vendredi 30 septembre 2011

Lykandré - 78

Les jours qui suivirent, Lykandré les passa à s'entraîner en compagnie d'Inuyume sous la férule de maître Komori. Au réfectoire, il croisait d'autres andromorphes, mais aucune véritable conversation ne fut engagée. Cependant, c'était comme Inuyume l'avait dit. Dans l'immeuble du groupe Trott, tout le monde savait ce que c'était de se métamorphoser et il y avait de nombreux espaces verts et endroits spécialement aménagés pour les différents animaux qui y vivaient.
Lykandré commençait cependant à s'inquiéter que l'opération de sauvetage n'ait jamais lieu quand M.Yurimohi, d'un pas bondissant, vint s'enquérir de leurs progrès auprès de maître Komori afin de savoir s'il était possible qu'ils prennent part à l'asaut du bâtiment de M.Ritahoro. Maître Komori conscient de l'enjeu et de l'importance que cela avait pour Lykandré, dit ce qu'il fallait pour que l'homme grenouille soit convaincu que le loup et la chienne seraient en mesure de garder leur apparence humaine et de retrouver leur forme animale, sans insister sur le fait qu'ils devraient s'y prendre à plusieurs reprises pour basculer d'une forme à l'autre. L'admiration que Lykandré ressentait pour maître Komori se doubla d'une franche sympathie. Il savait qu'il était encore loin de maîtriser le passage entre ses deux formes, ayant notamment beaucoup de difficultés à perdre ses oreilles et sa queue touffue de loup sous son aspect humain.
Faisant confiance au jugement de maître Komori, M.Yurimohi emmena donc Lykandré et Inuyume pour qu'ils assistent au débriefing de l'opération qui aurait lieu le soir même. Cependant, avant de les faire entrer dans la salle de réunion, il exigea qu'ils s'habillent, au grand dam de l'homme loup.
– Il faudra t'y habituer. Les vêtements font partie de la panoplie pour se mélanger aux humains et prétendre ne différer en rien d'eux, répliqua avec froideur M.Yurimohi comme Lykandré protestait.
– Mais nous sommes entre andromorphes ici, contra l'homme loup qui répugnait à entraver ses mouvements avec d'inutiles atours.
– Certes, mais il s'agit d'une réunion formelle et porter des habits, c'est aussi une preuve de maîtrise de ses métamorphoses. Cependant, si tu ne veux pas les porter, libre à toi, mais dans ce cas, tu resteras ici ce soir.
Lykandré céda. En grommelant, il enfila avec peine un caleçon beige et se débattit avec un t-shirt blanc et un pantalon noir au tissu raide. A ses côtés, Inuyume enfila en un clin d'œil une culotte et une robe toutes deux de couleur rose.
– Et maintenant, mettez-vous debout pour franchir le seuil ou bien retournez passer la journée auprès de maître Komori, ordonna M.Yurimohi.
Lykandré grogna. Les habits étaient une forme de prison et l'ordre donné rappelait désagréablement ceux du dresseur de M.Ritahoro. Néanmoins, il obéit, résolu à ne pas être exclu de l'opération de sauvetage.

jeudi 29 septembre 2011

Lykandré - 77

– Allons, reprenons la leçon. On dirait, Inuyume que tu n'es pas parvenue à reprendre forme humaine pour saluer M. et Mme Trott comme tu aurais dû, déclara maître Komori, le teint encore un peu gris.
Il semblait ne pas s'être complètement remis de la mention des épurateurs. Lykandré ne put se retenir de l'interroger :
– Qui sont ces épurateurs ?
L'homme chauve-souris s'humecta nerveusement les lèvres avant de répondre :
– Vous avez de la chance de n'en avoir jamais rencontré. Ce sont des humains qui chassent les andromorphes et les garous, non pas pour les enfermer, mais pour les exterminer.
– Les garous ? Mais pourquoi, ils sont comme eux, non ?
– Les hommes n'ont aucun scrupule à se massacrer entre eux pour des raisons aussi diverses qu'étranges. Dans le cas présent, ils considèrent que les garous comme les andromorphes transmettent du sang impur à leur descendance. Maintenant, si cela ne te dérange pas, j'aimerai mieux que nous ne parlions plus d'eux et que nous revenions à notre leçon.
Lykandré repensa à Jun et à son histoire. Les épurateurs voulaient sûrement éviter ce genre de chose... Il se demanda avec inquiétude si Blacky était au courant de leur existence et si la disparition de Koro pouvait être liée
à ces gens-là, puis, malgré sa curiosité, il accéda au désir de maître Komori et ils reprirent leurs exercices de transformations.
A la fin de la journée, Lykandré était épuisé, mais n'avait pas réussi une seule fois à se transformer volontairement. Inuyume qui suivait les enseignements de maître Komori depuis plus longtemps avait eu de bien meilleurs résultats. Finalement, l'homme chauve-souris décréta que la leçon était terminée pour aujourd'hui et les accompagna au réfectoire, une salle au sol en terre battue avec des bancs et des tables. A l'une d'entre elles, un panda et un koala assis côte à côte, mangeaient pour l'un des pousses de bambous pour l'autre des feuilles d'eucalyptus. Inuyume montra à Lykandré des réfrigérateurs le long du mur où ils pouvaient se servir.
Après le repas, maître Komori conduisit l'homme loup jusqu'à sa chambre, une petite pièce qui comprenait une espèce de reconstruction d'un terrier d'un côté et de l'autre un lit en bois avec matelas, couette et oreiller. Une fois assuré que Lykandré était bien installé, maître Komori se retira. Inuyume dont la chambre était juste à côté, resta en revanche pour bavarder. Elle parla du refuge, de Bang et de Zack qui n'avaient pas vu les charmes de leur nouvelle situation, l'un parce que son maître lui manquait trop et l'autre parce qu'il considérait que ce n'était pas ça, être libre. Lykandré raconta sa vie dans l'appartement de Blacky, son enfermement chez M.Ritahoro et sa rencontre avec Méroé et Chveuil. Finalement, la chienne partit et Lykandré s'endormit. Il rêva qu'il courait après l'homme mouton, qu'il le rattrapait et enfonçait ses crocs dans la chair tendre de son cou blanc.

mercredi 28 septembre 2011

Lykandré - 76

– M.Trott, il vaut peut-être mieux ne pas trop en dire à ce loup, intervint M.Yurimohi.
– A cause de ses amis ? Je ne vois pas pourquoi. Il a quitté ses amis pour nous rejoindre et nous a prêtés allégeance. J'ose espérer qu'il n'aura pas la stupidité d'aller chanter sur les toits tout ce qu'il entend ici, n'est-ce pas, cher... Quel est ton nom ?
– Lykandré.
– Joli, glissa Mme Trott.
– Bref, Lykandré, pour en revenir à ma question, ne crois-tu pas que certains andromorphes de M.Ritahoro seront fâchés de changer de lieu de résidence et de maître ?
La question était différente de précédemment et cette fois Lykandré avait une réponse à apporter, même s'il était de plus en plus las d'être interrogé :
– Et bien... certains andromorphes collaborent avec M.Ritahoro de leur plein gré, mais ils ne sont à priori pas dans la salle commune.
– Cela serait étonnant qu'ils soient tous à part. Je parierai plutôt que certains espionnent la salle commune, ce qui nous fait de potentiels rebelles ensuite dans nos rangs.
– Je suis certaine que que tu seras capable de les subjuguer et de les transformer en loyaux compagnons, déclara Mme Trott en passant une main caressante sur la joue de son époux.
– Très vrai, ma chère. Et puis, ce sera peut-être l'unique fois de ma vie que je rencontrerai un autre lion andromorphe.
– Nous allons donc prolonger notre séjour au Japon ?
– Tout à fait. Ce sera amusant de prendre part à cette opération de sauvetage. Je n'ai plus si souvent que ça l'occasion de  mettre la main à la patte. Il ne nous reste plus qu'à planifier ça en détails, maintenant que je suis décidé. Retournons donc dans ton bureau, chère grenouille.
Comme M. et Mme Trott se tournaient pour quitter la pièce, Lykandré voulut les suivre, pensant qu'il devait les accompagner vu qu'il avait déjà beaucoup réfléchi à la manière de libérer les andromorphes achetés par M.Ritahoro. M.Yurimohi, d'un bond, se mit en travers du chemin de l'homme loup.
– Que crois-tu faire ? M.Trott, s'il avait jugé ta présence nécessaire, n'aurait pas manqué de te le faire savoir.
– Exact. Tu ferais mieux cher loup, de t'entraîner à te métamorphoser à la demande, si tu veux aider le jour J.
Lykandré les laissa partir sans plus insister. Il préférait de loin participer activement à la libération de Méroé, Chveuil et les autres que de discuter des heures durant sur les détails pratiques de l'opération de sauvetage.

