lundi 31 août 2020

Le fée féminin - 56

 — Comment te sens-tu ?
— Eh bien…
C’était embarrassant à expliquer et en même temps, après la veille, il n’était plus exactement à ça près avec Séveric. Le sorcier l’avait désormais vu nu à deux reprises.
Un silence s’installa. Sans impatience, Séveric attendait la réponse de Xavy qui entortilla nerveusement une mèche blonde autour de deux doigts.
— La potion que j’ai bu… Je ne sais pas exactement ce que c’était… Est-ce possible qu’elle fasse encore effet dans une moindre mesure ?
— A priori, non. Même s’il est vrai que tu y as réagi fortement. Mais pourquoi cette question ?
Xavy enroula une nouvelle mèche de cheveux.
— Mon pénis a durci à plusieurs reprises aujourd’hui, comme après la potion.
Séveric passa une main dans sa barbe.
— A ma connaissance, à l’adolescence, cela n’a rien que de très naturel que de s’exciter pour un rien, je suppose toutefois que ce n’est pas le cas pour toi en temps habituel.
— Parfois le matin et c’est tout. Et ça n’a pas changé non plus après le fortif…
Xavy ne termina pas. Qu’est-ce qui lui avait pris de révéler ça ? La fatigue. Peut-être aussi parce qu’il savait que le sorcier ne le jugerait pas mal pour cela. Potions et concoctions faisaient partie de la sorcellerie.
— Un fortifiant ?
— Oui, un médicament humain. Avant que je ne le prenne, je ne pouvais pas sortir de chez moi sans être malade.
Séveric s’agenouilla devant lui.
— Xavy… Cela m’étonnerait que ce traitement que tu prends soit d’origine humaine, dit-il avec douceur.
Ce qui revenait à sous-entendre que ce devait être une potion de sorcière. Mais non, c’était impossible. Ses parents n’auraient jamais été jusque là, surtout pas son père. Ils s’étaient disputés sur le sujet ceci dit…
— Tu veux bien me laisser prélever un échantillon de ton fortifiant ? continua Séveric.
— Pour en faire quoi ?
— Pour l’analyser dans mon laboratoire. Je vais aussi étudier la potion que tu as bu la veille. Je voudrais déterminer l’impact de l’un sur l’autre.  Ceci dit, il n’y a pas de raison que tu aies des effets secondaires.
En guise de réponse, Xavy fit l’effort d’appeler le flacon jusqu’à lui.
Séveric le remercia, se remit debout et versa une petite quantité du fortifiant dans un tube qu’il étiqueta avant de le ranger dans son bagage.
Xavy ne le quitta pas des yeux durant toute l’opération et son pénis palpita. Il se mordit la lèvre inférieure jusqu’au sang. Pas maintenant. Pourquoi maintenant ?
— Je te tiendrai au courant, déclara Séveric en lui rendant le flacon.
— Merci, je vais y aller, répondit Xavy.
Il préférait encore fuir que devoir parler à nouveau de son pénis durcissant. C’était un phénomène naturel, avait affirmé Séveric, mais Xavy n’y était pas habitué et il commençait à comprendre que ce qui le mettait dans cet état, c’était son interlocuteur.

dimanche 30 août 2020

Comme les doigts de la main - 4

 — Tu as aussi fusionné avec Marin, cela s’annonce bien, dit Céleste. Il te reste à tester avec moi et Gaiüs.
Se tournant vers ses camarades, il leur demanda avec autorité de sortir, sous prétexte qu’il ne voulait pas se donner en spectacle.
— C’est vrai que la première fois, n’importe quel fluide corporel ne…
Marin ne put terminer sa phrase.
— Oui, tu as ta façon, j’ai la mienne, déclara le blond d’un ton qui ne laissait pas place à la réplique.
Il avait beau avoir une apparence douce et innocente, il ne l’était pas pour un sou.
Ses camarades lui obéirent et quittèrent la chambre de Blaise qui respira tout de suite mieux.
— Enfin seuls. Suce-moi, exigea Céleste, mains sur les hanches.
Blaise écarquilla les yeux. Et puis quoi encore ? Bon, en même temps, il était forcément en train de rêver. Le tournant érotique n’aurait pas dû le surprendre. Néanmoins, les blondinets dominateurs, ce n’était pas son genre. Alors, soit son inconscient était en train de lui transmettre un message, soit cela confirmait qu’il était prisonnier d’un cauchemar pour le moins bizarre.
Blaise refusa.
Céleste se déshabilla, ôtant son t-shirt à manches longues bleu pâle assorti à ses yeux, puis son jeans, dévoilant un slip blanc ridiculement petit qu’il abaissa, se débarrassant dans la foulée de ses chaussettes et se tint nu devant Blaise.
Il était magnifique. Il avait une peau blanche et crémeuse et son pénis était en train de s’ouvrir comme une fleur. Son gland était rouge et appétissant.
Un gémissement échappa à Blaise. Le plus simple était encore de céder.
Il se leva et s’agenouilla devant Céleste comme un supplié face à une divinité, empoigna le sexe dressé et le porta à sa bouche.
Le blond remua les hanches, s’enfonça jusqu’à la gorge de Blaise, l’étouffant. L’ange avait tout du démon. Mais non, déjà, il se retirait, cessant de bloquer les voies respiratoires de Blaise. Il était doué.
Blaise n’était pas non plus un novice en matière de fellation, même s’il avait plus tendance à en recevoir qu’en donner, aussi Blaise déploya tout son talent, salivant abondamment et laissant Céleste l’utiliser comme il l’entendait.
Le blond jouit dans un cri. Blaise avala, son propre pénis se pressant contre la braguette de son jeans.
Jamais deux sans trois, Céleste se volatilisa. A ce stade, Blaise n’aurait pas dû être surpris.

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Rdv samedi 5 septembre pour l'épisode 5 et dimanche 6 pour l'épisode 6

samedi 29 août 2020

Comme les doigts de la main - 3

 — Commençons par les présentations, déclara le blond d’une voix mélodieuse. Moi, c’est Céleste, la perfection incarnée. Lui, c’est Huo, un sacré numéro, continua-t-il en pointant le rouquin. Marin est le sérieux de service, poursuivit-il en désignant le brun. Ce géant silencieux, c’est Gaïus, ajouta-t-il en tapotant le bras du barbu. Et toi, Blaise, tu as de bonnes chances d’être celui que nous cherchons.
— Cela reste à vérifier, objecta le brun.
Marin.
— Pour moi, c’est bon, la fusion fonctionne, ronronna Huo avec un air de chat repu.
Cela démangeait Blaise de les traiter de dingos et de les jeter hors de son appartement. Mais ils étaient quatre et lui était seul. La supériorité numérique était en leur faveur. Sans compter que même si Céleste et Huo étaient des poids plumes, Marin était plutôt musclé et Gaïus, mieux valait ne pas en parler…
— Chacun d’entre nous a des pouvoirs, commença Marin.
— Mélange tes fluides avec les siens, au lieu de blablater, coupa Huo.
Le brun lui adressa un regard glacial, soupira, puis se pencha vers Blaise qui nota que Marin avait les yeux vairons, un œil bleu, un autre vert, avant qu’un rideau liquide de mèches noires ne caresse son visage et qu’une bouche humide ne se presse contre la sienne. Une langue exigeante demanda ensuite le passage et Blaise entrouvrit les lèvres.
Il aurait dû résister, mais Marin avait un goût salé rafraîchissant. Blaise, non content de se laisser faire, se mit à participer au baiser, glissant une main sur la joue du brun qui brusquement s’évapora.
Blaise battit des paupières, interdit. Il avait cru se réveiller, mais était en fait toujours endormi. C’était des rêves emboîtés façon poupées russes.
Il eut comme l’impression qu’une pluie de gouttes d’eau s’abattait sur son crâne chauve et ses paumes devinrent moites. Une crinière bleue lui poussa et il s’enfonça dans le matelas, traversant le sommier, comme s’il était devenu un fantôme. Il perdit conscience.

    Quand il rouvrit les yeux, Hui, Marin, Céleste et Gaïus étaient toujours là autour de son lit, à nouveau bien solide sous lui.
Il passa la main sur sa tête. Son crâne était redevenu tout lisse. Malgré tout, le cauchemar n’en finissait pas.
 
