jeudi 31 janvier 2019

Chocolat blanc - 28

Wyatt les poussa à entrer dans l’appartement. Ils se déchaussèrent et ôtèrent leurs manteaux.
Ce n’est qu’après coup qu’il se demanda si la visite inopinée de Kembou signifiait que que quelque chose  de grave s’était produit, un truc que son ami avait besoin de confier de vive-voix et qu’il ne pouvait faire en présence d’un tiers.
Il tâta le terrain :
— Ta mère, ton frère et tes sœurs ont la forme ?
Kembou hocha la tête.
Peut-être que l’affreux Mathieu lui menait la vie dure...
— Et au boulot, ça va ?
— Oui, tout baigne. Je commence à être habitué.
Si ce n’était ni le travail, ni la famille, qu’est-ce que cela pouvait être ? Des soucis d’argent ? Ou alors, il avait rencontré quelqu’un… Mais non, ça, il aurait pu lui dire par téléphone.
— Je vais ranger ce qui se met au frais dans la cuisine, annonça Dominique comme s’il avait compris qu’il était de trop.
Wyatt le remercia, puis attendit qu’il ait disparu pour demander à voix basse à Kembou si vraiment tout allait bien.
Ce dernier eut beau répondre par la positive, cela ne rassura qu’à moitié Wyatt. Il sentait que quelque chose clochait.
— Je vous dérange Dominique et toi, hein ? lâcha Kembou en jetant un regard en biais vers la cuisine.
— On doit bosser, mais ce n’est pas comme si on ne pause jamais non plus. Franchement, c’est super que tu sois là, ajouta-t-il en passant un bras par dessus l’épaule de son ami.
Kembou se détendit enfin, puis Dominique revint et il se crispa à nouveau. A croire que son seul problème c’était le nouvel ami de Wyatt. Mais quelques soient ses préjugés, Wyatt était sûr que cela s’arrangerait quand il le connaîtrait mieux.
— Vous voulez boire quelque chose ?
Kembou et Dominique déclinèrent en chœur. L’amusement que ressentit Wyatt face à ce bel ensemble ne fut pas partagé et un ange passa tandis qu’une drôle de tension s’installait.
— Et si avant de se mettre à l’ouvrage, on jouait un peu à la console ?
— Les jeux vidéos, ce n’est pas mon truc, répondit Dominique.
Wyatt le savait pourtant. Il avait juste momentanément oublié.
Dominique reprit :
— Mais faîtes donc. Je vais relire des cours.
Là-dessus, il récupéra quelques feuilles dans la sacoche qu’il avait laissé sous le bureau et  repartit dans la cuisine.
Kembou et lui lancèrent un jeu de combats, mais Wyatt ne parvint pas à entrer dedans, pas avec Dominique exilé dans la pièce d’à côté, et il lui sembla que le cœur de son ami n’y était pas non plus.

