vendredi 28 novembre 2014

Information

Actuellement et jusqu'au 19 décembre 2014, à partir de 30 euros d'achat, les frais de port sont à 1 euro TTC sur TheBookedition.

Personnellement, je vais entre autres commander mon exemplaire test du Garçon fée Livre I. 
Oui, la première édition du Garçon fée se fera bien en 3 livres, ce qui ne ferme nullement la porte à une édition intégrale, juste que j'avais conçu à la base l'histoire en trois parties, que le travail de correction (orthographe, grammaire, conjugaison, incohérences, coquilles) est titanesque et que le diviser en 3 est motivant.
 
J'en profite pour vous demander ce que vous souhaiteriez voir dans les bonus du Garçon fée (qui seront présents au livre III)
J'ai déjà prévu de façon quasi-certaine :
  • une discussion entre Waltharan et Joathilde 
  • la première rentrée de Zibulinion de l'autre côté de la barrière
  • le point de vue de Relhnad durant la 1ère année de Zibulinion à l'école des fées
Ajout du 1er décembre : Souhaiteriez-vous voir autre chose en plus de ces trois propositions  ?
Si vous avez envie d'une fin alternative, d'un "et si" , d'autres points de vue... C'est le moment de vous exprimer !

Au Zoo Interplanétaire - 69

Merwannn l'accueillit en pressant ses lèvres sur sa tête, ce que Zyxxx s'était imaginé être une marque d'affection, mais n'était en fait qu'une manière de se saluer.
— Tu as passé une bonne journée ?
— Oui, ça va. Je continue à apprendre le Tappelnien.
— Je peux te payer l'accès à d'autres chaînes, offrit Zyxxx.
Plus Zyxxx songeait à la situation de Merwannn, plus il s'inquiétait pour lui : ce dernier ne s'ennuyait-il pas seul au logis ?
— Je ne tiens pas à passer la journée devant l'écran.
— C'est comme tu veux, mais si l'envie t'en prend, sache qu'il est possible d'enrichir le nombre de chaînes.
— Y en a-t-il une pour apprendre la langue que tu as utilisé au zoo avec pleins d'individus différents ?
— Oui, bien sûr. Il s'agit de la langue dont toutes espèces appartenant à l'alliance galactique doivent connaître les rudiments.
— J'ai du mal à comprendre.
Zyxxx reformula. Merwannn hocha la tête.
— Cela m'intéresserait.
— Je vais nous y abonner de suite, répondit Zyxxx avec empressement.
Cela ferait un petit cadeau en attendant que ce truc Pavoisien arrive.
— Merci.
— Autrement, je touche au but pour mes recherches sur ton alimentation. Tu pourras bientôt tester de nouvelles choses sans danger mortel pour ton organisme.
Merwannn poussa une exclamation dans sa langue. Il semblait content, même si c'était difficile d'en être complètement certain.
— N'hésite pas à me dire ce que tu souhaiterais avoir. Je veux te faire plaisir.
— Tu me donnes tout. Moi aussi j'aimerai faire quelque chose pour toi, en retour...
Merwannn s'interrompit. Il y eut un bref silence, puis il reprit :
— Comme tu l'as fait dans la chambre d'hôtel.

Si Zyxxx ne se trompait pas, c'était une invitation à l'accouplement. Ses tentacules s'agitèrent un instant malgré lui, mais il ne sauta pas sur l'occasion. Si c'était juste parce que Merwannn se sentait redevable envers lui, il ne voulait pas.
— Tu ne me dois rien. Tu n'as pas à te forcer.
Merwannn ne répondit pas immédiatement.
— Ce n'est pas le cas. Je ne le proposerai pas autrement.
Fallait-il le croire ? Est-ce que mentir était une chose qui se faisait communément sur sa planète ?
— Tu n'as aucune dette envers moi. Tu ne me dois rien, répéta-t-il. C'est plutôt l'inverse.
— Je ne sais pas...
Le pauvre Merwannn était tout troublé, il n'y avait pas à tortiller sur ce coup. Zyxxx désireux de le réconforter lui tapota le sommet du crâne. Dans sa volonté de le conquérir, il avait omis un détail de taille, que peut-être le plus simple était de lui avouer à quel point il lui était devenu cher.

jeudi 27 novembre 2014

Au Zoo Interplanétaire - 68

Zyxxx aimait soigner les animaux, mais pour la première fois de sa vie, il peina à s'intéresser sincèrement à ses patients.
Ce matin, il s'était réveillé tard et était parti en catastrophe, sans même manger, se contentant d'une caresse sur la tête de Merwannn avant de filer à la clinique.
C'était ce dernier qui accaparait ses pensées. Maintenant qu'il avait compris à quel point il tenait à lui, il voulait le conquérir, seulement, il y avait plus d'un obstacle pour y parvenir. Ils étaient fondamentalement différents, appartenant à deux espèces qui n'avaient rien se semblable. De surcroît Merwannn n'appartenait pas l'alliance galactique, si bien qu'ils ne partageaient même pas cette base culturelle commune.
Il était fort possible que la séduction sur sa planète n'est rien à voir avec la façon de procéder en Tappelnie. En même temps, Zyxxx n'en connaissait pas d'autre. Par ailleurs, ils s'étaient quelque peu emmêlés dans les étapes puisqu'ils avaient déjà eu des contacts physiques poussés. Enfin, ça, c'était plus vrai du côté de Merwannn que du sien dans la mesure où il n'avait utilisé aucun tentacule intime, preuve supplémentaire de leurs différences. Et pourtant Zyxxx était attiré.
Merwannn était courageux. La façon dont il avait appris le Tappelnien forçait l'admiration. La manière dont il faisait face à tout ce qui se présentait à lui, aussi.
A sa pause, à la mi-journée, Zyxxx, au lieu de siroter tranquillement un cocktail revigorant, pianota sur sa tablette.
La première étape pour séduire consistait à offrir un cadeau et comme il était évident que la bande de tissu ne convenait pas à Merwannn puisqu'il ne la portait guère alors qu'être vêtu lui manquait, Zyxxx comptait lui offrir une tenue Pavoisienne pour s'habiller, ce qu'il ne pouvait hélas se procurer aisément.
La seconde étape impliquait un repas dans un endroit chic, mais Merwannn était pour le reste du monde un animal, aussi cela devrait être transformé en dîner à la maison, avec de nouvelles saveurs qui ne devaient en aucun cas le rendre malade, ce qui rendait délicat le projet.
La troisième étape impliquait d'enrouler un tentacule intime autour du correspondant de celui qu'on cherchait à séduire. Là aussi, il faudrait adapter.
Quand Zyxxx put enfin rentrer chez lui, il avait commandé la tenue Pavoisienne et était en bonne voie d'avoir établi un nouveau liquide à faire goûter à Merwannn, mais
à sa grande frustration, il n'avait rien de concret pour se lancer dans son opération de séduction.

