vendredi 18 décembre 2015

Contes modernes - 187

L'AUBERGE DES 7 NAINS
Après la mort de son père, sa mère avait été dévorée de chagrin. Encore petit garçon à l'époque, Albin, lui-même triste, avait tout fait pour redonner le sourire à sa maman. Il avait été sage et studieux à l'école et gentil à la maison, câlinant et embrassant sa pauvre mère éplorée.
Il n'avait eu guère de succès. C'est en rencontrant un autre homme, Roy, qu'elle avait retrouvé le goût à la vie.
Roy était un homme séduisant, même si désagréablement sûr de son charme. Albin cependant s'en moquait, tout ce qui comptait pour lui, c'était le bonheur de sa mère.
Roy et elle s'étaient mariés, marquant le début d'une nouvelle vie de famille, mais quelques années plus tard, elle était tombée gravement malade et était morte. Albin avait été dévasté. Roy aussi. Il avait commencé à boire tous les soirs en revenant de son bureau, ainsi que durant le week-end.
Albin s'était mis à appréhender les samedi et les dimanche. Ses tentatives pour détourner Roy de la bouteille avaient toutes échouées. Ce dernier ne voulait plus jouer au ballon ou au jeu vidéo comme autrefois. Il se moquait que la maison soit sale, le réfrigérateur vide et les habits d'Albin trop petits. Le caddie de courses quand il les faisait, c'était essentiellement de bouteilles d'alcool qu'il le remplissait.
Assis dans un des fauteuils du salon, en face d'un grand miroir, il s'enfilait verre sur verre, adressant à son reflet des discours sans queue ni tête.
Au début, Albin était resté auprès de lui, cherchant à l'aider, mais il avait fini par se réfugier dans sa chambre pour ne plus assister au triste spectacle de Roy s'enivrant.
Durant cette noire période, il avait ramené un chaton abandonné, puisant du réconfort dans la présence du petit animal.
 

Un samedi soir, tard dans la nuit, Roy avait poussé sa porte. Sa silhouette s'était découpée nettement dans le rai de lumière en provenance du couloir. Il l'avait appelé.
Albin s'était redressé dans son lit encore ensommeillé. Roy était venu s'asseoir à côté de lui, puant l'alcool à plein nez.
— J'ai demandé au miroir et il m'a répondu que tu étais le plus beau, avait-il déclaré d'une voix pâteuse.
Là-dessus, il avait allumé la lampe de chevet d'Albin et l'avait regardé avec une intensité étrange avant de lui caresser les cheveux. Albin n'avait pas bougé. Roy ne lui avait jamais fait mal jusqu'alors.
— Noir comme le charbon...
La main de Roy était descendue sur la joue d'Albin.
— Peau blanche comme la neige...
Et puis, il l'avait embrassé sur la bouche. Albin l'avait mordu par réflexe.
Roy avait effleuré ses lèvres du pouce.
— Rouge comme le sang, avait-il achevé.

1 commentaire:

Jeckyll a dit…

Pinaise quel début de conte cela met direct dans l'ambiance de Blanche-Neige j'adore ^^ et du coup je suis trop impatiente d'en lire plus mais il faudra attendre lol

Bonne fin de semaine à toi :)