mercredi 30 janvier 2019

Chocolat blanc - 27

Sortir faire des courses avait été une nécessité vu le vide régnant dans le réfrigérateur et les placards de Wyatt et il en revenait donc, accompagné de Dominique, quand il vit devant la porte de son appartement la silhouette familière de Kembou.
Un instant, Wyatt crut que ses yeux lui jouaient des tours, lui montrant ce qu’il désirait, puis son ami lui adressa un sourire incertain – comme s’il n’était pas sûr d’être le bienvenu – et Wyatt, tout content, comprit qu’il ne rêvait pas : Kembou était bel et bien venu sans prévenir.
Wyatt, en dépit des lourds sacs qui l’encombrait, pressa le pas et se dépêcha de le rejoindre.
— Kembou ! Tu attends depuis longtemps ?
— Non, pas trop. Et quand bien même il en serait autrement, je ne pourrais que m’en prendre à  moi-même puisque je ne t’ai pas informé de ma visite.
— C’est une super bonne surprise, le rassura Wyatt. Même si évidemment, j’ai encore une tonne de devoirs, préféra-t-il préciser.
A contretemps, il se rappela que Dominique était avec lui.
Ce dernier s’était rapproché, mais demeurait légèrement en retrait.
Wyatt s’empressa de les présenter l’un à l’autre.
Kembou opta pour un signe de tête aussi courtois que froid. Dominique, lui, lui fit une bise.
Kembou eut une sorte de grimace tendue qui étonna Wyatt. Il ne pensait pas que son ami soit homophobe. Non, Wyatt devait se faire des idées et puis il était indéniable que le côté maniéré de Dominique pouvait surprendre, de même que son look vestimentaire : aujourd’hui, c’était pantalon moutarde, un pull noir plus long d’un côté que l’autre et une veste cintrée.
— J’ai beaucoup entendu parler de toi, déclara Dominique.
— Moi aussi, répliqua Kembou.
Le contraste entre la chaleur de Dominique et le ton coupant de Kembou était flagrant. Il semblait à priori incommodé par la présence de Dominique. Il était peut-être déçu de ne pas avoir Wyatt pour lui tout seul, mais s’il avait téléphoné ou envoyé un message, il aurait su.
— Je ferais peut-être mieux de revenir plus tard, offrit Dominique.
C’était généreux de sa part, surtout qu’il n’habitait pas exactement à côté, même si nettement plus près que Kembou.
Wyatt refusa net. Il aurait certes pu mieux profiter de Kembou, mais cela lui faisait également plaisir que ses deux amis fassent connaissance, que son ancien monde et son nouveau se mélange. Sans oublier le maudit devoir qu’il devait faire avec Dominique.

mardi 29 janvier 2019

Chocolat blanc - 26

— Mais ce n’est pas vrai ! s’écria Kembou en frappant la table de chaque côté du clavier.
Dans son mail, Wyatt se vantait d’être irrésistible avec un smiley qui clignait de l’œil et mentionnait la déclaration de Dominique.
Ce type avait réussi en l’espace de quelques semaines à peine ce que Kembou n’avait eu le courage de faire en plusieurs années.
Rokia se pencha soudain par dessus son épaule.
— Qu’est-ce qui t’indigne comme ça ? demanda-t-il.
Kembou sursauta et referma précipitamment la fenêtre du navigateur internet.
Il avait tellement été sous le choc qu’il n’avait prêté attention à la présence de son aîné.
— Rien qui ne te regarde ! s’exclama-t-il.
Il avait le droit à sa vie privée.
— Ce que tu es susceptible ! Et désagréable aussi ces derniers temps... L’autre soir, tu as été tellement coupant avec Malia que la pauvre en a eu les larmes aux yeux.
Kembou se raidit. Il ne se rappelait même plus pourquoi il s’était fâché contre sa sœur, mais il s’en voulait encore de l’avoir fait pleurer.
Son frère continua, impitoyable :
— A partir du moment où tu passes tes humeurs sur nous, cela nous concerne.
Kembou grimaça. Quand il s’agissait de Wyatt, il était si affecté qu’il était à fleur de peau et incapable de se contenir.
— Cela n’aurait pas rapport avec ton copain l’endive par hasard ?
Soit son frère devenait perceptif, soit il avait eu le temps de voir le nom de l’expéditeur.
Kembou repensa au contenu du mail. Il aurait dû être soulagé que Dominique se soit pris un râteau, mais il avait surtout le cœur lourd devant cette nouvelle preuve que son amour pour Wyatt était voué à l’échec. Et puis, il enrageait que Dominique soit aux côtés de Wyatt en permanence, qu’il l’ait en quelque sorte remplacé.
Rokia claqua les doigts devant son nez.
— Encore avec moi ?
— Oui. Désolé. Ce n’est rien d’important. Je ne passerai plus mes nerfs sur vous.
— Tu peux te confier à moi, à maman et même à Malia et Astou.
Kembou n’était pas sûr de pouvoir, justement et c’était une part du problème. Si sa famille le rejetait en apprenant son homosexualité…
Il n’avait plus à craindre cela de la part de Wyatt, au moins. Et pour cela, il aurait dû remercier Dominique. En même temps, Wyatt le prendrait quand même peut-être mal si Kembou avouait l’aimer depuis le collège.
Il retint un gémissement et pour échapper au regard inquisiteur de son frère, il prétexta une envie pressante.
Une fois dans la salle de bain, il passa son visage à l’eau froide. Il fallait qu’il se reprenne et surtout qu’il voit Wyatt.

