jeudi 26 novembre 2015

Contes modernes - 171

Léa, la petite amie d'Aurélien avait abandonné depuis longtemps déjà. Elle s'était accrochée près de trois ans durant, espaçant peu à peu ses visites, mais persistant jusqu'à ce qu'un jour, elle sorte en larmes de la chambre d'Aurélien pour ne plus revenir. Philippe se rappelait très bien l'avoir pris dans ses bras pour la consoler, l'approuvant de renoncer, pas seulement parce que cela le soulageait qu'Aurélien soit à nouveau célibataire, mais aussi parce que c'était effectivement mieux pour elle qu'elle aille de l'avant. Lui s'en sentait incapable, peut-être parce que de toute façon, il s'était préparé depuis longtemps à rester aux côtés d'Aurélien sans jamais rien avoir en retour que le plaisir de sa compagnie.
Peu à peu, tout le monde avait déserté, ne croyant plus qu'Aurélien sortirait un jour de son coma et plus personne n'était venu le visiter à part lui et Dan, le frère d'Aurélien qui ne passait qu'en coup de vent.  Parfois, mais très rarement, les parents d'Aurélien se rendaient également à son chevet, mais ils ne semblaient plus y croire. Philippe demeurait quant à lui toute la durée autorisée des visites. Il s'était choisi exprès un travail de gardien de nuit qui lui permettait d'être libre en journée. Si cela avait été possible, il ne l'aurait pas quitté du tout, mais il y avait les règles de l'hôpital et la nécessité de gagner sa vie. Assis sur une chaise tirée près du lit d'Aurélien, toutes sortes de pensées le traversaient.
Il se demandait comment Aurélien aurait réagi s'il lui avait déclaré son amour, quand il aurait la chance de revoir ses yeux couleur crépuscule...
A plusieurs reprises, il avait été tenté de l'embrasser, mais il s'était toujours retenu : cela aurait été ignoble de profiter de son immobilité, surtout que d'après ses nombreuses lectures sur les personnes plongées dans le coma, certaines percevaient ce qui se passait autour d'eux même s'ils n'étaient pas en mesure d'y réagir. Il était par conséquent hors de question d'infliger cela à son ami qui devait déjà subir les soins des infirmières et les auscultations de cet oiseau de mauvais augure qui lui servait de médecin.
De temps en temps, Philippe lui prenait toutefois la main et la pressait contre son cœur. Autrement, il ne le touchait pas, se contentant de le regarder dormir en lui racontait ce qui se passait dans le monde, ainsi que des anecdotes de son travail de gardien de nuit. Parfois, les interminables monologues qu'il tenait à son ami lui pesait, alors il lui lisait des histoires.

2 commentaires:

Jeckyll a dit…

Pffiuuu quel épisode mais quel épisode, merci à toi ^o^

Philippe est tellement accro à Aurélien qu'on souhaite que tout finisse bien pour lui et qu'ils se mettent ensemble :)

Ce conte est trop trop bien, vivement la suite XD

Illyshbl a dit…

Je suis contente que ce conte te plaise autant. :)