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rdv demain pour la suite !

vendredi 28 août 2020

Le fée féminin - 55

 Zibulinion s’assit sur son lit, prit les mains de Xavy dans les siennes et approcha son visage rond jusqu’à coller leurs fronts.
Il s’éloigna un instant plus tard, pensif, ses yeux de chouette clignotant.
— Étrange, murmura-t-il. Je vais te laisser te reposer tranquille… A moins que tu n’aies envie de  compagnie ?
— Je crois que je vais dormir.
C’était le mieux qu’il avait à faire pour récupérer, une manière aussi d’échapper au souvenir des événements d’hier soir.
— Cela ne peut que te faire du bien. Mais n’hésite pas appeler si tu as besoin de quoi que ce soit. Je t’entendrai.
Il devait y avoir un sort qui rendait ça possible.
Xavy hocha la tête. Zibulinion s’en fut.
A l’heure du déjeuner, un plateau repas se matérialisa dans sa chambre. Xavy mangea sans appétit.
Il somnola une bonne partie de l’après-midi, puis reçut une visite surprise de Wycka auquel il ne voulut pas non plus donner de détail sur ce qui s’était passé. Son amie ne se fit pas prier pour parler pour deux. C’était son mode par défaut, ce qui convenait très bien à Xavy.
Grâce à elle, il obtint une description vivante des différentes épreuves qui s’étaient déroulées dans la journée. C’était presque comme s’il y avait assisté lui-même.
Il eut droit à un nouveau plateau sorti du néant pour le dîner.
Après quoi, il eut enfin l’énergie de prendre une longue douche, sans pouvoir s’empêcher de revivre le moment où il avait été à la merci des sorcières, comment il avait été sauvé par Séveric, et comment ce dernier l’avait tenu contre lui et réconforté. Il le revit aussi se déshabiller dans la salle d’eau.
Le pénis de Xavy s’allongea, durcissant. Cela recommençait. Xavy déglutit. Cela ne lui arrivait que le matin en temps habituel. Mais depuis la potion qu’il avait été forcé d’avaler, c’était comme déréglé.
Même si cela ne tarda pas à revenir à la normale, il se rhabilla et osa frapper à la porte de la chambre où logeait temporairement Séveric.
Il frappa et attendit. Rien.
Découragé, il fit volte-face et repéra le sorcier qui terminait de monter l’escalier. Il avait l’air fatigué.
— Xavy ! Je voulais passer te voir, mais ça n’a pas été possible.
C’était compréhensible. Il avait ses élèves à superviser.
— On peut discuter ? demanda Xavy.
— Bien sûr.
Séveric ouvrit la porte de sa chambre et l’invita à s’asseoir. Il n’y avait qu’une chaise dans la pièce. Xavy s’y installa. Il n’était pas assez en forme pour rester debout, surtout pas après sa douche.

jeudi 27 août 2020

Le fée féminin - 54

 Xavy se réveilla en sursaut. Il était à l’abri dans son lit, mais n’avait pas la force de s’en lever. Il avait oublié sa cuillère de fortifiant. Il avait des circonstances atténuantes, ce qui ne changeait rien au fait qu’il allait être aussi faible qu’un nouveau-né pour la plus grande part de la journée.
Avec le festival de magie qui battait son plein, il n’était pas certain que quiconque se rende compte de son absence, hormis Wycka bien sûr.
Et peut-être Séveric.
Avec embarras, il repensa à la manière dont il s’était comporté avec lui, comment il avait léché les doigts du sorcier, s’était frotté contre lui... et il sentit son sexe durcir. Cela ressemblait aux sensations de la veille, tout en étant différent. Ce n’était pas douloureux. Il n’avait pas non plus d’horribles spectatrices. Était-ce un effet secondaire à la potion ?
Xavy inspira et expira, tenta de maîtriser la panique qui montait en lui. Ce n’était rien, rien du tout.
Au bout d’un moment tout redevint normal au grand soulagement de Xavy et il trouva assez d’énergie pour prendre son fortifiant et attraper un livre qui ne parvint pas vraiment à le distraire de ses pensées. Son esprit se plaisait à tourner en boucle sur la façon dont les sorcières l’avaient traité.
Dans la matinée, un coup à la porte le fit sursauter. La poignée tourna et le professeur de sorts entra.
— Le professeur de Daroilak nous a informé que tu avais subi une expérience désagréable aux mains de quatre des élèves sous sa responsabilité. Il a refusé de nous donner beaucoup de précision, ton choix apparemment.
— Ah… Je suis juste épuisé. Autrement, ça va.
C’était faux sur tous les plans. Ce n’était pas que de la fatigue et il était toujours très perturbé.
— Tu veux bien me laisser t’examiner ? Sans être spécialisé dans les soins, je me débrouille.
Sur ce coup, Zibulinion faisait preuve de modestie. Il avait la particularité de maîtriser tous les types de magie.
Xavy acquiesça et posa son livre dans lequel il n’avait guère avancé sur la table de chevet. Tout doué que Zibulinion soit, il doutait que ce dernier découvre ce qui n’allait pas chez lui, cette faiblesse qui l’affligeait depuis l’enfance et pour laquelle sa mère avait fini par se résigner à lui donner un médicament d’origine humaine…

mercredi 26 août 2020

Le fée feminin - 53

 Sur le papier, le festival de magie qui entraînait l’annulation des cours était synonyme de détente et d’amusement, mais dans les faits, c’était compétitif à l’extrême. Xavy avait vu des fées se faire disputer par d’autres quand elles avaient perdu des épreuves contres des sorcières, évidemment quand les professeurs n’étaient pas dans les parages. Du coup, il avait été tendu à l’extrême lors de sa propre épreuve, mais l’avait emporté, ce qui lui avait évité d’essuyer les foudres de ses camarades. Il avait même reçu des félicitations de Chazz. Le fée de quinze ans était l’un des rares garçons fée à ne pas le considérer comme un pestiféré. Kewyn le snobait désormais avec ostentation, ce qui était la faute de Xavy, mais il ne le regrettait pas vraiment. Wylk, quand il le croisait, le saluait froidement. Chazz, même s’il n’était pas toujours très délicat dans ses propos, avait bon fond.
Les ricanements de Valentina qui l’avait pointé du doigt au réfectoire avaient à peine terni la bonne humeur de Xavy d’avoir gagné l’épreuve de cuisine.
Il ne s’était certes pas attendu à tomber sur des sorcières après avoir été aux toilettes… Son cri d’étonnement s’était éteint sur ses lèvres tandis qu’une sortilège l’immobilisait. Valentina avait débouché une fiole transparente contenant un liquide rouge sombre comme du sang. Une de ses camarades l’avaient attaché sans qu’il comprenne pourquoi dans la mesure où il était déjà à leur merci. Une autre lui avait placé une pince à linge sur le nez. Il avait soudain pu à nouveau bouger, il avait ouvert la bouche par réflexe pour respirer et Valentina en avait profité pour le forcer à avaler le contenu de la fiole…
Xavy s’efforça de chasser les souvenirs de son agression. Il allait dormir. Il était épuisé. Laminé. Mais les images affluaient de plus en plus nombreuses.
Il s’était débattu, mais elles étaient quatre. Elles avaient fourré un mouchoir dans sa bouche, l’étouffant avant de retirer la pince.
Le professeur de sorts avait mentionné une fois, en passant qu’il était tout à fait possible de prononcer des sorts mentalement, mais Xavy ne savait pas pour autant comment.
Une étrange langueur avait envahi son corps. Il avait pleuré. Elles avaient ri encore et encore. Xavy se blottit en boule dans son lit, essayant de ne plus penser. En vain.
Il entendait en boucle les échos de leurs voix moqueuses différentes et pourtant semblables. Les quatre sorcières se fondait en un seul monstre à quatre têtes.
Elles avaient soulevé sa robe, tiré sur son sous-vêtement, Xavy avait tremblé, frissonné. Son sexe s’était peu à peu allongé et avait durci comme cela lui arrivait parfois le matin au réveil. Il ne s’y était jamais intéressé. Il faut dire que cela ne lui avait jamais fait mal comme ça. Tout était devenu brumeux dans sa tête et plus rien n’avait vraiment fait sens jusqu’à ce que Séveric lui mette cette boule verte dans la bouche.

