement pas se reproduire.
– N'empêche que la plupart des profs sont méchants avec toi, s'énerva Zurmmiel.
– Tu n'es toujours pas autorisé à assister à certains cours ? s'enquit Folebiol.
– Celle de musique ne veut plus de lui non plus maintenant, glissa Joathilde.
– J'étudie très bien tout seul, affirma Zibulinion.
– Et qu'est-ce que tu vas faire pour les devoirs notés et les travaux pratiques ?
demanda Folebiol.
Zibulinion y avait pensé et n'avait pas de solution à ce problème.
– Je ne sais pas. Pour l'heure, je crois que je vais m'allonger au dortoir.
Folebiol n'insista pas, ce n'était pas le moment d'embêter Zibulinion avec ces histoires de devoirs et de contrôles, et offrit de lui tenir compagnie, chose que Zibulinion accepta avec plaisir.
Zurmmiel et Joathilde voulaient venir aussi, seulement ce n'était pas possible.
– Seuls les résidents du dortoir peuvent y entrer. Un sort empêche toute infraction. Pas de filles au dortoir des garçons, pas de mélanges !
Les deux enfants déçus affirmèrent que c'était injuste, qu'eux aussi voulaient rester avec Zibulinion. Folebiol leur rappela qu'ils avaient la chance d'avoir cours avec lui (à peine la moitié dans les faits) et de manger à la même table que lui, contrairement à lui.
Zurmmiel et Joathilde durent le reconnaître et laissèrent Zibulinion regagner son dortoir en compagnie de Folebiol.

vendredi 23 août 2013

Le garçon fée - 44

Zibulinion devait avoir un air défait, car Folebiol lui serra gentiment l'épaule et lui dit :
– Ne te laisse pas abattre.
Zibulinion retint son souffle, espérant que ce contact se prolonge, hélas cela ne dura qu'un trop court instant.
Folebiol ajouta :
– Ce n'est pas pour rien que ce type a les cheveux noirs ! Cela reflète bien la noirceur de son âme !
Cet amalgame entre apparence et caractère horrifia Zibulinion et le blessa plus que la méchanceté dont avait fait preuve le fée brun.
– Il n'y a pas de rapport, souffla-t-il d'une voix altérée.
– Hein ? De quoi parles-tu ?
– La teinte de cheveux d'une personne, fée ou pas fée, et son manque de considération pour les sentiments d'autrui n'ont rien à voir.
Folebiol parut se rendre compte de ce qu'il avait dit.
– Pardon. J'essayais de te consoler et je m'y suis mal pris.
Il lui adressa un sourire désolé et Zibulinion l'excusa immédiatement. Folebiol n'avait dénigré le fée brun que pour diminuer la force de ses peu charitables propos. La preuve qu'il ne pensait pas vraiment que l'apparence reflétait ce que les gens étaient au fond, c'est qu'il défendait Zibulinion en dépit de son physique atypique pour un fée.

Le lendemain, la professeur de littérature eut encore des mots durs pour Zibulinion si bien que l'adolescent se prit à souhaiter qu'elle l'exclut, elle aussi. Ce fut hélas la professeur de musique qui lui demanda de ne plus assister à son cours. Zibulinion avait en effet eu le malheur de se laisser aller à chanter avec les autres, l'air étant particulièrement entraînant.
N'étant pas autorisé à suivre les cours de l'après-midi, Zibulinion passa tout son temps à étudier à l'abri des regards dans un coin désert de la bibliothèque.
Les repas lui pesaient de plus en plus, car une fois finis, il avait toujours faim. Par ailleurs, il se lassait de ne manger que des légumes et des fruits, sans viande, poisson ou céréales. Mais, en dépit des soucis, une certaine routine s'installait.