mercredi 26 novembre 2014

Au Zoo Interplanétaire - 67

— Il y a peut-être une chance qu'il soit décidé que vous pouvez retourner sur Terre, dit Zyxxx.
Bien sûr, informer les autorités du cas problématique de Merwan impliquait un tas d'ennuis pour Zyxxx, et pour le coup, sûrement devoir renoncer à son rêve d'ouvrir son propre cabinet vétérinaire, car sa réputation serait à jamais entachée par cette affaire. Le directeur du zoo interplanétaire ne se priverait pas de témoigner dans les journaux que c'était son incompétence et en particulier, son incapacité à différencier un animal d'un individu qui était la cause de tout.
Prévenir les autorités, c'était aussi devoir dire adieu à Merwannn car il était certain qu'il ne serait pas permis qu'il demeure chez lui. Merwannn serait installé ailleurs et Zyxxx ne le voulait surtout pas. Il était plus qu'attaché à lui... au point d'avoir envie de former le nœud avec lui, d'en faire son partenaire ! Cette réalisation le frappa de plein fouet.
— La situation actuelle me convient. Je ne suis pas prêt à la risquer pour quelque chose de plus qu'incertain, assura Merwan en pressant légèrement le tentacule qu'il touchait.
C'était un de ses tentacules alimentaires et non un intime, mais Zyxxx apprécia malgré tout.  Peut-être pouvait-il espérer que Merwannn développe des sentiments similaires aux siens ? Après tout, Merwannn avait accepté que Zyxxx lui donne du plaisir et avait bien réagi sous ses tentacules. De son côté, il n'était pas insensible aux doux bruits que produisait Merwannn quand il le caressait. Même s'ils n'étaient peut-être pas complètement compatibles sur le plan sexuel, Merwannn n'ayant pas ce qu'il fallait pour se lier à lui à la façon tappelnienne, Zyxxx ne pouvait plus nier à quel point Merwannn comptait pour lui, comblant par sa présence un vide en lui.
— Si tu as des regrets plus tard, il sera toujours temps de contacter les autorités, alors, continuons à vivre ensemble.
Merwan hocha la tête de bas en haut, ce qui voulait dire oui, si la mémoire de Zyxxx ne le trompait pas. C'était bien de savoir ça et Zyxxx se promit d'en apprendre davantage sur les signaux corporels de Merwannn.
Ce serait utile aussi pour lui donner davantage de plaisir la prochaine fois parce que même si au final Merwannn ne lui appartenait pas vraiment, il avait bien l'intention de le faire sien. Pas maintenant, cependant, car après deux nuits sans sommeil, il n'aspirait plus qu'à se suspendre et dormir. L'opération séduction commencerait après sa journée de travail, le lendemain soir.

mardi 25 novembre 2014

Au Zoo Interplanétaire - 66

Était-il possible que ses fameuses autorités les ramènent sur Terre, lui et Tom ? Cela aurait résolu son dilemme moral vis-à-vis de ce dernier.
Rentrer sur Terre, c'était retrouver ses parents et amis, son quotidien simple et confortable, mais cela signifiait aussi quitter Zyxxx pour toujours. Merwan n'était pas certain de pouvoir replonger dans sa vie d'autrefois après ce qu'il avait vécu. Plus jamais il ne parviendrait à profiter de son train-train, sans se dire que tout pouvait basculer en un clin d'œil, qu'il pouvait être kidnappé ou violé. C'était une chose de savoir intellectuellement que tout pouvait arriver, c'en était une autre que de le subir et de devoir ensuite faire comme si rien de terrible ne s'était produit. Plus jamais  il ne verrait un film de science-fiction de la même façon.
Et s'il rentrait, que devrait-il faire au sujet de Tom ? Porter plainte et exposer son humiliation à tous ? Ce serait de toute façon sa parole contre la sienne. Et s'il se taisait, n'était-ce pas laisser Tom impuni, susceptible de recommencer ? A moins de considérer que son enfermement au zoo avait été une punition suffisante, le problème étant que c'était derrière les barreaux que Tom s'était cru libre de les forcer avec coucher avec lui pour passer le temps.
Merwan frissonna. Tout cela le rendait malade. En tout les cas, sur Terre, il lutterait pour la protection des animaux, pour qu'ils soient bien traités dans les zoos. Peut-être irait-il même jusqu'à militer pour leurs fermetures...
Mais de retour dans son monde, serait-il capable de se trouver un amoureux, des bras pour l'enlacer et lui faire oublier les insultes et violences de Tom... et la chaleur des tentacules de Zyxxx ?
— Merwannn ?
Perdu dans ses hypothèses, il n'avait pas réagi à la question implicite posée par Zyxxx.
— Les autorités, que feraient-elles ? Nous renverraient-elles sur notre planète ?
— Je ne crois pas.
Zyxxx expliqua à nouveau quelque chose au sujet des lois galactiques et des interactions avec les planètes éloignées.
Au fond, le Tappelnien ne savait pas vraiment comment réagiraient les autorités et Merwan n'avait aucunement envie d'être séparé de lui pour un inconnu potentiellement inconfortable.
— Je préfère rester auprès de toi, déclara-t-il posant timidement une main sur un tentacule de l'alien.
                                                   
 *
Zyxxx ne put se réjouir de cette affirmation. Il était clair que c'était à défaut de rentrer sur sa planète. En même temps, comment en vouloir à Merwannn ? Dans la même situation que lui, n'aurait-il pas désiré la même chose ?

lundi 24 novembre 2014

Au Zoo Interplanétaire - 65

La porte coulissa et ils entrèrent. Merwan poussa un soupir de soulagement. Cela faisait du bien d'être de retour chez soi. Comme cette pensée l'effleurait, il réalisa qu'il en était venu à considérer le logis du Tappelnien comme le sien.
Durant tout le trajet, la culpabilité l'avait taraudé : n'aurait-il pas dû, malgré tout, demander à Zyxxx d'emmener Tom avec eux ? Il avait été pris de court dans le bureau du directeur et s'était fait justice lui-même en condamnant Tom à rester au zoo. En un sens, ce dernier le méritait. Il les avait violés, lui et Anouchka, et avait précipité la fin de la jeune femme russe, elle qui aurait dû pouvoir goûter à nouveau à la liberté
Par ailleurs, Tom avait du répondant. Oh, il n'aimait pas être là-bas, en cage, c'était certain, mais il ne semblait pas en souffrir vraiment. Merwan l'avait vu insulter avec joie les aliens qui n'y comprenaient rien...
De toute façon, c'était fait et il n'aurait pas supporté de vivre sous le même toit que lui, ce qui ne l'empêchait pas de se sentir coupable. Ce n'était pas lui qui l'avait enfermé, à la base, mais il était celui qui l'avait abandonné derrière les barreaux...
— Merwannn, je sais que tu es fatigué et moi aussi, mais il est important que nous parlions.
— Oui, bien sûr, répondit Merwan, un peu inquiet du sérieux qui se dégageait de la formule de Zyxxx.
L'alien avança dans le salon et étala ses tentacules sur le sol autour de sa tête, un peu comme les pétales d'une fleur. Merwan vint s'asseoir le plus près possible de lui, entre deux tentacules écartés.
— Quand j'ai compris que tu n'étais pas un animal de compagnie, je crois que je ne l'ai pas tout de suite intégré. Tu étais encore Bimm, encore à moi. A présent, je réalise pleinement que tu es comme moi, que tu es libre de choisir.
Où voulais-t-il en venir au juste ? Merwan avait la bizarre et désagréable impression que le Tappelnien lui reprochait indirectement de ne pas avoir laissé Tom décider lui-même de son destin, ce qui était absurde puisque Zyxxx lui-même n'avait pas voulu prendre Tom chez lui.
— Tu me demandes mon avis sur tout depuis...
— Non, coupa Zyxxx. Tu ne voulais pas retourner au zoo, n'est-ce pas?
— C'est vrai, oui, mais il le fallait bien pour convaincre le directeur d'arrêter d'en capturer d'autres comme moi.
— Le mieux aurait peut-être été de s'adresser directement aux autorités, mais je ne l'ai même pas envisagé, car tu étais à moi, sous ma responsabilité, que je voulais, et souhaite toujours, te garder à mes côtés.
Le cœur de Merwan s'emballa et il dut se raisonner intérieurement : cela ne voulait pas dire que Zyxxx partageait ses sentiments, juste qu'il appréciait sa compagnie.