mardi 25 août 2020

Le fée féminin - 52

 Xavy était sous le choc. Les événements de la soirée l’avaient retourné et ce n’était pas peu dire après la surprise qu’il avait eu la veille quand Séverix était descendu du bus on ne peut plus ordinaire en provenance de Daroilak.
Il s’était persuadé qu’il n’aurait plus jamais l’occasion de le revoir et voilà que le sorcier était apparu.
Xavy avait été si triste ces derniers mois, la semaine comme le week-end.
A l’école, la compagnie de Wycka l’aidait et avec sa chambre pour lui tout seul, il était au moins au calme le soir, loin des commentaires de la foule de fées.
Chez lui, il pouvait passer du temps enfermé en tête à tête avec Lapilune, à l’exception des repas partagés avec ses parents, ou bien sortir. Antoine était toujours disponible. Son ami humain s’était mis en tête de devenir coiffeur et sachant que Xavy était capable de faire repousser ses cheveux par magie – il avait déniché le bon sort dans un des livres de la bibliothèque et appris à le jeter – Antoine s’entraînait à intervalles réguliers sur lui. Pour le moment, l’adolescent ne se révélait pas le moins du monde doué dans ce domaine, mais il semblait si motivé et heureux que Xavy lui servait volontiers de cobaye.
De son côté, Xavy demandait à Antoine de tester ses créations culinaires, pas toujours réussies. Il s’était en effet mis à la cuisine, ce qui avait déplu à son père qui jugeait l’activité peu masculine, et pas enchanté sa mère qui considérait que c’était son domaine. Toujours est-il que Xavy s’était découvert un goût prononcé pour la confection de pâtisseries, peut-être en partie parce qu’il avait ainsi sentiment de garder un lien avec Séveric. Il ne comptait plus le nombre de fois où il avait failli lui apporter un sachet de biscuits.
Même avec l’amitié de Wycka et d’Antoine, Xavy s’était senti très seul, hanté par le souvenir d’un certain sorcier aux yeux violets foncés. Il avait eu beau se répéter qu’il devait l’oublier, cela s’était révélé impossible.
Et puis il y avait eu cette rencontre inopinée dans la salle d’eau. Le sorcier l’avait vu nu, avait dû remarquer son manque de virilité et s’était dévêtu devant lui, comme si de rien n’était, dévoilant un grand corps poilu. Xavy s’était demandé si c’était doux au toucher et avait pris la fuite. Il avait mal dormi, perturbé de le savoir tout proche, au même étage que lui.
Malheureusement Séveric n’était pas le seul sorcier à être venu en visite à Valeiage.

lundi 24 août 2020

Le fée féminin - 51

 — Tu ne crois pas que raconter ce qui s’est passé t’aiderait à l’exorciser ?
— Je… Elles m’ont pris par surprise à la sortie des toilettes… Elles voulaient vérifier…
Xavy ne termina pas.
Séveric attendit patiemment qu’il continue et cela paya.
— Mon sexe. Parce que je ressemble à une fille. Que j’ai un petit pénis. Il y a une rumeur là-dessus et elles voulaient voir ça de leurs propres yeux.
Xavy qui avait baissé les yeux quand il s’était tu et les releva soudain, comme défiant Séveric du regard de commenter.
Ces histoires de taille n’avaient guère de sens pour Séveric. Il avait eu l’occasion d’apercevoir le sexe de Xavy au repos comme en érection et cela ne l’avait pas frappé, sans doute parce qu’il n’y accordait aucune importance. Sans compter que pour lui, petit était égal à mignon.
— Tu n’as à rougir de rien. Je n’en dirais pas autant d’elles et de leur comportement.
— Mais c’est vrai que mon pénis a une taille ridicule par rapport à…
— Inutile de te comparer à quiconque. Tu es très bien comme tu es, joli colibri.
Séveric avait pensé à plusieurs reprises en ses termes à Xavy, mais il n’avait pas prévu de prononcer le surnom à voix haute.
— Mais je…
Xavy s’interrompit, torturant sa bouche avec ses dents.
Séveric se pencha, prêt à l’embrasser, puis se força à reculer. Il ne devait pas. Résister s’avérait de plus en plus dur.
— Va donc dans ta chambre. Tout ira mieux demain.
Xavy acquiesça et s’en fut, jambes un peu tremblantes.
Séveric jura. Il aurait voulu le garder avec lui, chasser toute la tristesse qui habitait le fée, dissiper toutes ses peurs et ses doutes. Cela le tuait de se dire que Xavy n’était qu’à quelques pas, mais que dans les faits, la distance entre eux était immense.
Séveric s’en voulait. Il aurait dû faire davantage et mieux, mais comme il était faible, qu’il le désirait trop, il lui avait sorti quelques mots pathétiques avant de l’envoyer se coucher alors que le fée venait de subir une expérience traumatisante.

dimanche 23 août 2020

Comme les doigts de la main - 2

 Le roux s’accrocha à ses épaules, son souffle chaud dans le cou de Blaise, sa verge brûlante contre la sienne.
A sec, sans lubrifiant d’aucune sorte, cela n’aurait pas dû embraser autant Blaise et pourtant…
Il rassembla leurs deux érections sans sa main. Le rouquin ondula contre lui de bas en haut à un rythme effréné jusqu’à éjaculer. Blaise ne tarda pas atteindre également le point de non retour.
C’est là que ce qui n’était qu’un banal amusement entre deux adultes consentants prit un virage surréaliste : le roux disparut comme une bougie soufflée par le vent et dans la foulée, le dos de Blaise se mit à chauffer.
Il se décolla du mur en hâte. L’obscurité des lieux se dissipa, deux grandes flammes s’étaient matérialisées derrière Blaise. Il voulut s’éloigner, mais c’était comme si elles le suivaient. Non, c’était pire, elles étaient attachées à lui.
Un cri étranglé échappa à Blaise. C’était impossible. Ce devait être un cauchemar. Il allait se réveiller.
« Ne panique pas. Cela signifie que nous sommes compatibles. » résonna une voix dans sa tête.
C’était celle du rouquin, Blaise en était quasi-certain. C’était tellement étrange et bizarre que Blaise s’évanouit.

    Quand il émergea, il était chez lui, dans son lit. Mais il n’était pas seul. Quatre hommes se tenaient à son chevet : le rouquin aux yeux orangés, ainsi que trois parfaits inconnus, un brun à la longue chevelure, un grand baraqué barbu aux cheveux châtains, et un blond bouclé à l’air angélique.
— Qui êtes-vous ? Que foutez-vous chez moi ?
C’était pire qu’un coup d’un soir ayant mal tourné.
Blaise était encore habillé, ce qui ne l’empêchait pas de sentir vulnérable. Il y avait quatre étrangers chez lui qu’il n’avait pas invité. L’un d’eux avait dû le fouiller pour trouver son adresse et les clefs de son appartement.
— Tu ne lui as rien expliqué ? s’enquit le brun.
Le rouquin haussa les épaules.
— Tu sais bien que cela ne sert à rien. Aucun des potentiels élus ne nous croit jamais, à moins d’être confronté directement au truc et encore.
Blaise se rappela de la disparition soudaine du jeune homme roux, de la brûlure dans son dos et des flammes. Il avait besoin d’explications et vite.
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Rdv le 29 août 2020 pour l'épisode 3 et le 30 août pour l'épisode 4 !

samedi 22 août 2020

12 ans de LBL - Comme les doigts de la main - 1

Il y a douze ans, le 22 août 2008, débutait 12+1 avec une équation amoureuse pour le moins compliquée (et un côté harem) et un épisode était mis en ligne du lundi au dimanche, sans pause.

Pour marquer ce 12ème anniversaire, je vous propose de découvrir, pendant quelques semaines, une nouvelle histoire le samedi et dimanche, Comme les doigts de la main, dans lequel notre héros va rencontrer 4 hommes plutôt spéciaux...

