mardi 28 avril 2015

Contes modernes - 42

— Ça fait plaisir de vous voir sur pied avec de belles couleurs, déclara-t-elle.
Elle avait une voix musicale et de magnifiques yeux améthystes.
— C'est grâce à l'un d'entre vous que je le dois, je crois. J'aurais voulu remercier la personne.
— Nous ne faisons que notre travail, mais c'est vrai que nous sommes fiers quand nous sauvons des vies.
— Vous savez qui a été, pour ainsi dire, mon ange gardien ?
— Vous l'avez devant vous !
Il y eut un bruit métallique. Jim leva les yeux vers le jeune homme roux assis dans la chaise, mais il scrutait toujours la mer. Jim reporta son attention sur la jeune femme.
— Je vous suis redevable...
— Je m'appelle Axelle. Et vous ?
— Jim.
— Enchantée, déclara-t-elle avant de s'adresser  à son collègue :
— Ariel, je continue mon tour de plage, on alternera après, d'accord ?
Sans attendre la réponse du jeune homme roux, elle s'éloigna de la chaise haute et Jim lui emboîta le pas, désireux d'en apprendre plus sur sa sauveuse.
Axelle avait vingt-un ans, comme sa nièce Tori. Elle avait un diplôme de secouriste, mais ce n'était pour elle qu'un job d'été lui permettant de financer ses études de médecines. Sa vocation, c'était sans nul doute de sauver des vies que ce soit en tirant des baigneurs en difficultés hors des flots ou en soignant des gens.
De l'extérieur, sa façon de surveiller semblait laisser à désirer, car elle le regardait beaucoup, mais Jim s'en voulut de le penser : sûrement la façon de faire d'Axelle ne devait pas être si mauvaise que cela puisqu'elle l'avait arraché aux bras mortels de la mer alors qu'il était loin de la côte.
Il aurait aimé la récompenser, car sans elle, il n'aurait sans doute plus été là à respirer l'air marin, mais cela lui semblait sec et impersonnel de lui donner de l'argent, comme on se débarrasse d'une corvée. Il choisit de l'inviter au restaurant. Lui payer un dîner, ce n'était pas grand chose, mais c'était mieux que rien.
— Vous ne me devez rien, mais c'est si gentil à vous ! Surtout que je ne suis pas du coin, alors je suis bien solitaire ! accepta-t-elle avec enthousiasme.
— Une jolie jeune femme comme vous, permettez-moi d'en douter.
— Flatteur ! s'écria-t-elle, en lui donnant une tape légère sur le bras.
Après lui avoir promis de venir la chercher le soir à dix-neuf heures, quand elle aurait fini son travail, il la laissa et se promena en ville. Il était heureux d'être en vie. Là, deux mouettes se disputaient un bout de sandwich, ici, deux enfants jouaient à chat perché se courant l'un après l'autre, plus  loin, sur un banc de pierre, un homme d'une trentaine d'années ne portant qu'un short blanc, dégustait une boule de glace verte. Sa façon de lécher avait quelque chose de sensuel qui rappela à Jim que cela ne faisait que trop longtemps qu'il était abstinent. Il n'avait cependant pas le cœur à se mettre en chasse, car plus qu'un corps à enlacer,  il voulait quelqu'un à aimer. Il pensa à Axelle, mais la chassa aussitôt de ses pensées. Elle était trop jeune pour lui et c'est en tout bien tout honneur qu'il partagerait un dîner avec elle.

1 commentaire:

Jeckyll a dit…

Merci pour l'épisode du jour ^^

Pourquoi ai-je l'impression que c'est Ariel et non Axelle qui a sauvé Jim de la noyade lol

Vivement la suite :)