dimanche 19 février 2017

Pause jusqu'au 1er mars

Je fais un léger blocage côte écriture.
L'épisode suivant de Orcéant est écrit dans mon cahier, mais je trouve toujours autre chose à faire que le taper sur ordinateur et l'arranger.
Tout est planifié pour les chapitres d'Orcéant jusqu'à la fin avec mini résumés rédigés, mais j'ai peur de les coucher sur papier, peut-être parce que je n'ai pas envie de me rendre compte que ce qui fonctionne si bien dans ma tête, le sera moins une fois écrit.
Pour A travers les millénaires, c'est plus complexe, j'ai aussi les grandes lignes jusqu'à un certain point, mais c'est plus flou pour la dernière partie et je ne peux me défaire de cette impression que cette suite n'est pas à la hauteur de son début sans pourtant réussir à corriger le tir.
Darius et Oliver, les personnages d'une troisième histoire Double Genre me hantent, mais j'ai des scrupules à vouloir m'occuper d'eux avant Byll, Waldo & co, sans oublier que le sujet est délicat. Je pense aussi pas mal à Jonas et Ethan de Remplacement Standard
Bref, c'est le chaos dans ma tête.
La pause s'impose...

vendredi 17 février 2017

Orcéant - 93

— Envoyons un message, ce sera plus rapide que d'y aller et revenir ici.
— Mais comment l'écrire ? Et si quelqu'un l'intercepte ? s'enquit promptement Byll.
— Grâce à l'argent que nous avons gagné avec nos représentations, nous avons sûrement assez pour payer quelqu'un pour noter ce que nous lui dicterons, quelque chose d'assez vague, mais que l'intéressée comprendra.
Ils ne sommeillèrent qu'après avoir trouvé les bons mots et dès l'aube se mirent en quête d'un écrivain public. A leur demande, l'homme leur indiqua ensuite un service de messagers.
Cher maître Frédérick,
Sûrement vous rappelez-vous des voyageurs venus du Nord et de l'aide que vous avez eu la bonté de nous proposer. Nous aurions besoin que vous effectuiez l'opération réalisée pour Korel avec Byll. Tout serait alors mieux dans le meilleur des mondes. Nous vous prions de bien vouloir nous retrouver dans la ville la plus proche du château royal où nous donnons des spectacles.
Signé Rouge et Byll.
Le messager qui reçut la course se plaignit de la distance à parcourir.
— De quoi regretter l'époque où les dragons vous conduisaient partout en quelques coups d'ailes, glissa Rouge.
A ses côtés, Byll se raidit et Rouge regretta cette phrase prononcée par pure provocation. Cela avait été plus fort que lui. Il avait tellement envie de voler au milieu des oiseaux, dans les nuages avec l'orcéant sur son dos. Il commençait à être fatigué de cacher sa vraie nature.
Le messager ne releva pas et grommela qu'il allait seller son cheval.
Son patron qui était fort âgé, lui, opina, mais déclara :
— Vous feriez mieux de garder pour vous ce genre de propos autrement vous allez vous attirer des ennuis.
Ce n'était hélas que trop vrai. Rouge le remercia et ils partirent.

    Quelques nuits plus tard, alors qu'ils étaient en plein numéro, Rouge repéra dans la foule des spectateurs maître Frédérick et la vieille licornéenne. Il raccourcit le spectacle et se dépêcha d'aller vers eux, Byll sur ses talons.
— Merci d'être venu.
Maître Frédérick ne paraissait pas ravi d'être là, mais la vieille licornéenne qui portait un couvre-chef des plus imposants pour rendre sa corne invisible avait les yeux brillants.
— Nous sommes descendus au Chasseur d'Argent.
Le dragon aurait pu leur exposer toute l'affaire télépathiquement sur place, mais ils n'auraient pu leur répondre. Rouge et Byll les suivirent donc à l'auberge, tout en sachant que l'orcéant, une fois de plus, se retrouverait hélas obligé d'attendre dehors.