mardi 27 septembre 2011

Lykandré - 75

Avec promptitude, maître Komori s'inclina devant le couple élégamment vêtu.
– Voici les deux dernières nouvelles recrues de la branche japonaise du groupe, M. et Mme Trott, déclara M.Yurimohi en désignant négligemment Inuyume et Lykandré.
L'homme loup ne fut pas surpris d'apprendre que M. et Mme Trott se trouvaient devant lui,  le couple dégageait une assurance et une aura majestueuse écrasante. Inuyume, intimidée, avait roulé sur le dos en signe de soumission. Lykandré était presque tenté de faire comme elle, mais il se retint. M. et Mme Trott devaient prouver leur valeur.
– Vous leur avez parlé des andromorphes enfermés chez M.Ritahoro ? demanda Lykandré.
M.Yurimohi ignora la question.
– Je suis désolé, M. et Mme Trott. Je crains que  ce loup ne manque de manières.
– Ce n'est pas très grave, déclara M.Trott, grand seigneur.
Puis se tournant vers Lykandré avec un sourire carnassier aux lèvres, il ajouta :
– M.Yurimohi nous a en effet mentionné ton désir de t'en prendre à M.Ritahoro. L'ennui vois-tu, c'est qu'il s'agit d'un homme influent qui risque de gêner nos affaires par la suite s'il découvre que nous sommes impliqués.
– Vous avez peur ? gronda Lykandré.
– Point du tout, mais tu ne crois pas que nous allons nous lancer dans une guerre ouverte avec M.Ritahoro juste pour tes beaux yeux, n'est-ce pas ? intervint M.Trott.
– Qu'as-tu à nous offrir pour compenser le manque à gagner que constitue cette opération ? enchérit M.Trott.
M. et Mme Trott raisonnaient de manière terriblement humaine, et Lykandré ne sut tout de suite quoi répondre. La seule chose qu'il avait à sa disposition, c'était lui-même.
– Vous aurez mon respect et mon entière obéissance, déclara-t-il finalement, en se couchant plus bas que terre.
– Techniquement, en joignant notre groupe, tu nous l'a déjà donnée, mais l'idée qu'un des derniers loups du Japon soit prêt à satisfaire le moindre de nos désirs à son charme, répliqua Mme Trott.
– Très vrai, ma chère, répondit M.Trott en passant un bras autour de la taille de sa femme. Lèche-moi le pied, ajouta-t-il à l'intention de l'homme loup.
Lykandré trouva la demande curieuse, mais il supposa que cela devait équivaloir à un geste quelconque de soumission. Se redressant légèrement, il se rapprocha de M. et Me Trott et vint appliquer un coup de langue sur le soulier noir vernis de M.Trott.
– Ce n'est pas pour rien qu'on dit que le lion est le roi des animaux, commenta Mme Trott avec un petit rire de gorge.
– Et un roi se doit de penser aux bien-êtres de ses sujets, compléta M.Trott avant de demander à Lykandré quel types d'animaux étaient enfermés chez M.Ritahoro.
Le loup, heureux que les choses prennent la direction qu'il souhaitait, répondit promptement :
– Il y a un mouton, un croisé entre un cheval et un écureuil, un lapin, une souris, une mygale, des poissons... et bien d'autres encore. Il y aussi possiblement un lion, bien que je ne l'ai pas vu.
– En bref, on trouve là-bas des éléments intéressants et d'autres plutôt négligeables... Toujours est-il que je serais curieux de voir ce cheval écureuil. Est-il du genre monstrueux ou peut-il passer pour un humain ?
– Chveuil ressemble beaucoup à un homme, excepté pour ses petites oreilles rousses et rondes et ses longs cheveux noirs.
– Penses-tu que tous ces andromorphes me seront reconnaissants de les avoir libéré et seront-ils prêts à entrer dans notre groupe ?
– Comme le saurais-je ? grommela Lykandré qui commençait à être agacé par toutes ces questions dont il ne voyait à quoi elles rimaient.
Emmeline et Bryan n'en avaient pas demandé la moitié pour accepter de l'aider !
M.Trott répliqua d'un ton cinglant :
– Tâche de mieux répondre ou je pourrais bien changer d'avis sur cette opération de libération, et ce, même si notre cher batracien m'a fait valoir tout à l'heure que les effectifs de notre cellule japonaise étaient dangereusement bas depuis que ces maudits épurateurs ont fait le ménage parmi nos rangs.
Maître Komori devint gris à la mention des fameux épurateurs. Sans savoir qui ces gens étaient au juste, Lykandré comprit qu'ils étaient synonymes de mauvaises nouvelles.

lundi 26 septembre 2011

Lykandré - 74

– C'est l'occasion de réviser tes leçons, Inuyume. Explique donc à ton ami, les bases d'une métamorphose maîtrisée telles que je te les ai apprises, exigea maître Komori.
La femme chien s'exécuta docilement comme Lykandré l'avait déjà vu tant de fois faire face aux ordres au laboratoire du docteur Nakahira, excepté que cette fois, elle n'agissait pas par peur des représailles, mais par respect pour son interlocuteur.
– La première règle de la transformation, c'est l'acceptation. La seconde, c'est la visualisation de la forme à laquelle on veut parvenir. La troisième, c'est l'accompagnement par la respiration. Et pour finir, il faut équilibrer le temps passé sous chacune de ses formes.
– Tu as bien retenu la théorie, il te te reste maintenant à y parvenir en pratique, déclara maître Komori.
Inuyume prit un air concentré, tentant sans doute de se transformer, mais rien ne se passa. Lykandré, lui, n'essaya pas, mais son corps décida pour lui. Ses poils fondirent et son museau se rétracta avec lenteur. L'homme chauve-souris ne fut pas dupe de la coïncidence.
– Ce n'était pas une métamorphose contrôlée.
Lykandré le reconnut volontiers, et bien que très intéressé par en savoir plus sur la manière de maîtriser ses métamorphoses, il demanda d'abord à Inuyume comment elle était arrivée ici.
– Au refuge, ils m'ont trouvé une famille d'accueil, un couple qui s'est révélé être des membres du groupe Trott. J'ai été un peu désorientée car les gens du refuge me les avaient présenté comme des humaines, mais au final, je suis très heureuse qu'il n'en soit rien. Ici, nous sommes comme une grande famille où tout le monde comprend ce que c'est d'osciller entre deux formes.
Lykandré trouva ça gênant que les gens du groupe Trott aient accueillis Inuyume en leur sein en trompant ceux du refuge, mais alors qu'il hésitait à partager son sentiment, maître Komori ramena la conversation sur les transformations.
– Je comprends que vous soyez contents de vous retrouver, mais vous aurez le temps de tout vous raconter plus tard. Pour l'heure, vous feriez mieux de vous entraîner à maîtriser vos métamorphoses afin de devenir des membres à part entière du groupe Trott.
– Je n'ai pas bien compris la manière de procéder, avoua Lykandré.
– C'est normal. C'est essentiellement une question d'entraînement, mais cela ne peut fonctionner qu'une fois qu'on a accepté la dualité de sa nature, qu'on a cessé de rejeter la part d'humanité en soi.
Ce qui était problématique vu que Lykandré n'avait jamais aimé perdre sa forme animale pour devenir une espèce d'humain... Et ce n'était pas ce qu'il avait vu des hommes qui l'avait amené à changer d'avis. En même temps, il avait à présent deux exemples d'humains sympathiques. Et Bryan en tant que garou, n'avait pas l'air de souffrir de changer de forme. Quand il regardait les choses sous cet angle, Lykandré se sentait plus en paix avec ses métamorphoses. L'accepter pleinement était cependant une autre histoire. Il tenta de se concentrer pour redevenir un loup, mais sans succès.
– La volonté seule ne suffit pas. Il faut aussi avoir passé un temps raisonnable sous chacune de ses formes. C'est cette nécessité qui explique qu'actuellement Inuyume comme toi passiez d'un état à l'autre sans pouvoir décider quoique ce soit, précisa maître Komori.
Inuyume venait tout juste de réussir à reprendre sa forme animale de manière contrôlée quand M.Yurimohi, l'air impassible comme à son habitude, entra dans la pièce en compagnie d'un homme et d'une femme aux cheveux flamboyants et aux yeux dorés.

