– Le baiser hier... C'était votre premier ?
Noah se racla la gorge, embarrassé avant de hocher la tête, en murmurant :
– Dans cette vie, oui.
Il était à égalité là-dessus malgré leur différence d'âge et cela devait être la première fois. Avant cela, l'un ou l'autre était déjà expérimenté ou même carrément dépravé dans le cas de Claude. Dake s'efforça de chasser de sa mémoire toutes les heures en compagnie de prostituées. Il n'était plus ce jeune homme noble du XVIIIème siècle, pas plus qu'il n'était encore une humble blanchisseuse. Et Dieu merci, il n'était pas non plus un membre de la famille de Noah...
– Nous étions vraiment frères ? demanda Dake à nouveau.
Il avait vraiment du mal à l'accepter.
– Oui. Des faux jumeaux, pour être précis. Nous étions très proches, toujours collés l'un à l'autre jusqu'à ce que le passé me rattrape, que je découvre que mon amour n'avait rien de fraternel. J'ai essayé de te parler de réincarnation, sous forme de jeu. Je te disais « Et si nous étions nés à une époque différente, que nous n'avions pas les mêmes parents... », parfois tu continuais, nous inventant d'autres identités, mais le plus souvent tu me répondais que tu préférais être mon frère. J'ai affronté bien des souffrances physiques, mais psychiquement, c'était le pire. Je me sentais coupable de te désirer. Je n'osais plus regarder notre mère, notre père ou toi dans les yeux. J'avais honte, et pourtant j'étais incapable de quitter la maison et de m'éloigner de toi. De toute façon, nous vivions dans une ferme, et père avait besoin de bras. L'avenir me semblait sombre dans tous les cas. Un jour, tu allais te marier et je devrais assister à ça. Continuer à te voir en sachant que je ne pourrais jamais t'avoir, jamais t'avouer quoique ce soit. Oui, c'est sûrement cela qui se serait produit, si nous n'avions pas été au début du XXème siècle et que la guerre ne s'était pas déclenchée. La première guerre mondiale. Je me suis porté volontaire pour le front. Tu m'as imité, quand bien même je n'étais pas d'accord et nous sommes partis nous battre ensemble. Nous avons vécu dans la boue des tranchées, nous avons fait couler le sang d'autres hommes, et nous sommes morts à cause d'un obus. Pas sur le coup, hélas. Nous avons eu le droit à une longue agonie... Je t'ai embrassé sur les lèvres pour la première et dernière fois, un baiser au goût de sang et tu t'es éteint. Je t'ai suivi de peu. Tu as eu le premier souffle en naissant, j'ai eu le dernier.
Dake s'aperçut qu'il ne respirait plus. Il était soulagé de ne pas se souvenir de tout cela, catastrophé de se dire qu'il allait bientôt en rêver. Il avait eu une mort encore plus pénible que la guillotine. Il avait tué des gens. Cela remettait en perspective d'avoir été désiré par son frère jumeau.
Noah se racla la gorge, embarrassé avant de hocher la tête, en murmurant :
– Dans cette vie, oui.
Il était à égalité là-dessus malgré leur différence d'âge et cela devait être la première fois. Avant cela, l'un ou l'autre était déjà expérimenté ou même carrément dépravé dans le cas de Claude. Dake s'efforça de chasser de sa mémoire toutes les heures en compagnie de prostituées. Il n'était plus ce jeune homme noble du XVIIIème siècle, pas plus qu'il n'était encore une humble blanchisseuse. Et Dieu merci, il n'était pas non plus un membre de la famille de Noah...
– Nous étions vraiment frères ? demanda Dake à nouveau.
Il avait vraiment du mal à l'accepter.
– Oui. Des faux jumeaux, pour être précis. Nous étions très proches, toujours collés l'un à l'autre jusqu'à ce que le passé me rattrape, que je découvre que mon amour n'avait rien de fraternel. J'ai essayé de te parler de réincarnation, sous forme de jeu. Je te disais « Et si nous étions nés à une époque différente, que nous n'avions pas les mêmes parents... », parfois tu continuais, nous inventant d'autres identités, mais le plus souvent tu me répondais que tu préférais être mon frère. J'ai affronté bien des souffrances physiques, mais psychiquement, c'était le pire. Je me sentais coupable de te désirer. Je n'osais plus regarder notre mère, notre père ou toi dans les yeux. J'avais honte, et pourtant j'étais incapable de quitter la maison et de m'éloigner de toi. De toute façon, nous vivions dans une ferme, et père avait besoin de bras. L'avenir me semblait sombre dans tous les cas. Un jour, tu allais te marier et je devrais assister à ça. Continuer à te voir en sachant que je ne pourrais jamais t'avoir, jamais t'avouer quoique ce soit. Oui, c'est sûrement cela qui se serait produit, si nous n'avions pas été au début du XXème siècle et que la guerre ne s'était pas déclenchée. La première guerre mondiale. Je me suis porté volontaire pour le front. Tu m'as imité, quand bien même je n'étais pas d'accord et nous sommes partis nous battre ensemble. Nous avons vécu dans la boue des tranchées, nous avons fait couler le sang d'autres hommes, et nous sommes morts à cause d'un obus. Pas sur le coup, hélas. Nous avons eu le droit à une longue agonie... Je t'ai embrassé sur les lèvres pour la première et dernière fois, un baiser au goût de sang et tu t'es éteint. Je t'ai suivi de peu. Tu as eu le premier souffle en naissant, j'ai eu le dernier.
Dake s'aperçut qu'il ne respirait plus. Il était soulagé de ne pas se souvenir de tout cela, catastrophé de se dire qu'il allait bientôt en rêver. Il avait eu une mort encore plus pénible que la guillotine. Il avait tué des gens. Cela remettait en perspective d'avoir été désiré par son frère jumeau.
2 commentaires:
Whaou quel épisode pour ce début de semaine, merci à toi ^o^
Je l'ai dévoré avec plaisir comme à chaque fois, j'ai hâte de lire le prochain :D
Quelle histoire! Cette vie fut bien sombre...Dake doit être terrifié à l'idée de revivre la guerre en rêve, il va plus pouvoir dormir!
Merci pour cette nouvelle vie, je l'ai lu d'une traite. J'ai hâte de voir comment Noah et Dake vont se "découvrir" vu qu'ils n'ont jamais rien fait ni l'un ni l'autre.
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