jeudi 16 février 2017

Orcéant - 92

CHAPITRE 21
Rouge était furieux. Byll avait été blessé. Leurs efforts n'avaient pas été récompensés. Le roi était peut-être sage de ne pas se fier à des inconnus, mais il aurait pu éviter de les traiter comme des idiots venus exprès lui faire perdre son temps. Il ne méritait pas sa jolie fiancée.
Byll, étonnamment, ne semblait pas affecté qu'ils aient été expulsés comme des malpropres sans rien obtenir. Il paraissait plein d'espoir même. Cela se voyait qu'il se retenait de lui dire quelque chose. Le dragon, lui, avait surtout envie de le soigner. Ils étaient hélas encore trop près du château et bien que la nuit soit avancée, il y avait pas mal de monde qui rôdait dans les parages, sans doute pour profiter de miettes de la fête.
Rouge avait hâte qu'ils soient loin de tout et tous.
Dès qu'ils furent à l'abri d'un bosquet d'arbres, il s'empara de la main de l'orcéant et lécha ses doigts avec délicatesse. C'était pour que Byll n'ait plus mal, mais cela l'excita malgré tout. L'orcéant, cependant, n'avait pas l'esprit à cela.
— Tu crois que la licornéenne que nous avons rencontré chez maître Frédérick serait d'accord pour effectuer un transfert d'âme entre le roi et moi ?
Il retira sa langue. L'heure n'était hélas pas à l'amour.
L'idée était aussi brillante que dangereuse et il était évident que rien ne dissuaderait l'orcéant de le faire, à moins que la licornéenne ne refuse.
— Le roi risque de très mal vivre l'expérience. Qui sait ce qu'il infligera à ton corps, une fois dedans.
— Mais si j'étais lui, je pourrais changer les lois !
— Rien ne l'empêcherait de revenir dessus après. Je doute qu'il porte les orcéants dans son cœur après cela.
— C'est possible, mais s'il découvre ce que c'est d'être traité comme un moins que rien, il devrait ouvrir les yeux, non ? Et, une fois l'esclavage aboli, le mouvement de la Liberté n'aura plus de raison de mettre son plan sanglant à exécution et les terribles évènements prédits par Korel n'auront pas lieu.
Rouge ne pouvait nier que cela ait une chance de fonctionner, même s'il doutait que cela put vraiment tout résoudre. Il regrettait par ailleurs profondément la perspective qu'une fois encore Byll devienne en quelque sorte intouchable. Il était dommage qu'il ne put proposer à Byll d'être celui qui accueillerait l'âme du roi, car il occupait une forme humaine qui empêcherait le roi de recevoir la leçon que souhaitait l'orcéant pour lui.
Leur objectif étant clair, ils n'avaient plus qu'à se débrouiller pour l'accomplir quoiqu'ils leur en coûtent.

mercredi 15 février 2017

Orcéant - 91

Le roi écouta l'orcéant sans l'interrompre, puis quand il eut terminé, il soupira.
— Ce n'est donc que cela qui vous amène. Je suis bien évidemment au courant de l'existence du mouvement de la Liberté. Leurs agissements  et leurs membres sont surveillés. Mes hommes sauront les empêcher d'agir en temps voulu.
Là-dessus, l'homme couronné tourna les talons, devant estimer l'affaire close.
Byll osa tenter le retenir par l'épaule, mais dès qu'il l'eût touché, il ressentit comme une morsure et il ramena vivement ses doigts ensanglantés vers lui.
« Byll ! Ça va ? »
L'orcéant acquiesça, même s'il avait mal.
— Vous ne me croyez tout de même pas sans défense ! s'insurgea le roi. Je vous fais grâce de votre vie. Mais ne vous mêlez plus des affaires du royaume. Il est évident que cela vous dépasse.
— Les évènements dont je vous ai parlé ont été prédit par un licornéen ayant conservé sa corne, jeta Byll.
Rouge et lui s'étaient mis d'accord pour ne pas user de suite de cet élément dans leur argumentation, mais il n'était plus l'heure de le garder pour eux.
Le roi fit volte-face.
— Cela ne change rien. Ses assassinats n'auront pas lieu, mes hommes y veilleront.
— Il y a autre chose dont nous voulions vous faire part, répliqua Byll en désespoir de cause.
« Tu te fatigues pour rien, il est obtus. »
Le roi étouffa un bâillement.
— Faîtes donc, je ne suis plus à une minute près, je suppose, mais ne mettez pas davantage ma patience à l'épreuve.
— Nous souhaitons que vous abolissiez l'esclavage et la servitude et que vous cessiez la chasse aux dragons.
— Rien que cela ? Et puis quoi encore ? Ces derniers sont en voie d'extinction ou bien tous morts, voilà des années que personne n'a vu la queue d'un. Inutile, donc. Quant à l'esclavage, je n'y suis personnellement pas attaché, mais mes conseillers m'ont mis en garde, si je le supprime, je me mettrai les grands propriétaires  à dos, c'est donc hors de question.
— Mais mettez vous à notre place, à celle des trolls, des gobelins ou même des licornéens, argua encore Byll, en vain.
Le roi était parti, claquant la porte sur lui. Dans la foulée, le vieux tout sec revint, descella les lèvres de Rouge et le serviteur licornéen ainsi que deux gardes les escortèrent hors du château.
Byll aurait sûrement été catastrophé, si les derniers mots qu'il avait prononcé à l'intention du roi n'avait fait germer en lui une idée.

