vendredi 31 juillet 2015

Contes modernes - 97

Finalement, ce n'est qu'en fin de matinée, après avoir fini une de ses piges pendant qu'Angel avançait dans la fabrication d'un des jouets qui lui avait été commandé, que Cain se rendit à la pharmacie afin qu'ils soient équipés pour le restant du week-end.
Dès son retour, Angel le conduisit au lit. Cain était terriblement tendu, mais Angel le fit fondre en multipliant les baisers et les caresses. Ce n'est qu'après qu'il insinua un doigt lubrifié en lui, puis un second et même un troisième. Ce fut ensuite le tour de son pénis de se presser contre l'entrée. Quand il commença à s'enfoncer en lui, ce fut, malgré les préparatifs, douloureux, et Cain se contracta et se mordit les lèvres. Il avait une désagréable sensation de trop plein.
Angel ressortit et l'embrassa et le caressa encore, puis revint à la charge, tout en douceur.
C'était fondamentalement étrange que ce corps étranger soit en lui et Cain se demanda s'il pourrait s'y habituer. Ce n'est que quand Angel se mit à se mouvoir en lui, qu'il sut que oui.
Cain ne tarda pas à haleter sous le rythme de plus en plus en puissants des coups de reins d'Angel qui ne négligeait pas de prodiguer de tendres attentions au sexe du jeune homme. Ils jouirent presque en même temps.
Après avoir roulé sur le côté, Angel demanda :
— Alors, tu voudras recommencer ?
Cain ne tenait pas à ce qu'ils s'unissent ainsi à chaque fois, mais plutôt que de le préciser, il répondit :
— Je t'aime.
Une façon comme une autre de dire oui.
Angel lui retourna les mêmes mots en l'enlaçant.

Trop vite le week-end se termina entre piges et sculpture du bois, entre douces caresses et brûlants baisers, entre repas et bavardages. Cain revint le voir dès le suivant, sourd à la réprobation de ses frères, son père ne se joignant heureusement plus au chorus : il avait compris que Cain était heureux.
Les retrouvailles avec Angel furent chaudes comme la braise. Quand ils eurent retrouvé leur souffle dans les draps froissés, Angel déclara :
— Tu es vraiment beau.
La troisième fois qu'il le lui dit après l'amour, Cain ressentit une pointe de malaise qu'il n'analysa que plusieurs week-ends plus tard. Malgré la distance, le prix de l'essence, ses cours, ses devoirs et ses piges, Cain faisait en effet désormais le trajet chaque semaine. Cela lui faisait trop mal au cœur de savoir Angel seul dans sa grande maison. Afin de ne négliger aucune des tâches qu'il avait à faire, Cain rognait par conséquent sur ses heures de sommeil.

jeudi 30 juillet 2015

Contes modernes - 96

Angel continua à le caresser  un moment avant qu'un doigt humide ne vienne s'insinuer dans la raie des fesses de Cain. Il se raidit. Du pouce Angel se mit à effectuer de petits mouvements circulaires sur son pénis, ce qui le distrait de ce qu'il lui faisait à l'arrière. C'était tout de même vraiment étrange ce doigt qui remuait en lui. Pas formidable du tout.
Quand Angel passa à deux doigts, allant plus loin dans son invasion, la sensation de bizarre ne disparut pas, mais autre chose s'y ajouta et un gémissement s'échappa des lèvres de Cain.
Comme les doigts d'Angel ne cessaient de bouger sur son sexe et à l'intérieur, le jeune homme éjacula dans un cri étouffé.
— Désolé.
— Il ne faut pas, te faire jouir était le but.
— Mais tu ne voulais pas me... commença Cain sans terminer, décidément trop gêné pour le dire.
— Si, mais les doigts, c'est le mieux pour que tu t'habitues.
Angel était attentionné, pas de doute.
— Mais toi, tu n'as pas...
Pour tout réponse, Angel insinua son pénis entre ses cuisses fermées et se mit à y effectuer un lent mouvement de va-et-vient.
Cain s'écarta, libérant le membre gonflé et se retourna pour faire face à Angel.
— Je préfèrerai que tu ailles jusqu'au bout dès que je serais à nouveau excité. Après, je risque de trouver de bonnes raisons de ne pas vouloir.
— Ce ne serait pas dramatique, inutile de te forcer pour moi si cela te répugne vraiment.
— Ce n'était pas déplaisant. Enfin, si, surtout au début. Mais de toute façon, comment savoir sans vraiment essayer ? Et puis, il n'y a pas que mon plaisir qui compte.
— Je n'ai que ma salive pour te lubrifier et pas de préservatif non plus.
Cain avait fait des tests de dépistages avant de se mettre en couple et après aussi, quand cela s'était mal terminé. Il avait lu des articles très convaincants sur le sujet. Cependant, avec Angel, dans le feu de l'action, il avait oublié toute prudence. Vu la situation de l'ancien pompier, les risques étaient minimes, mais pas moins réels. Plutôt que de se lancer dans une conversation délicate pour savoir s'il s'était toujours bien protégé avant de s'isoler à la campagne et s'il avait ou non effectué un test, Cain préféra quitter le lit, annonçant qu'il allait à la pharmacie. C'était ridicule les efforts qu'il fournissait pour quelque chose qui l'angoissait, voire même le dégoûtait, ce n'était pas logique, parce que c'était par amour pour Angel.
— Sans vouloir me vanter, il me faut des XXL.
Quelque chose d'aussi énorme en lui. Cain s'immobilisa.
Angel se mit debout à son tour.
— Tu n'as pas besoin d'y aller maintenant, tout de suite. Je ne vais de toute façon pas pouvoir attendre jusque là, caresse-moi, s'il te plaît.
Là-dessus il captura sa bouche et Cain, déjà convaincu avant même le baiser, prit dans ses mains le gros membre dur et doux à la fois.

mercredi 29 juillet 2015

Contes modernes - 95

Dès que le week-end arriva, Cain, sans s'embarrasser de dire où il allait pour ne pas subir une nouvelle scène, retourna auprès d'Angel. Occupé à rattraper les cours qu'il avait raté et à esquiver ses frères, c'est à peine s'il avait pu échanger avec lui quelques mots au téléphone. Il l'avait toutefois informé de son heure approximative d'arrivée, aussi à peine eut-il fait teinter la cloche qu'Angel lui ouvrit et le serra contre lui avec force, l'étouffant presque.
Cain se plaignit et fut partiellement relâché.
— Tu m'as manqué à en mourir.
C'était excessif comme formule, très film à l'eau de rose, mais Cain y fut sensible, car l'accent de sincérité dans la voix d'Angel la rendait crédible.
— Je suis là maintenant.
— Pour deux jours à peine.
— Et j'ai des piges à faire. Autrement, je suis tout à toi.
Une petite lueur s'alluma dans l'œil bleu vif d'Angel. Cain se rendit compte de l'ambiguïté de sa phrase. Angel choisit de le prendre au pied de la lettre. Il le fit courir jusque dans la maison, jusque dans sa chambre où il le poussa sur le grand lit et lui enleva ses vêtements, les lui arrachant presque avant de couvrir son corps de baisers.
Cain suggéra qu'il se déshabille aussi afin qu'il puisse également le caresser, ce qu'Angel fit avec une rapidité remarquable.
L'imposant pénis d'Angel se frotta contre le sien tandis que leurs mains glissaient sur leurs peaux rendues brûlantes par le désir qu'ils éprouvaient l'un pour l'autre. Ils jouirent ensemble.
Après un rapide toilettage et un dîner léger, ils se couchèrent l'un contre l'autre, à même la peau, Angel ayant convaincu le jeune homme de renoncer à mettre un pyjama.

