Que faisait-il là dans ce patelin paumé ? se répéta Dan. Il passa une main dans ses cheveux blonds. Il le savait parfaitement. C'était à cause de lui : le glacial Clowis et son portefeuille bien garni. Depuis qu'il l'avait rencontré, sa vie avait changé sur bien des plans.
Avant lui, il n'avait pensé qu'à son frère et l'argent qu'il devait gagner pour le garder à l'hôpital. Cela allait faire dix ans qu'Aurélien était dans le coma, tout cela à cause d'un chauffard qui avait fui sans vergogne les lieux. Bientôt dix ans, mais cela aurait tout aussi bien pu faire cent... Il assumait les frais seul depuis sept ans, ses parents ayant jeté l'éponge. Ils avaient été convaincu par ce maudit médecin M. Ecifélam que les chances de réveil étaient quasi nulles et Dan avait dû se battre avec eux. « Si j'avais été plongé dans le sommeil, comme lui, j'aurais pu le supporter, mais c'est trop dur d'attendre et de voir toute sa vie filer » avait expliqué sa mère. « C'est cruel pour lui comme pour nous » avait tranché son père. Dan n'avait rien voulu entendre et avait réussi à leur arracher la promesse que s'il payait tout de sa poche, ils ne feraient aucune démarche pour le débrancher. Il avait à peine vingt ans à l'époque et ils avaient accepté, en croyant qu'il en serait incapable. Dan avait cependant laissé tomber ses études de danse et accompli le miracle en travaillant comme un forcené de nuit comme de jour. A mesure que les années étaient passées, il avait toutefois mieux compris leur position. Chaque visite à son frère était un crève-cœur. Aurélien vieillissait dans son sommeil. Le temps n'était hélas que figé à moitié pour lui. Au début, ils avaient été nombreux à se relayer à son chevet, puis les visiteurs s'étaient raréfiés jusqu'à ce qu'il ne reste plus que deux irréductibles : lui-même, ce qui n'avait rien d'évident vu qu'il jonglait déjà avec ses deux boulots, et Philippe, l'ami d'enfance de son frère. Dan n'en était pas certain, mais il le pensait amoureux. Il ne doutait pas de la force de l'amitié de Philippe, mais son dévouement dépassait les bornes : il venait tous les jours aux heures autorisées et avait choisi un boulot exprès pour passer le plus de temps possible auprès d'Aurélien. Philippe avait lu dans un bouquin sur le coma que certains percevaient ce qui se passait autour d'eux, même s'ils étaient incapables de bouger ou parler, alors il mettait un point d'honneur à lui tenir compagnie et à lui raconter des tas de choses. Chaque fois que Dan venait, Philippe était invariablement présent, en train de parler à Aurélien bien que celui-ci ne soit pas en mesure de lui répondre.
Sa constance aidait Dan à continuer à se démener pour son frère. Faute de diplôme et ayant besoin de beaucoup d'argent, il avait dégoté deux emplois : un dans un fastfood et un comme gogo dancer dans un bar gay. Il n'était pas homo pourtant, mais c'était là-bas qu'il avait trouvé une place malgré son inexpérience. S'offrir aux regards concupiscents l'avait gêné de prime abord, mais peu à peu, la honte avait disparu et il avait appris l'art de se déhancher sur un comptoir en slip ou bien sous une douche où le savon coulait en abondance.
C'est là que Clowis l'avait repéré quelques mois plus tôt.