vendredi 23 septembre 2011

Lykandré - 73

Avant qu'Emmeline ne fasse entrer Lykandré dans l'ascenseur, Colibri se posa brièvement sur le sommet du crâne du loup qui ne se déroba pas. Le perroquet revint ensuite sur l'épaule de sa maîtresse qui appela l'ascenseur et appuya sur le bouton pour le faire monter jusqu'au septième étage.
– A bientôt ! piailla Colibri tandis que les portes de l'ascenseur se refermaient sur le loup.
Espérant que le perroquet avait raison et qu'il les reverrait prochainement, Lykandré eut de nouveau la sensation désagréable d'être soulevé.
Quand les portes se rouvrirent, il quitta avec empressement la cage de l'ascenseur pour se retrouver dans un couloir pour le moins étonnant. Au sol, il n'y avait pas de ciment, de moquette ou de plancher, mais de la paille. Il flottait une agréable odeur de terre. La première porte à gauche où devait se trouver la fameuse structure d'accueil étant ouverte, Lykandré s'y engouffra.
Au milieu de la pièce dont tout le mur de droite était vitré se dressait une fontaine et, au bord de celle-ci, à côté d'une chauve-souris aux grandes oreilles, une jeune femme à la peau noire était assisse. Lykandré reconnut de suite Inuyume et il se précipita sur elle, se demandant comment il était possible qu'elle se trouve là alors que quelques jours plutôt, au refuge, la miss pas aimable lui avait affirmé qu'elle avait été adoptée par un couple de personnes âgés. La jeune femme poussa un cri de surprise en le voyant.
– Lykandré !
La chauve-souris changea alors de forme, se métamorphosant en l'espace de quelques secondes en un homme au teint pâle et aux cheveux gris.
– Tu connais la nouvelle recrue, Inuyume ? demanda-t-il.
– Oui. Il était enfermé au laboratoire du docteur Nakahira avec moi. Cependant, lui, n'avait pas voulu rester au refuge. Je ne pensais pas que nos chemins se croiseraient à nouveau, un jour. Surtout après mon adoption...
Lykandré essaya de demander comment cela faisait justement que la femme chien se retrouve là alors qu'elle avait été adoptée, mais ni Inuyume ni l'homme chauve-souris ne réussirent à comprendre ce qu'il cherchait à dire.
– J'ai l'impression que je vais devoir aussi t'apprendre à te métamorphoser quand tu le désires, déclara l'homme aux cheveux gris avec un sourire qui dévoila deux petites dents pointues.
– Tu vas voir, Lykandré, maître Komori se transforme à volonté, c'est magique ! s'exclama Inuyume.
L'homme chauve-souris, en l'espace d'un clin d'œil reprit sa forme animale, avant de basculer à nouveau vers sa forme humaine. C'était une chose que Lykandré n'avait jamais vraiment cru possible et il partagea instantanément l'admiration d'Inuyume pour maître Komori.

jeudi 22 septembre 2011

Lykandré - 72

– Je ne voulais pas qu'on se quitte fâchés, déclara Bryan d'entrée de jeu.
Rassuré sur ses intentions, le loup le gratifia d'un coup de langue amicale sur la main. Pour sa part, il n'avait jamais été furieux contre Bryan, juste déconcerté par son attitude.
– Peut-être sommes-nous dans l'erreur en pensant que le groupe Trott refusera que Lykandré reste en contact avec nous, intervint Emmeline.
– A mon avis, nous sommes dans le vrai, mais il est possible qu'ils n'aient rien à redire s'il me donne des nouvelles à moi, piailla Colibri.
– Nous verrons. Je suis juste venu dire à Lykandré que même si cela ne me fait pas plaisir qu'il joigne ce groupe d'andromorphes, il pouvait toujours compter sur moi, s'il avait besoin, répliqua Bryan.
Plus qu'un discours pour le convaincre de laisser tomber son idée d'entrer dans le groupe Trott, cette marque d'amitié du garou, introduit le doute dans l'esprit de Lykandré. Ne ferait-il pas mieux de rester auprès de gens sur lesquels il pouvait compter, quitte à ne tenter une opération sauvetage que d'envergure réduite plutôt que de tenter sa chance auprès d'inconnus dont il ne savait rien à part que c'étaient des andromorphes comme lui ?
En même temps, il avait pris sa décision et il aurait été couard de sa part de revenir dessus. 
Malgré tout, Lykandré continua à se poser des questions jusqu'à ce qu'il se retrouve dans le hall de l'immeuble du groupe Trott. Bryan ne les avait pas accompagnés jusque là, ayant déjà manqué une partie de sa matinée de travail. Il avait dit au revoir à Lykandré dans l'appartement d'Emmeline, se mettant en genoux pour nouer ses bras autour du cou du loup. Lykandré l'avait laissé faire, puisant du courage dans ce geste affectueux.
Emmeline, Colibri sur son épaule, s'avança vers le comptoir où la même femme qu'ils avaient vu trois jours plus tôt se tenait.
– Bonjour. Je ne sais pas si vous vous souvenez de nous, mais M.Yurimohi nous avait invité à revenir. Notre ami loup aimerait devenir un membre du groupe Trott.
– M.Yurimohi m'avait informée de votre éventuelle venue. Par contre, il est actuellement en réunion avec M. et Mme Trott et il ne pourra pas le recevoir de suite. Cependant, nous avons une structure d'accueil pour les nouveaux membres au 7ème étage, première porte à gauche en sortant de l'ascenseur.
– Pouvons-nous l'y accompagner ? demanda Colibri.
– Je regrette, mais cet espace est réservé aux membres. Vous serez aimable en revanche d'aider votre ami loup avec l'ascenseur.
– Mais... protesta le perroquet.
– C'est entendu, merci, coupa Emmeline en s'éloignant rapidement du comptoir.
Puis, à voix basse, à l'intention de Colibri, elle ajouta :
– Cela ne sert à rien de discuter. Elle ne va pas faire d'exception pour nous. Je ne sais pas quelle andromorphe elle est, mais elle n'a pas l'air d'être du genre à désobéir aux ordres.
Lykandré émit un jappement approbateur. Si son odorat ne le trompait pas, la femme de l'accueil était un corbeau. Ce n'était pas le genre d'oiseau qui s'en laissait compter.

mercredi 21 septembre 2011

Lykandré - 71

– Tu devrais téléphoner à Blacky pour lui expliquer, car j'ai bien peur qu'il n'ait mal pris la facilité avec laquelle tu es prêt à couper les ponts, dit Emmeline.
Un peu plus tard, elle coupa le moteur de sa voiture, car ils étaient arrivés à destination. Comme la jeune femme avait prévu une éventuelle transformation intempestive de Colibri ou Lykandré, elle avait emmené un sac avec deux peignoirs pour les rendre décents si besoin était. Elle en tendit donc un à l'homme loup qui enfila avec peine le peignoir jaune canari aux manches extra-larges et une paire de chaussons assortie avant de s'extirper de la voiture. Rendu malhabile par les bouts de tissus qu'il avait aux pieds, il dut s'appuyer à la jeune femme pour marcher debout.
L'appartement d'Emmeline était à la fois très semblable et très différent de celui de Bryan. Il était rempli d'objets désormais familiers à Lykandré, mais le sol était recouvert de bois clair et l'odeur qui y flottait était féminine. Cependant, la grosse différence tenait à la décoration : de nombreuses plantes égayaient les pièces et des arbres en pots disséminés un peu partout constituaient des perchoirs de choix pour le perroquet.

En compagnie d'Emmeline et de Colibri, les trois jours qui séparaient Lykandré de son entrée dans le groupe Trott passèrent très vite. Le perroquet était bavard et même quand Lykandré n'était pas en mesure de lui répondre de façon intelligible, il continuait à parler, n'hésitant pas à faire les questions et les réponses. Le loup aurait aimé que le perroquet entre avec lui dans le groupe Trott, mais Colibri avait expliqué ses raisons de ne pas le faire et Lykandré, durant son séjour, avait fini par comprendre. Emmeline avait beau être une humaine, elle traitait Colibri comme un égal et non pas comme un animal de compagnie qui lui aurait été inférieur. Elle était la preuve vivante que les humains, même non garou, n'étaient pas tous détestables. Mais Lykandré, lui, n'était pas amoureux d'elle. Il n'avait rien qui le retenait de joindre le groupe Trott.
Cependant, le jour où Emmeline devait reconduire Lykandré à l'immeuble du groupe Trott, Bryan débarqua dans l'appartement de la jeune femme alors même qu'il aurait dû être à son travail. Lykandré qui ne lui avait pas téléphoné comme Emmeline le lui avait conseillé parce qu'il n'avait pas vu en quoi cela changerait quelque chose, accueillit Bryan avec circonspection, se demandant si celui-ci était venu pour le faire revenir sur sa décision.