vendredi 21 novembre 2014

Au Zoo Interplanétaire - 64

— Vous autres Tappelniens avez toujours tendance à trop vous attacher. Soit, gardez-le. Cependant, dans ce cas, vous feriez bien de prendre l'autre. Je  vous l'offre.
Ce brusque revirement du directeur déplut à Zyxxx. Le Kondarien cherchait-il à se décharger du problème sur lui de façon à le rendre responsable si l'affaire venait à être connue ?  Merwannn lui avait toutefois fourni un argument de taille pour refuser.
— Cela m'est impossible. Ils ne s'entendent pas. Je ne les avais pas fait séparer pour rien.
— Cela vous est vraiment impossible ?
— Oui.
— Je peux compter sur votre discrétion, n'est-ce pas ?
— Oui, je m'en voudrais de ternir la réputation du zoo.
En vérité, cela l'indifférait, mais mieux valait rassurer le directeur qui risquait autrement de faire durer les choses.
— Tant mieux, car si jamais l'information se répandait, vous risqueriez aussi d'avoir des ennuis. Vous avez mis bien longtemps à établir son intelligence, après tout.
Après la corruption avec une tentative de rachat, le Kondarien passait à la menace...
— C'est vrai et je le regrette.
— Nous sommes d'accord. Une fois que vous m'aurez transmis vos recommandations pour le bipède restant, vous pourrez repartir chez vous avec « votre animal » docteur Xyzzz.
Zyxxx résuma la situation à Merwannn qui suggéra que l'autre reçoive de quoi s'occuper, de quoi se couvrir le corps et un meilleur couchage.
— Tu n'es pas trop gêné qu'il soit gardé en cage ? Le directeur veut bien que je l'emmène, mais pas moi.
— Anouchka, je t'aurais supplié de l'arracher au zoo, mais lui, de toute façon, sur ma planète, pour ce qu'il nous a fait à Anouchka et moi, il aurait dû passer des années derrière les barreaux. Pas dans ses conditions, bien sûr...
Le directeur coupa court à la discussion.
— Docteur Xyzzz, mon temps est précieux.
Zyxxx se dépêcha de transmettre les suggestions de Merwannn pour améliorer le quotidien de l'autre. Le directeur les nota dans son pavé numérique et les libéra.
Zyxxx aurait aimé parler davantage avec Merwannn de leur entrevue avec le directeur, mais ils étaient à l'extérieur et le sujet était délicat, aussi il n'en fit rien. Cela devrait attendre leur retour au logis, en Tappelnie. Il fallait qu'il sache si la situation convenait à Merwannn, si cela ne le dérangeait pas de continuer à vivre avec lui. S'il ne le souhaitait pas, la meilleure solution consisterait peut-être à informer les autorités de son cas, que cela plaise ou pas au directeur du zoo, que cela endommage ou non sa réputation de vétérinaire.

jeudi 20 novembre 2014

Au Zoo Interplanétaire - 63

*
— Cela vous satisfait-il ? demanda Zyxxx qui avait à peine senti ce qui ressemblait davantage à une caresse qu'un coup.
— Admettons que cet animal soit plus intelligent qu'il n'y paraît.
— Et qu'il soit plus que cela.
— Très bien, docteur Xyzzz. Ceci dit, je ne vois pas bien votre intérêt dans l'affaire dans un cas comme dans l'autre.
— Mentir sur le sujet ne m'est en effet d'aucune utilité.
— Sauf si vous souhaitez vous débarrasser de lui en me le revendant ou me faire chanter pour ne pas diffuser l'information.
Le Kondarien ne pensait décidément qu'en terme de profit, comme toujours, ce qui était gênant pour quelqu'un de responsable de la vie d'autant de créatures.
— Je souhaite que vous préveniez les captureurs.
— C'est vrai que je n'ai rien à me reprocher, ce sont eux les coupables, eux qui n'ont pas fait leur travail correctement. Je vais annuler immédiatement ma commande de deux bipèdes supplémentaires et leur remonter le problème. Ce serait fâcheux que l'erreur se reproduise.
Sur ces mots, il s'empara de son pavé numérique. Zyxxx aurait dû être content, mais il ne pouvait s'empêcher d'être agacé de la façon dont le directeur rejetait la faute sur les autres. C'était tout de même lui qui ordonnait aux captureurs d'aller toujours plus loin pour lui ramener davantage d'animaux inconnus et exotiques.
— Et pour le spécimen déjà en cage, qu'allez-vous faire ?
Les grandes oreilles du Kondarien s'agitèrent furieusement.
— Et pour le vôtre ? Le mieux serait qu'il réintègre le zoo. Puisqu'il a appris votre langue docteur Xyzzz, sûrement vous pouvez me transmettre tout ce dont ils ont besoin pour être installés comme des rois.
— Je compte m'occuper personnellement de son confort, assura Zyxxx.
— Je suis prêt à vous payer le double du prix auquel je vous l'ai cédé.
C'était colossal. Cela signifiait obtenir sans attendre son propre cabinet vétérinaire, mais tout tentant que cela soit, cela ne valait pas de sacrifier Merwannn pour qui le zoo avait été une mauvaise et douloureuse expérience. Il n'était pas une marchandise et si l'esclavage n'était pas interdit en Kondarie, il était réprouvé en Tappelnie.
— Non.
Il ne l'avait pas arraché au zoo pour l'y remettre.
— Vous êtes dur en négociation. Le triple ?
— Non.
— Le quadruple ?
— Peu importe ce que vous m'offrez, ma réponse restera la même.

mercredi 19 novembre 2014

Au Zoo Interplanétaire - 62

— Docteur Xyzzz, il me semblait vous avoir prévenu au moment de l'achat de cet animal que son entretien était coûteux, mais que c'était final et que je ne vous le reprendrai pas. Je suis vraiment trop bon de vous recevoir malgré tout.
— Je m'en souviens parfaitement et je vous remercie de nous accueillir, lui et moi. Je ne viens pas le revendre, mais vous informer qu'il appartient à une espèce évoluée.
                                                 
 *
Merwan se sentait vraiment tout petit dans l'immense pièce richement décorée où un alien de type saucisson argenté trônait. Il n'y avait pas d'autre mot mot possible vu le siège dans lequel l'alien était assis et la décoration majestueuse. Dans le genre imposant, c'était une réussite.
Une fois de plus, par contre, Merwan était exclu de la conversation, faute de pouvoir comprendre ce qui était dit. C'était lassant, mais avec de la chance, cela ne serait pas long et ils seraient bientôt loin d'ici.
Ce matin, au réveil, Merwan avait voulu proposer à Zyxxx de lui donner également du plaisir et puis aussi s'excuser de s'être endormi sans prévenir, mais le courage lui avait manqué, surtout que le moment était mal choisi avec le rendez-vous avec le directeur... Merwan avait remarqué que Zyxxx avait les tentacules raides et supposé que c'était un signe de tension chez lui. Il est vrai que le directeur du zoo avait été longtemps son patron. L'enjeu était par ailleurs de taille et  Merwan était nerveux également : il s'agissait de convaincre l'alien argenté à grandes oreilles qu'il était intelligent afin que plus aucun humain ne soit capturé et qu'il n'y ait plus d'autre Anouchka. Jamais il n'oublierait la jeune femme russe. Ce qu'il arriverait à Tom suite à l'entretien, en revanche, il s'en moquait. Enfin, ce n'était pas tout à fait vrai. Qu'il reste enfermé l'aurait rassuré, mais s'il était libéré, grand bien lui fasse, en espérant dans ce cas qu'il ne se montrerait pas trop violent envers quiconque...
— Merwannn ?
La prononciation de son prénom était curieuse, mais c'était bien à lui que Zyxxx que s'adressait, pas de doute.
— Oui ?
— Frappe-moi à la tête.
— Quoi ?!
— Le directeur affirme que même si tu parles le Tappelnien à la perfection, cela ne voudra rien dire pour lui, à part que tu es doué pour répéter.
Après lui avoir collé l'étiquette de singe, voilà que ce stupide directeur le mettait dans la catégorie des perroquets... Merwan soupira.
— Je ne veux pas te faire mal.
Le saucisson argenté intervient. Zyxxx répondit.
— Cela ne me gêne pas, déclara-t-il ensuite à l'intention de Merwan qui leva le bras bien haut pour ne donner qu'une très légère tape sur la tête blanche triangulaire.

