mercredi 30 septembre 2020

Comme les doigts de la main - 13

— Comment ça marche exactement la purification d’une zone ? Comment vous êtes capables de repérer les coins à traiter ? demanda Blaise, rebondissant sur ce que Marin avait dit un peu plus tôt.
Le brun commença à expliquer la façon dont leurs sens sur-développés entraient en jeu pour la localisation et leur élément pour le nettoyage avant que Céleste, comme d’habitude, ne le coupe.
Blaise s’en agaça ouvertement. Il avait besoin de toutes ses informations.
— Pourquoi tu ne le laisses jamais finir ses explications ?
— Parce que c’est barbant et que Marin se prend pour le Schtroumpf à lunettes !
— Cela m’intéresse. Tout est nouveau pour moi. C’est plutôt toi qui est pénible à jouer les petits chefs !
Céleste leva les yeux au ciel.
— J’aurais dû m’en douter que tu étais un des ces gars sans cervelle qui croit que seuls les « vrais » hommes, les grands et musclés, sont à même de diriger.
— Je ne…
— J’en ai assez entendu, coupa Céleste et il s’éloigna sur le champ d’un pas rapide.
Gaïus le suivit, le rattrapa en quelques enjambées, mais ils poursuivirent ensemble leur chemin jusqu’à la maison.
Blaise en éprouva une bouffée de jalousie absurde. Céleste n’était pas son type, et Gaïus non plus. Il avait sucé le premier et avait été baisé par le second, mais cela ne voulait rien dire. Cela avait été juste du sexe, comme avec tous ses coups d’un soir, la fusion bizarre en plus.
— Ils sont en couple ?
La question lui avait échappé.
— Non, mais ils sont amis d’enfance et toujours fourrés ensemble, répondit Marin.
— Certes, mais si j’ai bien compris, ils ne sont pas vraiment compatibles au lit. Ils sont tous les deux du genre actif. Tout l’inverse de moi ! dit Huo.
— Nous sommes tous célibataires et c’est aussi bien pour le moment parce qu’avec l’histoire de mélange de fluides, pas moyen d’être fidèle à un partenaire, déclara doctement Marin.
Il était d’un sérieux à la limite du glacial. Blaise pouvait comprendre que cela fatigue Céleste, ce qui n’excusait tout de même pas tout.
Le blond avait été dans sa tête et aurait pu et dû savoir que Blaise n’était pas bourré de préjugés.
— Nous devrions nettoyer une zone contaminée pour montrer à Blaise comment procéder, annonça Huo, sautant pour ainsi dire du coq à l’âne.
— Ce n’est pas prudent sans Céleste et Gaïus.
— Allons, Marin, sois cool, quelles sont les probabilités que nous tombions sur un des minions du Vide ? Et puis, au pire, nous serons trois, tout à fait à même de nous défendre !
— Blaise ne maîtrise pas encore ses pouvoirs, objecta le brun.
C’était exact, bien que vexant.
Blaise appuya toutefois la demande de Huo et Marin finit par céder.

mardi 29 septembre 2020

Comme les doigts de la main - 12

Les mains de Huo étaient brûlantes contre les siennes.
La transformation se produisit plus vite et Huo se métamorphosa en tigre. Cependant, loin de se montrer menaçant, l’imposant félin frotta sa grosse tête contre la cuisse de Blaise.
Sans réfléchir, Blaise lui caressa la tête en retour. Huo redevint lui-même, excepté qu’à présent, il était à quatre pattes. Ses vêtements étaient toujours là. De façon surprenante, ils n’avaient pas souffert du passage d’homme à animal. Blaise se surprit à le regretter.
— Maintenant, nous savons comment tu peux nous rendre notre apparence. A mon tour, décréta Céleste.
Qu’est-ce qu’il était autoritaire et dominateur sous ses airs angéliques ! Le contraste était bizarrement sexy.
Blaise, après avoir aidé Huo à se remettre debout, s’exécuta et Céleste se changea en une magnifique chouette blanche qui s’envola aussitôt, puis atterrit en hululant au pied de Blaise.
Sans certitude, Blaise supposa que Céleste voulait reprendre forme humaine. Il passa une main hésitante sur les plumes duveteuses et la chouette au plumage neigeux fut à nouveau un blond jeune homme aux yeux bleus.
— Tu devrais aussi t’occuper de Gaïus, dit-il.
Se répétant que le colosse n’était pas plus dangereux qu’un immense ours en peluche, Blaise s’approcha, tâta la fourrure du gros animal.
Céleste se précipita vers le colosse barbu dès que la magie eut opérée.
— Ça va ? C’était bizarre, n’est-ce pas ?
Gaïus acquiesça, puis haussa les épaules. Il devait juger qu’ils n’étaient pas à une bizarrerie près.
— C’était surtout trop cool ! s’exclama Huo.
C’était son cheerleader personnel. Il était adorable.
— Cela va être plus pratique pour assainir kes zones teintées par le Vide, déclara Marin. Veux-tu bien me transformer aussi ? Ajouta-t-il.
Blaise hocha la tête. Il était curieux de voir en quel animal le brun allait être changé.
Cela se révéla être un splendide dauphin dont Blaise de dépêcha de caresser une nageoire de peur qu’il ne manque d’air avant de se rappeler que les dauphins respiraient justement hors de l’eau.
Le pauvre Marin se retrouva étendu face contre terre, le nez dans l’herbe.
Avant que Blaise n’ait pu lui tendre une main secourable, Marin roula sur le côté et se remit debout seul.
Il faut dire que Blaise était fatigué. Utiliser son pouvoir coûtait à priori de l’énergie.

lundi 28 septembre 2020

Comme les doigts de la main - 11

 Comme Blaise demeurait embarrassé, immobile et muet, le colosse fut dans son espace en deux enjambées et lui prit les mains.
Elles étaient plus larges que celles de Blaise, plus douces et chaudes.
— Que…
— Excellente idée,Gaïus ! Le bout des doigts  est l’endroit le plus sensible de notre corps. Si vous les superposez, il y a des choses que le pouvoir de Blaise se déclenche…
Comment Marin avait-il pu deviner les intentions du barbu ? C’était un mystère de plus. Faute de savoir quoi faire, Blaise plaqua ses paumes contre celles de Gaïus.
Le colosse demeura de marbre, ses yeux noisettes comme ses cheveux ne reflétant pas la moindre émotion.
Blaise grimaça. Il se sentait ridicule. Et troublé.
Ne voulant pas donner l’impression de renoncer trop vite, il se força à maintenir le contact.
Rien n’allait se passer, songeait-il encore, quand tout à coup, il se rendit compte que la barbe de Gaïus s’étoffait, ses cheveux poussaient, toute sa pilosité s’emballait. L’homme déjà grand et massif gagnait en taille. Blaise faillit lâcher.
— Ne bouge pas, lui intima Céleste, comme s’il avait deviné son intention.
Gaïus se transformait à vue d’œil. Tout son corps changeait, ses os craquants, son visage se déformant. Il se recouvrit de fourrure et laissa place à un immense ours brun.
Blaise recula, intimidé. La rupture de contact ne brisa pas la métamorphose.
Huo se frotta les mains.
— Ton pouvoir est chouette ! Ou devrais-je dire, ours ? Vas-y, fais pareil pour moi. Je me demande en quoi je vais me transformer… Même animal que Gaïus, un autre… ?
— Vous croyez qu’il est toujours lui-même ? demanda Blaise, ignorant pour le moment le rouquin.
L’ours semblait calme, mais quand même cette magie dont il était priori à l’origine, c’était bizarre.
— Oui, autrement, il nous aurait déjà attaqué, affirma Marin.
— Je dois faire quelque chose pour qu’il redevienne lui-même ? s’inquiéta Blaise.
— Deux choses l’une, soit l’effet va s’arrêter de lui-même, soit tu vas devoir le toucher, paumes contre pattes ou quelque chose dans ce goût-là, répondit Marin.
Huo rejoignit Blaise et lui attrapa les mains.
— Allez, occupe-toi de moi, s’il-te-plaît ! s’écria-t-il en battant des cils.
Il avait un côté sale gosse plutôt amusant. Son insouciance avait par ailleurs quelque chose de rassurant. Il n’avait pas peur des conséquences du pouvoir non maîtrisé de Blaise.

dimanche 27 septembre 2020

Le fée féminin - 78 (fin)

Chaque matin, Séveric insufflait un peu de son énergie magique à Xavy et immanquablement, ils faisaient l’amour après. C’était une façon délicieuse de commencer la journée. Cela ne palliait pas tout à fait à la fragilité de Xavy, mais cela aidait, de même que leur nouvelle localisation.
Ils habitaient en effet désormais un joli petit chalet perché sur une montagne au beau milieu de la forêt.
Ils étaient confortables, dans leur bulle, ce qui ne les empêchait de recevoir de temps à autres des visiteurs : Wycka et sa compagne, Zibulinion et Relhnad, ou encore Chazz et sa conquête du moment.
A force de tâtonnements, Séveric avait par ailleurs fini par trouvé une potion renforçant les défenses immunitaires de Xavy.
Entre ça, la magie et le bon air, son adorable fée pouvait voler dans le ciel bleu sous le couvert d’un sort d’invisibilité – même s’ils étaient isolés, ils devaient faire attention aux humains qui n’étaient pas dans le secret de l’existence de la magie.
Xavy avait achevé ses études de fée au chalet et depuis, contribuait largement à la fabrication de potions comme il en avait émis le désir. Il participait aussi bien à la récolte des ingrédients qu’à leur séchage, coupage, broyage et cuisson.  A eux deux, ils obtenaient des remèdes redoutablement efficaces que les apothicaires s’arrachaient. Il faut dire qu’ils réunissaient deux magies, la féerie et la sorcellerie, et surtout, ils étaient confectionnés avec amour, le meilleur des ingrédients.
 
