lundi 1 février 2016

Contes modernes - 207

Il tenta finalement sa chance. Une femme entre deux âges, aux mèches mi-longues emmêlées et à  l'air fatigué vint lui ouvrir.
Mael, d'instinct, sut qu'il s'était trompé. Le ou la propriétaire de la tresse qu'elle soit vraie ou fausse ne pouvait pas prendre aussi peu soin de ses cheveux.
— Désolé, c'est une erreur, dit-il de suite, sans même prendre la peine de l'interroger sur la tresse.
Elle fronça les sourcils, mécontente sans doute de s'être dérangée pour rien. Il s'excusa encore. Elle referma.
Il fit un second essai. Il ne se passa rien après qu'il eut pressé la sonnette et il se demanda s'il n'y avait personne, mais il insista et toqua. Il se sentait bête, mais sa curiosité était plus forte.
Il était sur le point de faire volte-face pour le troisième appartement de l'étage quand, derrière le battant, une jolie petite voix flûtée retentit :
— C'est pour quoi ?
Mael mentit.
— C'est pour un sondage.
— Un sondage ? répéta la voix de façon hésitante.
C'était difficile de déterminer le sexe ou l'âge de la personne avec laquelle il parlait, cependant, le fait qu'elle ne se montre pas avait un côté mystérieux qui collait bien avec l'immense tresse.
— Oui, sur les cheveux.
Il regretta sa déclaration à peine l'eut-il faite. Il aurait pu trouver mieux qu'un sondage bidon, mais après tout, il était acteur, pas scénariste. Il apprenait ses dialogues, il ne les inventait pas. Il fit machine-arrière. Le plus simple était encore de se montrer honnête.
— En fait, j'ai vu pendre une longue tresse sur la façade de l'immeuble et ça me travaille. J'aurais voulu savoir si c'était des vrais ou des faux...
Cela ne le regardait pas et la mystérieuse personne derrière la porte pouvait très bien l'envoyer promener.
Après un silence, la réponse arriva néanmoins :
— Ce sont les miens.
— Ils sont sacrément longs. Ça doit être du boulot de les entretenir.
— Cela m'occupe, rétorqua la voix.
— Vu la longueur, cela ne vous empêche pas plutôt de sortir ?
— Maman ne veut toute façon pas.
La réponse laissa Mael perplexe. Il fallait de nombreuses années pour que les cheveux poussent et puis les enfants étaient autorisés à aller dehors pour peu d'être accompagnés... A moins bien sûr qu'ils ne soient malades. C'était tout de même une étrangeté supplémentaire. Au lieu de s'éclaircir, le mystère s'épaississait.

1 commentaire:

Jeckyll a dit…

Merci pour l'épisode ^^

Je suis comme Mael au lieu de m'éclairer le mystère s'épaissit lol

Vivement la suite et l'ouverture (peut-être) de cette porte XD