vendredi 7 août 2015

Contes modernes - 102

BONBON ENCRÉ 
Cole était plongé à corps perdu dans son histoire quand les gargouillements bruyants de son estomac le rappelèrent à la réalité. La faim le tenaillait depuis plusieurs heures déjà, mais il l'avait jusque là calmée à coups de bonbons fruités. Cependant, ce n'était plus possible de retarder davantage le moment d'aller se sustenter pour de vrai. Y avait-il encore seulement une casserole et une assiette propres ou serait-il obligé en prime de faire la vaisselle ? Il repoussait toujours ce genre de corvée, allant jusqu'à manger à même la conserve, mais il fallait bien s'y atteler le dernier couvert utilisé. Ce n'était pas par paresse, simplement, quand il était inspiré, s'arrêter lui était insupportable ou tout du moins extrêmement difficile. S'il s'interrompait, obligé par un besoin pressant d'aller aux toilettes, ce n'était que le temps nécessaire avant de retourner le plus vite possible au pays des mots.  C'était comme ça qu'il fonctionnait et c'était pourquoi il avait choisi de s'isoler dans un chalet de montagne perdu dans la forêt, coupé de tout, où nul ne venait l'empêcher d'écrire. La seule personne à lui rendre visite, était son éditrice afin de récupérer sa production. Elle le ravitaillait par la même occasion, ce qui arrangeait bien Cole qui n'avait ainsi pas de courses à faire.
Il descendit l'escalier, martelant chaque marche de sa canne. A sa grande surprise, la salle du bas qui comprenait un côté cuisine et un côté salon n'était pas dans l'état où il l'avait laissée : l'évier débordant de vaisselle était vide, la table entièrement dégagée, les papiers qui traînaient un peu partout étaient réunis en deux piles bien nettes, une pour les intacts, une pour les froissés, le canapé n'était plus encombré et un jeune homme blond y était assis.
Cole n'était pourtant pas sourd, mais absorbé par son histoire, il n'avait rien entendu des bruits qu'avaient dû occasionnés tout ce rangement.
Sa première pensée fut que même au fin fond de la forêt, il y avait toujours des gens pour le déranger, d'abord ce jeune journaliste aux yeux d'un vert clair clair hypnotique, et maintenant cet autre étranger. On rentrait décidément chez lui comme dans un moulin, tout ça parce qu'il négligeait de mettre le verrou. Était-ce lui son fameux nouvel éditeur ?
Il observa le jeune homme blond aux yeux noisettes qui le regardait silencieusement, dans l'expectative, et il le reconnut. L'adolescent maigre et dégingandé avait bien grandi depuis la dernière fois où il l'avait vu, lui et sa petite sœur.
Il les avait retrouvés tout pareil dans son salon, près de la table basse qui avait depuis brûlée. La petite fille avaient les mains et les joues pleines de bonbons et l'adolescent qui en roulait un dans sa bouche, essayait de la freiner.

2 commentaires:

Jeckyll a dit…

Merci ^^

Je sens que cette histoire va me plaire aussi XD

Illyshbl a dit…

Je l'espère ! :)