mardi 20 septembre 2011

Lykandré - 70

– Ils ne m'inspirent pas confiance. Je refuse d'appartenir à leur groupe. Je parie qu'ils ne voudraient pas que je continue à voir Emmeline, caqueta Colibri.
Lykandré aurait aimé le convaincre du contraire, mais M.Yurimohi avait été très clair sur le peu d'estime qu'il avait pour les humains et il coulait de source que s'ils devenaient des membres de cet étrange groupe, ils devraient arrêter de fréquenter Blacky et Emmeline, ce qui étaient bien mal leur rendre leur gentillesse... En même temps, ils n'avaient pas la capacité matérielle pour sauver les andromorphes qui souffraient des caprices de M.Ritahoro. Et ils ne pouvaient pas non plus leur apprendre à maîtriser leurs métamorphoses.
– Je pense que je vais pour ma part entrer dans le groupe Trott, annonça Lykandré.
– Si tu fais ça, tu vas te couper de nous, t'en rends-tu compte ? demanda Bryan en jetant un regard sombre à l'homme loup par l'intermédiaire du rétroviseur.
– Oui.
– Dans ces conditions, je préfère que tu quittes mon appartement d'office, déclara Bryan.
L'homme loup fronça les sourcils, ne comprenant pas la réaction du garou. Pourquoi voulait-il se débarrasser de lui au plus vite alors qu'il n'avait plus que quelques jours à vivre avec lui ?
– Dans ce cas, il peut venir chez nous ? piailla Colibri.
– Bien sûr. Surtout que si j'ai bien compris, cela ne serait que pour trois jours, répondit Emmeline.
– Chic, chic ! s'exclama le perroquet en sautillant gaiement sur la banquette arrière.
Entre l'attitude de Bryan et l'enthousiasme de Colibri, Lykandré n'eut d'autre choix que d'accepter l'invitation.
Cependant, une fois que la jeune femme eut déposé Bryan sur le trottoir devant chez lui, il se risqua à interroger à mi-voix Colibri :
– A ton avis, pourquoi a-t-il réagi comme ça ? Je n'avais pas l'impression qu'il était gêné de ma présence dans son appartement.
Le perroquet qui ne souciait pas que sa maîtresse entende, répondit d'un ton normal :
– C'est justement parce qu'il apprécie ta compagnie qu'il n'a pas envie de te garder plus longtemps. Moi, je comprends bien ta décision et si je n'avais pas Emmeline, j'aurais sans doute rejoint le groupe Trott malgré mon peu de sympathie pour M.Yurihomi.
– Je ne veux pas que tu te sentes prisonnier de moi, mon Colibri... intervint Emmeline, les mains crispées sur le volant de sa voiture.
– Ce n'est pas le cas. Ce que je voulais dire, c'est que, sans toi, je serais devenu un membre du groupe Trott dans l'espoir de faire libérer les andromorphes retenus contre leur gré. Et d'ailleurs, Lykandré, c'est bien la raison principale pour laquelle tu veux en faire parti, n'est-ce pas ?
– Oui.
L'autre raison, somme toute secondaire, car il n'y croyait pas vraiment, c'était cette histoire de maîtrise des transformations.

lundi 19 septembre 2011

Lykandré - 69

Le discours de M.Yurimohi déplut à Lykandré. Là où Blacky et Emmeline avaient accepté d'apporter leur aide sans contrepartie, le responsable de la cellule du groupe Trott au Japon mettait des conditions. Pire il admettait connaître l'existence de M.Ritahoro et semblait n'avoir jamais contrecarré ses agissements.
– Je ne sais pas ce que vous fabriquez dans votre groupe, mais je n'apprécie guère pas votre misanthropie, déclara Colibri.
– Nous ne détestons pas les humains, mais nous n'aimons pas les mêler à ce qui ne concerne que nous. Nous sommes par ailleurs obligés de traiter avec eux au quotidien et c'est déjà bien suffisant.
– Moi, ça ne m'intéresse pas, et toi, Lykandré ?
Le loup n'était pas certain. Appartenir à un groupe, c'était positif, mais l'organisation Trott avait l'air douteuse. En même temps, si cela pouvait favoriser son projet de libérer Méroé, Chveuil et tous les autres andromorphes emprisonnés chez M.Ritahoro, il était prêt à beaucoup de choses.
– Écoutez, vous n'avez qu'à réfléchir à ma proposition. Vous n'aurez qu'à venir me donner votre réponse dans trois jours. Et selon, je vous laisserai parler vous mêmes de votre projet à M. et Mme Trott.
– Faisons comme ça, répondit Colibri en quittant son perchoir.
D'un bond vif, M.Yurimohi se leva de son fauteuil et alla leur ouvrir la porte afin de leur permettre de quitter le bureau.
Alors que Lykandré en franchissait le seuil, Colibri voletant au-dessus de lui, M.Yurimohi se pencha et glissa à son oreille :
– Si tu nous rejoins, nous t'apprendrons à maîtriser tes métamorphoses.
Lykandré s'immobilisa un bref instant, se demandant s'il avait bien entendu, puis avança d'un pas et fut dans le couloir. Derrière lui, la porte claqua. Pas moyen d'en savoir plus.
Plutôt que de prendre l'ascenseur, ils passèrent par l'escalier - une nouveauté pour Lykandré qui arriva sur les fesses en bas des marches, provoquant les sourires amusés de Bryan et Emmeline.
Dès qu'ils eurent quitté l'immeuble du groupe Trott, Colibri s'empressa de rapporter les propos de M.Yurimohi à Bryan et Emmeline qui furent surpris. Ni l'un ni l'autre n'avaient imaginé que certains andromorphes se soient ainsi mêlés aux humains, allant jusqu'à former un groupe de cette envergure.
Dans la voiture, sur le chemin du retour, Lykandré se métamorphosa sur la banquette arrière et il put révéler l'ultime information que lui avait donné M.Yurimohi.
Une discussion animée s'ensuivit et ils pesèrent en long et en large leurs différentes options avant que Bryan ne conclut :
– Au final, soit vous ne les rejoignez pas et ils ne feront rien pour les andromorphes achetés par M.Ritahoro, ce qui nous ramène à notre problématique de départ. Soit vous entrez dans leur groupe, mais sans aucune garantie. Dans les deux cas, l'opération de sauvetage est mal engagée.

vendredi 16 septembre 2011

Lykandré - 68

– Pour être exact, je ne veux pas avoir à faire avec vous, mais si le loup et le perroquet ici présents acceptent que vous les attendiez en bas, dans le hall, je ferais part de plus de complaisance.
– Moi, je ne veux pas traiter avec un bonhomme qui refuse de discuter avec ma maîtresse sous prétexte qu'elle est humaine, protesta Colibri.
Cela ne gênait pas Lykandré. Seulement, tant qu'il était un loup, il ne pouvait pas faire la conversation. Il émit un jappement pour exprimer son embarras.
– Tu ne maîtrises pas le langage humain ? demanda  M.Yurimohi.
– Il comprend, mais ne peut pas parler sous cette forme, piailla Colibri.
– Il pourrait sans doute avec de l'entraînement, mais s'il ne sait pas sous cette forme, pourquoi ne se transforme-t-il pas, tout simplement ?
– Ce n'est pas comme si on avait notre mot à dire sur le moment où l'on se transforme ! s'exclama Colibri.
Pour la première fois depuis qu'ils étaient entrés dans la pièce, le visage de M.Yurimohi laissa transparaître un brin d'émotion et esquissa un très léger sourire.
– Vous êtes certains de ne pas vouloir bavarder avec moi en l'absence de vos compagnons humains ?
– Nous sommes d'accord pour nous éclipser, annonça Emmeline en poussant gentiment Colibri de son épaule. Dans la foulée, Bryan lâcha la laisse de Lykandré et sortit du bureau en même temps que la jeune femme.
Le perroquet voletant et grommelant, vint s'installer sur le crâne de Lykandré qui ne fut pas ravi d'être pris comme perchoir, mais ne le chassa pas afin de ne pas le froisser.
– En quoi aviez vous besoin qu'ils ne soient pas là, hein ? caqueta Colibri.
– C'est le règlement du groupe Trott. Pas de collaborateurs humains sous aucun prétexte, même s'ils sont garous.
– Vous êtes tous des andromorphes dans votre groupe ?
– Exact.
– Vous allez nous aider à libérer ceux qui sont prisonniers de M.Ritahoro ?
– Je me disais bien qu'il ne pouvait avoir que lui au Japon pour posséder tant des nôtres... A dire vrai, seul M.Trott en personne peut décider de ce genre d'opération, surtout quand il y a en face un tel personnage. Mais vous avez de la chance, M. et Mme Trott arriveront dans trois jours au Japon. Je leur soumettrai votre requête. En attendant, seriez-vous intéressés par rejoindre notre organisation ? Cela jouerait indubitablement en votre faveur pour que M. et Mme Trott accèdent à votre demande.