lundi 28 janvier 2019

Chocolat Blanc - 25

— Non, je ne suis pas bi. C’est juste que Kembou et moi, nous sommes comme des frères. C’est normal que ta famille te manque quand tu es loin d’elle...
Excepté qu’il n’avait pas vu son père et sa sœur depuis des semaines – sa mère était passée un soir en coup de vent pour s’assurer qu’il allait bien – et que cela ne lui faisait ni chaud ni froid. Son propre argument ne tenait pas la route. Il faut dire, qu’en dépit des liens du sang, il n’était proche ni de Marina ni de ses parents.
— Plus tu protestes, plus je suis convaincu qu’il y a anguille sous roche.
— Mais non. C’est mon ami depuis dix ans, on a grandi ensemble. Cela n’a rien de bizarre que notre éloignement me pèse.
— Rien de surprenant non plus, à ce que tu chantes ses louanges à n’importe quelle occasion ? Ah… C’est peut-être parce que j’aimerai trop avoir une chance avec toi.
Dominique se leva et s’étira comme un chat, comme s’il ne venait pas de lâcher une bombe. Wyatt n’avait pas réalisait que Dominique le trouvait à son goût. C’était vrai qu’il lui avait demandé s’il n’était pas gay le jour de leur rencontre, mais Wyatt n’avait pas envisagé qu’il soit vraiment intéressé. Il aurait dû être horrifié, sauf que c’était plutôt flatteur.
— Je te plais vraiment ?
Dominique roula des yeux en mettant les mains sur les hanches.
— Tu es agréable à regarder, tu n’hésites pas à prendre la défense d’inconnus, tu es tolérant, tu as le sens de l’humour, tu es sérieux dans tes études… T’avoir pour petit ami serait super, du moins, si tu n’étais pas atteint de Kembou mania.
Wyatt eut un rire nerveux, autant embarrassé par l’avalanche de compliments que par sa façon de présenter son amitié pour Kembou. Il ne savait trop quoi dire, il n’avait jamais envisagé autre chose qu’être ami avec Dominique… ou Kembou d’ailleurs. Cependant, de façon étrange, l’idée de de former un couple avec un autre garçon ne le rebutait pas.
Dominique reprit :
— Ne t’inquiète pas. J’ai beau t’apprécier énormément, je ne suis pas amoureux de toi et j’ai d’autres garçons en ligne de mire.
Wyatt se mit debout à son tour pour lui faire face. Il voulait être certain que Dominique ne lui mente pas pour lui complaire et se retrouve à souffrir en silence.
— Je ne veux surtout pas te blesser. Ton amitié m’est précieuse.
Elle était encore récente et fragile, mais Dominique était un garçon franc et cool dans sa façon d’assumer cent pour cent qui il était.
— Mais pas autant que celle de Kembou, je parie.
— Je n’ai rien dit, moi ! Je ne l’ai même pas pensé ! s’insurgea Wyatt.
Dominique pouffa, signe qu’il était en train de le taquiner.
Wyatt était bien content d’avoir fait sa connaissance. Sans lui, sa vie en école d’ingénieur aurait été à coup sûr beaucoup plus ennuyeuse.
— Avoue que si Kembou et moi étions en train de nous noyer en même temps, ce serait lui que tu sauverais en premier.
— Non, toi d’abord, rétorqua Wyatt. Kembou nage comme un dieu, ajouta-t-il autant parce que c’était vrai qu’il avait envie d’amuser son nouvel ami.
Dominique éclata de rire. Wyatt fit de même. Puis, leur hilarité passée, ils se remirent au travail.