Avant lui, il n'avait pensé qu'à son frère et l'argent qu'il devait gagner pour le garder à l'hôpital. Cela allait faire dix ans qu'Aurélien était dans le coma, tout cela à cause d'un chauffard qui avait fui sans vergogne les lieux. Bientôt dix ans, mais cela aurait tout aussi bien pu faire cent... Il assumait les frais seul depuis sept ans, ses parents ayant jeté l'éponge. Ils avaient été convaincu par ce maudit médecin M. Ecifélam que les chances de réveil étaient quasi nulles et Dan avait dû se battre avec eux. « Si j'avais été plongé dans le sommeil, comme lui, j'aurais pu le supporter, mais c'est trop dur d'attendre et de voir toute sa vie filer » avait expliqué sa mère. « C'est cruel pour lui comme pour nous » avait tranché son père. Dan n'avait rien voulu entendre et avait réussi à leur arracher la promesse que s'il payait tout de sa poche, ils ne feraient aucune démarche pour le débrancher. Il avait à peine vingt ans à l'époque et ils avaient accepté, en croyant qu'il en serait incapable. Dan avait cependant laissé tomber ses études de danse et accompli le miracle en travaillant comme un forcené de nuit comme de jour. A mesure que les années étaient passées, il avait toutefois mieux compris leur position. Chaque visite à son frère était un crève-cœur. Aurélien vieillissait dans son sommeil. Le temps n'était hélas que figé à moitié pour lui. Au début, ils avaient été nombreux à se relayer à son chevet, puis les visiteurs s'étaient raréfiés jusqu'à ce qu'il ne reste plus que deux irréductibles : lui-même, ce qui n'avait rien d'évident vu qu'il jonglait déjà avec ses deux boulots, et Philippe, l'ami d'enfance de son frère. Dan n'en était pas certain, mais il le pensait amoureux. Il ne doutait pas de la force de l'amitié de Philippe, mais son dévouement dépassait les bornes : il venait tous les jours aux heures autorisées et avait choisi un boulot exprès pour passer le plus de temps possible auprès d'Aurélien. Philippe avait lu dans un bouquin sur le coma que certains percevaient ce qui se passait autour d'eux, même s'ils étaient incapables de bouger ou parler, alors il mettait un point d'honneur à lui tenir compagnie et à lui raconter des tas de choses. Chaque fois que Dan venait, Philippe était invariablement présent, en train de parler à Aurélien bien que celui-ci ne soit pas en mesure de lui répondre.
Sa constance aidait Dan à continuer à se démener pour son frère. Faute de diplôme et ayant besoin de beaucoup d'argent, il avait dégoté deux emplois : un dans un fastfood et un comme gogo dancer dans un bar gay. Il n'était pas homo pourtant, mais c'était là-bas qu'il avait trouvé une place malgré son inexpérience. S'offrir aux regards concupiscents l'avait gêné de prime abord, mais peu à peu, la honte avait disparu et il avait appris l'art de se déhancher sur un comptoir en slip ou bien sous une douche où le savon coulait en abondance.
C'est là que Clowis l'avait repéré quelques mois plus tôt.
5 commentaires:
Ho ho ce nouveau conte promet bien des choses ^__^
J'ai hâte d'approfondir ça, on dirait bien le conte de la belle au bois dormant mais avec toi les surprises sont au rendez-vous lol
Vivement la suite en tout cas XD
Certains contes s'entrecroisent, ne l'oublions pas. :)
J'aime beaucoup ce premier chapitre :-).
Pour l'histoire de Dan , je pensais plutôt au conte "le petit soldat en plomb" avec sa jolie petite danseuse xD. Et pour son frère, la belle au bois dormant comme dirait Jeckyll :-).
En tout cas, merci beaucoup pour le travail que tu fournis. Bon courage :-)
Super l'idée des contes j'adore! J'ai beaucoup aimé le petit chaperon rouge et les autres.
Moi personnellement celui ci me fait penser au petit soldat de plomb de par son titre mais je me trompe peut être.
En tout cas merci c'est génial ^_^
Spinelsun
Anonyme et Spinelsun -> Oui, Danse sur un pied cache bien Le petit soldat de plomb. Et le frère de Dan est notre Beau au bois dormant pour le prochain conte !
Merci beaucoup pour votre appréciation et vos encouragements. :)
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