mardi 14 février 2017

Orcéant - 90

La dernière balle tombée, Rouge se mit à tracer des ronds de feu autour du corps de Byll à présent parfaitement immobile. Enfin, pour terminer le spectacle, l'orcéant le souleva et le bougea de façon à ce qu'il dessine dans l'air des dizaines de cœurs qui s'évanouirent en fumée.
Ce n'était pas la figure qu'ils s'étaient initialement entraînés à faire, mais elle était  moins compliquée que les étoiles sur lesquelles ils étaient supposés finir et bien plus adaptée à une fête de fiançailles.
Des applaudissements retentirent. Le roi faisait parti de ceux qui tapaient des mains. Derrière eux, d'autres saltimbanques arrivèrent.
Rouge et Byll étaient supposés se retirer, mais ils ne bougèrent pas. Ils attendaient. Le licornéen exigea d'une voix pressante qu'ils dégagent la place pour les suivants. Il allait faire signe aux gardes quand vint un autre serviteur qui avait apparemment reçu des ordres du roi.
— Suivez-moi. Sa majesté viendra vous voir bientôt.
Ils avaient réussi la première étape, songea Byll, cependant il restait encore à convaincre le roi.
Ils traversèrent des couloirs et descendirent de nombreux escaliers, le décor riche devenant de plus en plus sobre, à mesure qu'ils s'enfonçaient dans les profondeurs du château. Byll avançait de plus en plus courbé.
Le licornéen les abandonna dans une pièce qui ressemblait davantage à une prison qu'un endroit où un roi recevait. Les murs étaient en pierres nues et dépourvus d'ornements, la fenêtre guère plus grande qu'une fente et l'unique meuble était un banc de bois aux pieds torsadés.
Byll se mit soudain à douter fortement que le roi les honore de sa présence et en effet, un moment plus tard, c'est un inconnu qui entra : un vieil homme tout sec richement habillé qui lança un sort sans préambule et ressortit aussitôt avant qu'ils aient eu le temps de vraiment comprendre ce qui s'était passé.
« Je ne peux plus ouvrir la bouche. » transmit Rouge mentalement.
— Quoi ?! s'écria Byll.
Avant que le dragon ne lui réponde, la porte grinça à nouveau sur ses gonds et le roi apparut.
— J'ai préféré prendre mes précautions plutôt que de finir rôti. Ce sera à votre esclave orcéant d'exprimer pour vous ce que vous souhaitiez me dire. Enfin, s'il en est capable. Et vite, car mon temps est précieux et cela ne m'amuse certes pas d'être sollicité par n'importe qui pour n'importe quoi et surtout pas pendant mes fiançailles. Cependant, j'aime l'audace, je suis curieux et donc me voilà.
Byll aurait préféré que ce soit Rouge qui expose tout, mais ils avaient préparé ensemble leur discours, et il savait pouvoir compter sur le dragon pour lui souffler au besoin.
Avec toute l'éloquence dont il était capable, il évoqua le plan du mouvement de la Liberté, précisant qu'il jugeait légitime leur désir de mettre fin à l'esclavage, mais qu'il ne considérait pas qu'une tuerie était souhaitable pour parvenir à ce résultat.

lundi 13 février 2017

Orcéant - 89

Byll attendit que ce soit leur tour avec une nervosité grandissante. Même si Rouge demeurait calme en apparence, l'orcéant sentait bien qu'une tension l'habitait.
Et puis ce fut à eux, ils furent dirigés à travers de vastes corridors et introduit dans une gigantesque salle lumineuse dont le plafond était si haut qu'il y avait de l'espace au-dessus de la tête de l'orcéant, alors qu'il devait ailleurs la baisser. Des centaines d'humains étaient attablés dans une cacophonie de voix et de couverts qui tintaient. Byll en fut tout étourdi.
— Ne restez pas là bras ballants, les enjoignit vivement le serviteur licornéen qui les avait guidés. Sinon, je vais chercher les suivants !
Rouge cracha aussitôt du feu, bougeant la tête de façon à former un grand arc. Il poussa ensuite un terrible rugissement pour attirer l'attention des spectateurs et plus particulièrement celle du roi.
Comme prévu, les bavardages cessèrent un instant, les gens se figèrent fourchettes et couteaux immobiles. Dans le silence, Rouge s'adressa au roi, l'homme barbu qui occupait la position centrale, assis dans un siège plus imposant que les autres.
— Cher roi d'Erret, si notre numéro a l'heure de vous plaire, veuillez accorder à mon camarade et moi-même le privilège de nous entretenir avec vous en privé.
Des gardes se précipitèrent vers eux tandis que le serviteur licornéen venait s'excuser avec force de courbettes d'avoir permis que soient embauchés des saltimbanques aussi insolents.
Mais l'homme au front ceint d'une couronne scintillante eut un geste négligent de la main.
— Non, c'est bon. Laissez-les faire leur spectacle, je suis d'humeur magnanime, ma chère Violette a accepté de m'épouser et je suis un heureux fiancé.
Byll qui avait vu le moment où ils allaient être jetés dehors se remit à respirer.
— Je ne promets pas pour autant une audience, précisa le roi comme les gardes retournaient à leur place et le licornéen reculait.
Rouge s'inclina et Byll l'imita.
— Nous essayerons malgré tout de la mériter, déclara le dragon avant de laisser échapper de superbes gerbes de feu.
Byll commença à jongler et finit évidemment par faire tomber une des balles qu'il manipulait. Alors comme ils l'avaient pratiqué à de nombreuses reprises, Rouge cracha un jet de feu dans sa direction. C'était calculé pour donner l'impression que cela le touchait, mais cela ne l'atteignait bien sûr pas.
Des rires fusèrent dans l'assemblée, comme durant leurs précédentes représentations. A chaque balle perdue, sa flamme et un léger saut de côté pour faire comme s'il avait été brûlé. Entre chaque « punition », Rouge composait de complexes et flamboyantes arabesques.