vendredi 25 janvier 2019

Chocolat Blanc - 24

— Qu’est-ce que tu as à encore soupirer ? demanda Dominique en rajustant une de ses mèches blondes derrière son oreille.
Ils étaient assis côte à côté devant le bureau de Wyatt. C’étaient à son studio qu’ils travaillaient le plus souvent, les salles de l’école étant souvent surchargées et bruyantes.
— Rien, rien, dit Wyatt sans parvenir à se concentrer sur le document qu’il était supposé lire.
Dominique referma son ordinateur portable en douceur.
— Je ne te crois pas. Je t’écoute. J’ai besoin d’une pause de toute manière.
— C’est juste que j’aimerai bien avoir plus de temps libre, un week-end pour décompresser, parce que depuis la rentrée, on enchaîne les projets et les leçons avec à peine le temps de dormir.
— Je reconnais que ce serait canon. Mais il n’y a pas que cela qui t’attriste, si ? Est-ce que par hasard, cela serait en rapport avec Kembou ?
Wyatt ne lui demanda pas comment il avait deviné. Il avait parlé à Dominique de son ami de toujours à plus d’une reprise. Kembou n’était jamais loin de ses pensées.
— Il voulait venir et j’ai été obligé de dire non. Je n’avais pas envie qu’il fasse tout ce trajet pour que je puisse lui consacrer seulement une petite heure à cause la charge de boulot dont on nous accable. Sauf que cela me rend malade, parce que cela fait plus d’un mois que nous ne nous sommes pas vus, une éternité quoi… !
Dominique se tapota pensivement le menton d’un doigt et croisa les jambes dans une posture toute féminine.
— Ne le prends pas mal, mais franchement, à chaque fois que tu le mentionnes, j’ai l’impression que toi et lui, vous êtes plus que des amis.
— Tu me charries ! s’écria Wyatt. Je ne suis pas gay, ajouta-t-il pour faire bonne mesure.
— Tu pourrais être bi.
— Bi ? répéta Wyatt.
— Oui, bisexuel, être attiré à la fois par les femmes et les hommes.
Au contact de Dominique, sa vision de la sexualité s’élargissait. Avant de le rencontrer, il savait que l’homosexualité existait sans jamais y avoir été confronté.
Il prit la peine de réfléchir à la question, mais non, les garçons ne l’intéressaient pas de la sorte. Même si il trouvait Kembou beau et Dominique, joli, cela n’avait rien de sexuel.

jeudi 24 janvier 2019

Chocolat Blanc - 23

Kembou lut et relut le mail de Wyatt. Le beau Dominique et la manière dont ils s’étaient rencontrés n’en disparaissait pas. Il avait fallu que Wyatt se lie avec un garçon ouvertement gay. Impossible de ne pas être jaloux de ce mec aux longs cheveux blonds et aux goûts vestimentaires douteux. Et si jamais Dominique faisait des avances à Wyatt, l’embrassait ?
Kembou frémit et se rassura : Wyatt le repousserait, il n’était pas de ce bord-là. Kembou aurait dû se réjouir de cette nouvelle preuve d’ouverture d’esprit de son ami, mais il n’y parvenait pas, pas quand ce maudit Dominique lui volait sa place.

Les mails qui suivirent ne firent que renforcer son agacement envers le fameux Dominique. Il y avait apparemment beaucoup de travaux à effectuer en binôme en école d’ingénieur et Wyatt se mettait bien sûr avec Dominique avec lequel il s’entendait à merveille.
Kembou proposa de venir rendre visite à Wyatt, mais Wyatt refusa, car il avait trop de devoirs qu’il faisait évidemment avec Dominique. Les imaginer étudier côte à côte, leurs deux têtes penchées sur le bureau, presque collées, rendait malade Kembou. Il n’aurait pas dû se torturer en se les représentant ainsi, mais c’était installés de la sorte que lui et Wyatt avaient réalisé plusieurs exposés.
Sans le vouloir, Kembou se montra de plus en plus irritable avec son entourage.
Un de ses collègues de travail, plus âgé – pas Mathieu qui de toute façon n’était jamais satisfait de son comportement – lui reprocha son attitude.
— Qu’est-ce qui se passe en ce moment dans ta vie, hein, pour que tu sois aussi mordant ?
Kembou ne sentait certes pas assez proche pour lui déballer toute l’histoire, mais comme il éprouvait le besoin de justifier sa mauvaise humeur, il en révéla une partie : son ami l’avait remplacé par un autre.
— Je sais bien que tu es jeune, mais là, c’est de la gaminerie pure et simple. Ne sois pas idiot, ce n’est pas parce qu’il se fait d’autres potes que cela va changer quoique ce soit à votre amitié.
Kembou n’en était pas si sûr.
Voir Wyatt l’aurait rassuré, excepté que ce dernier était trop occupé pour cela. Il lui écrivait des mails presque quotidiennement, mais ce n’était pas pareil. Cela ne valait pas être enlacé. C’était certes mieux qu’une poignée de main ou une bise. Son ami l’avait surpris sur ce coup. Il espérait que Dominique n’avait pas le droit à la même chose chaque fois qu’ils se séparaient.

