lundi 22 juin 2015

Contes modernes - 72

Cain remercia l'écrivain de l'héberger pour la nuit, puis avec gêne, ajouta :
— Je sais que c'est abuser de votre bonté, mais pourriez-vous me faire la faveur de dédicacer Moi et mon fantôme pour mon ami qui possède toutes vos œuvres ?
Cain avait acheté exprès le dernier livre de l'auteur pour son ami. Il ne lui avait touché mot de cette opportunité de rencontrer l'écrivain ou de la possibilité d'obtenir de dédicace afin de lui en faire la surprise et de lui éviter une éventuelle déception. Sans cela, Ariel aurait pu le renseigner sur les fameuses nouvelles de Cole Sorière qui évoquaient les grands brûlés...
L'écrivain poussa un long soupir.
— Je peux. Donnez-le moi.
Cain se dépêcha de sortir le livre de son sac et le lui tendit avec un stylo.
— Comment s'appelle-t-il ?
— Ariel.
Cole Sorière griffonna quelques mots sur la page de garde et lui rendit ses affaires.
— Merci beaucoup.
— Oui. Bon, venez récupérer votre couverture à l'étage, après, je ne veux plus vous entendre. Pas même un ronflement. J'ai une histoire qui m'attend.
Cain s'empressa de suivre l'écrivain qui disparut un instant de la pièce dont il était sorti tout à l'heure, lui fourra un plaid tigré dans les bras et lui claqua la porte au nez. L'homme n'était pas des plus commodes, mais il avait été somme toute plutôt accueillant. Il avait répondu à toutes les questions de Cain et lui avait dédicacé le livre. A présent, le moins que le jeune homme pouvait faire, c'était de respecter son désir de paix.
Il descendit sur la pointe des pieds, mais son estomac se mit à gargouiller, gâchant ses efforts. Une fois en bas, il acheva de mettre à terre ce qui encombrait encore le canapé avant de s'allonger dessus. Ce n'était pas très confortable, mais c'était mille fois mieux que d'être dans la forêt. L'épuisement l'emportant sur la faim, il ne tarda pas à s'endormir.

Il se réveilla à l'aube, la bouche pâteuse et le cou endolori. Il remit les affaires en place sur le canapé du mieux qu'il put en faisant le moins de bruit possible et replia la couverture avec soin. Pour se défaire de l'impression qu'il s'enfuyait comme un voleur, il écrivit ensuite un mot, remerciant encore Cole Sorière pour son hospitalité et sa disponibilité.
Il eut moins de peine dans le sens inverse : descendre la montagne boisée était moins dur que de la gravir et la forêt devenait moins dense au fur à mesure de sa progression. Il fut cependant soulagé quand il repéra la carrosserie rouge de sa voiture et c'est tout guilleret qu'il s'installa dedans. Il avait réussi à interviewer l'écrivain, ce qui n'était pas gagné d'avance. Comme quoi, se déplacer chez les gens sans être annoncé n'était pas synonyme d'échec... Cela lui donnait envie de tenter également sa chance auprès de cet ancien pompier qui avait été sévèrement brûlé dans l'exercice de son métier et n'avait daigné répondre à aucun de ses mails.

2 commentaires:

Jeckyll a dit…

Merci pour l'épisode ^^ je me suis faite avoir car je pensais bien que Cole était la bête mais en même temps cette histoire de bonbons me faisais trop penser aussi à Hansel et Gretel lol

comme quoi les apparences sont trompeuse et une histoire en cache une autre XD

vivement la suite :)

Illyshbl a dit…

Le but était bien de surprendre et de faire croire que Cole était la Bête... :)