vendredi 10 février 2017

A travers les millénaires - 22

Quand le panneau de la couchette coulissa, ce ne fut pas Hoshi qui apparut dans l'encadrement, mais Basile. Waldo eut un mauvais pressentiment et avec raison.
Basile avait appris qu'il avait couché avec le saturnien dont il avait la charge par la bouche du docteur et il était indigné.
— Comment peux-tu te servir de lui pour ça ? C'est un élément important dans la guerre que nous menons.
— Ce sont avant tout des êtres humains dotés de sentiments.
— Traite-le en tant que tel alors au lieu de l'utiliser pour satisfaire tes désirs sexuels !
— Tu m'accuses de l'exploiter, mais ce sont les instigateurs de cette opération d'infiltration, les coupables. Cela ne te choque pas toi, qu'ils aient commencé à être transformés en saturnien alors qu'ils n'étaient que des enfants ?
— Ne retourne pas le problème, répliqua Basile. Je vais appuyer la demande du docteur que ton saturnien d'origine humaine soit confié à quelqu'un d'autre.
— Tu n'as pas intérêt à faire cela ! s'écria Waldo, perdant son calme, horrifié à l'idée que le temps déjà réduit qu'il avait à passer avec Hoshi soit raccourci.
Cela faisait déjà un moment qu'il avait quitté la couchette pour faire face à Basile, mais à présent, au lieu d'être debout dans une posture relâchée, il était tendu, poings serrés et visage fermé.
— Dire que je pensais te connaître, que je nous croyais amis, jeta Basile.
Waldo réalisa en effet qu'ils étaient loin d'être de véritables amis. Il ne le pensait pas aussi rigide. Il reprit maîtrise de lui-même et se força à adopter une mine contrite.
— Excuse-moi, s'il-te-plaît, je suis sur les nerfs en ce moment.
Basile resta sur la défensive.
— Vas-tu cesser de passer batifoler au lit avec ton saturnien ?
— Cela ne te gêne pas toi que nos faits et gestes soient surveillés en permanence ? demanda Waldo en pointant une des caméras, tentant de faire valoir que la couchette était un moyen d'y échapper.
Basile haussa les épaules.
— Ce n'est que pour trois jours, le temps d'achever la préparation de nos espions. Je n'ai rien à cacher et ne fais rien d'inapproprié, moi.
L'envie de l'envoyer promener était grande, mais Waldo se contint. Il fallait convaincre Basile de ne pas faire front avec le docteur. Or c'était mal parti. Il décida de tenter le tout pour le tout.
— Tu crois en la réincarnation ?
— Non, pas du tout, mais que me chantes-tu là et quel rapport avec notre conversation ? Tu es devenu fou, ma parole.
Waldo soupira. Pourquoi était-il donc le seul à se souvenir de ses vies antérieures ? Pourquoi si peu de gens pensaient que cela puisse être possible de se réincarner à travers les siècles ?

jeudi 9 février 2017

Orcéant - 88

Les jours qui suivirent se ressemblèrent. Ils marchaient la journée et le soir, ils mettaient au point leur numéro et faisaient l'amour. Les foulards furent employés à des fins qui n'avaient aucun rapport avec le spectacle.
La route était de plus en plus fréquentée, preuve qu'ils avançaient dans la bonne direction. Qu'ils ne puissent plus bavarder librement pesait à Byll. Le pire, c'était quand un voyageur abordait Rouge et échangeait avec lui sur tout et n'importe quoi pendant que l'orcéant devait rester muet un pas derrière eux. Rouge, cependant, ne l'oubliait pas et de temps en temps, plaçait les mains derrière son dos et formait un cœur, de quoi de mettre du baume à celui de Byll.
L'orcéant aperçut le premier au loin les tours du château. Il ralentit involontairement le pas. Il avait peur de ce qui les attendait entre ses murs. Parviendraient-ils vraiment à y entrer, et ensuite à voir le roi et le convaincre de la dangerosité du mouvement de la Liberté ?
Qu'il était tentant de bifurquer et d'aller se trouver un coin tranquille... Mais non, ils devaient faire tout ce qui était en leur pouvoir pour empêcher les terribles évènements prédits par Korel de se produire. Où qu'ils aillent, la réalité aurait tôt fait de les rattraper : Byll risquait d'être à nouveau mis en esclavage et Rouge, une fois sa véritable forme retrouvée ce qui ne manquerait pas d'arriver, serait tué à vue. L'orcéant accéléra la cadence. Du moment qu'il était avec Rouge, il était prêt à tout affronter.