mardi 18 novembre 2014

Au Zoo Interplanétaire - 61

 *
La respiration de Merwannn, s'était fait douce. Il s'était apparemment endormi. Zyxxx l'observa un moment, se remémorant la façon dont Merwannn avait bougé et émit de doux bruits entre ses tentacules. Cela l'avait remué et s'il était honnête avec lui-même, presque excité, ce qu'il n'avait pas du tout prévu en lui proposant de lui faire du bien.
Il l'avait déjà vu jouir sans que cela ne lui fasse rien, mais cette fois avait été bien différente des autres. Il connaissait la véritable nature de Merwannn, il l'avait touché dans un but qui n'avait rien de médical et Merwannn n'avait jamais si bien réagi.
Zyxxx plongea dans le bassin, nettoyant les résidus de liquide blanc et collant qu'il avait reçu en caressant Merwannn. Il ressortit rapidement, l'eau n'étant pas à son goût, se sécha sous le soufflant et s'assit sur la couchette vide. A moins de s'accrocher et d'avoir la tête en bas, il ne pouvait véritablement dormir. C'était dur, car c'était la seconde nuit sans sommeil puisqu'il n'avait également pu que se reposer dans la fusée leur ayant permis d'arriver au zoo, mais au moins Merwannn, lui, était plongé dans un bienheureux sommeil.
Zyxxx avança un tentacule et le posa sur la joue de Merwannn qui murmura son nom. Zyxxx se rétracta, troublé.
Il était toujours décidé à redonner à Merwannn une vie plaisante et rien de ce que le directeur du zoo souhaiterait faire à son sujet, ne changerait rien à cela puisque Bimm était légalement son animal de compagnie. Cependant, dans les faits, Merwannn n'en était pas un et peut-être qu'il ne désirait pas continuer à vivre aux crochets de Zyxxx sans être reconnu pour ce qu'il était. Zyxxx, lui, avait envie qu'il demeure à ses côtés, mais le choix lui appartenait-il ? L'affaire était un véritable sac de nœuds et plus Zyxxx y songeait, moins il voyait comment les choses pouvaient être arrangées. En tout les cas, il fallait espérer que tout se passerait bien avec le directeur.

Au matin, Merwannn remua et se redressa.
— Bonjour, dit Zyxxx.
Merwannn lui répondit la même chose, commença un bout de phrase qu'il ne termina pas, fit une autre tentative qui n'aboutit à rien et demanda finalement à manger. Lui aussi devait être tourmenté à la perspective du rendez-vous avec le directeur.
Après un cocktail pour Zyxxx, un comprimé pour Merwannn, ils ne tardèrent pas à quitter la chambre.
Merwannn avait remis sa bande de tissu et fixé de lui-même son collier avec laisse. S'il ne l'avait pas fait, Zyxxx n'aurait peut-être pas osé, car il était de plus en plus inconfortable à traiter Merwannn comme un animal, même si ce n'était qu'à l'extérieur, pour éviter les complications avec les autres aliens.
De retour au zoo, ils se rendirent en silence jusqu'à la pyramide dorée où le garde Psychien les autorisa à monter dans le bureau princier de directeur.

lundi 17 novembre 2014

Au Zoo Interplanétaire - 60

*
Impossible de ne pas remarquer que Merwannn avait envie de s'accoupler : son organe sexuel avait changé de taille.
Quand Zyxxx l'examinait, il avait souvent une réaction. Merwannn était sensible aux stimulus extérieurs. Soit c'était un trait qui lui était propre, soit c'était biologique, mais en tout les cas, cela devait être dur pour lui de ne pouvoir se relier à quiconque, puisqu'il était pour ainsi dire seul de son espèce dans cette partie de la galaxie. L'autre, toujours au zoo, ne comptait pas puisque Merwannn avait clairement signifié qu'il n'avait pas souhaité avoir de rapports sexuels avec lui, ce que l'autre avait passé outre.
Zyxxx ne l'avait pas précisé à Merwannn, mais pour les Tappelniens qui avaient formé le nœud, se consoler en s'unissant était le plus fréquent. Il s'était d'ailleurs servi de cette méthode pour son amie Wyvvv de façon à lui faire oublier sa solitude. Dans le cas présent, il n'avait pas besoin de s'impliquer autant et il pouvait procurer du plaisir à Merwannn sans cela. En même temps, il ne s'agissait pas de le forcer, comme l'autre... ou même comme il avait pu le faire auparavant, en le stimulant involontairement pour des raisons médicales. Maintenant qu'il avait davantage d'éléments sur la sexualité de Merwannn, il se rendait compte que ses fautes à son égard étaient plus importantes qu'il ne l'avait d'abord pensé.
— Tu veux de l'aide pour te faire du bien ?
— Quoi ?
Zyxxx tenta de reformuler, pointant d'un tentacule le sexe de Merwannn.
— Je peux te donner du plaisir ?
                                                 
   *
Merwan se demanda s'il ne prenait pas ses désirs pour des réalités, si Zyxxx était bien en train de proposer de le caresser.
— Pourquoi ?
— Pour que tu puisses oublier tout...
— Très bien, répondit Merwan, sans trop y croire, incertain de ce qui allait se passer exactement.
— Tu me montres où tu préfères être touché ?
Merwan déglutit. Il effleura ses tétons, ses fesses et son pénis qui, loin de se calmer, était maintenant totalement au garde-à-vous,.
Cinq tentacules de Zyxxx entrèrent aussitôt en action. L'un s'enroula autour de son membre dressé, deux se mirent à caresser son torse et deux autres vinrent palper son postérieur.
— Est-ce que tu peux bouger de haut en bas ? haleta-t-il en désignant son sexe.
Zyxxx s'exécuta.
Merwan posa la main sur l'un des tentacules qui  lui malaxait les fesses.
— Tu peux le glisser à l'intérieur ? demanda-t-il d'une voix rauque entre deux gémissements.
Le tentacule de Zyxxx s'insinua dans la raie et plongea profondément à l'intérieur où il se mit à onduler de plus en plus vite.
C'était tellement bon que cela arracha un cri de plaisir à Merwan. Il s'arcbouta et éjacula.
Les chaudes tentacules de Zyxxx se retirèrent. Merwan, le souffle court, le corps empli d'une douce lassitude, réalisa qu'il était le seul à avoir éprouvé du plaisir dans l'affaire. Il aurait aimé rendre la pareille à Zyxxx, si possible. Il voulut lui poser la question, mais son cerveau ne semblait plus fonctionner correctement, toute tension l'ayant désertée, la fatigue de la journée l'avait rattrapé. Il bailla, cligna des yeux et s'endormit.

