mardi 20 décembre 2016

Bonnes fêtes !

Comme je l'avais dit en commentaire, avec les fêtes, c'est vraiment délicat de trouver le temps d'écrire, d'où une pause jusqu'au 4 janvier 2017 !

Pour l'anecdote, mon petit bonhomme de presque 1 an ne me facilite pas la tâche  : si je suis à l'ordinateur, il veut grimper sur mes genoux et taper sur mon clavier et si j'écris avec un crayon et du papier, il me vole mon crayon (voire mon papier). Ces dernières semaines, il me faut jusqu'à 5 crayons pour réussir à noircir quelques pages !

Je vous souhaite en avance un joyeux noël et je vous dis à l'année prochaine avec la suite de Orcéant et A travers les millénaires dont vous pouvez trouver l'épisode 17 ci-dessous !

J'espère par ailleurs en 2017 parvenir à publier en version papier Contes modernes et Cœur de fantôme.

A travers les millénaires - 17

— Tu crois vraiment que nous nous sommes connus dans une autre vie? demanda Hoshi.
— Oui, mon cœur, j'en suis sûr, répondit Waldo.
Il jugea plus simple de ne pas lui dire qu'il avait exceptionnellement déjà fait sa connaissance dans celle-là.
— Ce serait bien, soupira Hoshi.
— Tu ne penses pas que je sois fou ? Tu te souviens de quelque chose peut-être ?
Les espoirs de Waldo furent aussitôt réduits à néant.
— Non, pardon.
— Ce n'est pas grave. A part une unique fois, cela n'a jamais été le cas.
— Tu veux bien me raconter ?
— Il y en a pour des heures... commença Waldo, craignant que Hoshi ne cherche à gagner du temps et à ainsi repousser le moment d'en apprendre plus sur le sexe.
Puis, réalisant que qu'elles que soient les intentions de Hoshi, c'était une belle opportunité de partager avec lui tout ce qu'ils avaient vécu ensemble au cours des siècles, qu'il n'était pas obligé de rentrer dans les détails et que si jamais il éveillait chez lui des souvenirs, ce serait formidable, il se lança :
— Notre toute première rencontre remonte à la préhistoire, au début de l'humanité, j'étais un homme de néandertal et toi de cro-magnon.
— Je ne connais presque rien de l'histoire humaine, glissa Hoshi.
A l'enthousiasme dans sa voix, Waldo comprit que Hoshi était sincère dans son désir d'écouter leurs vies.
Il reprit son récit. Hoshi ne tarda pas à s'étonner que l'homosexualité soit si mal jugée. Pour les saturniens, avoir des rapports entre individus de même sexe n'avaient jamais posé le moindre problème. Ce n'était tout de même pas parce quelques membres d'une même espèce avaient des rapports sexuels ensemble que la société entière était vouée à disparaître !
— Très vrai. Cela ne fait de mal à personne, contrairement à la guerre...
Waldo poursuivit, Hoshi l'interrompant à plusieurs reprises, mais globalement peu. Ses remarques montraient son intérêt. Ce n'était pas comme quand il s'appelait Claude, juste pour se distraire de son ennui qu'il voulait connaître leur passé ensemble, mais à la différence de Vik, il n'y croyait pas vraiment.
Il voulut que Waldo lui répète le poème qu'il avait composé quand il s'appelait Jehan et à son tour le récita :
« Lié par le fil de la destinée,
De toute éternité,
Ils étaient voués à se croiser,
Seul l'oubli pouvait les séparer,
L'amour n'a qu'un visage,
Gravé dans le cœur,
A travers les âges... »
Waldo, à force de parler, se mit à avoir la gorge sèche, mais il continua.
Dans ce lit capsule, éclairé par une petite ampoule, ils semblaient comme hors du temps.

