mercredi 23 décembre 2015

Contes modernes - 190

Il s'était finalement enfoncé dans la forêt aux abords de la ville, se disant que le retrouver au milieu des grands arbres serait compliqué.
La nuit venue, cependant, la fraîcheur printanière l'avait enveloppé et soudain, les arbres lui avaient paru plus menaçants que protecteurs. Épuisé, il avait fini par s'endormir recroquevillé dans un amas rocheux.
Quand le jour s'était levé, il avait repris sa marche, tout ankylosé, l'estomac gargouillant. C'était une bonne odeur de pain chaud qui l'avait conduit à une clairière dans laquelle se dressait un bâtiment où était suspendu une pancarte ornée de sept bonnets rouges.
Combien de temps était-il resté immobile à humer l'alléchante odeur comme s'il pouvait s'en nourrir tout en regardant la façade aux murs blanchis à la chaux avec des colombages sur le haut et le toit d'ardoise ? Une voix l'avait interpellé dans son dos, le tirant de sa rêverie.
Il avait fait volte-face et s'était retrouvé devant un homme atteint de nanisme vêtu d'un survêtement vert, violet et noir qui n'était pas sans rappeler le costume d'un bouffon.
Albin avait prétendu s'être égaré. Son estomac avait gargouillé et le nain l'avait invité à entrer se restaurer.
A l'intérieur, le chaos régnait. Une naine aux traits tirés se tenait debout un bébé dans les bras, un petit enfant accroché à sa jupe et un autre courant au milieu de tables et de débris de vaisselle.
Elle avait expliqué que le gamin avait voulu jouer au magicien et tiré sur la nappe d'une des tables dressés pour l'anniversaire qui allait être fêter tout à l'heure. Elle avait ensuite reproché au nain de l'avoir laissée seule avec les trois enfants, Pierre et Carole ayant dû partir en ville pour des courses complémentaires de dernières minutes. Le nain avait aussitôt affirmé ne pouvoir se passer de son jogging.
Albin avait spontanément offert son aide pour remettre de l'ordre dans la pièce. Sa proposition reçue avec une certaine incrédulité, avait été néanmoins acceptée.
Albin s'était chargé de rassembler les débris de vaisselle que le tour de magie raté du charmant petit monstre qui ne tenait pas en place, avait occasionné.
Après avoir goûté du pain de la naine, s'occuper du garçonnet avait été la seconde tâche d'Albin qui n'avait eu aucun mal à l'apprivoiser. L'innocence de l'enfant l'avait fasciné, cela ne faisait que trop longtemps qu'il avait perdu la sienne, ainsi que ses illusions.
A la fin de la journée, le nain au jogging qui s'était révélé s'appeler René Joyeux, lui avait proposer de le ramener en ville. Albin avait refusé, avouant qu'il n'avait nulle part où aller et ne comptait pas quitter la forêt, ce qui avait bien sûr suscité des questions des nains de l'auberge : ils était sept en tout, deux couples adultes et trois enfants. Si Pierre et Carole  voulaient savoir son âge, s'il avait fugué, René et Violette  étaient d'avis qu'il était inutile d'avoir des détails.
Au bout de longues délibérations, les quatre nains avaient eu pitié de sa détresse et il avait eu le droit de rester. Entre le petit magicien, les deux autres petits du même acabit et la gestion de l'auberge, il y avait de quoi faire et une paire de bras supplémentaires était loin d'être inutile.

2 commentaires:

Jeckyll a dit…

Trop bien cet épisode merci ^^

Voilà que nos "petits" amis entre dans l'histoire et ils me plaisent déjà :)

Vivement la suite XD

Illyshbl a dit…

Le personnage de la reine a fusionné avec celui du chasseur, mais les 7 nains sont bien là ! :)