vendredi 14 novembre 2014

Au Zoo Interplanétaire - 59

                                                   *
Zyxxx venait de confirmer à Merwan ce dont il se doutait déjà : c'était grâce à l'alien à tentacules que la cage avait été divisée en deux, les mettant hors d'atteinte de Tom. Apprendre en revanche qu'il avait tiré d'affaire par pitié n'était pas franchement réjouissant. Toutefois, quelque soient ses raisons, Zyxxx s'efforçait d'être à son écoute. Le problème, c'est qu'en dépit de sa gentillesse, ils avaient des corps, des modes d'expressions et une sexualité différente. Zyxxx n'avait pas réalisé ce que lui faisait subir Tom.
Des frissons parcoururent Merwan. C'était terriblement inconfortable de parler de ça. Que des dizaines d'aliens l'aient regardé se faire violer, y compris peut-être Zyxxx, aggravait encore les choses. La plupart n'y avait peut-être vu qu'un accouplement violent entre deux bêtes, mais cela ne rendait pas ce qu'il avait vécu moins horrible. C'est pour ça qu'être au zoo, même si c'était du bon côté des barreaux, était pénible. Tous les souvenirs douloureux et humiliants remontaient à la surface.  Revoir Tom et l'entendre l'insulter avec mépris avaient été comme retourner un couteau dans une plaie mal fermée.
Comment en était-il venu à aimer Zyxxx et désirer ses tentacules sur lui et en lui ?
— Je suis très fatigué. Je vais me coucher, déclara-t-il abruptement.
Il ne voulait plus réfléchir à rien. Il ôta sa bande de tissu et s'allongea sur le lit, prêt à enfouir son visage dans l'oreiller, mais surprise, la literie était spongieuse et il s'enfonça littéralement dedans. C'eût été trop beau que ce soit exactement comme sur Terre. C'était toujours mieux que d'habitude.
Un tentacule de Zyxxx vint lui tapoter l'épaule. Il n'en avait à priori pas fini avec les questions, mais la plupart des mots qu'elle contenait  ne faisait par parti du répertoire connu de Merwan. Il se retourna avec difficulté dans le lit tout mou.
— Quoi ?
— Comment soigne-t-on la tristesse sur ta planète ?
— Et sur la tienne ? répliqua Merwan avec brusquerie.
Il était las d'être questionné, même si cela partait d'un bon sentiment.
— Ça dépend si on est proche ou pas. Avec des mots ou bien en serrant l'autre dans ses tentacules.
— C'est pareil sur Terre.
Zyxxx monta sur le lit et l'enveloppa dans ses tentacules, comme autant de bras l'enlaçant. Au lieu du matelas dans son dos, il ne sentait plus que la chaleur réconfortante du corps de l'alien. Et comme l'espèce de câlin se prolongeait, Merwan sentit son excitation grandir et son pénis se durcir.
— Lâche-moi, murmura-t-il avec embarras.
Zyxxx le libéra promptement.

jeudi 13 novembre 2014

Au Zoo Interplanétaire - 58

Zyxxx échangea quelques mots, encore et toujours dans un langage inconnu avec un alien de type saucisson argenté à grandes oreilles, tapota sur sa tablette et reçut en retour une mince carte triangulaire. Ce n'était pas très différent d'un hôtel sur Terre.
En guise d'ascenseur, ils grimpèrent sur une plateforme qui les descendit dans les profondeurs du cube, puis glissa jusqu'à leur chambre dont la porte s'ouvrit pour eux sans que Zyxxx n'introduise nulle part la carte qui lui avait été fourni. La clef, si c'en était bien une, devait fonctionner sans cela.
A l'intérieur, il y avait un grand bassin carrelé et deux lits avec matelas, couettes et même oreillers qui faisaient très terriens.
— Comment est-ce possible ? demanda Merwan qui savait fort bien que Zyxxx n'avait pas besoin de ce genre de couchage.
— La chambre te plaît ? Comme c'est un hôtel interplanétaire, il y a du choix. J'en ai pris une pour Pavoisiens. C'est une espèce qui possède quelques caractéristiques communes avec la tienne.
— Merci. Mais toi ?
— Je sommeillerai.

                                             *
Le contentement de Bimm ou plutôt de « Merwannn » valait bien cet inconfort. Durant leur trajet pour le zoo, la détresse grandissante de Bimm l'avait frappé. La nouvelle de la mort de « Anouchkaaa » l'avait secoué ainsi que ce qui ressemblait fort à une dispute avec l'autre. Autant qu'il se souvienne Bimm n'avait jamais prononcé son nom. Beaucoup de choses lui échappaient au sujet de Bimm, non, « Merwannn » : ce liquide transparent qui coulait quand il avait de la peine, ses hochements de tête qui, un peu comme certains mouvements de tentacules des Tappleniens, avaient un sens. Il avait encore agi contre sa volonté. Ce n'était pas évident de bien le traiter parce qu'il ne le comprenait pas. Pour cela, tout ce qu'il pouvait faire, était de le questionner, que certains sujets soient tabous ou pas.
— Que s'est-il passé entre toi et l'autre de ton espèce ?
— Je...
Merwannn s'arrêta. Zyxxx attendit la suite qui ne vint pas et le silence se prolongea.
— Je sais que vous avez eu des rapports sexuels et qu'il te frappait. C'est pour ça que je vous ai fait séparer.
— Sexuels ? répéta Merwan d'un ton interrogateur.
— Accouplements. Unions.
— Je... Il m'a forcé. Anouchka aussi.
Zyxxx ne comprit pas de suite ce que Merwannn voulait dire par là. Les Tappelniens ne pouvaient pas s'unir sans consentement mutuel, c'était physiquement impossible. Se nouer l'un à l'autre ne fonctionnait que si les deux parties étaient d'accord. Il s'efforça de l'expliquer à Merwannn.
— C'est à cause de lui que tu étais malheureux de retourner au zoo ?
— Pas uniquement, mais oui.
— Cependant, même après vous avoir séparé, ça n'allait pas, pourquoi ? C'est d'ailleurs pour cela que je t'ai acheté et emmené loin du zoo.
— Il... me faisait mal avec ses mots.
— Et encore aujourd'hui ?
— Oui...

mercredi 12 novembre 2014

Au Zoo Interplanétaire - 57

— Que faîtes-vous ici, docteur Xyzzz ? Vous n'êtes plus un employé du zoo et vous n'avez pas le droit de vous promener comme ça avec votre animal !
— Je viens prendre des nouvelles des deux autres bipèdes. Comment vont-ils ?
— Le mâle ne nécessite aucun soin. Il est résistant. La femelle est morte.
La gorge de Merwan se serra. Non, cela ne se pouvait pas. Un sentiment de culpabilité terrible  s'abattit sur lui. Il n'aurait pas dû attendre de maîtriser mieux le Tappelnien pour discuter avec Zyxxx.
— Comment ? Il y a longtemps ? demanda Zyxxx.
— Elle était en mauvais état quand vous êtes parti, répondit le Tappelnien en agitant drôlement ses tentacules.
— Ça, je le sais. Ce n'était pas ma question.
— Je l'ai forcé à s'alimenter à plusieurs reprises, mais elle rejetait tout et trois jours après votre départ, elle a cessé de vivre. Maintenant, partez, ou j'appelle la sécurité, vous n'avez rien à faire ici.
Zyxxx ne protesta pas et ils ressortirent du cube.  Un tentacule vient essuyer les larmes de Merwan qui avaient commencé à couler en songeant à la fin misérable d'Anouchka.
— Pourquoi ce liquide s'échappe-t-il de toi ?
— Parce que je suis triste. Anouchka est morte ! s'exclama Merwan.
Cette interrogation lui faisait réaliser pleinement à quel point Zyxxx et lui étaient différents.
— Je suis désolé pour « Anouchkaaa » Si j'étais resté, elle serait sûrement encore de ce monde.
Se sentait-il coupable également ? Au bout du compte, ce n'était leur faute ni à l'un ni à l'autre,   ce n'était pas eux qui l'avait enfermé, mais ils avaient leur part de responsabilité...
— Allons à l'hôtel. Clairement, ce n'est pas mon remplaçant qui nous logera.
Merwan acquiesça. Il aspirait à quitter le zoo et aurait aimé d'ailleurs n'y remettre jamais les pieds, mais il y avait hélas le rendez-vous de demain.
— Ce mouvement de tête, ça veut dire quoi exactement ?
— Oui, quand il est effectué de haut en bas et non, de gauche à droite, répondit Merwan, d'un ton las.
Ce n'était pas évident de devoir expliquer les choses les plus élémentaires alors que son cœur était en peine.
— Alors, tu ne voulais pas que je te porte sur le chemin ?
— C'était très bien. Je ne suis pas trop lourd ?
— Non, répondit Zyxxx, comparant son poids à celui de quelque chose d'inconnu à Merwan qui s'imagina que cela devait être quelque chose comme « plume. »
Ils repartirent. Zyxxx qui connaissait les lieux « comme sa poche » même si l'expression n'était pas adaptée vu qu'il ne portait jamais rien sur lui, eut tôt fait de les amener hors des murs du zoo.
Dans la plaine violacée, le nombre d'aliens était plus réduit qu'au zoo, mais tout de même conséquent. Ils marchèrent un petit moment avant qu'à l'horizon se profilent des cubes étincelants.
Zyxxx s'introduisit dans l'un d'eux. Merwan qui était toujours tenu en laisse, n'eut d'autre choix que de le suivre.

