jeudi 14 juin 2018

Problème d'ordinateur

Mauvaise nouvelle, mon ordinateur ne s'allume plus et celui que j'emprunte pour l'heure n'a pas toutes mes petites affaires, comme en plus je suis malade, je me vois dans l'obligation de faire la pause, rendez-vous le 2 juillet pour la suite, le temps que je guérisse et m'organise.

Bienvenue à Versélia - 9

L'intérieur était semblable à celui d'un grotte préhistorique avec des peintures couleur sienne d'étranges animaux sur les parois.
L'homme qui les accueillit était vêtu d'un peau de bête. Il avait la peau noire, ce qui faisait ressortir les deux canines blanches étincelantes qui dépassaient de sa bouche.
— Il ne manquait plus qu'un mort-vivant, laissa échapper Grégoire dans un murmure.
Il fut hélas entendu à sa grande honte.
— Il existe des humains capables de se relever après leur trépas ? A Versélia, seuls les phénix renaissent de leurs cendres.
Grégoire n'eut plus qu'à justifier sa remarque, mais il ne lui fut pas facile d'expliquer que les vampires appartenaient au domaine de la fiction, au même titre que les fées.
Sergeï intervint :
— Au risque de décevoir, mon cœur n'a jamais cessé de battre. Je suis un suceur. Tous les types de fluides me conviennent avec une préférence pour les corporels. Ce point éclairci, que me vaut votre visite ?
Saphir mit au parfum le vampire, ou plutôt le suceur, avant que Grégoire ne le fasse.
Sergeï darda ses yeux noirs sur Grégoire qui esquissa un sourire poli.
— C'est rare que l'on requiert mes services pour cela… Mais asseyez-vous, je vous prie, dit-il en leur indiquant de gros cailloux au dos rond placés en cercle devant un petit feu.
Saphir et Crystal obtempèrent et Grégoire aussi avec un temps de décalage. Il aurait donné cher pour être ailleurs.
— Dégage ton cou, exigea Sergeï, ses dents s'allongeant encore.
Grégoire rentra la tête dans les épaules. Suceur ou vampire, Sergeï avait l'intention de lui ponctionner du sang !
— Si tu ne veux pas, il te faut pleurer. Autrement, il reste la fellation.
Grégoire sursauta.
— Il est très doué, glissa le fée aux cheveux bleus.
— Saphir ! C'est donc pour cette raison que tu le connais si bien ! s'écria Crystal entre surprise et indignation.
— Eh bien quoi, chacun ses plaisirs.
Grégoire regarda la bouche de Sergeï, puis le petit pénis de Saphir qui avait abandonné en cours de route sa taille humaine, puis il se représenta le suceur entre ses jambes, son souffle sur son membre et il se mit à durcir. Il s'ébroua.
Même si la pudeur n'était pas de mise sur Versélia, ce n'était pas une raison pour se laisser contaminer.
Grégoire déboutonna le haut de sa chemise et ouvrit largement son col.
Sergeï n'eut pas besoin d'autre invitation. Il se pencha et planta ses dents pointues dans la chair offerte.
La douleur fut brève et la succion bizarrement excitante.