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Blaise savoura la dernière gorgée de son verre de bière tout en regardant les hommes qui se déhanchaient sous les lumières changeantes des spots, plus ou moins au rythme de la musique qui retentissait à plein volume, couvrant la cacophonie des voix. Bientôt, il rejoindrait la mêlée qui sentait la sueur et le sexe, car plus que de la danse, c’étaient des accouplements à la verticale, les corps se frottant, les mains se promenant.
Blaise aimait l’ambiance des boîtes de nuit. Chaque samedi il venait chercher un partenaire pour la nuit. Tirer son coup avec des inconnus avait un côté creux, mais c’était quand même une détente indispensable après avoir travaillé les autres jours de la semaine sur le chantier.
Il n’avait jamais trop de peine à trouver un gars intéressé. Son crâne chauve combiné à sa carrure d’ours plaisaient.
Blaise reposa son verre sur le comptoir et allait s’élancer sur la piste quand il repéra un rouquin  à trois pas de lui qui le dévorait des yeux. C’était un jeune homme qui portait un t-short orange sans manches et un petit short jaune moulant qui ne laissait guère de place à l’imagination. Il avait des yeux orangés, ce qui devait être un effet de la lumière ou bien des lentilles.
Comme un papillon attiré par les flammes, Blaise s’approcha de l’inconnu aux cheveux roux rasés de près qui lui adressa un sourire aguicheur.
— Tu veux danser ? demanda Blaise en tendant la main vers lui.
— Allons plutôt nous amuser, susurra le rouquin à son oreiller.
C’était direct. Blaise n’allait pas s’en plaindre. Il ne restait plus qu’à déterminer où : les toilettes, la ruelle derrière la boîte de nuit, éventuellement l’hôtel…
Le rouquin lui attrapa le bras et l’entraîna dehors.
Un instant plus tard, Blaise était adossé à un mur dans la pénombre, à quelques pas de poubelles ne sentant pas la rose avec pour seule bande sonore la respiration haletante de son partenaire du soir. Blaise n’aurait rien eu contre goûter aux lèvres du flamboyant jeune homme, mais ce dernier avait d’autres idées en tête : il descendit la braguette du jeans de Blaise, déboutonna son caleçon pour dégager son pénis qui commençait à durcir, puis libéra sa propre érection.
Ils étaient apparemment partis pour un frottage, plutôt qu’une fellation. Ce n’était pas ce que préférait Blaise, mais ce n’était peut-être qu’une mise en bouche… 

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Rdv demain pour l'épisode 2 !

vendredi 21 août 2020

Le fée féminin - 50

— Je me sens bizarre, bredouilla Xavy.
— Cela va aller mieux.
En espérant que son remède de fortune fasse bien effet.
Le fée s’agita encore un moment, balançant son corps d’avant en arrière, puis se figea. Ses yeux perdirent leur éclat fiévreux et sa lèvre inférieure se mit à trembler. Xavy était redevenu lui-même.
Séveric le fit glisser de ses genoux et malgré l’épuisement qui le gagnait, effectua un dernière sortilège pour rhabiller le fée. Ce serait plus confortable ainsi pour lui comme pour Xavy.
Le fée esquissa un pâle sourire et fondit en larmes.
Séveric l’attira contre lui, désireux de le réconforter.
Xavy nicha sa tête au creux de son cou.
Séveric le laissa sangloter tout son soul, gardant une main apaisante posée entre les ailes du fée.
— Merci de m’avoir sauvé et aidé. Encore une fois, dit finalement Xavy d’une voix étouffée.
— Je regrette surtout de ne pas être arrivé plus tôt.
Avant qu’elles ne s’en prennent à lui.
Xavy commença à se décoller de Séveric.
— Je vais aller dormir.
Il était logique que Xavy ne souhaite pas parler de ce qu’il venait de subir, mais c’était nécessaire, aussi Séveric le retint.
— J’informerai demain ton directeur des torts que des élèves sous ma responsabilité t’ont causé.
— Non !
— Elles t’ont attaqué. C’est grave.
— Je ne veux pas être la source de davantage de rumeurs. Et puis, si les relations entre sorcières et fées se dégradaient à cause de cela, de moi…
Le pauvre Xavy se tordait les mains.
Il était certain que pareille agression risquait d’avoir des répercussions tel la fin des échanges entre Daroilak et Valeiage, de façon temporaire ou définitive.
— Au minimum, il faudrait que je rapporte l’incident à la directrice de mon école que des mesures punitives soient prises à l’égard des quatre coupables.
Être transformées en crapauds pour quelques jours était bien trop léger.
Le regard de Xavy se posa que la cage dont Séveric s’était débarrassé à droite de la porte dès son entrée dans la pièce.
— Et ce serait mieux d’informer ton directeur, ne serait-ce que pour expliquer pourquoi quatre sorcières ne participeront pas à la fin du festival de magie, ajouta Séveric.
— D’accord, murmura Xavy.

jeudi 20 août 2020

Le fée féminin - 49

— Touche ton pénis, déclara-t-il d’une voix rauque en gardant le dos tourné, caresse-le de haut en bas.
— Cela brûle, geignit Xavy.
Séveric se tourna lentement vers lui, déglutit bien que la verge de Xavy ne soit plus visible, cachée par ses mains.Valentina et ses camarades ne lui avaient quand même pas faire boire une de ses concoctions nécessitant un partenaire pour obtenir satisfaction. Elles n’avaient pas pu être aussi cruelles. Ce n’était ceci dit peut-être pas volontaire de leur part.
En attendant, l’aphrodisiaque semblait très efficace, trop, s’il avait été acheté à un apothicaire. C’était peut-être une fabrication artisanale…
Xavy poussa un râle qui déchira le cœur de Séveric. Il fallait qu’il se dépêche. Il se mit à fouiller dans son sac, réfléchissant à toute vitesse à ce qui pourrait fonctionner.
Xavy se tortillait sur le matelas, des plaintes lui échappant. Il avait cessé de toucher son sexe et agrippait la peau de sa cuisse et de son torse comme s’il avait cherché à se l’arracher.
Séveric aurait pu l’aider à jouir pour l’apaiser, mais cela n’aurait été que lui offrir un bref répit, car les potions aphrodisiaques étaient généralement conçues pour prolonger l’état d’excitation. Cela serait revenu à prendre avantage de Xavy qui n’était pas en possession de toutes ses facultés, rendu fou de désir.
Séveric ne pouvait toutefois plus supporter de l’entendre souffrir ainsi. Il le reprit dans ses bras, et s’aida d’un sortilège pour disposer devant lui sur le drap matériel et ingrédients dont il avait besoin pour préparer un antidote.
Xavy se frotta à lui, agitant les hanches comme un lapin en chaleur.
C’était de la torture de l’avoir dans ses bras comme ça et de ne pouvoir s’autoriser à explorer son corps.
Séveric se contenta de le maintenir sur ses genoux d’une main, tâchant de mettre au point un remède de l’autre. Il grommela dans sa barbe durant tout le temps que cela lui prit. C’était comme mettre un pansement pour une blessure qui aurait nécessité des points de suture, mais il ne pouvait faire mieux, pas sans en savoir plus sur la potion que Xavy avait été forcé d’avaler et pas avec les distrayants mouvements frénétiques de Xavy dont les ailes frémissantes l’empêchait de bien voir ce qu’il faisait.
Sous sa paume, il sentait l’impossible douceur de la peau de Xavy.
Finalement, il obtint une boule de feuilles aux vertus apaisantes et rafraîchissantes et la porta aussitôt à la bouche du fée qui l’accepta, aspirant goulûment ses doigts dans la foulée.
La langue agile du fée promettait. Séveric l’imagina un instant s’enrouler autour d’une autre partie de son corps… Mais non, il ne fallait pas.