jeudi 15 septembre 2011

Lykandré - 67

La femme raccrocha et leur désigna des portes grises à leur droite.
– M.Yurimohi, vous attend au 4ème étage, dans le bureau juste en face de l'ascenseur. Vous pouvez monter.
Bryan ne chercha pas à discuter, prenant Emmeline par le bras, tirant Lykandré, il fonça à l'endroit indiqué. Là, il appuya sur un bouton avec une flèche et les portes s'ouvrirent en grand sur une minuscule pièce sans fenêtre éclairée d'une lumière blafarde. Lykandré rechigna à entrer dedans.
– C'est un ascenseur pas une prison, piailla Colibri pour l'encourager.
Lykandré s'y assit avec répugnance. Les portes se refermèrent avec un claquement sec et il se sentit comme soulevé. Ce fut horrible, mais bref. La cabine se figea et les portes se rouvrirent sur un couloir blanc avec une porte décorée d'une plaque dorée.
Bryan toqua et s'engouffra dans la pièce après qu'une voix étouffée les aient invités à entrer. M.Yurimohi, un homme aux cheveux verts et aux yeux dorés, vêtu d'un élégant costume noir, les bras croisés sur un bureau en chêne recouvert de hautes piles de papiers les accueillit avec un air impassible.
– Que me voulez-vous ?
Emmeline et Bryan se regardèrent. Ils avaient bien préparé un petit discours, mais n'avaient pas décidé qui le formulerait. Colibri en profita pour les devancer.
– On veut que vous nous aidiez à libérer une trentaine d'animaux qui se transforment en humains et qui sont enfermés contre leur gré par un sale type.
L'homme ne tiqua pas.
– Et pourquoi ferais-je ça ? répliqua-t-il d'un ton tranquille.
– Ne militez-vous pas pour les droits des animaux ? intervint Emmeline.
– C'est exact, mais vous autres les humains, vous ne vous considérez pas comme tel, me semble-t-il.
Cette déclaration confirma ce que le flair de Lykandré soupçonnait déjà : l'homme en face d'eux n'était pas un humain, mais un andromorphe.
– Faux. Nous faisons partis de ces gens qui considérons que l'homme est un animal comme un autre, déclara Bryan avec aplomb.
– C'est tout à votre honneur, mais cela ne suffit pas, rétorqua  M.Yurimohi.
– J'avais bien dit que j'avais été refoulée la dernière fois que je suis venue ici, souffla Emmeline à Bryan dont le visage s'était assombri.

mercredi 14 septembre 2011

Lykandré - 66

Il fut ainsi décidé que durant le week-end, ils se rendraient tous les quatre dans la ville d'à côté où était située la cellule du groupe Trott pour exposer leur affaire.
Lykandré trouva les trois jours qui séparait du week-end terriblement longs, mais il garda son ennui pour lui. En fait, il se débrouilla pour causer le moins de tracas possible à Bryan. C'était tout ce qu'il pouvait faire pour le remercier de son dévouement envers des andromorphes qui ne lui étaient rien.
Ce fut Emmeline qui les conduisit. Lykandré et Colibri, tout deux sous leur forme animale, étaient installés sur la banquette arrière tandis que Bryan était à l'avant. C'était la seconde fois que le loup se déplaçait sans bouger en voyant filer d'autres véhicules à travers la vitre et comme la première fois, cela lui plut.
Arrivés à destination, Lykandré se laissa mettre sans enthousiasme un collier et une laisse, et ils sortirent dans la rue en plein jour. Quelques têtes se tournèrent sur eux. Ils faut dire qu'ils formaient un groupe insolite entre Bryan, grand et barbu qui tenait Lykandré, un chien qui ressemblait furieusement à un loup et Emmeline toute petite à côté avec son perroquet au plumage bleu perché sur l'épaule.
– J'ai été refoulée dès l'accueil, murmura Emmeline alors qu'ils approchaient de la porte d'un immeuble étincelant sous le soleil automnal.
– Peut-être parce que tu n'avais pas d'animal avec toi, répondit Bryan.
– Tout cela ne m'inspire guère confiance, caqueta Colibri.
Ignorant le commentaire, Bryan poussa la porte, fit entrer Lykandré et se dirigea droit vers l'imposant comptoir en acacia de l'accueil. Emmeline, un peu en retrait, suivit le mouvement.
– Bonjour. Nous aimerions voir un responsable.
La femme aux cheveux et aux yeux noirs derrière le comptoir termina ce qu'elle faisait sur son ordinateur avant de répondre.
– Vous avez rendez-vous ?
– Non.
– Je crains alors que quelque soit le motif de votre visite, votre demande soit irrecevable.
Lykandré grogna, furieux à l'idée qu'ils soient venus pour rien et qu'ils repartent bredouille.
La femme de l'accueil  réagit à ce bruit. Elle se leva de sa chaise molletonnée et regarda par-dessus le comptoir.
– Je vois que vous êtes en bonne compagnie, dit-elle. Je vais essayer de joindre M.Yurimohi afin qu'il vous reçoive.
Sur ces mots, elle se rassit et prit l'élégant téléphone blanc qui trônait sur le comptoir, à gauche de l'ordinateur.
– M.Yurimohi ? Quatre personnes aimeraient vous rencontrer... Non, elles n'ont pas de rendez-vous... Oui, je sais que  vous êtes occupé et que vous n'avez pas de temps à perdre... Oui... Mais l'une d'entre elles est un loup... Je suis tout à fait capable de reconnaître un loup quand j'en vois un, oui... Bien, merci, monsieur.

mardi 13 septembre 2011

Lykandré - 65

– Je sais, soupira Emmeline. Pour les gens du refuge, je suis désormais une dangereuse zoophile... Pour être franche, j'en ai honte, mais j'aime Colibri depuis très longtemps. Je n'ai jamais eu l'intention de franchir le pas, mais il a appris tout un tas de choses au laboratoire où il a été enfermé et notre longue séparation m'a fait prendre conscience de toute la mesure de mon attachement.
– Notre attachement, corrigea le perroquet.
– Laissons ça de côté et rentrons dans le vif du sujet à présent, déclara Bryan d'un ton abrupt avant de donner tous les détails de leur projet de libérer une trentaine d'andromorphes, allant même jusqu'à rapporter les mises en garde des gérants du refuge.
– Je vois, conclut-elle. Si on sauve ces andromorphes, M.Ritahoro n'aura cesse de nous poursuivre jusqu'à ce qu'il nous ait fait payer notre impertinence. Ce qui implique de se faire discret ensuite.
– Oui, je crois que nous serons obligés de disparaître dans la nature après ça.
– Cela ne me pose pas vraiment de problème vu que je travaille de chez moi et que j'ai prévu de déménager très bientôt, car j'ai peur que les hommes qui ont kidnappé Colibri viennent me l'enlever, à nouveau, mais toi...
– Même si cela me coûte, je partirai d'ici et je me débrouillerai pour me faire muter dans mon travail, annonça Bryan.
Devant son air douloureux, Lykandré réalisa les implications d'un changement de logement pour lui. Cet appartement, c'était celui où il avait vécu avec Koro, la dernière chose qui le reliait à lui depuis sa disparition.
– Quatre pour libérer une trentaine d'andormorphes de je ne sais combien de gardiens, ce n'est pas quelque peu déséquilibré ? intervint Colibri qui lissait en silence ses plumes depuis le début des explications de Bryan.
– Si. Même avec l'idée de prendre en otage M.Ritahoro et de mettre tous les andromorphes dans un camion géant pour le transport... Il reste toujours le problème des andromorphes aquatiques qui ne pourront pas se déplacer sans leur aquarium et que faire d'eux ensuite. En d'autres termes, il nous faut en effet des renforts, mais on ne peut pas compter sur le refuge, répondit Lykandré.
– J'ai une idée pour qu'on obtienne de l'aide. Quand Colibri m'a été arrachée, j'ai remué ciel et terre pour le retrouver et je suis tombée sur la cellule d'un groupe. Le groupe Trott, je crois. Ils ont refusé d'entendre ma modeste requête, mais ils militent entre autres pour les droits des animaux et luttent contre les abandons.
– On ne perdra pas grand chose à aller demander, car dans l'état actuel des choses, si on agit juste tous les quatre, on ne pourra libérer plus d'une poignée d'andromorphes et encore sans aucune garantie de réussite, répliqua Bryan.