FIN

samedi 26 septembre 2020

Le fée féminin - 77

 — Alors, comment te sens-tu ?
— Excité.
— Moi aussi… Mais ta forme ?
— Bien meilleure.
Alors qu’il s’était démené dans le laboratoire, il n’éprouvait pas le besoin de se coucher pour reprendre des forces.
Séveric l’embrassa avant de lui murmurer au creux de l’oreille où il avait envie de glisser son doigt mouillé de salive.
Le pénis déjà bien éveillé de Xavy se raidit davantage.
— C’est possible ça ?
Xavy était vraiment ignorant en ce qui concernait le sexe et aurait pu se sentir bête, s’il n’avait pas réalisé entre temps que, loin de déranger Séveric, cela lui plaisait de l’initier.
— Je peux aussi m’en servir pour me préparer moi.
— Peu m’importe qui est à l’intérieur de qui, du moment que nous sommes unis, déclara Xavy.
Séveric hocha la tête, un sourire flottant sur ses lèvres. Comme pour beaucoup de choses, ils avaient là-dessus aussi la même opinion.
Ils s’explorèrent mutuellement à grands renforts de langues et de doigts et s’emboîtèrent l’un dans l’autre comme deux pièces de puzzle.
Face à l’intense plaisir, Xavy lévita dans les airs sans presque s’en rendre compte, emportant Séveric avec lui, avant de retomber sur le matelas. Ils s’embrassèrent en riant. Oui, Xavy débordait d’énergie.
— Tu veux faire un tour dehors ?
— Plus tard.
Xavy était trop bien allongé sur son sorcier. Il n’y avait plus rien pour ternir son bonheur : tout était plus ou moins réglé avec le Comité, et il n’allait pas être contraint de passer ses journées à dormir entre quatre murs.
Xavy en avait bavé jusque là, mais sa vie avait pris un tour pour le meilleur depuis que Séveric   l’avait sauvé des griffes de ses parents.
Après moult baisers et caresses, ils finirent par aller se promener, main dans la main dans la rue.
Xavy ne tarda hélas pas à tousser comme un perdu, les obligeant à vite rentrer. C’était décevant, un cuisant rappel de ce que Xavy savait depuis toujours : même la magie avait ses limites.
— Nous devrions déménager, annonça Séveric, une fois qu’ils furent de retour chez lui.
— Hein ?
— Les sorties aggravent ton état. Tu me l’avais déjà dit.
Xavy acquiesça.
— Comme nous savons maintenant que tu es 100 % fée, on peut supposer que tu serais mieux en pleine nature plutôt qu’en ville où c’est très pollué.
C’était une hypothèse encourageante.
— Ce ne serait pas pratique pour toi pour vendre tes potions, objecta malgré tout Xavy.
— Cela resterait possible et nous y serions plus tranquilles dans la mesure où notre relation risque de ne pas faire l’unanimité auprès des autres fées et sorcières.
C’était un excellent argument qui donnait envie d’accepter, excepté que Xavy se sentait coupable.
— Je bouleverse vraiment les moindres aspects de ton existence…
— En bien, mon joli Colibri. Je me suis toujours senti en marge de mes pairs et grâce à toi, je ne suis plus seul.
C’était également vrai pour Xavy.
Et, même s’il n’aurait sans doute jamais une santé parfaite, il avait au moins Séveric à ses côtés pour partager son quotidien. Sa joie retrouvée,  Xavy pressa ses lèvres contre celles de son sorcier.

vendredi 25 septembre 2020

Le fée féminin - 76

— J’ai peut-être une solution pour toi. Je ne suis pas certain que cela marche, mais Séveric pourrait t’insuffler de sa magie pour te donner de l’énergie.
— Comment pourrais-je faire ça ? demanda aussitôt Séveric.
Zibulinion lui expliqua, en rougissant, la manière de procédé : Séveric aurait à glisser un doigt dans la bouche de Xavy et devrait ensuite « pousser » sa magie à l’intérieur.
— Si cela fonctionne, tu pourrais finir tes études à Valeiage, conclut
Zibulinion.
— Je ne sais pas… Je préférerai rester avec Séveric et l’aider à faire ses potions.
Tout tolérant que le professeur de sorts soit envers les sorcières, Xavy réalisa avec un temps de retard qu’il aurait dû garder ça pour lui. Et ce d’autant plus qu’il n’avait même pas eu le temps d’en discuter avec Séveric. Il faut dire qu’il ne s’était rendu compte que c’était possible avant que le sorcier ne l’invite à participer le matin même.
Zibulinion écarquilla ses yeux de chouette, puis un sourire se dessina sur son visage rond.
— Tu ferais mieux de ne pas le crier sur les toits. A mon avis, le monde n’est pas prêt.
— Tu pourrais toujours faire après avoir achevé ta onzième et douzième année, avança Séveric. Mais de toute façon, impossible de décider quoique ce soit avant d’avoir testé votre solution.
Zibulinion opina.
— Enfin, quoiqu’il arrive, Xavy pourra toujours achever de s’instruire à distance comme il l’a fait pendant des années. Je vais vous laisser tranquille pour le moment.
Ils lui dirent au revoir et Zibulinion se téléporta. Ils étaient à nouveau seuls avec pas mal de choses à digérer.
— Quand veux-tu tenter ? demanda Séveric.
— Maintenant.
Si cela ne fonctionnait pas, plutôt que de nourrir de faux espoirs, mieux valait le savoir de suite.
Ils se tournèrent l’un vers l’autre. Séveric glissa  son index dans la bouche de Xavy, ses yeux violets brillant d’une intensité troublante.
Xavy se retint d’aspirer complètement le doigt. La situation l’excitait, lui donnant envie de sucer le pénis du sorcier jusqu’à avaler sa semence.
Un flot d’énergie se déversa en lui, se répandant dans les moindres recoin de son corps jusqu’à la pointe de ses ailes, le pénétrant en profondeur. C’était grisant. Orgasmique.
Xavy gémit. Séveric retira lentement son doigt.

jeudi 24 septembre 2020

Le fée féminin - 75

— Le Comité des fées a contacté les sorcières doyennes au sujet de ton agression et surtout de l’attitude de la directrice de Daroilak et des familles des coupables face à celle-ci. Les doyennes veulent bien sûr confirmer avec vous Monsieur Reptim comment les choses se sont déroulées, mais elles sont décidées à punir les jeunes sorcières ayant fauté ainsi que les personnes ayant cautionné leurs actes. Elles vont rappeler à toutes les sorcières qu’elles possèdent de tout un arsenal de malédictions à leur disposition dont elles n’hésiteront pas à utiliser sur quiconque se croyant au-dessus des lois actuelles. Les doyennes ont à cœur de maintenir la paix avec nous.
C’était une bonne nouvelle, car depuis le début,  être la cause indirecte d’une dégradation de la relative entente qu’avaient trouvé sorcières et fées était ce qui inquiétait Xavy.
Que les sorcières qui s’en étaient pris à lui soient punies n’avait que peu d’importance pour lui. Cela n’effacerait pas les cauchemars qu’il faisait encore. Il était toutefois résolu à mettre l’affreux épisode derrière lui. Avoir Séveric à ses côtés l’y aidait.
— Je ferais ce qu’il faut, déclara Séveric.
— Bien. Sinon, en ce qui concerne tes parents, Xavy, le Comité a jugé ton père coupable de maltraitante et ta mère de négligence.
Xavy retint son souffle. Il ne souhaitait pas à avoir à témoigner contre eux. Il ne voulait plus les revoir. Ils l’avaient trop fait souffrir.
Zibulinion continua :
— Suite à mon rapport sur l’état de ton aile, ton père va être privé de ses pouvoirs pour une année complète et ta mère devra réaliser des travaux d’intérêts généraux. Leur procès a autrement mis en lumière une pratique regrettable : le purisme. Ton père comme ta mère font ainsi partie de lignées de fées jugeant que s’unir à des humains nuit à la pureté de la race avec l’idée que la magie s’étiolerait ou se ternirait. Très peu de fées ayant cette opinion, à mesure que le temps passe, le nombre de fées diminuant, les cas de consanguinité augmentent. Et je pense que cela explique tes problèmes de santé.
Il y avait un côté drôlement ironique à l’affaire.  Pour avoir désiré mettre au monde un pur fée, ses parents avait obtenu Xavy qui en était à peine un, son énergie magique ridiculement basse.
Xavy sentit les larmes lui monter aux yeux. Séveric pressa un baiser tendre sur le coin de ses lèvres, lui permettant d’éviter d'éclater en sanglots.

mercredi 23 septembre 2020

Le fée féminin - 74

Quand il rouvrit les yeux, c’était le matin. Lapilune bondit sur le lit pour le saluer. Xavy se leva, s’habilla, s’occupa de nourrir son lapin et sortit de la chambre.
Séveric n’étant ni dans le salon ni dans la cuisine ni dans la salle de bains, il poussa la porte du laboratoire.
Le sorcier tournait une louche dans le gros chaudron sous laquelle des flammes crépitaient, l’air fort concentré.
Xavy s’apprêtait à faire marche-arrière quand Séveric le repéra.
— Tu veux bien m’aider ?
— Comment ?
— En prenant ma place pour mélanger. J’ai oublié le romarin séché et je voudrais l’ajouter.
Il aurait pu l’appeler à lui magiquement, et n’avait pas vraiment besoin de Xavy, mais son envie de partager sa passion pour les potions était perceptible.
En tant que fée, Xavy aurait sans doute dû refuser de participer, mais cela lui faisait plaisir de prendre part à une activité à laquelle Séveric consacrait des heures entières et dont il comptait même faire son métier.
Il acquiesça.
Avant de le laisser prendre le relais, Séveric l’embrassa sans cesser de remuer le mélange. Xavy en resta rêveur jusqu’à ce que le sorcier lui confie la louche, précisant qu’il fallait tourner toujours dans le même sens, comme avec les blancs en neige.
Xavy suivit ses instructions à la lettre, accélérant et ralentissant quand Séveric le lui demandait.
Il ressortit du laboratoire fatigué, mais content. Préparer des potions était en effet similaire à la cuisine, or c’était une chose qu’aimait Xavy. 
Soudain, Zibulinion se matérialisa au milieu du salon au décor minimaliste. Xavy se mit aussitôt à appréhender ce qu’il allait leur annoncer.
Aurait-il à nouveau à affronter le Comité, à être interrogé…
— Asseyons-nous, offrit Séveric, attrapant la main de Xavy pour qu’il s’installe à ses côtés dans le canapé.
Le sorcier entremêla leurs doigts, rappelant à Xavy qu’il n’était pas seul.
Zibulinion prit place dans le fauteuil d’en face.