Au matin, Cain fut réveillé par de grandes mains qui se promenaient sur lui. Contre ses fesses, il pouvait sentir le membre dur et chaud d'Angel. Une vague d'appréhension le submergea, puis il se rappela qu'Angel ne l'obligerait à rien et que plutôt de continuer à se torturer avec cette question, il ferait mieux d'affronter sa peur.
— Tu peux... murmura-t-il.
— Quoi donc ? demanda Angel, la voix rauque.
— Me... Tu sais bien... Ne me le fais pas dire.
— Oh... Tu es sûr ?
— Seulement si tu en as vraiment envie.
— Évidemment que je veux te posséder complètement !

mardi 28 juillet 2015

Contes modernes - 94

Angel commença à aller mieux le jour suivant. La fièvre l'avait déserté. Il n'était toutefois pas assez bien pour que Cain songe à repartir, surtout qu'Angel n'était guère raisonnable. Cain  avait découvert qu'il avait profité des moments où il préparait les repas pour aller traire sa vache, nourrir ses poules et ramasser les œufs qu'elles avaient pondus.
Cain sut qu'Angel était en bonne voie de guérison quand il se réveilla le matin suivant dans le lit à baldaquin où il avait dormi lors de sa première visite au lieu de se retrouver dans la chaise rembourrée qu'il avait tiré dans la chambre d'Angel afin de demeurer à son chevet. Il avait dû y être porté durant la nuit.
Il se leva. Angel n'était pas dans son lit. Il le trouva tranquillement attablé devant un solide petit déjeuner. Il avait les traits tirés, mais était clairement tiré d'affaire.
— Tu sembles en forme.
— Je t'avais bien dit que c'était juste une bonne crève.
— Oui, quelques jours de repos...
— Et il n'y paraîtra plus, compléta Angel, l'empêchant de finir.
Cain s'assit à côté de lui, pas du « bon », sans qu'Angel ne proteste.
— Je suis soulagé.
— Pas moi, parce que maintenant tu vas repartir. J'avoue avoir été tenté prétendre être encore très malade rien que pour te garder ici plus longtemps.
— Je reviendrai vite, promit Cain.
Après s'être sustenté, il rassembla ses affaires et quitta la maison. Même s'il aurait préféré qu'Angel retourne s'allonger, il fut content qu'il n'en démorde pas et aille avec lui jusqu'au porail.
Quand il comprit qu'Angel ne l'embrasserait pas, sans doute par crainte d'être encore contagieux, Cain prit l'initiative. Il le força à se baisser en l'attrapant par le col de sa veste, il déposa un baiser léger sur ses lèvres.
Angel lui rendit aussitôt, insinuant la langue dans sa bouche, lui communiquant toute la force de son désir.
— C'est malin, grommela Angel. Maintenant, je n'ai qu'une envie, c'est de te ramener et te faire l'amour.
— La prochaine fois, répliqua Cain, le souffle court.
— Avec toi, il faut être patient, bougonna Angel.
— Au revoir...
S'arracher à lui devenait chaque fois plus difficile, mais cette grosse bête ne le réalisait pas !
Cain partit malgré tout.
 
Après ses cours, le soir, il regagna la maison familiale où il eut droit à un comité d'accueil des plus déplaisants. Ses frères comme son père désapprouvait sa nouvelle orientation sexuelle et son monstrueux petit ami. S'ils avaient su, ils auraient été le chercher, prétendument pour son bien.
Cain défendit Angel du mieux qu'il put, même s'ils ne l'écoutaient pas, trop occupés à dresser un horrible portrait d'un homme qu'ils n'avaient jamais vu. Cain finit par se réfugier dans sa chambre, les abandonnant à leur indignation.

lundi 27 juillet 2015

Contes modernes - 93

— Tu restes parce que la personne que tu visitais est malade ? T'as passé des heures au chevet de papa comme si ça changeait quelque chose et maintenant ça ? Tu t'es trompé de vocation... C'est peut-être toi qui devrais te faire soigner, oui !
La réaction de son frère aîné qui manquait, comme à son habitude, sérieusement de délicatesse, déplut à Cain.
— Je ne peux pas le laisser seul.
— C'est qui au juste ? Ariel ?
Cain n'avait pas précisé l'identité du malade parce qu'il avait voulu éviter de le présenter comme un simple ami alors qu'il était bien plus que cela et que par ailleurs faire son coming-out n'avait rien d'évident. Coincé, il ne se déroba pas.
— Mon  petit ami.
— Ton quoi ?
Cain répéta tranquillement.
— Depuis quand tu es homo ? Bon, je m'en étais toujours douté vu ta tête d'effeminé et que tu ne savais pas satisfaire ta copine, mais quand même !
Ce rappel que la copine du jeune homme l'avait trompé avec lui était un coup bas que Cain encaissa sans broncher. Il en avait souffert, mais cela appartenait au passé et son avenir, c'était Angel.
— Peu importe ce que tu en penses. C'est comme ça.
— Attends une minute, les seuls gens que tu fréquentes ces derniers temps sont des monstres, ne me dis pas que c'est le cas de ton fameux petit ami !?
— Les gens qui ont été gravement brûlés sont comme nous.
— J'ai eu le malheur de tomber sur quelques photos de ton dossier et c'est proprement horrible. Ils sont grotesques, ils n'ont rien d'humains.
Il avait fouillé ses affaires, oui. Cain faillit exploser, mais se contint :
— Ils ont le droit d'exister. Je te le répète, brûlés ou pas, cela ne change rien. L'essentiel est ailleurs. Angel est adorable.
Son frère s'esclaffa :
— Quel nom pour une horreur ambulante ! Tu ne peux pas sortir avec un type pareil. Ce serait la honte totale pour toi ! Gay et laid, ça rime, mais quand même !
— Je ne te savais pas si protecteur à mon égard. En tout les cas, cela ne te regarde pas.
— Non, mais tu rigoles quoi, pas envie que tu le ramènes à la maison !
— Ce n'était pas mon intention et de toute façon, il ne sort pratiquement pas de chez lui.
A cause de gens comme son frère.
— Laisse le tomber ! Je croyais que tes études passaient avant tout.
— Un parent, un ami, un amoureux comptent tout autant. Bref, ne vous faîtes pas de soucis, je serais bientôt de retour.
Cain raccrocha au nez de son frère qui se lançait dans une nouvelle tentative pour qu'il cesse de s'occuper d'Angel.
La réaction de son aîné ne le surprenait pas vraiment, mais la conversation lui laissait un arrière-goût amer. Il retourna auprès d'Angel qui s'était assoupi.
Le jeune homme le contempla. C'est vrai que son côté brûlé n'était pas beau, mais Angel n'en était pas moins magnifique pour autant.

vendredi 24 juillet 2015

Contes modernes - 92

Cain en voulait à Angel de ne pas l'avoir prévenu de sa maladie et il aurait voulu lui reprocher de ne pas souhaiter qu'un médecin l'ausculte, mais il ne le pouvait pas. Ses recherches pour son dossier sur les grands brûlés l'avait en effet amené à rencontrer un médecin qui lui avait avoué trouver les peaux ravagées par le feu répugnantes et que seule sa conscience professionnelle le retenait de ne pas les soigner. Un docteur antipathique en somme. Tout le monde hélas ne choisissait pas cette profession dans le but louable de soigner son prochain. Certaines personnes étaient plus intéressés par l'aspect financier.
Cain retrouva Angel tel qu'il avait quitté, au fond de son lit. Il l'obligea à boire un grand verre d'eau et lui fit avaler un cachet. Il lui apporta ensuite un gant mouillé qu'il lui plaça sur le front.
Il passa la nuit à son chevet, comme il l'avait fait avec son père, les premières nuits.
— Si tu ne vas pas mieux bientôt, je t'obligerai à consulter que tu le veuilles ou non.
Angel qui dormait d'un sommeil agité ne put exprimer une quelconque opposition, comme tout à l'heure quand Cain avait déclaré qu'il ne bougerait pas de là de la nuit.