lundi 12 septembre 2011

Lykandré - 64

Le soir venu, il n'avait pas eu d'idée brillante. Quand il entendit la clef tourner dans la serrure, il se précipita dans l'entrée et eut la surprise d'y voir, en plus de Bryan, Emmeline et Colibri qui était perché sur l'épaule de sa maîtresse.
– Bonsoir, bonsoir ! Je suis bien content de te voir, piailla le perroquet en voletant vers l'homme loup.
– Quand j'ai eu Emmeline au téléphone, elle a de suite proposé de venir le soir même pour qu'on puisse discuter en toute tranquillité, expliqua Bryan tout en retirant ses chaussures.
– J'ai pensé que ce serait aussi simple vu que cette histoire de libération d'une trentaine d'andromorphes me semble pour le moins ardue, enchérit Emmeline en ôtant ses ballerines.
– Ce qui m'intrigue, moi, c'est de savoir comment tu t'es débrouillé pour te faire de nouveau attraper ! s'exclama Colibri.
– Je ne supportais pas la vie d'appartement, répondit Lykandré.
Le perroquet, après avoir regardé autour de lui, répliqua :
– Je ne comprends pas. Il est très bien cet appartement. Grand, avec tout le confort nécessaire. Il manque peut-être d'endroits sympathiques pour se percher, mais à part ça, je ne vois pas le problème.
– Mais tu n'as qu'à connu que ça, n'est-ce pas ? répliqua Lykandré.
Colibri qui était revenu se poser sur sa maîtresse pencha la tête sur le côté pour acquiescer.
– C'est le rejeton du couple de perroquets de mes grands-parents. Ils me l'ont offert pour mon dixième anniversaire et pendant des années, j'ai dû cacher à mes parents que mon oiseau de compagnie pouvait se transformer, précisa Emmeline.
– C'était amusant de jouer à cache-cache, mais je préfère maintenant, surtout depuis mon retour de cet affreux laboratoire, décréta Colibri.
– Qu'est-ce qu'il y a de différent ? demanda Lykandré.
– Nous sommes devenus un couple, répondit le perroquet en se rengorgeant comme un paon.
– Je t'avais demandé de ne pas en parler, gémit Emmeline, les joues empourprées.
– J'avais envie de le dire à mon ami. Lui montrer que les humaines peuvent être aussi des créatures dignes d'amour et lui faire part de mon bonheur, caqueta Colibri.
L'homme loup ne sut quoi dire. Aucun humain jusque là n'avait su vraiment trouver grâce à ses yeux, à part peut-être Bryan, mais c'était un loup-garou.
– Il n'empêche qu'il ne vaut mieux pas que les gens du refuge l'apprennent, commenta Bryan.

vendredi 9 septembre 2011

Lykandré - 63

Pendant le quart d'heure qu'il fallut au grand loup noir pour réapparaître, Lykandré et la miss ronchon se regardèrent en chiens de faïence. Blacky entraîna sans tarder Lykandré hors du refuge. Il était tard et il voulait rentrer au plus vite afin de pouvoir dormir quelques heures avant de partir travailler.
Sur le chemin du retour, il rapporta à Lykandré son échange avec les deux gérants du refuges. Il n'avait pas réussi à les convaincre de leur apporter leur aide, car ces derniers craignaient M.Ritahoro. Ils le connaissaient de réputation et savaient qu'ils étaient du genre rancunier. Ils avaient même cherché à le dissuader de s'attaquer à lui de façon aussi frontale. La seule bonne nouvelle était qu'il était parvenu à récupérer le numéro de téléphone et l'adresse d'Emmeline, ce qui leur permettrait de la contacter pour l'informer de leur projet.
Lykandré trouva que les deux rats garou faisaient preuve de lâcheté et d'illogisme. Il avaient ouvert un centre pour aider les animaux et les andromorphes, mais n'étaient pas vraiment prêts à s'attaquer à ceux qui les maltraitaient.
Le lendemain matin, s'étant métamorphosé, il fit part de son avis à Bryan qui essaya de le calmer :
– Ils veulent juste préserver ce qu'ils ont. Toi aussi, sur ton île, tu évitais de t'attaquer à plus fort que toi, non ?
C'était difficile de nier. Mais être prudent et être froussard étaient deux choses fort différentes.
– Je voudrais qu'on retourne au refuge pour parler aux andromorphes qui y résident. Je suis sûr que certains seront d'accord pour nous aider.
– Peut-être, mais c'est inutile. Les gérants ne veulent pas être mis en cause d'aucune façon que ce soit. Ils m'ont radié de leurs membres et nieront toute association avec moi s'ils sont interrogés. En gros, nous ne sommes plus les bienvenus là-bas. Et quand bien même, nous parlions aux andromorphes qui y vivent, les convainquant de se joindre à nous, ils n'auraient ensuite plus nulle part où aller. Ce qui m'amène à l'autre faille à ton plan... On ne peut pas libérer dans la ville tous ces andromorphes, car certains sont de dangereux prédateurs et ils ont une dent contre les hommes. Et de toute façon, on ne peut pas non plus laisser de gentils andromorphes herbivores se promener dans les rues. Ils pourraient se faire écraser ou bien risqueraient de se faire rattraper aussitôt.
Tout cela était vrai et Lykandré se sentit découragé. Mettre en application son plan de sauvetage était beaucoup plus complexe que prévu et il était presque tentant d'abandonner toute l'affaire. Seulement, il ne pouvait oublier Méroé et il voulait que Chveuil sache ce que c'était la liberté.
– N'existe-t-il pas d'autres refuges, d'autres structures semblables à celle des deux rats garou ?
– Je ne sais pas, mais c'est possible, oui. Je vais essayer de me renseigner. En attendant,  durant ma pause de midi, je trouverai un coin tranquille pour téléphoner à Emmeline. Ce qui me fait penser qu'il faut vraiment que j'y aille ou je vais être très en retard au travail.
Lykandré le regarda partir avec mélancolie, puis il se mit à se torturer la cervelle pour trouver des solutions. Il devait bien y avoir un moyen de sauver tout le monde.

jeudi 8 septembre 2011

Lykandré - 62

Quand Bryan rentra, Lykandré redevenu loup manifesta sa joie, les oreilles dressés et la langue pendante. Pendant que Bryan se mitonnait un petit plat, il avala à même le sac la viande fraîche que ce dernier avait ramené.
Ensuite, quand la lune eut transformé Bryan en Blacky, ils quittèrent l'appartement. Il y avait une bonne trotte jusqu'au refuge, mais Lykandré n'était pas fâché de se dégourdir les pattes, le nez au vent.
Arrivés à destination, ils furent accueillis fraîchement par la jeune femme qui s'était montrée mal aimable quelques semaines plus tôt.
– Je vous avais averti, alors maintenant pas la peine de venir nous demander d'aide ! s'exclama-t-elle en les voyant, sans même attendre qu'ils expliquent la raison de leur venue.
– Ce n'est pas... commença Blacky.
La jeune femme le coupa :
– Blacky, je t'avais prévenu que tu ne pourrais pas le ramener quand tu te rendrais compte des difficultés à t'occuper d'un andromorphe, alors ouste !
– Je n'ai jamais dit que je voulais me débarrasser de Lykandré comme on ramène au magasin un produit qui ne plaît pas. Nous venons demander si vous seriez à même de prendre part à une opération de sauvetage d'une trentaine d'andromorphes, riposta Blacky.
La jeune femme écarquilla les yeux.
– Autant ? Mais c'est impossible !
– Les gérants sont là ?
– Oui.
– Je peux les voir ?
– Toi, oui, car tu sais te tenir, mais pas ton ami. Il risquerait de les croquer en deux bouchées.
– Il a le ventre plein. Ce n'est pas deux gros rats  garou qui vont lui faire envie.
– J'ai mes instructions.
– Cela ne te dérange pas de m'attendre ici ? demanda Blacky en se tournant sur le loup assis à sa droite.
Lykandré poussa un bref aboiement. Cela ne le ravissait pas, mais il ferait avec. Blacky commença à s'éloigner, puis revint sur pas pour s'adresser à la jeune femme :
– Pendant mon absence, tu veux bien donner des nouvelles à Lykandré des andromorphes qui ont été libérés avec lui ?
La jeune femme grommela entre ses dents quelque chose d'incompréhensible avant d'acquiescer.
Blacky s'enfonça alors dans les profondeurs du bâtiment, laissant Lykandré seul avec la jeune femme peu commode.
– La chienne, Inuyume, a été adopté, il y a deux jours par un couple de personnages âgés. Zack est toujours ici, de même que Bang dont nous n'avons pas encore réussi à contacter le maître.
Le rapport était succinct et insatisfaisant.  Lykandré essaya de parler afin d'en savoir plus, mais le résultat fut inintelligible. Sa gueule de loup n'était pas faite pour produire des sons humains.
– Je ne sais pas ce que tu as baragouiné, mais je ne t'amènerai pas les voir. Il est tard et je ne peux pas quitter mon poste.
Lykandré émit un grognement déçu qui parut mettre la jeune femme mal à l'aise.
– Blacky devrait bientôt revenir, murmura-t-elle comme pour se rassurer.