mardi 22 septembre 2020

Le fée féminin - 73

— Ce n’est pas un peu rapide d’emménager comme ça chez lui ? Et je ne dis pas ça parce que c’est un sorcier. Il est beaucoup plus âgé que toi. Je veux ton bonheur, mais je me fais du soucis pour toi. Je suis certaine que mes parents seraient prêts à t’accueillir en attendant que le Comité agisse sous l’impulsion de Zibulinion.
— Peut-être, mais tout se passe bien. Être avec lui, c’est comme un doux rêve. Il est vraiment gentil.
— Ton sorcier est surtout trop beau pour être vrai.
De l’extérieur, cela pouvait paraître être le cas, mais Séveric n’était pas sans défaut. Il était très strict envers lui-même et ultra perfectionniste dans la fabrication de ses potions… Xavy l’aimait telle qu’il était.
Wycka reprit :
— Je sens que je ne parviendrai pas à te convaincre que ce n’est pas raisonnable de se jeter comme ça à corps perdu dans une relation avec un type plus âgé. Enfin, tout ce que tu dois te rappeler, c’est que quoiqu’il arrive, tu peux compter sur moi.
C’était une authentique amie.
— Merci, répondit Xavy.
— Tu as couché avec lui ? Comment est-il au lit ton sorcier ? Qui fait la fille ? Ah, non pardon, c’est une façon offensante et ridicule de formuler les choses. Tout féminin que tu paraisses, vous êtes tous les deux de sexe masculin. Non, ne me dis rien, je ne veux pas savoir !
C’était aussi bien que Wycka ne veuille pas de détails, car Xavy préférait les garder pour lui.
Changeant de sujet, son amie se mit à lui raconter les derniers potins de Valeiage : Kewyn avait trouvé la fée de son cœur, brisant celui de toutes les autres, Chazz avait déclaré à qui voulait l’entendre qu’il était autant attiré par les filles que les garçons, et Wylk avait été démis de ses fonctions de chef de dortoir par le directeur pour avoir abusé de son autorité.
Wycka termina sa visite en lui donnant une copie de ses notes de cours si jamais Xavy voulait étudier par lui-même.
Xavy n’en était pas sûr. C’était fatiguant et il préférait consacrer son peu d’énergie à autre choser comme cuisiner pour Séveric… ou faire l’amour avec lui.
— Alors, content d’avoir revu ton amie ? demanda Séveric quand la porte de l’appartement se referma sur Wycka.
— Enchanté, même !
Xavy étouffa un bâillement.
— Tu devrais aller te coucher.
C’était tout juste le début de la soirée, pas l’heure de dormir, excepté que Xavy en avait besoin.
— J’aurais voulu passer un moment avec toi, soupira-t-il.
— Je vais m’allonger à toi, d’accord ?
— Mais toi, tu n’es pas fatigué…
— Non, je ne le suis jamais quand il s’agit de te prendre dans mes bras.
Si Xavy avait été en bonne santé, ils auraient pu s’embrasser, se caresser, se sucer... Or, le sexe, avec Séveric, était un domaine qu’il avait envie d’explorer.
— Mais pas plus, car dès que je serai allongé, je vais m’endormir. Je suis minable.
— Non ! Ah, mon joli colibri, je suis désolé de ne pouvoir te rendre ta forme. Je cherche toujours la combinaison de plantes adaptées et non néfaste sur le long terme… Mais même si je n’aboutissais pas, je t’en prie, arrête de tracasser. A mes yeux, tu es parfait.
Xavy secoua la tête. Il était trop fragile, trop féminin, sa virilité trop modeste...
— J’ai une idée d’un sortilège qui te rassurerait, ajouta Séveric.
— Lequel ?
— Un qui te permettrait de partager mes sentiments. Tu veux tenter ?
Xavy acquiesça en tortillant une mèche de cheveux entre ses doigts.
Un instant plus tard, une grande vague chaleureuse enveloppait Xavy : toute l’adoration qu’éprouvait Séveric pour lui.
— Oh, murmura-t-il. Est-ce qu’il y a moyen que ce sortilège fonctionne dans les deux sens ?
Il voulait que Séveric puisse lui aussi baigner dans son amour.
Le sorcier confirma et agita sa baguette. Une joie profonde se répandit dans Xavy. Celle du sorcier face aux sentiments du fée qu’il devait pouvoir ressentir.
Bien qu’il soit fort tôt, Xavy s’endormit heureux, blotti contre le torse de Séveric.

lundi 21 septembre 2020

Le fée féminin - 72

Leur vie à deux se poursuivit, merveilleusement douce. Il y avait toutefois deux ombres au tableau : les réactions du Comité des fées face aux différentes affaires dans lesquelles Xavy était impliquée et sa faiblesse. Dans un cas, il fallait patienter, dans l’autre, c’était plus compliqué. C’était dur pour Xavy de se retrouver sans énergie et de devoir faire la sieste dans la journée après avoir goûté à la liberté avec le fortifiant. C’était également frustrant de se contenter de voler entre quatre murs alors que son aile était guérie.
Et puis, il ne parvenait pas à s’empêcher de s’inquiéter d’être un poids mort pour Séveric. Le sorcier était si formidable. Il aurait mérité d’avoir un partenaire à sa hauteur, pas Xavy.
Séveric proposait sans jamais imposer. Il n’avait par ailleurs aucune exigence envers Xavy, pas comme ses parents avaient pu en avoir à son égard.
Après que Xavy ait mentionné Wycka au détour d’une conversation, Séveric lui suggéra de l’inviter.
Dans un premier temps, Xavy refusa. Il craignait que son amie ne réagisse mal au fait que son amoureux soit un sorcier. Il lui avait bien parlé de Séveric, mais n’avait jamais dévoilé les sentiments qu’il lui inspirait.
Dans un second temps, après que le sorcier lui ait fait remarqué qu’il perdrait de toute façon l’amitié de Wycka s’il ne la recontactait pas, Xavy se décida à lui écrire un long message qu’il confia à un pigeon voyageur.
Il reçut, en retour, une lettre bavarde où Wycka exposait en long et en large son soulagement d’avoir enfin de ses nouvelles et promettait de lui rendre visite à son nouveau domicile le week-end même.
C’est ainsi que Xavy se retrouva à présenter Séveric à Wycka. Son amie, fidèle à elle-même se lança dans une longue mise en garde envers le sorcier : si jamais Séveric blessait Xavy, elle n’hésiterait pas à le venger en employant les grands moyens.
Si Séveric parut sonné par le flots de paroles qu’elle asséna d’entrée de jeu, il n’en demeura pas moins charmant avec elle, aussi, quand il se retira dans son laboratoire, il était clair que ce n’était pas pour échapper à sa compagnie, mais pour leur permettre de discuter entre eux.
Xavy avait déjà raconté dans sa lettre l’interrogatoire qu’il avait subi au Comité des fées et ses conséquences vis-à-vis de ses parents, mais Wycka revint dessus, notamment pour fustiger Antoine qui avait abusé de la confiance de Xavy. Elle lui reprocha sinon ses différentes cachotteries et, pour finir, aborda sa relation avec Séveric.

dimanche 20 septembre 2020

Comme les doigts de la main - 10

Assiettes et tasses se vidèrent, et le petit-déjeuner se termina.
— Maintenant, nous devrions nous entraîner, dans le jardin à l’arrière de la maison ou dans la salle que nous avons reconverti à cet effet, annonça Marin.
Blaise avait beau ne pas être hostile aux frottements, fellations, baiser et baise que cela  impliquait potentiellement pour déclencher ces curieuses transformations chez lui, il lui semblait qu’ il y avait des choses à discuter auparavant. Non, parce que si aujourd’hui, c’était dimanche et qu’il était libre, lundi, il était supposé travailler.
Les autres ne protestèrent pas et se mirent à débarrasser la table.
Blaise se leva pour donner un coup de main.
— A part être des super héros, vous faîtes quoi dans la vie ? demanda-t-il en tendant deux pots de confiture à Huo qui avait ouvert la porte du frigo.
— Je suis Youtubeur, répondit le rouquin.
— Gaïus est actuellement écrivain. Quant à moi, je suis modèle, déclara Céleste.
— Je suis rentier. Et techniquement, nous ne sommes pas des super héros, nous n’avons pas de costume. Nous ne battons pas pour la justice, nous défendons juste le monde pour le préserver du Vide.
Toutes ses façons de gagner leur vie impliquaient des horaires flexibles, pas comme le job de Blaise.
— Moi, je bosse sur un chantier.
Il était un simple ouvrier, maillon de la chaîne. Il n’était pas irremplaçable, mais il aimait ce qu’il faisait.
— Tu vas devoir arrêter pour un temps, décréta Céleste.
— C’est ce que je craignais, répliqua Blaise.
— Ne t’en fais pas, ici, tu seras nourri et logé à l’œil, précisa Huo.
Il était adorable à le rassurer de la sorte.
— Nous t’aiderons à déménager, ajouta Marin.
Blaise se retint de rétorquer un « et si, j’ai pas envie ! » Il était un homme adulte et pas un enfant, et qu’il ait ou non du mal à le croire, il avait un rôle à jouer pour protéger le monde. Tant pis pour son confort personnel.
Blaise accompagna les quatre hommes dehors. Le jardin était vaste, comme la maison, entouré de hauts murs et bordé d’arbres, offrant une double protection aux regards.
Il attendit que quelqu’un daigne lui donner la marche à suivre. Fallait-il qu’ils mélangent toujours leurs fluides de la même façon ?
— La première chose à découvrir, c’est quels sont tes pouvoirs indépendamment de la fusion, déclara Marin. Tu en as forcément. Nous ne pouvons pas nous combiner comme ça entre nous, sans doute parce que nos éléments sont opposés. En revanche, chacun de nous a fusionné avec un étranger, mais sans que cela fonctionne avec les trois autres. Une fois, cela a réussi avec deux d’entre nous, mais jamais plus.
— Arrête ! cria Céleste. Tu n’as pas besoin de récapituler tous nos tâtonnements par le menu. Ce n’est pas le souci actuel.
Cela intéressait Blaise d’en apprendre plus sur les quatre hommes, mais avant qu’il ne puisse le manifester, Huo lança :
— Allez, Blaise, montre-nous ce que tu sais faire.
Dommage qu’il ne s’agisse pas d’une invitation sexuelle cette fois. Blaise aurait vraiment préféré retenter les fusions, transformations bizarres ou pas. Huo avait été tout feu tout flamme, Marin avait eu un goût délicieux, le cri de Céleste quand il avait joui avait été sublime et la façon dont Gaïus l'avait retourné… Repenser à tout cela excitait Blaise et ce n'était pas vraiment le moment.
— Je n’en ai aucune idée.
— Tu n’as jamais rien ressenti de particulier vis-à-vis de ton toucher ?
Blaise était du genre tactile, ce qui déplaisait parfois à certaines personnes et il aimait baiser pour se détendre, mais à part ça…

samedi 19 septembre 2020

Comme les doigts de la main - 9

Après avoir gravi un escalier en colimaçon, Huo l’introduisit dans une pièce aux murs blancs, au plancher d’un bois foncé, aux meubles bleus, avec des rideaux, des tapis et une literie jaune. Il se dégageait de l’ensemble quelque chose d’accueillant.
— Nous l’avons décoré tous ensemble en prévision de ta venue, déclara le rouquin.
Il ne restait plus à Blaise qu’à y apporter sa propre touche. Du moins, s’il emménageait vraiment ici. En même temps avec ce qu’avait raconté Marin dans la voiture, il est peu probable qu’il ait le choix. Pourrait-il seulement continuer à travailler sur le chantier ? C’était un problème pour demain, même si à en croire la pendule fixée au mur, on y était déjà.
— Tu veux que je réchauffe ton lit ?
Blaise n’était plus en état d’en profiter. Il avait vraiment besoin de dormir. Il n’aurait rien eu contre sa compagnie, seulement il craignait que le jeune homme ne soit pas satisfait s’il se contentait de le tenir dans ses bras.
— Un autre soir.
— Rabat-joie ! répliqua Huo d’un ton léger, preuve qu’il ne prenait pas ombrage du refus de Blaise et après une pirouette, il s’en fut.
Blaise se déshabilla et se coucha entre les draps, savourant leur douceur, cala le moelleux oreiller sous sa tête, puis s’endormit.