Le lendemain, Angel était toujours en piteux état. Cain suggéra à nouveau une consultation médicale qu'Angel rejeta avec une violence presque rassurante : s'il avait l'énergie de s'énerver...
— Tu ne vis pas à l'âge de pierre, tout de même... Tu ne vas pas te laisser mourir d'une bête infection...
Angel le coupa :
— Je m'en fiche.
— Pas moi ! s'écria Cain.
Il était hors de question qu'il le perde.
Angel leva la main vers lui, mais n'acheva pas son geste.
— Le plus dur, c'est pas ça. C'était que tu sois loin de moi toutes ces foutues semaines.
— Ce n'était pas évident pour moi non plus.
— J'avais imaginé d'autres retrouvailles. Tu aurais été avec moi entre les draps, pris d'un autre genre de fièvre.
Cain aurait préféré également. Il voulut lui serrer la main, mais Angel se déroba. Le jeune homme passant outre, l'attrapa quand même.
— Mieux vaut que tu me touches le moins possible, je ne voudrais pas que tu sois contaminé par cette saleté.
— Ah, tu reconnais enfin que tu as un peu plus qu'un rhume. Rassure-toi, je suis plus résistant que j'en ai l'air.
Angel eut un demi-sourire et ferma les yeux.

Quand vint pour Cain le moment de rentrer chez lui, il ne le fit pas. L'état d'Angel le préoccupait trop pour qu'il reparte et se rende à ses cours comme si de rien n'était. Cela l'embêtait bien sûr de les rater, mais Angel était plus important. Il appela la maison familiale afin que ni son père ni ses frères ne s'inquiètent de ne pas le voir revenir.

jeudi 23 juillet 2015

Contes modernes - 91

Cain ne put retourner auprès d'Angel aussi vite qu'il aurait aimé, car son père tomba très malade. Il dut annuler la date qu'il avait donné à Angel qui râla, mais accepta le délai. S'il avait été capable de sortir de sa tanière, ils auraient pu se voir, mais Cain ne le lui fit pas remarquer afin de ne pas le blesser.

Le mois de septembre s'écoula sans qu'ils se revoient. Cependant, en discutant chaque soir, ils en apprirent davantage l'un sur l'autre. Angel dévoilait au compte-goutte son passé, évoquait son amour du travail du bois. De son côté, Cain parlait de ses différences avec son père et ses frères, de son amitié avec Ariel. Il y eut d'ailleurs à ce sujet une scène d'engueulade  suivi de quelques jours de grand silence avant qu'Angel ne rappelle et ne marmonne des excuses.
L'avantage du téléphone, c'est que cela mettait entre parenthèses l'aspect charnel de leur relation qui demeurait troublant, mais c'était aussi l'inconvénient.

En octobre, Cain apprit que son dossier sur les grands brûlés avait reçu une excellente note et une bonne nouvelle n'arrivant jamais seule, son père se rétablit.
Le jeune homme, son dernier cours de la semaine achevé, se mit au volant de sa voiture et partit. Même en aimant la voix rocailleuse d'Angel, c'était à sa chaleur qu'il aspirait. Cain avait arrêté de se voiler la face là-dessus.
N'ayant pas pris la peine de l'informer de sa venue, il se retrouva coincé comme un idiot devant le portail et les rosiers désormais sans fleurs dont le feuillage continuait à protéger l'habitant des lieux des regards. Angel ne cherchant pas à aller voir qui secouait sa cloche comme un forcené, Cain téléphona à plusieurs reprises, insistant jusqu'à ce que cela décroche.
— C'est pour quoi ? aboya-t-il.
— C'est Cain, je suis à ta porte.
— J'arrive.
Son manque d'enthousiasme interpella le jeune homme. Lors de leur dernier coup de film, Angel s'était montré singulièrement laconique, mais n'aurait-il pas dû être ravi de le savoir tout près ?
L'ancien pompier mit longtemps à venir. Cain comprit en voyant son visage tout blanc et ses yeux fiévreux.
— Tu es malade ! s'exclama-t-il.
— C'est rien, un rhume.
— Ça m'a l'air plus grave que cela. Tu as vu un docteur ?
— Évidemment que non ! grogna Angel.
— Tu es dans cet état depuis quand ?
Angel haussa les épaules.
Cain n'eut pas à courir pour rester à son niveau en gagnant la maison.
— Tu as pris des médicaments ? s'inquiéta-t-il.
— Je me soigne au miel. C'est juste un coup de froid.
— Mais si c'est une infection ?
— Ça va aller. Je vais retourner m'allonger, me reposer et dans quelques jours, cela n'y paraîtra plus.
— Tu as pris ta température ?
— Non, je n'ai même pas de thermomètre.
Angel se traîna jusqu'à son lit, refusant un quelconque soutien de Cain.
Une fois qu'il fut étendu, le jeune homme toucha son front : il était brûlant.
Cain ne s'attarda pas dans la chambre au décor spartiate qui ne contenait qu'un immense lit à l'imposant dossier où un loup endormi était sculpté. Après avoir confirmé avec qu'Angel qu'il n'avait rien pour faire baisser la fièvre, le jeune homme partit en quête de la pharmacie la plus proche.

mercredi 22 juillet 2015

Contes modernes - 90

— Merci.
« De rien. Je suis content que tu aies rencontré quelqu'un. »
— Moi aussi... et d'avoir un ami aussi formidable que toi.
« Tu exagères. »
— Pas du tout. J'ai été indélicat et je regrette.
« Vrai, mais se découvrir différent n'est jamais chose aisée. Tu n'es pas obligé de t'engager dans cette voie. »
— Il n'y a rien de honteux à aimer un autre homme, à être gay ou bi au lieu d'être hétéro.
« Tu m'en as presque fait douter, tout à l'heure. »
— Encore désolé.
« C'est bon. »
— Tout se passe bien pour toi avec Jim ?
« Oui, même si parfois, on s'accroche. Tu me raconteras comment cela tourne avec ton pompier ? »
— Bien sûr...
Cain hésita, puis reprit parce que débarrassé de ses incertitudes, il n'était pas du genre à faire les choses à moitié :
— On ressent vraiment du plaisir à se faire sodomiser ?
« Bien lubrifié, avec un partenaire attentif, oui. Tu vas essayer ? »
— Peut-être. Pour lui faire plaisir.
« Tu peux être aussi celui qui pénètre. »
Cain tenta d'imaginer et grimaça. Cela lui disait encore moins. Il doutait par ailleurs qu'Angel se montre intéressé.
« Tu n'es pas obligé de pratiquer la sodomie non plus. »
— Exact.
Angel et lui étaient hétérosexuels à la base, après tout. Cependant, Angel n'était pas un novice pour autant en matière de pénétration anale. Cain s'ébroua. Il n'était pas pressé d'expérimenter. Du moins, comme ça, à froid car dans les bras d'Angel, il ne pensait jamais clairement et les choses impossibles à envisager se produisaient avec une étrange facilité.
Ils discutèrent encore un moment de choses et d'autres, Ariel noircissant son carnet, puis Cain rentra chez lui.
Après avoir échangé quelques mots sans conséquence avec ses frères pas encore couchés malgré l'heure tardive, il envoya un mail à Angel pour lui assurer qu'il reviendrait dès que possible et qu'entre temps, ils pouvaient se téléphoner - le début d'une relation longue distance. Il espérait que cela lui conviendrait. De toute façon, c'était ça ou rien, car trois heures de route les séparaient et Cain ne pouvait les faire de façon régulière. L'essence de sa fidèle voiture n'était pas gratuite et une fois l'été et son job terminé, les cours reprendraient.