Aux portes du château, il y avait une longue file d'attente. Quand ce fut leur tour, ils furent refoulés par les gardes en dépit de la belle gerbe de feu crachée par Rouge pour montrer quel saltimbanque talentueux il était. Ils furent forcés de tourner les talons.
— Nous allons devoir trouver une autre idée, déclara Byll à voix basse, un peu découragé.
— Non, persistons. Nous retenterons plus tard. En attendant,  nous allons nous frotter à de véritables spectateurs. Si nous sommes doués, que nous nous bâtissons une réputation, nous serons les bienvenus.
Leur première représentation sur la place de la ville avoisinante remporta un franc succès et leur seconde de même, preuve que leurs entraînements avaient payé leurs fruits.
Malgré cela, il aurait sûrement fallu attendre longtemps pour que les portes du château s'ouvrent pour eux si le roi n'avait décider d'organiser une fête pour célébrer ses fiançailles avec la fille d'un grand propriétaire.
Les gardes, quand ils se présentèrent à nouveau, les laissèrent passer pour mettre de l'animation. Un serviteur licornéen les conduisit dans une pièce du château où plusieurs saltimbanques avaient déjà été réunis pour la soirée : équilibristes, bardes, jongleurs, montreurs d'ours... Un homme vint vérifier les capacités de chacun – Byll assura du mieux qu'il put –  en renvoya quelques uns et organisa les ordres de passage. L'orcéant et Rouge furent casés en dernière partie. C'était leur chance de s'adresser au roi.

mercredi 8 février 2017

Orcéant - 87

A dire vrai, ils ne parlèrent pas longtemps. Rouge lui expliqua que les tenues qu'ils porteraient participeraient au spectacle et il voulut que Byll se mette en « costume. » Le faisant s'agenouiller, il lui accrocha un foulard rouge autour du cou, un vert à chaque poignet et un bleu à chaque cheville. Jamais l'orcéant n'avait porté de choses si colorées et soyeuses.  Rouge lui demanda alors d'enfiler le nouveau pagne.
Évidemment, dans le processus, Byll se retrouva nu. Dans l'œil de Rouge apparut une lueur d'excitation et il lui caressa le creux des cuisses, puis le sexe. L'orcéant gémit.
— Rouge, murmura-t-il, sans trop savoir si c'était une protestation pour qu'il arrête ou une supplique pour qu'il continue.
Rouge prit son sexe dans sa bouche, suçant et aspirant avec vigueur et Byll oublia tout du nouvel habit.
Il s'étendit sur l'herbe, attirant Rouge à lui et l'aida à retirer tunique et braies. Après quoi, le dragon d'apparence humaine se mit à lui lécher les tétons, tout en se doigtant. Il s'assit ensuite lentement sur l'orcéant, le prenant en lui. Ses mouvements d'abord doux, s'intensifièrent peu à peu, jusqu'à ce qu'ils jouissent ensemble.
Quand ils eurent repris leur souffle, Rouge déclara :
— Au début, je voulais t'acheter une tenue complète, mais je trouvais que le boutiquier n'avait rien de bien, ce n'était que des trucs moches et inconfortables, c'est pourquoi je me suis rabattu sur un pagne et des foulards pour égayer et compléter. C'est aussi bien comme cela, car  je peux ainsi toujours contempler ton magnifique torse. En fait, je te préfère nu.
Byll qui avait entendu toute sa vie des commentaires sur la laideur des orcéants savoura le compliment.
— Enfin, reprit Rouge, que tu aies un vêtement me donne l'occasion de te le retirer.
Cela rappela à Byll qu'il n'avait pas encore mis le pagne gris. Il était doux en comparaison avec l'ancien et c'était agréable de porter quelque chose de propre et neuf.
— Merci.
— Tout le plaisir est pour moi. Et d'ailleurs,  c'est grâce à Pierrick que j'ai pu t'offrir cela.
— Il sera sûrement furieux d'apprendre que son argent à servi à cela.
— Pas sûr. Lui-même serait d'avis que tu ne peux pas jongler devant le roi avec un chiffon sur le dos.
Byll décida de s'entraîner sur le champ avec les balles. Ses premières tentatives ne furent pas brillantes, mais encouragé par Rouge, il persévéra.

