jeudi 8 octobre 2015

Contes modernes - 146

Durant cet intervalle, Carmin essaya différentes choses afin de ranger Lou au rang des souvenirs. Rien ne fonctionna. Le vibromasseur acheté sur internet pour se procurer du plaisir ne lui en apporta aucun. C'était froid et mécanique, tristement limité à la pénétration.
Il tenta d'aller dans un bar gay pour rencontrer des gens du même bord que lui, mais il en ressortit de suite, le spectacle du jeune homme qui se déhanchait vêtu d'un slip ridiculement petit sur le comptoir étant trop extrême pour lui. Peut-être existait-il des endroits moins tapageurs, mais Carmin ne put trouver en lui le courage de réitérer l'expérience. Afficher son homosexualité l'embarrassait et il doutait de toute façon parvenir à plaire et séduire quiconque. Bien sûr, si un type lui avait fait par miracle du rentre-dedans, il n'aurait eu qu'à céder... mais l'idée qu'un autre que Lou le touche le répugnait.

    Quand il retourna voir Cole Sorière, il eut une mauvaise surprise, l'écrivain avait planté-là son roman en cours et rien de ce qu'il put dire ne le fit changer d'avis. En désespoir de cause, Carmin qui avait remarqué le désordre fit le ménage. Évidement avec sa maladresse coutumière, il cassa quelques assiettes et verres en faisant la vaisselle et fit tomber pas moins de deux lampes en passant l'aspirateur.
Quant au repas qu'il avait concocté, il vit bien à la grimace de l'écrivain que ce n'était pas à son goût. Il repartit les mains vides.
Sa vie sentimentale comme professionnelle était un désastre. Il n'avait rien ni personne à quoi se raccrocher.
Il ne baissa pas les bras pour autant. Il ne pouvait rien faire pour Lou, à part attendre qu'avec le temps, la douleur logée dans son cœur disparaisse. Mais pour l'écrivain, il pouvait essayer jusqu'à ce que ses supérieurs hiérarchiques lui demandent des comptes... Il revint donc à la charge quinze jours plus tard avec des plats tout préparés à faire réchauffer. L'écrivain ayant décidément mauvaise mine, Carmin chercha à le faire parler. Ce n'était pas possible qu'il soit si maigre et sale toute l'année et surtout ce n'était pas normal qu'il laisse tomber une histoire en cours de route.
Cole Sorière, sans rien lui promettre, lui affirma qu'il allait s'y remettre et Carmin repartit plein d'espoir.
Hélas, quinze jours plus tard, la situation n'avait pas évolué et l'écrivain refusa de donner la moindre explication sur son blocage.
La poisse lui collant à la peau, Carmin ne crut pas à sa chance quand, ayant grimpé au chalet de Cole Sorière pour y faire le ménage et la cuisine, même s'il était loin d'être doué dans ses arts, tournant et retournant dans sa tête les arguments qui motiveraient l'écrivain à reprendre le fil de son roman, il trouva les lieux propres et rangés, un Cole Sorière détendu et bien vêtu aux côtés d'un jeune homme angélique et plusieurs chapitres de la suite de Moi et mon fantôme prêts.
L'écrivain présenta le jeune homme comme sa muse, sous-entendant qu'il était son partenaire. Carmin, comme il ne savait trop comment réagir à cette nouvelle, surtout vu la différence d'âge visible qu'ils avaient, remercia le jeune homme, car grâce à lui, Cole Sorière était à nouveau productif.
Après lecture, il s'avéra que l'amour faisait des miracles et que la plume de l'écrivain était plus brillante que jamais. Carmin s'en réjouit, s'efforçant de chasser le sentiment d'envie qu'il ressentait devant la réciprocité des sentiments des deux hommes. Si seulement Lou avait pu ressentir quelque chose à son égard...

1 commentaire:

Jeckyll a dit…

Trop triste cet épisode T_T J'ai de la peine pour Carmin pauvre chouchou

Merci pour l'épisode du jour, j'ai trop hâte de voir comment ça va se passer pour Carmin ^o^