mardi 11 novembre 2014

Au Zoo Interplanétaire - 56

Tom l'interpella, criant pour se faire entendre dans le brouhaha ambiant:
— Hé la pédale ! T'es devenu le toutou joujou du monstre à tentacules?
— Tu sais quoi ? Il est plus humain que toi !! s'exclama Merwan d'une voix forte. Où est Anouchka ?  demanda-t-il.
— Je sais pas et je m'en fous. Enfin je reconnais que je m'emmerde royalement ici et que mes deux petites chiennes en chaleur me manqueraient presque.
— Tu es vraiment un salaud !
— T'as un meilleur sens de la répartie que quand t'étais derrière les barreaux avec moi, la lopette !
— Pourquoi tu as besoin de me rabaisser sans cesse ? J'ai réussi à apprendre la langue d'un des aliens et je suis peut-être ta seule chance d'être libéré...
— Tu me fais marcher ! T'es juste bon à gémir, à pleurer et te faire enculer par tout ce qui bouge !
Tom était malade. C'était impossible de lui parler. A son réveil dans la cage, il avait paru normal, mais il avait vite laissé libre cours à sa violence.
Merwan commença à s'éloigner pour ne plus entendre les horreurs que Tom lui débitait. Zyxxx le suivit immédiatement.
— La femelle n'est pas là. Peut-être a-t-elle était déplacée comme je le conseillais. Nous pouvons essayer de nous renseigner au centre de soins auprès de mon remplaçant. Il acceptera d'ailleurs peut-être de nous héberger pour la nuit dans son logement de fonction. Autrement, nous irons à l'hôtel.
Merwan hocha la tête. Il avait envie de répondre verbalement, Zyxxx s'adressant clairement à lui, mais il y avait du monde autour d'eux, aussi n'était-il pas supposé le faire.
De nouveau, ils abandonnèrent la foule, au grand soulagement de Merwan qui avait du mal avec certains aliens aux apparences effrayantes, et ils retournèrent vers la zone des bâtiments.
Merwan reconnut de suite l'énorme cube blanc où il avait été amené à de nombreuses reprises pour être soigné. C'était l'endroit où Zyxxx l'avait palpé pour la première fois et de partout. Il avait ressenti de la répulsion face à cette invasion, mais avait joui malgré tout. Il avait fini par s'habituer, avait découvert la gentillesse de « Pieuvre » et était tombé amoureux de cet être qui ne lui ressemblait en rien au point de vouloir le caresser en retour.
— J'espère que le code n'a pas changé, déclara Zyxxx en avançant un tentacule vers le mur, interrompant le fil des pensées de Merwan. Tu ferais peut-être mieux d'attendre dehors, si jamais mon remplaçant en train de s'occuper d'un animal...
— Non ! s'écria Merwan, spontanément.
Il avait peur de rester seul à l'extérieur du bâtiment, il se sentait trop vulnérable avec tous les extraterrestres qui ne parlaient hélas pas le Tappelnien. Tant pis si cela faisait de lui une « lavette » comme lui avait tant répété Tom.
— Quelqu'un pourrait me voir et se demander ce que je fais là, reprit-il d'un ton calme, gêné de son éclat.
— C'est vrai. Allons-y.
Zyxxx tapota sur les discrètes touches présentes sur le cube et un passage apparut. L'entrée était vide. Zyxxx ouvrit une autre pièce dans laquelle un alien ressemblant à une étoile de mère géante était penché sur un espèce de gros lézard bleu.
Un dialogue incompréhensible eut lieu et Zyxxx entraîna Merwan dans une nouvelle pièce où un Tappelnien mélangeait différentes substances dans des fioles.

lundi 10 novembre 2014

Au Zoo Interplanétaire - 55

Finalement, ils descendirent de l'œuf où ils avaient flotté en apesanteur et se retrouvèrent sous le ciel orange strié de violet. Ils se mirent en route pour le zoo interplanétaire, entouré d'autres visiteurs aliens. Peu à peu Merwan ralentit l'allure malgré lui.
— Je te porte ? proposa Zyxxx à voix basse.
Merwan secoua la tête, mais le Tappelnien qui ne savait pas que ce mouvement équivalait à un non, le souleva. Merwan ne protesta pas, moins parce qu'il y avait du monde autour que parce qu'il appréciait la chaleur des tentacules sur sa peau.
A l'entrée du zoo, Zyxxx sortit sa tablette, de même que d'autres aliens. C'était à priori une façon de payer. Même une fois qu'ils furent à l'intérieur, Zyxxx ne le posa pas, mais cela ne gêna pas Merwan. Dans les tentacules du Tappelnien, il se sentait à l'abri et cela lui évitait d'être bousculé par la foule bigarrée et odorante des extraterrestres qui les entourait.
Zyxxx  quitta rapidement les allées et les cages se firent plus rares et les aliens de moins en  moins nombreux jusqu'à ce qu'ils parviennent à un amas de bâtiments de formes géométriques.
A trois reprises, ils se firent arrêter, mais chaque fois, Zyxxx montra sa tablette, expliquant des choses dans un langage extraterrestre inconnu et ils continuèrent leur chemin jusqu'à une imposante pyramide dorée.
Zyxxx le déposa et le tira à l'intérieur. Dans le hall, un alien au corps en zigzag s'adressa à eux. Là encore Zyxxx s'exprima autrement qu'en Tappelnien et ils ressortirent après un bref échange.
Il y avait un côté déprimant à être une fois de plus hors jeu, faute de pouvoir comprendre ce qui était raconté, surtout après les efforts qu'il avait fourni pour apprendre le Tappelnien. C'était presque comme s'il n'avait jamais quitté le zoo et jamais été reconnu comme autre chose qu'un animal.
Zyxxx s'adressa alors à lui, comme s'il avait perçu son malaise :
— J'ai pu obtenir un rendez-vous avec le directeur pour demain matin, juste avant l'ouverture. En attendant, nous pouvons visiter ceux de ton espèce.
— Très bien, murmura Merwan, le cœur lourd.
Il aurait aimé pouvoir s'enquérir du sort d'Anouchka sans revoir Tom.
Ils s'éloignèrent du secteur des bâtiments et replongèrent dans la foule des visiteurs du zoo. Ils passèrent devant les cages de l'éléphant, de la girafe, du zèbre et du lion, puis arrivèrent à celle où il avait été enfermé. La cage avait retrouvé sa taille initiale. Il n'y avait que Tom dedans.
Sa ressemblance avec celui qui se trouvait à l'intérieur n'échappa pas au public, suscitant son intérêt. Certains se mirent à interroger Zyxxx dans un jargon incompréhensible.

vendredi 7 novembre 2014

Au Zoo Interplanétaire - 54

— Encore désolé. Nous ferions mieux de ne pas tarder à partir pour ne pas rater la fusée. Nous pourrons sommeiller durant le voyage. Par contre une fois de plus, je vais te demander de ne pas parler. Tu n'appartiens à aucune espèce galactique connue, même si tu as quelques ressemblances avec les Paviosiens, et par conséquent, pour tout le monde, tu es un animal exotique. Si tu te montres savant en plus, je crains que quelqu'un ait la mauvaise idée de t'arracher à moi.
— Que m'arriverait-il, à ton avis ?
— Je mettrai un tentacule à couper que tu serais revendu à une chaîne désireuse d'augmenter son  audience...