mercredi 13 juin 2018

Bienvenue à Versélia - 8

Égaré dans un pays étranger, Grégoire aurait eu une idée de la marche à suivre, mais il était vraiment perdu dans ce monde enchanté.
— Des suggestions ? demanda-t-il, même s'il avait l'impression d'abuser de la gentillesse des fées.
— Sergeï pourrait déterminer ta nature, ce serait un premier pas pour mieux te connaître, offrit Saphir.
— Mais il habite tout près des marécages de feu, protesta Crystal.
— Il n'est pas mauvais pour autant, rétorqua le fée aux cheveux bleus en agitant les ailes avec emphase.
— Il est plus négatif que positif, argua encore Crystal.
Corbin ne se prononça pas et s'envola, devant jugé avoir rempli son rôle.
Grégoire était quant à lui fatigué d'être conduit d'une personne à l'autre et surtout, il avait froid et ses pieds le faisaient souffrir, mais il n'avait guère le choix...
— Y-a-t-il des moyens de transports à Versélia ?
— Par la voie des airs, on peut faire appel aux oiseaux géants. Autrement, certains centaures veulent bien prendre des cavaliers et les licornes aussi, mais elles n'acceptent que les vierges et puceaux.
Grégoire ne pourrait donc monter à dos de licorne. Il s'en remettrait.
Après une rapide discussion, Crystal s'élança dans le ciel bleu pour quêter un oiseau tandis que Saphir et Grégoire gagnaient la clairière la plus proche où leur monture pourrait se poser.
L'attente ne fut pas longue et un gigantesque oiseau au plumage arc-en-ciel apparut.
Grégoire écouta les fées pépier de concert avec l'animal sans rien y comprendre, mais il s'avéra que le prix du voyage était encore une mèche de cheveux.
— C'est pour leur nid, expliqua Saphir.
En le soulevant chacun par un bras, les fées l'aidèrent à s'installer sur le bas du cou de l'oiseau.
Ainsi perché, n'ayant que quelques plumes pour s'accrocher, Grégoire n'en menait pas large et il ne put retenir un cri angoissé au décollage.
La vue aérienne ne tarda cependant pas à le distraire de sa peur. Des fées peuplaient les nuages et le feuillage des arbres formait un magnifique patchwork.
Saphir proposa qu'ils effectuent un tour plutôt que de se rendre directement chez le dénommé Sergeï et Grégoire qui commençait à comprendre que son séjour à Versélia risquait de durer, accepta : plus il en apprendrait, moins il serait susceptible de commettre d'impairs.
Les deux fées lui montrèrent le lac miroitant au milieu de forêts chacune figée à une saison différente, les montagnes les entourant, elles-même encerclées par une terre rouge et boueuse.
L'oiseau les déposa ensuite sur une pente rocheuse glacée et c'est en grelottant que Grégoire entra dans la chaude caverne où vivait Sergeï.

mardi 12 juin 2018

Bienvenue à Versélia - 7

Finalement, ils s'arrêtèrent au pied d'un arbre dont les longues branches montaient vers le ciel. Crystal frappa le tronc d'une succession de coups secs et rapides et une ombre descendit sur eux.
C'était un homme avec des ailes à la place des bras et de larges serres en guise de pieds. Des plumes marrons et beige cascadaient sur sa tête. Un simple pagne retenu par une lanière masquait sa virilité. Avec sa peau cuivrée et ses yeux dorées, il possédait une beauté étrange.
— Ah ! La vieille chouette absente, il faudra se contenter de Corbin, son assistant et successeur, se désola Saphir.
— Vous pouvez toujours revenir plus tard, si vous souhaitez la consulter, répondit obligeamment Corbin.
Grégoire se dépêcha d'exposer sa requête.
L'homme oiseau exigea une mèche de cheveux en échange de ses conseils.
Une fois que Grégoire eut accepté et que la mèche blonde eût été tranchée à l'aide de ses serres, il posa son front contre celui de Grégoire  et l'enveloppa dans ses ailes.
Grégoire retint son souffle et puis, la sentence tomba :
— Tu es là pour te trouver.
— Qu'est-ce que cela veut dire ?
Les ailes de Corbin retombèrent.
— Désolé, mais c'est tout ce que j'ai à révéler.
— Tu es encore plus cryptique que ta mère, lança Saphir, railleur.
Grégoire était furieux. Tout ce chemin pour cela… Il contint néanmoins sa colère. L'homme chouette n'y était pour rien et les fées avaient cru bien faire en le conduisant jusqu'ici.
— Je ne pourrais donc quitter Versélia tant que je ne me serais pas "trouvé"?
Corbin opina et ajouta :
— Et peut-être alors décideras-tu de rester.
C'était improbable. Sa vie n'était pas dans cette forêt magique peuplée de créatures de contes de fées. Il avait des parents, un travail…
Hélas, la recommandation donnée par Corbin était tellement vague qu'il ne voyait pas quoi faire.
— Le précédent humain n'est jamais reparti, précisa Crystal.
— Il est tombé amoureux d'une sirène du lac, expliqua Saphir. La pauvre ne s'en est pas remise quand il est mort de vieillesse.
Grégoire digéra l'information. Ce n'était pas encourageant. Cela ne l'étonnait toutefois pas d'apprendre que la longévité des habitants de Versélia était supérieure à celle de son espèce.
Il n'avait pour sa part pas l'intention de tomber amoureux, pas plus d'un fée que d'un homme-oiseau, et ce, même s'ils étaient séduisants.