Mercredi matin, Zibulinion fuit le dortoir à l'aube, puisque aucune règle ne semblait interdire de se lever plus tôt et qu'il semblait ne réveiller personne, il préférait agir ainsi. Cela lui évitait d'être trop excité par la vue de Folebiol à moitié dénudé dans son lit.
Il étudia jusqu'au petit déjeuner, puis ce fut l'heure du cours de vol.
La professeur, un nœud de satin rouge dans les cheveux, mit Zibulinion à l'écart des autres et lui ordonna de battre des ailes sans discontinuer.
Chaque fois que Zibulinion avait le malheur de ralentir ou faisait mine de faire une pause, elle le remarquait et le relançait sans cesser de s'occuper des autres petites fées qui voletaient à quelques centimètres au-dessus du sol.
Plus le cours avançait, plus Zibulinion se sentait mal. Il avait la tête qui lui tournait, le haut du dos endolori et les ailes en feu. Il l'aurait bien signalé au professeur, mais il n'en avait plus la force. 

Il bougeait mécaniquement des ailes, de plus en plus doucement, de moins en moins conscient de ce qui l'entourait, obéissant à la voix féminine qui lui répétait de ne pas s'arrêter quand tout à coup, tout devint noir.

jeudi 22 août 2013

Le garçon fée - 43

La deuxième semaine à l'école des fées commença mal avec un cours sur les êtres magiques qu'ils n'avaient pas eu le premier lundi afin qu'ils puissent découvrir l'école. Selon les critères de la professeur, l'adolescent ne ressemblait pas assez à un fée pour en être un. Pas plus qu'il ne pouvait être un sorcier, un nain ou un lutin... Il n'entrait dans aucune des cases des êtres magiques connus par la professeur et comme cela la dérangeait, elle l'exclut du cours.
A midi, en dépit de la présence à table de Zurmmiel et Joathilde qui était revenus en début de matinée à l'école et qui racontaient leur week-end avec force de détails, Zibulinion ne parvint se défaire de sa tristesse. Il savait qu'il allait passer tout le restant de la journée seul puisque ni le professeur d'histoire, ni la professeur de baguette ne voulaient de lui. Et ce n'était pas son assiette de brocolis accompagnée d'un pauvre yaourt de blanc qui pouvait l'aider à lui remonter le moral. Heureusement, il retrouverait Folebiol, ce soir. Il ne pourrait cependant pas lui révéler l'évènement le plus marquant de son week-end : le baiser de Neyenje.
Zibulinion avait du mal à ne plus y penser et quand il avait brièvement revu Neyenje avant l'extinction des lampes dimanche soir et le matin, au lever, le sang lui était monté aux joues.
Après une après-midi studieuse et solitaire à la bibliothèque et un dîner une fois de plus manquant sérieusement de substance, Zibulinion gagna le dortoir et y guetta l'arrivée de Folebiol, en polissant sa pièce de monnaie.
Enfin, l'adolescent aux cheveux fauves fut là, bavardant et riant avec quatre autres garçons fées de leur âge.
Zibulinion dut se retenir de se précipiter vers lui, et se contenta de se lever de son lit, après avoir déposé sur son oreiller la pièce de monnaie brillante.
– Salut ! Ça a été ton week-end à l'école ? demanda Folebiol en arrivant à sa hauteur, toujours entouré des autres garçons fées.
– Oui. J'ai lu des choses passionnantes...
– Tu es sorti aussi, j'espère ?
– Oui, samedi, dans le...
Une exclamation du garçon fée des rêves qui était à côté de Folebiol empêcha Zibulinion de terminer sa phrase.
– Wouah ! Ta pièce resplendit ! Mes conseils ont plus que porté leurs fruits !
L'intérêt des cinq garçons se reporta sur la pièce et ils la prirent tour à tour en main, la soupesant, admirant sa brillance, évoquant l'époque lointaine où eux aussi ils avaient eu à prendre soin des trois objets. Le fée des plantes se pencha ensuite sur le pot posé sur la table de nuit dans lequel Une petite pousse verte pointait timidement la tête. Folebiol exprima alors l'envie de voir l'œuf. Aussitôt Zibulinion le sortit de son placard pour le lui montrer. L'œuf avait pris de jolies couleurs et dégageait une douce chaleur. L'adolescent qui avait trouvé que c'était de la triche de dire tout ce qu'il fallait faire à Zibulinion, le répéta : évidemment que Zibulinion se débrouillait bien, puisque tout lui avait été dit. Leur conversation animée attira d'autres garçons fées et comme certains faisaient mine de s'emparer de la pièce, l'œuf et le pot, Zibulinion protesta, craignant une catastrophe. Il ne fut entendu que par Folebiol qui donna de la voix :
– Arrêtez ! Vous risquez de casser son œuf ou de briser son pot !
– Et de salir sa pièce, glissa un garçon plus jeune qui devait être un fée des rêves.
Dame Nature soit louée, Juycilli était dans la salle d'eau et il ne débarqua pas pour calmer le brouhaha. Bizarrement ce fut le fée brun qui poussa les garçons à retourner à leurs affaires, en soulignant qu'il n'avait rien de si exceptionnel à ce que Zibulinion réussisse à ce que ses 3 objets se développent bien. Lui aussi et bien d'autres avant lui s'en était tiré avec brio. A l'intention de Zibulinion, il ajouta dans un murmure :
– Ta seule particularité, c'est ta tête de chouette.
Folebiol à qui la remarque n'avait pas échappé, répliqua :
– Toi, c'est ta langue de vipère !
Trop tard ! Le fée brun avait déjà tourné les talons.