mercredi 7 septembre 2011

Lykandré - 61

Le lendemain, peu avant l'heure où le réveil-matin de Blacky devait sonner, Lykandré émergea, toujours sous sa forme humaine. A ses côtés, le grand loup noir avait laissé place à Bryan. Dans son sommeil, il avait l'air vulnérable et fragile malgré sa carrure. L'homme loup se glissa hors du lit en douceur et se rendit aux toilettes. L'usage du siège percé était une chose qui ne lui avait pas manqué, mais il n'était pas question de contrarier Blacky.
Lykandré venait à peine de soulager sa vessie qu'il entendit le bruit aigu du réveil-matin en provenance dans la chambre. L'alarme perçante fut suivie d'un cri de Bryan :
– Lykandré ?!
L'homme loup s'empressa de retourner dans la chambre où Bryan nu et échevelé regardait autour de lui, l'air anxieux.
– Un problème ?
– Comme tu n'étais pas là, j'ai cru avoir rêvé ton retour, répliqua Bryan en soupirant.
– Je regrette d'avoir disparu sans prévenir comme je l'ai fait.
Sans le vouloir, il avait dans une moindre mesure fait revivre à Blacky la disparition de Koro.
– C'est de ma faute aussi. J'aurais dû réaliser que te garder enfermé, même sous prétexte de te protéger n'était pas une bonne idée. Je me sentais affreusement coupable, alors je suis bien soulagé que tu sois revenu.
– En comparaison avec une cage, je t'assure que ton appartement est merveilleux.
– Tant mieux, parce que tu vas devoir y passer encore plusieurs jours, voire même semaines, le temps qu'on mette au point notre mission de sauvetage. Ce soir, après le dîner, nous nous rendrons au refuge pour voir s'il y a moyen d'obtenir de l'aide. Je n'y crois pas trop, mais qui ne tente rien, n'a rien.
L'idée qu'il s'écoule des semaines avant que Chveuil, Méroé et les autres andromorphes soient libérés contraria Lykandré. Cependant, il ne trouva rien à y redire. Il était obligé d'admettre que toutes les fois où il avait agi impulsivement l'avaient conduit à des situations déplaisantes. Sa tentative désespérée pour libérer Azur sur l'île d'Inukotou, de même que de même que sa fuite irréfléchie de l'appartement de Bryan s'étaient en effet soldées par des emprisonnements.
– Au refuge, nous pourrons prendre des nouvelles de Bang, Inuyume et Zack ?
–Les autres andromorphes qui étaient enfermés avec toi au laboratoire ? Oui, bien sûr... J'essayerai aussi d'obtenir l'adresse d'Emmeline. Même si elle n'avait joint le centre que pour retrouver son perroquet, elle sera peut-être partante pour prendre part à notre affaire. Plus nous arriverons à convaincre de monde de participer, mieux ce sera.

Bien qu'il ait décidé de se montrer patient,  après le départ de Bryan pour le travail, Lykandré ne put s'empêcher de ronger son frein  C'était râlant d'être là, tranquille, à  ne rien faire, pendant que chez M.Ritahoro, d'horribles films étaient tournés. Il arpenta l'appartement, se rappropriant les lieux, sans cesser d'échafauder des plans pour libérer les andromorphes du joug de M.Ritahoro. Même si les gens du refuge refusaient de les aider, peut-être que les andromorphes qui y résidaient accepteraient.

Manga Yaoi en septembre 2011

Pour se consoler de l'été qui s'étiole et de la rentrée, une dizaine de sorties boy's love !


Chez Soleil, le 14 septembre :
Professor Strange Love Vol.3 de Chie Sasahara
Moins convaincue par le second tome que par le premier, je me procurai tout de même ce troisième volume, car l'aspect comédie pas prise de tête est très agréable. Et puis maintenant que le héros a admis qu'il aimait le professeur, il devrait y avoir du changement !




Chez Asuka,le 15 septembre :
In God's Arms Vol.2 de Yonezou Nekota : ayant lu des chapitres dans le Be x Boy, j'hésite pour acheter cette série en reliée car si j'adore le trait, je trouve les histoires trop tristounes...
Junjou Romantica Vol.5 de Shungiku Nakamura : l'éditeur américain ayant mis la clef sur la porte, j'attends que la version française rattrappe la version américaine, mais il y a encore du chemin à faire, ce qui va m'obliger à prendre mon mal en patience avant de retrouver notre écrivain adorateur des ours en peluche  et toute la clique...




Chez Taïfu Comics, fin septembre, pas moins de 5 titres, 2 nouveautés, une conclusion et 2 suites :
Acid Town Vol.1 de Kyuugou, un titre qui inugaure la collection Yaoi Blue de l'éditeur, c'est-à-dire une collection dédiée aux titres softs.
Little Butterfly Vol.1 de Hinako Takanaga : j'ai la version américaine et j'aime beaucoup l'atmosphère qui s'en dégage, bien que les personnages soient un peu clichés entre le petit joyeux aux cheveux clairs et le brun sombre à la famille antipathique.
Pure Heart Vol.3 de Hyouta Fujiyama (fin) : le volume 2 ayant corrigé les défauts du 1 où le uke se laissait maltraiter par le seme, vivement la conclusion !
Ze Vol.6 de Yuki Shimizu :  nous devrions y trouver la résolution, du moins je l'espère, de l'histoire de Moriya, le kami qui doit convaincre Ryûsei qui ne veut pas user de ses pouvoirs de devenir son maître kotodama.
Love Pistols Vol.6 de Tarako Kotobuki : un volume qui se sera fait attendre au Japon et donc également en France, toujours est-il que j'ai hâte de retrouver ces hommes qui peuvent tomber enceinte !






Côté pas vraiment yaoi, mais avec sous-entendus entre hommes, devraient sortir :
Silver Diamond Vol.14 de Shiho Sugiura chez Kazé
Lamonto Vol.1 de Suguro Chayamachi chez Soleil
Number 5 Vol.5 de Kawori Tsubaki chez Soleil



Total : 8,95€ (Soleil) + 15€ (Asuka) + 44,75€ (Taïfu Comics) + 22,4€ (sous-entendus) = 91,10€

mardi 6 septembre 2011

Lykandré - 60

L'homme loup sommeillait quand Blacky encore plus massif que dans son souvenir sauta sur le lit, juste à côté de lui.
– Lykandré ! Je n'en reviens pas ! Cette nuit encore, je te cherchais dans les rues sans trop y croire, car je me disais que tu avais dû être attrapé ou pire...
L'homme loup s'empressa de raconter l'essentiel de ce qui lui était arrivé et exposa dans la foulée son désir de libérer les autres andromorphes.
– Il n'y avait pas de garou chez ce M.Ritahoro ? s'enquit Blacky quand Lykandré eut fini, preuve qu'il ne désespérait pas de retrouver la trace Koro.
– Non, il ne me semble pas.
– Tant pis. Tu as eu beaucoup de chance dans ton malheur, aussi je t'admire de vouloir risquer ta liberté toute nouvellement retrouvée et je suis prêt à t'apporter mon aide, seulement je pense qu'à deux, nous n'arriverons à rien.
Lykandré qui avait réfléchi au problème, expliqua alors l'idée qu'il avait eue : si Blacky le ramenait là-bas pour le vendre, il suffirait de s'attaquer à M.Ritahoro à ce moment-là et de l'obliger à leur obéir en le menaçant.
Blacky objecta. Le plan était bancal. Ce n'était pas parce que la dernière fois M.Ritahoro s'était montré qu'il achetait forcément lui-même tous les andromorphes. Par ailleurs, l'opération ne pouvait avoir lieu que de jour puisqu'il se transformait la nuit, or, pour fuir, le couvert de l'obscurité était bien pratique. Et puis, même en ayant M.Ritahoro en otage, ils ne pouvaient décemment pas libérer autant d'andromorphes juste à deux, surtout ceux de nature aquatique qui avait besoin d'un transport particulier.
Réalisant qu'il avait raison, Lykandré grogna. Il n'avait pas pensé à tout cela, mais il n'avait pas pour autant envie de renoncer.
– Et les gens du refuge, ils n'accepteraient pas de participer ?  demanda-t-il.
– Le refuge a une capacité d'accueil limité et des moyens financiers réduits. Or, tu veux libérer des dizaines d'andromorphes.
Le grand loup noir termina sa phrase en bâillant à s'en décrocher la mâchoire et Lykandré se sentit coupable. Blacky avait dû sillonner les rues à sa recherche ces dernières nuits, rognant sur son sommeil.
– Nous pourrons continuer à discuter de tout ça demain.
Blacky approuva avec un soulagement évident. Toutefois, avant qu'ils ne s'endorment, Lykandré l'entendit murmurer :
– Cela serait bien si Koro pouvait réapparaître comme ça...