Dès le lendemain matin, il consulta ses mails, mais sa boîte de réception ne contenait que des spams. En rentrant de son boulot, il dut négocier avec son plus jeune frère qui squattait l'ordinateur, mais celui-ci refusa de lui abandonner la place et traîna devant le plus possible. Cain dut prendre son mal en patience. La brève réponse qu'il finit par pouvoir lire mit son cœur en joie : un numéro de téléphone, une phrase « Je t'attendrai », une signature « Angel Bist » et une splendide photo de rose.

mardi 21 juillet 2015

Contes modernes - 89

Cain ne quitta pas le bureau, relisant ce qu'il avait rédigé en savourant le délicieux sandwich qu'Angel lui avait apporté.
Les heures filèrent tandis qu'il avançait dans la mise en forme. Les quelques fois où il quitta l'écran des yeux, il vit Angel qui sculptait, compagnie discrète et appréciable.
Arrivé à un bon point pour faire la pause, Cain enregistra et éteint l'ordinateur.
— J'y vais, déclara-t-il.
— D'accord.
Le jeune homme fut presque déçu qu'Angel n'insiste pas une fois de plus pour qu'il ne parte pas. Comme la dernière fois, Angel le raccompagna jusqu'au portail. Cependant avant qu'il ne s'en aille, il l'enlaça et l'embrassa d'un baiser affamé qui laissa Cain pantelant.
— Sois prudent sur les routes et reviens-moi vite.
Le jeune homme hocha la tête, les lèvres encore brûlantes et monta dans sa voiture. A travers la vitre, ils échangèrent un dernier long regard avant que Cain ne démarre finalement.
Au lieu de rentrer chez lui, il prit la direction de chez Ariel. S'il y avait bien quelqu'un à qui il pouvait parler sans risque, c'était son ami et il avait désespérément besoin de se confier.
C'est seulement en voyant Jim débraillé en arrière-plan que Cain réalisa à quel point son débarquement à l'improviste était mal venu. Il voulut faire marche-arrière, mais Ariel le retint et Jim choisit, Dieu merci, de partir. Cain n'aurait pas pu s'épancher devant lui. Il ne le connaissait pas assez pour cela.
Ariel le fit s'asseoir sur le canapé-lit déplié et se mit à côté de lui, muni d'un de ses commodes carnets qui remplaçait sa voix.
— Désolé d'avoir gâché ta soirée en amoureux.
« C'est bon, il y en aura d'autres. Que t'arrive-t-il ? »
Cain commença par le début, racontant comment il avait insisté pour interviewer l'ancien pompier, Angel Bist, comment ce dernier l'avait invité à manger et dormir, et comment le lendemain, de questions en questions, Angel en était venu à se jeter sur lui.
A ce stade, effaré, Ariel l'interrompit d'un geste de la main. Cain le rassura aussitôt, expliquant comment il avait ultimement accepté l'assaut.
« Tu as eu pitié de lui parce personne ne l'avait touché des années durant ? »
— Peut-être, oui... Je suis retourné le voir aujourd'hui...
« Il t'a encore sauté dessus ? »
— Oui... Et je l'ai laissé faire. Je ne me comprends pas moi-même. Ça devrait me répugner.
Ariel eut air peiné. Cain essaya de se rattraper.
— Je ne suis pas homo, moi.
« Je sais, Cain. Mais est-ce si horrible que ça de l'être ? J'ai toujours cru que cela ne te dérangeait pas que je le sois. »
Cain s'en voulut. Jamais il n'avait pensé qu'Ariel aurait dû être autrement.
— Pardon de t'avoir blessé. Ce n'est pas la question, c'est juste que chacun ses préférences sexuelles et ce ne sont pas les miennes...
« Dans le cas présent, si, que tu le veuilles ou non. »
Cain arrêta de protester. Il avait plus qu'apprécié les baisers et les caresses d'Angel.
« Tu l'aimes, non ? »
— Oui, mais je ne sais pas pourquoi...
Ariel eut un sourire.
« L'amour n'a jamais rien de logique. Tu n'as pas de raisons à chercher. »
Cain hocha lentement la tête. Les propos de son ami étaient sensés et apaisants.
Cain trouvait les femmes jolies et attirantes, spécialement les blondes aux courbes et aux formes généreuses, mais tout homme qu'il soit, Angel lui plaisait. C'était comme ça, il le voyait avec son cœur. Si cela le gênait autant, c'était parce que c'était nouveau pour lui et non parce qu'il craignait d'être catalogué homo.

lundi 20 juillet 2015

Contes modernes - 88

— Reste.
— Mon dossier ne va pas se faire tout seul. Les interviews ne sont qu'une partie de l'iceberg.
— Tu ne peux pas le faire ici ?
Cain avait avec lui tout le nécessaire : ses documents, ses notes et sa clef USB avec toutes les sauvegardes des fichiers informatiques sur le sujet.
— Eh bien, si tu me laisses ton ordi...
— Je vérifie si j'ai des commandes et il est tout à toi.
Une fois que Cain fut sorti de l'eau, Angel le conduisit à un bureau où un portable dernier cri était posé sur une table antique.
Angel s'installa devant, consulta ses mails sans  traîner et offrit la place à Cain.
— Tu es sûr que cela ne te dérange pas ?
— Oui.
L'ordinateur était beaucoup plus rapide que celui de la maison familiale, ce qui était bien agréable. Cain en serait presque venu à comprendre pour ses frères râlaient autant sur leur vieille machine.
Angel le laissa, mais revint vite avec un morceau de bois et un canif et s'assit dans un coin de la pièce.
Cain, d'abord très conscient de sa présence, finit par se plonger dans son dossier et ne vit pas passer le temps. Il fut donc surpris quand Angel déposa une assiette avec un sandwich à côté de lui.
— Tu peux le manger devant l'écran ou faire une vraie pause et descendre à la cuisine, à ta guise.
La caresse sur sa joue qui suivit remua Cain. Il n'était pas habitué à ce que l'on s'occupe ainsi de lui. Dans sa famille, c'était plutôt lui qui était attentif au bien-être des autres. Au mieux, on le laissait tranquille. Mais Angel veillait en quelque sorte sur lui.
Cain eut peur. Il pourrait y prendre goût et il n'aurait alors jamais envie de repartir. Il ne devait pourtant pas s'enfermer avec lui, dans une relation de surcroît stérile.
— Je vais manger et y aller, annonça-t-il.
Il faillit préciser qu'il serait mieux chez lui pour travailler, mais ne le dit pas. C'eût été un trop gros mensonge.
— Tu n'es pas bien ici ? Reste encore un peu, je t'en prie.
La supplique dans sa voix rocailleuse et dans ses yeux fit craquer Cain.
— D'accord, céda-t-il. Mais seulement jusqu'en fin d'après-midi, ajouta-t-il dans un sursaut de résistance.
— Pas plus, vraiment ?
Cain secoua la tête. Lui refuser de vive-voix lui coûtait trop. Cependant, s'il dormait ici, ce serait à coup sûr dans ses bras et il n'était pas certain de vouloir s'engager dans cette voie... Il n'était plus sûr de rien, et c'était bien le problème.