Ils se préparèrent au départ. Dans sa valise, Zyxxx mit sa tablette, de quoi se sustenter, et quelques bandages et pommades au cas où. Pendant ce temps, Bimm se couvrit partiellement avec la bande de tissu. Zyxxx renonça à lui prendre sa couverture, trop encombrante, et lui expliqua ensuite la nécessité de changer d'appareillage respiratoire. Après lui avoir demandé, il lui délogea le filtre nasal pour lui fixer la bulle, et, fins prêts, ils quittèrent le logis.
Durant le trajet en capsule jusqu'à la zone de décollage, puis dans la fusée les propulsant hors de Tappelnie, Zyxxx eut le temps de se demander à plus d'une reprise, si ce n'était pas faire preuve de prudence excessive que d'exiger que Bimm ne prononce pas un mot. Il n'avait jamais aimé quand le bipède ne proférait aucun son.
Quand la fusée se scinda, Zyxxx approcha un tentacule de l'organe récepteur de Bimm et lui glissa qu'il pouvait s'exprimer dans son propre langage : il n'avait pas besoin d'être parfaitement silencieux.
Bimm émit « OK » avant de replonger dans son mutisme. Il était tendu de retourner au zoo, c'était une évidence, et Zyxxx regretta de ne pas l'avoir interrogé au calme.
                                                

*
Une panique incontrôlable montait en Merwan. Dans le logis de Zyxxx, il avait pu retrouver une vie relativement normale en comparaison avec le zoo, il avait pu oublier à quel point il était tombé bas. Mais à présent, toutes les humiliations subies au zoo, alors qu'il était derrière les barreaux, lui revenaient à la mémoire : Tom l'insultant et le violant, les aliens observant ses moindres faits et gestes.
Le port de la bulle, le tissu lui collant à  la peau, tout renforçait son inconfort. Il avait échappé à la couche en la repoussant et Zyxxx avait accepté son refus, la rangeant dans son bagage. Merwan avait cru comprendre en regardant la télévision que les toilettes n'étaient pas monnaie courante, peu d'espèces produisant des excréments, mais c'était trop pour lui et se dépêtrer avec la bande pour se faire un espèce de short avait été assez laborieux comme ça.
Dans ses conditions, impossible de dormir  même si à ses côtés, l'immobilité et le calme de Zyxxx laissait supposer qu'il sommeillait.
Il n'avait pas osé dire à l'alien à tentacules la vraie signification du baiser qu'il lui donnait chaque soir. De toute façon, même s'il l'avait voulu, les mots en Tappelnien lui manquaient...

jeudi 6 novembre 2014

Au Zoo Interplanétaire - 53

*
La paroi coulissa et Zyxxx entra. Son bonsoir trouva un écho en un Tappelnien plus qu'acceptable avant que Bimm ne colle sa bouche sur sa tête. Cela faisait un joli petit bruit.
— Que cela signifie-t-il, sur ta planète ? demanda-t-il, désireux de confirmer que c'était bel et bien une marque d'affection.
Il y eut un silence. Les traits du visage de Bimm se plissèrent, puis il répondit :
— C'est pour se saluer.
Zyxxx fut déçu. Ce n'était que ça. En même temps, Bimm ne l'avait pas gratifié depuis le début de pareille salutation, par conséquent cela restait quelque chose de positif.
— Nous avons un tentacule dédié pour cela, déclara Zyxxx, le tendant vers Bimm qui le prit et le serra.
— C'est une autre façon de faire sur « Terre » mais il en existe d'autres, encore.
— Et pour quelle raison utilise-t-on l'une plutôt que l'autre ?
— Cela dépend de beaucoup de choses.
C'était bien vague comme réponse, mais c'était sans doute faute de connaissances en Tappelnien et de cela, Zyxxx ne pouvait lui tenir rigueur, car Bimm se débrouillait déjà fort bien.
— Je comprends... Sinon, ma demande d'absence a été acceptée et nous sommes libres de partir au zoo dès à présent.
Bimm se raidit. A priori, cela ne lui plaisait guère.
— Nous ne resterons pas longtemps là-bas, reprit Zyxxx, afin de le rassurer.
Il ne savait pas exactement comment le directeur allait réagir face à l'épineux problème, mais dans tous les cas, il ne comptait pas s'attarder. Même si la clinique était entrée dans une période creuse, il avait préféré ne poser que deux jours de congé. En prendre plus alors qu'il était un tout nouvel employé aurait risqué de lui faire perdre son poste.
Que le directeur du zoo libère ou non les deux autres bipèdes, Zyxxx repartirait avec « son animal. » Il l'avait payé, il en était le propriétaire.
— Ton absence ne va pas poser problème à ton travail ?
— Cela devrait aller. Ils devraient pouvoir se débrouiller sans moi... Dis-moi, que faisais-tu sur ta planète ?
— Mon travail ? Je ne connais pas le terme... Quand les gens voulaient payer leurs achats, ils s'adressaient à moi.
— Vendeur. Comme la Tappelnienne, hier, à la boutique.
— Oui... Je sais déjà que toi, tu es vétérinaire.
— En effet. Si tu ressens la moindre douleur, informe-moi, surtout. D'ailleurs, je suis désolé si jamais, je t'ai fait mal en t'examinant.
— Tu ne savais pas...
Voilà qui confirmait les craintes de Zyxxx. Il préféra changer de sujet. Il s'était excusé et Bimm ne semblait pas lui en tenir grief. Mais il regrettait vraiment. Il ne poserait plus un tentacule sur lui pour vérifier son état, sans que ce dernier l'y autorise. Si seulement il avait déterminé de suite l'intelligence de « Merwan »... Tout ce qu'il pouvait faire, hélas, c'était de s'efforcer de réparer ses erreurs dans un premier temps en allant au zoo,  et dans un second, en rendant confortable la vie de Bimm.