mercredi 19 août 2020

Le fée féminin - 48

Séveric matérialisa ensuite une cage drapé d’un tissu et les y enferma en deux temps trois mouvements. S’étant assuré qu’elles étaient désormais hors d’état de nuire, il se désintéressa d’elles et s’agenouilla auprès de Xavy dont les larmes coulaient toujours. Son érection ne faiblissait pas, preuve qu’elles avaient dû lui faire ingérer une potion aphrodisiaque qu’elles n’auraient pas dû avoir en leur possession, pas à leurs âges.
Séveric commença par baisser la robe et défit le foulard qui bâillonnait le fée. Les quatre affreuses avaient en plus fourré un mouchoir dans la bouche de Xavy. Il le retira. Le fée toussa. Sa douleur et sa détresse se lisaient sans peine sur ses traits. Séveric dénoua les liens qui entravaient Xavy. Elles avaient utilisées des cordes qui avaient laissé des marques rouges sur les poignets et chevilles du fée.
A peine libre, Xavy serra les cuisses et pressa les mains au niveau de son entrejambe.
— Ça fait mal, gémit-il.
Depuis combien de temps était-il dans cet état d’excitation ? Xavy n’était pas en condition de répondre à cette question ou aucune autre autre d’ailleurs. Séveric, lui, n’était pas capable d’interroger Valentina ou l’une de ses camarades, pas sans leur lancer de terribles malédictions. Elles avaient agressé Xavy. Il ne les aurait pas plus excusé si elles s’étaient attaquées à qui que ce soit d’autre, mais il aurait été plus en contrôle de lui-même.
Séveric aurait sûrement dû prévenir l’une des fées de l’équipe pédagogique, mais il ne voulait pas que plus de gens voit Xavy comme ça, excité malgré lui, en proie à une fièvre artificielle.
Il aurait préféré que ce soit lui qui mette Xavy dans cet état, car alors le fée n’aurait pas souffert de la sorte.
Il le souleva dans ses bras, attrapa la cage à crapauds, les enveloppa d’un manteau d’invisibilité et de silence avant de gagner l’étage des professeurs, avec une conscience aiguë de Xavy qui haletait dans son cou.
Enfin, ils furent dans la chambre qui avait été attribuée à Séveric pour la durée de son séjour. Il déposa le fée avec précaution sur le lit.
— Masturbe-toi, ça devrait te soulager. Pendant ce temps, je vais regarder les plantes que j’ai dans mon bagage…
Il espérait avoir de quoi contrer les effets de l’aphrodisiaque, même s’il ne savait pas exactement ce qu’elles lui avaient donné.
Séveric se détourna. Il ne regarderait pas Xavy se donner du plaisir.
— Me quoi ? balbutia Xavy.
Se pouvait-il qu’il soit tellement sous l’influence de la potion excitante qu’il ne soit plus en mesure de réfléchir ? Il ne pouvait pas être innocent à ce point… si ? Cela enflamma Séveric malgré lui. C’était mal de sa part dans les circonstances.

mardi 18 août 2020

Le Fée féminin - 47

     Le lendemain, les concours s’enchaînèrent : chant, cuisine, balais versus ailes.
Xavy, bien qu’il ait affirmé quatre mois plutôt manquer d’expérience en cuisine, s’en tira fort bien et l’emporta sur la sorcière contre laquelle il était en compétition.
Le soir venu, quatre sorcières de Daroilak manquaient à l’appel. Ce n’était pas encore l’heure du couvre-feu de Valeiage, mais elles auraient dû être là au dortoir réservé aux invitées. Aucun sorcier ne manquait dans la pièce d’à côté et c’était toujours ça de pris, mais Séveric était furieux. Ce travail d’accompagnateur était moisi jusqu’à la moelle et il aurait mieux fait de laisser la place à une de ses collègues. Non, parce qu’après avoir résisté quatre mois à demeurer loin de Xavy, il aurait dû poursuivre dans cette voie au lieu de s’embarquer dans cette galère. Il n’était pas quelqu’un de social.
Il n’avait ceci dit pas prévu de le voir d’aussi près et sûrement pas dévêtu. Leur brève interaction de la veille dans la salle de bain était gravée au fer rouge en lui. Xavy était impossiblement joli. Cela aurait dû être interdit d’être aussi charmant – et Séveric ne faisait pas référence à son physique sur ce second point. Séveric, en grommelant, tâcha de se concentrer sur le problème qu’il avait sur les bras : l’absence de quatre sorcières sous sa responsabilité. Il doutait qu’elles aient fait amies-amies avec des fées, ce n’était en tout cas pas le genre de Valentina qui faisait partie du groupe manquant. Deux choses l’une, des fées les embêtaient, peut-être parce qu’elles avaient été provoquées, ou bien c’étaient les sorcières qui étaient en train de jouer un sale tour à des élèves de Valeiage.
Séveric lança un sortilège pour les retrouver. Sa baguette le conduisit à des toilettes à la porte desquelles était accroché un panneau hors service. Impossible de ne pas noter qu’il était de couleur noir plutôt que roses et les lettres, grises, au lieu de blanches, comme tout dans l’école. Cela détonnait.
Il tourna la poignée. C’était fermé, mais un sortilège résolut le problème et il entra.
Les quatre disparues étaient là, dos tournés, si bien occupées à ricaner qu’elles n’avaient même pas remarqué qu’elles avaient désormais de la compagnie.
Il s’approcha à pas de velours et vit ce qui les absorbait si bien et en fut horrifié.
C’était Xavy, assis par terre, les yeux emplis de larmes, bâillonné, pieds et points liées, sa robe verte relevé et sous-vêtement baissé, son pénis érigé, le gland violacé.
Les oreilles de Séveric se mirent à bourdonner et il n’entendit pas ce que les sorcières disaient de cruel au sujet de Xavy. Il vit rouge et, sans leur demander d’explication, sans prévenir, il agita sa baguette et les transforma sur le champ en crapaud. La première malédiction qu’on apprenait aux jeunes sorciers et sorcières.

lundi 17 août 2020

Le fée féminin - 46

Xavy enroula sa serviette autour de sa taille en hâte, torturant sa lèvre inférieure avec ses jolies petites dents blanches.
Séveric dut se faire violence pour ne pas tendre le bras et la libérer en tirant dessus avec son pouce.
— Pardon, dit-il comme Xavy se tenait planté devant lui, l’image même de la gêne.
— L’endroit est pour tout le monde.
Ou plus exactement tous les professeurs de sexe masculin. Il y avait là un mystère, mais quelque chose disait à Séveric que mieux valait ne pas poser la question du pourquoi à Xavy.
— En effet, dit-il, en continuant à dévorer le fée des yeux.
Des gouttes d’eau perlaient encore aux ailes de Xavy. Ses cheveux blonds était magnifique et sa peau… Elle était d’une blancheur un peu trop extrême. Sans paraître vraiment en mauvaise santé, le fée dégageait une aura de fragilité et de fatigue qui donnait envie à Séveric de le protéger.
— Vous ne vous douchez pas ? demanda Xavy.
Séveric s’ébroua. Cela lui était sorti de la tête. Se déshabiller devant Xavy avait cependant tout d’une mauvaise idée, surtout avec sa semi-érection qui menaçait de devenir totale. Il s’efforça de penser à des furoncles – c’était radical pour se calmer – et ôta sa robe noire de sorcier.
Le fée émit un son étranglé.
C’était au tour de Séveric d’être nu devant lui, exposé à son regard, ce qui était un juste retour des choses.
Xavy le fixa un court instant, puis choisit de quitter les lieux, vêtu de sa seule serviette, ses cheveux effleurant Séveric au passage qui faillit lui faire remarquer qu’il aurait dû se rhabiller plutôt que de se promener comme ça dans le couloir. Seulement, ce n’était pas sa place. Il n’était rien pour lui, même s’il désirait être tout.
Vu la rapidité avec laquelle le fée était parti, deux hypothèses étaient possibles : soit il avait été dégoûté, soit il s’était senti embarrassé. Séveric savait celle qu’il préférait.
Il entra dans la douche et hésita. Se caresser au souvenir de la vision de rêve qu’avait offert Xavy ou bien tourner le robinet d’eau froide. Il opta la seconde option, la première lui donnant le sentiment d'être un vieux pervers.