lundi 11 juin 2018

Bienvenue à Versélia - 6

— Tiens, mais c'est un humain, gronda le dragon.
— Et il a faim, dit Saphir insistant sur le son final, pour souligner la rime, comme pour justifier sa taquinerie d'un peu plus tôt.
Le dragon retourna dans sa tanière d'un mouvement vif, manquant de balayer Grégoire de sa longue queue et revint, tenant dans sa patte griffue trois boules dorées à souhait.
Grégoire n'osa se rapprocher pour récupérer la sienne.
— N'a-t-on pas quelque chose à payer ?
— Ce n'est pas nécessaire. Que vous vous régaliez me suffit.
— Mais le coût des matières premières ? s'enquit Grégoire, en trouvant enfin le courage de prendre ce qui lui était offert.
Un filet de fumée s'échappa des naseaux de  Vulkain.
— Pas de doute, tu es bien un humain. Le précédent aussi était obsédé par ce genre de question.
— Notre société repose sur l'argent, se défendit Grégoire.
— Pas la nôtre, à Versélia, chacun se rend service sans forcément exiger quelque chose en retour. Toujours est-il que si tu te sens redevable à mon égard, libre à toi de venir mettre la patte à la pâte !
Grégoire mordit dans le petit pain. Les deux fées n'avaient pas menti. Il n'avait jamais goûté à rien d'aussi bon. C'était fondant et croustillant à la fois.
Le dragon émit un grondement satisfait et lui confia une brioche qui se révéla tout aussi savoureuse.
Après avoir remercié Vulkain, ils repartirent.
A mesure qu'ils avançaient, le feuillage des arbres roussissaient et la température chutait.
— Vous n'avez pas froid ? s'étonna Grégoire qui frissonnait avec son costume alors que ses deux guides, tous deux nus, ne se plaignaient pas.
— Non. Notre corps s'ajuste au climat, expliqua Crystal.
— Apparemment, ce n'est pas le cas de notre ami humain, commenta Saphir. Nous aurions dû faire un détour par chez Rufus pour prendre une cape.
— Non, c'est bon, intervint Grégoire.
Ce qu'il voulait, c'était vite savoir comment rentrer chez lui avant de se mettre à douter de sa sanité.
A la demande des deux fées, il parla de son monde et il apparut assez vite que la technologie n'existait pas à Versélia – voiture, téléphone, ordinateur étaient des choses inconnues pour Saphir et Crystal.

vendredi 8 juin 2018

Bienvenue à Versélia - 5

L'estomac de Grégoire gargouilla. Il n'avait pas mangé depuis le déjeuner de la veille.
— Je crois qu'un détour par la boulangerie de Vulkain s'impose, commenta Crystal.
— Non, c'est bon, assura Grégoire.
Même s'il avait faim, il était surtout pressé de regagner son univers, celui dans lequel il savait comment se comporter.
— Ses petits pains sont délicieux, tu vas te régaler, affirma Saphir sans tenir compte de sa protestation.
— De pures merveilles, enchérit Crystal. Cela te donnera de l'énergie pour gagner la forêt d'automne où habite la vieille chouette.
Grégoire, dépendant de ses deux guides ailés, n'eut plus qu'à s'incliner.
La fée aux ailes irisés bifurqua en direction d'un chemin sableux encadré de buissons fleuris qui embaumaient.
Elle et Saphir voletaient tandis que Grégoire marchait quand un bruit de galop se fit entendre derrière eux.
Un coup d'œil apprit à Grégoire qu'un centaure fonçait sur eux, deux gros sacs pendant de chaque côté de ses flancs. Il n'aurait pas dû être surpris après les fées, mais il se figea et, il aurait été sans doute bousculé par la légendaire créature si Saphir ne l'avait attiré in extremis sur le côté.
Grégoire s'était à peine remis du passage du centaure qu'il aperçut un homme bouc qui besognait contre un érable une jeune fille aux longues oreilles pointues.
Il détourna le regard, gêné.
— C'est normal de faire l'amour à la vue de tous à Versélia ? demanda-t-il.
— Cela n'a rien d'exceptionnel pour les faunes. Nous, les fées, nous ne nous affichons pas de la sorte, répondit Crystal.
— Attention avec vos grosses chaussures ! s'exclama soudain une voix inconnue.
Grégoire baissa les yeux sur ce qui devait être un lutin tout de violet vêtu.
— Pardon, murmura-t-il.
Ses nerfs allaient lâcher. Il ferma brièvement les yeux, mais quand il les rouvrit, il était toujours au milieu des bois entouré d'êtres étranges.
Crystal et Saphir l'incitèrent à accélérer le pas et Grégoire s'exécuta en tâchant de n'écraser personne.
Ils finirent par arriver à l'entrée d'une grotte dont s'échappait un divin parfum de pain chaud.
— Vulkain ! appela Saphir.
Des profondeurs émergea une tête reptilienne aux yeux jaunes, puis un large corps écailleux.