mardi 7 février 2017

Orcéant - 86

CHAPITRE 20
Cela grouillait de monde, plein d'humains affairés, bavardant, s'interpellant. Au milieu, Byll, se sentait affreusement mal à l'aise, comme à chaque fois qu'il se retrouvait en ville. Il n'était pas à sa place. Il y avait d'autres orcéants pourtant, occupés à divers travaux, mais rien à faire, il aurait préféré être sur la route, dans les bois ou les champs. Il étouffait entouré par tous ses gens et ses bâtiments.
Rouge affichait une mine renfrognée, les narines plissées. Les odeurs de la ville l'incommodaient. Son odorat était plus aiguisé qu'un humain normal. Il était de plus en plus dragon. De nouvelles écailles étaient apparues sur sa peau, mais ses habits les masquaient heureusement toujours.
Sans peur, Rouge aborda un passant pour savoir où se procurer des balles et un harmonica. Ils avaient renoncé au fil d'équilibriste, réfléchissant que l'orcéant risquait de se cogner au plafond. Ils escomptaient en effet faire leur numéro à l'intérieur château du roi.
Byll fut surpris d'entendre Rouge s'enquérir également d'une boutique de vêtements. Il ne pouvait cependant le questionner pour connaître ses intentions, pas en public puisqu'aux yeux de tous, il n'était que son esclave.
Il le suivit donc dans le méandre des rues et étouffa les protestations qui lui venaient aux lèvres quand Rouge demanda au boutiquier de quoi vêtir un orcéant. Il était content malgré tout de cette intention.
L'homme n'avait pas grand chose en rayon. Rouge rejeta plusieurs tuniques et shorts en tissus marrons rêches et jeta finalement son dévolu sur un pagne gris en coton. Il acheta également de grands foulards colorés. Byll brûlait de lui rappeler qu'ils n'avaient pas un budget illimité, mais ne le pouvait pas. Cela aurait trop attiré l'attention sur eux.
Avec une impatience grandissante, commentaires et remarques qu'il devait garder pour lui tournoyant dans sa tête, il attendit que Rouge finisse leurs achats, puis que la ville soit loin derrière eux et la route déserte pour enfin dévoiler le fond de sa pensée.
Rouge fut amusé qu'il déballe tout d'un coup et se justifia : oui, il avait dépensé presque toute la somme donnée par Pierrick, mais ce n'était pas grave, ils chasseraient pour manger. C'était un investissement nécessaire s'ils voulaient être des saltimbanques dignes de ce nom.
Des voyageurs arrivant à l'arrière, Rouge se tut et Byll dut ravaler sa curiosité comme son inquiétude.
Il fallut attendre le soir, qu'ils soient bien à l'écart de la route pour camper, pour qu'ils puissent à nouveau discuter tranquille.

lundi 6 février 2017

A travers les millénaires - 21

— Je devrais ressortir maintenant et demander au docteur de m'examiner.
Que ce soit son premier mouvement ou presque peina Waldo, même s'il comprenait que Hoshi ne pouvait se défaire en quelques heures de plusieurs années d'éducation, ou plutôt de conditionnement.
— La seule chose qui me console dans ton prochain départ, c'est bien que tu n'auras plus à te faire tripatouiller dans tous les sens en permanence.
— Tu seras toujours là à mon retour ?
— Je pense, oui. Je ne veux pas perdre une miette du temps limité que nous avons à passer ensemble.
C'était la raison pour laquelle Waldo aurait préféré que Hoshi ne quitte pas la couchette.
— Cela ne devrait pas prendre longtemps, je me sens bien, mieux dans cette peau que je l'ai été depuis longtemps. Et plus tôt le docteur constatera que notre rapport n'a entraîné aucun dommage, plus vite je pourrais te rejoindre, débarrassé de cette désagréable perspective.
— Pas de souci, mon cœur, assura Waldo.
Mais alors que Hoshi allait ouvrir la porte de la couchette, il le retint d'un baiser. Il le sentit fondre sous ses lèvres. Après quoi, il le laissa partir, restant immobile, songeur.
Si seulement un quelconque traité de paix pouvait être signée prochainement... Hélas, la guerre faisait rage depuis près de vingt ans sans faiblir. Il n'y avait jamais d'accalmie, quand ce n'était pas les saturniens, c'étaient les uraniens ou les végaliens. Heureusement qu'ils ne s'étaient pas alliés entre eux, ou l'humanité aurait déjà été rayée de la surface de l'univers.
Ils étaient tous de terribles adversaires et ce, même sans prendre en compte leur technologie de pointe. Les uraniens semblables à des boules implosaient de façon répugnante à leur mort, le contenu de leurs entrailles brûlant tel de l'acide. Pour tuer, à la manière des kamikazes, ils n'hésitaient pas à se sacrifier. Les végaliens, grands et massifs, avaient de longues trompes comparables à celle des éléphants et de puissantes queues reptiliennes. Quant aux saturniens, leurs peaux étoilées étaient d'une solidité remarquable et l'anneau au-dessus de leur tête tranchant comme un couteau aiguisé.
Cela paraissait fou qu'après avoir passé autant de siècles à se fréquenter pacifiquement, ils en soient arrivés là, chacun prêts à tout pour avoir le dessus sur l'autre. Et pour le coup, il n'y avait aucune espèce pour rattraper l'autre, puisque qu'aucune ne paraissait décider à mettre fin à cette guerre vide de sens.