lundi 19 décembre 2016

Orcéant - 65

— Ne t'agite pas ainsi, lui intima Pierrick. Ton chapeau !
Byll se figea. Il avait un autre secret à protéger : la corne de Korel. Il ne comprenait pas pourquoi Rouge s'était ainsi exposé... Cela ne semblait guère sage pour le coup.
Jaro cependant ne paraissait nullement impressionné.
— Vous êtes un saltimbanque cracheur de feu ? s'enquit-il.
Rouge dut s'adresser à lui télépathiquement, car il eut un léger sursaut.
— Certaines personnes douées en magie sont capable de communiquer ainsi, cela ne prouve rien, déclara-t-il. Il vous en faudra passer par la procédure classique si vous souhaitez nous rejoindre.
— Pas de problème, assura le rouquin.
— Bien. Pour savoir si cela vaut la peine ou non d'apprendre vos secrets, j'ai une question pour vous et attention, car je saurais si vous mentez, inutile d'user de sorts pour me tromper, répondez avec sincérité et promptitude. Seriez vous prêts à tuer pour la liberté ?
Le front de Byll se mit à le brûler et il eut soudain de vomir alors qu'il avait trouvé délicieuse la soupe de légumes qui leur avait été servie. Il avait beau éprouver du ressentiment envers les humains qui avaient réduit en esclavage les siens, l'idée d'ôter la vie à l'un d'entre eux le rendait malade. N'était-ce pas dans un horrible bain de sang que s'était terminé l'ère de paix instaurée par les dragons ?
De la bouche d'Élissande jaillit un « oui » farouche, suivi par un « oui » déterminé de Pierrick qui précisa tout de même qu'il était en capable seulement s'il s'agissait de défendre la vie des personnes qui lui étaient chères.
— Je ne sais pas, répondit Rouge.
— Non, lâcha Byll en dernier.
— Aurons-nous des gens à supprimer si nous devenons membres du mouvement pour la Liberté ? demanda Élissande.
— C'était une question théorique, affirma Jaro. Mais cela pourrait se produire. De la résistance est à attendre de tous ses esclavagistes. Ils ne nous laisseront pas libérer leur main d'œuvre corvéables à merci sans réagir.
Byll se recroquevilla sur son siège, la corne de Korel pulsait comme si elle essayait de l'avertir de quelque chose. Il se sentait de plus en en plus mal et Rouge le remarqua.
— Viens, sortons un instant respirer un peu d'air frais, cela te fera du bien.
Le soulevant par le coude, il l'aida à se mettre debout et le soutint jusqu'à la porte.
Byll traversa la salle de l'auberge comme dans du brouillard : planches, poutres, tables et chaises en bois, murs noircis par la fumée de la cheminée, tout cela se fondait en une seule et même masse brunâtre. Les rires et les bavardages semblaient provenir d'ailleurs.

vendredi 16 décembre 2016

A travers les millénaires - 16

Hoshi était à priori parti pour réciter toutes les informations connues sur les saturniens par les humains depuis qu'ils avaient fait leur connaissance quelques siècles plus tôt. Il en savait plus long que lui sur les mœurs saturniennes et il aurait pu lui raconter n'importe quoi, mais il ne faisait aucun doute que Hoshi débitait une leçon apprise de façon méthodique.
Même si son exposé était quelques peu ennuyeux, c'était un plaisir de l'écouter.
Quand il se tut enfin, Waldo ne put s'empêcher lui signaler qu'il y avait un sujet qu'il n'avait pas abordé : les relations sexuelles.
Il était impossible de lire d'émotions sur les traits d'un saturnien, mais le son altéré de sa voix trahi sa gêne.
— Je n'aurais pas besoin d'en avoir.
— Il n'y a pas que les humains qui se marient.
— Mais c'est la guerre.
— Le monde continue à tourner et a besoin de bébés avec tous ses morts.
— Je connais la théorie.
— Oui, c'est le problème. Tout ton savoir repose là-dessus. Il te manque le vécu et l'expérience.
— Ce n'est pas comme s'il y avait une saturnienne ici pour que je pratique, murmura Hoshi.
— Pas indispensable, répliqua Waldo en faisant coulisser la paroi qui masquait le lit de Hoshi. Avec un peu de chance, il ne devait pas y avoir de caméras. Il s'allongea et constata avec soulagement qu'il n'y en avait pas. Ils avaient eu la décence de laisser un peu d'intimité à leur cobaye.
Hoshi se leva et s'approcha sans entrer. Waldo l'invita d'un signe de main à le rejoindre et l'encouragea d'un sourire. Il ne voulait pas l'obliger à quoi que ce soit. Lui montrer comment avoir un rapport sexuel n'était qu'un prétexte. Il n'était pas sûr de savoir lui-même comme s'y prendre avec ce saturnien plus vrai que nature.
Hoshi resta à le fixer à ce qui parut une éternité à Waldo, puis il se glissa à ses côtés et referma derrière lui.
— Que dois-je faire ?
Du temps où il s'appelait Titus, il aurait pu ordonner à Ewen qui était son esclave de coucher avec lui, mais il ne l'avait pas fait, parce que si c'était par obéissance, cela ne l'intéressait pas, mais rien alors ne pressait... Hoshi était conditionné pour obéir, mais il ne voulait pas non plus en profiter.
— Qu'as-tu envie de faire ? répliqua Waldo.
— Encore une étrange demande... chuchota Hoshi.
Ils se touchaient presque dans cet couche étroite, étendus chacun de côté, tourné l'un vers l'autre. Waldo aurait pu l'embrasser sans peine, comme il avait manqué de le faire après l'avoir sorti de sa cellule. Mais il désirait laisser l'initiative à Hoshi.