jeudi 7 juin 2018

Bienvenue à Versélia - 4

— Pourriez-vous me conduire à quelqu'un susceptible de m'aider ?
— Bien sûr, répondit aussitôt Saphir. Mais ce ne sera pas gratuit, précisa-t-il.
Grégoire avait oublié de prendre son portefeuille avec lui. Il l'avait laissé dans sa sacoche sous le siège avant. Il était cependant douteux que les fées soient intéressées par de l'argent.
— Je n'ai rien sur moi. Que voulez-vous ?
— Un baiser, déclara Saphir.
C'était une drôle de méthode de paiement qui n'engageait à priori à rien, excepté que Grégoire ne savait rien des us et coutumes des fées.
— Cela risque d'être délicat vu notre différence de taille, argua-t-il.
— Qu'à cela ne tienne, répliqua Saphir en grandissant subitement.
Grégoire avait déjà noté la beauté de deux êtres ailés, mais Saphir était éblouissant ainsi et sa nudité devenait troublante.
Le fée tapota de l'index ses lèvres pourpres.
— J'attends, dit-il, ses yeux brillants comme des pierres précieuses.
Grégoire avait déjà eu l'occasion d'embrasser des filles, mais jamais encore quelqu'un du même sexe. Il trouvait pourtant les hommes aussi attirants que les femmes, mais la société réprouvant ce genre de préférence, il avait enfoui ces désirs en lui. Il hésita.
— Je m'en contenterai d'un sur le front, intervint Crystal en prenant également taille humaine.
— Hé ! Pourquoi me coupes-tu l'herbe sous le pied ?! s'écria Saphir avec une moue boudeuse.
— Parce qu'il n'y a pas eu d'humains depuis une centaine d'années au moins à Versélia et que ta tête frustrée est trop cocasse, rétorqua Crystal.
C'était une demande moins problématique. Grégoire se leva et effleura la peau dorée et sucrée de Crystal de ses lèvres.
La fée partit en flèche dans le ciel, redescendit à nouveau petite pour le tirer par la manche.
Grégoire n'eut d'autre choix que de la suivre et Saphir les accompagna.
— Je peux te détailler toutes les lois de Versélia si tu m'embrasses, offrit-il.
Le fée aux cheveux bleus n'en démordait pas. Grégoire était tenté.
— La belle affaire, il n'y en qu'une ! Respecter les autres et se montrer bienveillant avec eux, révéla Crystal.
Grégoire fut déconcerté. Cela paraissait trop simple. Il était impossible qu'un tel système fonctionne.

mercredi 6 juin 2018

Bienvenue à Versélia - 3

Quand il émergea, il constata que l'aube pointait. Étonnamment, il avait dormi toute la nuit.
Deux petites voix, à sa droite, le firent sursauter.
— Saphir, tu vois la même chose que moi…
— Oui, Crystal, tout pareil.
Grégoire tourna la tête et se retrouva nez à nez avec un homme et une femme ailés hauts comme trois pommes dont la peau nue et dorée scintillait.
Grégoire était certain d'être réveillé, aussi, bien qu'il ait cru jusque là que les fées appartenaient au domaine de l'imaginaire, il ne se frotta les yeux ni se pinça le bras.
Il se contenta de leur adresser poliment la parole :
— Bonjour, je suis perdu, auriez-vous l'amabilité de m'aider à retrouver mon chemin ?
Les deux fées rirent.
— Tu as la joue toute striée par l'écorce du Gardien ! s'écria le fée dont les cheveux et les yeux étaient du même bleu saphir que ses ailes.
Grégoire se frotta le visage avec un soupçon d'embarras et reposa sa question.
Saphir et Crystal échangèrent un regard.
— Si vous êtes parvenu jusqu'à Versélia, c'est forcément pour une bonne raison, annonça la fée qui avait les ailes irisées.
— Vous ne pouvez donc retourner dans le monde des humains, vous êtes coincé avec nous, ah, je sens que nous allons bien nous amuser, déclara Saphir.
Grégoire peinait à s'expliquer comment de perdu dans la forêt, il était devenu prisonnier d'un ailleurs étrange.
— Que suis-je supposé faire pour avoir le droit de rentrer chez moi ?
Les fées haussèrent les épaules et effectuèrent chacun une pirouette aérienne.
Le spectacle aurait pu être charmant si Grégoire n'avait pas été bouleversé par l'incroyable situation.
— Quelles lois régissent Versélia ? demanda-t-il, cherchant à se raccrocher à quelque chose de tangible.
— La toute première consiste à parler en vers, répondit Saphir d'un air très sérieux.
Crystal pouffa.
Même sans cette indice, aucun de leurs propos n'ayant rimé jusque là, Grégoire aurait compris qu'ils se moquaient de lui. Il choisit de ne pas en prendre ombrage. Jouer des tours était peut-être quelque chose d'inhérent aux fées.