lundi 13 juillet 2015

Contes modernes - 87

L'excitation retombant, la fraîcheur de la pièce se fit à nouveau sentir et Cain frissonna.
— Mon pauvre amour, déclara Angel et le prenant dans ses bras comme une prince, il l'emporta dans la salle de bain.
« Mon pauvre amour » résonna dans la tête de Cain, faisant follement battre son cœur. Ce n'était qu'une façon de parler, qu'un mot doux sans sens... Il voulait cependant qu'il en ait un. La vérité se fit alors jour en lui : bien qu'il soit un homme comme lui, il était tombé amoureux d'Angel, de son improbable mélange de tendresse et de rudesse, de prévenance et de sauvagerie. C'était pour ça qu'il était revenu.
— Je suis lourd, non ?
— Je suis costaud, répliqua Angel. Je te fais couler un bain chaud ou tu préfères une douche ?
Cain qui ne savait plus trop bien où il en était, opta pour le bain. Angel l'y laissa tremper et revint habillé, tenant dans ses bras les vêtements de Cain pliés, une épaisse serviette éponge ainsi qu'un pull  qui devait lui appartenir.
C'était un vrai chevalier servant, brut de décoffrage, mais adorable.
— Je ferais mieux de rentrer chez moi...
— Tu ne restes pas jusqu'à demain ?
Cain n'était sûr de rien. Il aurait voulu demeurer à ses côtés et apprendre à mieux le connaître et en même temps, il éprouvait ce besoin de fuir. Il ne comprenait pas comment il pouvait ressentir ça pour un homme. Si Angel avait été une femme... Mais il ne l'était pas et ils vivaient à près de trois heures de voiture l'un de l'autre et il ne mettait jamais le nez hors de son domaine. De surcroît, il ne faisait peut-être que le désirer, « pauvre amour » ou pas...
— Pourquoi es-tu si pressé de repartir ? reprit Angel.
— Cela ne te dérange peut-être pas plus que ça de faire des trucs sexuels avec un mec, mais moi, si !
Et de l'aimer.
C'est sur son dossier qu'il aurait dû plancher au lieu d'être là.
— Cela m'interpelle aussi, mais je ne croyais plus que quelqu'un pourrait me regarder normalement un jour. Passer d'homme plutôt bien fait de sa personne qui fait rêver les filles à celui qui les fait cauchemarder n'a pas été un virage facile à prendre. En comparaison, coucher avec un autre gars, ce n'est pas grand chose.
Pour Cain, c'était un tournant radical. A part la mort de sa mère, il n'avait jamais rien vécu d'aussi bouleversant. Il avait toujours su où il allait et ce qu'il voulait – être journaliste – mais dans les circonstances actuelles, il était perdu.
— Je... J'ai besoin de temps, je crois.
— Je ne vais nulle part. Je t'attendrai, même si tu ne reviens jamais.
Cette affirmation avait quelque chose de grave et définitif. Cain, parce qu'il était nerveux, plaisanta pour alléger l'atmosphère :
— A moins qu'une jolie fille ne frappe à ta porte et tombe sous ton charme.
— Ta venue était improbable alors peut-être que cela arrivera et peut-être que je serais attiré, mais pour l'heure, c'est toi que j'aime.
Il l'avait dit. Avant lui. Angel se croyait lâche, et peut-être l'était-il à se terrer dans sa tanière, mais au fond, il était courageux.
— On se connaît à peine, objecta Cain.
— Tu en sais plus sur moi que quiconque vivant sur cette planète. Et je crois t'avoir cerné. Tu es un passionné de journalisme, quelqu'un sans préjugés ou plutôt capable de les remettre en questions. Je me trompe?
Cain secoua la tête.


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Petite pause : prochain épisode lundi prochain, le 20 juillet 2015

vendredi 10 juillet 2015

Contes modernes - 86

— Je ne... commença Cain.
— Je te veux, coupa Angel.
Là-dessus, il le souleva et l'allongea sur le canapé où il lui ôta ses habits en un tour de main.
Cain protesta durant le processus qu'il tenta tant bien que mal de ralentir, mais il se retrouva nu quand même.
Angel l'empêcha de se redresser en venant au-dessus de lui et sema des baisers partout : dans son cou, sur son torse, sur ses cuisses... Il suça ensuite consciencieusement ses tétons l'un après l'autre.
Cain sentit son pénis se durcir. Qu'il se répète que c'était un homme comme lui qui lui procurait ses attentions aurait dû l'y rendre moins sensible, mais rien à faire, son corps se moquait de ce qui tourmentait son esprit.
Angel retira son pantalon et son caleçon. Il avait aussi de vilaines brûlures sur la jambe droite. Cain les effleura et Angel frémit.
— Enlève aussi le haut, laissa échapper Cain.
Il avait envie de le voir complètement.
Angel s'exécuta, révélant son torse également marqué sur un côté.
Cain le caressa doucement.
— Cela ne fait plus mal, tu sais. Tu peux y aller franchement.
Le jeune homme eut un sourire qu'il perdit devant le pénis dressé et énorme d'Angel. Il voulut faire marche-arrière.
— Je ne suis pas gay.
— Moi non plus.
— Alors, qu'est-ce qu'on est en train de faire ?
— On se donne du plaisir. Il n'y a pas de mal à ça.
— Je suis sûr qu'il y a des femmes qui...
— Voudraient bien de moi ? Aucune n'est venue jusqu'à chez moi. Ou plutôt aucune n'a osé franchir le seuil. Pour un homme, tu es beau et c'est toi que je veux, ici et maintenant.
Cain se rappela une embarrassante et heureusement brève conversation qu'il avait eu avec son ami Ariel au sujet du sexe. Il ne se souvenait plus bien comment ils en étaient venus à parler de cela, toujours est-il qu'Ariel avait écrit dans son carnet :
« Nombreux sont les gays à pratiquer la sodomie, mais pas tous. Pour ma part, je trouve ça agréable. »
— Tu ne vas pas me pénétrer quand même ? Tu es beaucoup trop imposant !
— J'ai déjà testé la sodomie autrefois avec une femme. Je sais donc comment m'y prendre, mais je ne te forcerai à rien. Entre tes cuisses, c'était très bien.
— Tant mieux.
Être sodomisé, c'était atteindre le point non retour. Si ce n'était pas déjà fait...
Finalement, Angel opta pour une troisième option, il posa les mains de Cain sur son membre et enserra dans les siennes le pénis du jeune homme.
Sentir palpiter le sexe d'un autre homme aurait dû dégoûter Cain, mais cela ne le dérangea pas. C'était différent du sien et c'était excitant. Cain le caressa tandis que les larges mains d'Angel s'activaient également. Ils finirent par éjaculer presque en même temps.
Il y eu un moment de flottement. Cain était gêné d'avoir cédé et de s'être laissé aller. Angel, en revanche, avait l'air ravi.

