jeudi 31 décembre 2015

Contes modernes - 195

Les trois nains quittèrent la chambre à la queue leu leu, le laissant seul. C'était un soulagement pour Albin qu'ils aient renoncé pour le moment, mais ce n'était hélas qu'un répit avant des explications qu'il ne se sentait pas de fournir. Il avait déjà bien assez de tracas avec ce qui s'était passé. Il ne pouvait s'empêcher de revivre en boucle les derniers évènements, ressassant les mêmes questions : Roy et le livreur ne faisaient-ils qu'un ?
Si c'était le cas, si son refuge avait été bel et bien découvert, il n'était plus en sécurité à l'auberge des sept nains, mais s'il partait, où irait-il ? Il ne pouvait escompter que la chance lui offrirait un nouveau aussi aisément et une compagnie aussi agréable. 

Dès le lendemain, Albin était sur pied, cependant les nains ne revinrent pas de suite à la charge. Cela arrangea bien l'adolescent qui se creusait vainement la tête pour trouver quoi leur dire.
Quelques jours et nuits peuplées d'affreux rêves s'écoulèrent. Violette fit plusieurs tentatives pour lui tirer les vers du nez, mais entre les enfants et les clients, le moment de l'interroger n'était jamais le bon et toujours ils étaient interrompus. Albin n'avait même pas d'effort à faire pour esquiver les questions.
Il se tourmentait en revanche jour et nuit avec Roy, le livreur et la curiosité des nains à satisfaire. Ses cauchemars étaient plus intenses que jamais si bien qu'il dormait à peine et sous ses yeux de larges cernes se dessinaient.
 
Un soir, après le dîner, Pierre le coinça dans le couloir et l'interrogea sans ménagement :
— Bon, alors, quel âge tu as ? D'où tu sors ? Sais-tu qui était ce type?  René persiste à dire qu'il n'y a pas d'urgence à savoir le pourquoi du comment, mais moi, j'ai l'impression que si on attend ton bon vouloir, on va rester dans le noir.
Les larmes montèrent aux yeux fatigués d'Albin sans qu'il puisse les retenir.
Pierre grommela entre ses dents et grimaça.
— Désolé, je vous jure que je n'ai rien fait de mal, murmura Albin.
— Nous avons eu le temps de nous rendre compte que tu étais un brave garçon. Ce n'est pas pour t'embêter qu'on veut savoir, mais pour pouvoir t'aider. Tu peux nous faire confiance.
— Je sais, mais...
Il s'interrompit, pleurant doucement. Pierre se mit sur la pointe des pieds et lui tapota l'épaule dans une tentative maladroite pour le réconforter, puis s'éloigna.
Albin l'entendit appeler Carole, mais c'est finalement Violette qui apparut au bout de quelques minutes avec un mouchoir en tissu blanc qu'elle utilisa pour sécher les yeux d'Albin.
— Je pense toujours que ce serait mieux que tu nous dises tout, mais il ne s'agit pas de te rendre malade non plus avec ça.
— Désolé, répéta Albin.
Si seulement il avait pu, mais s'il leur avouait tout, leurs regards changeraient : les nains seraient sûrement horrifiés et dégoutés de sa relation avec Roy.

2 commentaires:

Illyshbl a dit…

Rien à voir avec l'épisode, mais bon réveillon à tout le monde !

Jeckyll a dit…

Un épisode bien sombre pour Albin qui broie du noir :( le pauvre chéri on a envie de le prendre dans nos bras pour le réconforter

La curiosité des nains sera t-elle satisfaite suspens ^^ en attendant de lire la suite avec grand plaisir, je te souhaite un bon réveillon ^__^