jeudi 1 août 2013

Vacances d'été

Ci-dessous l'épisode du jour et après, Le garçon fée sera en pause jusqu'au 22 août pendant mes vacances où je serais plus ou moins coupée d'internet.

Que va-t-il se passer avec Neyenje, avec Folebiol...? A mon retour, début de la deuxième semaine de cours de Zibulinion à l'école des fées !

Le garçon fée - 42

– Hé, pas la peine d'être aussi catastrophé ! Un sort de nettoyage et il n'y paraîtra plus !
Neyenje sortit sa baguette, prononça quelques mots et Zibulinion sentit son caleçon collant de sperme redevenir propre et sec.
– Merci, souffla-t-il, en laissant retomber ses bras le long de son corps.
– Tu verras, je serai un délicieux petit ami...
Zibulinion n'en était pas certain. Neyenje collectionnait les petites amies et être avec lui impliquait de le partager. Mais de toute façon, Zibulinion aimait Folebiol, quand bien même il ne pouvait nier que le baiser de Neyenje était loin de lui avoir déplu. Si seulement c'était Folebiol qui avait pu le lui donner... Son tout premier baiser...
– Je préfère que nous restions juste amis.
– Pourquoi ?
– Je te l'ai déjà dit.
– Et je t'ai déjà répondu que cela ne me gênait pas. Cela n'a pas d'importance.
– Pour moi, si.
Neyenje soupira.
– Tu es du genre romantique... Bon, tant pis. Si jamais tu changes d'avis, je serai là pour t'embrasser et plus encore.
Le ton suggestif fit frémir Zibulinion. Peut-être était-il fou de repousser Neyenje. C'était un petit miracle en soi que quelqu'un s'intéresse à lui en dépit de son apparence et ce n'était pas comme s'il pouvait sérieusement espérer que Folebiol tombe amoureux de lui... En même temps, cela n'avait pas de sens de sortir avec Neyenje qui n'éprouvait rien de spécial pour lui, uniquement pour le plaisir de recevoir des baisers... Malgré tout, c'était tentant.
Perdu dans ses pensées, Zibulinion ne remarqua pas que Neyenje s'approchait et un baiser effleura ses lèvres sans qu'il puisse l'éviter.
– Mais... souffla-t-il.
– C'était en guise d'au revoir. J'ai un rendez-vous avec Laloréa. A plus tard.
Zibulinion le regarda s'éloigner, encore tout remué. Neyenje était un vrai bourreau des cœurs qui ne tenait guère en place et qui était sacrément culotté. Il avait embrassé Zibulinion, comme ça, sans rien demander, au même endroit que la fée rousse, et était parti presque tout de suite après pour rejoindre la fée dorée... Et pourtant, il était impossible de lui en vouloir. Il était gai et pétillant. Mais il était aussi inconséquent, il n'avait pas cette gentillesse généreuse de Folebiol.
Zibulinion ne savait plus très bien où il en était. Il avait vécu trop de choses nouvelles ces derniers temps. Reconnaître son attirance pour les garçons, explorer une nouvelle école, tomber amoureux, découvrir les matières scolaires féériques, recevoir son premier baiser... Cela faisait trop. Comme d'habitude, Zibulinion décida de se réfugier dans les livres. Étudier, il n'y avait que cela de vrai pour tout oublier.