mardi 5 juin 2018

Bienvenue à Versélia - 2

Tous les arbres se ressemblaient verts, élancés, et feuillus, mais le pied de l'un d'entre eux, moussu et aux racines apparentes, lui parut plus accueillant que les autres. Il s'y assit, s'adossant au tronc épais.
N'ayant pas de montre, il voulut sortir son téléphone pour regarder l'heure, mais il eut beau fouiller toutes ses poches, il lui fut impossible de remettre la main dessus.
Avec un gémissement horrifié, il comprit qu'il avait dû mal le ranger l'une des fois où il l'avait consulté pour vérifier s'il ne captait vraiment pas le réseau. Il avait une copie de tous ses contacts sur son ordinateur portable rangé dans le coffre de sa voiture, mais décidément, ce n'était pas son jour.
Privé de son téléphone, il n'avait rien à faire. Il résista à la tentation de se relever pour fouiller les alentours. La forêt et ses chemins avait tout d'une botte de foin.
Le silence régnait autour de lui, pas une voiture, à peine un souffle de vent et quelques bourdonnements d'insectes.
Il leva la tête vers le carré de ciel qui se découpait entre les branchages. Le bleu avait viré au gris, les nuages s'accumulant. Il ne manquait plus qu'il pleuve…
Ses yeux verts se portèrent sur le tapis de feuilles, de cailloux et de brindilles et il laissa ses pensées vagabonder.
Il n'aurait jamais dû être dans une situation pareille alors que la visite de contrôle de sa voiture était récente et qu'il avait choisi un excellent opérateur téléphonique.
Depuis son plus jeune âge, il respectait les règles, celles qui étaient édictées comme les tacites qu'il fallait hélas souvent apprendre à la dure.
Sa tante, en visite, avait déclaré une fois qu'un enfant aussi sage, ce n'était pas naturel. Sa mère avait rétorqué en plaisantant que si une fée s'était penchée sur le berceau de son fils pour lui conféré le don d'obéissance, ce n'était pas elle qui allait s'en plaindre.
Grégoire répondait depuis toujours aux exigences de son entourage dans la sphère privée comme professionnelle et c'était pourquoi à l'âge de vingt-cinq ans, il occupait une position enviable dans une entreprise florissante.
Se perdre dans les bois était lamentable. Il allait causer du soucis à des tas de gens et en entendrait parler pendant des années. Il finirait cependant peut-être par rire de sa mésaventure.
Le fond de l'air fraîchit,
l'obscurité tomba peu à peu sur la forêt. Grégoire se recroquevilla contre le tronc et finit par s'assoupir.