lundi 5 septembre 2011

Lykandré - 59

Les craintes de Lykandré se révélèrent infondées. Quand la camionnette s'arrêta à nouveau et que les portières s'ouvrirent, Jun lui ouvrit la porte de sa cage malgré son partenaire qui râlait parce qu'il ne prenait pas assez de précautions. Il craignait de façon très claire que l'homme loup ne les attaque pour se venger d'eux. Mais Lykandré ne voyait aucune raison de s'en prendre à eux alors qu'ils venaient de lui rendre service. Ils l'avaient amené juste devant l'immeuble où habitait Blacky. Bondissant hors de sa  prison, il les remercia.
– Comment vas-tu rentrer ? s 'inquiéta Jun.
– Il laisse toujours une fenêtre ouverte, répondit Lykandré.
– Pratique pour les voleurs, commenta Danno.
– Avant que l'on se sépare, prends cette carte. Dessus, il y a une adresse mail pour me contacter. Sûrement tu ne sais pas lire et tu ne vois pas de quoi je parle, mais ton ami devrait savoir.
Lykandré qui était à quatre pattes, tendit la main pour la prendre. Il n'avait en effet aucune idée de ce qu'était une adresse mail et n'avait que de très vagues notions d'écriture, mais il était certain que Blacky comprendrait cette histoire de mail.
– Pourriez-vous également m'écrire où se trouvent l'île d'Inukotou et l'immeuble de M.Ritahoro ? demanda Lykandré.
– T'as pas le sentiment de pousser le bouchon un peu loin ? répliqua Danno.
Le brun indifférent au mécontentement de son partenaire, repartit vers la camionnette et récupéra un cahier qu'il tendit à l'homme loup.
– Tu trouveras les informations que tu demandes là-dedans. J'y ai noté ce dont nous avions besoin pour te libérer et te ramener sur ton île. De toute façon, si tu as besoin de quelque chose d'autre, t'as le mail.
– Merci.
Encombré par la carte et le cahier, Lykandré se résigna à se mettre debout.
– On ferait mieux de se grouiller maintenant, déclara Danno en tirant son compagnon par le bras.
Faisant un petit signe de la main à l'homme loup, Jun se laissa entraîner à l'avant de la camionnette. Lykandré n'attendit pas que leur véhicule démarre. D'une démarche mal assurée, il gagna l'appartement de Blacky où il put déposer la carte et le cahier et se remettre à quatre pattes. Un rapide tour des lieux lui permit de se rendre compte que le garou n'était pas encore revenu de sa promenade nocturne. En l'attendant, Lykandré fit un tour dans le réfrigérateur où il dégotta un reste de poisson qu'il avala. Ensuite, il alla faire trempette dans la baignoire et enfin, comme Blacky n'était toujours pas revenu, Lykandré s'installa dans le lit sous la couette. Être libre de ses mouvements, décider quand il voulait manger, était vraiment agréable. Et, bientôt, si tout se passait comme il le souhaitait, Chveuil, Méroé et les autres andromorphes pourraient aussi savourer ce bonheur.

vendredi 2 septembre 2011

Lykandré - 58

– Je ne vois pas pourquoi je serais le seul à recouvrer ma liberté.
Jun grimaça et soupira.
– C'est vrai. De toute façon, je n'ai pas à t'empêcher de faire ce que tu veux. C'était pas le but de la manœuvre en te récupérant. J'ai plus qu'à prévenir Danno du changement de destination.
Le brun se faufila jusqu'au fond de la camionnette et tapa de façon répétée sur la paroi. En réponse, il y eu d'autres coups et une minute plus tard le véhicule s'arrêta.
A son tour, Danno monta à l'arrière de la camionnette.
– C'est quoi ce bordel ? demanda-t-il.
Jun lui expliqua en quelques mots. Danno poussa un juron.
– Fais pas la gueule. C'est son droit, répondit Jun.
– Tu nous a foutu dans une belle galère... Encore un peu et tu vas me proposer qu'on lui file un coup de main pour libérer tous ses petits copains. Mais c'est à M.Ritahoro qu'on a à faire, pas un enfant de chœur.
– Ouais, t'as bien deviné, j'aurais aimé qu'on participe, même si c'était stupide. Mais je sais qu'on pourra pas.
– Et c'est tant mieux. Notre job à nous, c'est de capturer des andromorphes. On nous paye pour ça, pas jouer les amis des bêtes.
– C'est vrai. Mais si ma mémoire m'emberlificote pas, je suis un demi-andromorphe, alors, je m'interroge...
– Elle est dure à avaler cette couleuvre !
– J'y peux rien, c'est comme ça. J'ai pas demandé à me souvenir !
Lykandré qui n'avait pas pipé mot depuis le début de l'houleux échange, intervint :
– Vous feriez mieux de discuter de tout ça plus tard. Quand je serais hors de ma cage, en sécurité chez mon ami.
– Il a raison, répliqua Jun. C'est pas le moment de palabrer. On risque de se faire rattraper par les mecs du labo.
– Ouais, et ça se serait une belle merde. Alors, c'est parti pour déposer notre andromorphe là où il veut. Mais toi, tu viens avec moi à l'avant, faut qu'on cause.
Jun accepta et Lykandré se retrouva seul à l'arrière de la camionnette qui redémarra en trombe. Une part de l'homme loup ne pouvait s'empêcher de craindre que la discussion tourne à son désavantage. Tant qu'il était enfermé, il ne pouvait rien faire si Jun et Danno changeaient d'avis. Il n'avait plus qu'à espérer qu'ils le déposeraient bien chez Blacky, de préférence en lui donnant des indications pour qu'il puisse rentrer un jour sur son île.

jeudi 1 septembre 2011

Lykandré - 57

Cette pensée fit réaliser à Lykandré qu'il ne voulait plus rentrer sur son île ou plutôt pas tout de suite. Il n'avait pas envie de retourner à sa vie paisible en sachant que d'autres créatures affligées de la même tare que lui souffraient, prisonniers d'endroits où ils étaient maltraités. Quand Blacky les avait libérés du laboratoire du docteur Nakahira, Lykandré n'avait pas imaginé qu'il existait d'autres endroits semblables à celui-là. La majeure partie des andromorphes qui y étaient enfermés s'en étant échappé avec lui, il avait mis le problème derrière lui comme une parenthèse cauchemardesque. Mais là, c'était différent. Il savait que les andromorphes possédés par M.Ritahoro étaient tous en sursis, tous à la merci de ses caprices créatifs et d'un public avide d'images chocs. Il fallait qu'il les libère. Au moins Méroé et Chveuil. Il ne restait plus qu'à attendre sa prochaine métamorphose pour exposer son désir à Jun. Le jeune homme brun n'allait sûrement pas lui apporter son aide, mais il fallait au moins éviter que lui et son compagnon ne le reconduisent jusqu'à l'île d'Inukotou. Au lieu de ça, il lui demanderait de se rendre à l'appartement de Blacky dont il avait retenu l'adresse à défaut de connaître le chemin pour s'y rendre et insisterait pour qu'il lui révèle la localisation de l'immeuble de M.Ritahoro.
Comme si son corps avait entendu le désir de son esprit qu'il se transforme pour être à même de discuter avec Jun, les poils de Lykandré se rétractèrent, fondant pour devenir une peau brune et lisse.
– Je veux être reconduit chez la personne qui m'a permis de me sauver du laboratoire, annonça-t-il d'une voix rocailleuse alors que sa bouche humaine venait tout juste de se former.
– La vache, tu causes bien ! s'exclama Jun.
Sans se soucier du commentaire, Lykandré exposa ce qu'il voulait faire. Au fur et à mesure, Jun fronça les sourcils.
– T'as pas entendu ce que j'ai dit ? A deux, s'attaquer à M.Ritahoro est de la folie. Entrer dans un labo scientifique, c'est compliqué, mais M.Ritahoro, c'est le niveau supérieur. Les types qui gardent la place ne sont pas des intellos pour la majorité, mais des mecs tout en muscles.
– Ça, c'est mon problème.
– C'est vrai, mais ça me ferait chier que tu te fasses reprendre après que je me sois cassé le cul, au propre comme au figuré, à convaincre Danno de m'aider à te libérer, s'écria Jun.
Le souvenir de Danno pénétrant les fesses du brun retraversa brièvement l'esprit de Lykandré et il lui sembla que c'était une bien étrange manière de persuader quelqu'un.