    Des coups répétés à la porte le tirèrent de son sommeil.
— Debout là-dedans ! s’écria une voix impatiente.
Céleste.
Tous les incroyables événements de la veille revinrent vitesse grand V à Blaise.
— Je me lève…
— J’espère bien ! Et que ça saute ! J’ai faim, moi !
Et qu’est-ce qui l’empêchait de manger sans lui, hein ?
Blaise, avec un soupir, remit ses habits de la veille. Il aurait dû emporter un change avec lui hier. Il aurait bien pris une douche pour se réveiller et commencer la journée propre et frais.
Céleste attendait dans le couloir, ses sourcils blonds froncés. Blaise résista à l’envie de lui lisser d’un doigt.
L’ange qui n’en était pas un lui fit signe de le suivre et un moment plus tard – la demeure était vaste – ils débouchèrent dans la cuisine où Marin, Gaïus et Huo était déjà attablés devant des tasses fumantes, une armada de pots de confitures, une assiette débordante de tartines dorées et une autre de pancakes.
— Marin a insisté pour que nous t’attendions pour le petit-déjeuner, révéla Céleste.
— C’est plus poli et plus convivial, répliqua le brun aux yeux vairons.
— Peut-être, mais du coup, cela m’a obligé à tirer le Beau au Bois Dormant du lit.
Marin reprocha aussitôt au blond son comportement.
Céleste objecta que tout aurait refroidi autrement.
Huo, sans se soucier de participer à la dispute, attrapa une tartine sur laquelle il étala joyeusement de la confiture.
Gaïus, pour sa part, but une gorgée.
Blaise prit place à table à côté du jeune homme roux. Il était quasi sûr que Céleste voudrait s’installer près du colosse barbu.
Il avait une tonne de questions, mais préférait reprendre des forces d’abord.
Céleste râla encore une minute, Marin acheva de lui faire la leçon, et puis tout le monde mangea avec appétit.

vendredi 18 septembre 2020

Le fée féminin - 70 & 71

 — Je t’aime, dit Xavy.
Il avait hâte de retrouver son corps pour montrer à quel point au sorcier. Quand bien même cela impliquait-il d’être à nouveau faible et d’avoir une aile douloureuse.
— Moi aussi, joli colibri.
Après un silence tendre et complice, Séveric grimaça.
— Ton aile de fée. Je ne suis pas un expert sur la question, aussi je ne crois pas pouvoir la soigner moi-même. Il faudrait consulter un ou une fée. Une idée de quelqu’un de confiance à qui t’adresser ?
— Zibulinion. Il n’est pas le moins du monde hostile aux sorciers.
Xavy lui rapporta la conversation qu’il avait eue avec son professeur dans le couloir à Valeiage.
— Très bien. Contactons-le à l’aide de mon familier.
Ce fut à Xavy d’appeler le hibou, mais l’animal ne répondit ensuite qu’à Séveric : inversion de corps ou pas, il semblait savoir qui était son maître.
Une fois que le hibou se fut envolé avec le message, Xavy avoua qu’il appréhendait l’intrusion d’une tierce personne dans leur bulle.
— Pourquoi ? D’après ce que tu m’as dit, il ne réprouve pas notre relation.
— Oui, mais il va sûrement se sentir obligé de contacter le Comité des fée et je n’ai pas très envie de me frotter à nouveau à ces gens.
— Nous nous passerons de leur bénédiction pour être ensemble. Personne n’en parle, mon joli colibri, mais je doute que nous soyons les le seul fée et sorcier – homme ou femme, peu importe – à être un jour tombé amoureux.
Le sortilège d’échange des corps se rompit peu avant l’arrivée inopinée de Zibulinion dans l’appartement du sorcier.
Il examina l’aile de Xavy avec attention et le soigna avec un succès total, en desserrant à peine les lèvres.
Xavy en pleura de joie. Il avait cru son aile irrécupérable.
Zibulinion voulut ensuite des explications, plus que leur message n’en avait fourni.
Ce n’était pas facile, mais Xavy déballa tout : la trahison d’Antoine, l’implication du Comité des fées, la fureur de son père.
Zibulinion ne l’interrompit pas.
Séveric compléta le tableau avec la réaction de la directrice de Daroilak, son analyse des potions, sa décision de démissionner et sa visite à Xavy.
— Toute cette affaire est un beau sac de nœuds. Pour information, je fais partie du Comité, alors je vais tâcher de régler tout ça sans que tu aies à te déplacer. Tu dois te reposer Xavy et vous, monsieur Reptim, veillez bien sur lui.
— Je n’y manquerai pas assura Séveric tandis que Xavy acquiesçait.
Zibulinion repartit comme il était venu, en se téléportant.
Zibulinion semblait avoir fait plus que guérir son aile car Xavy se sentait plus en forme, peut-être aussi que son séjour dans le corps du sorcier l’avait aidé.
Séveric prit Xavy dans ses bras, plaça une main au creux de ses ailes et posa sa bouche contre la sienne, glissant sa langue à l’intérieur.
Xavy fut d’abord surpris, puis se prit au jeu. C’était délicieusement excitant.
— Tu as toujours envie de me toucher ? chuchota Séveric d’une voix raque au creux de son oreille.
Xavy acquiesça en tirant sur la chemise du sorcier.
Il alla pouvoir caresser le torse velu.
Au premier contact, il découvrit que oui, c’était tout doux.
Séveric le laissa explorer à son rythme et à sa guise. C’était grisant. Certaines caresses engendraient des gémissement des plus délicieux.
— A mon tour, déclara Séveric après que Xavy ait longuement  joué avec le membre engorgé su sorcier.
Séveric commença par glisser ses doigts dans les longs cheveux blonds de Xavy. Il dessina ensuite du pouce les contours de la bouche du fée. Il effleura son torse, puis goûta à ses tétons. Xavy geignit de plaisir.
Séveric s’installa les jambes de Xavy et suça son modeste pénis.
Xavy ne résista pas longtemps entre le contact de la barbe du sorcier sur sa peau et la langue experte et jouit.
Dès qu’il se fut remis du fulgurant plaisir, Xavy voulut rendre la pareille à Séveric.
— Tu n’es pas obligé, dit le sorcier.
Xavy n’en tint pas compte. Il lécha la verge de Séveric s’aidant de ses mains pour ce qu’il ne pouvait engloutir.
Séveric le prévint quand il allait exploser, mais Xavy ne recula pas pour autant. Le jet le surprit, son amertume aussi, mais c’était chaud et il avala. Il voulait avoir une part du sorcier à l’intérieur de lui, tout en restant lui-même.
Séveric attira Xavy dans ses bras et le poussa à se nicher contre lui.
Le câlin se révéla tout aussi magnifique que ce qu’ils venaient de faire.
— Mon joli colibri...
Le surnom dont Xavy n’avait d’abord su vraiment quoi penser commençait à lui procurer un doux sentiment d’appartenance et d’acceptation.

jeudi 17 septembre 2020

Le fée féminin - 69

Ils parlèrent de petites choses, évitant volontairement l'un comme l'autre les sujets épineux.
Séveric se régala avec les biscuits de Xavy qu’il complimenta avec enthousiasme.
— Cela fait une éternité que quelqu’un n’avait pas cuisiné pour moi.
— Ils ont été faits avec amour, dit Xavy avec un soupçon de timidité.
— Le meilleur des ingrédients, répliqua Séveric.
Quand la nuit tomba, Xavy se coucha aux côtés de Séveric.
C’était bizarre d’être ainsi hors de soi-même. Malgré ça, le sommeil vint facilement. Il n’avait mal nulle part.
Ce furent des plaintes de Svéreic qui le réveillèrent en sursaut. C’était le matin.
— Pardon, c’est douloureux.
L’aile, bien sûr.
— Oui, désolé.
— C’est la faute de ton père et il devrait être puni pour ce qu’il t’a fait. De même que Valentina et ses camarades, car quelques journées en crapaud, c’était trop eu.
Xavy demanda à en savoir plus.
Séveric lui raconta alors ce qui s’était passé avec la directrice de Daroilak et les réactions des parents des sorcières.
Xavy fut horrifié. Autant parce que l’aspect traumatique de l’agression qu’il avait subie n’avait pas été pris en compte que par la suspension de Séveric.
Il mettait la vie du sorcier sans dessus dessous. Séveric risquait aussi des problèmes avec le Comité des fées, car même si Xavy était majeur, rien n’empêchait son père de faire des histoires. Cixian. Oui, c’était mieux de ne pas penser à lui comme à un membre de sa famille. Ce n’était sans doute pas dans l’intérêt de ses parents de se plaindre, mais il y avait tout de même un risque.
Xavy était au bord de la panique quand une petite main blanche – la sienne, mais dirigée par Séveric – le rappela au moment présent d’une simple pression d’épaule.
— Tu n’as à t’excuser de rien. Tu n’es coupable de rien. Je suis content d’avoir du temps libre et je vais présenter ma démission. Comme tu sais, les potions sont ma passion et c’est l’occasion de m’y consacrer entièrement. Je pourrais toujours voler pour mon plaisir et le tien.
Xavy ne protesta plus. Il comprenait peu à peu que lui et Séveric formaient désormais une unité.

mercredi 16 septembre 2020

Le fée féminin - 68

— Je ne te toucherai pas sans ton consentement, déclara encore Séveric.
Xavy, lui brûlait de caresser son corps d'emprunt si masculin et si solide. Il frotta ses paumes soudain moites.
— Et moi, je peux ? demanda-t-il.
— Tu peux faire tout ce que tu veux avec mon enveloppe corporelle, oui.
Xavy déglutit. Il glissa les mains sur ses cuisses, puis s'arrêta.
Séveric le fixait avec ses yeux bleus, comme pour ne pas perdre une miette du spectacle. C'était vraiment curieux comme situation.
Xavy réfléchit, même si tout le sang qui descendait vers le bas n'aidait pas à faire fonctionner son cerveau correctement. Il préférait attendre pour toucher le sorcier que chacun soit à sa place. Il le dit.
Séveric s’empourpra, embarrassé.
Le cœur de Xavy se gonfla de joie.
— Je vais vous préparer des biscuits et je reviens.
Cela l'aiderait à se calmer tout en lui permettant de profiter d'être dans un corps en pleine santé. San compter que Séveric méritait bien une douceur pour le cadeau qu'il venait de lui faire. Pas habitué à être aussi grand, Xavy se cogna à la porte d'un placard qu'il n'aurait pas dû laisser ouverte et pesta.
Il alla aussitôt présenter des excuses à Svéeric pour l'avoir blessé, mais le sorcier lui sourit.
— Ce n'est qu'un bleu. J'ai de la pommade pour cela.
Voyant qu'il s'apprêtait à se lever, Xavy lui enjoint à ne pas bouger afin de conserver le peu de forces  qu’il avait.
— D'accord. Tu connais mieux tes limites que moi, répondit le sorcier.
Xavy, repartit dans la cuisine et puis revint tenir compagnie à Séveric pendant que les biscuits cuisaient.
— Tu peux aller te promener dehors. Mes clefs sont dans la poche de mon pantalon.
Xavy aurait pu, oui et profiter ainsi davantage du fait qu'il était en forme, excepté qu'il préférait demeurer auprès du sorcier, non pas parce qu'il craignait ce que ce dernier pourrait faire ou non avec son corps pendant son absence - il avait confiance - mais parce qu'il aspirait à être avec lui. Il n'avait été que trop séparés et il l'aimait. Que la réciproque soit vraie était magique.
Si cela n’avait pas été le cas, Séveric n'aurait pas été coincé dans sa chambre dans le corps fragile de Xavy.