vendredi 3 février 2017

Orcéant - 85

Comme ils arrivaient à un croisement, Byll s'arrêta pour consulter leur carte. Ce n'était pas évident de se repérer dessus, surtout qu'aucun d'eux ne savaient lire, mais Elissande leur avait appris à déchiffrer les noms dont ils avaient besoin de connaître et avait tracé une ligne rouge les conduisant jusqu'à la demeure royale.
— C'est à droite, déclara Byll en lui tendant la carte.
Rouge regarda à son tour.
— Nous allons bientôt rejoindre la grande route, constata-t-il sans enthousiasme.
Si c'était là, la manière la plus rapide pour parvenir au château du roi d'Erret, mais cela impliquait qu'ils croiseraient beaucoup de voyageurs au lieu que ce soit de manière occasionnelle et cela signifiait, par prudence, qu'ils ne pourraient plus bavarder à bâtons rompus ou se prendre par la main quand l'envie leur prenait.
Ils continuèrent à marcher, tout en discutant de choses et d'autres jusqu'à ce qu'ils atteignent la grand route.
En fin de journée, ils s'en écartèrent pour se trouver un endroit isolé et à l'abri des regards pour camper. Et, à la nuit tombée, Rouge put enfin s'allonger aux côtés de Byll. Il avait beau être fatigué, il n'avait pas la moindre envie de dormir.
Byll se tracassant encore avec ces histoires de jongleries, il lui promit qu'ils feraient au plus tôt un saut en ville pour acheter avec l'argent que leur avait confié Pierrick le matériel nécessaire et il l'embrasa pour l'empêcher de cogiter davantage et trouver d'autres motifs de se faire du souci. Il était adorable à prendre si au sérieux leur mission, mais il était mauvais pour lui de trop se tourmenter, il avait besoin de se détendre.
Rouge prolongea le baiser et une bosse se forma au niveau de l'entrejambe de Byll. Il lui mordilla le cou, puis défit le pagne et caressa le sexe de l'orcéant avant d'introduire sa langue en lui, lui arrachant des gémissements gutturaux. Finalement, il le pénétra, allant et venant en lui de toute la force de son amour. Byll cria son nom. Rouge sentit ses ailes se déployer dans son dos tandis que le plaisir d'être uni à l'orcéant montait, profond et puissant.
Ils jouirent ensemble et ses ailes s'évanouirent comme si elles n'étaient jamais sorties.
— Elles sont réapparues, commenta Byll tandis que Rouge se détachait de lui en douceur.
— Oui, brièvement. C'est que tu es tellement chaud et doux que je pourrais m'envoler.
Byll plaça leurs deux mains sur son cœur battant encore à toute allure et ferma les yeux. Rouge s'installa confortablement contre lui et l'imita. Peu lui importait ce qui leur arriverait du moment qu'ils y faisaient face ensemble.

