vendredi 19 juin 2015

Contes modernes - 71

— Pardonnez mon indiscrétion, mais est-ce à cause de vos brûlures que vous vivez isolé ?
— Pas du tout. J'ai la chance qu'aucune ne soit visible, à moins de me déshabiller, et je n'ai certes pas honte de me déplacer avec une canne. C'est plus classe que de franchement claudiquer. Non, j'ai besoin d'une tranquillité absolue pour écrire. Être coupé du monde dans ce coin perdu me garantit zéro interruption. Enfin, normalement.
Le regard noir qu'il posa sur lui était si éloquent que Cain se rencogna dans le canapé. C'est vrai qu'il s'était imposé.
— Désolé, souffla-t-il.
— Vous avez encore des choses à me demander ?
Il avait apparemment épuisé la patience de Cole Sorière. Cain avait toutefois encore quelques questions.
— Vous éprouvez de la reconnaissance envers les pompiers qui vous ont secouru à deux reprises ?
— La cavalerie est arrivée un peu tard dans les deux cas. Cependant, j'ai de l'admiration pour eux, car ce n'est pas un métier facile.
— Vous n'avez jamais eu envie de mettre en scène des personnages victimes du feu compte tenu de votre expérience ?
— J'ai abordé le sujet dans quelques nouvelles, mais de manière fantastique et non réaliste.
Cain s'en voulut. Ses recherches sur les œuvres de Cole Sorière n'avaient pas été assez poussées. Ce n'était ni sérieux ni professionnel de sa part.
— Dans quels recueils se trouvent-elles ?
— Pourquoi, vous allez les lire ?
A son ton, il était clair qu'il doutait. Cain opina. C'était important pour son dossier et même s'il n'était pas fan de l'auteur, son style lui plaisait.
Cole Sorière lui fournit les références. Cain les nota avec soin. Il les emprunterait à Ariel.
— Avez-vous quelque chose à ajouter ? Un mot à dire à ceux qui comme vous ont été victimes de graves brûlures ?
— Ah, nous en avons donc fini... Je n'ai rien à dire, à part peut-être que tous les accidentés, qu'elles que soient les origines de l'évènement, sont semblables à des phénix. Nous renaissons des cendres changés, mais pas moins majestueux.
— C'est magnifique, souffla Cain, ému en repensant à la mère fardée qui avait renoncé à son fils par amour, à la petite fille du centre hospitalier qui avait peur de son reflet et à d'autres encore.
Cole Sorière se leva. Cain fit de même. Il était épuisé entre les heures de conduite et sa longue errance. Il étouffa un bâillement. Il faisait à présent nuit noire et à coup sûr, il allait se perdre...
— Je vous remercie du temps que vous m'avez accordé. Si cela vous intéresse, je vous ferai parvenir le dossier quand je l'aurais achevé.
— Même si je suis curieux de lire votre travail terminé, pas la peine de me l'amener ici. Mon éditeur se chargera de récupérer une copie à l'association où je suppose que vous en laisserez un exemplaire. Autrement, je ne suis ni un monstre ni une bête sauvage, aussi ne vais-je pas vous mettre dehors en pleine nuit dans la forêt. Vous pouvez dormir sur le canapé. Je vais vous donner une couverture. Il y a une coupe de bonbons sur la table basse, vous pouvez vous servir.
Inutile de me prévenir quand vous partirez demain matin.

4 commentaires:

Jeckyll a dit…

Cole me fais rire avec ses bonbons XD

merci pour l'épisode j'ai hâte d'être à Lundi pour lire la suite qui peut-être sera la nuit sur le canapé lol

bon week-end en tout cas ^___^

Illyshbl a dit…

Les fameux bonbons font partie d'un faisceau d'indices... Mais chut ! :)
Bon week-end à toi aussi !

Anonyme a dit…

Ah ah il me ferait trop penser à la sorcière de Hansel et Gretel XD. Déjà une maison en pleine forêt et un intérêt pour les sucreries. J'adore. <3
Merci en tout cas, de nous faire rêver :-)

Illyshbl a dit…

Anonyme -> Bien vu pour Cole ! Un conte peut cacher un autre... puisque les personnages de contes se croisent. La Bête n'est donc pas encore apparue... :)