jeudi 9 juillet 2015

Contes modernes - 85

Il roula au maximum de la vitesse autorisée, de plus en plus impatient de le retrouver. Enfin, la maison aux tourelles, le « château », apparut. Il se gara devant, respira le parfum des roses et fit sonner la cloche avec force. Des bruits de pas ne tardèrent pas à se faire entendre.
— C'est Cain Landy, annonça-t-il.
Le portail s'ouvrit aussitôt et Angel l'attira dans le jardin.
— Tu es revenu, dit-il de sa voix caverneuse.
Il ne demanda pas pourquoi, ce qui arrangea Cain qui n'aurait su quoi répondre au juste, car il ne se l'expliquait pas complètement lui-même.
Angel, sans se soucier des épines, cueillit une rose qu'il lui tendit.
— J'ai regretté de ne pas t'en avoir offert une l'autre fois alors que tu les admirais.
Cain la prit, le remerciant dans un murmure.
— J'ai autre chose pour toi à la maison, déclara Angel avant de lui attraper la main pour l'y entraîner, obligeant le jeune homme à presser le pas.
L'ancien pompier débordait d'enthousiasme. Cain ne se rappelait pas que quelqu'un ait été un jour aussi heureux de le voir. Certes pas ses frères ou son père, même pas son ancienne petite amie.
Il découvrit un salon vieillot qui comportait une cheminée dont le manteau était recouvert de cadres photos, de larges fauteuils et canapés en tissu brun qui avaient connu des jours meilleurs et plusieurs étagères remplies d'objets en bois sculptés.
Angel récupéra sur l'une des planches une rose aux pétales délicatement ouvragés.
— Je l'ai faîte pour toi.
— Elle est magnifique.
Elle embaumait comme les vraies, mais d'une odeur de bois et non de fleur.
— Tu veux boire quelque chose ?
— Tu as de la bière ?
— Oui, je vais te chercher cela. Installe-toi.
Cain s'assit dans un des fauteuils dont s'échappa un petit nuage de poussière. Le salon ne devait pas beaucoup servir. Il faisait frais dedans par rapport à dehors où le soleil brillait. L'épaisseur des murs en vieilles pierres devait faire barrière à la chaleur estivale.
Plutôt que de désaltérer avec une bière, c'était peut-être un thé chaud qu'il aurait dû demander, songea Cain avec amusement alors qu'Angel revenait avec deux belles chopes.
Le jeune homme but, puis comme décidément, il avait presque froid avec son t-shirt manches courtes, il se frotta les avant-bras.
Angel fut sur lui en un instant et l'embrassa avec passion avant de souffler à son oreille :
— C'était trop érotique, ce mouvement de va-et-vient.
— C'est la différence de température entre l'extérieur et l'intérieur, se justifia Cain.
Était-ce inconsciemment pour ça qu'il était venu ? Pour ce plaisir brut.
Angel s'empara à nouveau de sa bouche, l'explorant jusqu'à ce que le jeune homme ait chaud au point que ses vêtements le gênent.

mercredi 8 juillet 2015

Contes modernes - 84

Déclarant qu'il avait à faire, Cain déserta le salon, laissant son père et son frère aîné qui continuaient à se gausser. Au cours de la semaine qui s'était écoulée, le jeune homme avait à deux reprises commencer à écrire un mail à Angel, puis renoncé.
Cette nuit-là, il rêva de lui. Angel lui arrachait ses vêtements, glissait à nouveau son pénis brûlant entre ses cuisses, tout en caressant le sien avec vigueur jusqu'à ce qu'ils jouissent tous les deux.
Cain se réveilla pantelant et en sueur dans son lit, son pyjama mouillé. Il n'était pas gay pourtant. Les autres hommes ne l'attiraient pas. Peut-être que lui aussi, même si cela ne faisait que deux années d'abstinence et non neuf, comme Angel, avait-il accumulé de la frustration. Il n'y avait pas d'autres explications possibles. Il avait intérêt à se dénicher vite une petite amie, avec ou sans brûlures. Cependant, si c'était juste pour le sexe, c'était ridicule. Il pouvait très bien se soulager seul, sans s'embourber dans une relation dépourvue de sentiments. Las, tomber amoureux ne se faisait pas sur commande. De quoi envier son ami Ariel et son Jim qui était bi et pas gay... Cain s'interrogea sur son propre cas avant de conclure que non. Le seul homme a l'avoir excité de sa vie, c'était Angel, et ce n'était pas son physique, mais son baiser qui l'avait troublé. Cela restait perturbant.
Contrairement aux autres personnes qu'il avait interviewé, il continuait à se tourmenter pour lui. C'était sans doute parce qu'Angel l'avait embrassé, mais aussi parce qu'il était l'un des plus isolés. Cole Sorière l'était tout autant,  et même plus, car dans son cas, il était même sans téléphone ou internet, mais ses brûlures ne jouaient aucun rôle là-dedans. L'écrivain semblait même presque éprouver une certaine fierté de ses malheureuses expériences avec le feu. Angel, lui, était comme détruit. Enfin, à moitié, car au delà de sa solitude, il paraissait trouver plaisir à son occupation actuelle.
Cain s'ébroua. Voilà qu'il pensait encore à lui... Cela ne pouvait plus durer comme ça. Il fallait qu'il le revoit, qu'il lui reparle.

Comme il annonçait à son père qu'il allait encore s'absenter, ce dernier s'étonna :
— Tu pars encore en vadrouille pour ton dossier truc-bidule ?  C'est pas trop rentable ton histoire avec tous ses déplacements... Tu n'as pas assez de matière à force ?
Si, Cain en avait suffisamment et il aurait eu d'ailleurs tout intérêt à s'atteler à la mise en forme vu qu'on était entré dans la deux moitié du mois d'août plutôt que de perdre du temps sur les routes, mais il le fallait.
— C'est presque bon, affirma-t-il.
Une fois qu'il aurait revu Angel, il parviendrait peut-être à se concentrer sur son dossier au lieu d'être hanté par son souvenir.

