lundi 7 octobre 2013

Le garçon fée - 75

Les premières tentatives de Zibulinion échouèrent complètement, les suivantes se révélèrent catastrophiques : ses illusions ne ressemblaient à rien d'humain.
Malgré le temps qui fraîchissait, Zibulinion passait des heures dans la forêt à essayer. Cependant, avant les examens d'automne, il délaissa à contrecœur les sorts d'illusions pour réviser ses cours de deuxième année. Si ses tentatives n'aboutissaient pas, il valait quand même mieux qu'il ait de bonnes notes aux matières auxquelles il était autorisé à participer et en particulier en sort. Zibulinion ne voulait surtout pas décevoir Relhnad, le professeur sans qui la magie lui serait restée une chose inaccessible. Le cours de sorts était d'ailleurs l'un des rares cours où il se montrait encore attentif même s'il avait du mal à s'ôter de la tête son projet de se créer une apparence illusoire.

Durant les vacances d'automne, Zibulinion ne vit aucun des amis fées, même pas en rêve. Neyenje semblait avoir renoncé pour de bon, ce qui soulageait Zibulinion, tout en l'attristant un peu. Tania avait été déçu que l'adolescent n'ait pas invité d'amis, et avait essayé de faire pression sur Alysielle pour inviter Folebiol avec qui elle avait soit-disant sympathisé. Cependant, Alysielle ne s'était pas laissée circonvenir. Zibulinion n'en avait pas été fâché, car en dépit de son envie de passer du temps avec Folebiol, il ne tenait pas à ce que Tania se l'accapare comme la dernière fois. Elle n'avait que treize ans et Folebiol ne voyait que Lavicielle, mais quand même...
Par ailleurs, Zibulinion était fort occupé entre son apprentissage des sorts d'illusions, et ses soins à sa plante, ses pièces et son oiseau qui, Dame Nature soit louée, n'avaient pas bougé en son absence.
Durant toutes les vacances, Zibulinion, muni de sa liasse de notes et d'un petit miroir ovale acheté dans un magasin on ne peut plus ordinaire, s'escrima sur les sorts d'illusions. Au fur et à mesure de ses efforts, alors qu'il n'avait qu'astiqué un brin les pièces, arrosé la plante et caressé la tête de l'oiseau au plumage arc-en-ciel, le nombre de pièces augmenta, la plante poussa jusqu'à atteindre le plafond pourtant haut de sa chambre et l'oiseau grandit.
L'acharnement de Zibulinion paya la veille de la rentrée des classes quand son miroir lui renvoya le reflet d'une fée aux yeux noisettes en forme d'amandes, au teint laiteux, à la chevelure blonde, au nez mutin, à la bouche rose pâle et aux ailes lisses et translucides.
L'adolescent n'eut plus qu'à la dissiper à l'heure du dîner familial. Durant le repas, son contentement fut remarqué. Victor déclara que décidément l'école des fées plaisait à Zibulinion et que cela avait peut-être été une erreur de ne pas l'y envoyer plus tôt. Alysielle qui n'aimait guère être critiquée, même légèrement, riposta qu'elle n'était pas de cet avis. Zibulinion n'intervint pas dans la dispute, et ne précisa donc pas que ce n'était pas tant l'école qui lui plaisait que la magie en elle-même.

Le lendemain, Zibulinion rayonnait toujours. Dans le bus, Zurmmiel lui en voulut presque : pour lui, reprendre le chemin de l'école n'avait rien d'enthousiasmant. Folebiol aussi avait l'air tout content et si Zibulinion s'imagina un instant que c'était de le voir, il se morigéna vite : c'était la perspective de revoir Lavicielle qui devait réjouir son ami.
Dès qu'il put, Zibulinion se para de son illusion de fée adolescente habillée de l'uniforme vert des 12ème année, puis se promena dans l'école. Personne ne se retourna ou ne le regarda. Il n'était qu'une fée parmi d'autres : un confortable anonymat qui le changeait agréablement. Nul ne semblait se rendre compte que la fée blonde aux yeux noisettes n'était qu'une illusion derrière laquelle se dissimulait Zibulinion. L'adolescent demeura toute le reste de l'après-midi ainsi, ne brisant l'illusion dans les toilettes qui étaient mixtes que pour aller dîner au réfectoire.
Le jour suivant, il recommença. La seule manière  de s'entraîner, c'était de répéter le sort et de maintenir l'illusion. Le mardi, le seul cours où il n'était pas exclu était celui de littérature, aussi étudia-t-il à la bibliothèque sous son illusoire apparence féminine quasiment toute la journée, sans que nul ne s'intéresse à lui. Enfin à « elle. »
Le jeudi, en cours de sorts, Zibulinion se demanda ce que penserait Relhnad de son illusion, s'il le féliciterait ou s'il n'y verrait que du feu.
Le vendredi, une fée le bouscula par mégarde dans le couloir, devant la bibliothèque et s'excusa. Zibulinion s'empressa de dire que ce n'était pas grave et la fée le regarda bizarrement avant de lui conseiller d'aller à l'infirmerie, car sûrement, elle avait pris froid. Cet incident permit à Zibulinion de se rendre compte qu'il lui restait encore un détail de taille à maîtriser pour que l'illusion soit parfaite : sa voix.
Zibulinion s'attela à ce nouveau défi avec philosophie. De toute façon, il ne comptait pas s'arrêter en si bon chemin, dans le futur, il espérait créer une illusion de petite fée pour assister à tous les cours de première année sans exception.

1 commentaire:

Jeckyll a dit…

Merci pour l'épisode du jour, j'adore la tournure que prend l'histoire avec le sort d'illusion de Zibu ^o^

J'ai hâte de voir comment ça va se passer pour lui/elle ^^ tellement de questions se posent lol

Vivement la suite :D