C'était vrai, mais Al n'était pas prêt à renoncer à Beckett pour rentrer dans les bonnes grâces de ses parents. Il aurait pu mentir bien sûr, dire qu'il regrettait ses « erreurs », mais la répugnance de l'adolescent pour le mensonge avait commencé à déteindre sur lui.
– Je ne vois pas le problème. Tout ce que vous voulez, c'est être débarrassé de moi. De mon côté, tout ce que je souhaite, c'est mon appartement, mes affaires et une chance de terminer mes études afin d'obtenir un travail...
– Je ne veux plus te donner d'argent. Si tu n'as rien de plus à nous dire, sors d'ici, coupa son père.
– Je ne partirai pas tant que vous n'accéderez pas à ma demande et je vous souhaite bonne chance pour réussir à me mettre à la porte.
Maud lui avait appris combien il était difficile de mettre dehors quelqu'un d'invisible qui s'y refusait.
– Chéri ! Fais quelque chose !
Sa mère perdait son calme. C'était elle qui avait toujours eu le plus de mal à supporter l'invisible présence de son fils.
Al se dégoûtait de faire en quelque sorte du chantage à ses parents. Mais le pire de tout, c'est qu'il les menaçait tout simplement de rester avec eux. Il aurait dû s'efforcer de devenir financièrement indépendant d'eux bien plus tôt... excepté qu'il les avait crus quand ils lui avaient dit et répété qu'il ne pourrait jamais rien faire de sa vie en raison de son invisibilité.
– A cause de mon état, je ne suis pas en mesure de vous faire un procès pour m'avoir jeté à la rue, et vous, vous ne pouvez pas me faire expulser par la police.
Son père grinça des dents tandis que sa mère s'affalait dans le fauteuil le plus proche.
– Ne crois pas que nous allons céder comme ça !
– Vraiment ? Alors, comme tout bon fantôme, je viendrai vous tirer les pieds dans votre lit cette nuit.
C'était une bravade. Al était à deux doigts de renoncer. Tout cela lui faisait trop mal.
– Très bien, tu as gagné ! Je suppose que c'est le prix à payer pour avoir mis une monstruosité au monde, grommela son père.
Al, glacé jusqu'à l'os, rectifia mentalement : c'était leur manque de cœur qui les avait amenés à cette situation.
Même après que son père ait baissé les bras, Al dut encore batailler longtemps et ce n'est que tard dans la nuit qu'il quitta enfin la maison familiale, avec les clefs de son appartement à la main. Heureusement, à minuit et des poussières, les rues étaient désertes, à l'exception de quelques chats en promenade si bien qu'il n'y avait personne pour s'étonner de voir un trousseau de clefs flotter dans les airs. L'inconvénient, c'est qu'il faisait froid. Regrettant qu'il soit trop tard pour retourner chez Beckett, le jeune homme invisible se mit à courir pour gagner son appartement. Son père n'avait pas encore résilié le bail, mais avait en revanche commencé à vendre ce qu'il contenait et Al appréhendait l'état dans lequel il allait retrouver les lieux.
– Je ne vois pas le problème. Tout ce que vous voulez, c'est être débarrassé de moi. De mon côté, tout ce que je souhaite, c'est mon appartement, mes affaires et une chance de terminer mes études afin d'obtenir un travail...
– Je ne veux plus te donner d'argent. Si tu n'as rien de plus à nous dire, sors d'ici, coupa son père.
– Je ne partirai pas tant que vous n'accéderez pas à ma demande et je vous souhaite bonne chance pour réussir à me mettre à la porte.
Maud lui avait appris combien il était difficile de mettre dehors quelqu'un d'invisible qui s'y refusait.
– Chéri ! Fais quelque chose !
Sa mère perdait son calme. C'était elle qui avait toujours eu le plus de mal à supporter l'invisible présence de son fils.
Al se dégoûtait de faire en quelque sorte du chantage à ses parents. Mais le pire de tout, c'est qu'il les menaçait tout simplement de rester avec eux. Il aurait dû s'efforcer de devenir financièrement indépendant d'eux bien plus tôt... excepté qu'il les avait crus quand ils lui avaient dit et répété qu'il ne pourrait jamais rien faire de sa vie en raison de son invisibilité.
– A cause de mon état, je ne suis pas en mesure de vous faire un procès pour m'avoir jeté à la rue, et vous, vous ne pouvez pas me faire expulser par la police.
Son père grinça des dents tandis que sa mère s'affalait dans le fauteuil le plus proche.
– Ne crois pas que nous allons céder comme ça !
– Vraiment ? Alors, comme tout bon fantôme, je viendrai vous tirer les pieds dans votre lit cette nuit.
C'était une bravade. Al était à deux doigts de renoncer. Tout cela lui faisait trop mal.
– Très bien, tu as gagné ! Je suppose que c'est le prix à payer pour avoir mis une monstruosité au monde, grommela son père.
Al, glacé jusqu'à l'os, rectifia mentalement : c'était leur manque de cœur qui les avait amenés à cette situation.
Même après que son père ait baissé les bras, Al dut encore batailler longtemps et ce n'est que tard dans la nuit qu'il quitta enfin la maison familiale, avec les clefs de son appartement à la main. Heureusement, à minuit et des poussières, les rues étaient désertes, à l'exception de quelques chats en promenade si bien qu'il n'y avait personne pour s'étonner de voir un trousseau de clefs flotter dans les airs. L'inconvénient, c'est qu'il faisait froid. Regrettant qu'il soit trop tard pour retourner chez Beckett, le jeune homme invisible se mit à courir pour gagner son appartement. Son père n'avait pas encore résilié le bail, mais avait en revanche commencé à vendre ce qu'il contenait et Al appréhendait l'état dans lequel il allait retrouver les lieux.