mercredi 23 janvier 2019

Chocolat Blanc - 22

— Il veut sa princesse, donne-lui donc ! lança le troisième larron.
Celui qui tenait toujours la fille eut un mauvais sourire et projeta avec force sa captive en direction de Wyatt qui manqua de tomber à la renverse.
Les trois types rentrèrent ensuite, hilares et fiers d’eux.
Une belle brochette d’imbéciles, oui, songea Wyatt.
— Il ne t’a pas fait mal ? Ça va ? demanda-t-il à la fille qui avait heurté son torse.
— Oui, merci d’être intervenu.
Quand elle n’était pas énervée, elle avait une voix basse et grave.
Wyatt la regarda, pris d’un doute soudain. Elle avait de longs cheveux blonds, était maquillée, portait un pantalon mauve et une veste blanche, mais elle était aussi grande que lui, anguleuse et dépourvue de poitrine.
— Et je crois que je ferais mieux d’y aller avant que tu ne regrettes d’avoir volé à mon secours, soupira-t-elle.
Ou plutôt « il. »
— Mais non, pas du tout. Désolé de t’avoir pris pour une fille.
— Y a pas de mal. Tu n’as pas t’excuser. Ils ont fait la même erreur et l’ont mal vécu... Je m’appelle Dominique, je suis en première année, et toi ?
— Moi aussi. Wyatt. Enchanté.
Dominique lui tendit une main manucurée et Wyatt la lui serra.
Il avait toujours cru que ce genre de garçons capable de s’habiller de la sorte et d’afficher aussi nettement leur différence appartenait à l’univers des séries télévisés, mais il s’était trompé et était face à un authentique spécimen.
— Tu ne serais pas gay, par hasard ? demanda Dominique.
La question, posée de but en blanc, surprit Wyatt.
— Non, répondit-il.
— Je suppose que tu ne peux pas être parfait, déclara Dominique avec un soupir.
Qu’être hétérosexuel puisse être un défaut fit rire Wyatt.
— On peut être amis quand même, offrit-il spontanément.
Dominique acquiesça avec grâce et ils échangèrent leurs numéros de téléphone avant de prendre ensemble le chemin du métro.
— Tu es souvent embêté de la sorte ?
Dominique haussa les épaules.
— C’est variable. Là, c’était raisonnable. J’ai bien le droit de m’habiller comme je veux. Et pas la peine de me dire que je cherche les ennuis, ce n’est pas vrai !
Wyatt fit signe qu’il était motus et bouche cousue.
— Tu es conciliant, toi… lança Dominique.
Wyatt lui sourit avant de remarquer qu’un vieux bonhomme avachi sur un des sièges les couvait d’un regard noir. Il croyait peut-être qu’ils étaient en couple. C’était le risque à fréquenter Dominique. Bah, les gens pouvaient bien penser ce qu’ils voulaient tant qu’ils ne venaient pas déverser sur eux leur haine ridicule.