mercredi 5 novembre 2014

Au Zoo Interplanétaire - 52

Le lendemain matin, quand Merwan se réveilla,  Pieuvre dormait encore. Il regarda l'alien jusqu'à ce que ce dernier remue. Il appréhendait un peu que toute la veille n'ait été qu'un rêve, mais Zyxxx le salua en descendant des barres où il s'était suspendu.
— Que veux-tu pour ton petit-déjeuner ?
— Un comprimé... répondit Merwan.
En vérité, il aurait bien goûté une des boissons que consommait Pieuvre et après un silence, il l'avoua.
Pieuvre refusa : il craignait que cela ne soit nuisible à la santé de Merwan qui se résigna à croquer son sempiternel comprimé.
— Je pourrais peut-être te proposer des saveurs différentes des actuelles, après quelques tests.
— Je ne voudrais pas...
Merwan s'arrêta net. Il ne souhaitait pas donner de tracas à Pieuvre, mais cela lui faisait plaisir que l'alien à tentacules soit aux petits soins pour lui.
— Merci, murmura-t-il. Tous les Tappelniens sont-ils aussi...
Il s'interrompit, ne connaissant pas le mot pour « prévenant. » C'était frustrant !
— Je vais devoir y aller. Tu ne t'ennuies pas à passer tes journées tout seul ?
— Ça va. L'apprentissage du Tappelnien m'occupe.
— Tu es courageux.
Pieuvre tendit un tentacule sans doute pour lui ébouriffer les cheveux, mais le rabaissa sans rien faire.
Merwan le lui attrapa et le posa lui-même sur son crâne.
— Tu peux continuer comme avant, assura-t-il.
— Cela ne te pose pas de problèmes ?
— Non, pas du tout.
Au tout début, si, mais cela n'avait pas duré. Il avait vite compris que Pieuvre ne lui voulait pas de mal. Et maintenant, il se languissait de son contact.
— Bonne journée, Bimm. Pardon, Merwan.
Et sur ces mots, Zyxxx lui caressa la tête et s'en fut.
Merwan commença par tenter de se vêtir avec le tissu collant et après un moment à se débattre avec, obtint un résultat mitigé. Niveau sensation, c'était un peu comme porter un short et un t-shirt mouillés, et donc pas franchement agréable. Il les garda sur lui dans l'espoir de s'y habituer, mais craqua assez vite et les retira. Cela l'empêchait de se concentrer sur son apprentissage du Tappelnien. Or, il tenait vraiment à faire des progrès.
Il alluma la chaîne éducative, répétant après le présentateur. Il finit cependant par se lasser. Il avait hâte que Zyxxx rentre, plus encore que d'habitude, car il savait qu'ils pourraient se parler.
Sa conversation de la veille avait été sa première depuis le zoo...  avec Tom. Chaque fois qu'il repensait à lui, il avait la chair de poule et d'odieux souvenirs remontaient. 
Merwan partit s'asseoir devant la porte pour attendre Zyxxx.

mardi 4 novembre 2014

Au Zoo Interplanétaire - 51

Dès qu'ils furent de retour, Zyxxx débarrassa Bimm du collier et lui tendit leur achat.
— Merci.
Bimm tenta maladroitement de l'enrouler au niveau de son organe reproducteur. Il cria quelque chose dans sa langue.
— Tu veux de l'aide ? proposa Zyxxx.
— C'est normal que ce soit collant ?
— Oui, c'est le principe. C'est extensible aussi. Cela ne va pas ?
— Je ne sais pas. Je vais rester... comme ça pour le moment.
A priori, la bande ne lui convenait pas ou alors il ne voulait aucun témoin à ses essayages. Zyxxx aurait pu lui demander, mais il préféra suggérer de dîner, offrant comprimé ou bouteille à Bimm qui choisit cette dernière.
Après qu'ils aient bu, Zyxxx voulut savoir où Bimm souhaitait dormir. Puisqu'ils pouvaient communiquer, il était normal de s'enquérir de ses préférences.
— En haut.
— Je te monte, alors, d'accord ?
— Oui.
— Demain, je tâcherai de poser deux jours d'absence pour que nous puissions effectuer un aller-retour au zoo interplanétaire.

                                                *
Merwan n'était pas du tout pressé, mais comment le dire à Pieuvre ? C'était si étrange que son avis lui soit demandé - cela faisait des jours et des jours que cela ne s'était plus produit. Il frémit quand deux tentacules le saisirent à la taille et il se laissa porter jusqu'à la chambre. Trop vite à son goût, ils furent en haut où Pieuvre le relâcha de suite.
Il semblait plus hésitant à le toucher maintenant qu'il savait la vérité. Serait-il horrifié d'apprendre que Merwan aspirait à davantage de contact ? Que c'était pour passer plus de temps avec lui qu'il était sorti, en dépit du fait que cela l'embarrassait de se balader nu comme un ver au milieu d'une foule d'extraterrestres ?
Garder le silence ne lui avait pas posé problème. Parler à Pieuvre n'avait rien d'évident et était fatiguant, mais il était content. Zyxxx avait l'air de le considérer comme un égal, ce qui était positif et Merwan allait pouvoir apprendre à mieux le connaître.
Autrement, pour l'habillement, ce n'était pas gagné. Le tissu était en une matière bizarre et sa manière d'adhérer à la peau curieuse. A l'extérieur, ce serait mieux que rien, mais entre quatre murs, il se sentait aussi bien dans le plus simple appareil. Dans une certaine mesure, il avait fini par s'habituer à la nudité.

lundi 3 novembre 2014

Au Zoo Interplanétaire - 50

— Et nous renvoyer sur notre planète, c'est possible ?
Cela signifiait quitter Pieuvre et ça Merwan n'était pas sûr de le souhaiter, mais il voulait savoir si c'était une option, s'il y avait une chance qu'il revoit ses parents et ses amis.
— Non, répondit Zyxxx, avant de se lancer dans de longues explications sur les planètes éloignées et les règles galactiques.
Le sens échappa en grande partie à Merwan.
— Vous n'avez pas moyen de tout nous faire oublier et de nous remettre où vous nous avez pris ? demanda-t-il, plus pour plaisanter qu'autre chose.
— Certaines espèces possèdent ce genre de technologie, mais elles ne fonctionnent que sur elles-mêmes.
Merwan en resta pantois. Les films de science-fiction n'étaient donc pas si loin que cela de la réalité...
— C'est impressionnant...
                                                

*
Zyxxx, pour sa part, trouvait à peine croyable que Bimm parle aussi bien. La seule chose qu'il n'avait pas saisi, c'était sa question au sujet de sa sexualité, mais c'était peut-être aussi bien à la réflexion, car certaines espèces considéraient cela comme un sujet tabou.
— Je suis rentré tôt aujourd'hui. Si tu veux, nous pouvons sortir acheter maintenant un truc pour envelopper ta peau. Par contre, il faudra mieux que tu ne prononces pas un mot en Tappelnien à l'extérieur et je vais être obligé de te garder en laisse. Tu peux aussi m'attendre ici, si tu préfères.
Bimm ne répondit pas. Zyxxx allait reformuler les choses autrement, expliquer que c'était plus prudent, le bipède détonant suffisamment dans le paysage sans qu'on en rajoute, quand Bimm déclara finalement :
— Je t'accompagne.
Zyxxx lui mit le collier autour du cou et accrocha la laisse avec gêne. Plus il y songeait, plus il craignait s'être mal comporté à plus d'une reprises avec Bimm qui en réalité s'appelait « Merwan », mais ce n'était pas évident de lui accoler ce nom étranger aux sonorités bizarres.
En l'amenant dehors, Zyxxx retrouvait en quelque sorte son Bimm. Le pauvre n'avait pourtant guère dû apprécier de se faire promener au milieu de la foule sans rien sur lui. Cette fois, cependant, il avait choisi de le faire, peut-être parce qu'il savait que c'était la dernière fois, peut-être aussi parce qu'il en avait assez d'être enfermé...
Zyxxx le fit monter dans une capsule qu'il programma pour se rendre dans un grand centre commercial.
Une fois sur place, ce fut compliqué de trouver ce qu'ils cherchaient. Zyxxx finit toutefois par dénicher une longue bande de tissu grâce à l'aide d'une vendeuse.
— Il faudra attendre d'être au logis pour tester, déclara-t-il, comme Bimm esquissait un geste pour la prendre.
— C'est à votre d'animal de compagnie que vous vous adressez ? demanda la vendeuse.
— Oui. Désolé.
— Oh, non, ne vous excusez pas, c'est mignon.
Zyxxx avait toujours considéré positif de parler aux animaux, quand bien même ils ne comprenaient pas, mais dans le cas présent, c'était utile.
La vendeuse voulut tapoter d'un tentacule la tête de Bimm qui eut un mouvement de recul.
— Il est farouche, s'empressa d'expliquer Zyxxx, réalisant du même coup que Bimm se laissait volontiers toucher quand c'était lui. Cela n'avait cependant pas toujours été le cas.
Zyxxx paya l'article par le biais de la tablette tendue par la vendeuse et ils repartirent, sans qu'il ait besoin de tirer Bimm par sa laisse, ce dernier restant toujours près de lui.