mardi 25 août 2015

Contes modernes - 114

Cole aurait voulu pouvoir calmer les battements affolés de son cœur. Cela ne changeait rien, se répéta-t-il. Ils avaient une trop grande différence d'âge entre eux. Il aurait pu être son père. Il pouvait se passer de baisers et de caresses. Après quarante sans, continuer n'avait rien de difficile. Son bas-ventre n'était pas de cet avis, mais ce n'était pas à lui de dicter sa conduite. Seule son imagination avait ce droit.  Contrairement à lui, Hans avait la vie devant lui. Le garder trop longtemps à ses côtés était égoïste. Il ne pouvait cependant pas le chasser non plus. Leur arrangement fonctionnait à merveille, du moins en apparence. Qu'elles que soient les raisons qui avaient poussé Hans à se toucher en prononçant son prénom, leur relation ne pouvait aller plus loin, se persuada Cole. Il fit par conséquent comme s'il n'avait rien entendu.
Cependant, le lendemain, lors du petit déjeuner, seul moment de la journée qu'ils partageaient, il remarqua ce qui lui avait échappé jusqu'alors : Hans le couvait littéralement des yeux et buvait la moindre de ses paroles. Il était également à l'écoute de ses moindres désirs, mais cela Cole l'avait déjà noté auparavant, sans espérer pour autant qu'il l'aime.
Les jours suivants, Cole ne put s'empêcher d'imaginer à plus d'une reprise ce qui se passerait s'il confrontait Hans. Sûrement, ils s'embrasseraient, se caresseraient et se susurreraient des mots d'amour. Ce serait magique. Excepté que ce n'était qu'un fantasme. En réalité, vu son peu d'expérience, Cole se montrerait maladroit. Il n'avait jamais été embrassé qu'une fois dans sa vie par une jeune femme éméchée. Il n'était autrement qu'un vieux puceau. Hans se lasserait vite de lui et partirait, emportant avec lui le souvenir d'un vieil empoté. Et s'ils dépassaient le cadre de la simple camaraderie, son inévitable départ serait encore plus douloureux pour Cole. Les choses étaient bien comme elles étaient. Il jouissait de sa compagnie et du confort qu'il lui procurait par mille petites attentions.

Environ un mois après le débarquement intempestif de Hans, alors que le nouvel éditeur ne se manifestait toujours pas, Cole, durant le petit déjeuner, demanda au jeune homme s'il ne s'ennuyait pas.
— Les tâches ménagères m'occupent.
— Elles ne te prennent tout de même pas la journée, rassure-moi ?
— Non. Je bouquine. Je me suis servi dans la bibliothèque. J'ai toujours trouvée la ville trop bruyante et agitée. Je savoure le calme qui règne.  Ici, je peux prendre mon temps. Il n'y a personne derrière mon dos pour me dire de faire ci ou ça, comme ça et pas autrement.
— Ta sœur ne te manque pas ?
— Je ne la voyais pas très souvent. Cela la gêne vis-à-vis de sa famille d'accueil. Nous avons de l'affection l'un pour l'autre, mais elle ne me comprend pas et je crois que c'est réciproque. Elle est aussi agacée que je la considère toujours comme une petite fille alors qu'elle a désormais treize ans.
— Et tes amis ?
— Je n'en avais pas vraiment... Vous me posez toutes ses questions parce que vous voulez que je m'en aille, n'est-ce pas ?
La perspicacité de Hans ne surprit pas Cole. Il l'avait connu comme ça.
— Je me sens coupable de te garder ici.
— Je suis logé, nourri et parfaitement libre.
— Tu te payes toutes les corvées.
— Si cela vous tourmente tant que cela, vous pouvez me faire lire votre histoire en cours en avant-première.
Ne souhaitait-il pas autre chose ? Un baiser à tout hasard ? Cole s'ébroua.
— Pourquoi pas, mais quand je serais plus avancé.

1 commentaire:

Jeckyll a dit…

Encore un super épisode merci ^^

1ère petite confrontation entre Cole et Hans, cela promet pour la suite :)

Vivement le prochain épisode, c'est toujours un pur moment de calme et de joie quand je rentre du boulo et que je lis tes histoires XD