mardi 7 juillet 2015

Contes modernes - 83

— Je vais y aller à présent. Je te ferai parvenir le dossier une fois qu'il sera achevé. Merci pour tout.
— Pour tout, vraiment ? fit Angel en haussant un sourcil. C'est peut-être plutôt à moi de dire ça, ajouta-t-il.
Cain ne répliqua rien, embarrassé. Il se leva et ajusta son sac à dos sur ses épaules.
Angel le raccompagna au portail.
— Au revoir, murmura Cain.
Il s'était monté la tête en croyant qu'Angel allait le retenir. Il avait à présent presque mal au cœur à le laisser dans cette maison trop grande pour une seule personne.
— Reviens quand tu veux. Tu seras le bienvenu. Le mot de passe pour que je t'ouvre est « j'ai les plus beaux yeux verts de tout l'univers. »
Le compliment détourné presque dit sur le ton de la plaisanterie prit Cain au dépourvu.. Cette facette séductrice et légère venait se rajouter aux autres... Peut-être qu'autrefois, avant d'être transformé par le feu, l'ancien pompier avait été du genre charmeur.
— Merci.
Tandis qu'il se mettait au volant de sa voiture, Cain sentit qu'Angel ne le quittait pas des yeux.  Il démarra le moteur et commença à s'éloigner. Jetant malgré lui un coup d'œil dans le rétroviseur, il vit le portail se refermer. Il résista à l'envie absurde de faire demi-tour. Il ne s'était déjà que bien trop impliqué.
Même en ayant réussi à faire son interview, il était au final insatisfait et mal à l'aise et ce n'était pas seulement parce qu'il avait donné de sa personne, ayant une expérience sexuelle qu'il n'aurait jamais imaginée, mais parce qu'il n'était plus aussi certain que son dossier serait d'un quelconque réconfort pour les grands brûlés. Il ne changerait rien ni à leurs apparences ni aux regards des gens qu'ils devaient affronter et face auxquels ils étaient seuls, même si d'autres comme eux, souffraient quelque part du même problème. Son travail ne modifierait pas non plus la façon dont les gens voyaient les grands brûlés car seuls ses professeurs le liraient. Cependant, même s'il avait été publié dans un journal, cela aurait été pareil : être effrayé, avoir pitié, éprouver de la curiosité étaient des réactions normales. La différence interpellait qu'elle soit brûlures, mutisme ou même beauté exceptionnelle. Ce qui était impardonnable, c'était les moqueries, comme si avoir une peau sans défaut rendait supérieur.
De retour chez lui, Cain fut distrait au boulot comme à la maison au point que son père  finisse par le remarquer.
— Que t'arrive-t-il ? demanda-t-il un soir, une semaine après que Cain ait rencontré Angel auquel il ne pouvait s'empêcher de penser depuis.
Le jeune homme mentionna son interview avec l'ancien pompier qui vivait comme un reclus, sans entrer dans les détails.
Son frère aîné qui avait débarqué au cours de la conversation lança :
— C'est sympa de sa part de nous épargner une vision d'horreur.
Cain trouva cela parfaitement déplacé. Son père, lui, rit, ce qui le choqua. Comment pouvaient-ils se montrer si peu sensibles ?

lundi 6 juillet 2015

Contes modernes - 82

— Pourquoi es-tu devenu pompier ?
— Mes parents sont morts dans un incendie criminel pendant que j'étais chez mon grand-père. C'était ça ou devenir policier. J'ai préféré la première option, à tort peut-être.
La révélation était choquante.
— Le pyromane a été attrapé ?
— Oui. Il est derrière les barreaux.
Angel, en un sens, était aussi en prison, mais Cain se garda de lui faire remarquer.
— Tu n'aurais pas voulu continuer à être pompier ?
— Affronter le feu, je ne pourrai plus. Le seul que je supporte encore, c'est celui de mon poêle, petit et maîtrisable. Tant pis, si cela fait de moi un lâche.
— Tu es un héros. Tu as sauvé un bébé qui aurait péri si tu n'étais pas intervenu.
— Non... Tu avais raison de me demander de quoi j'avais peur. Le regard des autres, c'est devenu mon enfer personnel. C'est ce qui me terrifie le plus avec le feu. Cette poutre enflammée qui m'est tombée dessus, je ne l'oublierai jamais.
Il fut parcouru d'un grand frisson. Plein de compassion, Cain qui s'était assis pour prendre des notes, lui prit la main et la serra dans un geste de réconfort.
— C'est dommage que tu sois un homme, grommela Angel.
— Pourquoi ?
— T'as vraiment besoin d'un dessin ?
Le jeune homme baissa les yeux sur ce qu'il avait écrit, au comble de la gêne.
Angel reprit :
— En fait, tu es tellement beau que je crois que je m'en fous au fond. Si je m'écoutais, je te garderai ici, sous clef. Ce serait la fin de ma solitude.
Qu'il parle de le séquestrer d'un ton aussi calme inquiéta Cain. Il y a quelques minutes à peine, il avait dit qu'il risquait de se jeter sur lui et il l'avait fait... L'ancien pompier était dangereusement imprévisible. Instable.
Cain se contraint à ne pas se lever précipitamment pour prendre la poudre d'escampette. Il ramena sa main vers lui, sans qu'Angel ne la retienne, ce qui le soulagea sans qu'il parvienne pour autant à apaiser les battements affolés de son cœur. Si Angel se décidait à l'empêcher de partir, il en était physiquement capable.
Cain consulta les questions qu'il avait préparé pour se donner contenance. Il n'osa pas revenir sur la reconnaissance de ceux qu'Angel avait sauvé, Pierrot en tête, et  décida de passer directement au final. Plus vite, il serait loin, mieux ce serait.
— Auriez-vous un mot à ajouter pour les aspirants pompiers, ainsi qu'aux grands brûlés comme vous ?
Dans sa nervosité, il était repassé au vouvoiement, mais Angel ne releva pas.
— Ah ! Aucun conseil, aucune remarque ! Chacun fait ce qu'il veut ou plutôt ce qu'il peut.
C'était très vrai, très plein de sagesse.  Le choix d'Angel de s'isoler prenait d'ailleurs sûrement racine là-dedans, même si de l'extérieur, cela avait un côté fou... comme leur moment d'égarement tout à l'heure.

vendredi 3 juillet 2015

Contes modernes - 81

— Désolé et merci, déclara Angel.
Cain eut un sourire amer. L'apparence d'Angel moitié monstre, moitié ange reflétait au fond sa personnalité ambivalente.
— Vous... Tu m'avais mis en garde.
Cela n'avait pas de sens de continuer à vouvoyer quelqu'un avec qui il venait de faire une chose pareille.
— Ce n'était pas une raison. J'ai craqué, je suppose. Personne ne m'a touché depuis des années.
— Pas même un ami ou un membre de ta famille ?
— Je n'ai jamais été du genre très liant. Mes parents sont morts quand j'étais petit et mon grand-père paternel, l'année de mon bac. C'est à lui qu'appartenait la maison, « mon château » avait-il coutume de dire. Mon père détestait y aller en vacances : trop isolé, trop perdu. Moi ça me convient parfaitement.
Enfin, l'ancien pompier se confiait. Cain, cependant, était comme vidé de tout énergie, incapable de reprendre l'interview. Il avait besoin de réfléchir à ce qui s'était passé, de comprendre. Mais peut-être n'y avait-il pas d'explications ? Il n'avait pas pu résister devant le désir profond de cet homme qui s'était privé de toute chaleur humaine alors que tout un chacun en avait besoin.
Angel récupéra les mouchoirs sales et les jeta à la poubelle tandis que Cain rajustait ses vêtements. Ils se lavèrent ensuite les mains dans le vieil évier. Celles d'Angel étaient larges par rapport à celles du jeune homme.
Il n'était même pas encore huit heures du matin. Cain aurait pu terminer l'interview, revenir à temps pour son job et oublier Angel et ce qu'il avait fait avec lui.
Penser ainsi était cependant égoïste de sa part, car cet homme allait replonger dans une dangereuse solitude et ce n'était pas un simple échange qui allait tout arranger. Ses réponses jusque là l'avaient bien montrées.
— Tu devrais rencontrer Pierrot et ses parents, suggéra-t-il.
— Je ne veux voir personne.
— Je ferais mieux de partir, alors, soupira Cain.
Aider quelqu'un contre son gré était une tâche ardue et une part de lui avait envie de fuir l'homme qui l'avait embrassé et qu'il avait caressé. Il avait l'impression de sentir encore ses lèvres sur les siennes, la chaleur de sa peau entre ses doigts.
— L'interview est terminée ?
— Non, mais...
— Reste donc !
— Je ne me sens pas de la poursuivre, avoua Cain.
— Tu reviendras ?
Ce n'était pas dans les intentions de Cain. Près de trois heures de route, cela ne se faisait pas comme ça, même si c'était nettement moins loin et autrement plus accessible que le chalet de Cole Sorière. Sans compter que c'était coûteux en essence.
Il hésita devant le visage plein d'espoir d'Angel avant de secouer la tête.
— Ne pars pas sans finir au moins.
Après l'avoir à moitié chassé la veille et encore refusé de lui répondre à plusieurs reprises ce matin, c'était le comble. Cain aurait dû trouver ça risible, mais cela le remua. Cet homme était émouvant en dépit de toutes ses contradictions ou peut-être à cause d'elles.
Cain récupéra ses notes et son stylo et reprit là où il s'était arrêté avant qu'Angel ne se jette sur lui.
— Comment en es-tu venu à fabriquer des jouets en bois ?
— J'ai toujours aimé bricoler des trucs. C'est mon grand-père qui m'a appris à sculpter le bois. Le gros avantage, c'est que je peux faire ça dans mon coin. Après, il n'y a plus qu'à envoyer. 