vendredi 14 août 2020

Le fée féminin - 45

Séveric avait reçu pour consigne de la directrice de Daroilak de gâcher la cérémonie d’accueil en ordonnant aux élèves qu’il accompagnait d’enfourcher leur balai – c’était une sorte de tradition – mais il ne put se résoudre à donner le signal. Xavy semblait trop heureux d’effectuer des pirouettes dans les ailes, ses ailes étincelant au soleil.
Séveric ne pouvait détacher ses yeux de lui, ne prêtant aucune attention au reste du spectacle, à savoir musique, gerbes lumineuses et pluie de fleurs.
Valentina qui faisait partie des meilleures élèves de Daroilak le rappela à la réalité.
— Monsieur Reptim, ne sommes-nous pas supposés leur montrer ce que nous savons faire ?
— Plus tard.
— Ma grande sœur m’a pourtant dit qu’il était d’usage de semer le chaos d’entrée de jeu.
Elle était dans le vrai et d’ailleurs, la directrice ne serait pas enchantée si elle apprenait que Séveric n’avait pas bougé le petit doigt pour perturber l’accueil organisé par les fées.
— Pas cette année, répliqua-t-il néanmoins.
Après l’accueil pour le moins coloré et typiquement féerique, ils durent assister à une pièce de théâtre d’un ennui mortel. Il faut dire que Xavy ne faisait pas parti des acteurs. Ils eurent droit ensuite à un festin de rois, puis il fallut encore se farcir un concert auquel Xavy devait assister en spectateur, car il n’était pas sur scène. Il fallait espérer que la partie concours de l’échange entre Valeiage et Daroilak qui ne commençait que le lendemain serait plus palpitante.
Après un copieux dîner, une fois que Séveric se fut assuré que tous les élèves dont il était responsable étaient bien installés pour la nuit, fut conduit par le directeur de Valeiage en personne jusqu’à l’étage réservé aux professeurs et le laissa après lui avoir attribué une chambre.
Séveric savait bien pourquoi il avait évité les années précédentes d’endosser le rôle d’accompagnateur. C’était juste épuisant. Sans compter que tout ce rose et ces paillettes faisaient mal aux yeux. Bien sûr, il était content d’avoir pu voir Xavy, mais le moment avait été trop bref.
Il décida de prendre une douche pour se délasser. Il n’avait certes pas prévu en poussant la porte de la salle de bains de tomber sur Xavy dans le plus simple appareil. Les cheveux blonds du fée étaient dans son dos et ne cachaient rien de sa mince silhouette. Il était à couper le souffle.

jeudi 13 août 2020

Le fée féminin - 44

    Les semaines qui suivirent, Séveric se surprit à rester chez lui le week-end dans l’espoir que le fée vienne lui rendre visite. Ce n’était pas le comportement d’un adulte digne de ce nom. Il aurait vraiment mieux fait d’oublier l’adolescent ailé. Hélas, à moins d’avaler une potion d’amnésie, cela semblait peine perdue.
Un sorcier amoureux d’un jeune fée, c’était ridicule, mais les faits étaient là, il ne pouvait nier avoir eu un coup de foudre et sa toquade première s’était muée en quelque chose de plus profond quand il l’avait revu.
Ce n’était pas la première fois que Séveric tombait amoureux, mais bien souvent cela avait été à sens unique. C’était sûrement le plus cruel dans la situation, car sauf erreur de sa part, il y avait réciprocité, mais il fallait renoncer pour des raisons morales.
Avec le temps, tout s’arrangerait, mais en attendant c’était douloureux. Il avait envie de voir le fée. Il aurait pu lui rendre visite à son domicile, excepté qu’une relation entre lui et Xavy était à la limite du tabou. Les fées et les sorciers n’étaient pas supposés se fréquenter de la sorte.
Il dut malgré tout lutter avec lui-même pour ne pas envoyer son hibou chez Xavy pour prendre de ses nouvelles.

Le printemps se mua en été avant de s’achever à son tour.
Séveric avait repris sa routine habituelle, professeur de vol en semaine, fabricant de potion le week-end. Il n’avait pas pour autant catalogué Xavy au rang des souvenirs et c’est la raison pour laquelle il ne put s’empêcher de se porter volontaire pour accompagner quarante élèves de Daroilak à Valeiage dans le cadre du festival de magie.
Ce n’était pas son truc, mais comment résister à l’opportunité de s’assurer de lui-même que Xavy se portait bien ? Il pourrait l’observer à distance, sans faire de mal à personne.
Séveric le repéra dès la sortie du bus. Xavy faisait parti du ballet aérien accueillant les visiteurs en provenance de Daroilak. Il utilisa discrètement d’un sortilège pour le voir de plus près quand bien même ils étaient loin l’un de l’autre.
La coupe courte de Xavy appartenait au passé et vu la longueur impressionnante de ses cheveux, il était clair que le fée avait trouvé et utilisé un sort permettant de les faire repousser vitesse grand V.

mercredi 12 août 2020

Le fée féminin - 43

Xavy avait expliqué avoir été victime d’une malédiction.
Même en sachant que reporter l’incident ne serait pas sans conséquence sur les relations entre fées et sorcières, Séveric lui avait proposé de le faire. Le ou la coupable méritait d’être puni.
Il lui aurait offert de le soigner, même si Xavy n’avait pas refusé de porter plainte, mais cela lui avait semblé encore plus important dans les circonstances.
Il avait trouvé méritant de part de Xavy de ne pas mettre tous les sorciers et sorcières dans le même panier après ce qu’il venait de subir et sage qu’il se montre réticent à l’accompagner chez lui. Il était un quasi-inconnu après tout. Pour le tranquilliser, il lui avait passé sa baguette. Il n’avait certes pas prévu que cela soit érotique de voir le fée la manipuler dans ses délicates mains blanches.
Il n’aurait rien eu contre appliquer lui-même la crème apaisante sur la moindre parcelle de la peau du fée, mais évidemment, il lui avait donné le pot sans poser ne serait-ce qu’un doigt sur lui.
Après quoi, plutôt que de continuer à se sentir comme un dangereux pervers, il l’avait vite reconduit chez lui.
Hélas, même après l’avoir déposé, il n’avait pas réussi à se le sortir de la tête. Ils avaient pu se parler davantage et la curiosité de Séveric avait été piquée sur les difficultés que rencontraient le fée à l’école et sur ce qui avait motivé sa coupe de cheveux dans la mesure où le fée n’en semblait pas enchanté. Il n’avait pas pu se retenir de lui envoyer son familier pour vérifier que Xavy se remettait bien de la malédiction qu’il avait subie. Cela dépassait Séveric que quiconque ait pu choisir de faire des misères à un fée qui respirait la douceur et la bienveillance.
Cela avait été une heureuse surprise de le retrouver sur le pas de sa porte avec le pot.
Séveric n’avait pas pu résister au plaisir de faire plus ample connaissance, aussi l’avait-il invité à l’intérieur, sans réaliser à quel point c’était dangereux.
Jamais Séveric n’avait été particulièrement intéressé par les ailes des fées, mais celles de Xavy, translucides, avait un côté éthéré qui l’avaient captivé.
Le fée était cependant bien plus qu’un joli garçon à l’allure féminine. L’histoire des cheveux coupés pour paraître plus masculin avait attristé Séveric. Il l’avait poussé à se confier, mais sans insistance. De toute façon, en tant que professeur à Daroilak, ce n’était pas comme s’il aurait pu faire quoi que ce soit pour rendre l’école de Valeiage plus agréable à Xavy.
Il n’avait pas prévu que le fée le complimente et encore moins qu’il lui fasse cette espèce de déclaration. « Je vous apprécie beaucoup. » La réciproque était vraie, bien sûr, mais ne changeait hélas rien à leur situation. Séveric était un sorcier adulte, Xavy un adolescent fée. Il avait dit être en onzième année à Valeiage, ce qui signifiait qu’il y avait au mieux dix-sept ans. Rien ne pouvait se passer entre eux, ce qui n’empêchait pas qu’il avait été à deux doigts de lui offrir de revenir prendre le thé.
Séveric se morigéna et se replongea sur la suite de la préparation de sa potion sans réussir à se concentrer complètement dessus.