jeudi 15 décembre 2016

Orcéant - 64

CHAPITRE 15
Byll était soulagé que Pierrick sache désormais qu'il n'était pas Korel et content que leur quête puisse enfin reprendre. Qu'il puisse y participer activement en étant dans le corps du licornéen était une belle consolation à ne pas avoir encore récupéré le sien.
Ils étaient attablés depuis peu devant des boissons commandées par Pierick et discutaient entre eux pour savoir qui aborder en premier quand un homme noir entra et ne tarda pas à se diriger vers eux.
— Bonjour, je m'appelle Jaro. J'ai eu le plaisir d'échanger quelques mots avec votre ami orcéant.
Le rouquin se leva aussitôt, la main au pommeau de son épée.
— Vous n'avez pas intérêt à lui avoir fait quoi que ce soit.
— Bien sûr que non. Je suis en faveur de la liberté pour tous et vous aussi. Du moins, c'est c'est ce que votre ami a affirmé après que je l'ai
aidé à se débarrasser du garnement qui l'embêtait.
Pierrick se rassit.
— Pouvons-nous vous offrir quelque chose à boire ou à manger ?
— Ce ne serait pas de refus.
Byll se poussa pour faire une place à l'homme qui s'installa à leur table tandis que Pierrick faisait signe à une serveuse licornéenne de venir.
Jaro continua :
— J'appartiens au mouvement pour la liberté. Nous sommes toujours à la recherche de nouveaux membres, mais nous ne prenons pas non plus n'importe qui. Il y a un test à passer. Un de nos membres, un licornéen qui possède encore sa corne, a la capacité d'apprendre vos secrets et de s'assurer ainsi que vous ne trahirez pas le mouvement quoiqu'il arrive.
— Étrange procédé, grommela Élissande.
Byll partageait le même avis que la jeune fille. Toute le monde n'aurait-il pas dû être le bienvenu ?
— Oui, mais plus fiable et plus durable qu'un sort de vérité pour s'assurer de la sincérité de ceux qui souhaitent rejoindre le mouvement. Nous ne voulons pas de traîtres ou d'espions dans nos rangs.
— Et les gens qui n'ont pas de secrets ? demanda Byll.
Il n'en avait pas, pas vraiment, si ce n'est un qui ne lui appartenait pas, à savoir que Rouge était un dragon.
— Je ne connais personne qui n'a pas au moins un truc ou deux qu'il aimerait garder pour lui, répondit Jaro.
— Il n'est pas nécessaire de nous faire rencontrer ce licornéen, intervint Rouge avant de laisse une flammèche s'échapper de sa bouche.
Byll vérifia en hâte autour d'eux si quelqu'un d'autre l'avait vu faire, mais non, les gens parlaient, buvaient et mangeaient...

mercredi 7 décembre 2016

Prochain épisode : 15 décembre

Micro-pause ! Désolée. J'espérais réussir à me débrouiller pour mettre un épisode en ligne aujourd'hui, mais le temps file trop vite...