lundi 4 juin 2018

Bienvenue à Versélia - 1

Grégoire Beaujack, au volant de sa spacieuse voiture métallisée, suivait de façon scrupuleuse les consignes du GPS intégré. Son travail nécessitait qu'il se déplace souvent de ville en ville.
Il s'engagea sans sourciller sur la route qui serpentait entre les grands arbres.
Il roulait depuis un moment quand le bitume laissa place à des gravillons, puis à de la simple terre battue.
Malgré l'excellente suspension de son véhicule, il commençait à être secoué et envisageait de faire demi-tour, raccourci ou pas, quand il cala. Il avait pourtant assez d'essence, ayant pris soin de faire le plein avant son départ.
Ses tentatives pour redémarrer échouèrent, ne lui laissant d'autre choix que de descendre pour effectuer le tour de sa voiture, mais il ne vit aucun pneu crevé ou obstacle expliquant la panne.
Avec un soupir résigné, il ôta la veste de son costume gris pour ne pas le salir, l'allongea sur la banquette arrière de façon à ne pas le froisser  et remonta les manches de sa chemise blanche avant d'ouvrir le capot pour examiner le moteur. Rien ne semblait clocher, ce qui signifiait que le problème devait être électronique, ce qui dépassait les compétences mécaniques de Grégoire.
Il sortit de la poche de son pantalon son téléphone pour appeler un dépanneur, et eut la mauvaise surprise de découvrir qu'il n'y avait pas de réseau. Il ne pourrait même pas prévenir de son retard.
Il passa une main ennuyée dans ses courts cheveux blonds, se donna la peine de pousser sa voiture sur le bas-côté, et remit sa veste.
Il faisait doux en cette fin de printemps aussi ne prit-il pas son léger manteau avant de se mettre en marche, en espérant tomber sur une habitation.
Ses souliers de ville cirés n'étaient pas adaptés aux longues marches et il ne tarda pas à avoir mal aux pieds. Il continua néanmoins à avancer, mais à force de croisements, d'embranchements et de sentiers qui ne menaient nulle part, il lui fallut se rendre à l'évidence : il était perdu.
Il s'immobilisa, tenta en vain de retracer ses pas pour revenir à sa voiture, puis se rappela que la règle si on n'arrivait pas à se repérer était de de ne plus bouger jusqu'à être retrouvé.
Sachant que les secours ne risquaient pas de débarquer avant plusieurs heures, le temps que son absence à la réunion soit actée et son entreprise contactée, il chercha un endroit confortable pour s'installer.

vendredi 1 juin 2018

Raiponce - 8 (fin)

Quand Melvyn appela Raiponce, la sorcière lui envoya la tresse de cheveux.
Le prince ne se méfia pas un instant. Il pensa que le jeune homme avait encore quelques scrupules à partir et il grimpa jusqu'en haut. Cependant, c'est la vieille qu'il trouva devant la fenêtre qu'il avait pris l'habitude d'enjamber les semaines passées.
— L'oiseau a quitté son perchoir et plus jamais il ne roucoulera avec qui que ce soit, ricana-t-elle.
La prise du prince sur la corde se relâcha à cette nouvelle. Son doux Raiponce était donc mort ?
La sorcière détacha alors la tresse et Melvyn tomba dans le vide.
Sa chute fut longue, mais il ne se débattit pas. Sans Raiponce, il préférait mourir. Cependant, il fut épargné. Une branche de pin ralentit sa chute et seuls ses yeux furent touchés.
Il se mit à errer dans la forêt à l'aveugle, se moquant bien d'essayer de regagner le chemin de son château. Il respirait encore, mais à l'intérieur, il était comme mort. Il aurait tout donné pour entendre à nouveau Raiponce chanter, et plus encore, pour pouvoir le prendre dans ses bras.
Rendu fou par la douleur d'avoir perdu son bien-aimé, il marcha au hasard des mois et mois durant, subsistant en se nourrissant de baies et de racines.
   
    De son côté, dans le désert où l'avait laissé la sorcière, Raiponce survivait comme il pouvait. Il avait même pris sous son aile deux petits enfants, un garçon et une fille, également abandonnés par leurs parents pour mourir dans les sables.
Il était en train de leur chanter une berceuse dans leur misérable hutte, quand il vit un homme crasseux entrer à tâtons dans leur demeure. Malgré son allure misérable, il le reconnut aussitôt.
Sa voix se brisa et il se jeta dans les bras de Melvyn en répétant son nom sans discontinuer. Il pleura de joie et ses larmes coulèrent sur les yeux éteints du prince. C'était le chant de Raiponce qu'il avait cru reconnaître qui avait guidé ses pas.
Ils s'embrassèrent. Et puis Raiponce se rappela de la présence des deux enfants qui s'étaient endormis juste avant l'arrivée du prince et il l'attira hors de la hutte.
Melvyn cligna des paupières. Il avait retrouvé celui qui illuminait ses jours et sa vue était en train de lui revenir.
Ils se racontèrent ce qui s'était passé durant leur longue séparation et se promirent de ne plus jamais se quitter.
Ensemble, accompagnés des deux enfants, ils retournèrent dans le royaume du prince qui fut accueilli dans la liesse.
Ses parents enchantés de retrouver leur fils qu'ils avaient cru disparu à jamais, acceptèrent tout ce que Melvyn désirait. C'est ainsi qu'il épousa Raiponce et adopta les deux orphelins. Et ensemble, ils vécurent très heureux, se montrant toujours plein de bienveillance et tolérance envers leurs sujets.

FIN