vendredi 24 avril 2015

Contes modernes - 40

Jim s'installa dans un hôtel cinq étoiles qui donnait sur la mer. Il aimait ses couleurs bleue, verte, grise, son mouvement rythmique montant et redescendant, ses doux clapotis. Elle avait un effet apaisant sur lui. S'il ne vivait pas toute l'année au bord de la mer, c'était pour le plaisir de la retrouver, immense et immuable.
Une fois sa chambre réservée pour plusieurs semaines et ses bagages déposés, Jim descendit à la plage. On était en mai, et malgré le soleil, elle était quasi-déserte alors qu'à la période estivale, c'est tout juste si on voyait le sable au milieu des vacanciers, des parasols et des serviettes. 
Jim retira ses souliers et ses chaussettes, remonta le tissu soyeux de son élégant pantalon et mit les pieds dans l'eau, laissant les vagues lui chatouiller les chevilles.
Il avança longtemps comme ça, ses affaires à la main, regardant tour à tour la mer, le sable et les maisons colorées sur les quais. Il n'avait aucune obligation au monde ou presque. Il était libre comme l'air marin, comme les mouettes qui tournoyaient dans le ciel bleu, poussant de temps à autre leur cri si caractéristique. C'était grisant, mais il aurait pouvoir partager cela d'une façon ou d'une autre. Quelque part dans le vaste monde se cachait la perle rare...
S'il avait confié à son frère Mike à quel point la solitude lui pesait, ce dernier lui aurait répliqué que c'était parce qu'il ne travaillait pas. L'oisiveté est mère de tous les vices, aurait-il dit. Ce n'était cependant pas le problème. Jim ne s'ennuyait pas. Il aimait marcher sans but dans les rues ou ailleurs, observant le spectacle de la vie. C'était d'ailleurs au cours de ses errances qu'il avait découvert de talentueux artistes. Lui-même peignait un peu, mais il reconnaissait que ses toiles manquaient d'éclat.
Comme il n'y a pas meilleure thérapie que de faire ce qu'on aime, Jim s'occupa à sa manière habituelle, vagabondant à droite à gauche à pieds ou en voiture. Il s'offrit aussi quelques ballades dans un bateau loué.  De temps à autre, il vérifiait que les entreprises dans lesquelles il avait investi se portaient bien et se renseignait sur la fréquentation de ses galeries d'art.

Juin arriva, et la plage commença à se remplir sans que cela gêne Jim. C'était pour lui l'occasion de faire des rencontres. Et puis, ce fut le 1er juillet, et les touristes déboulèrent en masse, signant la fin du calme. Une surveillance fut mise en place sur la plage afin que les baignades s'effectuent sans risque. 
Jim continua ses tours en bateau et ses promenades pieds nus dans le sable, même s'il devait désormais slalomer entre les serviettes.
Le soleil se faisant brûlant, il commença également à faire un peu de plongée et à se baigner. Nager était une activité qu'il appréciait. Quand il n'était pas au bord de la mer, il se rendait souvent à la piscine. Entre la nage et la marche, il gardait ainsi la forme et le ventre plat. Sans être particulièrement attentif à sa ligne, il ne tenait pas à prendre de la bedaine comme la plupart des hommes de son âge et il était conscient qu'en vivant à l'hôtel la moitié du temps et donc en mangeant au restaurant, faire de l'exercice était indispensable. Cependant, si sa silhouette ne trahissait pas ses quarante ans passés, les rides aux coins de ses yeux bleus et les quelques mèches de gris dans ses cheveux bruns, l'empêchait de se leurrer : il ne rajeunissait pas.

4 commentaires:

Illyshbl a dit…

Pas de suspense, donc... Mais j'espère vous retrouver lundi quand même. :)

Anonyme a dit…

Faut laisser l histoire se mettre en place;la savourer tout doucement. Ce n'est que mieux. Pas de soucis on se retrouve la semaine prochaine. En attendant bon week-end et merci pour cet épisode et tout ton travail.

Jeckyll a dit…

Pas de suspens mais on a quand même envie de lire la suite merci ^_^

Bon week-end à toi et rdv Lundi pour la suite :)

cielou a dit…

Tant que l'on voit oncle Jim, je suis contente, suspens ou pas. Hâte de le retrouver lundi