mardi 15 septembre 2020

Le fée féminin - 67

 — Je ne sers à rien, je n’ai presque pas de magie sans le fortifiant. Je ne peux même nettoyer après mon lapin, dit-il en pointant les petites boules marrons sur le tapis.
—  Quelques excréments de ton lapin ne sont rien. Il a dû les faire rouler sous ses pattes. Il semble avoir autrement adopté son bac de toilettes dans le coin. Tu n’as pas besoin d’être utile. Ta simple présence est source de joie pour moi.
La conviction dans le ton de Séveric était telle que Xavy voulait y croire, seulement il se sentait sans valeur.
Séveric lui apporta à manger et le nourrit comme s’il avait été un enfant ou un malade, ce qu’il était. C’était agréable que le sorcier soit ainsi aux petits soins pour lui. Impossible hélas de ne pas penser qu’il se fatiguerait de toute faire pendant que Xavy ne faisait grand-chose d’autre que dormir et manger comme un bébé... ou un animal de compagnie.
— Il est évident que tu as besoin de te changer les idées et j’ai une solution temporaire, un sortilège à la limite de la malédiction qui est à mon avis juste ce qu’il te faut.
— Hein ?
— Je te propose d’échanger nos corps juste pour une journée. Qu’en dis-tu ?
C’était de la pure folie et très tentant que la perspective d’échapper ne serait-ce quelques heures à son corps défaillant.
— Ce ne serait pas un échange équitable.
— J’en ai envie et toi aussi, j’ai l’impression.
La baguette de Séveric apparut dans sa main. Xavy retint son souffle.
Comme Séveric gardait le silence, Xavy comprit que le sorcier attendait son accord.
Il hocha imperceptiblement la tête.
Séveric prononça le sortilège et Xavy se retrouva dans le corps du sorcier. C’était étrange de pouvoir se regarder complètement de l’extérieur. Sa pauvre aile était bien abîmée. Il ressemblait vraiment à une fée plutôt qu’au fée qu’il était.
— Alors ? dit Séveric avec la voix féminine de Xavy.
— C’est étrange, dit Xavy en passant les mains sur la barbe de Séveric.  
— Ce n’est pas le premier adjectif qui me viendrait à l’esprit, répondit le sorcier en s’asseyant avec précaution contre le dossier du lit.
Un cri lui échappa. C’était à tous les coups à cause de l’aile. Il n’aurait pas dû s’appuyer dessus. Ce n’était pas pour rien que Xavy restait à plat ventre.
— Nous ferions mieux de retourner chacun dans notre corps, dit Xavy.
— Impossible. Le sortilège dure vingt-quatre heures, pas plus, pas moins. Moi à l’intérieur de toi, toi de moi.
C’était terriblement intime, réalisa Xavy, bien plus que quand ils s’étaient vus nus, plus que quand il avait été dans ses bras, plus que le baiser.
Il sentit entre ses jambes son pénis durcir, excepté que c’était pas le sien, mais celui de Séveric. Le corps du sorcier était sien et il pouvait faire avec tout ce qu’il lui plaisait.
— C’est érotique, n’est-ce pas ?
Sa voix était bizarre et pas seulement parce que c’était Séveric qui parlait par sa bouche avec ses inflexions…
— Promis, je n’avais pas pensé à cela quand je l’ai suggéré, ajouta Séveric.
Xavy regarda sa propre entrejambe. Il n’était pas certain, mais oui, Séveric semblait avoir également une érection… avec le corps de Xavy. Ils étaient tous les deux excités l’un pour l’autre, l’un dans l’autre.

lundi 14 septembre 2020

Le fée féminin - 66

 Quand Xavy se réveilla, il resta un instant interdit avant de se rappeler où il était. Chez le sorcier, et plus précisément dans son lit. Séveric l’avait sauvé encore une fois.
La pièce était de taille modeste. En revanche le lit était large. A droite, il y avait d’immenses placards dotés de miroirs dans lequel l’état pathétique de Xavy se reflétait. Il ne ressemblait à rien. Il était pâle comme la mort, les yeux cernés et ses ailes pendaient lamentablement, celle déchirée comme celle intacte. Il avait toujours mal et était sans force comme avant le médicament que sa mère avait prétendu d’origine humaine. C’était déprimant de se dire qu’il était naturellement ainsi. Malgré tout, il se sentait moins désespéré que la veille. Il n’était plus prisonnier de sa chambre d’enfance, ignoré par ses parents qui s’étaient contentés de lui servir magiquement des repas auxquels il avait à peine touché. Il avait eu l’impression que sa vie était finie – pas de fortifiant signifiait pas de Valeiage, ce qui n’était pas trop dramatique, excepté que cela impliquait aussi, pas de Wycka et pas de cours de sorts avec le brillant Zibulinion. Il n’avait eu par ailleurs rien d’autre à faire qu’à revivre ses échanges avec Antoine pour tenter de comprendre où il s’était trompé.
C’était à présent différent. Il avait le sentiment d’être au début de quelque chose avec Séveric. Il avait encore peine à réaliser que son amour était payé de retour. En même temps le souvenir de la sensation de ses lèvres contre les siennes n’étaient jamais loin. Il avait par contre peur que le sorcier n’ait vite des regrets. Xavy était tout sauf un gros lot.
Il regarda Lapilune bondir joyeusement sur le sol et sourit. La liberté lui convenait bien, ce que Xavy avait toujours su. Il y avait hélas quelques crottes sur le tapis violet qui ornait le plancher du sorcier et Xavy n’était pas en état de les ramasser, avec ou sans aide de la magie.
Séveric poussa soudain la porta et entra.
— Réveillé, joli colibri ? Tu veux que je te prépare quelque chose à manger ? Il y a un verre d’eau pour toi sur la table de chevet.
Xavy leva les yeux et le repéra. Il se redressa, non sans grimacer à cause de son aile.
Séveric le rejoignit, prit le verre et le porta lui-même aux lèvres de Xavy.
Combien de temps mettrait-il à se lasser de s’occuper de lui ?
Xavy but, le visage sombre.
— Ne sois pas triste comme ça, mon joli colibri.
Séveric l’embrassa sur la joue.

dimanche 13 septembre 2020

Comme les doigts de la main - 8

 — Comment avez-vous su que vous deviez battre ce gars que vous appelez le Vide ?
— Nulle déesse n’est venue nous souffler quoi faire à l’oreille, nous avons dû tout découvrir par nous-même et cela a été plus que laborieux.
Céleste acheva sa phrase en baillant.
— Il est tard. Nous ferions mieux de rentrer à la maison nous coucher, il sera toujours temps de répondre aux questions de Blaise demain, dit Marin.
Ils allaient quitter son appartement et avec leur départ, tout redeviendrait normal. Plus de pouvoirs, de mystérieux ennemi, plus à être un héros. Blaise aurait dû s’en réjouir, mais bizarrement, il n’y réussit pas.
— Je suis ravi que nous t’ayons enfin trouvé. Allons-y ! s’écria Huo en s’accrochant au bras de Blaise.
Apparemment, il était supposé venir avec eux. Il aurait dû protester, excepté qu’il n’avait pas envie de doucher l’enthousiasme de Huo. Et puis Céleste avait vraiment l’air fatigué et lui aussi l’était. Le plus simple était encore d’accepter les choses même si elles étaient incroyables.
Il les suivit hors de son appartement jusqu’à une voiture spacieuse. Marin prit la place du conducteur, et Gaïus se casa sur le siège à côté de lui. Blaise, lui, se retrouva à l’arrière, au milieu de Céleste et Huo. Ce n’était pas exactement une place confortable, mais il était bien entouré.
Durant le trajet, Marin fournit quelques informations supplémentaires sur le Vide – chacune d’eux pouvait respectivement le voir, l’entendre, le sentir, le goûter (!) mais seul Blaise serait à même de le toucher et donc de lui porter un coup fatal. Avant ça, il faudrait hélas se débarrasser de ses douze alliés dotés également de pouvoirs. Il y avait aussi un travail de purification des zones que le Vide avait contaminé.
Céleste s’endormit et sa tête termina appuyée sur l’épaule de Blaise. Dans son sommeil, son côté ange ressortait. Cela donnait envie de l’embrasser à perdre haleine.
Ils se garèrent devant une imposante et élégante maison des années 1920. Les quatre hommes, ou du moins l’un d’entre eux, devaient être riche.
Gaïus sortit le premier du véhicule et vint prendre dans ses bras Céleste, toujours endormi, pour le porter à l’intérieur de la demeure. Le colosse et le blondinet étaient proches tous les deux. Céleste était celui qui avait pallié au mutisme de Gaïus, parlant pour lui.
Quand Blaise entra, ils avaient déjà disparu dans les méandres de la maison.
— Je te ferai tout visiter demain. En attendant, laisse-moi te conduire à ta chambre, dit Huo en frottant sa tête contre  l’épaule de Blaise tel un chat.
Marin lui souhaita un bonne nuit que Blaise ne put lui retourner, Huo qui s’était à nouveau suspendu à lui, le tirait déjà dans le couloir à droite du vestibule.

samedi 12 septembre 2020

Comme les doigts de la main - 7

Imperturbable, le grand barbu se rhabilla. Blaise l’imita, si bien qu’il était décent quand la porte de sa chambre s’ouvrit sur le roux, le brun et le blond.
— Cela a fonctionné ? s’enquit Céleste.
Gaïus hocha la tête avec gravité.
— Nous avons enfin trouvé le sens manquant, déclara Marin.
Toute l’affaire en était pourtant dépourvu...
Huo se frotta les mains avec enthousiaste.
— Maintenant, le Vide et ses minions n’ont qu’à bien se tenir !
Aucune de ses deux phrases ne voulaient rien dire.
Il s’étaient échappé d’un asile et Blaise n’allait pas tarder à les y rejoindre. Ou pas. Parce que peut-être que tout était vrai.
— Gaïus a mentionné un ennemi… ?
— Le Vide, confirma Huo.
C’était quoi ce nom à coucher dehors ?
— Et vous avez besoin de moi pour le battre ?
Blaise eu le droit à un chœur de oui complété par un hochement de tête de Gaïus.
— Vous vous rendez compte que votre histoire est folle dingue… ?
— Tu as pourtant vu de tes propres yeux que tu avais des pouvoirs, répondit Huo avec un sourire.
— J’ai peine à en croire mes oreilles, tu ne vas pas persister à t’imaginer que tu rêves ! s’insurgea Céleste.
Blaise regarda les quatre hommes. Les frottements du pénis de Huo contre le sien avait débouché sur des ailes de feu, le baiser de Marin avait entraîné une crinière bleue et un drôle d’effet, la fellation donnée à Céleste avait engendré des ailes blanches et duveteuses et enfin le pilonnage en règle de Gaïus s’était achevé par une pousse de cornes et queue. Alors que c’était pourtant des inconnus, chaque acte sexuel avait été particulièrement intense. D’habitude, c’était juste plaisant, une simple détente, un assouvissement de ses bas instincts. Indépendamment des étranges transformations, il ne pouvait nier une connexion spéciale entre eux. Il avait envie de les toucher encore, même en sachant que cela conduisait à ses drôles de fusion.
— Nous devrions tout lui raconter depuis le début, déclara Marin.
Sans attendre l’assentiment de ses camarades, il  poursuivit :
— Chacun de nous s’est réveillé le jour nos vingt-ans avec un sens sur-développé et une affinité avec un élément.
— Si on te laissait faire, nous en aurions pour des heures et des heures, s’agaça Céleste.
— Le plus simple est de lui montrer, intervint Huo.
Ses yeux étincelèrent et une boule de feu sortit de nulle part devant lui.
— Grâce à ma super vue, je peux voir à travers les murs… et les vêtements, ajouta-t-il avec un clin d’œil.
C’était vraiment un numéro.
— Moi, c’est l’ouïe et l’air que je maîtrise tandis que Gaïus, c’est l’odorat et la terre, annonça Céleste.
Un courant d’air caressa la joue de Blaise et le colosse barbu renifla.
— Mon élément à moi est l’eau, et mon sens, le goût. Quant à toi, Blaise, c’est ton toucher qui est spécial. Tu es le cinquième élément, la clef pour anéantir le Vide.
Le détail des pouvoirs de chacun était bien joli, mais cela n’avançait pas trop Blaise. Il aurait préféré que Céleste laisse Marin expliquer tout en détails tout ennuyeux que cela puisse être.