Mise à jour du 11 décembre : j'ai la gastro, toute la famille l'a attrapé... Résultat, obligée de décaler la mise en ligne des épisodes au moins au 15 décembre. Désolée.

mardi 6 décembre 2016

A travers les millénaires - 15

La réunion terminée, Waldo ne put retourner immédiatement auprès de Hoshi comme il l'aurait souhaité. Il était supposé attendre d'être introduit auprès de lui par le canal officiel, une absurdité dont il se serait bien passé. Il essaya de négocier qu'il en soit autrement, mais le général l'informa qu'il devait de toute façon d'abord prendre connaissance du fichier qui allait lui être transmis sur Hoshi, le sujet 017. Waldo ne prit pas le risque d'insister de peur qu'on lui retire la mission.
Sur le chemin de sa chambrette, il se mit à réfléchir au calme à comment utiliser au mieux le court délai qui lui était imparti pour conquérir Hoshi ou du moins, de profiter de sa présence jusqu'à la dernière goutte. Déjà, il échafaudait dans sa tête des justifications pour retarder l'échéance du largage des deux espions. Une fois devant son ordinateur, il consulta le fameux fichier qui lui avait été envoyé et ce qu'il lut l'horrifia plus qu'autre chose. Le pauvre Hoshi n'avait jamais rien connu d'autre que le laboratoire de la base militaire. 
Encore un peu et on allait autoriser le clonage afin d'avoir de la chair à canon à envoyer face aux extraterrestres. Peut-être même était-ce déjà le cas et Waldo n'avait pas été mis au parfum, comme pour le charcutage d'êtres humains afin de fabriquer des saturniens plus vrais que nature. 

Enfin, il fut appelé dans l'aile de l'infirmerie, dans le quartier des malades. Il pénétra dans une pièce semblable à son propre logement : une table avec casier à ordinateur et chaises intégrés, un placard à panneau coulissant pour ranger des combinaisons et un contenant un couchage, tiroirs à ration, une cabine de douche entièrement carrelée et une pour les toilettes. 
Les présentations furent rapidement faîtes. Hoshi devait suivre les instructions de l'officier Waldo pendant cette dernière phase de préparation avant l'infiltration. 
La porte se referma ensuite sur eux, les laissant seuls, du moins en apparence, car Waldo avait repéré des mini-caméras dans les coins, au plafond.
— Installons-nous, offrit Waldo.
Hoshi s'assit d'une démarche raide on ne peut plus saturnienne. 
Waldo opta pour la place juste en face. Il ne pouvait écarter la possibilité qu'il y ait des micros puisque Hoshi était sous étroite surveillance. Il était après tout le fruit précieux de longues années d'opérations et de bourrage de crâne. Waldo n'arrivait pas à savoir lequel de ces deux éléments était le plus triste.
La prudence exigeait qu'il évite de parler de réincarnation, excepté que leurs heures ensemble étaient comptées.
Il transigea. Tout à son choc de retrouver son âme-sœur qu'il n'avait jamais pensé revoir dans cette vie, il avait pris les choses dans le désordre.
— Commence par me dire tout ce que tu sais des saturniens, toi qui es sensé en être un.  
Cette demande lui permettrait d'en apprendre plus sur lui, tout en s'occupant de le préparer. 
Hoshi qui ne paraissait nullement troublé d'être en face de celui qui lui avait proféré son amour et caressé la joue un peu plus tôt se mit à débiter d'un ton monocorde tout ses ses connaissances sur les saturniens : leur biologie, leur alimentation, leur religion, leurs habitations, leur armement, leur histoire, leur us et coutumes... Il était intarissable.