mardi 22 janvier 2019

Chocolat Blanc - 21

L’alcool coulait à flots. Wyatt avait déjà été à des fêtes arrosées de bière (et parfois un peu plus que ça), mais là, cela dépassait l’entendement. L’ambiance avait été bonne au début, mais les choses avaient vite dégénéré.
Il y avait des gars bourrés au mètre carré et c’était plus pitoyable qu’autre chose. Des élèves plus âgés l’avaient encouragé à boire avec une insistance déplaisante, mais Wyatt avait tenu bon. Le verre de vodka-orange qu’il avait pris était déjà plus qu’assez pour lui. Il voulait garder les idées claires et pas se retrouver à rouler sous la table ou danser nu dessus comme ce gars qui risquait fort de retrouver sa photo sur les réseaux sociaux demain… 
Wyatt se décida à s’éclipser. Une bonne moitié de l’assemblée aurait un souvenir plus que brumeux de leur journée et des gens avec lesquels ils avaient discuté. Conclusion, il était vain de leur parler, surtout que la plupart ne tenait plus que des propos incohérents. De façon décevante, le week-end d’intégration était en fait surtout un prétexte à boire.
Wyatt galéra à récupérer sa veste enfouie sous des dizaines d’autres, mais finit par mettre la main dessus et sortit.
Hélas, au lieu d’une bonne bouffée d’air frais après la fumée des cigarettes et les vapeurs alcoolisées, il dut faire face à une odeur écœurante de vomi.
Il commençait à rédiger mentalement un mail à Kembou sur les « joies » du week-end d’intégration quand la porte s’ouvrit à la volée derrière lui. Il eut juste le temps de s’écarter pour éviter de se la prendre de plein fouet. L’afflux soudain de lumière et de bruit le fit cligner des yeux.
Un petit groupe se disputait : trois garçons, une fille.
— Mais fichez-moi la paix !
— C’est de ta faute…
— Ouais, enchérit l’un des types en attrapant le poignet de la fille.
Il y en avait peu en école d’ingénieurs, et cela ne surprit guère Wyatt que l’une d’elles se fasse embêter.
Sans réfléchir, il s’emmêla :
— Laissez-la tranquille !
— Non, mais occupe-toi de tes oignons, grommela le gars qui avait empoigné la demoiselle.
L’un des garçons ricana :
— En voilà un qui se prend pour un chevalier…
Wyatt qui ne s’était jamais battu de sa vie, se demanda si cela allait tourner à la bagarre et d’instinct, serra les poings.

lundi 21 janvier 2019

Chocolat Blanc - 20

Et voilà, c’était la rentrée, sa première sans Kembou à ses côtés. Wyatt réajusta son sac à dos sur l’épaule. Il se sentait tout nu, même s’il était bel et bien habillé et même plutôt mieux que d’habitude avec un jeans noir et une chemise blanche recouverte d’un pull bleu foncé à col en V.
Autour de lui, une foule de visages inconnus et des bâtiments qu’il n’avait vu qu’une fois et de façon partielle plusieurs mois plus tôt, et dont il gardait un souvenir d’autant plus vague qu’il se confondait avec ceux d’autres écoles qu’il avait visitées.
Une fois à l’intérieur, plus perdu que jamais, il parvint quand même à trouver l’amphithéâtre où devait se rendre les premières années. Il tira les portes, comme un idiot, avant de réaliser qu’il fallait les pousser.
Il reconnut un des garçons assis à l’une des rangées – ils avaient été dans la même classe en seconde – mais il préféra s’installer ailleurs. Les rares occasions où il avait échangé avec lui, le courant n’était pas passé.
Le discours d’accueil tenu par le directeur adjoint de l’école fut long et ennuyeux. Cela ressemblait fort à ceux qu’il avait pu entendre au lycée. C’était comme s’ils étaient toujours des enfants et non de jeunes adultes.
Quand l’homme grisonnant énuméra les clefs de la réussite - le travail, le travail, le travail – Wyatt fut partagé entre l’amusement et l’envie de grincer des dents. C’était ridicule. Kembou avait bien fait de choisir d’échapper à ses simagrées. Enfin, ce n’était pas comme si le monde du travail était tout rose.
Le discours achevé et une liasse de papiers administratifs à remplir distribué, Wyatt fut bien content de quitter les lieux. Il aurait peut-être dû chercher à faire connaissance avec ses futurs camarades, comme certains, mais il n’était pas motivé. Ce qu’il avait envie, c’était de raconter sa journée à Kembou.
Non, il ferait des efforts de sociabilité lors du week-end d’intégration. Il n’était pas obligatoire d’y participer, mais c’était une initiative trop sympathique pour être ratée, en espérant qu’il n’y ait pas de bizutage.

mardi 1 janvier 2019

Prolongation de la pause

J'aurais vraiment voulu avoir un épisode à mettre en ligne, mais je ne vais pas bien du tout ces derniers temps, si bien que je n'arrive pas à écrire.
Je compte bien sûr ne pas laisser inachevée l'histoire de Kembou et Wyatt, mais je ne suis pas certaine de quand je parviendrai à la reprendre.

Bonne année 2019 à ceux et celles qui passeront par ici...