mardi 11 août 2020

Le fée féminin - 42

Séveric retourna à pas lents vers son laboratoire, résistant à la tentation de rattraper son invité surprise qui devait être encore dans l’immeuble.
Lors de leur première rencontre, il l’avait pris pour une écervelée venue chercher les ennuis et qui les avaient trouvés. La présence d’une de ses élèves, Valentina, lui avait fait espérer pouvoir résoudre les choses de façon rapide et efficace.
S’il avait cru avoir à faire avec une fée aux longs cheveux blonds et aux yeux bleus semblable aux autres, il avait presque aussitôt réalisé être en présence d’un garçon fée. Valentina et ses camarades, elles, s’y étaient trompées.
Le garçon puisque c’en était un, en dépit des apparences, avait défendu son véritable sexe d’une voix toute féminine.
Son élève et ses camarades s’étaient gaussées, affirmant que peu importait, qu’il n’avait pas à être là.
Sur ce point, elles avaient raison, excepté que le garçon fée avait assuré s’être perdu. Même sans potion de vérité, Séveric avait senti sa sincérité.
Le fée avait expliqué chercher Rêve de baguette, en roulant une mèche de cheveux entre ses doigts et en mordillant l’une de ses lèvres roses charnues.
Séveric s’était surpris à réviser son jugement premier : ce fée était plus joli que toutes les fées qu’il avait croisées au cours de sa vie.
Sa nervosité évidente avait donné envie à Séveric de le rassurer, mais Valentina et ses amies, avaient pris un malin plaisir à se moquer.
Après les avoir renvoyées à leurs courses, il avait renoncé aux siennes pour conduire le fée à la bonne boutique de baguettes. Il s’était efforcé de le mettre à l’aise, avait été charmé par son innocence et s’en était voulu. Xavy était un jeune fée à la santé fragile et par conséquent intouchable. Il n’aurait pas dû imaginer quoi que ce soit à son sujet, pas fantasmer sur la douceur de sa blonde chevelure ou ses lèvres souriantes.
Il l’avait laissé devant la boutique, regrettant la brièveté de leur échange tout en se disant que c’était pour le mieux parce que si Xavy l’attirait maintenant, qu’est-ce que ce serait une fois qu’il en saurait plus sur lui...
Il n’avait pas pensé qu’il le reverrait, mais c’était arrivé.
Il l’avait aperçu sur un banc dans la rue et l’avait reconnu de suite en dépit sa coupe courte. Il s’était arrêté pour le saluer et avait tout de suite remarqué les vilaines griffures sur ses joues, son front et son cou.

lundi 10 août 2020

Le fée féminin - 41

— Je vous apprécie beaucoup, lâcha-t-il tout à trac.
Séveric Reptim se raidit.
— Merci. Moi aussi.
C’était dit de façon sobre, presque froide. Xavy ne put s’empêcher de penser qu’il ne l’appréciait pas de la même façon que lui. Le sorcier n’était pas amoureux, lui.
Xavy se tordit les doigts.
Comme il était étrange de prendre conscience de ses sentiments de cette façon, de les déclarer, mais pas vraiment, et dans la foulée, d’avoir la sensation d’être rejeté.
Bien qu’il n’ait pas vraiment faim, il prit un des biscuit et croqua dedans. Malgré leurs formes peu engageantes, ils étaient délicieux.
— C’est vous qui les avez faits ?
— En effet. Tu veux la recette ?
— Je ne sais pas cuisiner.
— Ce n’est pas très compliqué. On pèse, on mélange…
— Sûrement parce que vous, vous fabriquez des potions !
— Peut-être. Il est vrai que la cuisine a quelque chose de magique.
Xavy tenta de relancer la conversation.
— Qu’est-ce que vous êtes en train de préparer comme potion, là ?
— Rien de bien extraordinaire, quelque chose contre les maux de gorge… Je vais par contre bientôt devoir y retourner.
— Je ferais mieux de vous laisser alors, déclara Xavy.
Il n’avait pas vraiment envie de partir et en même temps, il ne voulait pas s’imposer. Sans compter qu’il avait besoin de mettre de l’ordre dans ses sentiments : Séveric faisait plus que l’intéresser, plus que lui plaire, il en était tombé amoureux. Et, malheureusement, cela semblait voué à l’échec. A dire vrai, une amitié entre eux ne semblait pas envisageable non plus. Tout les séparait. Séveric Reptim était un sorcier, un professeur. Xavy était un fée, un élève.
Ils n’avaient pas même une raison de se revoir, à moins que Xavy n’ait l’audace de se pointer à nouveau à la porte du sorcier. Il doutait d’oser la faire, à moins que Séveric ne lui offre de revenir, en lui assurant qu’il serait toujours le bienvenu.
Xavy se leva, la gorge serrée.
— Merci encore de m’avoir rapporté le pot, dit Séveric.
Xavy masqua ses ailes, renfila ses chaussures et son manteau.
— Au revoir. Bon après-midi.
Le battant se referma dans un claquement sec et les larmes se mirent aussitôt à rouler sur les joues de Xavy.
Il resta longuement à pleurer en silence dans le couloir, puis essuya ses joues et prit le chemin du retour.
Peut-être que demain, pour se changer les idées, il proposerait à Antoine qu’ils se voient.

vendredi 7 août 2020

Le fée féminin - 40

— Dois-je en déduire que tu regrettes tes cheveux longs ?
Xavy acquiesça.
— Tu es mignon aussi comme ça.
Xavy cligna des paupières et une douce chaleur l’envahit. Le sorcier venait de le complimenter. Bon, d’accord, c’était sur son physique auquel il ne comprenait pas pourquoi les gens accordaient autant d’importance, mais cela lui faisait plaisir quand même.
— Je voulais ressembler davantage à un garçon, et ce n’est pas une réussite, laissa-t-il échapper.
— Pour ma part, je crois que le sexe d’une personne n’a pas plus d’importance que la couleur de ses yeux ou ses cheveux. Toutes ses différences faites entre filles et garçons ne sont que des constructions sociales.
Cela méritait assurément réflexion.
— Peut-être… Il n’empêche que je suis un garçon et ce n’est pas drôle d’être confondu sans cesse avec une fille.
— Oui, j’imagine que cela puisse s’avérer gênant.
Xavy faillit bien vider son sac à cet instant et dévoiler la manière dont s’étaient comporté les garçons de son dortoir à son égard.
La peur de rebuter le sorcier avec un flot de plaintes le retint.
— Vous, vous êtes parfaitement masculin jusqu’au bout des ongles.
Et Xavy était de plus en plus conscient de la présence physique de son interlocuteur. Séveric Reptim était grand, carré, la barbe drue, les sourcils épais et une peau basanée qui le faisait ressembler au prince arabe d’une histoire illustrée que Xavy avait lu autrefois.
Quand le sorcier se racla la gorge, Xavy réalisa qu’il avait peut-être dit quelque chose d’embarrassant.
Xavy baissa les yeux vers le plancher et constata, détail qu’il n’avait pas remarqué jusqu’alors, que Séveric avait les pieds nus. Ses ongles étaient impeccables.
— Tu as beaucoup de problèmes à l’école en raison de ton apparence ?
Xavy releva la tête.
— Je ne veux pas vous embêter avec cela…
— Je ne te poserai pas la question si je ne voulais pas entendre la réponse.
Xavy hésita quand même. Il n’avait pas envie de partager les commentaires sur la taille de son pénis, et en même temps, cela jouait un rôle important dans l’histoire.
— Nous pouvons parler d’autre chose, si tu préfères…
Le cœur de Xavy rata un battement. Séveric était vraiment formidable.

jeudi 6 août 2020

Le fée féminin - 39

— Asseyons-nous dans le salon. Tu veux boire ?
Était-il plus poli d’accepter ou de refuser ?
— Non, c’est bon, à moins que vous ne preniez quelque chose.
— Alors, va pour un thé !
Séveric disparut un petit moment dans la cuisine et revint avec un plateau d’ébène sur lequel était disposé deux tasses, une théière en fonte ainsi qu’une assiette de biscuits chocolatés en forme d’araignées.
C’était comme si Xavy avait été invité à prendre le thé alors qu’il s’était en fait pointé comme une fleur à la porte.
Il y avait toujours la possibilité que Séveric agisse ainsi par pure politesse, mais tout de même, c’était gentil.
— Ça va, pas de séquelle à la malédiction ?
— Non, je me porte comme un charme, répondit Xavy en agitant ses mains devant lui, un peu comme des marionnettes.
Mince, il se comportait de manière ridicule. Il chercha une mèche de cheveu à entortiller autour de son doigt, mais n’en trouva pas. Il n’arrivait pas à s’y faire.
— Il n’existerait pas une potion qui accélérerait la repousse des cheveux ? demanda-t-il impulsivement.
Le sorcier acheva de verser du thé dans leurs tasses.
— Si bien sûr, mais cela m’étonnerait que vous n’ayez pas un sort féerique pour cela.
Dans son désir de créer un lien avec son interlocuteur, Xavy n’avait pas réfléchi. Il se serait donné des claques. Séveric allait le prendre pour un idiot. Les fées avaient des cours d’élégance. Le sujet avait dû être abordé à un moment ou un autre de son éducation, même s’il l’avait oublié.
Il n’était vraiment pas un fée doué. En même temps, jusqu’à peu, il n’avait jamais pu beaucoup pratiquer la magie. Il n’empêche qu’il n’aurait pas dû se tourner vers un sorcier pour cela, vouloir boire une de leurs potions. C’était déjà assez fou comme cela qu’il se soit servie de la crème réparatrice. Cela avait semblé logique sur le moment, le problème ayant été causé par la sorcellerie, mais tout de même. Et ses cheveux courts étaient le résultat de sa bêtise qu’il aurait plutôt dû songer à réparer avec sa propre magie.
Il but une gorgée de thé pour se donner contenance.
— Oui, c’est vrai, je me renseignerai.