lundi 5 décembre 2016

Orcéant - 63

Perdu dans ses pensées, Korel ne vit pas la pierre que lui lançait l'enfant. Il la reçut dans le ventre et évita de justesse la seconde.
— Stop ! cria-t-il, mais le gamin poursuivit ses lancers.
Comparé à lui, il n'était guère plus gros qu'un moustique, mais ses projectiles faisaient assurément plus mal que des piqûres d'insecte. Korel était plus fort que lui, il aurait pu sans peine l'attraper par le col de sa chemise, le soulever et le secouer comme un prunier, excepté qu'il était un orcéant supposément sous l'emprise de la magie et pas en mesure de faire du mal à un humain. S'il donnait une leçon au gosse, le prix à payer serait élevé, sa vie peut-être, des coups probablement et surtout des ennuis pour tout le groupe entier.
L'enfant continuait et ne ratait pas souvent sa cible quand un homme à la peau noire ramassa un caillou et le jeta dans le dos du gamin qui poussa un cri, se retourna et menaça son attaquant de représailles des gardes qui assuraient la sécurité de la ville.
— Manger de ta propre cuisine est bon pour toi et ce sera ta parole contre la mienne.
— J'ai bien le droit de m'amuser, ce n'est qu'un orcéant, s'offusqua le gamin.
— Ce n'est pas une raison pour l'embêter. Tu dois être du genre à arracher les ailes des papillons et piétiner les fourmis, toi.
— Non, je touche pas aux premiers, ils sont trop beaux, mais je vois pas pourquoi, je n'écraserai pas les cafards et autres trucs dégueulasses !
— Je débattrai avec toi de la beauté et valeur de toutes les créatures vivantes une autre fois, j'ai d'autres projets pour la soirée. A présent, file, dit l'homme en se penchant pour reprendre un caillou par terre.
L'enfant dut comprendre qu'il n'aurait pas le dessus.
— Sale face de rat ! l'insulta-t-il avant de tourner les talons.
— Les papillons ne sont jamais que des chenilles ayant mué, et si la blancheur était signe de propreté et de supériorité, cela se saurait, lança l'homme dans son dos.
Le gamin n'avait même pas eu le dernier mot.
— Merci de m'avoir défendu, déclara Korel.
L'homme qui était sur le point d'entrer dans l'auberge s'immobilisa :
— C'était un plaisir. Un jour, vous serez libres, c'est une promesse.
Korel jubila à ses mots. Il s'empressa de lui décrire ses amis dans l'auberge qui s'étaient jurés la même chose.
Le noir demanda à voir son poignet, constata qu'il était dépourvu de numéro et déclara :
— Je les inviterai donc à rejoindre le mouvement de la Liberté. Plus nombreux nous seront mieux cela vaudra.
Et, après une dernière salutation, il s'engouffra à l'intérieur du bâtiment.

vendredi 2 décembre 2016

A travers les millénaires - 14

Bien que l'intervention de l'officier lui ait permis de comprendre quelque chose de capital sur Hoshi, elle n'en était pas moins importune. Waldo faillit rétorquer qu'il testait une nouvelle méthode, mais de peur que Hoshi ne l'interprète mal et s'imagine qu'il avait inventé cette histoire de vies antérieures juste dans le but de le faire parler, il se contenta de proférer de plates excuses.
L'officier fit un pas vers Hoshi dans le but de lui faire réintégrer d'urgence sa cellule. A son air menaçant, il était évident qu'il ne devait pas connaître la vraie nature du saturnien. Comme il était hors de question qu'il le brusque, Waldo intervint :
— Je m'en charge.
L'autre bougonna et attendit que Waldo procède.
Hoshi se laissa docilement renfermer avec son camarade, Waldo lui soufflant dans un murmure presque inaudible « à plus tard, mon cœur. »
Au moins, il n'avait plus à craindre que Hoshi ne soit torturé, du moins, pas par les humains, car les saturniens, eux, n'hésiteraient pas s'ils découvraient qu'il n'était pas l'un des leurs en dépit des apparences trompeuses.
 