jeudi 2 juillet 2015

Contes modernes - 80

Angel reprit :
— Et vous, vous n'êtes pas homo ?
— Non plus, répondit Cain.
Il avait encore des questions et il lui paraissait impensable que l'ancien pompier se jette sur lui comme une bête sauvage.
— Comment en êtes-vous venu à fabriquer des jouets en bois ?
— Vous ne m'avez pas entendu ? grogna Angel.
Avant que Cain ne put comprendre ses intentions, il fut arraché à sa chaise, plaqué contre le grand corps dur d'Angel et une bouche captura la sienne avec brutalité. C'était un baiser exigeant. Jamais le jeune homme n'avait été embrassé comme cela, avec un tel désir brûlant, pas même à l'époque où cela collait entre lui et sa petite amie.
Il se sentit excité alors même que c'était un baiser qui lui était infligé par un homme. Plein de honte, il voulut s'écarter, mais Angel le maintenait avec force et Cain ne faisait pas le poids. L'embrassade se prolongea, la langue d'Angel explorant sa bouche en profondeur. Tout en continuant à le tenir d'une main, l'ancien pompier déboutonna son pantalon et caleçon de l'autre, dégageant un énorme pénis. Cain, paniqué, se débattit, mais déjà Angel avait récupéré l'usage de ses deux mains.  Il le fit pivoter comme une vulgaire marionnette, lui abaissa ses vêtements et sans commenter le début d'érection de Cain, glissa son membre entre les cuisses du jeune homme, lui intimant impérieusement de les serrer.
— Non ! cria Cain, luttant pour se dégager.
— Je t'en prie, grogna Angel, sa voix rocailleuse se faisant suppliante.
Ce changement de ton désarçonna le jeune homme. L'ancien pompier était en train de le forcer et maintenant, ça... Cette demande d'autorisation désespérée.
Le pénis d'Angel était gonflé, tendu à l'extrême. Cela devait être douloureux. Cain céda. Après tout, il avait été prévenu.
Le membre brûlant se frotta entre ses cuisses, tout contre ses bourses. C'était étrange. Toute la situation était démentielle à dire vrai...
Cain cessa de raisonner pour se laisser porter par les sensations. Il caressa le pénis qui allait et venait entre ses jambes, faisant de même avec le sien. Les coups de reins d'Angel s'intensifièrent, mettant en péril l'équilibre de Cain, et il jouit. Son puissant râle de jouissance fit frissonner le jeune homme qui éjacula à son tour.
Cain écarta ses mains collantes de sperme. Ses jambes fléchirent. Angel le souleva comme s'il avait été une princesse et l'installa sur la chaise dont il l'avait arraché quelques instants plus tôt.
Cain était tellement embarrassé qu'il ne savait où porter le regard. Son pantalon et slip étaient toujours à ses pieds, Angel avait toujours son pénis à l'air.
Angel partit, mais revint presque de suite, rhabillé, muni d'une boîte de mouchoirs qu'il tendit à Cain qui se nettoya machinalement, totalement sonné. Il n'avait pas été violé. Angel l'avait certes embrassé de force, mais c'est lui qui avait refermé ses cuisses sur le sexe d'Angel, lui qui l'avait touché. L'ancien pompier s'était imposé à lui, mais au bout du compte, il avait consenti.

mercredi 1 juillet 2015

Contes modernes - 79

— La compagnie ne vous manque pas ?
Il y eut un blanc, puis la réponse tomba :
— Parfois, oui.
Cain ne pouvait s'imaginer vivre isolé comme ça.
— J'ai vu des cas pire que le vôtre, laissa-t-il échapper, s'en voulant immédiatement après d'avoir prononcé ces mots.
— J'ai cru comprendre ça... Beau comme vous êtes, vous ne réalisez pas ce que cela fait quand personne ne veut plus de vous, que les gens détournent les yeux, que certains même reculent comme si vous aviez la peste !
En même temps, s'il regardait toujours les gens de cette façon menaçante...
Angel continua, empêchant Cain de dire quoi que ce soit :
— Vous avez peut-être le bon goût de nous regarder sans curiosité, sans effroi et sans pitié, mais jamais vous ne sortiriez avec l'un d'entre nous ! Nous toucher, pensez-vous, quelle horreur !
Cain se sentit blessé par l'accusation. L'idée de se mettre en couple avec une des femmes brûlées qu'il avait interviewé ne l'avait certes pas effleuré, mais il n'était pas à la recherche d'une petite amie, il faisait un dossier pour ses études.
Sans réfléchir, il lâcha le stylo qu'il tenait et posa la main sur la joue marquée d'Angel dont les yeux s'agrandirent de surprise.
Les doigts de Cain glissèrent légèrement sur la peau qui avait été brûlée. Avant qu'il ne la retire, la main d'Angel vint recouvrir la sienne et la plaqua plus étroitement contre lui. Un soupir de bien-être s'échappa de ses lèvres.
Cain, gêné, essaya de se soustraire à l'emprise d'Angel qui refusa de le libérer. Ses yeux se fermèrent comme pour mieux savourer. C'était troublant ce plaisir intense qu'il semblait éprouver à ce simple contact.
— Vous êtes gay ? demanda Cain dans sa nervosité.
Angel rouvrit les yeux.
— Non, j'aime les femmes qui, elles, ne me trouvent plus à leur goût. Les homos non plus, j'imagine.
Il fit descendre la main de Cain dans son cou, puis le relâcha brutalement et se leva. Au niveau de son entrejambe, cela faisait comme une petite tente. Pour quelqu'un qui n'était pas gay, c'était une sacré réaction à ce qu'on pouvait à peine qualifier de caresse.
— Vous n'avez plus eu de rapport avec personne depuis...
Angel ne le laissa pas finir :
— Oui. Maintenant, c'en est assez des questions débiles. Il vaut mieux que vous partez. Je crois que je suis tellement en manque que je pourrais vous sautez dessus, tout homme que vous êtes.
Cain déglutit. Son interlocuteur ne pouvait être sérieux.