vendredi 11 septembre 2020

Le fée féminin - 65

 — Je t’aime Xavy, mon joli colibri. Je vais tâcher de te remettre sur pieds.
Une lueur s’alluma dans les yeux de Xavy et s’éteignit aussi sec.
— Hormis le fortifiant, tout a échoué…  Même mes parents en ont eu assez de s’occuper de moi.
— Si c’est ta façon d’impliquer que l’amour ne suffit pas, je ne suis pas d’accord avec toi. Par ailleurs, le fortifiant ou plutôt la potion d’augmentation de puissance est une potion de ma fabrication, ce qui signifie que j’ai toutes les chances de concevoir un médicament adapté pour toi.
Sentant que Xavy n’était pas convaincu, Séveric ajouta :
— Si les rôles étaient inversés, que c’était moi qui était cloué au lit, tu m’abandonnerais ?
— Non, bien sûr que non ! s’exclama Xavy avec un regain d’énergie.
— Alors, tu as ta réponse. Veux-tu écrire un mot à tes parents ?
— Non… Je voudrais prendre Lapilune avec moi par contre. Si c’est possible.
Séveric jeta un coup d’œil au lapin. Cela allait être déjà compliqué d’installer Xavy devant lui sur son balai, mais il ne voulait pas séparer le fée de son compagnon à poil. Xavy avait besoin de tout le réconfort possible.
— Sans la cage, oui. Explique-lui la situation.
Xavy le fit et quelques instants plus tard, ils s’envolaient tous les trois par la fenêtre.
Les cheveux blonds du fée chatouillaient le visage de Séveric.
Il sentit Xavy se détendre peu à peu dans ses bras.
— Même si mon aile ne guérit pas. Si vous… Si tu veux bien me prendre avec toi sur ton balai, je pourrais encore voler.
Même sans adorer les malédictions, Séveric en aurait volontiers lancé sur le père de Xavy.
— Toujours, confirma-t-il, même s’il espérait que le dommage était réparable.
Ce n’était cependant pas que le corps de Xavy qui avait besoin de guérir, mais aussi son esprit.  Son agression par les sorcières, la trahison de son ami, la violence de son père… Le pauvre avait dégusté.
Séveric atterrit sur son balcon, et lâchant sans façon son balai, il emporta Xavy dans sa chambre et l’allongea à plat ventre sur le lit tandis que Lapilune bondissait sur le plancher.
Il faudrait lui installer un bac pour ses besoins. Il y avait aussi la question de la garde-robe de Xavy… Mais ce n’était que des détails.
— Tu es confortable ?
— Ça va. J’ai juste peur de bientôt me réveiller dans ma chambre, avoua Xavy.
Séveric lui caressa la joue.
— Tu ne rêves pas, promit-il.
La promenade aérienne avait dû épuiser le fée, car ses paupières se fermèrent. Séveric resta jusqu’à ce que sa respiration devienne régulière, puis partit régler les différents problèmes matériels.

jeudi 10 septembre 2020

Le fée féminin - 64

Le regard du fée était perdu dans le vide. Séveric agita les doigts devant son visage.
— Xavy. Désolé de débarquer de la sorte, mais je me faisais du souci pour toi. A raison, hélas…
— Vous êtes une illusion, je suis en train de rêver, murmura Xavy.
Il tendit la main, apparemment convaincu qu’il avait à faire à un mirage. Séveric l’attrapa et la serra avec douceur.
— Que t’est-il arrivé ?
Maintenant Séveric était tout près, la déchirure dans l’aile de Xavy était impossible à rater.
— Vous êtes vraiment là ? s’enquit Xavy à voix basse.
— Oui, c’est bien moi.
Xavy était vraiment mal en point. Pourquoi ses parents l’avaient-ils laissé seul dans sa chambre dans cet état ? Et qui avait osé blesser Xavy de la sorte ?
Séveric contint sa colère et attendit patiemment que Xavy lui réponde.
— Je m’étais lié d’amitié avec un humain. Ce que je ne savais pas, c’est qu’il m’utilisait,. Le Comité des fées, lui, l’a découvert et j’ai été questionné en tant que potentiel complice. Mes parents étaient furieux, surtout mon père et encore plus, quand il a appris que je connaissais un sorcier, élément qui est remonté à la surface lors de l’enquête qu’a mené le Comité.
Le ton monocorde de Xavy montrait que son moral était au plus bas. En attendait, Séveric n’en revenait pas : c’était à priori les parents du fée qui avait mal traité leur fils !
Xavy ne  devait pas rester  sous le même toit qu’eux… Hélas, Séveric n’avait pas le droit de l’emmener loin d’ici et porter le problème à l’attention du Comité l’obligeait à laisser Xavy à la merci de son père et sa mère. C’était rageant.
— Si seulement tu n’étais pas mineur…
— Je ne le suis pas.
— Quoi ?
— J’ai dix-huit ans.
— Mais tu es en onzième année…
— Oui, à cause de ma maladie, je suis en retard.
Il était donc adulte. Cela ne changeait rien ou presque à leur différence d’âge, mais cela apaisait la conscience de Séveric et surtout, plus important, cela résolvait son dilemme actuel.
— Dans ce cas, rien ne t’oblige à demeurer au domicile de tes parents.
— Hormis le fait que je tiens à peine debout. Sans le fortifiant, je suis d’une faiblesse extrême, déclara tout bas Xavy avec amertume.
— C’est aussi bien que tu ne le prennes plus de toute façon, d’après mes analyses.
— Comment ça ?
Séveric lui rapporta ses conclusions.
— Oh.. souffla Xavy. Je n’ai plus d’espoir d’être autre chose qu’un fée inutile… Je ne peux même plus voler.
— Nous allons trouver une solution.
— Nous ?
— Oui, je t’emmène chez moi.
— Je ne suis qu’un fardeau...
Séveric qui n’avait pas lâché la main de Xavy la lui pressa.
— Pas du tout et quand bien même c’était le cas, tu en serais un que je serais heureux de porter.
— Mais… protesta faiblement Xavy.
Séveric ne le laissa pas termina et se pencha pour l’embrasser tout doux. 
Ce n’était donc pas un mythe que les fées avaient chacune une saveur particulière. Xavy avait un goût de rose crémeuse.
Quand il s’écarta, le fée exhala un soupir, mais autrement resta muet.

mercredi 9 septembre 2020

Le fée féminin - 63

Séveric s’ébroua. Il fallait qu’il se concentre sur les analyses.
Cela lui prit plusieurs heures et malheureusement, les conclusions auxquelles il arriva ne lui plurent pas du tout.
L’aphrodisiaque était somme toute banal, ses ingrédients basiques. Ses effets avaient en revanche bien pu amplifier par le fortifiant qui, il l’avait découvert, était une potion de sa composition. Son but était d’augmenter la puissance de celui qui la buvait, et elle n’était pas employée comme elle aurait dû, ce n’était en effet pas un médicament fait pour être pris de façon régulière.
A terme, Séveric craignait que ce ne soit mauvais pour la santé de Xavy.
Il envisagea d’envoyer un message à Valeaige à l’intention de Xavy, puis renonça. Cela attirerait l’attention sur le fée et, si Séveric avait bien suivi, Xavy n’en avait pas besoin de davantage
Après plusieurs mois à le prendre, une semaine de plus ne changerait pas grand-chose.
Tout de même, cela tourmentait Séveric et c’est pourquoi il envoya son familier dès le vendredi soir pour proposer à Xavy de venir lui rendre visite. Le mieux était encore de discuter du problème de vive voix et de toute façon, inutile de se leurre, même sans ça, Séveric aurait voulu le revoir, et pas seulement pour s’assurer que le fée se remettait de ce que Valentina et ses camarades lui avaient fait subir.
Son hibou rentra le bec vide sans avoir avoir parlé au fée. Il l’avait toutefois vu par la fenêtre, recroquevillé dans son lit.
Séveric décida de passer en personne chez Xavy dès le lendemain, en évitant néanmoins la grande porte – il n’était pas sûr que les parents de Xavy l’accueillent à bras ouverts.
Il enfourcha son balai, se rendit invisible et gagna le domicile de Xavy. Il localisa à l’aide d’un sortilège la fenêtre de la chambre de Xavy et alla y toquer.
A travers la vitre, il vit que Xavy était allongé à plat ventre. Quelque chose n’allait pas avec une de ses ailes.
Séveric frappa à nouveau au carreau, mais le fée ne remua pas d’un cil. Il semblait pourtant éveillé.
Inquiet, Séveric ouvrit magiquement la fenêtre de l’extérieur, espérant que Xavy ne lui en voudrait pas pour cette intrusion soudaine dans son domaine privé.
Une fois à l’intérieur, il défit son sortilège d’invisibilité, posa son balai et s’agenouilla au chevet de Xavy qui avait l’air pâle, vulnérable, et triste.