La réunion qui suivit confirma ce que Waldo avait découvert par lui-même. Basile fut quelque peu déçu que son ami se soit finalement aperçu de la supercherie. Waldo expliqua ce qui lui avait permis de comprendre. Le général qui présidait la réunion consigna cet élément afin de veiller à ce que les deux espions ne commettent plus cette erreur. Waldo se contint de justesse de crier qu'il fallait surtout abandonner cette mission trop dangereuse pour les deux malheureux qui avaient été transformés, mais c'était impossible. Dans le document mis à leur disposition, il était écrit noir sur blanc que pour parvenir à ce résultat, il avait fallu plus de douze ans d'expérimentation.
Depuis leur tendre enfance Hoshi et son camarade avaient subi des dizaines et dizaines d'opérations. Les séances de torture de Hoshi avaient en quelque sorte déjà eu lieu. Vu l'âge où les opérations avaient débuté, ils ne pouvaient s'être portés volontaires, ils avaient été purement et simplement réduits à l'état de cobayes et embrigadés. D'un point de vue de moral, c'était plus que tendancieux, mais il était trop tard pour s'indigner : le mal était fait. La guerre qui durait depuis près de vingt ans ne tournait pas à l'avantage des humains, d'où ses mesures désespérées.
Dans trois petits jours, Hoshi et son camarade seraient largués sur Saturne pour y récolter des informations. A eux de se débrouiller pour ensuite les transmettre sans mettre en danger leur couverture. C'était de la folie pure.
Waldo n'avait donc que trois jours avec Hoshi avant que ce dernier ne passe à l'ennemi et que leurs chances de se revoir soient quasi-nulles. Il se porta volontaire pour aider Hoshi à se préparer au rôle délicat qui l'attendait. Le général valida sa candidature, car il avait été l'un des rares à réaliser qu'il était en présence de faux saturniens.

jeudi 1 décembre 2016

Orcéant - 62

Le rouquin appela Rouge, Byll et  Élissande pour leur faire part de son idée pour dégoter des alliés sans l'aide de la magie licornéenne puisque ils ne pouvaient s'en servir jusqu'à la prochaine lune.
Pour une fois, tous approuvèrent et personne ne commenta le fait que quelques instants plus tôt, Pierrick avait parlé de tout laisser tomber.
— Tout va bien entre vous ? demanda la jeune fille.
— Je crois, oui, répondit Pierrick avec un sourire.
Pour Korel, il demeurait un problème : le rouquin n'avait pas encore cessé de le considérer comme son serviteur. Il ressentait par ailleurs une nervosité certaine à la perspective de s'unir avec lui. Il savait qu'il n'y perdrait plus sa corne, mais tout de même...
Ils reprirent la route, Pierrick maintenant sa monture à faible allure afin de rester à côté de lui qui marchait à grandes enjambées. La conversation n'était pas très animée, mais entre eux, c'était naturel et confortable. Élissande, Rouge et Byll suivaient derrière.
Ils eurent la chance de parvenir à une grande ville en fin d'après-midi.
Après avoir récolté des renseignements sur les auberges qu'elle renfermait, à sa méthode simple et directe, Pierrick en choisit une qui n'était pas des plus réputées. D'après lui, c'était là qu'il était plus probable de croiser des gens mécontents de l'ordre en place.
— Il doit y en avoir dans toutes les couches de la société, objecta Élissande qui n'aurait rien eu contre à priori profiter du confort d'un établissement mieux côté.
— C'est vrai, approuva Rouge. Mais de toute façon, il faut bien commençer quelque part, ajouta-t-il avec sa diplomatie coutumière.
Korel fut obligé de demeurer hors de l'auberge avec les chevaux. Il prit alors conscience que les orcéants étaient encore moins bien lotis que les licornéens. Ils n'étaient certes pas mutilés, mais être rabaissé au rang de vulgaire animal n'avait rien d'enviable.
Ses camarades avaient discuté du plan avec lui, mais c'était eux qui allaient se charger de tout pendant qu'il demeurait là à prendre racine. Certes, il protégeait les chevaux d'éventuels voleurs, mais vraiment il était pénible d'être ainsi tenu à l'écart.
Il était prompt à accuser Pierrick de faire peu de cas des orcéants, mais lui-même n'avait eu aucune considération pour Byll quand il avait donné son accord à la vieille licornéene pour le transfert d'âmes. Il ne pouvait d'ailleurs pas mettre tout le dos de cette dernière, se réfugiant derrière le fait qu'elle avait pu l'influencer. Il était trop facile de critiquer les autres et d'être aveugle à ses propres fautes, de croire avoir raison ou pire de justifier à soi-même ce qui ne pouvait l'être.
Il faudrait qu'il présente de nouvelles excuses à l'orcéant et qu'il se montre désormais moins sévère vis-à-vis de Pierrick. C'est à peine si le rouquin lui avait adressé un reproche malgré tous ses mensonges.