lundi 25 avril 2011

Fleur Bleue - 69

– Vous avez prévu de partir en vacances, n'est-ce pas ? Non, parce que Vlad, l'année dernière sous prétexte qu'il avait du travail, il n'a pas pris la peine d'emmener mon petit-fils adoré et il a catégoriquement refusé qu'il aille avec nous en Guadeloupe pour un mois parce que cela serait trop long ! Vous vous rendez compte, le pauvre petit privé de grand air, d'espace et d'aventures ?
– Nous avons loué un appartement au bord de la mer pour trois semaines en août, répondit sobrement Ludovic.
– Vraiment, quelle bonne nouvelle ! Heureusement que vous êtes là pour dynamiser Vlad...
Ludovic supporta encore quelques minutes le bavardage de Pauline, puis se débrouilla pour mettre fin à la conversation et raccrocher. Depuis ce fatidique jour de juin où elle était passée à l'improviste, il devait régulièrement supporter ces discours à l'emporte pièce. Cependant, désireux de rester dans ses petits papiers, il continuait à se montrer charmant, ce qui n'empêchait pas que l'entendre critiquer Vlad sans pouvoir lui rabattre son caquet était une véritable torture. Cependant, toute autre attitude aurait mené à une guerre ouverte dont ni Vlad, ni Misha, ni lui n'auraient pu se sortir indemne. Et puisque c'était le prix à payer pour continuer à vivre avec Vlad et Misha, il s'y était volontiers résigné.
Au début du mois de juillet, les cours étant terminés et la cohabitation s'étant bien passée jusque là, il avait abandonné son appartement et s'était installé complètement avec les Glonorov. Pour le déménagement, Aoki avait été une aide d'une efficacité redoutable : il avait transporté cartons et meubles d'un point à un autre sans fatigue apparente. Si l'emménagement de « test » de Ludovic avait déjà occasionné quelques bouleversements dans la maisonnette aux murs grisâtre, son définitif en avait apporté de nouveaux. Vlad avait dû se débarrasser d'affaires de Katia dont il n'avait pas encore eu le courage de se séparer jusque là afin de faire de la place et accepter de remplacer une partie du mobilier et des ustensiles de cuisines par ceux de Ludovic. Après son bureau, le salon des Glonorov avait accueilli son canapé et ses fauteuils en cuir noir. Du salon d'origine, il ne restait plus que la couleur des murs et le tapis aux motifs égyptiens.
C'était en quelque sorte devenu sa pièce, songea Ludovic en y entrant. Un peu surpris, car il le croyait dans son bureau, il vit Vlad debout devant l'étagère en train de contempler le cadre-photo que lui avait offert Misha pour Noël. En avril peu de temps après qu'il eût commencé à vivre avec eux, la photo de Vlad, sa femme et son fils avait disparu du cadre et un coucher de soleil lui avait succédé. Ludovic avait été sensible au geste, mais n'avait rien dit.
– Tu peux remettre l'ancienne photo, si tu veux, déclara-t-il.
Deux mois plus tôt, il n'aurait pas été capable de le lui proposer, mais il avait désormais compris que Katia ne représentait pas le désir caché de Vlad de retourner un jour vers la gente féminine, mais faisait partie d'un passé chéri et révolu auquel il ne pouvait songer sans mélancolie quand bien même le présent le satisfaisait.
Vlad sursauta comme s'il avait été surpris dans une situation compromettante.
– Comment as-tu su que je pensais à Katia ?
– Je commence à te connaître.
– Je suis désolé. J'avais enlevé cette photo de nous trois car ce n'était pas juste pour toi, mais j'aimais la voir.
– C'était gentil de ta part, mais maintenant, tu peux la ressortir.
– Tu es sûr que cela ne te dérange pas ?
– Certain. Et puis peut-être que Misha fabriquera un autre cadre pour qu'on puisse en mettre une de toi, moi et lui qu'on prendra pendant nos premières vacances ensemble.
Vlad répondit par un sourire qui valait tous les discours. Sur ces entrefaites, Misha arriva en bondissant comme un cabri avec un catalogue à la main.
– Papa, Ludovic, vous voulez bien m'acheter cette bouée crocodile ?
– Montre-nous et on verra, répondit Vlad.
Tout en jetant un coup d'œil à la monstrueuse bouée, Ludovic repensa à la discussion qu'il avait eu avec Pauline, et sentit énervé à postériori. Contrairement à ce qu'avait l'air de croire Pauline, c'était Vlad qui avait mis sur le tapis le premier le sujet de vacances et c'était également lui qui avait opté pour l'appartement plutôt que l'hôtel qui leur permettrait de faire un plus long séjour et d'être plus libre de leurs mouvements. Il était dommage que Pauline se réalise pas à quel point Vlad était attentionné, à quel point il était soucieux du bien-être de ses proches.

1 commentaire:

Jeckyll a dit…

Whaaaa avec le week-end de pâques j'avais zappée les épisodes >___<" quelle boulette

Merci pour l'épisode, je suis très heureuse de voir la nouvelle petite famille se préparer pour partir ensemble en vacances ^______^

Je m'en vais de ce pas lire la suite lol :)