mardi 8 septembre 2020

Le fée féminin - 62

La directrice de Daroilak avait suspendu Séveric. Elle avait minimisé l’agression commise par Valentina et ses camarades tout en reprochant à Séveric de les avoir mal surveillées. Elle avait également jugé qu’il n’aurait pas dû les punir en les transformant en crapaud. Il avait dû passer le week-end entier à Daroilak à justifier sa décision et faire face seul aux parents des quatre adolescentes. Tous avaient été du même avis que la directrice, tous l’avaient blâmé : ce n’était pas bien grave que leurs filles aient attaqué un fée. Cela n’avait rien d’extraordinaire à leur âges qu’elles soient en possession d’un aphrodisiaque. Elles avaient dix-sept ans, elles étaient presque adultes. Et puis, ce n’était pas comme si elles avaient touché le fée, elles l’avaient juste capturé et regardé. Ce n’était rien. Non, vraiment, les garder en crapauds pendant le restant du festival de magie avait été excessif. Elles aient été assez punies. Les parents de Valentina avaient même voulu porter plainte et c’est pourquoi la directrice avait choisi de renvoyer Séveric chez lui pour deux semaines, le temps qu’il revoit ses priorités.
Pour lui, c’était tout vu : il voulait donner a démission. Il ne regrettait nullement la façon dont il avait géré les choses. Ce qu’il déplorait, c’était l’indulgence dont faisaient preuve toutes ses sorcières parce qu’elles considéraient les fées comme quantité négligeable, de stupides créatures ailées amatrices de paillette.
Toute cette débâcle rappelait à Séveric qu’il ne se conformait pas à ce que la plupart jugeait être un « bon sorcier. » Il n’avait jamais vraiment été intéressé par les malédictions et sa prédilection avait toujours été pour les potions guérisseuses plutôt que celles causant des dégâts. Ce n’était pas un hasard s’il avait fini professeur de vol plutôt que de potions. Pour voler, il n’était pas question de bien ou de mal ou d’attentes sociétales, seulement de savoir manipuler son balai adroitement.
Peut-être que choisir la voie de l’enseignement avait été une erreur, qu’il avait été naïf de croire qu’il pourrait changer le système de l’intérieur en montrant une manière d’être différente aux jeunes sorcières. Las, il était apparemment le seul à penser que les sorcières n’avaient pas besoin d’être  les ennemies des fées pour être de « bonnes sorcières. »  Séveric s’efforça de mettre de côtés l’attitude déplorable des parents et de la directrice de Daroilak. Il avait peut-être perdu son week-end, mais il avait au moins maintenant du temps devant lui, pas tant pour réfléchir à son  comportement que pour analyser l’aphrodisiaque et le fortifiant afin de s’assurer des effets que cela pouvait avoir sur Xavy, son joli colibri qui s’était déclaré à lui.
Sévéric avait réussi à se tenir. Ce qui n’empêchait qu’il avait été à deux doigts de l’embrasser et à un cheveu de déclarer ses propres sentiments. Si Xavy, embarrassé, n’avait pas fui, la soirée se serait sûrement terminée autrement.
Séveric était désormais certain de ne pas pouvoir renoncer au fée, pas alors qu’il savait avec certitude que Xavy faisait plus que l’apprécier.

lundi 7 septembre 2020

Le fée féminin - 61

Quand son interrogatrice revint, elle annonça à Xavy qu’il était libre de partir.
Il retrouva ses parents qui l’entraînèrent aussitôt à marche forcée hors du bâtiment du Comité.
Sa mère se plaignit du mauvais moment qu’ils avaient passé.
— Tu as été innocenté, mais il n’y a pas de quoi se réjouir. Le Comité n’oubliera pas de sitôt tes bêtises.
Son père qui semblait bouillonner de rage ne lui adressa pas un mot sur le trajet du retour, de quoi appréhender le moment où sa colère allait éclater.
Sans compter que Xavy avait du mal à digérer la manière dont Antoine l’avait utilisé. Cela lui laissait un goût amer en bouche. Ce n’était pas ça, être amis.
Dès qu’ils furent rentrés, son père se mit à crier.
— Non content de faire ami-ami avec un humain, il a fallu que tu fréquentes un sorcier ! 
— Humain, sorcier, rien ne t’arrête ! enrichit sa mère avec indignation.
L’accusation prit Xavy par surprise. La fée du Comité n’avait pas abordé le sujet avec lui. Mais apparemment leur enquête avait fait ressortir ce fait et il avait été remonté à ses parents.
— Je… Il m’a aidé ! s’insurgea Xavy.
— Tu me dégoûtes ! hurla son père. Non content d’être un faible, il faut que tu te comportes n’importe comment !
Son père l’empoigna par l’aile droite et le projeta contre le mur avec violence.
— Chéri… protesta sa mère.
— Il le mérite ! clama son père, agité d’une fureur au-delà de toute expression.
Xavy se replia sur lui-même, terrifié.
Son père n’en avait pas fini, il tira encore sur l’aile de Xavy avec force, prononçant ce qui ressemblait fort à un sort, un qui n’avait rien de positif ou sympathique.
— Tu n’as rien d’un fée, rien du tout ! tonna encore son père.
Il y eut comme un bruit de déchirure et Xavy ressentit une douleur fulgurante.
Sa mère poussa un cri en même temps que lui. Sous le choc, Xavy n’entendit pas la conversation de ses parents. Il ne résista pas quand son père l’attrapa à nouveau et se laissa conduire jusqu’à sa chambre et pousser sans ménagement dedans.
Xavy essaya de se soigner, sans vraiment y parvenir. Et dire que le lendemain, sans fortifiant, il aurait encore moins d’énergie... Il s’écroula alors sur son lit et fondit en larmes.

dimanche 6 septembre 2020

Comme les doigts de la main - 6

Gaïus s’approcha et le retourna comme une crêpe, puis il le souleva par la taille. La position qu’il attendait de Blaise devint limpide : bras tendus, genoux posés sur la couette, fesses relevées.
Le colosse barbu ne perdit pas de temps, il le travailla d’un doigt lubrifié, puis deux, tout en caressant le pénis de Blaise d’une main rugueuse de façon mécanique, mais redoutablement efficace. Du liquide pré séminal s’échappa de Blaise.
Les deux grandes mains de Gaïus allèrent se poser sur ses fesses qu’il écarta et il pénétra Blaise qui réalisa avec un temps de retard que le barbu n’avait pas mis de préservatif. Sa protestation se transforma néanmoins en râle de plaisir ; Gaïus le pilonnait, frappant chaque fois sa prostate.
Blaise rationalisa, puisqu’il était en train de rêver, cela n’avait pas d’importance. Les coups de boutoir s’intensifièrent, les doigts de Gaïus se refermèrent à nouveau sur la verge de Blaise.
Un instant plus tard, Blaise sentit le colosse répandre sa semence en lui et il jouit à son tour.
Gaïus se retira, mais il planta deux doigts maculés du sperme de Blaise à l’intérieur à la place comme pour empêcher ses propres fluides de sortir. Blaise, le souffle court, tourna la tête comme à temps pour voir le grand barbu être avalé par le néant. Et pourtant, le proverbe jamais trois sans quatre n’existait pas.
Le front de Blaise et son coccyx se mirent à le picoter. Une queue et deux cornes lui poussèrent.
Blaise les tâta prudemment. Il avait tout d’un démon avec ses attributs. Il frissonna.
— C’est bon, vous avez fini ? demanda Céleste à travers la porte.
Blaise aurait bien aimé que ce bizarre rêve érotique le soit en tout cas.
Pas de voix intérieure, cette fois. En même temps, le colosse n’avait pas prononcé un mot depuis le début.
« Je ne peux pas. Malédiction de notre ennemi. »
Que quatre gars avec des espèces de pouvoirs en aient un n’était pas très surprenant. Bientôt, Gaïus ou l’un de ses amis allait lui annoncer qu’il avait besoin de lui pour se battre et sauver le monde.
« C’est vrai. »
Blaise n’avait rien d’un héros.
« Il le faudra. »
L’affirmation ferme et assurée était troublante. Blaise palpa sa longue queue noire qui se terminait en as de pique et appuya si fort sur l’extrémité qu’une goutte de sang perla.
Il ferma les yeux, les rouvrit. Si ce n’était pas un rêve, il ne pouvait nier que « mélanger ses fluides » avec chacun de ses types avait entraîné une transformation chez lui.
« Gaïus, tu es là ? »
« Oui. »
Même comme ça, il n’était pas bavard, ce qui était assurément plus reposant que les perpétuelles commentaires de Céleste. Blaise voulait quand même vraiment que Gaïus sorte de son corps, ce qui se produisit.
Cornes et queue se rétractèrent.
Il suffisait apparemment de souhaiter la fin de la fusion pour qu’elle se produise, ce qui était bon à savoir si jamais Blaise ne se réveillait pas comme il commençait à le craindre.

samedi 5 septembre 2020

Comme les doigts de la main - 5

Le dos de Blaise le picota, ses oreilles bourdonnèrent et deux ailes blanches apparurent. Sans le vouloir, il les agita et renversa sa lampe de chevet qui se brisa avec fracas sur le sol. Triple zut ! Les voisins du dessous n’allaient pas le remercier.
« Ce n’est pas grave. » entendit Blaise dans sa tête. Céleste. C’était comme s’il était à l’intérieur de lui.
« C’est exactement ça. »
Comme il était tentant de sombrer à nouveau dans une bienheureuse inconscience…
« Cela ne changera rien. Je suis sûr que tu es celui qui manquait à notre groupe. Nous en aurons la confirmation après que Gaiüs t’aura baisé. »
Et si Blaise n’en avait pas envie ? Quoique en vérité, la perspective n’avait rien de déplaisant. Les gens avaient tendance à assumer vu son apparence qu’il était exclusivement actif, mais ce n’était pas le cas. Recevoir plutôt que prendre, cela avait aussi du bon.
« Je note. »
Blaise déglutit. Il pensait trop avec son pénis. En même temps, rien de tout cela n’était réel.
« Je te garantis que si. »
Non. Non. Non.
« Ce n’est pas beau d’être dans le déni. »
Il voulait que le blond cesse de lire lui, et sorte de sa tête, maintenant tout de suite. Tout cela était trop extraordinaire pour être vrai.
Céleste se matérialisa devant Blaise dont les ailes disparurent.
C’était de la folie pure.
Céleste se rhabilla.
— Gaïus ! Viens ! Prends-ton tour avec Blaise.
Le barbu entra à pas lourds.
Céleste passa la porte de la chambre et la referma derrière lui.
Gaïus défit sa chemise verte à carreaux noirs torse était musclé et poilu. Il se dégageait de lui un parfum musqué enivrant. Gaïus retira ensuite son pantalon et son caleçon dévoilant des jambes noueuses. Son visage demeurait impénétrable, ses yeux noisettes ne laissant transparaître aucune émotion, pas l’ombre d’un soupçon de désir. Cela avait un côté effrayant. Seule son érection proportionnée au reste de sa personne trahissait son intérêt relatif. Blaise n’avait jamais été avec pareil spécimen si imposant et si impassible.
Mais c’était l’occasion.
Tant qu’à faire que la situation soit délirante, qu’elle soit authentique ou produit de son imagination, autant en profiter.
Blaise enleva ses habits, récupéra du lubrifiant et une boîte de préservatifs dans le tiroir de sa table de nuit et se rallongea.