mercredi 5 août 2020

Le fée féminin - 38

Sa mère lui indiqua un bus qui l’approcherait de son lieu de destination et c’est ainsi que Xavy se retrouva dans un véhicule bien trop plein en début d’après-midi dont il ressortit étourdi, les ailes froissées.
Après quelques minutes à inspirer à plein poumons, il se mit en marche jusqu’à l’immeuble où résidait monsieur Reptim, tortillant entre ses doigts les poignées du sac en tissu qui contenait le pot.
Au pied de l’immeuble, la présence d’un code à la porte le bloqua jusqu’à la sortie providentielle d’un des résidents qui lui permit d’entrer.
Enfin, il fut devant la bonne porte, fier de ne pas s’être perdu en cours de route et plein d’anxiété quant à la manière dont il allait être reçu. Le sorcier pouvait très bien récupérer son pot et lui claquer la porte au nez.
Tout en s’humectant les lèvres, Xavy sonna et attendit. Rien ne se produisit.
Juste comme il se disait, plein de regrets que le sorcier devait être absent, ce dernier ouvrit.
Sévéric Reptim portait, une fois n’est pas coutume, une chemise violet foncée qui était assortie à ses yeux qui n’étaient pas noirs comme Xavy l’avait cru jusque là.
— Xavy ! s’écria-t-il.
Il était surpris, ce qui était logique, mais clairement pas fâché.
— Bonjour. J’espère que je ne vous dérange pas. Je suis venu vous ramener votre pot, dit Xavy en tendant le sac à deux mains, frappant presque le sorcier avec dans sa précipitation. Non, parce que si à chaque fois que vous donnez un remède à quelqu’un, la personne ne vous rapporte pas le récipient, à force, vous devez en manquer…
Dans sa nervosité, il semblait à ne plus arriver à s’arrêter de parler. Il se mordit la lèvre.
Séveric le débarrassa du sac en lui souriant et le cœur de Xavy fit un bond dans sa poitrine.
— C’est gentil de ta part, mais je m’en veux que tu aies fait tout ce chemin juste pour cela. Entre donc.
— Si vous êtes occupés… avança Xavy.
— Je fabriquais une potion. Ceci dit, ne t’inquiète pas, j’en suis arrivé au point où cela doit reposer avant que je puisse continuer.
Xavy franchit le seuil, conscient que cette fois, il ne tenait pas la baguette du sorcier entre ses doigts.
— Mets-toi à l’aise, dit Séveric.
Xavy ôta chaussures et manteau, puis défit le sort masquant ses ailes. Il n’avait pas besoin de les garder cachées.

mardi 4 août 2020

Le fée féminin - 37

Xavy termina la journée épuisé, mais parvint tout de même à assister, pour la première fois, au cours du vendredi.
Celui de vol l’enchanta positivement, même si la professeur le disputa parce qu’il ne suivait pas les consignes, tout à sa joie de pouvoir enfin voler pour de vrai, en toute liberté. Il regretta seulement que le vent ne puisse vraiment décoiffer ses cheveux courts.
A un moment, alors qu’il virevoltait le cœur content dans les airs, il se demanda ce que cela ferait de voler aux côtés Séveric à califourchon sur un balai.
Dans le bus scolaire le ramenant à la maison pour le week-end, il eut droit à un nouveau croche-pied, mais il ne se fit pas mal, alors minimisa l’incident : ce n’était qu’une petite attaque mesquine. A lui de rester sur ses gardes pour éviter que cela ne se reproduise.
A son retour ses parents ne lui reprochèrent rien. Ils n’avaient à priori pas été informés du fait que Xavy avait désormais une chambre pour lui seul à Valeiage. Xavy préféra ne pas le mentionner. Il ne se doutait trop bien comment ses parents accueilleraient la nouvelle. Son père, en particulier, serait furieux et lui jetterait à la figure qu’il était faible. Oui, le mieux était qu’ils demeurent dans l’ignorance.
Après une nuit à rêver que lui et Séveric volaient dans un ciel sans nuage, Xavy décida courageusement d’aller toquer à la porte du sorcier, sous prétexte de lui rendre le pot vide.
Cela ne se faisait pas de débarquer chez les gens sans les prévenir, mais Xavy avait une bonne excuse, même si en vérité, il voulait surtout revoir le sorcier. Dans la mesure où il n’était pas question d’aller se promener dans la rue dédiée à la sorcellerie, ni même aux alentours, pas après sa mésaventure de la dernière fois, ses options étaient limitées.
Même en l’absence d’un numéro de téléphone, il aurait pu essayer de prévenir Séveric de sa venue par l’intermédiaire d’un animal volontaire, mais non, car dans ce cas, il aurait tout aussi bien pu confier le pot à son messager à plumes ou poils, empêchant Xavy de passer un moment en la compagnie du sorcier. Et comme c’était la première fois que quelqu’un lui plaisait vraiment, cela méritait de prendre des risques.
Se gardant bien de lui révéler l’identité de la personne qu’il allait visiter, il demanda à sa mère comment se rendre à l’adresse de Séveric dont il avait repéré le nom de la rue. Fréquenter un sorcier était assurément pire que passer du temps avec un humain, ce qui aurait déjà contrarié ses parents s’ils avaient su.

lundi 3 août 2020

Le fée féminin - 36

Dès le lendemain, des rumeurs plus folles les unes que les autres courraient sur les raisons qui avait conduit Xavy à se retrouver dans une chambre individuelle.
Xavy ne savait pas laquelle était la pire entre celle où il avait agressé Kewyn et celle où il était la victime, sans que nul coupable ne soit nommé.
Son véritable sexe était à nouveau questionné, ce qui n’avait rien de plaisant non plus : il aurait ainsi été mis à part parce qu’il n’était ni une fille ni un garçon.
La plupart des fées étaient persuadées que Xavy avait été expulsé, seulement certaines pensaient que c’était pour son bien qu’il avait obtenu ce privilège.
La rumeur préférée de Xavy, la plus proche de la vérité, était qu’il avait quitté le dortoir pour raisons de santé. Ce n’était pas hélas la plus répandue.
Xavy, après être passé aux toilettes, fut coincé par un groupe de fans de Kewyn qui l’interrogea sans pitié. Xavy eut de la peine à les convaincre qu’il ne s’était pas mal comporté vis à vis de Kewyn. Ce fut l’intervention du professeur de sorts qui le sauva.
Il dissipa l’agressif groupe de fées avec quelques mots bien choisis et peut-être un soupçon de magie.
— Allons, je sais que vous êtes inquiètes pour la santé de votre camarade, suite à son départ du dortoir, mais laissez-le donc respirer.
— Merci, professeur.
Zibulinion lui avait tiré une belle épine du pied, tout en confirmant que c’était pour le bien-être de Xavy qu’il était hors du dortoir.
Les fans de Kewyn ne reviendraient peut-être pas lui chercher des poux.
— De rien. Je regrette de ne pas pouvoir faire plus, dit Zibulinion. Enfin. Magiquement parlant, ce serait possible, mais pas éthique, ajouta-t-il.
Aurait-il pu au moyen d’un sort influencer les autres fées au point qu’elles traitent Xavy normalement ? Apparemment. Mais cela n’aurait guère eu de valeur. Et l’essentiel, pour Xavy, c’était d’être soutenu.
Ce fut ensuite le fan club de Wylk qui vint embêter Xavy.
Cette fois, les fées furieuses ne l’accusèrent pas, pas toutes du moins, d’avoir fait des avances à leur idole, mais de ternir sa réputation de chef de dortoir. Xavy n’eut même pas à ouvrir la bouche pour se défendre, Wycka qui était, sur ce coup à ses côtés, s’en chargea à sa place et devant son flots d’arguments en faveur de Xavy, elles finirent pas lâcher l’affaire.