jeudi 2 février 2017

Orcéant - 84

— Qu'est-ce qui te tracasse, hormis le fait que je redevienne le magnifique dragon que j'ai toujours été ?
Il espérait dérider l'orcéant par ce trait d'humour, mais échoua. Byll demeura grave et tendu.
— C'est au sujet du roi. Comment allons-nous arriver à l'aborder et réussir à le convaincre de la dangerosité du mouvement de la Liberté sans pour autant lui donner l'impression que nous approuvons esclavage ?
— L'idée qu'avait eu Elissande de se faire passer pour des saltimbanques me semble bonne sur ce coup-là. Quant au roi, tout ce que nous pouvons faire, c'est rapporter le plan d'assassinat à grande échelle des propriétaires terriens et ses conséquences, sans faire de mystère sur notre position anti-esclavagiste. Nous avons plusieurs jours de marche devant nous pour peaufiner les détails.
Des bruits de cavalcades les poussèrent à se ranger sur le bas-côté pour laisser passer les chevaux au galops. Ils reprirent ensuite leur conversation.
— Je ne suis pas capable de divertir les gens.  Les seuls spectacles avec des orcéants sont des combats où ils doivent s'entretuer.
— Justement, ce sera du jamais vu !
— Mais je ne sais ni jongler ni cracher du feu ni marcher sur une corde ni jouer d'aucun instrument, le genre de chose que font ces gens-là selon Elissande.
— Eh bien, si Pierrick était avec nous, il dirait que tu te prendrais les balles sur la tête, que tu tomberais de la corde et chanterait faux, provoquant les  rire de ceux qui te regardent. Mais je suis sûr pour ma part qu'avec de l'entraînement, tu te débrouillerais à merveille. Maintenant nous n'avons sans doute pas le temps d'attendre que tu deviennes un jongleur ou un équilibriste accompli.
— Oui, plus tôt le roi sera informé, mieux ce sera, vu que nous ne savons pas avec exactitude quand le mouvement de la Liberté va agir. J'espère en tout cas qu'il voudra bien nous écouter, nous croire et agir en conséquence. Ce serait bien aussi si nous pouvions le convaincre d'abolir l'esclavage, mais Pierrick et Korel auraient commencé par là, s'ils avaient pensé que cela ait une chance d'aboutir, n'est-ce pas ?
— En effet, mais tant qu'à faire de lui rendre visite pour lui parler du mouvement de la liberté, autant en profiter pour lui suggérer de mettre fin à l'esclavage des orcéants, gobelins, trolls et à la servitude des licornéens, ainsi qu'à cet usage barbare qui consiste à leur couper la corne pour les priver de leur pouvoir.
— Nous pourrions aussi lui demander de cesser de tuer les dragons à vue.
— Cela m'arrangerait bien, ça, dit Rouge en souriant.

mercredi 1 février 2017

Orcéant - 83

CHAPITRE 18
Rouge et Byll marchaient côte à côte sous un ciel sans nuage dans lequel le soleil brillait fort. Une brise légère soufflait. C'était un temps idéal pour voler. Rouge n'avait encore jamais pu goûter à ce plaisir et chaque jour cela le démangeait un peu plus, mais le moment n'était pas encore venu. Il fallait d'abord empêcher que ne se réalisent les terribles évènements dont Korel avait eu la vision.
Devant eux, au lieu de la croupe des chevaux de Pierrick, Korel et Elissande, la route s'étendait vide et poussiéreuse. Rouge appréciait de ne plus avoir à se soucier que de Byll dont il pouvait jouir de la compagnie sans que Elissande se sente isolée et sans contrarier Pierrick qui continuait à regarder le couple qu'il formait avec l'orcéant d'un mauvais œil. Oui, ils étaient seuls tous les deux, comme autrefois dans sa grotte. Comme durant leurs ébats. Au souvenir de Byll plongeant en lui encore et encore, de lui-même s'enfonçant dans le corps brûlant de l'orcéant, Rouge sentit l'excitation monter en lui.
— Nous pourrions faire une pause, suggéra-t-il.
— Déjà ? s'étonna Byll, ne devinant pas ce qu'il avait en tête.
— J'ai envie de t'embrasser, te lécher et te mordiller partout.
L'orcéant déglutit et le tissu de son pagne se tendit au niveau de son sexe.
— Mais nous sommes en plein jour.
Rouge s'était douté de la réponse et il s'inclina :
— C'est vrai que quelqu'un pourrait nous voir et assurément, il recevrait un choc en découvrant un individu apparemment humain batifoler avec un orceant. Je saurais patienter jusqu'à ce soir.
— Peut-être que nous ne devrions plus faire l'amour pendant quelques temps, dit Byll d'une voix hésitante.
Rouge attendit une explication qui ne vint pas, alors sûr que Byll désirait aussi qu'ils s'unissent à nouveau, il lui demanda pourquoi.
— Parce que Elissande n'est plus avec nous pour t'aider à garder ton apparence humaine. Si jamais tes ailes apparaissent encore et que tu n'arrives pas à les rentrer...
Que Byll s'inquiète autant pour lui était parfois agaçant. Ne se rendait-il pas compte qu'il était un dragon capable de balayer d'un coup de queue des dizaines d'hommes et en faire rôtir tout autant d'un seul souffle enflammé ? Peut-être que cela venait du fait qu'il l'avait vu éclore, mais au fond, c'était surtout la preuve qu'il aimait et avait peur de le perdre si bien que Rouge pouvait difficilement le lui reprocher.
— Tu te fais trop de soucis. Il est hors de question que nous fassions abstinence. Mes ailes se sont certes déployées la dernière fois, mais elles se sont repliées sans problème. Je veux profiter de chaque jour comme il est. Pour autant qu'on sache, nous pouvons très bien mourir demain. Bref, nous aviserons en temps et en heure si jamais ma véritable nature prend le dessus sur le sort d'Elissande.
Byll acquiesça. Il semblait cependant toujours inquiet et Rouge se demanda s'il n'y avait pas une autre raison à sa mine sombre.