vendredi 4 septembre 2020

Le fée féminin - 60

 Au petit matin, Xavy, accompagné par ses parents, toujours tendus et de mauvaise humeur, se rendit au bâtiment indiqué par le Comité.
A l’arrivée, ils furent immédiatement séparés et Xavy se retrouva dans une petite pièce dépourvue de fenêtre. Une fée lui ordonna avec froideur de s’asseoir en face d’elle sur une petite chaise.  
Elle commença par confirmer avec lui son identité, puis se mit à le questionner.
— Est-il exact que jusqu’à tes dix-huit ans, tu étais cloîtré chez toi et que tu n’as fait la connaissance de l’humain Antoine Desopero qu’au mois de mars, peu avant d’entrer à Valeiage ?
Xavy confirma. Où voulait-elle en venir ? Cherchait-elle un rapport entre sa « guérison » et l’amitié qu’il avait formé avec Antoine ?
— As-tu, oui ou non, invoqué à deux reprises des animaux rares pour l’humain Antoine Desopero ?
Xavy hocha la tête. Antoine lui avait en effet demandé d’en appeler un autre, sa sœur ayant adopté le perroquet. Son ami n’avait cependant pas eu plus de chances avec le second. Cette fois, c’est l’animal qui avait décidé de lui-même de partir. Antoine ne lui avait plus réclamé aucun compagnon à poils ou à plumes après ça.
— T’es-tu laissé, oui ou non, couper les cheveux par l’humain Antoine Desopero ?
— Oui. Il voulait s’entraîner à devenir coiffeur...
— Sais-tu ce qu’il faisait avec tes cheveux après ?
— Non… Je suppose qu’il les mettait à la poubelle.
— Il ne t’est jamais venu à l’esprit qu’il pourrait les revendre ? demanda la fée d’un ton accusateur.
— Hein ? Mais pour quelle raison ? Et à qui ?
— Tu dois bien avoir une idée quand même, non ?
Xavy n’en avait pas la moindre. Dans quel guêpier s’était donc fourré Antoine ? En attendant, la fée semblait le croire de mèche et c’était dur d’être traité comme un coupable.
— D’authentiques cheveux peuvent servir pour fabriquer des perruques qui valent cher, reprit la fée.
— Ah…
— Les animaux rares ont aussi une valeur monétaire importante pour les humains.
Son interrogatrice s’impatientait.
— Je ne savais pas, déclara tout de même Xavy qui commençait à comprendre que son ami s’était servi de lui pour gagner de l’argent, l’équivalent de la poudre des fées.
— Ignores-tu aussi que les cheveux de fées ont des propriétés magiques, tout spécialement ceux ayant poussés à l’aide de la magie ?
— Je n’y avais pas réfléchi, avoua Xavy d’une petite voix.
— L’humain Antoine Desopero a vendu tes cheveux de fée sous forme de porte-bonheurs et il a aussi réussi dans un second temps à entrer en collaboration avec des sorcières qui s’en sont ensuite servies pour créer des potions dangereuses.
Et c’était Xavy qui lui avait montré où les rencontrer. Antoine avait dû traîner dans les parages de la rue invisible à ses yeux humains et finit par trouver une sorcière pour se lancer dans ce bizarre trafic.
— C’est terrible, murmura Xavy.
Pas attendrie pour un sou par ses évidents regrets d’avoir indirectement contribuer à ça, la fée continua à l’interroger. On aurait dit qu’elle cherchait à lui faire admettre qu’il était complice.
Cela dura encore et encore, et puis elle le laissa seul un moment.

jeudi 3 septembre 2020

Le fée féminin - 59

 Comme d’habitude, Xavy rentra chez lui pour le week-end. Ses parents l’attendaient dans l’entrée et il comprit immédiatement que quelque chose n’allait pas. Sa première pensée fut que l’école les avait informés que des sorcières s’en étaient prises à lui. Seulement, son père comme sa mère ne semblaient nullement inquiets, mais en colère. Allaient-ils lui reprocher de ne pas avoir su se défendre ?
— Xavy, le comité des fées nous a rendu visite à cause de tes bêtises, tonna son père.
— Tu es convoqué demain et nous sommes obligés de t’accompagner, annonça sa mère furieuse.
Xavy pâlit. Il n’avait pas envie d’être interrogé sur ce qui s’était passé avec les sorcières. Il aurait préféré que tout s’arrête aux murs de l’école.
— Je suis désolé…
— Remballe tes excuses ! Tu n’aurais jamais dû devenir ami avec un humain ! s’écria son père.
Qu’est-ce qu’Antoine venait faire là-dedans ? En quoi son amitié avec un garçon au courant de l’existence des fées était-elle un problème intéressant le comité ?
— Je ne comprends pas…
— Cesse de faire l’innocent ! s’exclama sa mère.
— Il aurait été aussi bien qu’il reste dans sa chambre, grommela son père.
— On voit que ce n’est pas toi qui t’occupait de son instruction ! s’écria sa mère.
— Peut-être, mais tout ce que nous avons gagné à l’affaire, c’est que notre raté de fils nous humilie publiquement !
Ils étaient blessants, l’un comme l’autre, chacun à leur manière.
Il n’y avait plus qu’à espérer que le membre du Comité chargé de son cas ne se montre pas trop sévère envers Xavy qui ne voyait toujours pour le moment de quoi il était coupable. Demander des détails n’aurait fait qu’entraîner de nouvelles rafales de critiques, aussi Xavy garda-t-il le silence et attendit que l’orage passe.
— Et si jamais le Comité découvre pour la potion… reprit son père.
— Il n’y a pas de raison, protesta sa mère.
— Une enquête est menée sur Xavy, il y a un risque. Une fois l’entrevue passée, le mieux est d’arrêter les frais.
Les épaules de sa mère s’affaissèrent.
— Mais alors, il ne pourra plus aller à l’école.
Son père acquiesça avec indifférence.
— Et je serais obligée d’arrêter mon travail.
— Pas nécessairement, non. Il n’aura qu’à se débrouiller pour étudier seul. De toute façon, ça n’a pas d’importance. Il ne sera jamais capable de faire quoi ce soit. Il est trop faible.
Au lieu de le défendre, sa mère approuva.
— Et si je veux continuer à prendre le fortifiant ? intervint Xavy, la mort dans l’âme.
— Ta mère n’aurait jamais dû se procurer cette potion de sorcière.
Séveric avait soupçonné la vérité à raison. Sa mère était allée jusque là pour être libérée de lui, pour ne plus avoir à lui enseigner comment user de sa magie, ne plus demeurer à son chevet quand il était fiévreux...
Xavy se réfugia dans sa chambre où il dormit à peine, inquiet de sa convocation par le Comité et tourmenté par les propos de ses parents. Même si l’école était bruyante, que certains de ses camarades étaient antipathiques, il n’avait pas envie de se retrouver enfermé entre les quatre murs de sa chambre. Hélas, ses parents n’allaient pas lui donner le choix et ce n’était pas comme s’il savait comment obtenir par lui-même le fortifiant. Séveric saurait peut-être cependant…

mercredi 2 septembre 2020

Le fée féminin - 58

 
Aucune question ne venait, réalisa Xavy. Zibulinion le regardait avec bienveillance.
— Je…
Xavy ne savait pas comment justifier sa visite au sorcier et en même temps, il lui semblait qu’il devait expliquer de façon à ce que Séveric n’ait pas d’ennuis à cause de lui.
— Je serais bien mal placé de te faire ma leçon. Quand j’avais dans tes âges, je suis devenu ami avec un sorcier et je suis tombé amoureux d’un professeur. Par ailleurs, j’ai eu l’occasion de discuter avec monsieur Reptim et il m’a l’air quelqu’un de tout à fait intègre.
Xavy se sentit soulagé. Nulle accusation ne serait portée à l’égard de Séveric. Ne pas essuyer de reproches était la cerise sur le gâteau. Si seulement ses parents avaient pu être aussi indulgents.
— Il n’y a rien entre nous, préféra préciser Xavy, même s’il aurait adoré qu’il en soit autrement.
— Je pense le contraire, mais cela ne me concerne pas, pas vraiment. Vous êtes adultes tous les deux, même si tu es encore jeune...
Soudain, la porte d’une autre chambre s’ouvrit. Le directeur de Valeiage, Relhnad, apparut, vêtu d’un peignoir mal refermé.
— Zibu…
Le fée « beau à en mourir » marqua un temps d’arrêt en remarquant la présence de Xavy.
— Tout va bien ?
— Je crois que oui, répondit le professeur de sorts. Dors bien, Xavy, ajouta-t-il.
Xavy se réfugia dans sa chambre sans attendre, mais avant qu’il ne referme sa porte et eux, la leur, il les vit s’embrasser.
Relhnad et Zibulinion formaient un couple. Peut-être mal assorti comme l’affirmaient certaines mauvaises langues, mais amoureux. Xavy aurait voulu la même chose avec Séveric. Hélas, c’était sans espoir.
Xavy put assister aux derniers jours du festival de magie, mais il ne s’intéressa que peu aux épreuves en elles-mêmes, trop occupé à contempler la sombre silhouette de Séveric. Il ne savait pas combien de temps il s’écoulerait avant qu’il puisse le revoir cette fois. Bien sûr, le sorcier avait affirmé qu’il lui ferait part de ses analyses sur la potion et le fortifiant, mais rien ne l’empêchait de se contenter de lui envoyer son familier avec une lettre.
Il avait paru tellement déstabilisé par la déclaration de Xavy qu’il n’aurait rien de surprenant s’il évitait de se retrouver désormais en tête à tête avec lui.

mardi 1 septembre 2020

Le fée féminin - 57

 — Attends.
Xavy croisa les jambes.
— Oui ?
— Pour en revenir à ton problème. Les érections matinales sont régulières, celles provoquées par le stress fréquentes, et les plus classiques sont celles provoquées par une vue plaisante, autrement dit la manifestation d’un désir pour une personne. Cela reste à confirmer, mais si on élimine l’hypothèse de l’effet secondaire, il est toujours possible que ton fameux fortifiant ait fini par agir là-dessus, même si c’est peu probable dans la mesure où tu le prends depuis plusieurs mois, et dans ce cas, ce serait plutôt lié à ta sexualité. Il y a des gens qui ne sont pas intéressés du tout par le sexe, d’autres qui ne peuvent s’en passer, aussi rien de très logique qu’il y ait tout un éventail entre ces deux extrêmes.
Xavy n’y connaissait rien au sexe. Pas comme Séveric, semblait-il. Il tira sur le col de sa robe verte. Il avait chaud.
— Cela pourrait être le résultat de mon amour pour vous, alors…
Xavy n’avait pas eu l’intention de formuler cette pensée à voix haute. Il aurait voulu disparaître dans un trou de souris. Ou bien se téléporter très loin de là.
Si encore il avait utilisé le mot attirance, mais non, il avait fallu qu’il emploie cet autre mot en A.
Séveric le fixait avec intensité, ses yeux violet plus foncés que jamais.
Combien de temps demeurèrent-ils ainsi immobiles à se regarder ? Un instant d’éternité. Et puis, comme si le sort ou sortilège était rompu, Séveric s’ébroua et se racla la gorge.
— Je suis flatté, commença le sorcier, avant de s’interrompre, à priori à court de mots.
Cela tombait bien. Xavy n’avait pas envie de l’entendre lister toutes les raisons qui faisaient que ce n’était pas possible entre eux. La première étant sûrement que Séveric Reptim n’était tout simplement pas intéressé par un fée. Il était aussi possible qu’il soit déjà en couple… Xavy eut la sensation que son cœur se brisait. Il se leva.
— Je vais me coucher. Bonne nuit.
Séveric ne le retint pas.
Xavy sortit dans le couloir, referma la porte derrière lui et sursauta.
Le professeur de sorts était là et il allait à tous les coups vouloir savoir pourquoi Xavy avait été dans la chambre du sorcier et en ressortait les larmes aux yeux.
Il avait été si stupide. Paniquer pour des érections. Révéler l’existence du fortifiant. Déclarer son amour de la sorte.
C’était comme s’il avait été ensorcelé, excepté qu’il sûr que Séveric n’userait jamais de sa magie sur lui sans son autorisation.
La vérité, c’est qu’avec le sorcier, il avait du mal à tenir sa langue, parce qu’il se sentait en confiance, parce qu’il était amoureux. Quatre mois sans le voir n’avait pas effacé ses sentiments et cela se traduisait désormais par une indéniable attirance physique.